19
UNIVERSITES PARIS V VI XI XII ________________________________________________________________ MEMOIRE pour le DIPLOME INTER-UNIVERSITAIRE DE PEDAGOGIE MEDICALE par Virginie LAMBRECQ Département de Neurophysiologie Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière Charles Foix présenté le 24 octobre 2017 Renforcer la connaissance de l’EEG chez des étudiants en médecine à travers un enseignement pratique

UNIVERSITES PARIS V VI XI XII - chups.jussieu.fr · Objectif. L’objectif de ce mémoire de pédagogie était d’évaluer la mise en place d’un ... EEG de sieste après privation

Embed Size (px)

Citation preview

 UNIVERSITES PARIS V VI XI XII

________________________________________________________________

MEMOIRE

pour le

DIPLOME INTER-UNIVERSITAIRE

DE PEDAGOGIE MEDICALE

par

Virginie LAMBRECQ

Département de Neurophysiologie Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière Charles Foix

présenté le 24 octobre 2017

Renforcer la connaissance de l’EEG

chez des étudiants en médecine

à travers un enseignement pratique

1. Résumé

Contexte. L'électroencéphalogramme (EEG) est un outil mal connu et pourtant essentiel dans

la prise en charge des épilepsies et de nombreuses atteintes cérébrales. Très souvent, les

étudiants ne connaissent ni ses modalités, ni ses indications, ni ses applications plus récentes

en clinique et en recherche.

Objectif. L’objectif de ce mémoire de pédagogie était d’évaluer la mise en place d’un

enseignement pratique de l’EEG destiné à des étudiants en médecine au cours de la première

année du Diplôme de Formation Approfondie en Sciences Médicales (DFASM1).

Matériel et méthodes. Enseignement pratique sur un faible effectif d’étudiants en médecine

dans le cadre d’une UE librement choisie. Le contenu de l’enseignement couvrait différents

aspects d’utilisation de cet examen, en clinique et en recherche. Une évaluation objective

évaluant les connaissances avant et après la formation et une évaluation subjective ont été

réalisées.

Résultats. L’évaluation objective a montré une amélioration de leurs connaissances après la

formation. L’évaluation subjective a montré l’intérêt des étudiants pour l’apprentissage de

nouvelles connaissances autour de l’EEG.

Conclusion. L’unité d’enseignement librement choisie représente un bon format

d’enseignement pour aborder en petits effectifs une discipline spécifique. Un enseignement

pratique et actualisé de l’EEG nous apparait pertinent au cours du 2e cycle des études

médicales.

   

1  

2. Introduction

2.1. Généralités

L'électroencéphalogramme (EEG) consiste à recueillir l’activité électrique cérébrale au

moyen d’électrodes placées sur le scalp, qui captent des différences de potentiel électrique

entre deux électrodes. Les premiers signaux de l’EEG chez l’homme ont été enregistrés en

1924 par Hans Berger, neurologue et psychiatre à l’université d’Iéna en Allemagne.

L’utilisation de l’EEG en pratique clinique n’a été possible qu’à partir des années 1960 avec

le développement des amplificateurs. L’EEG permet actuellement l’exploration fonctionnelle

des activités cérébrales corticales, utilisée de façon quotidienne pour le diagnostic, le suivi et

la prise en charge thérapeutique de nombreuses pathologies cérébrales. Il permet d’évaluer

l'activité bioélectrique cérébrale à des fins cliniques, thérapeutiques ou de recherche.

2.2. Les différents examens et les indications en pratique clinique

La pratique de l’EEG a considérablement évolué ces dernières années pour optimiser les

évaluations diagnostiques, pronostiques et d’aide à la décision thérapeutique avec le couplage

de plus en plus systématique à des enregistrements vidéo, l’utilisation d’enregistrements de

longue durée (EEG-vidéo de 4 heures permettant l’évaluation d’événements cliniques

fréquents, EEG de sieste après privation de sommeil, EEG-vidéo de plusieurs jours pour

l’évaluation préchirurgicale des épilepsies pharmacorésistantes), les enregistrements sur un

appareillage portable (EEG ambulatoire, Holter-EEG) (André-Obadia et al., 2014). Ainsi,

l’EEG revêt une importance particulière dans la décision thérapeutique, car il contribue à

guider les prescriptions médicamenteuses, voire la décision chirurgicale dans l’épilepsie

pharmacorésistante (Jayakar et al., 2016). Plus récemment, se met en place, dans quelques

centres français, la surveillance continue de l’EEG en réanimation. Celle-ci doit faciliter la

détection des crises asymptomatiques pour des patients en situation d’état de mal, afin

d’adapter les traitements antiépileptiques et anesthésiants le plus rapidement possible et

contrôler la réapparition de crises lors de la levée de sédation (André-Obadia et al., 2015).

