Upload
others
View
4
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
1
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1
FACULTE DE MEDECINE LYON-SUD
Année : 2006 N°
LES CAUSES DE SEVRAGE D’ALLAITEMENT MATERNEL
DANS LES SIX PREMIERS MOIS DE LA VIE DE L’ENFANT :
Etude rétrospective auprès de 104 mères allaitantes.
Thèse
Présentée à l’Université Claude Bernard Lyon 1
et soutenue publiquement le 14 septembre 2006
pour obtenir le grade de Docteur en Médecine
par
Lisa FAVIER-STEEGER
Née le 10 juin 1977
à Paris (75)
2
1
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1
FACULTE DE MEDECINE LYON-SUD
Année : 2006 N°
LES CAUSES DE SEVRAGE D’ALLAITEMENT MATERNEL
DANS LES SIX PREMIERS MOIS DE LA VIE DE L’ENFANT :
Etude rétrospective auprès de 104 mères allaitantes.
Thèse
Présentée à l’Université Claude Bernard Lyon 1
et soutenue publiquement le 14 septembre 2006
pour obtenir le grade de Docteur en Médecine
par
Lisa FAVIER-STEEGER
Née le 10 juin 1977
à Paris (75)
2
3
4
5
6
SERMENT MEDICAL Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité. J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences. Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me le demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. Admise dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés. J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leur famille dans l’adversité. Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.
7
COMPOSITION DU JURY
PRESIDENT :
Monsieur le Professeur D. FLORET
MEMBRES :
Monsieur le Professeur P. GAUCHERAND
Madame le Professeur M.F. LE GOAZIOU
Madame le Docteur M. FLORI
8
A notre Président de Thèse,
Monsieur le Professeur FLORET,
Nous vous remercions pour le grand honneur que vous faîtes en acceptant de
présider notre Jury de Thèse. Un internat débuté à vos cotés fut une assise
formidable pour la suite de nos études. Nous souhaitons que ce travail soit pour
vous le témoignage de notre reconnaissance et l’expression de notre plus profond
respect.
A notre Directrice de Thèse,
Madame le Docteur FLORI,
Vous avez eu la gentillesse de nous guider dans ce travail au cours de ces trois
années. Vous avez su trouver la disponibilité pour faire aboutir ce projet. Qu’il
nous soit permis de vous exprimer ici tous nos remerciements ainsi que
l’expression de notre profond respect.
9
Aux Membres de Notre Jury,
Monsieur le Professeur GAUCHERAND,
Vous avez été un de nos maîtres d’externat avec qui nous avons eu le privilège
de découvrir votre discipline : la Gynécologie–Obstétrique. Vous nous faîtes
l’honneur aujourd’hui de juger ce travail. Nous vous en remercions et nous vous
prions de recevoir l’expression de notre plus profonde considération.
Madame le Professeur Le GOUAZIOU
Vous avez su en qualité de tutrice nous guider au cours de ces années de
résidanat. Nous sommes très honorés de votre présence dans ce jury.
Soyez assurée de notre plus profond respect.
10
Monsieur le Docteur GUYE,
Vous avez eu la gentillesse de nous guider dans l’élaboration du questionnaire de
l’étude. Que cette thèse soit pour vous le témoignage de nos remerciements.
Madame le Docteur DISANT,
Vous avez accepté de nous ouvrir la porte de votre service pour recueillir les
témoignages de vos patientes. Sans vous ce travail n’aurait pas pu exister. Soyez
assurée de notre sincère gratitude et notre profond respect.
Monsieur le Professeur ROY,
Vous vous êtes intéressé à ce travail et vous avez accepté de coordonner
l’ensemble des statistiques. Nous vous prions de trouver ici le témoignage de notre
reconnaissance et de notre plus profond respect.
11
A Philippe, mon amour, pour qui l’allaitement est devenu au fil du
temps une évidence. Tu as su à chaque instant partager mes soucis, mes doutes et
mes joies. Qu’il me soit donné la chance de pouvoir poursuivre ce chemin à tes
côtés et en famille. Sans toi rien n’aurait été possible, je voulais tout simplement te
dire …merci.
A Lucile et Mathilde, vos sourires et votre gaîté m’ont donné la force
de mener à bien ce travail. Vous êtes mes princesses et vous resterez ce que j’ai
fait de plus beau. Que l’avenir vous permette d’avoir aussi un jour la chance de
donner la vie et de la nourrir…
A ma maman Fanou, à mes cotés depuis le début, tuteur infaillible au
cours de ces longues années d’étude. Ton amour et ta confiance m’ont toujours
accompagnée. Que ce travail soit un remerciement pour ce soutien merveilleux.
A mon père, modèle d’altruisme et d’universalité, j’espère que tu seras
fier de ce travail.
A mon petit frère Thomas, premier enfant avec qui j’ai pu avoir des
gestes de maman, tu as toujours su me donner un amour fraternel inestimable.
A Papy, je sais que tu es là près de moi, toujours souriant et aimant.
A ma Mamy, modèle d’allaitement et guide spirituel. Ta douceur et
ton amour m’accompagnent chaque jour.
A Papouf, que dire de plus beau que tu n’as pu écrire? Ton amour et ta
confiance m’honorent à chaque instant. J’ai découvert le monde à tes côtés, c’est à
mon tour de te remercier par cet écrit.
12
A ma Manou, pilier de ma vie. Ton combat de femme fut pour moi un
formidable exemple.
A mes beaux–parents, Liliane et Rodolphe, pour m’avoir si
gentiment accueillie au sein de leur famille.
A mes oncles et tantes et en particulier à Marilyne et Jean Noël,
sans qui ce travail n’aurait pu aboutir.
A mes cousins et cousines et à Jeremy pour son talent. De nos débuts
sur la piste aux étoiles à notre vie d’adulte, le lien est resté et restera.
A Guillaume, aujourd’hui encore tu es à mes côtés et je t’en remercie.
A Myriam, ton amitié et ta joie de vivre de Strasbourg à Stockholm,
furent un soutien inestimable.
A Nathalie Roques et Juliette Leroy, pour leur aide et leurs
compétences en matière d’allaitement.
A Isabelle Schaeffer, pour sa patience et son soutien.
A mes amis, Elise, Anne-Sophie, Carine, Anne-Claire, Marie-Laure,
Fredo, Celia, Aude, Gilles, et à tous ceux que j’oublie….
A toutes les mamans et à leurs bébés……
13
ABREVIATIONS
1. O.M.S : Organisation Mondiale de la Santé 2. U.N.I.C.E.F : Fond des Nations Unies pour l’Enfance 3. O.N.U : Organisation des Nations Unies 4. I.H.A.B : Initiative Hôpital Ami des Bébés 5. H.A.B : Hôpital Ami des bébés 6. C.O.F.A.M : Coordination Française pour l’Allaitement Maternel 7. P.M.I : Protection Maternelle et Infantile. 8. H.A.S : Haute Autorité de Santé 9. I.N.S.E.R.M : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale
10. I.P.A : Association Information Pour l’Allaitement
14
SOMMAIRE INTRODUCTION ___________________________________________________ 19 PREMIERE PARTIE : L’ALLAITEMENT MATERNEL EN FRANCE ET DANS LE MONDE AUJOURD’HUI ____________________________________ 21 1. Les recommandations nationales et internationales concernant l’allaitement maternel 22 1.1. Les recommandations internationales 22
1.1.1. 1981 : Le code international de commercialisation des substituts du lait maternel (OMS) 22
1.1.2. 1982 : Données scientifiques relatives aux dix conditions pour le
succès de l’allaitement 23 1.1.3. 1989 : La convention sur les droits de l’Enfant 23 1.1.4. 1990 : La déclaration d’Innocenti 24 1.1.5. 1991 : L’Initiative Hôpital Ami des Bébés 24
1.1.6. Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé sur les durées d’allaitement maternel 26
1.1.6.1. 2001 : Résolution WHA 54.2 27 1.1.6.2. 2002 : Résolution WHA 55.25 28 1.2. Les recommandations nationales 28 1.2.1. Le code de la consommation des substituts du lait maternel 28 1.2.2. 2001 : Le plan national nutrition santé 29 1.2.3. 2002 : Les recommandations de l’ANAES 29 2. Etat des lieux de l’allaitement maternel en France, en Europe et dans le monde sur le plan statistique institutionnel et social 31 2.1. En France 31 2.1.1. Les données statistiques 31
15
2.1.2. Les efforts mis en place pour l’initialisation de l’allaitement maternel : Les hôpitaux Amis des Bébés 34
2.1.3. Les structures sociales en place pour permettre la poursuite de
l’allaitement maternel : les congés de maternité, paternité et les congés parentaux 34
2.2. En Europe 36 2.2.1. L’exemple d’un pays scandinave : la Suède 36 2.2.1.1. Les données statistiques actuelles 36 2.2.1.2. Qu’en est-il de l’initialisation de l’allaitement ? 37 2.2.1.3. Les structures sociales en place 39 2.2.2. Etat des lieux de l’allaitement maternel dans les autres pays européens 39 2.3. Un aperçu dans le monde aujourd’hui 41 2.3.1. Aux Etats-Unis 41 2.3.2. En Australie 42 2.3.3. Au Québec 42 DEUXIEME PARTIE : MATERIEL ET METHODE _____________ __________ 43 1. Les objectifs 44
2. La justification de l’étude 44
3. L’hypothèse 45
4. Le type d’étude 45
5. Les facteurs étudiés 45
6. Les critères de jugement 46
7. Les biais et facteurs de confusion 46
8. La population étudiée 46
9. La taille de l’échantillon 47
10. Le recueil et la gestion des données 47
11. L’analyse des données 48
TROISIEME PARTIE : RESULTATS ____________________________________ 49 1. Etude descriptive du fichier à l’inclusion 50 1.1. Informations générales 51
16
1.2. Le suivi avant la naissance 52 1.3. Les durées d’allaitement maternel 53 1.4. Le séjour à la maternité 54 1.5. Le retour à domicile 55 1.6. Le médecin généraliste 55 1.7. Le déroulement de l’allaitement 56 1.7.1. Les complications liées au sein 56 1.7.2. Problèmes de santé de la mère 56 1.7.3. Problème de santé de l’enfant 56 1.7.4. Rôle des conjoints 56 1.7.5. Reprise du travail 56 1.7.6. Allaitement et relation sociale 57 1.8. Satisfaction des mères sur le déroulement de leur allaitement 58 1.9. Propositions pour améliorer la prise en charge de l’allaitement maternel en France 60 2. Etude analytique 61 2.1. Etude des facteurs prédictifs de la durée d’allaitement maternel 61 2.2. Etude des facteurs associés à un arrêt précoce de l’allaitement maternel (avant 6 mois) 63 QUATRIEME PARTIE : DISCUSSION __________________________________ 65 1. La durée de l’allaitement maternel 66 2. La satisfaction 67 3. Les causes de sevrage 67 3.1. Facteurs favorisant le sevrage précoce 67 3.1.1. La reprise du travail 67 3.1.2. L’impression de manque de lait 68 3.2. Facteurs favorisant un allaitement long 68 3.2.1. La taille de la fratrie 68 3.2.2. La prise d’un congé parental 69 3.2.3. Le rôle du père 69 4. L’information avant la naissance 69
17
5. Le séjour à la maternité et le retour à domicile 70 6. Propositions 71 6.1. Une meilleure aide à la maternité 71 6.2. Une information prénatale de meilleure qualité 71 6.3. L’augmentation de la durée du congé maternité 72 6.4. Améliorer la formation des professionnels de santé sur l’allaitement 72 6.5. Conclusion 72 CONCLUSIONS _____________________________________________________ 74 BIBLIOGRAPHIE ___________________________________________________ 77 ANNEXES __________________________________________________________ 84
ANNEXE 1 : Taux d’allaitement maternel en France, d’après les certificats du 8ème jour 2001-2004
ANNEXE 2 : Code International de commercialisation des substituts du lait maternel ANNEXE 3 : Données scientifiques relatives aux dix conditions pour le succès de
l’allaitement maternel ANNEXE 4 : La déclaration d’Innocenti ANNEXE 5 : La législation française du Code de la consommation des substituts du
lait maternel ANNEXE 6 : Les conclusions de la conférence de consensus de l’ANAES :
« Allaitement Maternel : mise en œuvre et poursuite dans les six premiers mois de la vie de l’enfant »
ANNEXE 7 : Code du travail ANNEXE 8 : Questionnaire ANNEXE 9 : Protection, promotion et soutien de l’allaitement maternel en Europe :
plan d’action
18
TABLE DES ILLUSTRATIONS Graphique n°1 : Evolution de l’Initiative Hôpital Amis des Bébés en 10 ans
Graphique n°2 : Variation des taux d’allaitement en fonction du temps dans 8 départements
français en 1999 pour les nourrissons allaités à la naissance
Graphique n°3 : Courbe de tendance générale des durées d’allaitement en France et dans certains pays industrialisés
Graphique n°4 : Taux d’allaitement maternel en fonction de l’âge des nourrissons
Graphique n°5 : Allaitement maternel exclusif et partiel chez les enfants entre 1986 et 2001
en Suède
Graphique n°6 : Comment vous êtes-vous informée sur l’allaitement maternel avant la naissance ?
Graphique n°7 : Durée de l’allaitement maternel
Graphique n°8 : Durée de l’allaitement maternel et reprise du travail (courbe de survie,
méthode de Kaplan Meier)
*******
Tableau n°1 : Hôpitaux « Amis des Bébés » en Europe (2003)
Tableau n°2 : Pourcentage d’allaitement pour les enfants nés en Suède en 2001
Tableau n°3 : Principales caractéristiques de la population de l’étude
*******
Figure n°1 : Taux d’allaitement à la naissance dans 17 pays européens
Figure n°2 : Taux d’allaitement à 3 ou 4 mois dans 21 pays européens
Figure n°3 : Prévalence et durée de l’allaitement maternel au Québec, 1998
Figure n°4 : Qui vous a parlé de l’allaitement maternel avant la naissance ?
Figure n°5 : Reprise du travail et allaitement maternel, des difficultés ?
Figure n°6 : Causes de sevrage d’allaitement maternel chez les femmes non satisfaites de leur durée d’allaitement
Figure n°7 : Principale cause d’arrêt de l’allaitement chez les mères satisfaites de leur durée
d’allaitement maternel
Figure n°8 : Principales aides à la poursuite de l’allaitement maternel évoquées par les mères
Figure n°9 : Propositions pour améliorer la prise en charge de l’allaitement maternel en France
19
INTRODUCTION
20
Le meilleur lait pour le nourrisson est celui de sa mère. La supériorité du lait maternel
est aujourd’hui admise par tous1. Les mères conscientes de ce merveilleux atout qu’elles
possèdent sont de plus en plus nombreuses à souhaiter allaiter leur enfant. Les taux
d’allaitement maternel exclusif à la naissance ont largement augmenté au cours de ces dix
dernières années pour passer de 40,5%2 en 1995 à 60% en 2004 d’après les derniers résultats
issus des certificats du huitième jour3 (annexe 1). Les durées d’allaitement maternel dans les 6
premiers mois restent en décalage avec le désir des femmes. Seuls 14% des bébés français
sont encore allaités à 6 mois contre 60% en Norvège actuellement 4.
Il nous a alors semblé intéressant d’étudier les raisons pour lesquelles les femmes
arrêtent précocement l’allaitement maternel dans notre pays. L’objectif de ce travail est de
faire le point sur les principales causes de sevrage et sur les difficultés rencontrées par les
mères au cours de leur allaitement.
La Haute Autorité de Santé et l’Organisation Mondiale de la Santé recommandent
aujourd’hui un allaitement maternel exclusif dans les 6 premiers mois de la vie de l’enfant5.
La première partie de ce travail décrit ces recommandations ainsi que les initiatives mises en
place pour permettre leur réalisation. Elle dresse ensuite un état des lieux de l’allaitement
maternel en France et dans certains pays du monde sur le plan statistique, législatif et social.
La deuxième partie est consacrée à l’étude rétrospective réalisée en 2004 sur 104 mères
allaitantes à l’hôpital Saint Joseph Saint Luc à Lyon (69). La description des 6 premiers mois
de leur allaitement ainsi que l’étude statistique nous permettrons d’illustrer ces difficultés.
Enfin nous tenterons d’analyser les différentes causes de sevrage afin de dégager des
propositions en faveur d’une amélioration des durées d’allaitement maternel dans notre pays.
21
PREMIERE PARTIE : L’ALLAITEMENT MATERNEL EN
FRANCE ET DANS LE MONDE AUJOURD’HUI
22
1. Les recommandations nationales et internationales concernant l’allaitement maternel.
1.1. Les recommandations internationales
La pratique de l’allaitement maternel est devenue progressivement un sujet majeur de
santé publique et de fait, a acquis au fil du temps une reconnaissance scientifique et politique
mondiale. Les mesures prises par la communauté internationale ont débuté principalement au
début des années 80 pour aboutir à des recommandations officielles élaborées sous l’égide de
l’OMS au tout début du nouveau millénaire.
1.1.1. 1981 : Le code international de commercialisation des substituts du lait maternel (OMS)
En mai 1981, l’Organisation Mondiale de la Santé a voté à l’unanimité moins une voix
(celle des Etats-Unis) un Code International de commercialisation des substituts du lait
maternel6, à l’intention des industries concernées et des gouvernements, afin de réglementer la
promotion et la vente de tout substitut de laits maternels, mais aussi des tétines et des biberons
(annexe 2). Les conseils de l’OMS ont été repris par l’Europe en 1991 et par la législation
française en 1998, mais en les limitant à la distribution gratuite des laits premier âge et à leur
promotion7.
23
1.1.2. 1982 : Données scientifiques relatives aux dix conditions pour le succès de l’allaitement.
En 1982, l’OMS publie une brochure intitulée les «Dix conditions pour le succès de
l’allaitement maternel»8. Ces dix conditions résument les pratiques utilisées en maternité
visant à encourager l’allaitement maternel (annexe 3). En effet, les études réalisées par l’OMS
montrent que ces conditions, lorsqu’elles sont réunies au sein des maternités, permettent
d’augmenter significativement les chiffres d’allaitement maternel à la sortie des
établissements hospitaliers ainsi que les durées d’allaitement 5. Elles insistent notamment sur
la nécessité d’une proximité continuelle mère–bébé, sur la mise au sein précoce après
l’accouchement et sur l’absence d’utilisation de compléments (lait de substitution), de tétines
et de sucettes. Enfin elles rappellent l’importance de formation de tout le personnel soignant
sur les techniques d’allaitement et encouragent la constitution d’un réseau associatif de
soutien à l’allaitement maternel. Ces conditions constituent la pierre angulaire de l’Initiative
Hôpitaux Amis des Bébés dont l’OMS et l’Unicef sont à l’origine9.
