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UNIVERSITE PARIS EST CRETEIL FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ***************** ANNEE : 2013/2014 N° 1059 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MÉDECINE Discipline : Santé Publique et Médecine Sociale Présentée et soutenue publiquement le 26 novembre 2013 à Paris Par Guillaume DEDET Né le 19/02/1984 à Cayenne (Guyane Française) TITRE : Critères utilisés par les Groupes Techniques Consultatifs Nationaux pour la Vaccination pour établir des recommandations de politique vaccinale : étude bibliographique et sur questionnaire dans 13 pays. PRESIDENT DE THESE : CONSERVATEUR DE LA Pr François Bricaire BILIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE : DIRECTEUR DE THESE : Dr Kamel SENOUCI Signature du Président de Thèse : Cachet de la bibliothèque universitaire :

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UNIVERSITE PARIS EST CRETEIL

FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

*****************

ANNEE : 2013/2014 N° 1059

THESE

POUR LE DIPLOME D’ETAT

DE

DOCTEUR EN MÉDECINE

Discipline : Santé Publique et Médecine Sociale

Présentée et soutenue publiquement le 26 novembre 2013

à Paris

Par Guillaume DEDET

Né le 19/02/1984 à Cayenne (Guyane Française)

TITRE : Critères utilisés par les Groupes Techniques Consultatifs Nationaux pour la

Vaccination pour établir des recommandations de politique vaccinale : étude

bibliographique et sur questionnaire dans 13 pays.

PRESIDENT DE THESE : CONSERVATEUR DE LA

Pr François Bricaire BILIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE :

DIRECTEUR DE THESE :

Dr Kamel SENOUCI

Signature du Président de Thèse : Cachet de la bibliothèque universitaire :

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Au Chat…

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« Au poète indivis d'attester parmi nous la double vocation de l'homme. Et c'est hausser

devant l'esprit un miroir plus sensible à ses chances spirituelles. C'est évoquer dans le siècle

même une condition humaine plus digne de l'homme originel. C'est associer enfin plus

largement l'âme collective à la circulation de l'énergie spirituelle dans le monde... Face à

l'énergie nucléaire, la lampe d'argile du poète suffira-t-elle à son propos? Oui, si d'argile se

souvient l'homme. »

Saint-John Perse – Allocution au banquet Nobel, Stockholm, Décembre 1960

« Ce que j’aime dans la vie ? Le travail bien fait, le soleil brûlant, les types qui n’en rajoutent

pas. »

Claude François – Salut les copains, janvier 1963

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Remerciements

Je tiens à remercier les membres de ce jury de thèse qui ont accepté, avec gentillesse et

bienveillance, de juger ce travail.

J’exprime donc ma très sincère reconnaissance

Au Professeur François Bricaire

Au Professeur Christian Perronne

Au Professeur Daniel Floret

A mon directeur de thèse le Docteur Kamel Senouci

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Remerciements personnels

Je souhaite profiter de ce travail pour saluer et remercier ceux qui, tout au long de mon

chemin, m’ont permis d’en arriver à cette concrétisation. Je dédie donc ce travail :

- A ceux qui m’ont transmit le goût de s’engager dans la vie de la cité et de ne pas être

juste un spectateur de la Vie: Les Doyens Bringer et Touchon, le Président Auger, les

Professeurs Dujols et Deville De Perrière.

- A ceux qui m’ont formé, accompagné et soutenu au cours de mon internat : Dr Jeantet,

Monsieur JP Vinquant, Pr Valleron, Dr Lascar, Dr Visinoni, Dr Herrida, Pr Drucker,

Dr Fontanet, Pr Landais, Pr Falissard.

- Au Dr Kamel Senouci qui m’a encouragé et soutenu à partir compléter ma formation à

Londres et qui a dirigé ce travail. A Lara Gautier qui s’est occupée du recueil des

données.

- Aux « Londoniens » dont la récente rencontre m’a beaucoup marqué : Cookie, Aimee,

Julia, Era, Tess, Jeb, Aaron, Ghislaine, Ali, et bien entendu les Pr Kanavos et

Mossialos.

- A mes amis Montpelliérains (les « anciens ») et Parisiens (les « nouveaux ») dont

l’énonciation des noms suffirait à doubler la taille de ce travail.

- A mes S. : et F. : de Voyage.

- A ma « famille » Parisienne, à savoir le Syndicat des Internes des Hôpitaux de Paris.

Avoir dirigé cette admirable institution avec votre concours reste pour moi une

véritable aventure moderne. Merci à Benjamin, Julien, Fabien, Polo et Florence pour

leur soutien, leur amitié et leur confiance.

- A mes amis de toujours, Alex, Glob et Manu. La distance et les années ne pourront

jamais rien contre ce qui nous réunit.

- A Pétra pour ces belles années passées ensembles.

- A mes frères Antoine et Vincent, à ma sœur Laurence.

- A mes parents Jean-Pierre et Marie-Pascale qui m’ont depuis tant d’années montré

avec amour et bienveillance le chemin du travail…

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« Atteindre l’objectif d’une couverture vaccinale complète de la population mondiale sera

une tâche difficile, tout comme assurer pour le futur un développement continu de vaccins

efficaces. Les vaccins devraient être considérés non comme un coût qui grève les budgets de

santé publique, mais comme un investissement aux effets vastes et soutenus. Les bénéfices

d’un investissement accru dans les domaines de la vaccination dépassent de loin les coûts

engendrés, et les décideurs publics qui négligent ce domaine d’intervention ratent une

incroyable opportunité de promouvoir le développement économique. »

David E. Bloom, David Canning & Mark Weston, “The value of vaccination”

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Table des matières

Incipit ....................................................................................................................................... 11

Partie 1 - Etat de la question ................................................................................................... 15

Chapitre 1 - Contexte général ........................................................................................................ 16 1. La mortalité infanto-juvénile et les objectifs millénaires pour le développement ............................... 16 2. La stratégie internationale en matière de vaccination : historique et dogme actuel ............................. 18 3. La vaccination: une des interventions de santé publique les plus coût-efficaces à ce jour .................. 20

Chapitre 2 - Une nouvelle donne dans le monde de la vaccinologie ........................................... 21 1. Des profils épidémiologiques variés et contrastés ............................................................................... 21 2. Des vaccins récemment introduits ....................................................................................................... 26 3. De nouveaux vaccins à l’étude ............................................................................................................ 26 4. De nouvelles possibilités de financement ............................................................................................ 27 5. Une grande diversité de fournisseurs ................................................................................................... 29

Chapitre 3 - De nombreux défis ..................................................................................................... 30 1. L’approvisionnement et la conservation .............................................................................................. 30 2. Un déficit en ressources humaines ....................................................................................................... 30 3. Le prix des vaccins .............................................................................................................................. 31 4. Les particularités socio-culturelles ...................................................................................................... 32 5. L’instabilité politique ........................................................................................................................... 33

Chapitre 4 - Les Groupes Techniques Consultatifs Nationaux sur la Vaccination ................... 34 1. Les différents degrés d’élaboration d’une recommandation vaccinale ................................................ 34 2. Les GTCV dans l’agenda mondial de la santé ..................................................................................... 34 3. Le concept de GTCV ........................................................................................................................... 35 4. Des GTCV existent déjà ...................................................................................................................... 36 5. L’initiative SIVAC .............................................................................................................................. 37

Partie 2 - Travail de Recherche .............................................................................................. 38

Chapitre 1 - Enquête à partir des données publiées dans la littérature ..................................... 40 1. Objectifs ............................................................................................................................................... 40 2. Méthodologie ....................................................................................................................................... 40 3. Résultats ............................................................................................................................................... 41 4. Critères rapportés ................................................................................................................................. 43 5. Discussion ............................................................................................................................................ 49 6. Conclusion ........................................................................................................................................... 51

Chapitre 2 - Enquête auprès des GTCV ....................................................................................... 52 1. Objectifs ............................................................................................................................................... 52 2. Méthodologie ....................................................................................................................................... 52 3. Résultats ............................................................................................................................................... 56 4. Discussion ............................................................................................................................................ 64

Partie 3 – Discussion générale ................................................................................................ 67

Conclusion ............................................................................................................................... 72

Bibliographie ........................................................................................................................... 73

Annexes .................................................................................................................................... 79

Déclaration de l’Assemblée Médicale Mondiale ........................................................................... 79

Termes Mesh utilisés lors de la revue de littérature: ................................................................... 81

Questionnaire utilisé lors de l'enquête .......................................................................................... 83

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Liste des figures

Figure 1 : Répartition des décès d’enfants de moins de 5 ans par grandes régions du monde 16 Figure 2 : Causes des décès des enfants de moins de 5 ans dans le monde en 2010, en

pourcentage du total ................................................................................................................. 17 Figure 3 : Nombre (en milliers) de décès liés à des maladies à prévention vaccinale chez les

enfants de moins de 5 ans en 2004 ........................................................................................... 18 Figure 4 : Répartition des décès d’enfants de moins de 5 ans dus au pneumocoque dans

différents pays en 2009 ............................................................................................................ 22 Figure 5 : Répartition des décès liés aux Rotavirus dans le monde en 2004 (un point

représente 1000 décès) ............................................................................................................. 23 Figure 6 : Taux de décès (pour 100 000) liés à HiB chez les enfants âgés de 1 à 59 mois non

VIH dans le monde en 2009 ..................................................................................................... 24 Figure 7 : Prévalence de porteurs de l’hépatite B dans le monde en 2009 (bleu foncé >8%,

intermédiaire 2-8%, bleu clair <2%) ....................................................................................... 25 Figure 8 : Ceinture de la Méningite ........................................................................................ 26 Figure 9 : Historique de la commercialisation des vaccins et projections futures sur les

nouveaux vaccins en développement (OMS/UNICEF) ........................................................... 27 Figure 10 : Couverture vaccinale et densité de professionnels de santé .................................. 31 Figure 11 : Comparaison sur base 100 des prix des vaccins suivant certaines organisations et

certains pays ............................................................................................................................ 32 Figure 12 : Description de la revue de la littérature ................................................................. 42 Figure 13 : Représentation du processus de sélection des GTCV inclus dans l'étude. ............ 54 Figure 14: Détails du résultat du processus de sélection des GTCV ....................................... 58 Figure 15 : Critères utilisés par les GTCV (en pourcentage du total des critères déclarés) ..... 62 Figure 16 : Critères utilisés par les GTCV (en pourcentage du total des critères déclarés)

suivant le niveau de revenus ..................................................................................................... 63

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Liste des tableaux

Tableau 1 - Critères rapportés par les GTCV dans la littérature pour décider d'une

recommandation ....................................................................................................................... 45 Tableau 2 - Nombre de fois où un critère est rapporté dans chaque catégorie du SAGE et

suivant les pays ......................................................................................................................... 47 Tableau 3 - Liste des pays présélectionnés, (en gras, ceux qui ont été inclus) ........................ 57 Tableau 4 - Caractéristiques légales des GTCV inclus ............................................................ 59 Tableau 5 - Expertises représentées au sein des GTCV ........................................................... 60 Tableau 6 - Caractéristiques générales du processus de décision au sein des GTCV .............. 61

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Liste des abréviations

AMC – Advance Market Commitment / Garantie de marché

GAVI - Global Alliance for Vaccine and Immunization / Alliance Mondiale pour les Vaccins

et l’Immunisation

GRADE - Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation /

Système d’Evaluation des Recommandations

HiB – Haemophilus influenzae B

ICC – Inter-Agencies Coordinating Committees / Comité de Coordination Inter-Agence

NAGI – National Advisory Group on Immunization (GTCV Sud-Africain)

NITAG/GTCV – National Immunization Technical Advisory Group / Groupe Technique

Consultatif national pour la Vaccination

OMD/MDG – Objectifs Millénaires pour le Développement / Millenium Development Goals

OMS/WHO – Organisation Mondiale de la Santé / World Health Organization

PAHO – PanAmerican Health Organization / Association Pan-Americaine de la Santé

PAMV – Plan d’Action Mondial pour les Vaccins

PATH – Programme for Appropriate Technology in Health

PED – Pays En Développement

PEV/EPI – Programme Elargi de Vaccination / Expanded Programme on Immunization

RTAG – Regional Technical Advisory Group / Groupes Techniques Régionaux d’Experts

SAGE – Strategic Advisory Group of Experts on Immunization / Groupe Stratégique

Consultatif d’Experts sur la Vaccination

SIVAC – Supporting National Independent Immunization and Vaccine Advisory Committees

/ Soutien aux Groupes Consultatifs Nationaux pour la vaccination et les Vaccins

TFI – Task-Force on Immunization / Groupe de Travail sur l’Immunisation

UNICEF – United Nations International Children’s Emmergency Fund / Fond d’Urgence des

Nations Unies pour l’Enfance

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Incipit

La mortalité infanto-juvénile reste encore à l’heure actuelle très élevée dans de nombreuses

régions du monde. Ainsi, pour la seule année 2011, près de sept millions d’enfants sont morts

avant d’avoir atteint l’âge de cinq ans. La moitié de ces enfants habitait l’Afrique Sub-

saharienne et le quart l’Asie du Sud-est. Les Pays En Développement (PED) concentrent plus

de 90 % de ces décès. Obtenir une baisse radicale de la mortalité infanto-juvénile (décès avant

l’âge de cinq ans) est l’un des huit « Objectifs Millénaires pour le Développement » (OMD)

définis, en 2000, par les dirigeants de plus de 190 pays réunis à New York lors de

l’Assemblée Générale des Nations-Unies.

Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de cibler les principales pathologies affectant

massivement les enfants des PED et qui représentent les principales causes de mortalité

infanto-juvénile, à savoir les maladies infectieuses et la malnutrition. La vaccination est un

remarquable moyen de prévention de nombreuses maladies infectieuses qui a déjà fait la

preuve de son efficacité dans le monde, en particulier depuis le lancement il y a bientôt 40 ans

du Programme Elargi de Vaccination (PEV, 1974). L’Organisation Mondiale de la Santé

(OMS) estime ainsi que la vaccination évite chaque année la mort de deux millions et demi

d’enfants. De plus, elle apparaît aujourd’hui comme une des interventions de santé publique

les plus coût-efficaces, au point que l’Assemblée Mondiale de la Santé de l’OMS a approuvé

en 2012 (cf déclaration en annexe) le « Plan d’Action Mondial pour les Vaccins » (PAMV)

qui confirme le rôle crucial de la vaccination dans l’atteinte, voire le dépassement, des OMD.

La réduction de la mortalité infanto-juvénile par une accentuation de la vaccination contre des

maladies infectieuses à prévention vaccinale apparaît comme un moyen d’autant plus efficace

que le contexte mondial est favorable. Durant les deux dernières décennies, de nombreuses

maladies infectieuses sont devenues les cibles de vaccins particulièrement efficaces

(infections à pneumocoques, diarrhées à rotavirus, méningites et pneumopathies à

Haemophilus influenzae B, hépatite B, méningite à méningocoque). D’autre part, depuis

2000, plusieurs nouveaux vaccins sont apparus (contre le papillomavirus humain, la grippe

aviaire H5N1) et d’autres sont en développement. Sur 80 vaccins en cours de développement,

une trentaine concerne des maladies comme la dengue ou le paludisme contre lesquelles il

n’existe pas encore de vaccin. Malgré l’apparition de ces vaccins dans la pharmacopée, leur

prix élevé a longtemps été un frein à leur introduction dans les pays où les populations

auraient pu en tirer le plus grand bénéfice. Cependant, de nouvelles sources de financement

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sont apparues grâce à un regain d’intérêt pour cette thématique de la part des pouvoirs publics

et d’organisations non gouvernementales. L’initiative Global alliance for vaccine and

immunization (GAVI) lancée lors du Forum économique mondial de Davos en 2002, a ainsi

permis l’introduction plus rapide de ces vaccins dans les PED.