Dans certaines situations, l’EEG est tout particulièrement recommandé (par exemple,

suspicion clinique de crises d’épilepsie, troubles de la conscience, état confusionnel,

dégradation cognitive récente) puisqu’il permettra, par exemple, de confirmer un diagnostic

d’épilepsie, de distinguer une encéphalopathie d’un état de mal non convulsif, de détecter une

encéphalite ou une maladie de Creutzfeldt-Jakob. Son intérêt est aussi bien démontré dans le

   

2  

diagnostic de mort cérébrale, l’évaluation de certains troubles du sommeil ou avant l’arrêt des

traitements antiépileptiques.

2.3. Son utilisation en recherche

Sur le plan de la recherche, de nouveaux développements de l'EEG permettent des avancées,

soit cliniques, soit physiopathologiques dans la compréhension des mécanismes cérébraux.

Sur le plan clinique, des vêtements connectés sont actuellement en cours d’évaluation pour

augmenter les capacités du diagnostic ambulatoire. Sur le plan thérapeutique, l’EEG va

permettre le développement d’une nouvelle technique chirurgicale, comme traitement

alternatif à la chirurgie de résection classique pour les patients présentant une épilepsie

pharmacorésistante. Des électrodes EEG intracérébrales permettront de guider la sonde laser

uniquement vers la zone cérébrale épileptogène (Mathon et al., 2015).

Sur le plan physiopathologique, l'EEG permet une exploration fonctionnelle du cerveau. Par

exemple, l’utilisation d’outils innovants comme les microélectrodes permettent d’enregistrer

chez des patients éveillés des neurones individuels au cours de tâches cognitives et de suivre

l’activité neuronale "online" chez des adultes éveillés (Fried et al., 1999). Cet outil permet

d'identifier les corrélats neuronaux des processus cognitifs, des émotions ou des

comportements, à l'échelle de la cellule.

2.4. L’enseignement de l’EEG, comment est-il enseigné ?

Malgré le regain incontestable de cet examen, tant à des fins cliniques que de recherche, ces

dernières décennies, il reste mal connu des étudiants en médecine. Par exemple, à l’UPMC,

un nombre limité d'heures est consacré à son enseignement, le plus souvent théorique. Les

étudiants reçoivent en général des connaissances fondamentales sur l’EEG au cours des

enseignements intégrés par appareil en DFGSM2 (physiologie) et des notions cliniques lors

des certificats de pathologie en DFGSM3 (épilepsie). L’EEG est abordé au cours d’ateliers de

2 heures de présentation d’articles autour de la genèse du signal et de l’utilisation de l’EEG

pour les activités épileptiques.

Enfin, seuls quelques internes de spécialité, qui réalisent un stage dans un service

d’explorations fonctionnelles, peuvent être amenés à acquérir une relative autonomie quant à

l’interprétation d’un EEG, et peuvent compléter leur formation à travers un Diplôme

d’Université.

   

3  

3. Objectif

L’EEG est un examen complémentaire mal connu des étudiants : les indications sont souvent

mal posées, les interprétations mal comprises et les nouvelles utilisations sont totalement

méconnues.

Ce travail avait pour but de rapporter et d’évaluer la mise en place d’un enseignement

pratique actualisé de l’EEG pour des étudiants en médecine de 2e cycle.

Question : un enseignement pratique actualisé de l’EEG sur les techniques cliniques et de

recherche permet-il de renforcer la connaissance et l'intérêt des étudiants en médecine pour

l'EEG ?

4. Méthodes

4.1. Population

Dix étudiants DFASM1 (dont deux étudiants ERASMUS) ont participé à l’enseignement,

dans le cadre d’une unité d’enseignement librement choisie (UEL) sur l'année universitaire

2016-2017.

4.2. Mise en place d’une unité d’enseignement

L’arrêté du 8 avril 2013, relatif au régime des études du deuxième cycle des études médicales

impose la mise en place d’UEL, dont les principaux objectifs sont 1/ d’approfondir un

domaine de la médecine (fondamentale, clinique, éthique, recherche), 2/ s’ouvrir vers d’autres

champs (droit, sciences humaines et sociales, informatique, management, philosophie,

politique), 3/ découvrir un métier en rapport avec la santé. J’ai choisi de mettre en place cette

UEL "EEG, aspects pratiques et innovations" avec l’objectif de faire découvrir une technique

mal connue des étudiants et des médecins et pourtant de réalisation quotidienne et à la base de

nouvelles applications en clinique et en recherche.