1.1.3. 1989 : La convention sur les droits de l’Enfant
Le 20 novembre 1989, les 159 Etats membres de l’ONU ont adopté à l’unanimité la
Convention sur les droits de l’Enfant10. La France a ratifié cette convention le 2 juillet 1990.
L’article 24.e) concerne plus particulièrement l’allaitement maternel : «Faire en sorte que tous
les groupes de la société, en particulier les parents et les enfants, reçoivent une information
sur la santé et la nutrition de l’enfant, les avantages de l’allaitement au sein, l’hygiène et la
salubrité de l’environnement et la prévention des accidents, et bénéficient d’une aide leur
permettant de mettre à profit cette information»7.
24
1.1.4. 1990 : La déclaration d’Innocenti
La déclaration d’Innocenti (annexe 4) a été élaborée et adoptée par les participants à la
réunion OMS/UNICEF sur «L’allaitement maternel dans les années 90 : une initiative
mondiale», coparrainée par l’Agence pour le développement international des Etats-Unis
(A.I.D) et l’agence Suédoise de développement international (SIDA), qui s’est tenue au
Spedale Degli Innocenti, à Florence (Italie) du 30 juillet au 1er août 199011. Les représentants
de 32 pays (annexe 4) ont adopté cette déclaration dans le but de promouvoir l’allaitement
maternel. Ils ont défini pour chaque gouvernement 4 objectifs opérationnels12 :
� Désigner un coordonnateur national et créer un comité national multisectoriel pour la
promotion de l’allaitement maternel.
� Faire en sorte que chaque établissement assurant les prestations de maternité respecte
pleinement les dix conditions pour le succès de l’allaitement maternel.
� Prendre des mesures pour faire appliquer pleinement le Code international de
commercialisation des substituts de lait maternel.
� Promulguer des lois novatrices protégeant le droit des femmes qui travaillent, à allaiter
leur enfant et adopter des mesures pour assurer leur application.
Par ailleurs, l’ensemble des participants déclarent déjà qu’«il faudrait que chaque
femme ait la possibilité de nourrir son enfant au sein exclusivement et que chaque nourrisson
soit nourri exclusivement au lait maternel de la naissance jusqu’à l’âge de 4 à 6 mois». Dans
la suite de la déclaration, on retrouve l’intérêt de nourrir son enfant au sein jusqu’à l’âge de 2
ans tout en y associant une alimentation complémentaire.
Il est intéressant de noter que parmi les membres européens participant à cette déclaration ne
figurent que la Suède, l’Italie, le Royaume-Uni et la Pologne.
1.1.5. 1991 : L’Initiative Hôpital Ami des Bébés
En complément des efforts menés dans les communautés pour protéger, promouvoir et
soutenir l’allaitement maternel et pour faire appliquer le Code, l’UNICEF et l’OMS ont
entrepris en 1991, lors d’une réunion de l’association internationale de Pédiatrie à Ankara,
une action d’envergure visant à transformer les méthodes pratiquées dans les maternités.
25
L’Initiative Hôpital Ami des Bébés a mis en place un programme structuré pour
soutenir l’allaitement maternel et, en tout juste six ans, a aidé à transformer plus de 12700
hôpitaux dans 114 pays en centre de soutien d’une bonne alimentation infantile9. Cette
initiative est une approche simple, mais complète. Par un programme de formation OMS-
UNICEF qui a été traduit dans les langues officielles de l’Organisation des Nations Unies et
dans beaucoup d’autres, le personnel professionnel des maternités apprend à encourager
l’allaitement. De concert avec les directeurs ou administrateurs de leur centre de santé, les
membres du personnel s’engagent à suivre les «Dix conditions pour le succès de l’allaitement
maternel». Les hôpitaux ne peuvent être déclarés «Amis des Bébés» qu’après que des
évaluateurs indépendants spécialement formés aient vérifié qu’ils réunissent les dix
conditions.
Cette initiative a remporté un succès extraordinaire. Plus d’un million de personnes
travaillent à mettre en œuvre son programme et le rythme global d’octroi des labels aux
hôpitaux n’a pas ralenti. Il y avait 15 000 Hôpitaux «Amis des Bébés» (HAB) dans le monde
en mars 199913.
Graphique n°1 : Evolution de l’Initiative Hôpital Ami des Bébés en 10 ans.
Source : Information Pour l’Allaitement (IPA)
Le nombre d’HAB a augmenté de 10% en 1998 et 127 pays dans le monde ont au
moins un HAB aujourd’hui, soit 2 pays sur 3. Le nombre d’HAB a augmenté de 20% dans les
pays industrialisés14. Dans ces derniers, un pays sur deux a au moins un HAB. Les maternités
labellisées de ces pays représentent 15% du nombre total d’HAB du monde.
26
Actuellement en Namibie, Côte d’Ivoire, Erythrée, Iran, Oman, Tunisie, Suède, Syrie
et aux Comores, plus de 90% des maternités sont «Amis des Bébés»15.
Tableau n°1 : Hôpitaux «Amis des Bébés»en Europe (2003)
Source :IPA
1.1.6. Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé sur les durées d’allaitement maternel.
Comme l’avait décidé la 53ème Assemblée Mondiale de la Santé, la stratégie mondiale
pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant a été inscrite à l’ordre du jour de la
27
107ème session du conseil et un groupe de rédaction a été constitué. Il a fallu de nombreuses
heures de travail acharné pour produire le texte d’un projet de résolution soumis à la 54ème
Assemblée Mondiale de la Santé, que le conseil a adopté lors de sa dernière séance (résolution
EB 107.R16). Ce texte de portée très large appelle à protéger, promouvoir et soutenir
l’allaitement maternel et les pratiques d’alimentations complémentaires et à améliorer la
nutrition des femmes en âge de procréer16.
1.1.6.1. 2001 : Résolution WHA 54.2
En 1979, la durée de l’allaitement maternel exclusif recommandée par l’OMS était de
4 à 6 mois. Depuis, les preuves apportées des avantages de l’allaitement maternel, en
particulier sur la morbidité et la mortalité infantiles, se sont accumulées. La 54ème Assemblée
Mondiale de la Santé qui s’est tenue en 2001 a donc été l’occasion d’une nouvelle résolution
fixant la durée optimale d’allaitement maternel exclusif à 6 mois et celle de l’allaitement total
à 2 ans17.
Résolution WHA54.2 (extrait) :
«la cinquante – quatrième assemblée mondiale de la santé (…) estimant que l’on
dispose de bases scientifiques solides (…) pour proposer des approches novatrices de la
surveillance de la croissance et de l’amélioration de la nutrition, pour promouvoir un
meilleur allaitement au sein et de meilleures pratiques d’alimentation complémentaire, ainsi
que des conseils judicieux tenant compte des spécificités culturelles, pour améliorer l’état
nutritionnel des femmes en âge de procréer (….) pour lutter contre toutes les formes de
malnutrition (….) invite instamment les états membres (…) à renforcer les activités et
développer de nouvelles approches pour protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement
maternel exclusif pendant 6 mois, qui doit être considéré comme une recommandation de
santé publique mondiale (…) et assurer l’apport d’aliments de compléments sûrs et adaptés,
avec poursuite de l’allaitement jusqu’à 2 ans ou au-delà (…)».
Par ailleurs dans ses conclusions, cette assemblée rappelle combien il est important
que l’OMS prête appui aux Etats Membres afin qu’ils puissent appliquer ces approches
novatrices pour améliorer l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. Un consensus est
dégagé sur les moyens d’assurer cet allaitement maternel exclusif, par exemple en améliorant
la formation préalable et continue des professionnels de santé, en soutenant l’initiative des
28
«Hôpitaux Amis des Bébés» et en faisant en sorte que les mères aient accès à des
informations exactes et à une aide spécialisée pour favoriser des pratiques optimales en
matière d’alimentation du nourrisson.
1.1.6.2. 2002 : Résolution WHA55.25
Consciente que pas moins de 55% des décès annuels des nourrissons par maladies
diarrhéiques et infections respiratoires aiguës sont le résultat de pratiques d’alimentation
inappropriées, et que moins de 35% des nourrissons dans le monde sont exclusivement
nourris au sein au moins dans les quatre premiers mois de la vie (point 13.10), la cinquante
cinquième Assemblée Mondiale de la Santé adopte, dans un constat d’urgence, la stratégie
mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant18. Cette stratégie s’appuie
largement sur les actions préalablement mises en place : l’Initiative Hôpital Ami des Bébés, le
Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, la déclaration
d’Innocenti ainsi que sur les nouvelles recommandations de durée d’allaitement exclusif à 6
mois et total à 2 ans.
Cette nouvelle assemblée est par ailleurs l’occasion pour l’OMS de réaffirmer que « la
mère et l’enfant forment un ensemble biologique social indissociable et que la santé et la
nutrition de l’une ne saurait être séparées de la santé et de la nutrition de l’autre ».
1.2. Les recommandations nationales
1.2.1. Le code de la consommation des substituts du lait maternel
La France a adapté sa législation pour suivre la directive européenne par une série de
textes législatifs (annexe 5). L’adoption de ces textes et leur application est un premier pas
vers la mise en oeuvre du Code International.
Le champ d’application des mesures françaises (Articles 2 et 3 du Code International)
concerne le lait premier âge uniquement (loi n°94-6442). Sont en effet concernées les
préparations pour nourrissons, c'est-à-dire «les denrées alimentaires destinées à l’alimentation
29
des enfants jusqu’à l’âge de 4 mois accomplis et présentées comme répondant à elles seules à
l’ensemble des besoins nutritionnels de ceux-ci». Sont donc exclus les laits deuxième âge,
biberons et tétines qui font l’objet d’une promotion intense, interdite par le Code
International.
Conformément à l’article 9 du Code International, l’arrêté du 11 janvier 1994
modifiant l’arrêté du 1er juillet 1976 interdit l’emploi des termes «humanisé» et «maternisé»
ainsi que la représentation de nourrissons19. La supériorité de l’allaitement maternel doit être
mentionnée. La loi se poursuit en interdisant la publicité dans les revues destinées au grand
public. De même la distribution gratuite au grand public n’est pas autorisée à l’exception de
quelques organisations «d’intérêt général ayant un caractère philanthropique, social ou
humanitaire» et ceci dans des conditions précises (décret n°98-688 du 30 juillet 1998).
1.2.2. 2001 : Le plan national nutrition santé
Après le constat de retard manifeste de la France par rapport aux autres pays
européens concernant l’allaitement maternel, le gouvernement se lance dans l’élaboration du
Programme National Nutrition Santé (PNNS), présenté le 31 juillet 2001 par Dominique
Gaillot, secrétaire d’Etat à la santé20. L’objectif était de combler ce retard et de prolonger les
durées d’allaitement maternel en favorisant la formation du personnel des maternités et en
favorisant l’information prénatale sur l’allaitement. Ce plan prévoyait également de renforcer
l’application des directives européennes sur la promotion des substituts du lait maternel (y
compris dans les maternités). Il s’inscrivait pour la période 2001-2005 sur un mode
d’information et d’éducation.
1.2.3. 2002 : Les recommandations de l’ANAES
Enfin en mai 2002 commence l’élaboration de références nationales sur l’allaitement
maternel élaborées par un groupe d’experts et destinées en particulier à améliorer la durée de
l’allaitement maternel.
La conférence de consensus «Allaitement maternel – Mise en oeuvre et poursuite dans
les six premiers mois de la vie de l’enfant» est alors réalisée à la demande conjointe de
30
l’Association de recherche en soins infirmiers et du Collège National des Gynécologues
Obstétriciens Français5.
Ces recommandations concernent les femmes ayant mis au monde un enfant sain, né à
terme.
Dans le chapitre 2, les experts rappellent que l’allaitement exclusif protège le
nouveau-né des infections gastro-intestinales, et dans une moindre mesure des infections ORL
et respiratoires. L’effet protecteur de l’allaitement exclusif pendant 6 mois, par rapport à
une durée de 3 à 4 mois, permet un développement optimal des nourrissons et doit donc être
encouragé (grade B).
Dans sa conclusion (annexe 6), le groupe de travail indique qu’il est souhaitable de
mettre en place des mesures organisationnelles telles que l’allongement de la durée du congé
postnatal car il favorise la poursuite de l’allaitement maternel.
31
2. Etat des lieux de l’allaitement maternel en France, en Europe et dans le monde sur le plan statistique institutionnel et social.
2.1. En France
2.1.1. Les données statistiques :
a) Le taux d’allaitement à la naissance calculé d’après les certificats de santé du
huitième jour, confirme depuis 2000 la tendance à la hausse: nous pouvons dire que plus
d’une femme sur deux allaite en France, car elles étaient exactement 56,3% à donner le sein à
la maternité en 2002 selon les derniers chiffres du ministère de la santé 21 et près de 60% en
2004.
b) Concernant la durée de l’allaitement maternel, les chiffres sont beaucoup plus
difficiles à obtenir. Lors de la visite médicale obligatoire du neuvième mois de l’enfant, le
médecin remplit le certificat de santé dit du «9ème mois» sur lequel figure depuis 1998 une
question concernant la durée d’allaitement 22.
Cependant, l’exploitation par les autorités sanitaires de ces certificats et de leurs
données reste difficile, en comparaison avec le certificat du huitième jour. C’est en partie la
raison pour laquelle il n’est pas facile d’évaluer de façon précise la durée de l’allaitement
maternel dans notre pays.
Certains chiffres sont quand même disponibles à l’échelle nationale.
En particulier ceux d’une enquête menée par la CoFAM (coordination française pour
l’allaitement maternel) en 2000 dans tous les départements auprès des services PMI
(Protection maternelle et infantile) et qui a permis une première comparaison de ces chiffres
pour 8 départements23. Ces départements ont des taux d’allaitement à la naissance allant de
30% à 63%. Tous offrent une courbe d’allure similaire, avec un déclin rapide des taux
d’allaitement puisqu’en 10 semaines, 1 bébé sur 2 est sevré.
32
Graphique n°2 : Variations des taux d’allaitement en fonction du temps dans huit
départements français en 1999 pour les nourrissons allaités à la naissance.
Source : étude de la CoFAM, Dossier de l’Obstétrique, juin 2001
Graphique n°3 : Courbe de tendance générale des durées d’allaitement en France et dans certains pays industrialisés.
Source : étude de la CoFAM, Dossier de l’Obstétrique, juin 2001
Plus récemment, un sondage effectué par l’Institut des Mamans sur un échantillon de
1117 mères, qui ont répondu en Septembre 2002 à un questionnaire par Internet, a dessiné une
courbe qui représente l’évolution des taux d’allaitement les 12 premiers mois24.
33
Cette courbe est plus optimiste que les données des deux enquêtes de l’INSERM en
2000 qui montrent qu’à 8 semaines, 50% des bébés allaités sont sevrés et ils sont 70% à l’être
à 12 semaines25. L’allure générale de la courbe reste cependant identique, et seulement 15%
des bébés sont encore allaités au sein à l’âge de six mois dans cette enquête.
Graphique n°4 : Taux d’allaitement maternel en fonction de l’âge des nourrissons.
Source : Institut des mamans.
Actuellement, pour la première fois à l’échelle de la région, une enquête est menée
pour déterminer les durées d’allaitement au sein exclusif et mixte dans la région Rhône-Alpes.
Cette étude a été réalisée par Elise BROTTET pour la DRASS Rhône-Alpes en 2005. Son
intitulé est le suivant : «Etude des taux et des durées d’allaitement maternel en Rhône-Alpes
et des facteurs favorisant un allaitement maternel long»26. Les résultats viennent d’être
publiés et notent que dans l’ensemble des 54 maternités de la région Rhône-Alpes concernées
par l’enquête, 62% des enfants sont allaités de manière mixte ou exclusive à la naissance.
Ce chiffre est sensiblement supérieur à la moyenne nationale qui comprend
effectivement de grosses disparités régionales3.
Le taux moyen d’allaitement est de 53% à un mois, 31% à 3 mois et seulement 14,8%
à 6 mois. Ces chiffres sont conformes aux études antérieures avec une chute importante du
taux d’allaitement maternel dans les six premiers mois de la vie de l’enfant.
34
2.1.2. Les efforts mis en place pour l’initialisation de l’allaitement maternel : Les Hôpitaux Amis des Bébés.
Comme nous l’avons vu précédemment, l’OMS et l’UNICEF sont à l’origine de cette
initiative depuis 1991. Alors que plus de 15 000 maternités réparties dans 127 pays dans le
monde ont obtenu ce label, seules trois maternités françaises étaient reconnues «Hôpital Amis
des Bébés»5 en 2003. Il s’agit de la maternité de Lons-le-Saunier (novembre 2000), de la
clinique Saint–Jean de Roubaix (mai 2002) et celle de Cognac le 3 Octobre 2003. Ces trois
établissements satisfont aux Dix Conditions de l’OMS pour le succès de l’allaitement
maternel.
Récemment, deux nouvelles maternités françaises viennent d’obtenir le label. Il s’agit
de la maternité de Saint-Affrique dans l’Aveyron (2006) et celle de Mont-de-Marsan dans les
Landes (2006). La maternité Saint-Jean de Roubaix a obtenu en 2006 le label International
pour lequel un taux d’allaitement initial supérieur à 75% est nécessaire27 (annexe 7).
2.1.3. Les structures sociales en place pour permettre la poursuite de l’allaitement maternel : les congés de maternité, paternité et les congés parentaux.
a) Le congé de maternité pour une grossesse simple est de 16 semaines au total pour
un premier ou un deuxième enfant, dont une période postnatale de 10 semaines (soit deux
mois et demi). Il est allongé à 26 semaines pour un troisième enfant dont 18 semaines
postnatales. Dans tous les cas, 2 semaines supplémentaires de repos peuvent être prescrites à
tout moment, avant le début de la période prénatale, si l’état de santé de la mère le justifie.
C’est ce que l’on appelle le «congé pathologique»28.