Pour autant, beaucoup de freins persistent et empêchent les PED de profiter au maximum de

ces nouvelles opportunités. On peut citer notamment : la difficulté de prioriser les décisions

en raison de la multiplicité des problèmes de santé, le déficit constant en personnels de santé,

certaines particularités socio-culturelles, les problèmes logistiques, les prix élevés des

nouveaux vaccins, auxquels s’ajoutent parfois une instabilité politique. Qui plus est, depuis

l’introduction du PEV, la politique vaccinale des PED a souvent été définie au niveau global

par l’OMS sans que les particularités des populations locales mais aussi du contexte

environnemental, socio-politique et culturel ne soient prises en compte de manière

systématique. Diverses structures de l’OMS interviennent dans l’élaboration des

recommandations vaccinales mondiales. Le « Groupe Stratégique Consultatif d’Experts sur la

Vaccination » (Strategic Advisory Group of Experts in immunization, SAGE) est le principal

organe de réflexion et d’échange de l’OMS en ce qui concerne les politiques de vaccination.

Au niveau régional existent aussi des « Groupes Techniques Régionaux d’Experts » (Regional

Technical Advisory Group of Experts, RTAG) qui rassemblent des professionnels de santé et

constituent un organe de conseil du bureau régional de l’OMS pour les pays de la région.

En 2005, l’ « Assemblée Mondiale de la Santé » (World Health Assembly) de l’OMS et le

fond des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) approuvèrent le programme « Vaccination

dans le Monde : Vision et Objectifs » (Global Immunization Vision and Strategy, GIVS).

Le premier objectif du GIVS était de faire baisser des deux tiers la morbi-mortalité des

maladies à prévention vaccinale entre 2000 et 2015 et pour se faire proposait entre autre

comme moyen, d’« intégrer les programmes de vaccination à chaque contexte sanitaire

local ». Le GIVS évoque à ce moment-là pour la première fois le concept de Groupe

Technique Consultatif national pour la Vaccination, GTCV (National Immunization Technical

Advisory Group, NITAG), et souligne que certains pays ont développé avec succès de telles

institutions (Etats-Unis, Sri Lanka, Afrique du Sud, France…). Les GTCV sont des structures

rassemblant des experts indépendants, issus du pays lui-même, et qui conseillent les pouvoirs

publics dans leur stratégie d’immunisation de la population. Le rôle des GTCV est de

s’assurer qu’un processus de décision clair et transparent est utilisé dans l’élaboration des

recommandations dans le domaine de la vaccination. L’Assemblée Mondiale de la Santé en

2008 a mandé que l’OMS aide au développement de structures nationales en charge de

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l’élaboration des recommandations vaccinales. Le SAGE, toujours en 2008, a recommandé

aussi le développement de ces structures. Enfin, en 2012, le Plan d’Action Mondial pour les

Vaccins donne des objectifs clairs pour faire de la vaccination une des priorités sanitaires de

ces 10 prochaines années dans le monde, et promeut entre autre la mise en place et le

renforcement de GTCV.

De nombreux pays, tant développés qu’en développement, se sont déjà dotés de GTCV mais

beaucoup ont demandé l’aide de l’OMS, de l’UNICEF et de partenaires d’aide au

développement afin de renforcer leurs capacités nationales dans la prise de décisions fondées

sur les preuves dans le champ de la vaccinologie. L’initiative SIVAC (Supporting

Independant Immunization and Vaccine Advisory Committes) a été ainsi créée en 2008 par

l’Agence de Médecine Préventive pour aider les PED et les pays à revenus intermédiaires à

créer des GTCV ou à renforcer ceux existants. En complément de cette aide technique directe

apportée aux pays, l’Initiative SIVAC a établi des activités transversales pour appuyer la

collaboration entre les GTCV et pour aider un plus grand nombre d’entre eux à améliorer leur

processus de décision.

Pour autant, établir un GTCV ne suffit pas, il faut s’assurer que le processus d’élaboration des

recommandations est bien basé sur une analyse rationnelle de faits scientifiques et techniques.

Aussi, l’Initiative SIVAC en collaboration avec l’OMS a souhaité créer un modèle générique

de prise de décision pour les GTCV qui pourrait être utilisé pour les questions de politiques

vaccinales les plus fréquentes. La première étape de ce projet a consisté à essayer de définir

les critères de décision à utiliser, notamment en s’inspirant des méthodes utilisées par les

GTCV existants.

L’objet de notre thèse a donc été de tenter d’identifier les critères sur lesquels les GTCV

basent aujourd’hui leurs décisions de recommandations vaccinales. Notre souhait est que ce

document puisse servir de point de départ à l’élaboration d’un outil de travail pouvant être mis

à la disposition des GTCV nouvellement créés, leur permettant de démarrer leur mission dans

les meilleures conditions.

La première partie de notre document dresse tout d’abord un état de la question et pose la

problématique, à travers quatre chapitres concernant : le contexte général (chapitre 1), la

nouvelle donne dans le monde de la vaccinologie (chapitre 2), les défis des politiques

vaccinales dans les PED (chapitre 3) et l’émergence de la notion de GTCV (chapitre 4).

La deuxième partie quant à elle concerne notre travail de recherche. Celui-ci comporte, d’une

part une enquête sur les GTCV existants menée à partir des données publiées dans la

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littérature (chapitre 1), et, d’autre part, une enquête directe menée auprès de responsables de

GTCV (chapitre 2). Ces deux enquêtes permettent de décrire les critères prépondérants

utilisés par les GTCV dans l’élaboration de leurs recommandations ainsi que le contexte dans

lequel cette évaluation s’inscrit. Dans la troisième partie de ce document nous avons discuté

les résultats trouvés et avons tenté de les confronter au contexte actuel et aux enjeux de

demain.

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Partie 1 - Etat de la question

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16

Chapitre 1 - Contexte général

1. La mortalité infanto-juvénile et les objectifs millénaires pour le développement

En 2011, environ 6,9 millions d’enfants sont morts, dans le monde, avant l’âge de 5 ans.

Environ la moitié habitait en Afrique sub-saharienne, plus du quart en Asie du sud-est (fig.1)

(1)(2).

Figure 1 : Répartition des décès d’enfants de moins de 5 ans par grandes régions du monde1

En septembre 2000, les dirigeants de plus de 190 pays, réunis au siège de l’Organisation des

Nations-Unies à New-York, ont ratifié les huit « Objectifs du Millénaire pour le

Développement » (OMD, Millenium Development Goals). Ces objectifs recouvrent de grands

enjeux humanitaires : la réduction de l’extrême pauvreté et de la mortalité infantile, la lutte

contre plusieurs épidémies dont le SIDA, l'accès à l’éducation, l’égalité des sexes, et

l'application du développement durable.

1 Committing to Child Survival: A Promise Renewed – Progress Report 2012

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17

Un des huit OMD qui composent la « Déclaration du Millénaire » (Millenium Declaration)

appelle à une baisse drastique de la mortalité infanto-juvénile (décès survenant avant l’âge de

5 ans).

Plus précisément il est recommandé de réduire des deux tiers les taux de mortalité infanto-

juvénile entre 1990 et 2015 (OMD n°4), l’attention devant surtout se porter sur les PED où se

concentrent plus de 90% de ces morts.

Chercher à atteindre ce quatrième OMD impose un ciblage sur les principales pathologies

responsables de cette situation sanitaire préoccupante. A titre d’exemple, les diarrhées

infectieuses, le paludisme et les pneumopathies sont la cause de plus du tiers des décès

d’enfants de moins de 5 ans (fig.2).

Figure 2 : Causes des décès des enfants de moins de 5 ans dans le monde en 2010, en pourcentage du total2

Même si la malnutrition reste le principal facteur expliquant directement ou indirectement une

grande partie des taux de mortalité infanto-juvénile retrouvés, les maladies à prévention

vaccinale (toutes causes confondues) représentent la deuxième cause de décès des enfants de

moins de 5 ans dans les PED (fig.3).

2 Committing to Child Survival: A Promise Renewed – Progress Report 2012

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18

Figure 3 : Nombre (en milliers) de décès liés à des maladies à prévention vaccinale chez les enfants de moins de

5 ans en 20043

Enfin, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que la vaccination évite la mort de

plus de 2,5 millions d’enfants chaque année (WHO, Department of Immunization, Vaccine

and Biologicals, estimation non publiée, basée sur les chiffres de couverture vaccinale et les

données épidémiologiques retrouvées dans les populations non immunisées). Dans le même

ordre d’idée, l’Alliance GAVI estime que depuis son lancement en 2000 elle a permis d’éviter

5,5 millions de décès d’enfants de moins de 5 ans.

2. La stratégie internationale en matière de vaccination : historique et dogme actuel

Le premier calendrier vaccinal fut adopté par l’OMS en 1961, mais c’est en 1974 que fut

lancé le Programme Elargi de Vaccination (PEV), dont le premier objectif était de protéger les

enfants contre 6 maladies : la tuberculose, le tétanos, la poliomyélite, les oreillons et la

coqueluche. Il fut rapidement plébiscité dans le monde entier avec des résultats importants.

En 1984, un calendrier standardisé de vaccination vit le jour pour les vaccins du PEV.

3 WHO, State of the world's vaccine and immunization. 2010

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19

Depuis cette date, l’OMS met régulièrement à jour son calendrier en incluant de nouveaux

vaccins (Fièvre Jaune en 1986, Hépatite B en 1992, Haemophilus influenzae B en 1997,

Encéphalite Japonaise en 1998…).

En 2005 l’Assemblée Mondiale de la Santé de l’OMS et le fond des Nations Unies pour

l’enfance (UNICEF) approuvèrent le « Global Immunization Vision and Strategy » (GIVS).

Le premier objectif du GIVS est de faire baisser des deux tiers la morbi-mortalité des

maladies à prévention vaccinale entre 2000 et 2015, ce qui constitue un pas supplémentaire en

direction du 4ème

OMD.

Pour atteindre cet objectif, 4 axes de travail ont été dégagés (3) :

« Protéger plus de gens dans un monde qui change », ce qui revient à vacciner le plus

possible d’individus contre le plus grand nombre de pathologies.

« Introduire de nouveaux vaccins et de nouvelles technologies », ce qui doit se

comprendre comme une aide au développement de nouveaux vaccins et à l’accès de

tous les pays à ces innovations

« Intégrer le programme de vaccination à chaque contexte sanitaire local », ce qui

signifie que l’immunisation des populations doit s’articuler avec toutes les autres

interventions de santé afin qu’elles puissent se potentialiser entre elles.

«Vacciner dans un contexte d’interdépendance globale », ce qui se traduira par le fait

que tous les pays sont vulnérables aux aléas liés au financement et à la distribution des

produits vaccinaux, à l’anticipation de menaces épidémiques…

Le GIVS prévoit notamment que les activités de vaccination seront guidées par « la

surveillance de la maladie, le suivi de la couverture et l’information gestionnaire ». La prise

en compte des réalités locales dans les décisions vaccinales est un élément central de ce

projet. Enfin, suivant ce rapport, en 2012 a été lancé le Plan d’Action Mondial pour les

Vaccins (PAMV). La mise au point de ce plan a réuni de nombreuses parties prenantes dans le

domaine de la vaccination, dont des gouvernements et des responsables élus, des

professionnels de santé, des universitaires, des fabricants, des institutions mondiales, des

partenaires au développement, des membres de la société civile, des médias et le secteur

privé, pour définir collectivement ce que la communauté de la vaccination souhaitait réaliser

au cours de la décennie à venir. Au total, le processus consultatif mondial a impliqué plus de

1100 individus, représentant plus de 140 pays et 290 organisations. Le plan d’action mondial

pour les vaccins réitère les buts existants et en fixe de nouveaux pour la décennie à venir. Il

propose cinq buts et six objectifs stratégiques ainsi que les mesures qui aideront à leur

réalisation, et fournit une estimation initiale des besoins en ressources et du retour sur

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20

investissement. Parmi ces six objectifs, un est d’un intérêt tout particulier pour notre travail,

nous y reviendrons dans la suite de ce chapitre.

3. La vaccination: une des interventions de santé publique les plus coût-efficaces à ce

jour

La littérature est assez abondante sur le sujet, voici quelques illustrations permettant de

prendre en compte les enjeux liés à la vaccination.

La variole fut éradiquée en 1967. Le coût total de ce programme d’éradication est

estimé à 100 millions de dollars, mais les économies réalisées dans le monde suite à

cette intervention s’élèvent à environ 1,35 milliards de dollars chaque année (4).

Une étude a rapporté que l’introduction du PCV7 (vaccin heptavalent contre le

pneumocoque) au programme de vaccination des Etats-Unis, a été suivie d’une

réduction significative des hospitalisations d’enfants de moins de 2 ans admis pour

pneumopathies infectieuses (dues au pneumocoque ou à d’autres agents). Fin 2004, il

a été estimé qu’environ 41 000 hospitalisations pour pneumonies avaient été évitées

dans cette tranche d’âge (réduction de 65%) (5).

L’introduction du vaccin anti-rotavirus dans 64 pays Gavi-éligibles4 entre 2007 et

2025 est supposée éviter 2,4 millions de décès liés à cette pathologie (6).

La vaccination ne protège pas seulement les individus de la maladie aigüe, mais elle

les protège aussi des effets à long terme que cette maladie peut avoir sur leurs

capacités physiques ainsi que sur leur développement émotionnel et cognitif. En effet,

en ralentissant ou en arrêtant le développement physique d’un enfant, une pathologie

diminue sa capacité à exercer un travail manuel lorsqu’il sera adulte. L’effet du

programme international de vaccination de l’alliance GAVI a été estimé : une cohorte

d’enfants vaccinés verra son revenu annuel passer de 410 millions de dollars en 2005 à

1,34 milliards de dollars en 2020 (pour un coût de 638 millions de dollars en 2005 et

de 748 millions de dollars en 2020) (7).

Ces quelques exemples démontrent le caractère hautement efficient de la vaccination comme

outil de santé publique.

4 Il y a à ce jour 56 pays éligibles au programme GAVI. Ces derniers se définissent comme ayant un Produit National Brut par habitant

inférieur ou égal à 1 550 US$ par an.

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21

Chapitre 2 - Une nouvelle donne dans le monde de la vaccinologie

De nos jours, les PED font face à de nouveaux champs des possibles dans le domaine des

politiques vaccinales, nouveaux champs caractérisés entre autres par : le début de la prise en

compte des spécificités locales en matière de besoins en vaccination, l’arrivée sur le marché

de nouveaux vaccins, le développement des formules vaccinales de demain, de nouvelles

possibilités de financement et tout ceci dans un contexte de très grande diversité de

fournisseurs.