Cette UE propose plusieurs ateliers pratiques et une revue des applications cliniques et

thérapeutiques des plus classiques aux plus innovantes de l’EEG. Les sessions pratiques

consistent en la pose d'un casque EEG, l'initiation à la lecture/interprétation de l'EEG ou

encore la réalisation de protocoles expérimentaux en MEG. Les connaissances sont présentées

aux étudiants au sein du service de neurophysiologie et des laboratoires de l'Institut du

Cerveau et de la Moelle épinière et offrent une vision large de l'outil EEG allant des

enregistrements classiques, avec vidéo-EEG, aux enregistrements intracérébraux, au

   

4  

monitoring continu en service de réanimation ou encore aux possibilités thérapeutiques

offertes par la modification de l'activité cérébrale par le sujet lui-même (neurofeedback)

(Micoulaud-Franchi et al., 2014). Enfin, il est proposé une initiation aux activités de

recherche permises par l'EEG, comme l’utilisation du laser intracérébral à visée chirurgicale,

ou le développement de vêtements connectés pour l'évaluation des crises épileptiques.

Le programme de l’UE a été élaboré en fonction des contraintes des UEL, c’est-à-dire quatre

périodes de cinq heures, sur des jours imposés par la faculté (Annexe 1).

La première session consistait à redonner 1/ les bases de l’EEG, avec un atelier pratique où

les étudiants ont posé un casque de 21 électrodes avec l’aide d’une technicienne EEG et

participé aux enregistrements, 2/ une discussion sur les indications de l’EEG au sein du

service et 3/ la sémiologie des crises d’épilepsie sous forme d’un atelier de visualisation des

crises grâce à une base de données EEG-vidéo

La 2e session était dédiée à l’électrophysiologie dans le cadre de la chirurgie de l’épilepsie,

abordant 1/ la planification d’une implantation d’électrodes intracérébrales, 2/ l’EEG

intracérébral : interprétation et décision chirurgicale, 3/ l’utilisation du laser intracérébral sous

contrôle EEG.

Lors de la 3e session, les étudiants ont pu 1/ observer le matériel de monitoring EEG en

service de réanimation, 2/ participer à un atelier de lecture de tracés EEG et 3/ réaliser une

session de neurofeedback.

La dernière session était consacrée à la découverte de techniques innovantes 1/ des

enregistrements avec la magnétoencéphalographie (MEG) lors de protocoles cognitifs, 2/ des

enregistrements par microélectrodes intracérébrales (enregistrement d’activité unitaire) ou

encore 3/ les outils EEG connectés (diagnostic ambulatoire).

4.3. Evaluation pré et post-formation : questionnaires

Matériel

Un questionnaire évaluant leurs connaissances sur les différents thèmes abordés lors de

l’UE a été remis aux étudiants avant de débuter l’enseignement (pré-test). A l’issue de la

formation, le même questionnaire de connaissances (post-test) a été redistribué, accompagné

d’un questionnaire de satisfaction (Annexe 2).

Le questionnaire de connaissances comportait 24 items, avec des questions sur l’épilepsie et

sur l’EEG. Trois items étaient des questions à réponse ouverte courte (QROC), les autres

   

5  

items étaient des questions à choix multiples (QCM). Les questionnaires se trouvent en

annexes de ce mémoire.

Mesures

Pour la notation au questionnaire de connaissances, chaque réponse QCM comportait cinq

propositions. Pour chaque QCM, cinq réponses correctes rapportaient 1 point, quatre réponses

correctes 0.5 point, trois réponses correctes 0.2 point, deux et moins de réponses correctes ne

rapportaient rien. Chaque réponse correcte au QROC valait 1 point.

Un score "global", représentant les différents contenus de l’enseignement, correspond à la

moyenne de réponses correctes sur l’ensemble des 24 items. Deux sous-scores spécifiques,

"épilepsie" et "EEG", correspondent à la moyenne des items portant respectivement sur les

connaissances dans le champ de l’épilepsie (items 3,4,5,6,7,8,9,10,14,15,16,18) ou de l’EEG

(items 1,2,11,12,13,17,19,20,24). Les items 21,22,23 concernent le neurofeedback et la

magnétoencéphalographie et n’ont pas été intégrés dans le score EEG.