Il donne droit à des indemnités journalières de maternité pendant cette période si les
conditions d’ouverture des droits sont remplies. Ces indemnités sont calculées sur les 3
derniers salaires précédant le repos prénatal pour les salariés ou précédant la date d’effet de
rupture du contrat de travail pour les chômeurs. Il s’agit globalement d’une rémunération de
100% du salaire net avec un montant maximum de l’indemnité journalière au 1er janvier 2002
de 62,88 €.
35
b) Le congé de paternité en place depuis le 1er janvier 2002 est un congé de 11 jours au
plus, accordé au père pour la naissance de son enfant. Il doit débuter dans les 4 mois suivant
la naissance. Les conditions d’ouverture des droits et le calcul de l’indemnité journalière sont
identiques aux critères retenus dans le cadre de la maternité.
c) Le congé parental d’éducation.
Depuis le 1er janvier 2004, la Caisse d’allocation familiale a mis en place des mesures
qui devraient permettre d’augmenter le temps de présence parentale dès le premier enfant.
Cela pourrait éventuellement favoriser la poursuite de l’allaitement maternel. Il s’agit de la
prestation d’accueil du jeune enfant, la PAJE 29. Dans le cadre de ces nouvelles mesures, un
complément de libre choix d’activité a été mis en place. Cette prestation, pour un enfant à
charge, est versée pendant 6 mois à compter de la naissance ou de la fin du congé de
maternité, de paternité, d’adoption ou de maladie. A partir de deux enfants ou plus, il est versé
jusqu’au mois précédant le 3ème anniversaire du dernier enfant si les conditions d’attribution
continuent d’être réunies. Cette allocation est forfaitaire. En cas de cessation totale d’activité,
elle évolue entre 339,94€ par mois et 501,59€ par mois. Une reprise d’activité à temps partiel
est également envisageable. Le mi-temps consacré aux enfants est également rémunéré mais
dans une moindre mesure par rapport à un temps plein.
Cependant, nous ne possédons pas d’un recul suffisant pour savoir si ces nouvelles
mesures auront un impact réel sur la durée de l’allaitement maternel.
d) La législation française du code du travail.
Si au terme de son congé de maternité, la jeune maman décide de reprendre son
travail, plusieurs articles du code du travail (annexe 8) regroupés dans le Chapitre 4
concernent le repos de femmes en couche et des femmes allaitant leur enfant30. Cette
législation est effective depuis 1973.
On note en particulier l’article L.224-2 qui accorde à une employée de bénéficier de
deux demi-heures par jour pour nourrir son enfant ou tirer son lait. L’article L.224-3 prévoit
lui que la mère puisse allaiter son enfant dans l’établissement.
Ces textes sont d’une part peu connus des femmes et d’autre part difficiles
d’application en terme de proximité du nourrisson sauf lorsque l’employée dispose d’une
crèche d’entreprise.
36
Néanmoins ces textes existent et les conclusions de la conférence de consensus de
l’ANAES de mai 2002 nous encouragent à informer nos patientes sur ces possibilités
(chapitre 9).
2.2. En Europe
2.2.1. L’exemple d’un pays scandinave : la Suède
Pourquoi choisir la Suède pour comparer notre pays en termes de durée d’allaitement
maternel ? La principale raison est personnelle et est probablement à l’origine du choix de
notre sujet de thèse. En effet, dans le cadre de mes études de médecine, j’ai eu la chance de
pouvoir participer au programme d’échange européen ERASMUS et de pouvoir partir étudier
neuf mois en Suède.
Cette différence manifeste de comportement en termes d’allaitement nous est alors
parue évidente.
Dans les paragraphes suivants, nous allons reprendre point par point les données afin
de pouvoir effectuer une comparaison valable.
2.2.1.1. Les données statistiques actuelles
Il est relativement facile d’obtenir des statistiques sur les durées d’allaitement
maternel depuis plusieurs années, grâce au site des statistiques officielles de Suède et au
Swedish Breastfeeding Institute 31.
Voici donc les dernières données de 1998 à 2001. Avec un taux d’allaitement maternel
de plus de 90% à la naissance (91,5%), 72% des enfants sont encore allaités au sein
(exclusivement ou partiellement) à 6 mois.
37
Tableau n°2 : Pourcentage d’allaitement pour les enfants nés en Suède en 2001.
Source : Breastfeeding Institute
«Enbart ammade» correspond à l’allaitement maternel exclusif.
«Delvis ammade» correspond à l’allaitement maternel partiel.
La somme des deux correspond à un total de 72,4 % d’allaitement maternel partiel ou
exclusif à 6 mois en 2001.
«Ej ammade» correspond à l’allaitement artificiel, qui ne concerne que 1,9 % des
enfants à la naissance, 8% à 2 mois, 16,9% à 4 mois et 27,6% à 6 mois.
«Ej bedombara» correspond aux enfants exclus de l’étude. «Summa» est le total.
2.2.1.2. Qu’en est-il de l’initialisation de l’allaitement ?
La Suède débute en 1993 l’Initiative Hôpital Ami des Bébés. Le pays comptait 58
hôpitaux labellisés en Août 1999.
Les effets de l’initiative «Hôpital Ami des Bébés» en Suède sont manifestes.
Le graphique suivant, issu du Breastfeeding Institute11, en est l’illustration. Il retrace
l’évolution du pourcentage d’allaitement maternel (exclusif ou partiel) à 2 mois, 4 mois, et 6
mois, en Suède, entre 1986 et 2001.
38
Graphique n°5 : Allaitement maternel exclusif et partiel chez les enfants nés entre
1986 et 2001 en Suède.
Source : Breastfeeding Institute
On retient principalement :
- Une augmentation du taux d’allaitement maternel à 6 mois qui passe de 50 à 70%
entre 1990 et 1996, alors que ce taux n’avait pas varié au cours des 12 années
précédentes.
- La satisfaction des mères qui répondent à 94% qu’elles ont reçu l’aide et le soutien
dont elles avaient besoin à la maternité (Enquête de la CoFAM, en 1999, dans 14 pays
de l’union européenne et en Suisse)15.
Ces résultats soulignent bien l’influence d’un bon démarrage sur la durée totale de
l’allaitement maternel.
39
2.2.1.3. Les structures sociales en place
Chaque naissance donne droit à 480 jours de congés dont 30 exclusivement prévus
pour le père. Ces congés sont à prendre dans les huit premières années de l’enfant. Ces jours
peuvent être partagés entre les deux parents mais il est plus courant que la maman reste
prioritairement à la maison, notamment pendant la période d’allaitement. Si le père n’utilise
pas les jours qui lui sont attribués, ils sont «perdus». Ce dernier bénéficie de 10 jours
supplémentaires à la naissance de l’enfant pour pouvoir aider la maman lors de son retour à la
maison.
Ces 480 jours sont rémunérés à hauteur de 80% du salaire net par l’Assurance
Nationale31.
2.2.2. Etat des lieux de l’allaitement maternel dans les autres pays européens.
En 2003 un bilan de la situation européenne a été publié par un groupe de travail
financé par la Commission Européenne, reprenant les taux d’allaitement nationaux de 0 à 12
mois.
Voici le tableau concernant les taux initiaux d’allaitement14. De très nombreux pays
européens affichent des taux d’allaitement à la naissance supérieur à 90% : l’ensemble des
pays scandinaves, l’Autriche et la Suisse. Le Portugal, l’Italie le Luxembourg et la Grèce sont
à plus de 80%. L’Espagne, la Grande-Bretagne et la Belgique affichent des taux proches de
70%.
40
Figure n°1 : Taux d’allaitement à la naissance dans 17 pays européens.
Source : Association Information Pour l’Allaitement (IPA),2004
Il est intéressant de suivre cette évolution à 3 ou 4 mois au moment où l’écart se
creuse avec un taux d’allaitement maternel de moins de 15 % en France contre plus de 70%
en Suisse et 90 % en Norvège. En Belgique, la chute est proche de celle de la France, avec
seulement 30% d’allaitement maternel quelques mois après la naissance32.
41
Figure n°2 : Taux d’allaitement à 3 ou 4 mois dans 21 pays européens.
Source : IPA, 2004.
2.3. Un aperçu dans le monde aujourd’hui
2.3.1. Aux Etats-Unis.
En Octobre 2000, le département de Santé Américain (Health and Human Services)
rendait publique son plan d’action pour l’allaitement maternel33. Les disparités entre les
ethnies présentes aux USA ont été analysées. Ce rapport s’attache tout particulièrement à
favoriser l’allaitement parmi les populations les plus pauvres qui sont également celles où les
mères allaitent le moins. Les taux moyens d’allaitement à la naissance étaient de 64 % en
1998. Un des objectifs spécifiques du projet Healthy People en 2010 est d’obtenir un taux de
75% à la naissance, 50% à 6 mois et 25% à 1 an.
42
2.3.2. En Australie
Une étude nationale en 1995 a montré de grandes variations selon les régions. En
moyenne plus de 80% des enfants étaient allaités de manière mixte ou exclusive à la
naissance. 57 % l’étaient encore à 3 mois et encore 46% à six mois15.
2.3.3. Au Québec
En 2000, 71,8% des nourrissons sont allaités à la naissance et 40% le sont encore à 4
mois. Ce chiffre est le résultat d’une grande disparité (90% des femmes allaitent avec un
diplôme universitaire contre moins de 60% des femmes sans diplôme secondaire). Il est
intéressant de noter que le sujet de l’allaitement est étudié par les autorités de santé. On
dispose en effet d’un nombre important de statistiques concernant l’allaitement maternel par
le biais de l’Institut de la Statistique du Québec. Une étude longitudinale du développement
des enfants du Québec a été réalisée entre 1998 et 2002 (ELDEQ). L’allaitement maternel y
est largement décrit34.
Figure 3 : Prévalence et durée de l’allaitement maternel au Québec, 1998.
Source : Institut de la Statistique du Québec (ELDEQ 1998-2002).
43
DEUXIEME PARTIE : MATERIEL ET METHODE
44
L’étude porte sur un groupe de femmes ayant accouché et qui ont fait le choix
d’allaiter leur enfant au sein.
Le support utilisé pour cette étude est un questionnaire de 30 items (annexe 9) qui a été
élaboré avec l’aide du Dr Olivier GUYE, statisticien de l’Observatoire Régional de la Santé à
Lyon, avant d’être proposé aux mamans.
Celui-ci débute par des informations générales sur les conditions sociales, familiales et
professionnelles des mamans.
Il retrace ensuite les différentes étapes de l’allaitement afin d’en souligner les
difficultés éventuelles avant la naissance, à la maternité et lors du retour à domicile. Les
questions portent également sur la durée d’allaitement (de manière mixte ou exclusive), sur le
rôle du médecin généraliste et sur le déroulement complet de l’allaitement maternel. La
dernière question a pour but de laisser libre cours aux mamans afin de formuler leurs propres
propositions sur les perspectives d’amélioration de prise en charge de l’allaitement maternel
en France.
1. Les objectifs
Devant des chiffres évoquant des durées d’allaitement maternel si disparates entre la
France et les autres pays européens, nous nous sommes interrogés sur les raisons susceptibles
d’expliquer l’arrêt de l’allaitement maternel dans notre pays au cours des six premiers mois de
la vie de l’enfant.
L’objectif principal est de rechercher les causes de sevrage d’allaitement maternel.
L’objectif secondaire est d’évaluer la satisfaction des mères sur le déroulement et la durée de
leur allaitement.
2. La justification de l’étude
La justification de cette étude reste les statistiques sur les durées d’allaitement
maternel si basses en France alors que le taux initial d’allaitement maternel est en perpétuelle
augmentation ces dix dernières années : 56% des femmes allaitaient leur enfant à la sortie de
la maternité en 2002 contre 40,5% en 1995.
45
3. L’hypothèse
On objective aujourd’hui une tendance à la hausse des taux d’allaitement maternel à la
naissance. Les chiffres évoquant les durées d’allaitement maternel restent cependant bas avec
une chute rapide dès les premières semaines de vie. L’hypothèse était alors la suivante : il
existe en France des obstacles sociaux, familiaux, professionnels et médicaux à la poursuite
de l’allaitement maternel.
4. Le type d’étude
Pour décrire cela nous avons réalisé une étude rétrospective à l’aide d’un questionnaire
complété 6 mois après une première prise de contact à la maternité.
5. Les facteurs étudiés
Le premier facteur étudié est social. On tente d’établir un lien possible entre le travail,
les durées de congé maternité et les durées d’allaitement maternel.
Le deuxième facteur étudié est familial. On étudie l’influence de la fratrie et du
conjoint sur ces durées.
Le troisième facteur concerne le poids de l’accompagnement des professionnels de
santé sur le déroulement de l’allaitement. On évalue alors le rôle du médecin de famille, celui
des sages-femmes à la maternité et l’influence des séances de préparation à la naissance.
Enfin, le dernier facteur étudié est d’ordre médical. On étudie le rôle de l’état de santé
de la maman ainsi que celui de la survenue de possibles complications liées à l’allaitement
maternel sur la durée de l’allaitement.
46
6. Les critères de jugement
Le principal critère de jugement de cette étude est la satisfaction des mamans sur le
déroulement de leur allaitement dans son vécu et sa durée.
7. Les biais et facteurs de confusion
Le premier biais est un biais de sélection. Il tient au fait que les patientes recrutées
dans cette étude ont donné naissance dans le même établissement hospitalier. Du fait de ce
mode de recrutement, de nombreuses patientes ont dû être suivies au cours de leur grossesse
par le même praticien. La préparation à l’accouchement a pu être similaire. Ceci n’est donc
pas le reflet de la population générale et constitue un biais.
Le deuxième biais est celui du mode de recueil des données. Celui-ci s’est fait par
téléphone. En effet, j’ai moi-même rempli le questionnaire en fonction des réponses données
par les mamans et j’ai pu influencer leurs réponses.
Le dernier biais a pu être l’information préalable de mamans lors de la prise de
contact à la maternité. Les femmes étaient simplement informées qu’elles allaient être
ultérieurement interrogées par téléphone sur le déroulement de leur allaitement. Ce contact
préalable a pu modifier le comportement des mères vis-à-vis de leurs pratiques de
l’allaitement maternel.
8. La population étudiée
La population étudiée correspond donc à l’ensemble des femmes ayant accouché à
l’Hôpital Saint Joseph Saint Luc à Lyon (69) entre le 25 Mai 2004 et le 3 Août 2004.
Après avoir obtenu l’accord du chef de service de la maternité, nous sommes allés
deux fois par semaine au cours de la période précitée, à la maternité pour prendre contact
directement avec les mamans dans leur chambre.
Nous avons donc recruté toutes les mamans qui ont accepté le principe de l’enquête et
qui avaient fait le choix d’allaiter leur enfant à la naissance. Leurs coordonnées complètes ont
été prises en indiquant qu’un appel téléphonique aurait lieu dans six mois pour répondre à un
47
questionnaire concernant le déroulement de leur allaitement. Nous n’avons pas donné plus de
précisions à ce moment là, afin de justement limiter les biais possibles.
L’ensemble des femmes interrogées ont accepté la démarche.
Les critères d’inclusion sont les suivants :
� Femmes ayant accouché à l’hôpital Saint Joseph Saint Luc entre le 25 mai 2004 et le
3 août 2004 et qui ont fait le choix de l’allaitement maternel.
� Accouchement d’un enfant sain né à terme.
Les critères d’exclusion :
� Accouchement prématuré avant 35 semaines d’aménorrhée (SA)
� Grossesses multiples
� Allaitement artificiel dès la naissance
� Refus de donner ses coordonnées
9. La taille de l’échantillon
L’objectif de départ était de travailler sur 100 témoignages. Compte tenu du nombre
d’accouchements mensuels à l’hôpital Saint Joseph Saint Luc et du taux moyen d’allaitement
maternel proche de 50%, deux mois ont été nécessaires pour le recueil des coordonnées. La
taille de l’échantillon initial est de 119 mamans, avec comme prévision de perdre de vue un
certain nombre de femmes après un délai de 6 mois et d’arriver à l’objectif initial.
104 questionnaires ont pu être complétés.
10. Le recueil et la gestion des données
Les données ont été recueillies par téléphone 6 mois au moins après l’accouchement
entre le 25 novembre 2004 et le 15 février 2005. Sur une conversation de 10 à 30 minutes
environ, les mamans ont pu répondre aux 30 questions.
48
11. L’analyse des données
L’étude analytique a été réalisée en collaboration avec le Professeur ROY, du
laboratoire de bio-statistique de Lyon Sud.
L’analyse des données sera descriptive dans un premier temps. Elle comportera
ensuite une analyse statistique sur les points les plus importants de l’étude :
� étude des facteurs prédictifs de la durée d’allaitement maternel (facteurs présents à T = 0
au moment de l’accouchement) par la méthode de Kaplan Meier et une analyse de survie.
� étude des facteurs associés à un arrêt de l’allaitement avant 6 mois comprenant le lien
entre la satisfaction et l’arrêt précoce de l’allaitement (test du Chi au carré).
49
TROISIEME PARTIE : RESULTATS
50
1 Etude descriptive du fichier à l’inclusion.
Nous avons inclus dans cette étude 104 mères qui ont pu être contactées 6 mois après
leur accouchement pour répondre au questionnaire (annexe 9).
Les principales caractéristiques de la population étudiée sont résumées dans le tableau
suivant (tableau n°3).
Caractéristiques de la population de l'étude
Paramètres n % Type d'accouchement 104
voie basse 87 83,7 césarienne 15 14,4 forceps 2 1,9
Age 104 moyen 30,51 médian 30 standard déviation 4,533
Terme 104 35 1 1 36 3 2,9 37 5 4,8 38 8 7,7 39 21 20,2 40 49 47,1 41 16 15,4 42 1 1
Nombre d'enfants 104 moyen 1,63 médian 1 écart-type 0,86
Travail 104 oui 85 81,7 non 19 18,3
Congé maternité 104 oui 90 86,5 non 14 13,5
Reprise du travail 104 avant 8 semaines 5 4,8 entre 8 et 15 semaines 34 32,7 entre 16 et 24 semaines 13 12,5 plus de 24 semaines 52 50
Congé parental 104 oui 39 37,5 non 59 56,7 non concerné 6 5,8
Suivi de grossesse 104 gynécologue 96 92,3 sage-femme 1 1 généraliste 6 5,8 autres 1 1
51
Cours de préparation à la naissance 104 oui 79 76 non 25 24
1ère expérience d'allaitement maternel 104 oui 62 59,6 non 42 40,4
Durée allaitement 104 > 6 mois 24 23,1 < 6 mois 80 76,9
Durée allaitement < 6 mois (jours) 80 moyen 91,94 médian 90 std déviation 49,505
Durée séjour maternité 104 moyen 4,65 médian 4 std déviation 1,607
Médecin traitant 104 oui 82 79 non 22 21
Tableau n°3 : Principales caractéristiques de la population de l’étude.