1. Des profils épidémiologiques variés et contrastés

Toutes les maladies à prévention vaccinale ne représentent pas le même fardeau pour tous les

PED, et toutes ne sont pas toujours prises en compte lors de l’élaboration des programmes

nationaux de vaccination. Voici quelques exemples à titre d’illustration.

Le pneumocoque :

Streptococcus pneumoniae est une bactérie causant des pneumopathies, méningites et sepsis

chez les enfants.

En 2000, on estime que 826 000 enfants âgés de 1 à 59 mois sont décédés des suites d’une

infection liée à cette bactérie (dont 91 300 était aussi porteurs du VIH). L’incidence mondiale

des pathologies à Pneumocoque était estimée à 13,8 millions de cas en 2000 chez les enfants

de moins de 5 ans (8).

Les 10 pays les plus touchés (regroupant 66% du total des cas) sont tous situés en Afrique et

en Asie (Inde, Chine, Nigéria, Pakistan, Bengladesh, Indonésie, Ethiopie, République

Démocratique du Congo, Kenya et Philippines) (fig.4) (8).

Cette bactérie est cause de 11% des décès enregistrés chez les enfants de 1 à 5 ans (8).

De plus cette bactérie peut causer des méningites très sévères, qui, quand elles ne conduisent

pas à la mort, entrainent de graves séquelles chez les survivants (retards mentaux, troubles

moteurs…) (9).

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22

Figure 4 : Répartition des décès d’enfants de moins de 5 ans dus au pneumocoque dans différents pays en 20095

Les Rotavirus

Ces virus sont responsables de 40% des gastroentérites aigües qui nécessitent une

hospitalisation, en Afrique (10).

Chaque année ils seraient responsables d’un nombre de décès allant de 352 000 à 592 000 de

par le monde (11).

La figure 5 présente les disparités entre pays quant au nombre de décès liés aux Rotavirus. On

constate que le sous-continent Indien ainsi que l’Afrique Sub-Saharienne sont les plus

touchés.

5 (O'Brien, K.L., et al., Burden of disease caused by Streptococcus pneumoniae in children younger than 5 years: global estimates. Lancet,

2009. 374(9693): p. 893-902.)

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23

Figure 5 : Répartition des décès liés aux Rotavirus dans le monde en 2004 (un point représente 1000 décès)6

Haemophilus influenzae B

Depuis le milieu du 20ème

siècle, on sait que l’Haemophilus influenzae B (HiB) est

responsable de méningites et pneumopathies chez le nourrisson et l’enfant. Cette bactérie

colonise les cavités nasales et la gorge, et peut rester asymptomatique. Sa transmission se fait

par l’intermédiaire de gouttelettes lors de la toux, du mouchage…

Le risque de contracter la maladie est le plus élevé entre 6 mois et 2 ans d’âge7.

A l’inverse des agents d’autres pathologies (poliomyélite, diphtérie…), HiB ne cause pas un

tableau clinique permettant de l’identifier d’emblée. Beaucoup des formes mortelles

d’infection par le HiB se présentent sous des tableaux de méningites ou de pneumopathies qui

peuvent être liés à beaucoup d’autres agents infectieux8.

En 2000 cette bactérie a causé 8,13 millions d‘infections invasives chez des enfants de moins

de 5 ans, entrainant le décès de 370 000 d’entre eux (12). La figure 6 illustre les différences

de répartition de ces décès suivant les pays.

Le taux estimé d’incidence des méningites à HiB en l’absence de vaccination est estimé à 31

cas pour 100 000 enfants de moins de 5 ans et celui des pneumopathies à 1304 pour 100 000

enfants de moins de 5 ans également (12).

6 Parashar UD et al, Global illness and deaths caused by rotavirus disease in children, Emerg Infect Dis. 2003 May;9(5):565-72

7 http://www.who.int/immunization_monitoring/diseases/Hib/en/index.html

8 WHO, HiB Fact sheet N°294 December 2005

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Figure 6 : Taux de décès (pour 100 000) liés à HiB chez les enfants âgés de 1 à 59 mois non VIH dans le monde

en 20099

Hépatite B

Le virus de l’hépatite B est un virus à ADN. L’infection par ce virus peut être

asymptomatique, ou causer des hépatites aiguës parfois gravissimes. Dans certains cas

l’infection peut se chroniciser et aboutir à la cirrhose et/ou au carcinome hépato-cellulaire.

Environ deux milliards de personnes dans le monde ont été infectées par le virus de l’hépatite

B et 350 millions vivent avec une infection chronique. Il est estimé qu’environs 600 000

personnes meurent chaque année des conséquences de cette maladie10

. La prévalence

mondiale est aussi très variable d’une région à l’autre comme l’illustre la figure 7.

9 Watt, J.P., et al., Burden of disease caused by Haemophilus influenzae type b in children younger than 5 years: global estimates. Lancet,

2009. 374(9693): p. 903-911

10 World Health Organization, Hepatitis B fact sheet N°204 Revised August 2013,

http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs204/en/index.html

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Figure 7 : Prévalence de porteurs de l’hépatite B dans le monde en 2009 (bleu foncé >8%, intermédiaire 2-8%,

bleu clair <2%) 11

Méningite à méningocoque

Depuis 1905, des épidémies très importantes de méningites à méningocoque sont rapportées

en Afrique sub-saharienne. La « ceinture de la méningite » (13) qui s’étend du Sénégal à

l’Ethiopie, subit régulièrement d’importantes épidémies de méningites à méningocoques A, et

son incidence y est la plus élevée au monde. Lors de ces épidémies l’incidence peut dépasser

les 1000 cas pour 100 000 habitants, taux bien supérieur à ce qui peut être retrouvé partout

ailleurs dans le monde. La dernière grande épidémie a eu lieu en 1996-1997, et fut

responsable d’environ 12 000 décès (14).

La figure 8 représente cette ceinture de la méningite. Les pays en bleus sont ceux appartenant

à proprement parler à cette ceinture. Les pays hachurés sont les pays hyper-endémiques.

11 Lavanchy D, Hepatitis B virus epidemiology, disease burden, treatment, and current and emerging prevention and control measures, J

Viral Hepat. 2004 Mar;11(2):97-107

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26

Figure 8 : Ceinture de la Méningite 12

Ces quelques exemples permettent de comprendre à quel point les besoins en terme de

vaccination peuvent être variés suivant les pays.

2. Des vaccins récemment introduits

Depuis 2000, nombre de nouveaux vaccins et de nouvelles formes galéniques sont apparus

(15) :

Le premier vaccin conjugué contre le pneumocoque,

Le premier vaccin conjugué contre le méningocoque A,

Deux nouveaux vaccins contre les Rotavirus (remplaçant le précédent retiré du marché

car causant trop d’effets secondaires),

Les deux premiers vaccins contre l’HPV (Papillomavirus humain qui cause des

cancers du col utérin),

3. De nouveaux vaccins à l’étude

Un grand nombre de vaccins sont en développement actuellement et leur mise sur le marché

est prévue pour les années à venir. Selon certaines données non publiées, plus de 80

12 http://www.path.org/menafrivac/meningitis-belt.php

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« candidats vaccins » sont au stade des tests cliniques. Parmi eux, 30 sont conçus pour

protéger contre des maladies pour lesquelles aucun vaccin n’existe à l’heure actuelle, comme

le paludisme ou la dengue.

Si les essais de phase 3 du vaccin RTS,S/AS01 contre le paludisme restent concluants, ce

dernier pourrait être recommandé par l’OMS d’ici 2017; ce serait alors le premier vaccin

contre une maladie parasitaire qui affecte l’homme (15).

Deux autres vaccins contre la Dengue sont en cours d’évaluation, dont un dans un essai

clinique de grande envergure. Le développement d’un vaccin contre cette pathologie n’est pas

chose facile (4 types différents de virus circulants…), mais les chercheurs restent confiants

sur le fait qu’un vaccin sera bientôt disponible (15). Enfin, des essais prometteurs sont aussi

en cours pour des vaccins contre la tuberculose (16) ou le VIH (17).

Figure 9 : Historique de la commercialisation des vaccins et projections futures sur les nouveaux vaccins en

développement (OMS/UNICEF)

4. De nouvelles possibilités de financement

Le marché de la vaccination représentait environ 33,6 milliards de dollars en 2012, et la

croissance annuelle attendue sur ces 5 prochaines années est située aux alentours de 5,3%

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(croissance liée à l’arrivée de nouveaux produits et à la généralisation de l’utilisation des

produits existants) 13

.

Au cours des 10 dernières années, ce marché a été multiplié par 4 (18). Il s’agit d’un des

secteurs les plus dynamiques de l’industrie.

Ces dernières années un regain d’intérêts des pouvoirs publics ainsi que des organisations non

gouvernementales a entrainé une très forte augmentation des possibilités de financement des

projets liés à l’immunisation, notamment dans les PED.

L’initiative GAVI a été lancée au Forum Economique Mondial de Davos (Suisse) en janvier

2002. Il s’agit d’un partenariat public-privé dont la mission rapportée est « de sauver la vie

d’enfants et d’améliorer la santé des populations en facilitant l’accès à la vaccination dans

les pays pauvres ». Cette alliance regroupe en son sein des gouvernements (issus de pays

développés ou en développement), des laboratoires pharmaceutiques impliqués dans la

production de vaccins (historiques ou émergents), la Banque Mondiale, l’OMS, des instituts

de recherche, l’UNICEF et la Fondation Bill et Melinda Gates (ci-après dénommée Fondation

Gates). Il s’agit d’un gigantesque bailleur de fond dont le rôle est de financer le

développement de l’accès à la vaccination dans les pays pauvres.

Fin 2007, GAVI avait engagé 3,5 milliards de dollars dans cet objectif. Jamais auparavant

autant de moyens n’avaient été déployés dans ce domaine (19).

En janvier 2010, la Fondation Gates a annoncé qu’elle investirait 10 milliards de dollars dans

le cadre du programme « Decade of Vaccine ».

Il s’est aussi développé une nouvelle approche, les « Advance Market Commitment » (AMC)

dont l’objectif est d’inciter au développement et à la fabrication de vaccins pour les PED.

Cette entente de marché aide les laboratoires à investir dans la recherche et le développement

de vaccins, en échange de quoi les firmes s’engagent sur la durée à vendre leurs produits à un

prix abordable pour les pays pauvres. A titre d’exemple, en juin 2009, la Fondation Gates

ainsi que les gouvernements italien, britannique, russe, canadien et norvégien ont lancé le

premier AMC sur le pneumocoque, qui a permis de recueillir 1,5 milliards de dollars (20).

Autre exemple d’outil utilisé, le « PAHO revolving fund for vaccine procurement », piloté par

l’Organisation Panaméricaine pour la Santé (PAHO). Depuis 1979, il centralise les achats de

vaccins, matériels d’injection et de chaînes du froid pour les pays des Caraïbes et d’Amérique

latine. Autrefois cantonnés aux vaccins du PEV, le « PAHO revolving fund » a maintenant

13" Report On Global Markets For Vaccine Technologies, BCC Research

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inclus des vaccins plus récents (Pentavalent HiB, hépatite B, fièvre jaune…) pour en accélérer

l’introduction.

Du fait de ces nouvelles possibilités offertes, les programmes de vaccination dans les PED

sont devenus plus facilement finançables.

5. Une grande diversité de fournisseurs

Le marché de la vaccination est dominé par un petit nombre de multinationales basées dans

les pays riches. En 2008, cinq grosses entreprises se partageaient 80% des revenus issus de la

vaccination. Les 20% restants sont répartis entre la quarantaine de producteurs issus des pays

en développement. A l’inverse, seulement 14% du volume des vaccins nécessaires à la

demande mondiale viennent des compagnies implantées dans les pays riches. Ce contraste

s’explique par le fait que les vaccins classiques sont les moins chers et les plus utilisés (15).

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Chapitre 3 - De nombreux défis

Pour autant il existe beaucoup de freins qui empêchent les PED de profiter au maximum des

nouvelles opportunités décrites précédemment : des problématiques logistiques, des priorités

de santé multiples et variées, les prix de ces nouveaux vaccins…

1. L’approvisionnement et la conservation

L’approvisionnement en vaccins et toute la logistique associée ont été développés il y a plus

de 30 ans dans les pays en développement, à une époque où n’existaient pas de systèmes

sophistiqués de transport et de conservation et surtout à une époque où les vaccins coûtaient

rarement plus d’1 US$ la dose.

Les nouveaux vaccins requièrent plus d’espace pour être stockés, ils sont conditionnés de

manière différente (les vaccins traditionnels sont distribués dans des fioles de 20 à 30 doses,

alors que de nombreux nouveaux vaccins ne sont disponibles qu’en seringues individuelles

pré-remplies). Les nouveaux vaccins sont donc beaucoup plus volumineux et requièrent en

général 500 fois plus d’espace pour être stockés qu’autrefois (21). Les conséquences d’un

défaut dans la chaine d’approvisionnement sont ainsi beaucoup plus sévères qu’auparavant au

vu des prix plus élevés de ces derniers.

Les décideurs publics et les financeurs qui investissent de très gros fonds dans certains

vaccins sont très attentifs à l’amélioration de l’approvisionnement et du conditionnement afin

de minimiser les pertes potentielles. Un réfrigérateur rempli de vaccins de nouvelle génération

qui tombe en panne entraine des pertes se chiffrant en milliers de dollars alors qu’autrefois les

pertes se seraient limitées à quelques centaines de dollars.

2. Un déficit en ressources humaines

De récents rapports de l’OMS alertent sur le fait que les pays qui rencontrent les plus grandes

difficultés à atteindre les OMD sont ceux qui font face à de très grands déficits en personnels

de santé.

Parmi les 57 pays les plus touchés par ces déficits (évalués à un manque de 2,4 millions de

médecins, infirmières ou sages-femmes), 36 sont situés en Afrique.

Les pays d’Afrique concentrent 24% des besoins de santé dans le monde, mais ne disposent

que de seulement 3% des personnels de santé. La vaccination est un champ très dépendant des

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ressources humaines en santé et la figure suivante montre comment les taux de couverture

vaccinale sont corrélés à la densité en personnel de santé (Fig. 10).

Figure 10 : Couverture vaccinale et densité de professionnels de santé14

3. Le prix des vaccins

Le prix des vaccins est une donnée capitale dans le processus de décision de recommandation.

Le SAGE (Strategic Advisory Groupe of Experts on Immunization, traduit par « Groupe

Stratégique Consultatif d’Experts sur la Vaccination ») recommande de promouvoir les

informations sur les prix des vaccins, et sur les stratégies pour baisser les prix. La figure

suivante (Fig. 11) montre comment certains pays situés en dehors du champ classique

d’approvisionnement en vaccins ont des difficultés à financer leurs achats.

14 World Health Report – 2006

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Figure 11 : Comparaison sur base 100 des prix des vaccins suivant certaines organisations et certains pays 15

GNI : Gross National Income ; Revenu National Brut.

PAHORF : PAHO Revolving Fund.

GCC : Gulf Cooperation Council ; Conseil de Coopération du Golf

On constate dans cette figure que certains pays à revenus intermédiaires, qui ont certaines

capacités de financement des vaccins (Egypte, Afrique du Sud), payent souvent le prix fort

(par comparaison avec certaines grandes institutions internationales ou même certains pays à

revenus élevés) et ce au détriment d’autres investissements potentiels de santé16

.