Analyses statistiques

Les moyennes des réponses correctes des scores "global", "épilepsie", "EEG" ont été

comparées avant et après la réalisation de l’UE. Compte tenu du nombre de participants, nous

avons fait le choix d’analyses non paramétriques avec le test de Wilcoxon. Le risque alpha est

fixé à 0.05.

Questionnaire de satisfaction

Les résultats du questionnaire de satisfaction sont présentés sous forme de pourcentages de

réponses aux questions sur l’ensemble des participants. Aucune analyse statistique n’a été

réalisée pour cette partie.

   

6  

5. Résultats

5.1. Résultats de l’évaluation objective : questionnaire de connaissances

Les 10 étudiants inscrits à l’UE ont répondu aux questionnaires de connaissances (pré et post-

tests) et de satisfaction.

Le score "global", ainsi que les deux sous-scores "épilepsie" et "EEG" étaient

significativement plus importants à la fin de l’UE (post-test), comparativement au pré-test

("global" : 0.42 ± 0.5 vs 0.59 ± 0.04, Z = 2.80, p < 0.05 ; "épilepsie" : 0.44 ± 0.05 vs 0.62 ±

0.05, Z = 2.80, p < 0.05 ; "EEG" : 0.43 ± 0.03 vs 0.60 ± 0.05, Z = 2.55, p < 0.05).

Figure 1. Comparaison des scores "global", "épilepsie", "EEG", entre le pré et le post-test.

5.2. Résultats de l’évaluation subjective : questionnaire de satisfaction

Soixante pour cent des étudiants ont pleinement apprécié cet enseignement (30% l’ont

exprimé de façon spontanée en envoyant un mail de remerciement), 30% l’ont apprécié en

grande partie et 10% partiellement.

Le choix des étudiants pour l’inscription à cette UEL était basé : sur l’intérêt pour l’épilepsie

(50% des étudiants) ou la curiosité (90%). Aucun des étudiants n’avait fait ce choix par

défaut.

Les étudiants ont assisté : à la totalité de l’enseignement pour 80% d’entre eux, à plus de la

moitié pour 20%.

0  

0,2  

0,4  

0,6  

0,8  

1  

score  global   score  épilepsie   score  EEG  

Moyenne  des  réponses  correctes  

pré-­‐test  

post-­‐test  

   

7  

Le programme et les objectifs de l’enseignement ont été clairement définis : oui, tout à fait

pour 50% des étudiants, en grande partie pour 30%, partiellement pour 20%.

Les étudiants ont trouvé leurs acquisitions sur l’EEG au cours de l’UE: excellentes pour 30%,

bonnes pour 60%, médiocres pour 10%.

Les aspects techniques/pratiques ont été suffisamment abordés : oui, tout à fait pour 50%, en

grande partie pour 20%, partiellement pour 30%.

Le format de l’enseignement a permis une bonne interaction avec les enseignants : oui pour

100% des étudiants.

Avant la formation, 80% des étudiants pensaient qu’il y a un intérêt à enseigner l’EEG au

cours des études de médecine. Après la formation, 100%.

Concernant leur formation antérieure sur l’EEG, leurs connaissances provenaient :

- d’enseignements magistraux pour 90% d’entre eux (le plus souvent dans le cadre du

cours sur l’épilepsie en 3e année, un étudiant avait suivi un enseignement

d’électrophysiologie de l’ENS en master 2),

- de la culture générale pour 50% des étudiants (la culture générale était l’unique source

de connaissances pour un étudiant),

- du stage hospitalier en neurologie pour 60% d’entre eux (un seul étudiant avait assisté

à la pose d’un casque EEG),

- de TP ou d’ED pour 30% des étudiants,

- d’une séance d’apprentissage du raisonnement clinique (ARC) pour 10% des

étudiants.

Le nombre d’heures consacrées à l’EEG était estimé à environ 1-2h entre la 2e et 3e année de

médecine pour la majorité d’entre eux et jusqu’à 10h pour un étudiant.

   

8  

6. Discussion

L'enseignement mis en place a permis d'améliorer les connaissances sur l'épilepsie et l'EEG

chez des étudiants en médecine. La particularité de cet enseignement était d'amener l'étudiant

à être partiellement acteur de cet enseignement (en réalisant des mesures EEG, en participant

à des ateliers de lecture de tracés etc.), et non pas dans un rôle passif comme lors des

enseignements magistraux. L'amélioration des connaissances, mesurée objectivement par un

questionnaire, était de l'ordre de 50% à la fin de l'UE. En particulier, les questions à réponse

ouverte courte (QROC) portant sur des définitions et des messages simples étaient restituées

de façon satisfaisante par les étudiants. Nous n'avons cependant pas évalué la durée du

maintien de cet acquis.