1.1. Informations générales
Le type d’accouchement était majoritairement par voie basse sans forceps (83,7 %).
L’âge médian est de 30 ans.
Les femmes ont accouché à terme avec une moyenne à 39,5 semaines.
Le nombre d’enfants (incluant le nouveau né) était de 1,63 en moyenne avec une
médiane à 1.
La majorité des femmes travaillaient avant la naissance (81,7 %).
Elles ont pu bénéficier du congé de maternité légal rémunéré pour 86,5 % d’entre
elles.
La reprise du travail s’est effectuée pour 32,7% entre 8 et 15 semaines après
l’accouchement et pour la moitié d’entre elles (50%) au-delà de 6 mois.
Un congé parental a été pris dans les suites pour un peu plus d’un tiers des mères
(37,5%).
52
1.2. Le suivi avant la naissance
Au cours de leur grossesse, les femmes ont été principalement suivies par un
gynécologue pour 92,3% (96/104) d’entre elles. 5,7% (6/104) ont été principalement suivies
par un médecin généraliste et une par une sage-femme.
62,5% (65/104) d’entre elles ont entendu parler de l’allaitement maternel par une
des personnes qui les ont suivies au cours de leur grossesse.
Les professionnels de santé qui ont évoqué l’allaitement maternel avec ces femmes
sont essentiellement les sages-femmes pour 53,8% (35/65). Viennent ensuite les
gynécologues pour 40% (26/65) puis les professionnels de la PMI pour 6,2% (4/65) d’entre
elles.
Qui vous a parlé de l'allaitement maternel avant la naissance ? (N=65)
Sage-femme
gynécologue
PMI
Figure n°4 : Qui vous a parlé de l’allaitement maternel avant la naissance ?
Parmi les 65 femmes qui ont entendu parler de l’allaitement avant la naissance, 29,2%
(19/65) jugent l’information reçue (de la part de la personne qui les a principalement suivies)
tout à fait satisfaisante ou satisfaisante.
Par contre 70,8% (46/65) jugent cette information insuffisante voire pas du tout
satisfaisante.
53
Parmi celles qui n’ont pas été informées sur l’allaitement par un professionnel de
santé, 69,2% (27/39) se sont informées seules par divers moyens (livres, revues, Internet,
famille, amis, PMI, autres).
Comment vous êtes-vous informée sur l'allaitement avant la naissance ? (N=27)
012345678
PM
I
Inte
rnet
Livr
es
Rev
ues
Exp
érie
nce
anté
rieur
e
Am
is
Fam
ille
Graphique n°6 : Comment vous êtes-vous informée sur l’allaitement maternel avant la
naissance ?
76% (79/104) ont suivi des cours de préparation à la naissance.
Parmi elles, 65% (51/79) ont été satisfaites contre 35% (28/79) qui n’ont pas été
satisfaites de cette préparation concernant l’allaitement maternel.
1.3. Les durées d’allaitement maternel
Il s’agissait majoritairement d’une première expérience d’allaitement maternel (59,6%
soit 62/104).
La durée de l’allaitement maternel a été principalement inférieure à 6 mois (76,9% soit
80/104).
La durée médiane de l’allaitement total (parmi les 80 femmes qui ont allaité moins de
6 mois) est de 90 jours, soit 3 mois.
On parle d’un allaitement total lorsque l’on ajoute la durée de l’allaitement maternel
exclusif et de l’allaitement mixte.
54
L’allaitement exclusif a duré en moyenne un peu plus d’un mois (33,4 jours). Il a été
suivi d’un allaitement mixte pendant un peu moins d’un mois (29,85 jours).
L’histogramme ci-dessous décrit les durées d’allaitement.
Durée de l'allaitement maternel
0
20
40
60
80
100
120
2 10 21 28 35 40 67 75 84 91 100
111
135
165
durée (jours)
Nom
bre
de fe
mm
es
Graphique n°7 : Durée de l’allaitement maternel.
23% (24/104) ont allaité plus de six mois leur enfant. Leur projet d’allaitement est
alors en moyenne de 1 an.
1.4. Le séjour à la maternité
64,4% (67/104) des femmes se disent satisfaites ou très satisfaites des conseils reçus à
la maternité pour mettre en place l’allaitement. 35,6% (37/104) les jugent insuffisants voire
pas du tout satisfaisants.
La durée médiane de séjour est de 4 jours.
52,9% (55/104) jugent ce séjour suffisant voire largement suffisant par rapport à la
mise en place de l’allaitement.
Presque autant soit 47,1% (49/104), jugent ce séjour à peine suffisant voire pas du
tout suffisant.
55
1.5. Le retour à domicile
69,2% (72/104) ont rencontré un professionnel de santé dans le premier mois qui a
suivi le retour à domicile. Il s’agissait d’un médecin généraliste pour 27,7% (20/72) d’entre
elles, d’un pédiatre pour 27,7% ou d’un centre de PMI pour 26,3% (19/104).
72,1% (75/104) ont ressenti le besoin d’avoir des conseils sur l’allaitement lors de
leur retour à domicile.
Elles ont principalement reçu conseils :
� du personnel de la PMI : 33,3%
� de la famille : 16,6%
� d’elle-même (livre, revue, Internet) : 16,6%
� d’amis : 12,5%
� du personnel de la maternité : 9,7%
� du pédiatre : 9,7%
� d’une sage-femme : 4,1%
� d’un médecin généraliste : 2,7%
1.6. Le médecin généraliste
78,8% (82/104) des femmes interrogées ont un médecin traitant.
Parmi elles, 64,6% (53/82) n’ont pas parlé de l’allaitement maternel avec leur
médecin car :
� 39,6% (21/53) pensaient que ce n’était pas son rôle.
� 9,4% (5/53) évoquent un manque de compétences de leur médecin dans ce domaine.
� 43,3% (23/53) n’en ont pas ressenti le besoin.
56
1.7. Le déroulement de l’allaitement
1.7.1. Les complications liées au sein
58,6% (61/104) des mères ont eu des problèmes liés au sein. Il s’agissait
principalement de crevasses à plus de 90% (55/61).
1.7.2. Problèmes de santé de la mère
47,1% des femmes évoquent un problème de santé personnel au cours de leur
allaitement. Il s’agissait essentiellement (plusieurs réponses possibles) :
� de fatigue pour 24 d’entre elles
� d’une tristesse pour 19 mamans
� d’une maladie pour 14 d’entre elles
� un seul cas de fatigue a conduit à une consultation médicale
� deux cas de dépression avérée ont conduit à un traitement.
1.7.3. Problème de santé de l’enfant
18,1% (19/104) des enfants ont eu un problème de santé au cours de cet allaitement. Il
s’agissait essentiellement de pathologies infectieuses type bronchiolite (6/19) ou de troubles
digestifs type colique du nourrisson (6/19).
1.7.4. Rôle des conjoints
Les conjoints étaient globalement tout à fait favorables (69,2%) ou favorables (25%)
à l’allaitement maternel.
1.7.5. Reprise du travail
Seules 19 femmes sur 70 (qui ont repris une activité) ont poursuivi l’allaitement
maternel en travaillant soit 27%.
57
La durée moyenne de poursuite de l’allaitement maternel au travail pour les 19
femmes concernées est d’un peu moins de 2 mois (59,8 jours).
Parmi elles, 12 femmes sur 19 soit 63%, disent avoir eu des difficultés à poursuivre
cet allaitement lors de la reprise du travail.
Parmi les 51 autres femmes (qui n’allaitaient plus en travaillant), 16 d’entre elles soit
31%, déclarent avoir sevré leur bébé en prévision de la reprise du travail. 22 n’évoquent
pas cette raison pour le sevrage et 13 n’ont pas répondu.
Reprise du travail et allaitement maternel, des difficultés ?
33%
48%
12%7%
ne travaille pas
reprise du travail sansallaitement
reprise du travail enallaitant, avec difficulté
reprise du travail enallaitant, sans difficulté
Figure n°5 : Reprise du travail et allaitement maternel, des difficultés ?
A la question n°26-5 : «Si vous aviez eu un congé de maternité plus long, auriez-vous
poursuivi plus longtemps l’allaitement maternel ? » 53 femmes sur les 67 concernées ont
répondu OUI, soit plus de 79%.
1.7.6. Allaitement et relation sociale
97% des femmes allaitent devant leur conjoint. Elles sont 59,7% à allaiter dans les
espaces publics, où elle se sentent gênées (souvent ou toujours) pour 29,8% d’entre elles .
58
1.8. Satisfaction des mères sur le déroulement de leur allaitement
45% des femmes interrogées ne sont pas satisfaites de la durée de leur allaitement.
Pour ces mères, la principale cause d’arrêt de leur allaitement est la reprise du travail.
Causes de sevrage d'allaitement maternel chez les f emmes non satisfaites de leur allaitement maternel (N=47)
0 5 10 15 20 25
manque d'aide à la maternité
impression de manque de lait
baby-blues
difficultés techniques
mauvaise prise de poids du bébé
complications
sollitude lors du retour au domicile
reprise du travail
absence de liberté
reprise sexualité
fatigue
famille nombreuse/enfants rapprochés
allaitement mixte
maladie de l'enfant
Cause principale
Causes secondaires
Figure n°6 : Causes de sevrage d’allaitement maternel chez les femmes non satisfaites de leur
durée d’allaitement.
Parmi les mamans satisfaites de leur durée d’allaitement (55% dans cette étude), la
principale cause d’arrêt de l’allaitement est également la reprise du travail. L’impression de
manque de lait arrive en deuxième position.
59
Principale cause d'arrêt de l'allaitement chez les mè res satisfaites de leur allaitement maternel
0 2 4 6 8 10 12
manque d'aide à la maternité
impression de manque de lait
baby blues
difficultés techniques
solitude au retour à domicile
reprise du travail
absence de liberté
fatigue
famille nombreuse/enfants rapprochés
allaitement mixte
maladie du bébé
Figure n°7 : Principale cause d’arrêt de l’allaitement chez les mères satisfaites de leur
allaitement maternel.
Les éléments qui ont particulièrement aidé les mères à poursuivre au mieux leur
allaitement sont tout d’abord l’aide à la maternité, puis la prise du congé parental et enfin le
lien avec leur bébé et l’aide du conjoint.
60
Principales aides à la poursuite de l'allaitement maternel
0 5 10 15 20 25 30
aide à la maternité
aide PMI
lien privilégié avec le bébé
aide de la famille
aide du conjoint
aide associative
information avant la naissance
prise du congé parental
aide au retour à domicile
congé maternité 3è enfant
expérience antérieure
aide pédiatrique
lecture
aide d'amis
ne pas travailler
Principale aide
Autres aides
Figure n°8 : Principales aides à la poursuite de l’allaitement maternel évoquées par les mères.
1.9. Propositions pour améliorer la prise en charge de l’allaitement maternel en France.
Les principales propositions évoquées par les mamans sont une meilleure aide à la
maternité et une augmentation de la durée légale du congé maternité.
Les autres propositions sont une meilleure formation des professionnels de santé sur la
question de l’allaitement maternel et une information prénatale plus importante et surtout de
meilleure qualité.
61
Propositions pour améliorer la prise en charge de l'allaitement maternel en France (N=104)
0 10 20 30 40
Plus d'aide à la maternité
Meilleure formation des médecins
Plus d'informations prénatales
Modèles Etrangers
Plus d'informations sur les services de la PMI
Augmentation de la durée du congé maternité
Ne pas culpabiliser les mamans
Augmentation de la durée du séjour à la maternité
Soutenir les associations d'allaitement
Plus d'entourage de la famille
Prolonger les réunions en post-natal
Sage-femme à domicile
Plus d'aide à domicile
Plus d'informations dans les médias
1ère proposition
2è proposition
3è proposition
Figure n°9 : Propositions pour améliorer la prise en charge de l’allaitement maternel en
France.
2. Etude analytique
2.1. Etude des facteurs prédictifs de la durée d’allaitement maternel
� Notre étude montre que la variable «reprise du travail» est statistiquement significative
avec p < 0,05 (analyse suivant la méthode de Kaplan Meier). Nous avons regroupé les
femmes en 4 catégories suivant le moment de reprise du travail : moins de 8 semaines
après l’accouchement, entre 8 et 15 semaines, entre 16 et 24 semaines, et plus de 24
semaines (6 mois).
62
La reprise de l’activité des mères est un facteur prédictif de l’arrêt de l’allaitement
maternel dans les six premiers mois (p < 0,05).
0 50 100 150 200
duree
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
Cum
Sur
viva
l
Reprise< 8
> 24
16 - 24
8 - 15
< 8 -censored
> 24-censored
16 - 24-censored
8 - 15-censored
Survival Functions
Graphique n°8 : Durée de l’allaitement maternel et reprise du travail (Courbe de survie,
méthode de Kaplan Meier).
� Le type d’accouchement (voie basse ou césarienne) n’est pas un critère significatif dans
cette étude. On note une tendance à un allaitement plus long pour les femmes ayant
accouché par voie basse, mais sans différence significative.
� La taille de la fratrie n’est pas non plus une valeur significative de la durée d’allaitement.
La tendance générale de la courbe de survie évoque un allaitement plus long dans les
familles les plus nombreuses.
� La variable «information avant la naissance» est statistiquement significative mais
d’une manière inattendue : les femmes qui n’ont pas entendu parler de l’allaitement par un
professionnel de santé avant la naissance, allaitent plus longtemps que les autres : p <0,04.
63
� Le fait d’avoir ou pas un médecin traitant n’est pas prédictif d’une durée d’allaitement
maternel dans cette étude (p = 0,78).
� Le fait d’avoir suivi des cours de préparation à la naissance n’est pas significatif
concernant la durée d’allaitement maternel (p = 0,38).
� Le fait d’avoir été satisfaite de l’information reçue sur l’allaitement maternel lors des
séances de préparation à l’accouchement n’est pas non plus significatif. On note plutôt
une tendance à un allaitement plus long chez les femmes non satisfaites (p = 0,32).
� Les femmes non satisfaites de l’information reçue de la part de la personne qui les a
principalement suivies au cours de la grossesse, allaitent significativement plus
longtemps que les autres (p < 0,01).
2.2. Etude des facteurs associés à un arrêt précoce de l’allaitement maternel (avant 6 mois).
Les éléments non significatifs sont :
� la survenue de complications
� la survenue d’un problème de santé de la mère
� la survenue d’un problème de santé du bébé
� avoir consulté un professionnel de santé dans le premier mois qui a suivi l’accouchement
� il n’y a pas de lien statistique entre la durée du séjour à la maternité, la satisfaction des
mères par rapport à ce séjour et la durée effective d’allaitement maternel, même si l’on ne
sélectionne que les primipares.
� la gêne d’allaiter en public n’est pas un élément significativement associé à un arrêt
précoce de l’allaitement, même si l’on note une tendance à un allaitement plus court chez
les femmes qui disent avoir été gênées (souvent ou toujours) d’allaiter en public.
La question portant sur le rôle du conjoint ne permet pas une analyse statistique
valable du fait de la distribution des réponses à cette question. En effet la très grande majorité
des conjoints sont favorables ou très favorables à l’allaitement maternel dans cette étude.
Un élément majeur est significatif : la satisfaction des patientes. Les femmes
satisfaites de la durée de leur allaitement sont celles qui ont allaité plus de 6 mois
(p < 0,003).
64
Au total, on note trois éléments significatifs prédictifs de la durée d’allaitement
maternel :
� la durée prévue entre l’accouchement et la reprise du travail
� l’information reçue avant la naissance sur l’allaitement maternel par un
professionnel de santé
� le fait de ne pas avoir été satisfaite de l’information donnée au cours de la
grossesse par le professionnel de santé qui les a principalement suivies (chez
les 65 femmes informées)
Un seul facteur significatif est associé à un arrêt précoce (c'est-à-dire avant 6
mois) : la satisfaction des mères. Celles satisfaites de la durée de leur allaitement ont allaité
plus de 6 mois.
Nous avons réalisé une analyse multivariée avec les deux premiers éléments prédictifs
de la durée d’allaitement maternel, à savoir la durée du congé et l’information avant la
naissance. Le but était de montrer l’indépendance statistique de ces deux variables. La
variable «reprise» (date de reprise d’activité) reste effectivement indépendante jusqu’à une
certaine durée (121 jours).
65
QUATRIEME PARTIE : DISCUSSION
66
La taille de l’échantillon de notre étude est de 104 mamans. L’âge moyen des mères
est de 30 ans et il s’agissait du premier enfant (valeur médiane). La majorité des femmes
travaillaient avant la naissance de leur enfant. Elles sont suivies par un gynécologue pour 92%
et ont un médecin traitant à 78,8%. Leur conjoint est plutôt favorable à l’allaitement.
1. La durée de l’allaitement maternel
Cette étude montre que la durée médiane d’allaitement maternel est de 3 mois. 24%
des personnes interrogées allaitent encore à 6 mois, ce qui est important par rapport aux autres
enquêtes nationales 25,35 et même régionales en Rhône-Alpes26. Est-ce que l’enquête elle-
même a pu favoriser la durée de l’allaitement ?
Les mères rencontrées à la maternité savaient qu’elles allaient être contactées 6 mois
plus tard pour parler de leur allaitement. Il s’agit d’une intervention brève en postnatal mais
qui a pu constituer un biais.
Le recueil des données fait par téléphone par une femme médecin ayant elle-même
allaité peu de temps auparavant son enfant, peut avoir influencé certaines mères. Il faut noter
que de manière globale, les taux et les durées d’allaitement maternel en Rhône Alpes sont
supérieurs à un certain nombre de régions françaises36 : 41% d’allaitement maternel à la
naissance en 2004 dans la Somme (d’après les certificats du huitième jour) et 68% dans le
Rhône. La politique de soutien de l’allaitement maternel y est très présente.
Le profil des durées d’allaitement maternel exclusif ou mixte est à peu près
comparable aux récentes études sur l’allaitement maternel 37.