4. Les particularités socio-culturelles

Les structures traditionnelles jouent un rôle important dans l’acceptation et la participation

des enfants aux campagnes de vaccination.

A titre d’exemple, en Afghanistan les femmes doivent avoir l’autorisation de leur mari pour

aller dans les dispensaires faire vacciner leurs enfants. Dans certains cas elles ne peuvent s’y

rendre si un homme de la famille ne les accompagne pas. Le manque d’autonomie des

femmes limite les contacts entre enfants et professionnels de santé (22).

15 Daniel Rodriguez, PAHO, January 25th 2011

16 Médecins Sans Frontières, Giving developing countries the best shot: An overview of vaccine access and R&D, April 2010

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33

Dans un autre registre, en 2003, trois états du nord du Nigéria ont boycotté la campagne de

vaccination contre la polio, les leaders politiques et religieux arguant que les vaccins

serviraient à stériliser les enfants (23). Enfin, encore à titre d’exemple, les services secrets

américains (CIA) ont reconnu avoir utilisé de fausses campagnes de vaccination contre

l’hépatite B afin de recueillir des échantillons d’ADN de membres supposés de la famille Ben

Laden lors de sa traque. La tentative fut un échec, mais elle a très négativement impacté les

campagnes locales de vaccination contre la polio, ajoutant plus encore de défiance de la part

des populations autochtones à l’égard de ces intervention17

.

5. L’instabilité politique

Les pays et les régions qui subissent des conflits armés font face à des situations où violence

et pauvreté se potentialisent. Dans ces conditions, les infrastructures de santé sont souvent

détruites. Les programmes de vaccination sont très souvent délaissés durant ces périodes, car

ils requièrent beaucoup de sécurité pour être mis en œuvre (24).

Une étude a d’ailleurs démontré que le taux de couverture vaccinale des enfants variait

suivant les régions avec l’intensité des combats (25).

17

http://www.businessweek.com/articles/2013-02-04/how-the-cia-is-hurting-the-fight-against-polio

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Chapitre 4 - Les Groupes Techniques Consultatifs Nationaux sur la

Vaccination

Du fait de l’ensemble de la situation décrite précédemment, de nombreux pays ont souhaité

que soient pris en compte les réalités et le contexte local dans l’élaboration des

recommandations vaccinales à l’échelle mondiale et régionale. L’élaboration d’une

recommandation vaccinale reste quelque chose de complexe.

1. Les différents degrés d’élaboration d’une recommandation vaccinale

Au niveau global on retrouve le SAGE (« Groupe Stratégique Consultatif d’Experts sur la

Vaccination »). Le SAGE est le principal organe de réflexion et d’échange de l’OMS en ce

qui concerne les politiques de vaccination. Son champ de compétence est très vaste, allant de

la recherche et développement, aux problématiques logistiques en passant par l’articulation

avec les autres interventions de santé. Sa mission est de réaliser du conseil stratégique dans

tous les domaines de la vaccinologie (pas seulement chez l’enfant) 18

.

Toutefois, dans certains pays a été mis en place un « Groupe Technique Consultatif National

sur la Vaccination » (GTCV), traduction de l’anglais National Immunization Technical

Advisory Group. Dans le cadre de ce travail nous utiliserons l’acronyme GTCV

2. Les GTCV dans l’agenda mondial de la santé

En 2005, l’ « Assemblée Mondiale de la Santé » (World Health Assembly) de l’OMS et le

fond des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) approuvèrent le programme « Vaccination

dans le Monde : Vision et Objectifs » (Global Immunization Vision and Strategy, GIVS).

Le premier objectif du GIVS était de faire baisser des deux tiers la morbi-mortalité des

maladies à prévention vaccinale entre 2000 et 2015 et pour se faire proposait entre autre

comme moyen, d’« intégrer les programmes de vaccination à chaque contexte sanitaire

local ». Le GIVS évoque à ce moment-là pour la première fois le concept de Groupe

Technique Consultatif national pour la Vaccination, GTCV (National Immunization Technical

Advisory Group, NITAG), et souligne que certains pays ont développé avec succès de telles

institutions (Etats-Unis, Sri Lanka, Afrique du Sud, France…). . L’Assemblée Mondiale de la

18 SAGE – Terms of Reference, http://www.who.int/immunization/sage/SAGE_TOR_1_September_2010.pdf

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Santé en 2008 a mandé que l’OMS aide au développement de structures nationales en charge

de l’élaboration des recommandations vaccinales. Le SAGE, toujours en 2008, a recommandé

aussi le développement de ces structures.

Enfin, en 2012 a été adopté par l’Assemblée Mondiale de la Santé le « Plan Mondial pour les

Vaccins ». L’objectif stratégique numéro un du « Plan d’Action Mondial pour les Vaccins »

stipule que tous les pays doivent s’engager en faveur de la vaccination. Il y est notamment dit

« Au niveau national, la législation, les politiques et les décisions d’affectation des ressources

doivent se fonder sur des éléments crédibles et actuels concernant l’impact direct et indirect

de la vaccination. Une grande part de cette base factuelle existe déjà, mais n’atteint pas les

décideurs politiques, car ceux qui génèrent les données ne sont pas toujours ceux qui

interagissent avec ces décideurs. La collaboration entre, d’une part, les experts techniques

qui produisent ces données et, d’autre part, les défenseurs de la vaccination qui élaborent des

messages spécifiques au contexte mettant en lumière l’importance de la vaccination dans le

cadre des services sanitaires et sociaux, peut permettre d’exprimer sans équivoque la valeur

de cette intervention et le soutien qu’elle apporte à la progression vers l’équité et au

développement économique»19

. La mise en place et le renforcement d’organes indépendants

tels que les groupes consultatifs techniques nationaux sur la Vaccination, est à même de

guider les politiques et les stratégies des pays sur la base des données épidémiologiques et des

rapports coût/efficacité locaux, ce qui réduira la dépendance à l’égard d’organismes extérieurs

pour les orientations politiques.

Le document précise que « ces organes peuvent facilement être appuyés par des institutions

ou des individus chargés de collationner et de synthétiser les informations nécessaires à une

prise de décisions éclairée. Les systèmes et les initiatives d’appui régionaux, tels que

l’Initiative ProVac du PAHO peuvent être élargis pour soutenir les pays dans le renforcement

de leur processus décisionnel ».

3. Le concept de GTCV

Un GTCV est un groupe d’experts indépendants, issus d’un même pays, qui conseillent le

gouvernement dans les stratégies d’immunisation de sa population. Leur rôle est de s’assurer

19

Décennie de la vaccination - Plan d’action mondial pour les vaccins 2011-2020

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36

qu’un processus de décision clair et transparent est utilisé pour élaborer une recommandation

dans le domaine de la vaccination (26).

Un GTCV a un rôle à la fois technique et décisionnaire, dont la finalité est d’assoir les

décisions prises par les autorités sanitaires d’un pays. Ceci est d’autant plus important

lorsqu’on considère les enjeux et la multitude de recommandations qui coexistent.

Il est à noter que ces comités ont seulement un rôle de conseil. En aucun cas ne leur revient la

mission d’organiser les campagnes de vaccinations, ou de réguler les achats. C’est pour cela

qu’il est important de les distinguer des Inter-agencies Coordinating Committees (ICC,

comités de coordination inter-agence) qui existent déjà dans les pays GAVI-éligibles. Le rôle

de ces ICC est de coordonner et d’organiser le financement, le déploiement et la

communication des campagnes de vaccinations financées par GAVI. Leur rôle n’est pas de

décider de quel vaccin tel ou tel pays a besoin, même si dans les faits petit à petit, certains

ICC ont pris ce rôle aussi du fait de l’absence de comité spécifique en charge de ces

questions.

Il faut aussi distinguer les GTCV des comités spécifiques sur certaines pathologies (parfois à

prévention vaccinale, comme la polio) et des National Regulatory Authorities (NRA, autorités

de régulation nationale) dont le rôle est de valider, tester, contrôler les produits de santé (dont

les vaccins) (27).

4. Des GTCV existent déjà

Plusieurs pays se sont déjà dotés de ce type de structures. Les plus anciens ont été établis au

Royaume-Uni en 1963 et au Canada et aux Etats-Unis en 1964. La médiane d’instauration de

ce type de comité est située en l’an 2000, où 12 comités ont vu le jour (26).

Mais les pays riches ne sont pas les seuls à avoir mis en place des GTCV. Certains pays en

développement ont établi les leurs. En 1993 en Afrique du Sud le NAGI (« National Advisory

Group on Immunization ») a vu le jour pour conseiller le ministère de la santé sur les sujets

relevant de la vaccinologie. Avant cette date, aucun comité n’existant, les décisions étaient

prises sur la base des recommandations OMS et moyennant la consultation de quelques

experts (28). Autre exemple : en octobre 1999, le Secrétariat d’état à la santé du Honduras

créa le « National Consultative Council on Immunization ». Cela rendit officiel le support

technique et scientifique apporté par des experts dans le domaine reconnus dans le pays (29).

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37

Sur la base de ces créations réussies, beaucoup de pays ont demandé l’aide de l’OMS, de

l’UNICEF, et des financeurs, afin de leur permettre de renforcer « [leurs] capacités

nationales de prendre des décisions fondées sur les preuves dans le champ de la

vaccinologie » 20

, et, comme nous l’avons vu précédemment, le « Plan d’Action Mondial pour

les Vaccins » a lui aussi souligné l’importance du développement de ces comités pour

l’atteinte de l’objectif premier du plan.

L’initiative SIVAC s’inscrit directement dans cette continuité.

5. L’initiative SIVAC

La mission de l’initiative SIVAC (« Supporting Independent Immunization and Vaccine

Advisory Committees ») est d’aider des pays à créer un GTCV ou à renforcer un comité déjà

existant. Ce soutien est apporté à des pays GAVI-éligibles, mais aussi à des pays à revenus

intermédiaires (30). La méthode utilisée est adaptée à chaque pays, de manière à ce que l’aide

apportée corresponde aux besoins des pays et que le projet se maintienne. Une attention est

portée au développement des secrétariats exécutifs, à l’aide à des formations adaptées, et

conçues en partenariat avec d’autres partenaires internationaux.

L’initiative a aussi développé une plateforme internet (le « NITAG Ressource Center ») dont

le rôle est de permettre le partage d’information sur l’organisation de ce type de comités, et

sur les divers outils nécessaires. Ce projet est financé par la Fondation Gates, suite à un appel

à projet remporté par l’Agence de Médecine Préventive en partenariat avec l’ « International

Vaccine Institute » (IVI, Institut International pour les Vaccins). Le projet a démarré en avril

2008 et doit se terminer en avril 2015.

20 Assemblée mondiale de la santé, 2008

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38

Partie 2 - Travail de Recherche

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39

La mise en place d’un GTCV n’est que la première étape d’un processus qui s’inscrit sur le

long terme. Il est indispensable que cette démarche soit suivie par le développement d’un

processus de décision scientifique qui permettra l’élaboration de recommandations fiables,

transparentes et reconnues. Un des éléments clefs de cette réflexion demeure la juste

identification des critères sur lesquels toute décision de recommandation sera basée.

L’objet du présent travail est de tenter d’identifier selon quels critères les GTCV décident

aujourd’hui de baser leurs décisions de recommander un vaccin.

Dans un premier temps nous avons procédé à une revue de la littérature afin d’identifier à

partir des données déjà publiées quels étaient les grands critères utilisés par les GTCV

(chapitre 1 de la partie 2). Ce travail a été suivi d’une enquête réalisée auprès de quelques-uns

de ces comités pour identifier plus précisément leur processus de prise de décision dans le

champ des recommandations vaccinales (chapitre 2 de la partie 2).

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40

Chapitre 1 - Enquête à partir des données publiées dans la littérature

1. Objectifs

Nous avons vu précédemment que si les pays souhaitent pouvoir établir des recommandations

vaccinales adaptées à leurs besoins réels, l’établissement d’un comité spécifique, le GTCV,

est une solution de plus en plus plébiscitée dans le monde de la santé et de plus en plus

recommandée par les institutions inter-gouvernementales. Aujourd’hui très peu d’information

existe sur ce sujet (au moment de ce travail, aucun pays n’avait publié de méthode de prise de

décision). La présente revue de la littérature a pour objet de tenter d’identifier les publications

ayant pour objet, entre autre, de décrire les critères utilisés par les différents comités de par le

monde.

2. Méthodologie

a. Stratégie de recherche et critères de sélection

Les recherches ont été menées en utilisant comme ressource principale la National Library of

Medicine via PubMed. Cette dernière a été interrogée en utilisant les termes du MESH

rapportés en annexe au présent travail. La base de données Science Direct a aussi été

interrogée. Aucune restriction n’a été prise en compte quant à la date de publication des

articles. Seuls les articles publiés en anglais, espagnol et français ont été retenus, du fait des

limites de compétence linguistique de l’auteur. L’option related articles de PubMed a été

utilisée. Les références d’articles identifiés ont aussi été passées en revue. Les moteurs de

recherche Google et Google Scholar ont également été interrogés en utilisant les mêmes

termes que Pubmed. Enfin les sites internet d’organisations internationales concernées par le

sujet ont pareillement été interrogés (OMS, UNICEF, GAVI, Banque Mondiale, PATH) en

utilisant la banque de données de l’OMS (http://dosei.who.int).

Un seul relecteur a étudié les titres et les résumés des articles pour connaître leur pertinence

sur le sujet d’étude. Seules les publications contenant des informations sur les processus et les

critères utilisés par les GTCV dans l’élaboration de leurs recommandations ont été retenues.

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41

b. Analyse des données et synthèse

Toutes les publications qui décrivaient de manière claire les critères utilisés par les GTCV

pour élaborer leurs recommandations ont été incluses. Les données ont été collectées sous

forme de tableaux (tableau 1 et 2) comprenant une description du critère et le pays/GTCV

concerné. Les données ont ensuite été regroupées en utilisant les grandes catégories utilisées

par le SAGE.

3. Résultats

a. Sélection des données publiées

Un total de 174 résumés d’articles a été passé en revue. Parmi ceux-ci, 108 ont été identifiés

via PubMed, 7 via la fonction Related Articles de PubMed, 25 via Science Direct, 32 via

Google/Google Scholar et enfin 2 via la base de données de l’OMS. Parmi tous ces articles,

21 articles d’intérêt ont été retenus sur la base du résumé. Enfin sur ces 21, 14 rapportaient

une description par un GTCV des critères pris en compte pour élaborer des recommandations.

b. Description des articles retenus

Les articles retenus rapportaient des informations sur les habitudes des GTCV provenant des

pays suivants :

- Afrique du Sud (28)

- Canada (31)

- Chine (32)

- Corée du Sud (33)

- Etats-Unis d’Amérique (34)

- Finlande (35)

- France (36)

- Honduras (29)

- Iran (37)

- Pays-Bas (38)

- Sri Lanka (39)

- Suisse (40)

- Sultanat d’Oman (41)

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42

- Thaïlande (42)

Parmi ces 14 articles, tous écrits par des membres de GTCV, 12 décrivent leurs

caractéristiques générales, alors que seulement deux (31,38) s’appliquent à décrire

spécifiquement les critères sur lesquels les décisions sont prises. Onze de ces articles ont été

publiés dans le numéro spécial du journal Vaccine publié en 2010 et centré sur de la

description des GTCV.