L’évaluation subjective de la formation à l’EEG par UEL a montré un taux de satisfaction de

90%. La satisfaction pour les aspects pratiques était de 70%. Cette formation pratique de

l’EEG en petit groupe d’étudiants apparait donc comme une solution intéressante à une

formation spécifique à l’apprentissage de l’EEG et a suscité un intérêt pour découvrir un

examen souvent jugé suranné.

La mise en place de cette UEL associée à un questionnaire en début et en fin de formation

nous a semblé intéressante et pourrait accompagner par la suite chacune des sessions de

formation de l’UEL. Il existe plusieurs raisons pour garder une évaluation de ce type : le

questionnaire aide les étudiants à se fixer des objectifs, motivant ainsi certains d’entre eux

pour questionner les enseignants au cours de la formation. Du point de vue des enseignants, le

principal intérêt est la possibilité d’identifier les difficultés des étudiants et de mesurer leurs

progrès et leur degré de satisfaction.

On peut toutefois s’interroger sur les limites de notre questionnaire. La pertinence du choix

des questions peut être discutée. En effet, l’idée initiale était d’évaluer les étudiants sur des

aspects très généraux de l’épilepsie et de l’EEG pour servir d’évaluation de base et

représentant les connaissances indispensables à tout étudiant en médecine. Le taux de

réponses lors du post-test laisse penser que certaines questions restaient difficiles pour des

non spécialistes. Le questionnaire de satisfaction nécessiterait d’être modifié de sorte

d’obtenir davantage de commentaires d’appréciation nous permettant de faire évoluer nos

pratiques d’enseignant.

En préparant ce mémoire, nous avions soulevé de façon un peu provocante la question de

l’intérêt de continuer à enseigner l’EEG au 21e siècle. Cette question soulève en fait la

   

9  

question de l’intérêt de l’EEG en pratique clinique. Pour beaucoup, il s’agit d’un examen

désuet et peu pratiqué par les services non spécialistes à l’hôpital. Or, malgré le

développement des techniques d’imagerie cérébrale, l’EEG garde une place primordiale en

pratique neurologique quotidienne. Les applications de l’EEG ont évolué non seulement en

pratique clinique pour la prise en charge diagnostique, pronostique et thérapeutique, mais

aussi en recherche. La démonstration de l’intérêt de l’EEG en pratique clinique et de son

apport à la recherche en neurosciences nous conforte dans l’idée de promouvoir

l’enseignement de l’EEG, de sensibiliser les étudiants à la pratique de cet examen,

d’apprendre l’intérêt des corrélations électrocliniques et faire découvrir l’évolution des

techniques. La revalorisation toute récente (1er octobre 2017) de l’acte EEG marque d’ailleurs

le renouveau d’intérêt de cet examen. A la suite de cette expérience, nous souhaitons

maintenir cet enseignement pratique de l’EEG à la faculté de médecine de l’université Pierre

et Marie Curie et éventuellement susciter des vocations pour notre discipline.

7. Conclusion

Un enseignement avec des ateliers pratiques et ses applications actuelles à la recherche est

stimulant pour les étudiants et améliore leurs connaissances. Ce mode d’enseignement est

facilité par la constitution de petits groupes d’étudiants, permis par les unités d’enseignement

librement choisies. Les évaluations pré et post-formation ont un double intérêt : 1/ pour les

étudiants, cela leur permet d’évaluer leurs connaissances et de fixer des objectifs

personnalisés quant au contenu de l’enseignement, 2/ pour les enseignants, cela permet

d’adapter la formation au niveau de connaissances des étudiants et d’avoir un retour quant à

l’efficacité de leur interventions.

   

10  

8. Bibliographie

1. André-Obadia N, Sauleau P, Cheliout-Heraut F, Convers P, Debs R, Eisermann M,

Gavaret M, Isnard J, Jung J, Kaminska A, Kubis N, Lemesle M, Maillard L, Mazzola L,

Michel V, Montavont A, N'Guyen S, Navarro V, Parain D, Perin B, Rosenberg SD,

Sediri H, Soufflet C, Szurhaj W, Taussig D, Touzery-de Villepin A, Vercueil L, Lamblin

MD; Société de Neurophysiologie Clinique de Langue Française; Ligue Française Contre

l'Épilepsie. [French guidelines on electroencephalogram]. Neurophysiol Clin 2014; 44:

515-612.