Alors que le taux d’allaitement maternel en France à la naissance est en constante
augmentation, de 52,5% en 1998 à 60 % en 2004, on note une chute importante du taux de
femmes allaitantes dès les premières semaines38. Cette chute, si prononcée en France où
seulement 14,8% des femmes allaitent en moyenne à 6 mois, est présente dans d’autres pays.
En 1994 un rapport du US Département of Health and Human Service indiquait qu’en 1993,
55% des femmes débutaient un allaitement maternel mais que moins de 25 % continuaient à 6
mois39.
67
2. La satisfaction
Un des objectifs de l’étude était d’évaluer la satisfaction des mères concernant la durée
de leur allaitement.
Au delà des recommandations nationales et internationales de l’HAS et de l’OMS qui
préconisent une durée d’allaitement exclusif de 6 mois, nous avons voulu savoir si dans la
situation actuelle, les femmes étaient satisfaites de leur durée d’allaitement.
Elles sont majoritairement satisfaites pour 55 % d’entre elles. Mais un peu moins de la
moitié des mères soit 45%, déclarent n’être pas tout à fait satisfaites voire pas satisfaites du
tout de leur durée d’allaitement.
Les femmes dites satisfaites ou très satisfaites de leur durée d’allaitement sont celles
qui de manière tout à fait significative (p < 0,003), ont allaité leur enfant plus de 6 mois.
L’étude d’Elise Brottet sur l’allaitement maternel en Rhône-Alpes révèle en effet que
les mères souhaitent allaiter pendant 5,4 mois en moyenne26.
Cette satisfaction a été étudiée à plusieurs reprises 37,40. Les femmes déçues de leur
durée d’allaitement étaient celles qui allaitaient le moins longtemps (6 semaines en médiane
contre 18 semaines pour les femmes satisfaites).
3. Les causes de sevrages.
3.1 Facteurs favorisant le sevrage précoce
3.1.1 La reprise du travail
Un des principaux résultats significatifs de cette étude concerne la reprise de l’activité.
Les courbes de survie montrent un lien nettement significatif entre durée de l’allaitement
maternel et reprise de l’activité (p < 0,05). Dans certaines études et en particulier dans une
étude australienne de 1999, le retour au travail est associé de manière négative à la fois pour
l’initialisation et pour la durée de l’allaitement maternel41.
Le taux d’allaitement maternel est souvent plus élevé chez les femmes qui ont
initialement un emploi que chez les autres.
68
Dans notre étude, 85% des femmes avaient un emploi avant leur accouchement. Dans
l’enquête de périnatalité de 2003 qui regroupe l’ensemble des mères, 66% avaient un emploi
en période prénatale36. Mais l’enquête ne différencie pas en post-partum la durée de
l’allaitement maternel, ni pour les femmes qui reprennent une activité, ni pour les autres.
Parmi les femmes non satisfaites de leur allaitement, la principale raison évoquée est
la reprise du travail (42,5%).
Les difficultés techniques (36%), l’impression de manque de lait (25,5 %) et la fatigue
(19%) sont ensuite les causes les plus fréquemment citées.
Les résultats sont proches chez les femmes satisfaites de leur allaitement. La première
raison évoquée au sevrage est la reprise du travail (21 %), puis le manque de lait (17,5%), le
passage à l’allaitement mixte (10,5%) et enfin la fatigue (7%).
Nous pouvons rapprocher ces résultats à ceux du travail de thèse du Dr Monin
Graftiaux42. Dans son enquête auprès de 906 femmes à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu à Lyon en
1997, la première cause de sevrage était la reprise du travail suivie de peu par la baisse de la
sécrétion lactée ou le manque de lait.
3.1.2. L’impression de manque de lait
L’impression de manque de lait est une des raisons les plus fréquemment citées dans
les causes de sevrage. Elle est souvent associée à un sevrage précoce de l’allaitement, entre 2
et 6 semaines40. Des conseils appropriés et un suivi précoce des mamans au retour de la
maternité seraient associés à une baisse significative du sevrage pour cette raison43.
3.2 Facteurs favorisant un allaitement long
3.2.1 La taille de la fratrie
Certaines études montrent que le taux d’allaitement maternel augmente avec le
nombre d’enfants à charge44. Dans notre étude il s’agit d’une tendance mais qui n’est pas
retrouvée statistiquement significative. On peut se demander si l’allongement du congé de
maternité au troisième enfant laisserait plus de disponibilité à la mère pour allaiter.
69
3.2.2 La prise d’un congé parental
Dans notre étude, la prise d’un congé parental ou la durée du congé maternité pour le
troisième enfant sont citées comme des éléments importants qui ont permis la poursuite de
l’allaitement maternel chez les femmes satisfaites de leur allaitement. A cette question, les
principales raisons évoquées comme favorisant la poursuite de l’allaitement sont : le lien
privilégié avec le bébé (47,5%), l’aide reçue du conjoint (21%) puis l’aide reçue à la maternité
(15,7%).
3.2.3 Le rôle du père
Une étude brésilienne de 1999 montre en effet qu’une éducation des mères et des
pères avec un suivi étroit avant et après la naissance à domicile augmentent significativement
le taux et la durée d’allaitement maternel. Les connaissances du père sur l’allaitement
augmentent significativement le taux d’allaitement maternel dans cette étude45.
Le rôle positif du père serait en effet un facteur prédictif de la durée de l’allaitement
maternel41. Il augmente significativement la durée de l’allaitement s’il constitue un soutien
adéquat40.
4. L’information avant la naissance
Dans notre étude, deux autres facteurs prédictifs de la durée d’allaitement maternel ont
été mis en évidence dont l’information reçue par la patiente avant l’accouchement. Cette
information est principalement donnée par les sages femmes (53,8%) et les gynécologues
(40%) puisque ce sont eux qui suivent principalement les grossesses.
Les femmes informées par un professionnel de santé avant la naissance
allaiteraient significativement moins longtemps que le groupe de femmes non informées
(analyse de survie p < 0.04).
De même les femmes qui ne se disent pas tout à fait satisfaites voire pas satisfaites du
tout de l’information reçue sur l’allaitement avant la naissance, sont celles qui
significativement allaitent le plus longtemps (p < 0,01). Les femmes qui ont un désir
70
d’allaiter avant la naissance sont celles qui sont le plus critiques vis-à-vis de
l’information donnée par les professionnels de santé.
Ceci rappelle à la fois le rôle des professionnels de santé mais aussi notre manque de
compétence dans le domaine de l’allaitement46. Ce phénomène ne semble pas spécifique à
notre pays47. En effet, une étude américaine de 1994 porte sur les facteurs influençant le choix
de l’allaitement maternel48. Elle évoque le manque de formation et de connaissances sur
l’allaitement maternel des professionnels de santé et des médecins généralistes. Une
information appropriée sur l’allaitement maternel de la part des professionnels de santé peut
contribuer à augmenter la durée de cet allaitement49.
Une étude française récente retrouve des durées d’allaitement maternel supérieures
chez un groupe de femmes informées par des professionnels de santé formés38. En Finlande,
on étudie l’impact de l’accompagnement des futures mères dans les maternités et le rôle de cet
enseignement sur le comportement postnatal et en particulier sur l’allaitement maternel50.
Certains évoquent même le rôle positif d’un livret anténatal d’information sur l’allaitement51.
Les difficultés rencontrées par les mamans au cours de leur allaitement débutent
donc avant la naissance avec une information qui ne semble par les satisfaire
suffisamment.
Dans notre étude, on ne trouve pas de lien significatif entre la durée de l’allaitement et
la satisfaction concernant l’information donnée à ce sujet lors des séances de préparation à la
naissance. Ceci peut être le résultat d’un biais de sélection, qui veut que toutes les femmes de
l’étude aient pu bénéficier de séances similaires du fait de leur lieu d’accouchement.
D’autre part, les multipares qui ont déjà l’expérience d’un allaitement antérieur ont
tendance à être moins nombreuses à assister à ces séances.
Mais en tout état de cause, donner le sein est un art qui s’apprend et il est donc très
important de s’y préparer52. Certaines études montrent que demander simplement aux mères
combien de temps elles souhaitent allaiter permet de déterminer celles qui sont à risque de
sevrer précocement 53.
5. Le séjour à la maternité et le retour à domicile
Les difficultés se poursuivent à la maternité où un peu plus d’un tiers des femmes
(35,6 %) déclarent ne pas avoir été satisfaites des conseils donnés à la maternité.
71
La durée de séjour, en revanche, ne semble pas influencer la durée ultérieure de
l’allaitement même si l’on ne sélectionne que les primipares. On rappelle le rôle fondamental
de la mise au sein précoce, un des piliers des 10 conditions pour le succès de l’allaitement
maternel. Il s’agit d’un facteur qui favorise la prolongation de l’allaitement maternel de
manière significative54.
Lors du retour à domicile, elles sont plus de 70 % à ressentir le besoin d’avoir des
conseils sur l’allaitement. Elles sont une grande majorité à souffrir de complications (58,6%)
et en particuliers de crevasses (90%).
Enfin, on note une tendance sans lien significatif avec la gêne sociale : les femmes qui
se disent gênées (souvent ou toujours) d’allaiter leur enfant en public, semblent allaiter moins
longtemps que les autres.
6. Propositions
A la fin du questionnaire, les femmes pouvaient répondre librement en évoquant des
propositions susceptibles, selon elles, d’améliorer la prise en charge de l’allaitement maternel
en France.
6.1 Une meilleure aide à la maternité
La première proposition évoquée est une meilleure aide à la maternité. On sait qu’il
s’agit d’un fondement de l’allaitement qui est promu par le label Hôpital Ami des Bébés qui
concerne si peu de maternités en France. C’est peut-être une des principales différences avec
nos voisins européens, scandinaves en particuliers12.
6.2 Une information prénatale de meilleure qualité
La deuxième proposition est d’améliorer l’information prénatale sur l’allaitement. Les
résultats de notre étude vont évidemment dans ce sens.
72
6.3 L’augmentation de la durée du congé maternité
La troisième proposition est l’augmentation de la durée du congé maternité. Dans
notre étude 79% des femmes concernées déclarent qu’elles auraient poursuivi plus longtemps
l’allaitement maternel si elles avaient eu un congé de maternité plus long .
De nombreuses études évoquent cette reprise du travail comme un élément majeur du
sevrage25,42,44. Les pays d’Europe qui ont le plus fort taux d’allaitement sont ceux qui
facilitent le plus la vie aux parents avec entre autres, une grande période de congé post natal,
voire des possibilités de congé parental long (six mois à un an au Luxembourg, un an en
Suède, dix mois en Norvège)12.
En France il n’existe pas de congé d’allaitement. Une enquête en médecine générale a
montré que des médecins prolongent le congé de maternité pour aider à la prolongation de
l’allaitement55. Un plan d’action Européen, établi en 2004 à l’initiative de la Commission
Européenne et de l’OMS, prévoit l’harmonisation en Europe des législations concernant les
femmes allaitantes56. Il prévoit en particulier de mettre tout en œuvre pour permettre aux
femmes un allaitement maternel exclusif de six mois (annexe 9).
6.4 Améliorer la formation des professionnels de santé sur l’allaitement
La quatrième proposition est une meilleure formation des médecins concernant
l’allaitement maternel. Plusieurs travaux de médecine générale vont également dans ce
sens54,57. Dès la conception, le médecin généraliste peut sensibiliser les futurs parents sur
l’allaitement58. Un guide pratique pour les professionnels de santé existe déjà et serait un
support intéressant à diffuser auprès des praticiens59.
6.5 Conclusion
En conclusion, nous pouvons dire pour tenter de répondre à la question du sevrage que
les causes sont évidemment multiples dans notre pays. Les propositions variées des mères
illustrent bien cette diversité et de fait, ces difficultés pour améliorer la satisfaction des mères
sur l’allaitement.
Il reste important de rappeler que l’allaitement maternel est une pratique intime mais
qui est au cœur de la santé publique. Il existe aujourd’hui de plus en plus d’études sur ce sujet
qui, on peut l’espérer, permettront progressivement de souligner les points difficiles de
73
l’allaitement. Un allongement du congé de maternité ainsi qu’un suivi plus étroit des mamans
au début de leur allaitement pourraient être des éléments de réponse. Le développement de
l’Initiative Hôpital Ami des Bébés, pilier de la promotion de l’allaitement maternel en France
et dans le monde, serait évidement le meilleur moyen de progresser dans ce domaine avec les
professionnels de santé et les familles. Cette initiative ne suffira pas s’il n’y a pas de relais de
la prise en charge des mères allaitantes en ambulatoire.
74
CONCLUSIONS
75
La pratique de l’allaitement maternel est aujourd’hui un sujet majeur de santé
publique. L’Organisation Mondiale de la Santé et la Haute Autorité de Santé en France
recommandent pour les enfants sains nés à terme une alimentation exclusive au lait maternel
pendant les six premiers mois de la vie5. Plusieurs initiatives mondiales sont porteuses de
projets4,7,10 pour permettre d’appliquer ces recommandations et en particulier l’Initiative
Hôpital Ami des Bébés à l’origine de laquelle sont l’OMS et l’UNICEF.
A ce jour les taux d’allaitement maternel à la naissance en France restent bas (60%
en 2004) en comparaison de nos voisins européens (94% en Suède). On note également une
grande disparité des taux d’allaitement à la naissance sur le territoire français. Cet allaitement
maternel ne se maintient pas dans le temps. Seuls 14% des bébés français sont encore allaités
à 6 mois.
Notre objectif principal était d’évaluer les différentes causes d’arrêt de l’allaitement
maternel dans les six premiers mois de la vie de l’enfant. Pour cela nous avons réalisé une
enquête rétrospective en 2004 sur un groupe de 104 mères qui ont accouché à l’Hôpital Saint
Joseph Saint Luc à Lyon (69). Les femmes ont été contactées six mois ou plus après leur
accouchement.
Dans notre étude, la reprise de l’activité des mères est un facteur prédictif de l’arrêt
de l’allaitement maternel dans les six premiers mois (p < 0,05).
Mais les causes de sevrage sont multiples et complexes. Le rôle de l’information, et
probablement de la qualité de l’information donnée sur l’allaitement maternel avant la
naissance, est un point important. Concernant le groupe de femmes ayant allaité moins de six
mois, celles à qui un professionnel de santé a parlé de l’allaitement avant la naissance arrêtent
plus précocement l’allaitement maternel (p < 0,04).
Par ailleurs, les mères non satisfaites de l’information reçue sur l’allaitement
maternel avant la naissance par un professionnel de santé sont celles qui ont le moins de
chance de sevrer leur enfant dans les six premiers mois (p < 0,01).
La durée de séjour à la maternité n’est pas corrélée dans cette étude avec la durée de
l’allaitement.
Le suivi à domicile ensuite reste fondamental. Les mamans sont plus de 70 % à
ressentir le besoin d’avoir des conseils lors de leur retour à la maternité.
76
Un facteur significatif est associé à un arrêt précoce de l’allaitement maternel :
l’insatisfaction des mères. Les mères satisfaites de leur durée d’allaitement sont celles qui ont
allaité leur enfant plus de six mois (p < 0,003). Elles sont 23% dans cette étude.
Les volontés des mères et des plus hautes autorités médicales semblent alors se
rejoindre sur un même point. Il faudrait permettre aujourd’hui un allaitement précoce et
exclusif de six mois dans notre pays.
Sur le plan médical, un des moyens de progresser serait le développement en France
du nombre d’Hôpitaux Amis des Bébés, garants des meilleures conditions de promotion et de
mise en place de l’allaitement. Les perspectives à ce sujet sont encourageantes avec la
labellisation récente de deux nouvelles maternités et l’obtention du label international en 2006
pour la maternité de Saint-Jean de Roubaix dans le Nord.
Parallèlement, une meilleure formation des professionnels de santé sur l’allaitement
maternel est un maillon indispensable au relais qui est à prendre au retour à domicile des
mères et de leur enfant.
Enfin l’allongement de la durée du congé de maternité à six mois dès le premier
enfant, bien qu’utopique actuellement, nous semble l’unique solution sociale à la réalisation
de ce projet.
77
BIBLIOGRAPHIE
78
1. Thirion M .L’allaitement de la naissance au sevrage. Paris:Albin
Michel;2004.256 p.
2. Loras-Duclos I .La promotion de l’allaitement maternel : des déclarations
d’intention à la bonne pratique. Paris:Quatrième rencontre de Pédiatrie
Pratique;2000:1-9.
3. D.R.E.E.S. Certificats du huitième jours. 2006.
4. Information pour l’allaitement (IPA). Mesures françaises. 2005:1-4.
5. A.N.A.E.S .Allaitement maternel- Mise en œuvre et poursuite dans les six
premiers mois de la vie de l’enfant. Paris:ANAES;2002:7-17.
6. O.M.S. Code international de commercialisation des substituts du lait
maternel. Genève:OMS;1981.
7. Cabon-Ascencio N .Le médecin généraliste face au retour au travail de la mère
allaitante:enquête auprès de 45 praticiens de la région Rhône Alpes. Mémoire
de fin de stage chez le praticien:Lyon1,Lyon Sud:2003.
8. Organisation mondiale de la santé. Données scientifiques relatives aux dix
conditions pour le succès de l’allaitement. Genève:OMS;1999:6.
9. UNICEF. La situation des enfants dans le monde en 1998 : L’initiative des
Hôpitaux Amis des Bébés. Paris:Unicef;1998.
10. O.N.U. Convention Internationale des droits de l’enfant. ONU ; 1989, [en
ligne]. Site disponible sur http://www.globenet.org/enfant/cide.html (page
consultée le 20/06/2006).
11. Groupe de travail pour la promotion de l’allaitement maternel dans le
département du Nord. Dossier pour la promotion de l’allaitement maternel.
Archives Pédiatrie 2001;8:865-74.
79
12. O.M.S/U.N.I.C.E.F. Déclaration d’Innocenti sur la protection,
l’encouragement et le soutien de l’allaitement maternel. Florence; 1990, [en
ligne]. In:Information Pour l’Allaitement, France. Site disponible sur
http://perso.wanadoo.fr/ipa/international/Innocenti.html (page consultée le
08/11/2004).
13. Roques N. L’allaitement maternel en chiffres : Taux; durée d’allaitement
maternel et étude sociologique en France et dans le monde.
Lyon:IPA;2002.24p.