Figure 12 : Description de la revue de la littérature

174 résumés d'articles passés en

revue

21 articles complets analysés

14 articles inclus dans la revue de la

littérature

12 articles décrivant les caractéristiques

générales des comités

2 articles décrivant précisément les critères utilisés

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43

4. Critères rapportés

La revue des 14 articles inclus a permis d’identifier 163 critères différents pris en

considération par les GTCV pour l’élaboration d’une recommandation. Ces critères ont été

regroupés dans les catégories définies par le SAGE de l’OMS. Les critères rapportés sont

présentés ci-après, ainsi que dans les tableaux 1 et 2.

Caractéristiques épidémiologiques de la maladie :

Cette catégorie regroupe l’ensemble des éléments qui permettent de préciser le « fardeau »

que représente la pathologie d’intérêt (années de vie perdues, taux de létalité, morbidité,

mortalité), son potentiel épidémique, les populations spécifiquement à risque. Treize pays

sur 14 ont rapporté utiliser ce critère lors de leurs décisions.

Caractéristiques cliniques de la maladie :

Cette catégorie inclut la nature et les caractéristiques de l’agent infectieux, la prise en

charge clinique de la maladie et de ses complications à long-terme. Cette catégorie

regroupait le plus petit nombre de critères identifiés et était la moins rapportée en

fréquence, avec seulement trois pays déclarant l’utiliser lors de l’élaboration de leurs

recommandations.

Caractéristiques des vaccins :

Dans cette catégorie on retrouvait les caractéristiques du vaccin (sa présentation, sa

composition), ses performances (immunogénicité et efficacité à court et long-terme), sa

sécurité (effets secondaires, interactions potentielles), sa disponibilité et son acceptabilité.

Cette catégorie regroupait le plus grand nombre de critères rapportés (40) et tous les pays

sauf 4 déclaraient les prendre en considération.

Opportunité de l’intervention et interaction avec d’autres politiques de santé :

Dans ce groupe nous avons rassemblé l’existence d’autres mesures alternatives de

prévention, l’existence de recommandation pour l’utilisation de vaccins, la priorité des

nouveaux programmes au regard de ceux existant déjà et l’existence de programmes

internationaux d’éradication ou de contrôle de certaines pathologies. Cinq des 14 pays ont

rapporté utiliser ces critères.

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44

Notion d’implémentation et de politiques de santé :

Cette grande catégorie incluait les sous-catégories suivantes :

- La priorité de la vaccination (en comparaison aux autres interventions de santé

publique et en conformité avec les recommandations internationales)

- La stratégie et les objectifs (tels qu’augmenter la couverture, réduire l’incidence de la

pathologie et décider de l’objectif final de l’intervention, élimination ou simple

contrôle).

- L’évaluation de l’intervention (disponibilité des informations de couverture,

surveillance des effets secondaires et estimation de la réduction de la maladie).

- Les considérations légales (les questions légales qui ont une influence sur

l’implémentation de l’éventuelle recommandation).

- Les considérations politiques (risques et bénéfices politiques associés à la mise en

place de cette recommandation).

- La faisabilité du programme (stocks disponibles, nombres de producteurs,

disponibilité des fonds nécessaires, ressources humaines nécessaires à la mise en

place, au marketing, et à l’intégration avec les programmes déjà existant).

- Questions relatives à la recherche (nécessité d’un programme pilote, incertitudes quant

aux effets secondaires, étude d’impact).

Seuls 5 pays ont rapporté utiliser un ou plusieurs de ces critères.

Critères socio-culturels :

Dans cette catégorie étaient regroupées les notions d’acceptabilité de la vaccination

(perception du concept et du programme, demande de la population d’un contrôle de la

maladie), les considérations éthiques (consentement éclairé) et les notions d’équité

(notamment l’universalité, l’accessibilité et l’égal accès au vaccin pour toutes les

populations cibles). Sept pays ont rapporté utiliser ces critères.

Considérations économiques :

Dans cette dernière catégorie on retrouvait le coût de la pathologie, les coûts des vaccins

et de leur administration, et le rapport coût-efficacité du programme. Tous les pays sauf la

Chine et la France ont rapporté utiliser ces critères. Pour le cas de la France le comité

précise que ces questions-là sont débattues par le ministère de la santé directement lors du

processus final de décision.

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45

Tableau 1 - Critères rapportés par les GTCV dans la littérature pour décider d'une recommandation

Critère Général

(selon le SAGE) Critère spécifique

Nombre de pays

rapportant ce critère

(n=14)

Nombre de fois que ce

critère est rapporté

Caractéristiques

épidémiologiques de la

maladie

Poids de la maladie (comprend mortalité, morbidité, impact sociétal) 13 30

Existence de groupes à risque 1 1

Potentiel épidémique 5 5

Distribution de sérogroupes ou de

sérotypes 1 1

Caractéristiques cliniques de

la maladie

Nature et caractéristiques de l’agent

infectieux 2 2

Gestion clinique de la maladie 2 3

Complications à long terme de la maladie

1 1

Caractéristiques des vaccins

Caractéristiques et mode de présentation

du vaccin 4 5

Efficacité (théorique) 4 5

Efficacité (pratique) et impact sur la population

5 9

Effets indirects 2 3

Sécurité 5 6

Calendriers vaccinaux 1 1

Disponibilité du vaccin 4 8

Acceptabilité sociale et pratique du

calendrier 2 3

Opportunité pour le système

de santé

Opportunité de l’intervention et ses

interactions éventuelles avec d’autres politiques de santé

5 14

Considérations économiques

Coût de la maladie 2 2

Coût des vaccins et de leur distribution 4 5

Rapport coût efficacité de la vaccination 12 17

Accessibilité financière de l’intervention 6 6

Notion d’implémentation et

de politiques de santé

Stratégies et objectifs 1 2

Priorité de la vaccination 4 5

Faisabilité du programme 3 5

Considérations légales 2 2

Considérations politiques 1 1

Questions de recherche 1 4

Evaluation 2 6

Critères socio-culturels

Acceptabilité de la vaccination 3 3

Considérations éthiques 1 1

Equité 6 7

TOTAL 163

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47

Tableau 2 - Nombre de fois où un critère est rapporté dans chaque catégorie du SAGE et suivant les pays

Pays Caractéristiques

cliniques

Considérations

économiques

Caractéristiques

épidémiologiques de la

maladie

Notion

d’implémentation et

de politiques de santé

Opportunités pour le

système de santé

Critères

socio-

culturels

Caractéristiques des

vaccins Total

CANADA 4 6 3 17 8 3 19 60

CHINE 7 1 8

FINLANDE 1 1 1 2 5

FRANCE 4 1 5

HONDURAS 2 4 1 7

IRAN 5 3 1 1 10

SULTANAT D’OMAN 4 1 5

AFRIQUE DU SUD 4 4 1 9

COREE DU SUD 1 2 3 5 11

SRI-LANKA 1 1 1 3

SUISSE 2 4 5 1 2 2 16

THAILANDE 1 1 1 2 3 8

PAYS-BAS 1 1 1 1 3 7

USA 1 1 2 2 3 9

Total 6 30 37 25 14 11 40 163

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49

5. Discussion

Nous avons mis en évidence qu’un très grand nombre de critères étaient utilisés par les GTCV

pour aboutir à une décision, et que les notions d’importance de la pathologie, de

caractéristiques des vaccins et d’économie étaient les plus représentées. Les deux premières

catégories tendent à refléter la concentration des expertises des membres des comités autour

des disciplines de l’épidémiologie et de la vaccinologie. L’importance des considérations

économiques est pour autant assez surprenante car cette expertise est souvent assez peu

représentée au sein de ces comités (43).

Dans un document, le SAGE a défini les critères spécifiques qui devraient être pris en

considération lors de l’élaboration d’une recommandation au niveau global. Si l’on se penche

sur ces critères, on constate qu’ils sont assez similaires à ceux rapportés par les GTCV, bien

que certains n’aient jamais été déclarés par les pays, à savoir : les variations épidémiologiques

au cours du temps, la capacité de suivi de l’impact du programme, l’occurrence de la

pathologie au cours du temps, l’implication en terme de santé primaire/secondaire/tertiaire, la

propension à toucher la population cible, les problématiques logistiques et de chaîne du froid

et la probabilité d’obtenir un réduction du prix des vaccins. A contrario, seuls les GTCV se

penchent sur les questions suivantes lors de l’élaboration de leurs recommandations : les

caractéristiques et la présentation du vaccin, les stratégies et objectifs du programme, la

priorité de la vaccination en comparaison aux autres interventions de santé, la faisabilité du

programme, les considérations politiques, les questions de recherche, l’évaluation du

programme, l’acceptabilité de la vaccination et l’équité.

Nous avons par ailleurs identifié trois documents qui présentaient les critères que les GTCV

devraient prendre en compte lors de l’élaboration d’une recommandation. Dans le premier

article (44), la méthodologie a était décrite et comprenait une discussion par un groupe

d’experts de différentes disciplines (microbiologie, immunologie, épidémiologie, sécurité des

vaccins et économie de la santé). Les deux autres articles (45,46) ne décrivaient pas leur

méthodologie. Nous avons constaté des différences entre les critères recommandés par les

experts et ceux effectivement rapportés par les pays. Par exemple les questions de logistique

et de chaîne du froid ne sont jamais évoquées par les GTCV eux-mêmes, et ce très

probablement parce qu’ils ne sont jamais chargés de la mise en place technique des

programmes, mais aussi du fait de leur manque d’expertise en la matière. A l’inverse, les

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articles de ces experts ne rapportaient pas la prise en compte de critères tels que l’accessibilité

financière ainsi que les questions socio-culturelles telles que l’acceptabilité ou l’éthique, alors

que ces derniers éléments semblent très importants pour les GTCV.

Pour finir, l’OMS a publié deux documents sur le sujet, publiés en 2000 (47) et 2005 (48).

L’article de 2005 a été écrit afin d’aider d’une part les décideurs publics à introduire un

nouveau vaccin, et d’autre part les gestionnaires de programmes dans l’implémentation dudit

programme. Les critères dont la prise en compte dans la décision d’introduire un nouveau

vaccin était suggérée, comprennent les notions de priorité de santé publique, de

caractéristiques des vaccins, d’interaction avec les programmes existant et enfin d’impact

financier. L’article daté de 2000 a été écrit par le bureau régional Ouest-Pacifique de l’OMS.

Dans ce dernier sont énumérées un certain nombre de questions auxquelles le GTCV doit

répondre avant toute décision de recommandation. Ces questions sont rapportées ci-dessous :

- Est-ce que la maladie représente un problème de santé publique ?

- Est-ce que la vaccination est la meilleure stratégie de lutte contre cette maladie ?

- Le programme de vaccination fonctionne-t-il bien ?

- Quel sera l’impact net de la vaccination ?

- Quelles ressources additionnelles seront nécessaires ?

- Cela aura-t-il un impact sur la crédibilité du programme national de vaccination déjà

existant ?

- Est-ce que la vaccination représente un investissement intéressant ?

- Comment le programme va-t-il être financé ?

- Comment le programme va-t-il être implémenté ?

On constate que, globalement, les critères rapportés dans ces deux derniers documents de

l’OMS sont similaires à ceux rapportés par les pays eux-mêmes. Pour autant quelques

différences méritent d’être soulignées. On ne retrouve en effet aucune notion de critères

socio-culturels ou d’implémentation dans ces articles. A l’inverse les pays n’ont jamais

évoqué les notions de l’impact sur la crédibilité des programmes déjà existant.

Cette analyse de la littérature présente de nombreuses limites, la première étant qu’il semble

qu’aucune étude n’ait jamais cherché à étudier les critères utilisés par les GTCV à l’aide

d’une méthodologie rigoureuse ; il est possible que certains pays utilisent des critères ou des

protocoles non publiés dans la littérature. Ceci se reflète dans le fait que nous avons trouvé

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dans nos recherches seulement deux articles qui, de manière spécifique, s’intéressaient au

sujet des critères à prendre en compte lors de l’élaboration des recommandations. Par ailleurs

cette étude s’est limitée aux articles écrits en français, anglais et espagnol. Il est possible que

des données pertinentes aient été publiées dans d’autres langues. Enfin les critères décrits sont

principalement issus de comités provenant de pays riches, il est donc possible que ces derniers

diffèrent dans des pays à revenus moins importants.

6. Conclusion

Cette enquête sur les données de la littérature nous a permis de retrouver dans le fond assez

peu d’informations sur les critères utilisés par les GTCV dans l’élaboration de leurs

recommandations. On estime qu’il doit exister approximativement 60 comités dans le monde

(43), et nous n’avons trouvé des informations sur ce sujet que pour 14 d’entre eux. Ce manque

d’information traduit vraisemblablement plusieurs réalités. Tout d’abord ce domaine des

politiques de santé est assez nouveau, ensuite les GTCV ne perçoivent pas toujours l’intérêt

de publier ces données, et enfin certains pays considèrent ces données comme confidentielles,

notamment les questions économiques.

Du fait de ce manque de données, il est difficile de savoir si les GTCV utilisent une

méthodologie formellement définie pour décider de leurs recommandations ou plutôt un

processus plus flexible.

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Chapitre 2 - Enquête auprès des GTCV

La principale conclusion de l’étude qui vient d’être exposée étant qu’il n’existe au fond que

peu d’informations publiées sur les critères et la méthodologie utilisés par les GTCV dans

l’élaboration de leurs recommandations, nous avons décidé de mener une enquête ad-hoc

auprès de GTCV existants, qui permettrait de comprendre de façon plus précise le comment

des décisions prises.

1. Objectifs

L’objectif principal de cette étude est de collecter des informations sur les critères utilisés par

les GTCV pour établir leurs recommandations, avec dans l’idée que les informations

collectées puissent servir par la suite à l’élaboration d’une base de travail (ou d’un point de

départ) utile aux GTCV récemment formés ou désirant modifier leur méthodologie actuelle, et

ainsi renforcer leur processus de prise de décision.

Trois objectifs secondaires ont aussi été identifiés :

- Evaluer l’importance et le poids de chaque critère dans la prise de décision finale,

- Décrire les critères suivant certaines caractéristiques des GTCV (localisation

géographique, niveau de développement économique du pays, date d’établissement du

GTCV),

- Identifier les raisons pour lesquelles certains critères ne sont pas utilisés.

2. Méthodologie

a. Population

Les personnes ciblées par cette enquête étaient les Présidents/Responsables des GTCV et/ou

les responsables du secrétariat scientifique de ces derniers (si les précédents n’étaient pas

joignables ou pas les mieux placés pour répondre à l’enquête car trop récemment nommés et

manquant donc d’un peu d’expérience). L’étude incluait un échantillon de GTCV issus de

pays de diverses régions, aux statuts de développement socio-économique variés et ayant des

durées d’existence variables. Le nombre cible de GTCV à inclure était de 24.

