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Université de Picardie Jules Verne Faculté de Médecine d’Amiens Année 2017 thèse N° 2017- 3 VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS BACTERIENNES. THÈSE D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Mention Spécialité Présentée et soutenue publiquement le 20 janvier 2017 Par Madame Agathe LEGRAIN Président du Jury : Monsieur le Professeur Pierre DUHAUT Juges : Monsieur le Professeur Jean-Luc SCHMIT Madame le Professeur Sandrine CASTELAIN Monsieur le Professeur Julien MAIZEL Directeur de thèse : Monsieur le Docteur Jean SCHMIDT

VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

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Page 1: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

Universiteacute de Picardie Jules Verne

Faculteacute de Meacutedecine drsquoAmiens

Anneacutee 2017 thegravese Ndeg 2017- 3

VALEUR DU RAPPORT

NEUTROPHILESLYMPHOCYTES POUR

LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS

BACTERIENNES

THEgraveSE DETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE

Mention Speacutecialiteacute

Preacutesenteacutee et soutenue publiquement le 20 janvier 2017

Par Madame Agathe LEGRAIN

Preacutesident du Jury

Monsieur le Professeur Pierre DUHAUT

Juges

Monsieur le Professeur Jean-Luc SCHMIT

Madame le Professeur Sandrine CASTELAIN

Monsieur le Professeur Julien MAIZEL

Directeur de thegravese

Monsieur le Docteur Jean SCHMIDT

REMERCIEMENTS

Agrave Monsieur le Professeur Pierre DUHAUT

Professeur des Universiteacutes-Praticien Hospitalier

(Meacutedecine Interne)

Chef du service de Meacutedecine interne et maladies systeacutemiques

Pocircle Meacutedico-chirurgical digestif reacutenal infectieux meacutedecine interne et endocrinologie

(DRIME)

Merci de votre enseignement

Evoluer dans votre service a eacuteteacute un privilegravege

Merci de me faire lrsquohonneur de preacutesider mon jury

Agrave Monsieur le Professeur Jean-Luc SCHMIT

Professeur des Universiteacutes-Praticien Hospitalier

(Maladies infectieuses et tropicales)

Responsable du service des maladies infectieuses et tropicales

Pocircle Meacutedico-chirurgical digestif reacutenal infectieux meacutedecine interne et endocrinologie

(DRIME)

Chevalier dans lrsquoOrdre des Palmes Acadeacutemiques

Votre passion pour la meacutedecine et votre humaniteacute sont un exemple

Je suis fiegravere de pouvoir continuer agrave apprendre et exercer dans votre service

Merci de me faire lrsquohonneur de participer agrave ce jury

Agrave Madame le Professeur Sandrine CASTELAIN

Professeur des Universiteacutes ndash Praticien Hospitalier

(Bacteacuteriologie virologie-hygiegravene hospitaliegravere)

Laboratoire de Bacteacuteriologie et Virologie

Pocircle biologie pharmacie et santeacute des populations

Merci de mrsquoavoir ouvert les portes de votre laboratoire pour que je complegravete ma formation

drsquoinfectiologue

Merci de me faire lrsquohonneur de participer agrave ce jury

Agrave Monsieur le Professeur Julien MAIZEL

Professeur des Universiteacutes-Praticien Hospitalier

(Reacuteanimation meacutedecine drsquourgence)

Deacutecouvrir la reacuteanimation agrave tes cocircteacutes a eacuteteacute enrichissant tant sur le plan humain que des

connaissances

Ta peacutedagogie ta rigueur et ta disponibiliteacute ont contribueacute agrave rendre cette discipline passionnante

agrave mes yeux

Merci de me faire lrsquohonneur de participer agrave ce jury

A Monsieur le Docteur Jean SCHMIDT

Maicirctre de Confeacuterences des Universiteacutes - Praticien Hospitalier

Meacutedecine interne

Jrsquoai beaucoup appris agrave tes cocircteacutes au cours de cet internat

Ton calme et ta conscience professionnelle au cours des deux semestres passeacutes en meacutedecine interne

mrsquoont aideacute agrave progresser

Merci drsquoavoir dirigeacute ce travail de ta patience et de tes conseils

La preacutesentation de cette thegravese signe la fin de douze ans de travail drsquoeacutemotions de doutes de

joies et surtout de rencontres qui contribuent agrave la construction de la personne et du meacutedecin

que je suis devenu

Crsquoest pour moi lrsquooccasion de vous remercier Je nrsquoen serai pas lagrave sans