14. Roques N. L’allaitement maternel en chiffres. Lyon:IPA;2004.47p.
15. Roques N. L’initiative Hôpital Ami des Bébés. Une action incontournable.
Dossier de presse Semaine mondiale de l’allaitement maternel 2002:16-17.
16. Organisation mondiale de la santé. Stratégie mondiale de l’alimentation du
nourrisson et du jeune enfant. Cinquante-quatrième Assemblée mondiale de la
santé 2001;A54/7:1-5.
17. Organisation mondiale de la santé. La Nutrition chez le nourrisson et le jeune
enfant. Cinquante-quatrième Assemblée mondiale de la santé 2001;WHA
54.2:1-4.
18. Organisation mondiale de la Santé. La nutrition chez le nourrisson et le jeune
enfant. Cinquante-cinquième Assemblée mondiale de la santé 2002;WHA 55-
25:1-3.
19. De Buttet - Lacharme C, Roque A. Evaluation des pratiques d’allaitement
maternel de deux maternités lyonnaises dans le cadre d’une démarche de
labellisation Hôpital Ami des Bébés. 2003. Th Med:Université Lyon 1,
Grange-Blanche et Lyon Nord.2003;84.
20. Secrétariat d’Etat à la santé et aux handicapés. Programme National Nutrition
Santé. PNNS.2001-2005.
80
21. Leroy J, Dubessy B .Allait’info. Actualité de l’allaitement maternel en Rhône-
Alpes 2004;1:1-6.
22. Le département du Rhône, service santé et prévention. Les certificats de santé
de l’enfant 2002.2003:15.
23. Coordination Française pour l’allaitement maternel. Allaitement maternel en
France : des départements en action.
Les dossiers de l’obstétrique 2001;295:376-40.
24. Roques N. Entretien avec Marie-Josée Communal. DRASS Rhône Alpes.
Allait’info.2004. Février; p2(2-3).
25. Lelong N, Saurel-Cubizolles MJ, Bouvier-Colle MH, Kaminski M . Durée de
l’allaitement maternel en France. Arch Pédiatrie 2000;7:571-2.
26. Brottet E. Etude des taux et des durées d’allaitement maternel en Rhône Alpes
et des facteurs favorisants un allaitement maternel long. Lyon : DRASS
Rhône-Alpes, 2005.27p.
27. COFAM. Initiative Hôpital Ami des Bébés. [en ligne]. In :Coordination
Française pour l’Allaitement maternel, France. Site disponible sur
<http://www.coordination-allaitement.org> page consultée le 20/06/2006.
28. L’Assurance maladie, sécurité sociale, caisses primaires de Lyon et de
Villefranche. Vous et vos droits : au fil de votre vie la sécurité sociale.
2002:22-24.
29. Allocations Familiales. Vos prestations.2004:7-8.
30. Code du travail. Partie législative. Articles L224 1-5.[en ligne].Site disponible
sur <http://www.legifrance.gouv.fr>page consultée le 20/06/2006.
31. Breastfeeding Institute. Breast-feeding children born 2001. The National board
health and welfare centre of Epidemiology. Official Statistics of Sweden,
2001;9-12.
81
32. Bayot I. Qu’en est-il de l’allaitement maternel en Belgique ? Les dossiers de
l’Obstétrique. 1994;216:47-48.
33. Health People 2010.Specific objective. [en ligne]. In Health Government,
Etats-Unis. Site disponible sur <http://www.healthypeople.gov/>page
consultée le 20/06/2006.
34. Etude longitudinale du développement des enfants du Québec (ELDEQ 1998-
2002) [en ligne]. In :Institut de la statistique du Québec, Canada. Site
disponible sur<http//www.stat.gouv.qc.ca> page consultée le 20/06/2006.
35. Labarère J, Dalla-Lana C, Schelstraete C, Rivier A, Callec M, Polverelli J.F, et
al. Initiation et durée de l’allaitement maternel dans les établissements d’Aix et
Chambéry (France). Arch Pédiatr 2001;8:807-15.
36. Enquête périnatalité 2003, [en ligne]. In :Ministère de la santé, France. Site
disponible sur : http://www.santé.gouv.fr/htm/dossier/perinat.html (Page
consultée le 9/06/2006).
37. Branger B, Cebron M, Picherot G, de Cornulier M. Facteurs influençant la
durée de l’allaitement maternel chez 150 femmes. Arch Pédiatr 1998;5:489-96.
38. Labarere J, Gelbert-Baudino N, Ayral A.S, Duc C, Berchotteau M, Bouchon
N, et al. Efficacy of Breastfeeding Support Provided by Trained Clinicians
During an Early, Routine, Preventive Visit: A Prospective, Randomized, Open
Trial of 226 Mother-Infant Pairs. Pediatrics 2005;115:139-146.
39. Kuan L.W, Britto M, Decolongon J, Schoettker P.J, Atherton H.D, Kotagal
U.R.Health System Factors Contributing To Breastfeeding Success. Pediatrics
1999;104(3):28-35.
40. Cooke M, Sheehan A, Schmied V.A description of Relationship Between
Bresatfeeding experiences, Breastfeeding Satisfaction, and Weaning in the
First 3 Months After Birth. J Hum Lact 2003;19(2):145-156.
82
41. Scott J.A, Binns C.W. Factors associated with the initiation and duration of
breastfeeding : a review of the literature. Breastfeeding Review 1999;7(1):5-16
42. Monin Graftiaux I. L’allaitement maternel : facteurs prédictifs, motivations du
choix et durée à partir d’une enquête en maternité. Th:med;Université Claude
Bernard Lyon1:1999;162.
43. Binns C.W, Scott J.A. Breastfeeding : Reasons for starting, reasons for
stopping and problems along the way. Breastfeeding Review 2002;10(2):13-
19.
44. Fanello S, Moreau-Gout I, Cotinat J.P, Descamps P. Critères de choix
concernant l’alimentation du nouveau-né : une enquête auprès de 308 femmes.
Archives de Pédiatrie 2003;10:19-24.
45. Susin L,Giugliani E, Kummer S, Maciel M, Simon C , da Silveira L. Does
Parental Breastfeeding Knowledge Increase Breastfeeding Rates ? Birth
1999;26 (3):149-156.
46. Bayot I. Faut-il former les médecins à l’allaitement maternel ? Certainement.
Mais… Les Dossiers de l’Obstétrique 1998;260:6-9.
47. Schanler R.J,O’Connort K.G, Lawrence R.A. Pediatricians’Practices and
Attitudes Regarding Breastfeeding Promotion. Pediatrics 1999;103(3):35-40.
48. Vnuk A.K. Influences on Infant feeding choice : Options for Increasing
Breastfeeding choice Amongst Pregnant Women. Topics in Breastfeeding
1994;7:1-6.
49. Hillenbrand K.M, Larsen P.G. Effect of an Educational Intervention About
Breastfeeding on the Knowledge, Confidence, and Behaviors of Pediatric
Resident Physicians. Pediatrics 2002;110(5):59-66.
50. Rautava P,Sillanpaa M. The Effect of Guidance on the Knowledge Level of
Expectant Mothers seen at Maternity Health Care Clinics. Hygie 1991;10:12-
16.
83
51. Daghio M, Vezzani D, Ciradullo A. Impact of an Educational Intervention on
Breastfeeding. Birth 2003;30(3):214-215.
52. Chaumette P. Parents et sage-femme : l’accompagnement global. 1ere éd.
Barret-sur-Méouge : Yves Michel,2005.190p.
53. Ego A, Dubos J.P, Djavadzadeh-Amini M, Depinoy M.P, Louyot J,
Codaccioni X. Les arrêts prématurés d’allaitement maternel. Archives de
pédiatrie 2003;10:11-18.
54. Schwartzbrod V. Le médecin généraliste marnais et l’allaitement maternel.
Th:med; Université Claude Bernard Lyon 1:2002;269.
55. Cabon-Ascencio N. Le retour au travail de la mère allaitante : enquête auprès
des médecins généralistes du Rhône. Th:med;Université Claude Bernard
Lyon1:2005;120.
56. EU Project on Promotion of Breastfeeding in Europe. Protection, promotion
and support of breastfeeding in Europe : a blueprint for action. [en ligne]. In
Commission Européenne, Direction de la Santé Publique et de l’Evaluation des
risques, Luxembourg,2004. Site disponible sur :
<http://europa.eu.int/comm/health/ph_projects/2002/promotion/promotion_200
2_18_en.htm>.
57. Gabilly F. Prise en charge des mères allaitantes : enquête sur les besoins de
formation du médecins généraliste, conduite pratique à partir d’une revue de la
littérature. Th:med;Université Claude Bernard Lyon 1:2001;230.
58. Zerbib Y,Erpeldinger S,Mas D. Je souhaite allaiter. La revue du praticien –
Médecine Générale;2006:20(728/729):438-442.
59. Vinther T,Helsing E. Allaitement maternel : comment favoriser sa réussite. Un
guide pratique pour les professionnels de santé. Lyon:IPA,2004.76p.
84
ANNEXES
85
ANNEXE 1
Taux d’allaitement maternel en France, d’après les certificats du 8ème jour 2001-2004
Source : DREES/PMI
Taux d'allaitement d'après les certificats de santé établis avant le huitième jour (calculés par rapport à l'ensemble des certificats exploités)
2001 2002 2003 2004 (au
26/01/2006) FRANCE METROPOLITAINE 54,5% 56% 58% 60%
1 57% 62% 62% 65% 2 38% 40% 42% 43% 3 39% 36% 42% 4 64% 60% 62% 63% 5 49% 6 60% 60% 60% 61% 7 59% 62% 8 44% 46% 48% 52% 9 57% 59% 57% 10 50% 54% 58% 58% 11 51% 2% 58% 59% 12 47% 50% 54% 56% 13 57% 57% 58% 62% 14 47% 49% 51% 53% 15 36% 41% 42% 44% 16 51% 52% 55% 56% 17 51% 51% 53% 55% 18 42% 45% 19 52% 2A 47% 47% 53% 50% 2B 57% 55% 21 59% 60% 63% 65% 22 46% 50% 50% 52% 23 45% 47% 48% 51% 24 53% 54% 58% 59% 25 66% 67% 68% 69% 26 58% 61% 63% 65% 27 28 32% 47% 51% 55% 29 45% 49% 50% 53% 30 53% 55% 58% 60% 31 59% 61% 65% 67% 32 49% 52% 46% 55% 33 53% 54% 58% 63% 34 59% 64% 57% 49% 35 48% 53% 55% 36 45% 48% 37 52% 55% 58% 38 67% 70% 72% 72% 39 66% 67% 68% 70% 40 47% 50% 51% 51% 41 38% 38% 42% 44% 42 53% 56% 59% 62% 43 48% 52% 53%
86
44 46% 56% 45 52% 54% 57% 60% 46 52% 54% 59% 60% 47 51% 54% 55% 59% 48 50% 54% 55% 58% 49 45% 51% 65% 49% 50 40% 44% 48% 50% 51 46% 53% 54% 52 52% 53 41% 44% 46% 50% 54 64% 65% 67% 69% 55 53% 54% 55% 56 50% 53% 55% 57 52% 56% 58% 59% 58 44% 47% 59 53% 55% 60 43% 45% 48% 50% 61 34% 50% 51% 63% 62 33% 36% 38% 41% 63 47% 51% 53% 52% 64 51% 56% 58% 65 49% 52% 55% 66 67 63% 65% 67% 70% 68 65% 67% 68% 70% 69 59% 63% 66% 68% 70 59% 62% 62% 64% 71 51% 51% 55% 72 43% 49% 49% 73 67% 69% 72% 72% 74 75 69% 71% 73% 74% 76 45% 47% 50% 52% 77 62% 64% 78 65% 67% 69% 79 47% 46% 49% 80 37% 38% 41% 42% 81 47% 50% 53% 55% 82 47% 50% 50% 53% 83 56% 59% 60% 63% 84 59% 62% 64% 66% 85 39% 41% 43% 46% 86 48% 87 55% 66% 55% 56% 88 58% 60% 61% 64% 89 49% 52% 55% 57% 90 61% 63% 62% 77% 91 61% 64% 66% 68% 92 68% 69% 71% 72% 93 60% 64% 67% 94 64% 68% 69% 72% 95 61% 63% 65% 67% 971 81% 85% 78% 74% 972 79% 78% 79% 81% 973 54% 66% 61% 72% 974 66% 68% 69% 70%
87
ANNEXE 2
Code International de Commercialisation des substituts du lait maternel
Source : OMS
Article 1. But du Code
Le but du présent Code est de contribuer à procurer aux nourrissons une nutrition sûre et adéquate en protégeant et en encourageant l’allaitement au sein et en assurant une utilisation correcte des substituts du lait maternel, quand ceux-ci sont nécessaires, sur la base d’une information adéquate et au moyen d’une commercialisation et d’une distribution appropriées.
Article 2. Champ d’application du Code
Le présent Code s’applique à la commercialisation et aux pratiques y relatives des produits suivants: substituts du lait maternel, y compris les préparations pour nourrissons ; autres produits lactés, aliments et boissons, y compris les aliments de complément donnés au biberon, quand ils sont commercialisés ou présentés de toute autre manière comme appropriés, avec ou sans modification, pour remplacer partiellement ou totalement le lait maternel ; biberons et tétines. Il s’applique aussi à la qualité et à la disponibilité de ces produits et à l’information concernant leur utilisation.
Article 3. Définitions
Aux fins du présent code : par : on entend : “Agent de santé” une personne travaillant dans un service relevant d’un système de soins de santé, au niveau professionnel ou non professionnel, y compris à titre bénévole, sans rémunération. “Aliment de complément” tout aliment fabriqué industriellement ou confectionné sur le plan local, pouvant convenir comme complément du lait maternel ou des préparations pour nourrissons, quand le lait maternel ou les préparations ne suffisent plus pour satisfaire les besoins nutritionnels du nourrisson. De tels aliments sont aussi communément appelés “aliments de sevrage” ou “compléments du lait maternel”. “Commercialisation” promotion, distribution, vente, publicité d’un produit, relations avec le public et services d’information le concernant. “Distributeur” une personne, une société ou toute autre entité du secteur public ou privé se livrant (directement ou indirectement) à la commercialisation d’un produit visé par le présent Code au niveau de la vente en gros ou au détail. Le “distributeur en gros” est l’agent de vente d’un fabricant, son représentant, son distributeur national ou son courtier. “Echantillons” des exemplaires uniques ou de petites quantités d’un produit, fournis gratuitement. “Emballage” toute forme de conditionnement des produits pour leur vente au détail, en tant qu’unités normales, y compris le papier d’emballage. “Etiquette” outre l’étiquette proprement dite, tout label, marque, signe figurant ou autrement descriptif, écrit, imprimé, stencilé, marqué, estampé ou empreint, ou fixé sur l’emballage (voir ci-dessus) de tout produit visé par le présent Code.
88
“Fabricant” une société ou une autre entité du secteur public ou privé ayant (soit directement, soit par l’intermédiaire d’un agent ou d’une entité qu’elle contrôle ou à laquelle elle est liée par contrat) pour activité ou pour fonction de fabriquer un produit visé par le présent Code. “Personnel de commercialisation” toute personne dont les fonctions comportent la commercialisation d’un ou de plusieurs produits visés par le présent Code. “Préparations pour nourrissons” un substitut du lait maternel formulé industriellement, conformément aux normes applicables du Codex Alimentarius, pour satisfaire les besoins nutritionnels normaux du nourrisson jusqu’à l’âge de quatre à six mois et adapté à ses caractéristiques physiologiques. Ces aliments peuvent aussi être confectionnés à domicile, auquel cas on les dit “préparés à la maison”. “Stocks” quantités d’un produit fournies pour être utilisées pendant une période prolongée, gratuitement ou à bas prix, à des fins sociales, y compris celles fournies aux familles nécessiteuses. “Substituts du lait maternel” tout aliment commercialisé ou présenté de toute autre manière comme produit de remplacement partiel ou total du lait maternel, qu’il convienne ou non à cet usage. “Système de soins de santé” les institutions ou organisations gouvernementales, non gouvernementales ou privées destinées à assurer, directement ou indirectement, des soins de santé aux mères, aux nourrissons et aux femmes enceintes, ainsi que les crèches ou autres institutions de soins aux enfants. Le système de soins de santé comprend aussi les agents de santé exerçant à titre privé. Il n’englobe pas, aux fins du présent Code, les pharmacies ou autres points de vente réguliers.
Article 4. Information et éducation
4.1 Les gouvernements devraient assumer la responsabilité de veiller à ce qu’une information objective et cohérente sur l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant soit fournie aux familles et à tous ceux qui jouent un rôle dans le domaine de la nutrition du nourrisson et du jeune enfant. Cette responsabilité devrait s’appliquer soit à la planification, à la distribution, à la conception et à la diffusion de l’information, soit au contrôle de ces activités. 4.2 Les matériels à but d’information et d’éducation, qu’il s’agisse de documentation écrite ou de matériel audio-visuel, établis à l’intention des femmes enceintes et des mères de nourrissons et de jeunes enfants et portant sur l’alimentation des nourrissons, devraient comporter des renseignements clairs sur tout ce qui suit : a) les avantages et la supériorité de l’allaitement au sein ; b) la nutrition maternelle et la façon de se préparer à l’allaitement au sein et de le poursuivre ; c) l’effet négatif d’une alimentation partielle au biberon sur l’allaitement au sein ; d) la difficulté de revenir sur la décision de ne pas nourrir son enfant au sein ; e) en cas de besoin, l’utilisation correcte des préparations pour nourrissons, qu’elles soient industrielles ou confectionnées à la maison. Lorsqu’ils contiennent des renseignements sur l’utilisation des préparations pour nourrissons, ces matériels devraient faire état des incidences sociales et financières de cette utilisation et signaler les dangers pour la santé de l’utilisation d’aliments ou de méthodes d’alimentation inadéquats et, en particulier, de l’utilisation non nécessaire ou incorrecte des préparations pour nourrissons et autres substituts du lait maternel. Ces matériels ne devraient employer aucune image ou texte de nature à idéaliser l’utilisation de substituts du lait maternel. 4.3 Les fabricants ou les distributeurs ne devraient faire de dons d’équipement ou de matériels à but d’information ou d’éducation qu’à la demande et avec l’approbation écrite de l’autorité publique compétente ou dans le cadre des directives énoncées à cet effet par les pouvoirs publics. De tels équipements ou matériels pourront porter le nom ou l’emblème de la firme donatrice, mais ne devraient pas faire spécifiquement référence à un produit commercial visé par le présent Code, et ne devraient être distribués que par l’entremise du système de soins de santé.