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53

Concernant la définition de ce qui était considéré comme un GTCV, comme aucune définition

consensuelle n’existe, nous avons décidé de prendre en compte des caractéristiques générales.

Si des critères trop stricts avaient été appliqués, nous aurions eu trop peu de GTCV

potentiellement candidats (car peu auraient été considérés comme fonctionnels). A l’inverse si

des critères trop vagues avaient été utilisés, notre étude aurait inclus des comités qui n’étaient

pas vraiment des GTCV. C’est pour cela que la complétion des « process indicators »

développés par l’OMS et ses partenaires (dans le WHO-UNICEF Annual Joint Reporting

Form21

; JRF) a été prise en compte. Ces indicateurs sont les suivants :

- Existence d’une base légale ou administrative au GTCV

- Existence de statuts écrits

- Large champs de spécialités représentées au sein du comité

- Nombre de rencontres annuelles

- Envoi d’un agenda/ordre du jour au moins une semaine avant les rencontres

- Obligation de signaler tout conflit d’intérêts

a. Variables

Le questionnaire utilisé (en anglais) est présenté dans l’annexe 2.

Quatre catégories de variables ont été renseignées :

- Les variables décrivant la personne répondant au questionnaire (nom, âge, rôle dans le

GTCV…),

- Les variables permettant de caractériser le GTCV (pays, nom, date de création…),

- Les variables décrivant le processus de décision (existence d’une méthodologie

validée, procédure employée…),

- Les critères utilisés pour formuler les recommandations.

Les questionnaires ont été testés auprès de trois comités avant d’être définitivement validés.

b. Sélection des GTCV

Une procédure étape par étape a été conduite pour chaque région OMS. La première étape

consistait à classer les pays suivant leur niveau de développement économique (en utilisant les

données de la Banque Mondiale) en deux groupes :

21

http://www.who.int/immunization_monitoring/routine/joint_reporting/en/index.html

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54

- Bas niveau de revenus (comprenant les sous-groupes « Low Income Countries » et

« Lower middle Income Countries » de la Banque Mondiale),

- Haut niveau de revenus (comprenant les sous-groupes « Higher middle Income

Countries » et « High Income Countries » de la Banque Mondiale).

Une fois cette classification réalisée, avec l’aide des bureaux OMS de chaque région, tous les

pays ayant un GTCV ont été sélectionnés. Les pays n’en ayant pas ont été de fait exclus.

Enfin, pour chaque région OMS, quatre GTCV devaient être sélectionnés pour l’étude (deux

pour le groupe « bas niveau de revenus » et deux pour le groupe « haut niveau de revenus »),

en prenant en compte des critères tels que la durée d’existence, le caractère représentatif pour

la région ainsi que l’avis général des bureaux régionaux de l’OMS, pour un total de 24 GTCV

(quatre dans chacune des six régions). Les GTCV sélectionnés ont donc été choisis et non pas

tirés au sort. Ce processus de sélection est résumé dans la figure 13 ci-dessous.

Figure 13 : Représentation du processus de sélection des GTCV inclus dans l'étude.

Régions OMS

Bas niveau de revenus

Oui

Sélection de 2 pays

Non

Haut niveau de revenus

Oui

Sélection de 2 pays

Non

Niveau de

développement

économique

Existence d’un

comité ?

Comité

fonctionnant

bien ?

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c. Recueil des données

L’identification des personnes contacts a été réalisée avec le concours des bureaux régionaux

de l’OMS. Le remplissage des questionnaires a été réalisé par téléphone. Toutes les personnes

cibles (en premier lieu les présidents des GTCV, puis, si nécessaire, les responsables des

services administratifs impliqués le cas échéant) ont d’abord reçu par courrier électronique un

exemplaire du protocole de cette enquête précisant les motivations et les objectifs. Une

demande d’entretien officielle était jointe. Si le contact ne répondait pas au message

électronique, trois tentatives de contact téléphonique étaient réalisées, à différents horaires,

sur une période de deux semaines. Si le Président du GTCV n’était pas joint à l’issue de cette

procédure, la même procédure était appliquée au responsable du service administratif le

secondant dans le travail du GTCV le cas échéant. A noter que les présidents des GTCV

nommés depuis moins d’une année étaient exclus.

Une seule personne a réalisé les enquêtes pour assurer la cohérence et la reproductibilité des

entretiens. Les questionnaires ont été remplis au cours d’entretiens téléphoniques, dans trois

langues : anglais, espagnol et français.

d. Analyse des données

L’analyse des résultats comprenait notamment :

- Une description générale des personnes ayant répondu au questionnaire,

- Une description des critères utilisés pour élaborer une recommandation,

- Une description des critères ainsi que de la méthodologie employée suivant :

o Le niveau de développement socio-économique,

o La date d’établissement du GTCV,

o La localisation géographique,

o La « qualité » du GTCV suivant les « process indicators » de l’OMS, à savoir :

le GTCV a-t-il des statuts définis, a-t-il une existence légale, combien de

domaines d’expertise y sont-ils représentés, existe-t-il un support administratif

aux travaux…

e. Calendrier

Le questionnaire et le protocole d’étude ont été développés durant le début de l’année 2011.

Le recueil des données a eu lieu entre les mois de mai et septembre 2011.

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56

3. Résultats

a. Pays sélectionnés

Le processus de sélection précédemment décrit a été réalisé. L’objectif était d’inclure 24 pays

(quatre pour chacune des régions OMS). Au final, seuls 19 pays ont été retenus comme

candidats potentiels à cette enquête. La principale raison expliquant ce nombre résulte tout

simplement de la faiblesse du nombre de ces GTCV dans certaines régions du monde (et

notamment en Afrique). Les 19 pré-sectionnés ont été choisis en concertation avec les

bureaux OMS des régions concernées. Sur ces 19, 13 ont effectivement participé à l’enquête.

Le tableau ci-dessous présente la liste des GTCV présélectionnés et renseigne sur ceux qui ont

effectivement participé à la présente étude.

Les six GTCV présélectionnés qui n’ont pas été inclus l’ont été pour les motifs suivants :

- La Côte d’Ivoire en raison de son contexte politique de l’époque (crise des élections

présidentielles de 2011),

- La Mongolie car le comité n’avait à l’époque jamais produit de recommandations,

- Le Soudan, la Thaïlande, l’Australie et la Corée du Sud car ils n’ont jamais donné

suite aux mails et tentatives de contact téléphonique.

La figure 14 ci-après décrit ce processus.

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57

Tableau 3 - Liste des pays présélectionnés, (en gras, ceux qui ont été inclus)

Région OMS Niveau de développement économique Pays Inclusion

Afrique Bas niveau de revenus Côte d’Ivoire Non

Haut niveau de revenus Afrique du Sud Oui

Méditerranée Bas niveau de revenus Jordanie Oui

Pakistan Oui

Soudan Non

Europe Haut niveau de revenus

France Oui

Allemagne Oui

Macédoine Oui

Pays-Bas Oui

Slovénie Oui

Amérique Haut niveau de revenus

Canada Oui

USA Oui

Bas niveau de revenus Honduras Oui

Asie du Sud-Est Bas niveau de revenus Indonésie Oui

Sri Lanka Oui

Thaïlande Non

Asie-Pacifique Haut niveau de revenus

Australie Non

Corée du Sud Non

Bas niveau de revenus Mongolie Non

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58

Figure 14: Détails du résultat du processus de sélection des GTCV

b. Caractéristiques des répondants et des GTCV

Les répondants à cette étude étaient pour majorité des hommes (8/13). Huit étaient membres

du GTCV eux-mêmes et cinq membres du secrétariat rattaché. La durée moyenne en poste

dans le GTCV (pour les membres) était de 8 ans, avec une ancienneté moyenne au poste

occupé lors de l’enquête de 4 ans. Dans l’ensemble de cette partie les GTCV seront décrits

globalement et une analyse par sous-groupe sera réalisée uniquement suivant le niveau de

revenus des pays (Haut niveau de revenus versus Bas niveau de revenus). Bien qu’il ait été

prévu d’analyser aussi les résultats suivant d’autres critères (ancienneté, indicateurs qualité),

ceci a été volontairement abandonné du fait du faible nombre de comités inclus et de la

difficulté à tirer des conclusions de petits nombres de pays.

Nombre cible à inclure (n=24)

GTCV

préselectionnés (n=19)

GTCV

inclus (n=13)

Exclu du fait du contexte politique

(n=1)

Exclus car pas de réponse (n=4)

Exclu car n'a pas fait de recommendations

encore (n=1)

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Concernant les GTCV inclus, leur date de création s’étendait de 1962 pour le plus ancien (Sri

Lanka) à 2011 pour le plus récent (Slovénie). Huit GTCV sur 13 ont été créés avant l’année

2000. Le nombre moyen de réunions organisées au cours de la dernière année (2010) était de

4,25 (médiane=3, limites [2 ; 9]), et de 12,25 au cours des 3 dernières années (médiane=11,

limites [7 ; 24]). Onze GTCV sur 13 (85%) rapportaient avoir des statuts formels, et à peine

plus de la moitié de ces statuts étaient publiquement consultables. Douze GTCV sur 13 (92%)

rapportaient avoir une base légale ou administrative, mais cette dernière n’était publiquement

consultable que dans à peine plus de la moitié des cas. Enfin la quasi-totalité (92%)

bénéficiait de l’appui d’un secrétariat.

Ces informations sont rapportées dans le tableau 4 ci-dessous.

Tableau 4 - Caractéristiques légales des GTCV inclus

Ensemble

(n=13)

Haut niveau de

revenus

(n=8)

Bas niveau de

revenus

(n=5)

Existence d’une base légale 12 (92%) 7 (87%) 5 (100%)

Documents légaux publiquement

consultables 7 (54%) 6 (75%) 1 (20%)

Existence de statuts formels 11 (85%) 6 (75%) 5 (100%)

Statuts publiquement consultables 7 (54%) 6 (75%) 1 (20%)

Soutien d’un service administratif 12 (92%) 7 (87%) 5 (100%)

Les caractéristiques des GTCV ont été aussi décrites suivant le groupe d’appartenance (hauts

revenus versus bas revenus). On remarque peu de différences entre les deux groupes, mise à

part dans leur tendance à rendre les documents administratifs publiquement consultables. Les

pays à hauts revenus rendent public de manière beaucoup plus fréquente ces documents (bases

légales, statuts).

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60

Concernant la composition des GTCV, la répartition des compétences est rapportée dans le

tableau 5. On constate que la totalité des GTCV avaient en leur sein des spécialistes en

infectiologie, pédiatrie et santé publique. A l’inverse ils sont peu nombreux à bénéficier des

avis de logisticiens, sociologues, gynécologues. A noter aussi que moins de la moitié des

GTCV bénéficiaient des services d’économistes de la santé. La composition détaillée des

GTCV est rapportée dans le tableau 5.

Tableau 5 - Expertises représentées au sein des GTCV

Expertise Comités (n=13)

Maladies Infectieuses 13 (100%)

Pédiatrie 13 (100%)

Epidémiologie/Santé Publique 13 (100%)

Microbiologie/Virologie 11 (85%)

Médecine Générale 9 (69%)

Economie de la santé 6 (46%)

Logistique 4 (31%)

Médecine Interne 4 (31%)

Sociologie 3 (23%)

Gynécologie-Obstétrique 3 (23%)

Autres 1 (8%)

c. Description des processus de décision

Onze GTCV sur les 13 inclus (85%) déclaraient avoir recours à des sous-groupes de travail se

réunissant en dehors des séances plénières et devant traiter de certaines questions spécifiques.

Plus des deux tiers ont déclaré utiliser une procédure fixée et formelle pour élaborer leurs

recommandations. Ces pays sont les suivants : Canada, Indonésie, Honduras, Jordanie, Pays-

Bas, Pakistan, USA et Sri Lanka. Pour autant, seul un tiers de ces procédures était disponible

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ou consultable publiquement (Canada, Honduras, Pays-Bas et Sri Lanka). Enfin, seulement

sept GTCV, soit juste un peu plus de la moitié, déclaraient procéder à une évaluation des

données utilisées dans le cadre de la prise de décision. Cette évaluation des données de la

littérature était faite en se basant sur le GRADE22

(Grading of Recommendations Assessment,

Development and Evaluation) pour la France, l’Indonésie et les USA. Le Canada, la Jordanie,

la Slovénie et les Pays Bas quant à eux déclaraient utiliser leur propre système d’évaluation.

Ces éléments sont résumés dans le tableau 6 ci-dessous.

Tableau 6 - Caractéristiques générales du processus de décision au sein des GTCV

Ensemble

(n=13)

Haut niveau de

revenus

(n=8)

Bas niveau de

revenus

(n=5)

Existence de groupes de travail 11 (85%) 7 (87%) 4 (80%)

Existence d’une procédure fixe pour

la prise de décision 9 (70%) 4 (50%) 5 (100%)

Procédure consultable publiquement 4 (30%) 2 (25%) 2 (40%)

Evaluation formelle des données

utilisées 7 (54%) 5 (62%) 2 (40%)

Si l’on compare les pays par groupe (hauts revenus versus bas revenus) le seul élément qui

ressort est que les GTCV issus du groupe « bas revenus » utilisent tous une procédure définie

pour établir leurs recommandations. Tous les GTCV adressaient un ordre du jour à leurs

membres au moins une semaine avant les réunions. Enfin, tous les pays sauf deux (l’Afrique

du Sud et la Macédoine) faisaient remplir à leur membre une déclaration de conflit d’intérêt

au moins une fois par an.

22

http://www.gradeworkinggroup.org/

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62

d. Description des critères utilisés

Pour décrire les critères utilisés par les GTCV, nous avons regroupé les critères déclarés lors

des entretiens dans les grandes catégories définies par le SAGE (cf. chapitre précédent).

A titre d’exemple, si un répondant déclarait utiliser le critère suivant : « Poids de la maladie

(incidence, hospitalisation, mortalité, complications, groupes à risque) », ce dernier était

classé dans la catégorie du SAGE: « Caractéristiques épidémiologiques de la maladie ».

La figure 15 ci-dessous nous informe sur l’importance des critères utilisés les uns par rapport

aux autres pour l’ensemble des GTCV inclus. On constate que les critères se référant aux

« caractéristiques épidémiologiques de la maladie » comptent pour environs 20% des critères

rapportés. A l’inverse, les critères se rapportant aux caractéristiques cliniques de la maladie

sont les moins souvent rapportés (7,7%).

Figure 15 : Critères utilisés par les GTCV (en pourcentage du total des critères déclarés)

Si l’on essaie de regarder ces résultats suivant le niveau de revenus des pays on constate que

les proportions sont assez respectées, mis à part pour trois critères où les réponses varient de

manière assez importante. Les pays à hauts revenus déclarent utiliser dans une plus grande

mesure les critères socio-culturels (18,6% versus 6,25%) et les caractéristiques des vaccins

19,8

17,6

15,4 14,3

13,2 12,1

7,7

0

5

10

15

20

25

Caractéristiques

épidémiologiquesde la maladie

Notion

d'implémentationet de politiques

de santé

Caractéristiques

des vaccins

Critères socio-

culturels

Considérations

économiques

Opportunités de

l'intervention etinteraction avec

d'autres

politiques desanté

Caractéristiques

cliniques de lamaladie

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(16,9% versus 12,5%). A l’inverse, les pays à bas revenus semblent attacher plus

d’importance aux considérations économiques (21,9% versus 8,5%). L’ensemble de ces

éléments est représenté dans la figure 16.