2. Andre-Obadia N, Parain D, Szurhaj W. Continuous EEG monitoring in adults in the

intensive care unit (ICU). Neurophysiol Clin 2015; 45: 39-46.

3. Fried I, Wilson CL, Maidment NT, Engel J Jr, Behnke E, Fields TA, MacDonald KA,

Morrow JW, Ackerson L. Cerebral microdialysis combined with single-neuron and

electroencephalographic recording in neurosurgical patients. Technical note. J Neurosurg

1999; 91: 697-705.

4. Jayakar P, Gotman J, Harvey AS, Palmini A, Tassi L, Schomer D, Dubeau F, Bartolomei

F, Yu A, Kršek P, Velis D, Kahane P. Diagnostic utility of invasive EEG for epilepsy

surgery: Indications, modalities, and techniques. Epilepsia 2016 ; 57: 1735-47.

5. Mathon B, Bedos-Ulvin L, Baulac M, Dupont D, Navarro V, Carpentier A, Cornu P,

Clemenceau S. [Evolution of ideas and techniques, and future prospects in epilepsy

surgery]. Rev Neurol 2015; 171: 141-56.

6. Micoulaud-Franchi JA, Lanteaume L, Pallanca O, Vion-Dury J, Bartolomei F.

[Biofeedback and drug-resistant epilepsy: back to an earlier treatment?]. Rev Neurol

2014; 170: 187-96.

   

11  

9. Annexe 1 : Programme d’enseignement "EEG, aspects pratiques et innovations"

Session 1 : introduction à l’EEG (labo d’EEG)

EEG, théorie et atelier pratique : V.Lambrecq

Indications de l’EEG : M.Damiano

EEG-vidéo, voir les crises : VH.Nguyen-Michel

Session 2 : l’électrophysiologie au service de la chirurgie de l’épilepsie (labo d’EEG)

Implantation d’électrodes intracérébrales: D Hasboun

EEG intracérébral préchirurgical : C.Adam

Laser intracérébral sous contrôle EEG : B.Mathon

Session 3 : EEG, réanimation et thérapeutique (labo d’EEG)

Atelier de lecture de tracés EEG de réanimation : V.Navarro

Monitoring continu en réanimation : S.Demeret

Neurofeedback, théorie et pratique : O.Pallanca

Session 4 : techniques innovantes d’enregistrement de l’EEG (ICM)

Enregistrements intracérébraux par microélectrodes : K.Lehongre

Magnéto-EEG, théorie et pratique (visite MEG, protocole biofeedback) : N.George

EEG et outils connectés : R.Wahnoun    

   

12  

10. Annexe 2 : Questionnaires

1/ Evaluation des connaissances de base sur l’épilepsie et l’EEG

1. Donnez une définition de l'EEG et décrivez brièvement le déroulement de l’examen et ses indications. 2. Selon vous, quelle est la pertinence actuelle de cet examen ? 3. Donnez une définition de l’épilepsie. 4. Vous diriez que l’épilepsie :

1. Débute dans l’enfance 2. Est une maladie neurologique fréquente 3. Peut avoir une cause psychiatrique 4. Ne se guérit pas, au mieux se stabilise avec des traitements 5. Est compatible avec le métier de médecin

5. Quelles sont les causes possibles de l'épilepsie ?

1. Une mutation génétique 2. Le stress 3. Un accident vasculaire cérébral 4. L'alcoolisme 5. Une infection

6. Quelle est la prévalence de l’épilepsie ?

1. Environ 1/10 2. Environ 1/100 3. Environ 1/1000 4. Environ 1/10000 5. Environ 1/100000

7. L'épilepsie affecte préférentiellement :

1. Les hommes 2. Les femmes 3. Les enfants 4. Les adultes 5. Les personnes âgées

8. Parmi les affirmations suivantes concernant la vie quotidienne d’une personne ayant une épilepsie active, indiquez celles qui sont correctes :

1. Elle peut exercer n'importe quel métier 2. Elle peut conduire une voiture 3. Elle peut faire du sport 4. Elle peut suivre une scolarité́ normale 5. L’alcool lui est strictement interdit

   

13  

9. Si vous êtes médecin, témoin d’une crise d’épilepsie généralisée aux urgences, que faut-il faire ?

1. Prévenir immédiatement le réanimateur 2. Maintenir la bouche ouverte avec ses doigts 3. Mettre la personne en position latérale de sécurité 4. Mettre systématiquement en place un traitement anti-épileptique 5. Attendre que la crise se termine sans précaution particulière