89
Article 5. Grand public et mères
5.1 Il ne devrait y avoir ni publicité, ni aucune forme de promotion auprès du grand public de produits visés par le présent Code. 5.2 Les fabricants et les distributeurs ne devraient fournir ni directement ni indirectement aux femmes enceintes, aux mères ou aux membres de leurs familles des échantillons de produits visés par le présent Code. 5.3 Conformément aux paragraphes 5.1 et 5.2, il ne devrait y avoir pour les produits visés par le présent Code ni publicité aux points de vente, ni distribution d’échantillons, ni aucune autre pratique promotionnelle de la vente directe aux consommateurs au niveau du commerce de détail, telle qu’étalages spéciaux, bons de réduction, primes, ventes spéciales, ventes à perte et ventes couplées. Cette disposition ne devrait pas restreindre l’élaboration de politiques et de pratiques en matière de prix visant, à long terme, à fournir des produits à meilleur marché. 5.4 Les fabricants et distributeurs ne devraient pas distribuer en cadeau aux femmes enceintes ni aux mères de nourrissons et de jeunes enfants des articles ou ustensiles de nature à promouvoir l’utilisation de substituts du lait maternel ou l’alimentation au biberon. 5.5 Le personnel de commercialisation ne devrait pas chercher à avoir, à titre professionnel, des contacts directs ou indirects d’aucune sorte avec les femmes enceintes ou les mères de nourrissons et de jeunes enfants.
Article 6. Systèmes de soins de santé
6.1 Les autorités sanitaires des Etats Membres devraient prendre des mesures appropriées pour encourager et protéger l’allaitement au sein et promouvoir les principes du présent Code, elles devraient fournir aux agents de santé des renseignements et des conseils appropriés concernant leurs responsabilités, y compris les renseignements énumérés au paragraphe 4.2 6.2 Aucune installation d’un système de soins de santé ne devrait être utilisée pour la promotion de préparations pour nourrissons ou d’autres produits visés par le présent Code. Celui-ci n’exclut cependant pas la diffusion d’informations aux professionnels de la santé, comme prévu au paragraphe 7.2. 6.3 Les installations des systèmes de soins de santé ne devraient pas être utilisées pour l’exposition de produits visés par le présent Code, ni pour la présentation de placards ou d’affiches concernant ces produits, ni pour la distribution de matériels fournis par un fabricant ou par un distributeur, à l’exception de ceux qui sont énumérés au paragraphe 4.3. 6.4 Il ne devrait pas être permis aux systèmes de soins de santé d’employer des “représentants de services professionnels”, des “puéricultrices” ou des personnels similaires fournis ou rémunérés par les fabricants ou les distributeurs. 6.5 Seuls les agents de santé, ou d’autres agents communautaires en cas de nécessité, devraient pouvoir faire des démonstrations d’alimentation au moyen e préparations pour nourrissons, soit fabriquées industriellement, soit confectionnées à la maison, et les démonstrations ne devraient être faites qu’aux mères ou aux membres des familles en ayant besoin ; les renseignements fournis devraient comprendre une explication claire des risques d’une utilisation incorrecte. 6.6 Le don ou la vente à bas prix à des institutions ou organisations de stocks de préparations pour nourrissons ou d’autres produits visés par le présent Code, que ce soit en vue d’une utilisation à l’institution même ou en vue d’une distribution à l’extérieur est autorisé. De tels stocks ne devraient être utilisés ou distribués qu’en faveur des nourrissons qu’on est obligé d’alimenter au moyen de substituts du lait maternel. Si la distribution est faite pour utilisation en dehors des institutions, elle ne devrait l’être que par les institutions ou organisations concernées. De tels dons ou ventes à bas prix ne devraient pas être faits par des fabricants ou distributeurs pour promouvoir les ventes. 6.7 Quand des stocks de préparations pour nourrissons ou d’autres produits visés par le présent Code qui proviennent de dons sont distribués à l’extérieur d’une institution,
90
l’institution devrait prendre des mesures pour garantir que les stocks pourront être entretenus aussi longtemps que les nourrissons concernés en auront besoin. Les donateurs ainsi que les institutions ou organisations concernées ne devraient pas perdre de vue cette responsabilité. 6.8 Outre ceux qui sont mentionnés au paragraphe 4.3, l’équipement et les matériels donnés à un système de soins de santé pourraient porter le nom ou l’emblème du donateur, mais ne devraient faire mention d’aucun produit commercial visé par le présent Code.
Article 7. Agents de santé
7.1 Les agents de santé devraient encourager et protéger l’allaitement au sein ; et ceux qui s’occupent spécialement de la nutrition des mères et des nourrissons devraient se familiariser avec les responsabilités qui leur incombent en vertu du présent Code, y compris en ce qui concerne les renseignements énumérés au paragraphe 4.2. 7.2 Les informations fournies aux professionnels de la santé par les fabricants et les distributeurs au sujet des produits visés par le présent Code devraient se borner aux données scientifiques et aux faits ; ces informations ne devraient ni impliquer ni donner l’impression que l’alimentation au biberon est équivalente ou supérieure à l’allaitement au sein. Parmi ces informations devraient aussi figurer les renseignements énumérés au paragraphe 4.2. 7.3 Les fabricants ou distributeurs ne devraient pas offrir d’avantages en espères ou en nature aux agents de santé ou aux membres de leurs familles pour promouvoir des produits visés par le présent Code, et de tels avantages ne devraient être acceptés ni par les agents de santé, ni par les membres de leurs familles. 7.4 Il ne devrait être fourni aux agents de santé ni échantillons de préparations pour nourrissons ou autres produits visés par le présent Code, ni matériel ou ustensiles servant à leur préparation ou à leur utilisation, sauf s’il en est besoin à des fins d’évaluation professionnelle ou de recherche au niveau institutionnel. Les agents de santé ne devraient pas donner d’échantillons de préparations pour nourrissons aux femmes enceintes, aux mères de nourrissons et de jeunes enfants ni aux membres de leurs familles. 7.5 Les fabricants et distributeurs de produits visés par le présent Code devraient porter à la connaissance de l’institution à laquelle appartient un agent de santé bénéficiant de ce qui suit toute contribution faite à cet agent ou en sa faveur en vue d’une bourse d’études, d’un voyage d’étude, d’une bourse de recherche, de la participation à des conférences professionnelles, ou d’activités analogues. Le bénéficiaire devrait également faire pareille déclaration.
Article 8. Personnel des fabricants et distributeurs
8.1 Dans les systèmes où le personnel de commercialisation reçoit des primes à la vente, le volume des ventes de produits visés par le présent Code ne devrait pas entrer en ligne de compte pour le calcul des primes, et il ne devrait pas être fixé de quota de vente pour ces produits. Cette disposition ne devrait pas être interprétée comme empêchant le versement de primes sur la base des ventes des autres produits commercialisés par les sociétés concernées. 8.2 Le personnel employé à la commercialisation de produits visés par le présent Code ne devrait pas, dans le cadre de son travail, remplir de fonctions éducationnelles en relation avec des femmes enceintes ou des mères de nourrissons et de jeunes enfants. Cette disposition ne devrait pas être interprétée comme empêchant que ce personnel soit utilisé pour d’autres fonctions par le système de soins de santé, à la demande et avec l’approbation écrite de l’autorité compétente du gouvernement concerné.
Article 9. Etiquetage
9.1 Les étiquettes devraient être conçues de manière à fournir les renseignements nécessaires pour une utilisation appropriée du produit, et à ne pas décourager l’allaitement au sein.
91
9.2 Les fabricants et distributeurs de préparations pour nourrissons devraient veiller à ce que soit imprimée sur chaque emballage, ou sur une étiquette qui ne puisse pas en être détachée facilement, une inscription claire, bien visible et facile à lire et à comprendre, en une langue appropriée, comprenant tout ce qui suit : a) les mots “Avis important” ou leur équivalent ; b) une mention de la supériorité de l’allaitement au sein ; c) la mention du fait que le produit ne doit être utilisé que sur l’avis d’un agent de santé qui en aura indiqué la nécessité et expliqué le mode d’emploi correct ; d) des instructions concernant la préparation appropriée du produit, avec mise en garde contre les risques, pour la santé résultant d’une préparation inadéquate. Ni l’emballage ni l’étiquette ne devraient comporter de représentation de nourrissons ni d’autres représentations graphiques de nature à idéaliser l’utilisation des préparations pour nourrissons. Ils pourront toutefois comporter des représentations graphiques facilitant l’identification du produit en tant que substitut du lait maternel et en illustrant les méthodes de préparation. Il ne devrait pas y figurer les termes tels que “humanisé” ou “maternisé” ni de termes similaires. Sous réserve des conditions ci-dessus, des renseignements complémentaires sur le produit et son utilisation correcte pourront être joints à l’emballage ou à l’unité de produit vendue au détail. Cette disposition devrait s’appliquer au cas où les étiquettes comportent des instructions concernant la manière de modifier un produit pour en faire une préparation pour nourrissons. 9.3 Les produits alimentaires visés par le présent Code, commercialisés en vue de l’alimentation des nourrissons, qui ne répondent pas à toutes les conditions auxquelles doivent satisfaire les préparations pour nourrissons mais qui peuvent être modifiés en vue d’y répondre, devraient porter sur l’étiquette une mise en garde prévenant que le produit non modifié ne doit pas être l’unique aliment du nourrisson. Etant donné que le lait condensé sucré ne convient ni pour l’alimentation des nourrissons, ni pour une utilisation comme principal ingrédient d’une préparation pour nourrissons, l’étiquette de ce produit ne devrait pas comporter d’indications faisant figure d’instructions sur la manière de le modifier à cet effet. 9.4 L’étiquette des produits alimentaires visés par le présent Code devrait préciser également tout ce qui suit : a) les ingrédients utilisés ; b) l’analyse (composition) du produit ; c) les conditions de stockage requises ; et d) le numéro de lot et la date limite de consommation, en fonction des conditions climatiques et de stockage du pays concerné.
Article 10. Qualité
10.1 Comme la qualité des produits est un élément essentiel de la protection de la santé des nourrissons, cette qualité devrait être d’un haut niveau reconnu. 10.2 Les produits alimentaires visés par le présent Code devraient répondre, quand ils seront vendus ou distribués de toute autre manière, aux normes applicables en la matière recommandées par la Commission du Codex Alimentarius ainsi qu’aux dispositions du Code d’usages du Codex en matière d’hygiène pour les aliments destinés aux nourrissons et enfants en bas âge.
Article 11. Mise en oeuvre et contrôle
11.1 Les gouvernements devraient prendre des mesures pour donner effet aux principes et au but du présent Code, eu égard à leurs structures sociales et législatives, y compris par l’adoption d’une législation, d’une réglementation ou d’autres mesures nationales appropriées. Ils devraient rechercher à cette fin, quand ce serait nécessaire, la collaboration de l’OMS, du FISE et d’autres institutions du système des Nations Unies. Les politiques
92
adoptées et les mesures prises au plan national, y compris les lois et les règlements, pour donner effet aux principes et au but du présent Code devraient être rendues publiques, et appliquées sur la même base à tous ceux qui participent à la fabrication et à la commercialisation des produits visés par le présent Code. 11.2 Le contrôle de l’application du présent Code est du ressort des gouvernements agissant individuellement, et collectivement par l’entremise de l’Organisation mondiale de la Santé, comme prévu aux paragraphes 11.6 et 11.7. Les fabricants et distributeurs des produits visés par le présent Code ainsi que les organisations non gouvernementales, les groupements professionnels et les organisations de consommateurs appropriés devraient collaborer avec les gouvernements à cette fin. 11.3 Indépendamment de toute autre mesure prise en vue de la mise en oeuvre du présent Code, les fabricants et distributeurs de produits visés par le présent Code devraient se considérer comme tenus de surveiller leurs pratiques de commercialisation conformément aux principes et au but du présent Code, et de faire en sorte que leur conduite à tous les niveaux soit conforme à ces principes et à ce but. 11.4 Les organisations non gouvernementales, les groupements professionnels, les institutions et les individus concernés devraient assumer la responsabilité d’appeler l’attention des fabricants ou distributeurs sur les activités qui seraient incompatibles avec les principes et le but du présent Code, pour que des mesures appropriées puissent être prises. L’autorité gouvernementale compétente devrait être également informée. 11.5 Les fabricants et les distributeurs en gros des produits visés par le présent Code devraient porter à la connaissance de tous les membres de leur personnel de commercialisation tant le Code que les responsabilités qui en découlent pour eux. 11.6 Conformément à l’article 62 de la Constitution de l’Organisation mondiale de la Santé, les Etats membres informeront annuellement le Directeur général des mesures prises pour donner effet aux principes et au but du présent Code. 11.7 Le Directeur général fera rapport à l’Assemblée mondiale de la Santé, les années paires, sur la situation en ce qui concerne la mise en oeuvre du Code ; sur demande, il fournira un appui technique aux Etats membres préparant une législation ou un réglementation nationales, ou prenant d’autres mesures appropriées pour la mise en oeuvre et la promotion des principes et du but du présent Code.
93
ANNEXE 3
Données scientifiques relatives aux dix conditions pour le succès de l’allaitement maternel
Source : OMS
94
ANNEXE 4
La déclaration d’Innocenti
Source : IPA
Déclaration d'Innocenti
sur la protection, l'encouragement et le soutien de l'allaitement maternel
1er août 1990
Florence (Italie)
RECONNAISSANT que :
L'allaitement maternel constitue un moyen sans égal de nourrir l'enfant qui:
* assure aux nourrissons une alimentation idéale qui favorise leur croissance et leur bon développement; * réduit l'incidence et la gravité des maladies infectieuses, faisant ainsi baisser la morbidité et la mortalité infantiles ; * contribue à la santé des femmes en réduisant le risque de cancer du sein et de l'ovaire, et en augmentant l'intervalle entre les grossesses ; * apporte des avantages sociaux et économiques à la famille et à la nation; *donne un profond sentiment de satisfaction à la plupart des femmes pour qui l'expérience est réussie; et que de récentes recherches ont prouvé que : *ces avantages augmentent si les nourrissons sont exclusivement nourris au sein(1) pendant les six premiers mois de la vie, et si, par la suite, la mère continue de les allaiter tout en leur donnant une alimentation de complément ; et que *certaines interventions peuvent modifier de façon positive les attitudes vis-à-vis de l'allaitement maternel;
NOUS DÉCLARONS PAR CONSÉQUENT que
Dans le but d'assurer une santé et une nutrition optimales aux mères et aux enfants dans le monde entier, il faudrait que chaque femme ait la possibilité de nourrir son enfant au sein exclusivement et que chaque nourrisson soit nourri exclusivement au lait maternel de la naissance jusqu'à l'âge de 4 à 6 mois. Par la suite, il faudrait que les enfants continuent d'être nourris au sein, tout en recevant une alimentation de complément appropriée et adéquate, jusqu'à l'âge de 2 ans et au-delà. Pour atteindre cet idéal en ce qui concerne l'alimentation des enfants, il faudrait sensibiliser le public de manière à créer un climat de soutien approprié afin que les femmes nourrissent leurs enfants de cette manière.
La réalisation de cet objectif nécessite, dans de nombreux pays, le renforcement d'une "civilisation de l'allaitement maternel", énergiquement défendue contre l'incursion d'une "civilisation du biberon". Ceci suppose un engagement et un plaidoyer en faveur de la mobilisation sociale, tirant parti au maximum du prestige et de l'autorité des dirigeants reconnus à tous les niveaux de la société.
Il faudrait s'efforcer de donner aux femmes plus de confiance dans leur aptitude à pratiquer l'allaitement au sein. Ceci suppose l'élimination des contraintes et des influences qui agissent sur les idées et les attitudes vis-à-vis de l'allaitement maternel, souvent par des moyens subtils et indirects. Il faut pour cela faire preuve de sensibilité et d'une vigilance continue et appliquer une stratégie globale et adaptée de communication faisant intervenir tous les médias et s'adressant à tous les niveaux de la
95
société. De plus, il faut supprimer les obstacles à l'allaitement maternel au niveau des services de santé, du lieu de travail et de la collectivité.
Des mesures devraient être prises pour faire en sorte que les femmes soient nourries de façon adéquate dans l'intérêt de leur santé et de la santé de leur famille. De plus, il faudrait veiller également à ce que toutes les femmes aient accès à des informations et à des services en matière de planification de la famille afin de pouvoir pratiquer l'allaitement au sein et éviter les grossesses trop rapprochées qui risquent de compromettre leur santé et leur état nutritionnel ainsi que la santé de leurs enfants.
Tous les gouvernements devraient élaborer des politiques nationales en matière d'allaitement maternel et fixer des objectifs nationaux appropriés pour les années 90. Ils devraient mettre en place un système national permettant de contrôler la réalisation des objectifs fixés, et définir des indicateurs tels que le pourcentage de nourrissons nourris exclusivement au sein à la sortie de la maternité et le pourcentage de nourrissons nourris exclusivement au sein à l'âge de 4 mois.
Les autorités nationales sont en outre instamment invitées à intégrer leurs politiques en matière d'allaitement maternel à leur politique générale dans les domaines de la santé et du développement. Ce faisant, elles devraient renforcer toutes les activités de nature à protéger, encourager et soutenir l'allaitement maternel dans le cadre des programmes complémentaires intéressant notamment les soins prénatals et périnatals, la nutrition, les services de planification de la famille et la prévention et le traitement des maladies les plus courantes chez les mères et les enfants. Tout le personnel de santé devrait recevoir la formation nécessaire pour pouvoir mettre en oeuvre ces politiques en matière d'allaitement maternel.
OBJECTIFS OPÉRATIONNELS:
Il faudrait que d'ici 1995 chaque gouvernement ait :
* désigné un coordonnateur national doté de pouvoirs appropriés et créé un comité national multisectoriel pour la promotion de l'allaitement maternel, composé de représentants des services gouvernementaux compétents, d'organisations non gouvernementales et d'associations professionnelles dans le domaine de la santé ; * fait en sorte que chaque établissement assurant les prestations de maternité respecte pleinement les Dix conditions pour le succès de l'allaitement maternel énoncées dans la déclaration conjointe de l'OMS et de l'UNICEF intitulée "Protection, encouragement et soutien de l'allaitement maternel: le rôle spécial des services liés à la maternité" ; *pris des mesures pour mettre en oeuvre intégralement les principes et l'objectif de tous les articles du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel et les résolutions pertinentes adoptées ultérieurement par l'Assemblée mondiale de la santé; et *promulgué des lois novatrices protégeant le droit des femmes qui travaillent d'allaiter leur enfant et adopté des mesures pour assurer leur application.