Figure 16 : Critères utilisés par les GTCV (en pourcentage du total des critères déclarés) suivant le niveau de

revenus

e. Non utilisation de certains critères

Lors des entretiens, l’investigateur devait identifier si une des grandes catégories d’indicateurs

n’était pas rapportée par la personne interrogée. Il lui était demandé s’il s’agissait d’un oubli,

ou si cela était volontaire, à savoir que le GTCV n’utilisait pas ce critère dans son processus

de décision. La France déclare ne pas utiliser de critères liés à l’implémentabilité car cela

n’est pas un élément que doivent prendre en compte les experts. Dans le même esprit, les

USA ne s’intéressent qu’aux critères en rapport avec la pathologie et avec le vaccin

(efficacité, sécurité, etc). Tous les autres éléments (implémentabilité, aspect socio-culturel,

etc) ne sont pas étudiés. Pour le Pakistan, les critères socio-culturels ne sont pas utilisés car il

est considéré que la vaccination est toujours bien perçue par la population. Enfin la

Macédoine n’utilise pas de considération économique car le GTCV manque de la compétence

humaine dans le domaine. Tous les autres pays utilisent l’ensemble des critères définis par le

SAGE.

20,3

16,9 16,9 18,6

8,5

11,8

6,8

18,7 18,7

12,5

6,25

21,9

12,5

9,4

0

5

10

15

20

25

Caractéristiques

épidémiologiquesde la maladie

Notion

d'implémentationet de politiques de

santé

Caractéristiques

des vaccins

Critères socio-

culturels

Considérations

économiques

Opportunités de

l'intervention etinteraction avec

d'autres politiques

de santé

Caractéristiques

cliniques de lamaladie

Haut niveau de revenus Bas niveau de revenus

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f. Quels sont les trois critères les plus importants ?

Il était demandé aux personnes interrogées de citer les trois critères les plus importants selon

eux dans l’élaboration de leurs recommandations. Ces derniers étaient :

- Les caractéristiques épidémiologiques de la maladie (11/13)

- Les caractéristiques des vaccins (7/13)

- Les considérations économiques (4/13)

Aucun pays n’a rapporté l’utilisation de critères socio-culturels comme un des trois plus

importants.

4. Discussion

Cette deuxième partie de notre travail de recherche est basée sur une enquête auprès de 13

GTCV. Leur description, si on la compare aux critères du JRF, nous informe que nous avons

semble-t-il inclus des comités répondants plutôt bien à ce qui est attendu d’eux:

- Existence d’une base légale ou administrative au GTCV : 12/13

- Existence de statuts écrits : 11/13

- Large champs de spécialités représentées au sein du comité : cf. tableau 5

- Nombre de rencontres annuelles : en moyenne trois, nombre stable au cours des trois

dernières années.

- Envoi d’un agenda/ordre du jour au moins une semaine avant les rencontres : 13/13

- Obligation de signaler tout conflit d’intérêts : 11/13

Ensuite concernant le processus de décision : parmi les GTCV que nous avons inclus, 9 sur 13

utilisent une procédure définie et fixe pour élaborer leurs recommandations, ce qui est une

proportion plutôt importante. Pour autant, seuls quatre pays ont rendu publique leur

méthodologie (Canada, Pays Bas, Honduras et Sri Lanka). Enfin, sept GTCV sur 13 utilisent

un système d’évaluation des données de la littérature. Ce système est parfois le GRADE pour

la France, les USA et l’Indonésie, ou alors un autre système, en général propre au pays. Il

ressort de ces quelques éléments que les GTCV étudiés ici semblent avoir une méthodologie

plutôt robuste dans leur prise de décision, et que les comparaisons suivant les niveaux de

revenus sont peu informatives (groupes trop petits ou proportions équivalentes).

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Enfin concernant l’analyse des critères à proprement parler, il ressort globalement la même

observation que celle que nous avions faite lors de notre revue de la littérature, à savoir la

prépondérance des critères épidémiologiques et de caractéristiques des vaccins, qui

représentent à eux deux plus du tiers des critères rapportés. Ceci est confirmé par la citation

par les répondants au questionnaire de ces deux éléments comme les deux plus importants

dans le processus de décision. On retrouve aussi, comme lors de la revue de la littérature, la

place importante des notions d’implémentabilité de l’intervention. Une comparaison des

critères utilisés suivant le niveau de revenus des pays fait aussi apparaître une information

intéressante : les critères socio-économiques sont plus souvent rapportés dans les pays à

faibles revenus et à l’inverse les critères d’acceptabilité plus souvent dans les pays à hauts

revenus. Ceci peut avoir plusieurs explications : l’accessibilité financière d’un vaccin est

probablement un sujet de préoccupation plus important dans les pays à bas revenus, mais

aussi le manque de personnes ressource dans le domaine doit se faire ressentir à un moment

donné, comme le déclarait la Macédoine qui précise ne pas avoir cette compétence au sein de

son comité. Le fait que les considérations socio-culturelles soient plus souvent prises en

compte dans les pays à hauts revenus peut s’expliquer peut être par l’influence dans ces pays

des associations de malades et d’usagers, et une certaine rigidité du cadre réglementaire.

On constate aussi que les comités se voient principalement comme des entités très techniques,

plus que comme des outils politiques. Le fait que les deux critères les plus importants selon

eux soient les caractéristiques épidémiologiques de la maladie ainsi que les caractéristiques

des vaccins plaident en ce sens.

Les limites de ce travail de recherche sont importantes : Cette enquête est bien entendu loin

d’être exhaustive ni représentative (même si cela n’a jamais été non plus l’objectif principal

de ce travail). Le nombre limité de comités étudiés (13) rend difficile toute

conclusion/généralisation des résultats obtenus. Pour autant il semble que suivant les critères

du JRF, les GTCV inclus puissent être considérés comme robustes. La méthodologie utilisée,

à savoir de réaffecter les critères proposés donnés par les répondants dans les grandes

catégories précédemment définies par le SAGE, doit aussi susciter l’attention. Cette

reclassification est un exercice difficile et certains critères rapportés pouvaient très bien

correspondre à deux catégories du SAGE (à titre d’exemple il était parfois difficile de

distinguer si un critère relevait des « caractéristiques épidémiologiques de la maladie » ou des

« caractéristiques cliniques de la maladie »). Enfin, la très grande variété des décisions prises

par les comités, allant de la vaccination saisonnière contre la grippe à l’introduction du vaccin

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66

contre les oreillons ou la rubéole, en passant par la décision d’ajouter un rappel pour la

vaccination contre le méningocoque, nécessite aussi une interprétation des critères rapportés

assez prudente, même si lors de l’enquête il était bien précisé de transmettre les critères « en

pratique courante par les comités ».

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Partie 3 – Discussion générale

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Alors que la mortalité infanto-juvénile est encore à l’heure actuelle très élevée dans certaines

régions du monde, il est paradoxal de constater que l’outil préventif remarquable que

représente la vaccination n’est malheureusement pas utilisé au maximum de ses capacités.

Selon les dernières données de la littérature, en 2011 les trois quart des presque sept millions

d’enfants mourant chaque année avant l’âge de cinq ans vivent en Afrique sub-saharienne ou

en Asie du Sud-Est. Les maladies à prévention vaccinale telles que les pneumopathies ou les

diarrhées infectieuses ont une responsabilité lourde dans ce bilan. Nous avons vu que des

éléments techniques (pénurie de main d’œuvre, questions logistiques de transport…) et

financiers (prix des nouveaux vaccins, durabilité/viabilité financière des programmes…)

empêchaient, pour le moment, cet outil d’être utilisé au maximum de ses potentialités. Pour

autant, les choses avancent et les grands acteurs internationaux ont compris l’intérêt de la

vaccination et son pouvoir. De très nombreux moyens, comme l’alliance GAVI, ont été mis

en place et l’adoption en Assemblée Mondiale de la Santé en 2012 du Plan d’Action Mondial

pour les Vaccins réitère l’intérêt de la vaccination comme outil primordial de santé publique.

Ce plan a pour ambition de coordonner les politiques de santé internationales dans le domaine

de la vaccinologie mais surtout de remettre la vaccination au centre des approches nationales.

Dans cette logique, les recommandations vaccinales ne doivent plus être énoncées suivant un

processus descendant (organisation internationale – bailleur de fonds – pays) mais doivent

désormais faire le plus possible l’objet d’une décision prise localement et adaptée aux

contextes et caractéristiques particulières de chaque pays.

Dans son premier objectif, le Plan d’Action Mondial pour les Vaccins réitère le besoin de

renforcer ou de mettre en place des organes indépendants d’aide à la décision tels que les

GTCV, afin de guider les politiques et les stratégies des pays sur la base des données

épidémiologiques et des rapports coût/efficacité locaux, chose qui sera à même de promouvoir

une meilleure appropriation de l’outil vaccinal par les pays. En 2010, un groupe de travail

réuni au Robert Koch Institute, à Berlin, avait conclu que le développement collaboratif d’une

méthodologie commune dans l’élaboration des recommandations serait d’une aide précieuse

pour l’ensemble des GTCV (49). Après des années de discussion, le GRADE, système

d’évaluation des données de la littérature, a finalement été amendé de manière à mieux

s’adapter au champs spécifique de l’évaluation des données de la littérature dans le domaine

de la vaccinologie (50), ce qui est déjà une première étape vers une forme d’harmonisation

des pratiques de recommandation.

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Notre travail de recherche s’intègre dans ce contexte d’étude des GTCV. Dans ce travail,

nous avons tout d’abord effectué une revue de la littérature sur les critères utilisés par les

GTCV lors de l’élaboration de leurs recommandations. Nous avons retrouvé dans le fond

assez peu d’informations publiées précisément sur ce sujet. La plupart des articles inclus

décrivaient les GTCV de manière générale et ne s’intéressaient pas à proprement parler au

processus de décision utilisé. Parmi les critères déclarés et analysés, les caractéristiques

épidémiologiques de la pathologie, les caractéristiques des vaccins et les notions économiques

étaient les plus représentées. Notre impression était que les GTCV publiaient assez peu

d’informations quant à leur processus de décision pour diverses raisons (manque de temps,

manque d’intérêt, caractère confidentiel de certaines informations).

C’est dans l’objectif d’en apprendre plus que nous avons ensuite conduit une enquête

prospective auprès de certains GTCV. Notre étude a porté sur 13 GTCV. Ces derniers

répondaient pour la quasi-totalité aux critères du JRF précédemment décrits. Ceci sous-entend

que nous avons inclus des structures à priori fiables et représentatives. Un article récent

rapporte que suivant des données de 2010, il existerait 63 GTCV dans le monde répondant

aux 6 critères du JRF (43). Notre enquête (datant de 2011) a donc porté sur plus le cinquième

de ces structures, ce qui assure une certaine représentativité à nos résultats malgré la petite

taille de l’échantillon. Il est à noter par ailleurs, que le même article évaluait à 23 le nombre

de GTCV en 2008 ; ce quasi triplement en l’espace de deux années est un signal

encourageant.

Notre enquête a permis tout d’abord de confirmer ce qui se dégageait de notre revue de la

littérature, à savoir que les critères les plus importants comprenaient les caractéristiques

épidémiologiques de la maladie ainsi que les caractéristiques des vaccins. On remarque que

les notions d’implémentabilité de l’intervention arrivaient en troisième position alors que cet

élément ne ressortait pas autant lors de notre revue de la littérature. Des différences

intéressantes ont aussi été trouvées à l’analyse plus fine de nos résultats. Les pays à bas

niveau de revenus attachent plus d’importance aux considérations économiques et moins aux

considérations socio-culturelles. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les contraintes

financières y sont de fait plus fortes et plus aigües. On peut aussi légitimement penser que les

populations locales sont moins informées des politiques de santé publique dont la vaccination.

Ceci n’est donc pas pour pousser les comités à prendre ces critères socio-culturels en

considération, même si nous avons vu dans la première partie de notre travail que comme

pour tout, lors des campagnes de vaccination la confiance se perd beaucoup plus vite qu’elle

ne se gagne, et que dès lors une implication et une information des populations restent

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essentielles. Concernant la méthodologie utilisée par les GTCV, il est très intéressant de

constater que la plupart des pays interrogés utilisent une méthodologie fixée et validée pour

élaborer leurs recommandations (9/13). On remarque aussi que les pays à bas revenus ont tous

inclus une telle méthodologie (5/5). Un véritable problème réside à nos yeux dans le caractère

confidentiel des critères et des méthodes utilisés par les pays. En effet, seuls quatre pays ont

publié à ce jour (septembre 2013) leur méthodologie. Ceci est très dommageable à au moins

deux titres. Tout d’abord cela contribue à entretenir certains sentiments de suspicion des

populations. La vaccination est un domaine où la défiance a souvent été forte, que ce soit dans

les pays à haut revenu (51) que dans ceux à bas revenu (à titre d’exemple, au Nigeria les

dernières campagnes de vaccination contre la Polio ont avorté dans le Nord musulman du

pays car des rumeurs circulaient qu’il s’agissait d’une tentative de stérilisation des enfants

musulmans par les Chrétiens (52) ; en Roumanie, les mères sont réticentes à vacciner leurs

filles contre le HPV pensant que l’on teste sur leurs enfants ce vaccin alors que ce pays a la

plus haute incidence de cancers du col utérin d’Europe (53)). Ce manque de transparence

contribue très probablement à entretenir ces suspicions. Ensuite, la non publicité de ces

données est aussi dommageable quand on connaît les difficultés que certains GTCV

rencontrent lors de l’élaboration de leurs premières recommandations. L’accès à de telles

sources serait une aide méthodologique précieuse pour ces derniers.

Enfin, une évaluation formelle des données de la littérature (les évidences), utilisant le

GRADE ou tout autre système, n’avait lieu que dans sept GTCV sur treize, ce qui est pour le

moins assez faible.

Notre travail rentre également en résonnance avec un article publié récemment et rapportant

les résultats d’une étude auprès de 25 GTCV Européens (54). Dans cet article, seuls 10 des 25

GTCV inclus déclaraient utiliser une procédure fixe et définie pour l’élaboration de leurs

recommandations. Les caractéristiques épidémiologiques de la maladie ainsi que les

caractéristiques des vaccins étaient les critères utilisés par la totalité des pays étudiés. Par

contre, l’opportunité de l’intervention et sa potentielle interaction avec les autres politiques de

santé n’étaient déclarés utilisés que par 50% des GTCV et les considérations socio-culturelles

que par 46%. Notre travail de recherche est intéressant en ce sens qu’il confirme les éléments

décrits dans cet article, mais bien que notre échantillon soit plus restreint, le fait d’y avoir

inclus des pays à faibles revenus et des pays d’autres régions géographiques permet d’en

élargir les conclusions.