10. Quels traitements peuvent être prescrits dans l’épilepsie ?

1. Carbamazépine (Tégrétol®) 2. Stimulation électrique du nerf vague 3. Valproate de sodium (Dépakine®) 4. Chirurgie d’exérèse d’une lésion cérébrale 5. Gamma knife

11. Parmi les affirmations suivantes concernant un enregistrement EEG, indiquez celles qui sont correctes :

1. L’activité électrique du scalp correspond à l’activité synaptique neuronale 2. L’EEG a une faible résolution temporelle 3. L’activité EEG reflète l’activité de neurones pyramidaux 4. Un filtre passe-bas à 0,5 Hz permet d’enregistrer le rythme thêta 5. Les fréquences rapides sont mieux enregistrées par l’EEG de scalp qu’en intracérébral

12. Parmi les affirmations suivantes concernant la pose d’un casque EEG, indiquez celles qui sont correctes :

1. La durée d’un enregistrement EEG est de 20 minutes environ 2. Les patients ne doivent pas dormir pendant un EEG 3. Au cours d’un EEG, les patients ont les yeux ouverts la majeure partie du temps 4. Le montage référentiel permet d’enregistrer une différence de potentiel entre 2

électrodes actives 5. L’EEG est contre-indiqué en cas de pace-maker

13. Parmi les affirmations suivantes concernant les indications de la réalisation d’un EEG, indiquez celles qui sont correctes :

1. L’EEG est indispensable pour le diagnostic d’épilepsie 2. Deux EEG plats et aréactifs sont nécessaires pour faire le diagnostic de mort cérébrale 3. Un angioscanner cérébral peut remplacer la réalisation de l’EEG pour le diagnostic de

mort cérébrale avant un prélèvement d’organe 4. L’EEG fait partie du bilan des malaises avec perte de connaissance sans cause

évidente 5. L’enregistrement d’anomalies épileptiques intercritiques (pointes, pointes-ondes)

confirme le diagnostic d’épilepsie

14. Parmi les affirmations suivantes concernant la crise d’épilepsie généralisée type « Grand Mal », indiquez celles qui sont correctes :

1. La première phase de la crise est plus souvent clonique 2. La morsure de langue est inconstante 3. Elle dure entre 5 et 10 minutes 4. Les anomalies EEG sont le plus souvent bilatérales et synchrones 5. La photosensibilité est plus fréquente que dans les épilepsies partielles

   

14  

15. Parmi les affirmations suivantes concernant les crises épileptiques, indiquez celles qui sont correctes :

1. Les crises frontales ont généralement une durée longue 2. Les crises temporales peuvent durer plusieurs minutes 3. La giration est caractéristique des crises temporales 4. Les crises nocturnes sont fréquentes en cas d’épilepsie frontale 5. Les crises centrales peuvent être réflexes

16. Parmi les affirmations suivantes concernant l’implantation d’électrodes intracérébrales en épilepsie, indiquez celles qui sont correctes :

1. Les électrodes intracérébrales sont posées le plus souvent sous anesthésie locale 2. On ne peut pas en poser plus de 5 par patient compte tenu du risque hémorragique 3. Cette technique est indispensable à tout geste d’exérèse cérébrale 4. Une électrode ne doit pas franchir l’espace sous-dural 5. L’intérêt est de localiser la zone épileptogène

17. Parmi les affirmations suivantes concernant les microélectrodes intracérébrales, indiquez celles qui sont correctes :

1. Elles permettent d’enregistrer l’activité de populations neuronales 2. Elles permettent d’enregistrer l’activité de neurone unique 3. Elles permettent d’enregistrer des crises épileptiques 4. Elles sont positionnées dans la substance blanche cérébrale 5. Des analyses en temps-fréquence peuvent être extraites de ces enregistrements

18. Parmi les affirmations suivantes concernant la chirurgie de l’épilepsie, indiquez celles qui sont correctes :

1. La chirurgie la plus fréquente concerne le lobe frontal 2. La guérison est possible 3. Il y a des risques de troubles mnésiques 4. L’implantation d’électrodes intracérébrales est indispensable avant la chirurgie 5. La chirurgie a de bons résultats dans l’épilepsie absence

19. Sur ce tracé, quelles descriptions pouvez-vous faire ?

1. Il s’agit d’un tracé à 8 électrodes 2. Il s’agit d’un tracé en montage référentiel 3. L’hémisphère droit apparaît plus pathologique que l’hémisphère gauche 4. Il existe une réactivité à l’ouverture des yeux 5. Il s’agit probablement d’un état de mal