Nous faisons également appel aux organisations internationales pour qu'elles :
*élaborent des stratégies d'action en vue de la protection, de l'encouragement et du soutien de l'allaitement maternel, y compris le suivi et l'évaluation, au niveau mondial, de leur application ; *donnent leur appui à la réalisation d'analyses et d'études sur la situation au niveau des pays et à la définition d'objectifs nationaux et de buts pour l'action ; *encouragent et appuient les activités des autorités nationales intéressant la planification, l'exécution, le suivi et l'évaluation de leurs politiques en matière d'allaitement maternel.
La Déclaration d'Innocenti a été élaborée et adoptée par les participants à la réunion OMS/UNICEF sur "L'allaitement maternel dans les années 90 : une initiative mondiale", coparrainée par l'Agence
pour le développement international des États-Unis (A.I.D.) et l'Agence suédoise de développement international (SIDA), qui s'est tenue au Spedale Degli Inocenti, à Florence (Italie) du 30 juillet au 1er
août 1990. La Déclaration reflète le contenu du document de base établi pour la réunion et les opinions exprimées pendant les sessions de groupe et les sessions plénières.
96
GOUVERNEMENTS PARTICIPANTS:
Dr. M. Q. K. Talukder, Bangladesh Dr. Marcos Candau, Brésil Dr; Patricio Silva Rojas, Chilie Dr. Wang Feng-Lan, Chine Dr. Guan Yuan Zi, Chine Dr. Daniel Arenas Reyes, Colombie Dr. Plutarco Naranjo Vargas, Equateur Colonel Dr. Getachew Tadesse, Ethiopie Dr. Ruth de Arango, Guatemala M. Teofilo Martel Cruz, Honduras M. Jagdish C. Jetli, Inde Mlle Mira Seth, Inde Mme A. Sulasikin Murpratomo, Indonésie Dr. Soepardan Soerjohoedojo, Indonésie Dr. Widyasuti Wibisana, Indonésie Dr. Su Haryono, Indonésie Dr. Alireza Marandi, Iran M. Ivo Butini, Italie Dr. Joseph Andoh, Côte d'Ivoire Dr. Mamoun Maabreh, Jordanie Dr. Samir Awamleh, Jordanie Dr. Joseph S. Oliech, Kenya Dr. Suzanne Bocoum, Mali Dr. J. Ramphul, Ile Maurice Dr. Yolanda Senties, Mexique Dr. Olikoye Ransome-Kuti, Nigéria Dr. Adenike Grange, Nigéria M.S.A.H. Kazmi, Pakistan Dr. Syed Tariq Sohail, Pakistan M. Piotr Mierzewski , Pologne Dr. Fanny Friedman, Swaziland Dr. Qhing Qhing Dlamini, Swaziland Dr. J. W. Temba, Tanzanie Dr. Dhatchai Mungkandi, Thaïlande Dr. Tomris Turmen, Turquie Dr. Petronella Clark, Royaume Uni Mlle Dora Henschel, Royaume Uni Dr. Audrey Hart Nora, Etats-Unis d'Amérique Dr. Ngandu-Kabeya Dibandala, Zaïre Dr. Timothy Stamps, Zimbabwe
UNICEF M. James P. Grant Dr. Nyi Nyi Dr. James Himes Dr. Urban Jonsson Dr. J. Peter Greaves Mme Margaret Kyenkya-Isabirye Mlle Agnes Aidoo US A.I.D. Dr. Nancy Pielemeier Dr. Mary Ann Anderson Dr. Nina Schlossman Dr. James Shelton Dr. Janet Tognetti Dr. Miriam Labbok UNFPA Dr. Nafis Sadik PNUD M. Aldo Ajello COMITÉS NATIONAUX UNICEF Dr. Arnoldo Farina OMS Dr. Hu Ching-Li (au nom de Dr. Hiroshi Nakajima) Dr. Angèle Pétros-Barzavian Dr. Mark Belsey Dr. Elisabet Helsing Mme Randa Saadeh Dr. Djamil Benbouzid Dr. Jim Tulloch Dr. Marina Rea SIDA M. Nils Öström M. Ted Greiner M. Göran Sterky UK ODA Mlle Margaret Pollock FAO M. Paul Lunven PAM Mlle Judit Katona-Apte BANQUE MONDIALE M. Alan Berg
97
ANNEXE 5
La législation française du code de la consommation des substituts du lait maternel
Source : Code de la consommation
Article L121-50
(inséré par Loi nº 94-442 du 3 juin 1994 art. 7 Journal Officiel du 4 juin 1994)
Constituent, au sens de la présente section, des préparations pour nourrissons les denrées alimentaires destinées à l'alimentation des enfants jusqu'à l'âge de quatre mois accomplis et
présentées comme répondant à elles seules à l'ensemble des besoins nutritionnels de ceux-ci.
Article L121-51
(inséré par Loi nº 94-442 du 3 juin 1994 art. 7 Journal Officiel du 4 juin 1994)
La publicité en faveur des préparations pour nourrissons n'est autorisée que dans la presse écrite destinée aux professions de santé.
Article L121-52
(inséré par Loi nº 94-442 du 3 juin 1994 art. 7 Journal Officiel du 4 juin 1994)
Il est interdit, dans le commerce de détail, de distribuer à titre gratuit des échantillons de préparations pour nourrissons ainsi que de se livrer à toute autre pratique promotionnelle en
faveur de la vente directe de ces préparations. Il est également interdit aux fabricants et aux distributeurs de fournir au public à titre gratuit
des préparations pour nourrissons, des échantillons de ces produits ou tout autre cadeau promotionnel, que ce soit directement ou indirectement par l'intermédiaire des services de
santé ou de leurs agents.
Article L121-53
(inséré par Loi nº 94-442 du 3 juin 1994 art. 7 Journal Officiel du 4 juin 1994)
Un décret en Conseil d'Etat fixe : 1º Les conditions de la distribution gratuite de la documentation concernant les préparations
pour nourrissons et du matériel de présentation de celles-ci ; 2º Les conditions dans lesquelles il peut être exceptionnellement dérogé, dans l'intérêt de la
santé des nourrissons ou des mères, à l'interdiction faite au second alinéa de l'article L. 121-52.
98
ANNEXE 6
Les conclusions de la conférence de consensus de l’ANAES : « Allaitement Maternel : mise en œuvre et poursuite dans les six premiers mois de la vie de l’enfant »
Source : ANAES
99
ANNEXE 7
Code du travail
Article L224-1
(inséré par Loi nº 73-4 du 2 janvier 1973 Journal Officiel du 3 janvier 1973 en vigueur le 23 novembre 1973)
Les salariées ne peuvent être occupées pendant une période de huit semaines au total avant et après leur accouchement.
Il est interdit d'employer des femmes en couches dans les six semaines qui suivent leur délivrance.
Article L224-2
(inséré par Loi nº 73-4 du 2 janvier 1973 Journal Officiel du 3 janvier 1973 en vigueur le 23 novembre 1973)
Pendant une année à compter du jour de la naissance, les mères allaitant leurs enfants
disposent à cet effet d'une heure par jour durant les heures de travail. Cette heure est indépendante des repos prévus à l'article L. 212-9.
Article L224-3
(inséré par Loi nº 73-4 du 2 janvier 1973 Journal Officiel du 3 janvier 1973 en vigueur le 23 novembre 1973)
La mère peut toujours allaiter son enfant dans l'établissement. Les conditions auxquelles doit satisfaire le local où la mère sera admise à allaiter son enfant sont déterminées suivant
l'importance et la nature des établissements, par décret en Conseil d'Etat.
Article L224-4
(inséré par Loi nº 73-4 du 2 janvier 1973 Journal Officiel du 3 janvier 1973 en vigueur le 23 novembre 1973)
Les chefs d'établissements occupant plus de cent femmes de plus de quinze ans peuvent être
mis en demeure d'installer dans leurs établissements ou à proximité, des chambres d'allaitement.
Article L224-5
(inséré par Loi nº 73-4 du 2 janvier 1973 Journal Officiel du 3 janvier 1973 en vigueur le 23 novembre 1973)
Un décret en Conseil d'Etat pris après avis du conseil permanent d'hygiène sociale et de la commission d'hygiène industrielle, détermine les mesures propres à assurer l'exécution du présent chapitre, et notamment les conditions d'installation d'hygiène et de surveillance des
chambres d'allaitement affectées aux enfants nourris au sein en totalité ou en partie.
100
ANNEXE 8
QUESTIONNAIRE
Pourquoi les femmes arrêtent-elles l’allaitement maternel en France ? Patiente contactée au sixième mois du post partum après une première prise de contact à la maternité. INFORMATIONS GENERALES
1) Vu le : Contactée le : 2) Date de l’accouchement : 3) Type d’accouchement : Voie basse Césarienne 4) Terme en SA (semaines d’aménorrhée) : 5) Quel âge avez-vous ? 6) Combien d’enfants avez-vous ? 7) Avez –vous un travail à l’extérieur ? □ OUI □ NON 8) Bénéficiez- vous de congé maternité ? □ OUI □ NON 9) Combien de temps (en semaine) avez- vous repris le travail après l’accouchement ? □ moins de 4 semaines □ entre 4 et 8 semaines □ entre 8 et 12 semaines □ entre 16 et 20 semaines □ plus (préciser) : 10) Avez-vous pris un congé parental d’éducation dans les suites ? □ OUI □ NON Si OUI, l’allaitement maternel a-t-il été une motivation dans votre décision de prendre ce congé parental ? □ OUI □ NON AVANT LA NAISSANCE
11) Qui vous a principalement suivi au cours de votre grossesse ?(une seule réponse possible)
□ Un médecin gynécologue □ Un médecin généraliste □ Une sage femme □ Autre :…………………
12) Est–ce qu’une des personnes qui vous a suivie au cours de la grossesse vous a parlé de l’allaitement maternel ? □ OUI □ NON Si OUI, laquelle ou lesquelles ? SI OUI ,comment jugez-vous l’information reçue sur l’allaitement maternel de la part de la personne qui vous a principalement suivie au cours de cette grossesse ?
□ tout à fait satisfaisante □ satisfaisante □ insuffisante □ pas du tout satisfaisant
SI NON, vous êtes-vous informée sur l’allaitement avant la naissance ? □ OUI □ NON Si OUI Comment ?
……………………………………… 13) Avez vous suivi des cours de préparation à la naissance ?
□ OUI □ NON SI OUI , en êtes vous sortie satisfaite concernant l’allaitement maternel ?
□ OUI □ NON
101
L’ALLAITEMENT MATERNEL –DUREE-
14) Est- ce votre première expérience d’allaitement maternel ? □ OUI □ NON 15) Est- ce que vous allaitez toujours votre enfant actuellement ?
□ OUI (plus de 6 mois) □ NON (moins de 6 mois ) Si NON, combien de temps a duré cet allaitement ? Durée totale : Durée de l’allaitement exclusif (au sein uniquement) : Durée de l’allaitement mixte (sein et biberons de lait artificiel) : Si OUI, jusqu’à quand envisagez- vous d’ allaiter ? A LA MATERNITE
16) Comment qualifierez- vous l’aide et les conseils reçus à la maternité pour mettre en place l’allaitement maternel ?
□ Très satisfaisant □ Satisfaisant □ Insuffisant □ Pas du tout satisfaisant
17) Combien de jours êtes-vous restée à la maternité ? Comment jugez-vous votre durée de séjour par rapport à la mise en place de l’allaitement maternel ?
□ Largement suffisante □ Suffisante □ A peine suffisante □ Pas du tout suffisante
LE RETOUR A DOMICILE
18) Avez-vous rencontré un professionnel de santé dans le premier mois qui a suivi votre sortie de la maternité ? □ OUI □ NON
SI OUI , lequel ou lesquels ? 19) Avez-vous ressenti le besoin d’avoir des conseils sur l’allaitement maternel lors de votre retour à domicile ? □ OUI □ NON Si OUI, de qui avez-vous principalement reçu ces conseils ?
□ De votre famille □ D’amis □ D’un professionnel de santé. Si OUI Lequel ? □ Sage femme □ Médecin généraliste □ Gynécologue □ Personnel de la PMI
□ Autre : □ D’un membre d’une association sur l’allaitement maternel
□ De vous même Si OUI, par quel moyen ? □ Livres □ Internet □ Revues □ Autres :
102
LE MEDECIN GENERALISTE
20) Avez-vous un médecin traitant auquel vous vous adressez habituellement ?
□ OUI □ NON 21) Si OUI, avez vous évoqué avec lui l’allaitement maternel et d’éventuels problèmes ?
□ OUI □ NON Si NON, pourquoi ?
□ Vous pensiez que ce n’était pas le rôle du médecin généraliste □ Par manque de disponibilité de votre médecin traitant □ Autre :
VOTRE ALLAITEMENT .SON DEROULEMENT
Au cours de votre allaitement : 22) Avez-vous eu des problèmes liés au sein lui même ? □ OUI □ NON
Si OUI, lequel ou lesquels ? □ Crevasses/lymphangite / abcès □ Impression de manque de lait □ Bout de sein ombiliqué □ Autre :
23) Avez-vous eu un problème de santé personnel (même une grande fatigue) ? □ OUI □ NON Si OUI, lequel ou lesquels ?
□ Maladie □ Intervention chirurgicale □ Fatigue □ Tristesse □ Fatigue ayant conduit à une consultation médicale □ Sentiment d’incapacité, de ne pas y arriver □ Dépression avérée avec traitement éventuel
24) Votre enfant a-t-il eu lui-même un problème de santé ? □ OUI □ NON Si OUI lequel ?
25) Selon vous, quelle était la position de votre conjoint par rapport à l’allaitement ? a) tout à fait favorable b) favorable c) peu favorable d) pas du tout favorable e) non concernée Si réponse c) ou d), pourquoi ? □ Votre conjoint ne trouvait pas sa place dans les soins à donner au bébé □ L’allaitement posait un problème dans la sexualité de votre couple □ Autres :
26) Si vous travaillez, avez –vous poursuivi l’allaitement maternel, même mixte, lors de votre retour au travail ? □ OUI □ NON Si OUI, pendant combien de temps ? Et avez-vous eu des difficultés ? □ OUI □ NON Si NON, avez-vous sevré votre bébé en prévision de votre reprise de travail ?
□ OUI □ NON
103
Selon vous, si vous aviez eu un congé de maternité plus long, auriez vous poursuivi plus longtemps l’allaitement maternel ? □ OUI, certainement □ Plutôt OUI □ Plutôt NON □ NON, je ne suis pas concernée (ne travaille pas ou pas de congé maternité) 27) Où allaitez-vous le plus souvent ? Vous est-il déjà arrivé d’allaiter devant :
votre conjoint ? □ OUI □ NON vos enfants ? □ OUI □ NON votre famille plus élargie ? □ OUI □ NON vos amis ? □ OUI □ NON d’autres personnes (espaces publics) ? □ OUI □ NON
Vous êtes-vous déjà sentie gênée d’allaiter en dehors de la maison ? □ jamais □ parfois □ souvent □ toujours
L’ARRET DE L ALLAITEMENT
28) D’une manière générale, êtes-vous satisfaite de la durée de votre allaitement maternel ?
□ OUI, tout à fait satisfaite □ OUI, satisfaite □ NON, pas tout à fait satisfaite □ NON, pas satisfaite du tout
29) Si NON, selon vous, quelle a été la principale cause d’arrêt de votre allaitement ? ……………………………………………………………….. Quelles ont été les autres raisons par ordre d’importance (de la plus importante à la moins importante)
1. 2. 3.
Si OUI,selon vous quelle a été la principale cause d’arrêt de votre allaitement ? Qu’est-ce qui vous a principalement aidé à poursuivre au mieux votre allaitement maternel ?
Quelles ont été les autres éléments ?...............................................................................................................................................................................................................................................................................
PERSPECTIVES
30) Avez vous des propositions pour améliorer la prise en charge de l’allaitement maternel en France ?
104
ANNEXE 9
Protection, promotion, et soutien de l’allaitement maternel en Europe : plan d’action Source : Commission Européenne, OMS
105
106
FAVIER-STEEGER Lisa Les causes de sevrage d’allaitement maternel dans les six premiers mois de la vie de l’enfant :étude rétrospectives auprès de 104 mères allaitantes. 104 f., 9 fig., 3 tab, 8 graph. Th.Méd : Lyon 2006 ; n°
RESUME L’Organisation Mondiale de la Santé et la Haute Autorité de Santé en France
recommandent pour les enfants sains nés à terme une alimentation exclusive au lait maternel pendant les six premiers mois de leur vie. A ce jour les taux d’allaitement maternel à la naissance en France restent bas (60% en 2004). On note une chute importante de ces taux dans les six premiers mois. A six mois, seuls 14% des bébés français sont allaités au sein. Pourquoi les femmes arrêtent-elles l’allaitement maternel en France? Pour répondre à cette question nous avons réalisé une enquête rétrospective auprès de 104 mères allaitantes contactées six mois ou plus après leur accouchement. Dans notre étude le temps de reprise du travail des mères est un facteur prédictif d’arrêt de l’allaitement maternel avant six mois (p<0,05). Les mères satisfaites de leur durée d’allaitement sont celles qui allaitent plus de six mois : elles sont 23% à avoir allaité leur enfant plus de six mois et pour une durée moyenne de un an. La qualité de l’information prénatale sur l’allaitement par les professionnels de santé semble également être un facteur déterminant de la durée de l’allaitement.
MOTS CLES - Allaitement maternel- Enquêtes - Nourrissons- Sevrage - Femmes- Santé et hygiène
JURY :
PRESIDENT : Monsieur le Professeur D.FLORET MEMBRES : Monsieur le Professeur P.GAUCHERAND
Madame le Professeur M.F LE GOAZIOU Madame le Docteur M.FLORI
DATE DE SOUTENANCE
14 Septembre 2006
ADRESSE DE L’AUTEUR :
14 rue du Verneuil
42450 SURY LE COMTAL