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Les limites de notre travail sont importantes. Tout d’abord nous n’avons pas pu inclure la

quantité espérée de GTCV pour diverses raisons présentées précédemment. Du fait de la taille

de notre échantillon, certaines analyses en sous-groupe (par région géographique par

exemple) n’ont pas été possibles. Par ailleurs, comme précisé dans la partie précédente, le

travail de réaffectation des critères dans les groupes du SAGE était par moment difficile du

fait de l’ambiguïté de certains termes qui pouvaient parfaitement rentrer dans plusieurs

groupes de critères. Enfin, notre travail ne s’est intéressé qu’au processus de décision des

GTCV, sans pour autant prendre en compte la notion d’efficacité. Un article récent (55)

propose un questionnaire d’autoévaluation à l’usage des GTCV. Cette outil est adapté aux

différents publics évaluant le GTCV (politiques, experts, autorités scientifiques etc.) et

propose une liste d’indicateurs d’auto-évaluation : indicateurs structurels (comment

fonctionne le GTCV…) ; indicateurs de résultat (combien de recommandations ont été

produites…) ; indicateurs d’utilité (les recommandations ont-elles été utilisées…) Il serait

intéressant dans l’avenir de pouvoir recouper les informations d’auto-évaluation avec les

informations de méthodologie afin d’appréhender d’éventuelles corrélations.

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Conclusion

Dans le présent travail, nous avons dressé un portrait du monde de la vaccination et de

l’immunisation à l’échelle mondiale. Nous avons constaté que les potentialités de cette

intervention sont considérables, qu’à elle seule elle peut sauver des millions de vies chaque

année.

La vaccination, bien qu’étant une des interventions de santé publique les plus efficaces n’est

malheureusement toujours pas utilisée aujourd’hui au maximum de ses capacités. Pour autant,

les choses avancent et les grands acteurs internationaux ont compris l’intérêt de cette

intervention ainsi que son pouvoir. L’établissement et le renforcement de GTCV constituent

en cela une étape clé.

Un GTCV une fois créé a le devoir d’émettre des recommandations sur la politique vaccinale

de son pays. Nous avons constaté qu’assez peu d’informations sur le sujet étaient publiées

dans la littérature. Notre enquête confirme que les caractéristiques épidémiologiques de la

maladie ainsi que les caractéristiques des vaccins sont les critères les plus importants dans la

prise de décision. Autre élément essentiel, beaucoup de pays utilisent une méthodologie

définie pour élaborer leurs décisions, mais trop peu la rendent publique. Une harmonisation

des procédures utilisées, voire l’élaboration (par le SAGE par exemple) d’une méthodologie

validée, permettrait à l’ensemble des GTCV de gagner en efficience, et à ceux nouvellement

établis, d’avoir un point de démarrage essentiel à leur activité. Enfin, la vaccination ne pourra

remplir complétement ses missions que s’il y a une accaparation de cet outil par l’ensemble

des populations, comme le réclame par ailleurs le Plan d’Action Mondial pour les Vaccins.

Bien entendu cela passera avant, et surtout par, l’information et l’éducation des populations,

mais il est certain que le développement et la généralisation des GTCV ainsi que l’adoption de

méthodologies validées lors des décisions de recommandation constitueront un incroyable

vecteur de transparence et ceci ne pourra qu’être bénéfique à la cause des vaccins et ainsi

donc au bien-être des populations.

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79

Annexes

Déclaration de l’Assemblée Médicale Mondiale

SOIXANTE-CINQUIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ WHA65.17

Point 13.12 de l’ordre du jour, 26 mai 2012 Plan d’action mondial pour les vaccins

La soixante-cinquième Assemblée Mondiale de la Santé,

Ayant examiné le rapport sur le projet du Plan d’action mondial pour les vaccins ;

Considérant l’importance de la vaccination comme l’une des interventions de santé publique

les plus rentables, celle-ci doit être reconnue comme une composante essentielle du droit à la

santé ;

Reconnaissant les progrès remarquables réalisés en matière de vaccination dans plusieurs

pays pour garantir la vaccination de chaque individu qui doit l’être avec tous les vaccins

adaptés, indépendamment de l’emplacement géographique, de l’âge, du sexe, du handicap, du

niveau d’éducation, du niveau socio-économique, du groupe ethnique ou de l’emploi ;

Se félicitant de la contribution des programmes de vaccination efficaces à la réalisation des

objectifs de santé mondiaux, en particulier pour réduire la mortalité et la morbidité infantiles,

et de leur potentiel de réduction de la mortalité et de la morbidité tout au long de la vie ;

Notant que l’introduction de nouveaux vaccins dirigés contre plusieurs causes importantes de

maladies mortelles majeures telles que la pneumonie, la diarrhée et le cancer du col de

l’utérus peut favoriser l’intensification des interventions complémentaires et créer des

synergies entre les programmes de soins primaires, et qu’au-delà des gains de mortalité, en

prévenant la morbidité, ces nouveaux vaccins auront des retombées économiques même dans

les pays qui ont déjà réussi à réduire la mortalité ;

Notant avec préoccupation qu’en dépit des progrès déjà accomplis, les objectifs d’éradication

et d’élimination des maladies telles que la poliomyélite, la rougeole, la rubéole et le tétanos

maternel et néonatal ne peuvent pas être réalisés sans atteindre et maintenir une couverture

élevée et équitable ;

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Craignant que les pays à revenus faible et moyen, où l’adoption de vaccins disponibles s’est

faite plus lentement, puissent être privés de la possibilité d’accéder à des vaccins nouveaux et

améliorés susceptibles d’être disponibles au cours de cette décennie ;

Alarmée de constater que, globalement, les services de vaccination de routine n’atteignent

pas un enfant sur cinq, et que des lacunes importantes subsistent dans la couverture vaccinale

de routine au sein des pays ;

Rappelant les résolutions WHA58.15 et WHA61.15 sur la stratégie mondiale de vaccination,

1. APPROUVE le Plan d’action mondial pour les vaccins ;

2. Invite instamment les états membres :

- à appliquer la vision et les stratégies du Plan d’action mondial pour les vaccins,

dans le but de développer les vaccins et les composants nécessaires à leur

stratégie et plans nationaux de santé, en accordant une attention particulière à

l’amélioration des performances du Programme élargi de vaccination, et selon la

situation épidémiologique dans leurs pays respectifs ;

- à s’engager à allouer suffisamment de ressources humaines et financières pour

atteindre les objectifs de vaccination et les autres étapes majeures ;

- à présenter chaque année un rapport aux comités régionaux lors d’une session

dédiée à la Décennie de la vaccination, sur les leçons apprises, les progress

réalisés et les défis à relever, ainsi que les mesures mises à jour pour atteindre les

objectifs nationaux de vaccination ;

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Termes Mesh utilisés lors de la revue de littérature:

("Vaccination"[Mesh] [31] OR "Mass Vaccination"[Mesh] OR "Immunization"[Mesh]

OR "Immunization Programs"[Mesh]) AND ("Policy Making"[Mesh] OR "Decision

Making"[Mesh] OR "Decision Making, Organizational"[Mesh])

("Immunization"[Mesh] OR "Immunization Programs"[Mesh] OR "Mass

Vaccination"[Mesh] OR "Vaccination"[Mesh]) AND ("Policy Making"[Mesh] OR

"Decision Making"[Mesh] OR "Decision Making, Organizational"[Mesh] OR "Advisory

Committees"[Mesh])

("Immunization"[Mesh] OR "Immunization Programs"[Mesh] OR "Vaccination"[Mesh])

AND ("Policy Making"[Mesh] OR "Decision Making"[Mesh] OR "Decision Making,

Organizational"[Mesh]) AND "Advisory Committees"[Mesh]

("Vaccination"[Mesh] OR "Mass Vaccination"[Mesh] OR "Immunization"[Mesh] OR

"Immunization Programs"[Mesh]) AND ("Policy Making"[Mesh] OR "Decision

Making"[Mesh] OR "Decision Making, Organizational"[Mesh])

("Immunization"[Mesh] OR "Immunization Programs"[Mesh] OR "Mass

Vaccination"[Mesh] OR "Vaccination"[Mesh]) AND ("Policy Making"[Mesh] OR

"Decision Making"[Mesh] OR "Decision Making, Organizational"[Mesh] OR "Advisory

Committees"[Mesh])

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("Immunization"[Mesh] OR "Immunization Programs"[Mesh] OR "Vaccination"[Mesh])

AND ("Policy Making"[Mesh] OR "Decision Making"[Mesh] OR "Decision Making,

Organizational"[Mesh]) AND "Advisory Committees"[Mesh]

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Questionnaire utilisé lors de l'enquête

As often as possible, questions from parts 1 and 2 (if the information is available) will be

filled in prior to the phone interview by the investigator to gain time for the discussion.

However, this information will be checked with the interviewee.

Part 1: Variables characterizing the respondent (partly filled before the

interview)

1.1 Name :

1.2 Gender: Male Female

1.3 Profession:

1.4 Title:

1.5 Role in the committee (if member of the committee):

1.6 Number of years serving in this position (if member of the committee):

1.7 Number of years serving on the committee:

Part 2: Variables characterizing the NITAG

2.1 Country:

2.2 Formal name of the committee:

2.3 Year of creation:

2.4 Does the committee have formal terms of reference?

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YES NO

If yes, are those terms of reference available for external consultation?

YES NO

If yes, where?

2.5 Is there a legislative or administrative basis for the formation of the NITAG?

YES NO

If yes, is this available for external consultation?

YES NO

If yes, where?

2.6 Which areas of expertise are represented on the NITAG?

Infectious disease

Pediatric

Microbiology/virology

Epidemiology/public health

General medicine

Geriatric

Gynecology/obstetric

Internal medicine

Health economics

Sociology

Logistic

Other: _______________________________________________________

2.7 How many meetings were convened in 2010?

2.8 How many meetings were convened during the 3 last years? (2008, 2009, 2010)

2.9 Last year, was an agenda distributed to NITAG members before each meeting?

YES NO

2.10 Is a declaration of conflict of interest completed by all NITAG members yearly?

YES NO

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2.11 Is there an executive secretariat that supports the NITAG’s activities?

YES NO

If yes, which institution is in charge of the secretariat?

Part 3: Variables characterizing the decision making process

3.1 Is a formal agenda of issues to be discussed created for each meeting?

YES NO

3.2 How are final recommendations adopted at the end of plenary discussion?

Vote Consensus Both Other, specify

3.3 Are ad hoc working groups established to discuss certain specific topics prior to the

plenary discussion?

YES NO

3.5 How do you proceed with the ranking of evidences?

GRADE ranking system

Other specific ranking system

No ranking system

3.6 Does the NITAG have a formal framework specifying the criteria used to make

recommendations?

YES NO

If yes:

Is this framework published?

YES NO (if yes, where?)

When is it used?

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For working groups? In plenary sessions? Both?

Is it used for all recommendations?

YES NO

If no, when is it used?

3.7 Are there national data available for making recommendations?

YES NO

Part 4: Variables characterizing the criteria used to formulate a recommendation

4.1 Could you specify all the criteria that were considered during the past 3 years to make

recommendations? (any kind of recommendation: schedule modification introduction of

new vaccines, recommendation for specific populations…)

Based on the criteria found in the literature review(tables 1 & 2), the investigator will mention

to the interviewee the criteria, which were not reported to him.

The investigator will then question the interviewee regarding the non-use of these criteria

4.2 Could you explain why these criteria are not considered?

Is it because you omitted to mention them?

Is it because you never use them? If so, why?

4.3 When a criterion is not well defined, further details will be requested.

Example: The interviewee responds “burden of disease” or “disease characteristic”, the

investigator has to request more details:

What does “burden of disease” mean to you?

- General epidemiology (incidence, prevalence, death rate…)

- Risk factors

- Hospitalization rate

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- Socioeconomic distribution

- Epidemic potential

- other

What does “disease characteristics” mean to you?

- Nature and characteristic of the infectious agent

- Clinical manifestations of the disease

- Social impact of the disease, including intensity of suffering, frequency

sequelae…

- other

4.4 Which are the 3 most important criteria?

4.5 Could you specify 2 recommendations made during 2010?

4.6 Which criteria were used to make each recommendation?

4.7 Which criteria are used to select a decision for the agenda?

When a criterion is not well defined, further details will be requested.

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ANNEE : 2013/2014

NOM ET PRENOM DE L’AUTEUR: DEDET Guillaume

PRESIDENT DE THESE : Pr François BRICAIRE

DIRECTEUR DE THESE : Dr Kamel SENOUCI

TITRE DE LA THESE :

Critères utilisés par les Groupes Techniques Consultatifs Nationaux pour la Vaccination (GTCV) pour

établir des recommandations de politique vaccinale : étude bibliographique et sur questionnaire dans 13

pays.

La vaccination, bien qu’étant une des interventions de santé publique les plus efficaces qui soit n’est

malheureusement toujours pas utilisée aujourd’hui au maximum de ses capacités. Pour tenter d’inverser cette

tendance beaucoup de pays dans le monde se dotent de GTCV, institutions indépendantes en charge d’élaborer les

recommandations vaccinales propres à chaque contexte. Le présent travail a pour objet de décrire les critères utilisés

par les GTCV pour élaborer leurs recommandations. Pour cela, nous avons dans un premier temps effectué une

revue de la littérature, puis une enquête auprès de 13 GTCV dans le monde. Nous avons constaté qu’assez peu

d’informations sur le sujet sont publiées dans la littérature. Notre enquête rapporte que les caractéristiques

épidémiologiques de la maladie ainsi que les caractéristiques des vaccins sont les critères les plus importants dans la

prise de décision. Autre élément essentiel, beaucoup de pays utilisent une méthodologie définie pour élaborer leurs

décisions, mais très peu la rendent publique, entretenant probablement un sentiment de manque de transparence. Il

serait à nos yeux nécessaire que les institutions internationales se saisissent de cette question et tentent d’harmoniser

les procédures, voire d’élaborer une méthodologie validée qui permettrait à l’ensemble des GTCV de gagner en

transparence, et aux comités qui s’établissent de plus en plus d’avoir un référentiel leur permettant de démarre leurs

activités dans les meilleures conditions.

Criteria used by National Immunization Technical Advisory Groups (NITAGs) when setting up

immunization recommendations: a literature review and survey among 13 countries.

Although vaccination is one of the most effective public health interventions ever, it is not used today to its

maximum capacity. In order to try to reverse this trend, more and more countries in the world set up NITAGs,

which are independent committees in charge of issuing immunization recommendations specific to each context.

The aim of this work is to describe the criteria used by NITAGs when elaborating recommendations. We conducted

a literature review and secondly a survey among 13 NITAGs throughout the world. We found very scarce published

information on that issue in the scientific literature. Our survey reports that epidemiological feature of the disease

and vaccines characteristics are the main criteria taken into consideration in deciding whether or not recommending

a vaccine. Another interesting finding is that a lot of countries use a formal methodology to elaborate their

recommendation but very few make it publicly available, this leading somehow to a feeling of lack of transparency.

It would be interesting if international organization took the lead on that topic and tried to harmonize what is done

in different committees. This would be beneficial for newly established committees facing methodological

difficulties when they start their activities and would also increase transparency, which is a key factor in any

immunization policies.

MOTS-CLES : - Programmes de vaccination / Immunization programs

- Directives de santé publique / Health planning guidelines

- Prise décision institutionnelle / Decision making, organizational

- Collecte de données / Data collection

ADRESSE DE L’U.F.R. : 8, Rue du Général Sarrail, 94010 CRETEIL