   

15  

20. Parmi les affirmations suivantes concernant le monitoring EEG continu, indiquez celles qui sont correctes :

1. Il permet de détecter des crises infracliniques 2. Il est utilisé en routine dans les différents services de réanimation 3. Son interprétation se fait par des logiciels automatiques 4. Il facilite la détection rapide de phénomènes épileptiques 5. Il permet une optimisation des traitements antiépileptiques

21. Parmi les affirmations suivantes concernant le neurofeedback, indiquez celles qui sont correctes :

1. Il nécessite la pose d'électrodes intracérébrales 2. Il permet de moduler son activité cérébrale 3. Il peut être une technique de remédiation cognitive 4. Il est possible grâce à une mesure de l’EEG 5. Il est utilisé régulièrement chez les patients avec un TOC

22. Parmi les affirmations suivantes concernant la magnétoencéphalographie (MEG), indiquez celles qui sont correctes :

1. La MEG enregistre l'activité électrique du cerveau en temps réel 2. La MEG est une technique non invasive 3. La MEG enregistre des champs magnétiques cérébraux 4. La MEG est compatible avec le port de lunettes 5. Une cage de Faraday est nécessaire pour atténuer les champs magnétiques extérieurs

23. Parmi les affirmations suivantes concernant un potentiel évoqué, indiquez celles qui sont correctes :

1. Le potentiel évoqué correspond à un signal obtenu après moyennage de plusieurs signaux spontanés

2. La composante précoce d'un potentiel évoqué est associée à un comportement cognitif spécifique

3. Les potentiels évoqués permettent d'étudier des processus sensitifs 4. Les potentiels évoqués sont utilisés en routine clinique 5. Les potentiels évoqués ont une bonne résolution temporelle

   

16  

24. Parmi les affirmations suivantes concernant la mesure de l’activité cérébrale chez l’homme, indiquez celles qui sont correctes :

1. L’EEG a une résolution spatiale de l’ordre du millimètre carré (mm2) 2. L’EEG intracérébral a une résolution spatiale de l’ordre du millimètre cube (mm3) 3. La MEG a une résolution temporelle de l’ordre de la seconde (s) 4. Le PET scanner a une résolution temporelle de l’ordre de la milliseconde (ms) 5. L’IRM fonctionnelle a une résolution spatiale de l’ordre du millimètre cube (mm3)

2/ Evaluation de la formation. Questions et commentaires libres

1. Jusqu’à présent, d’où provenaient vos connaissances en EEG ?

1. Aucune connaissance 2. Culture générale 3. Enseignement magistral 4. ED/ TD 5. ARC 6. Stage hospitalier 7. Autres :

2. Combien d’heures d’enseignement de l’EEG aviez-vous eu jusqu’à présent ? en quelle année dans votre parcours ? 3. Quels étaient vos objectifs en choisissant cette UE ?

1. Ce n’était pas un choix 2. Motivation pour l’épilepsie 3. Curiosité 4. Autres :

4. Avez-vous assisté aux enseignements ?

1. Pas du tout 2. Moins de la moitié 3. Plus de la moitié 4. Totalité

5. Le programme et les objectifs de l’enseignement ont-ils été clairement définis ?

1. Oui, tout à fait 2. En grande partie 3. Partiellement 4. Non, pas du tout 5. Commentaires :

6. Par rapport à vos objectifs, vos acquisitions sur le sujet sont :

1. Insatisfaisantes 2. Médiocres 3. Bonnes 4. Excellentes 5. Commentaires :

   

17  

7. Par rapport à vos objectifs, les aspects techniques/pratiques ont-ils été suffisamment abordés:

1. Oui, tout à fait 2. En grande partie 3. Partiellement 4. Non, pas du tout 5. Commentaires :

8. Globalement, avez-vous apprécié l’enseignement ?

1. Oui, tout à fait 2. En grande partie 3. Partiellement 4. Non, pas du tout 5. Sans opinion 6. Commentaires :

9. Le format de l’enseignement vous a-t-il permis une bonne interaction avec les enseignants ?

1. Oui 2. Non 3. Je ne sais pas 4. Commentaires :

10. Avant cette formation, pensiez-vous qu’il y a un intérêt à enseigner l’EEG au cours des études de médecine ?

1. Oui 2. Non 3. Je ne sais pas 4. Commentaires :

11. Après cette formation, pensez-vous qu’il y a un intérêt à enseigner l’EEG au cours des études de médecine ?

1. Oui 2. Non 3. Je ne sais pas 4. Commentaires :