Les meacutedecins qui mrsquoont accompagneacutee dans ma formation et ont renforceacute lrsquoenvie de faire ce

meacutetier

En meacutedecine interne Le Professeur Ducroix pour avoir fait germer ma vocation

drsquointerniste et pour nos eacutechanges jardiniers Docteur Smail pour son dynamisme

communicatif Valery pour son enthousiasme et sa geacuteneacuterositeacute

En neacutephrologie Le Docteur Makdassi pour son amour infini de la neacutephrologie

En heacutematologie Le Professeur Marolleau pour son enthousiasme Bruno Royer

laquo Monsieur Gentil raquo pour son deacutevouement et sa franchise Beacuterengegravere pour sa force et

son humiliteacute Anne pour sa sensibiliteacute

En reacuteanimation meacutedicale Loay pour son investissement et son envie de nous apprendre

Bertrand de Cagny pour lrsquoimportance du travail laquo bien fait raquo et du bon sens avant tout

En rhumatologie Franck pour les heures passeacutees agrave deacutecortiquer des rachis et sacro-

iliaques avec passion

En pathologies infectieuses Nathalie Landgraf et le Dr Pik pour avoir suivi mes

premiers pas drsquointerne Youssef pour ses conseils au quotidien et son envie de partager

les connaissances Jean-Philippe pour les discussions passeacutees et futures sur nos passions

communes et lrsquoenvie de faire bouger les choses Ceacutedric pour son aide preacutecieuse dans

mon parcours

Mes co-internes qui sont devenus au fil des ans bien plus que des collegravegues Gaeumllle Fanny

Chloeacute Xiaoli Morgane Coralie Marie Anne Charlotte Juliette Xavier Amandine Mathieu

Alexis Pierre-Yves Chandra Magalie Opheacutelie Leacutea Caroline Alice Thibaut Ines Julien

Reacutemy et Guillaume pour les collaborations anciennes et futures

Les eacutequipes para meacutedicales Monsieur Degouy Laure laquo trsquoes belle raquo Leacuteonie Karine Steacutephanie

Virginie Charlotte Manue Laiumlla Elise Astrid Martine Ceacuteline Claire Lucile Catherine

Eleacuteonore Camille Lucie Ela Lydia Gwen Isabelle Emilie Peacutepette Manue Sylvie Ceacuteline

Valeacuterie Sabine Thomas Willy Adrien Aymeric Mathieu Laure Meacutelanie Julie Sam Anne

Camille Assita et ceux que jrsquooublie pour donner un sens au mot laquo eacutequipe raquo

Les secreacutetaires Perrine Brigitte Catherine Veacutero et Isabelle pour leur disponibiliteacute et leur

patience

Mes oncles et tantes cousins et cousines pour avoir suivi de pregraves ou de loin mon parcours et

mrsquoavoir toujours encourageacute Particuliegraverement Claire et Ying pour les ballades irlandaises Marie

pour Pascal Adrien et Eneli pour lrsquoaccueil Versaillais Pierre-Edouard et Alix pour les vireacutees

parisiennes Lucie pour les fous rires sur le chemin de lrsquoeacutecole Mes filleules Rachel et Gladys

pour les bons moments

Isabelle et Gaby Manue et Seb Sophie Johan et Magalie pour les metkas kluskis cours de

tricot et de couture agrave venir parce qursquoil nrsquoy a pas que le boulot dans la vie hellip

Les copains de lrsquoexternat ceux que je ne vois plus beaucoup mais que je nrsquooublie pas Sophie

laquo mon poussin raquo Jade Christophe Caro Rami Nima Max Julien Rita Yassine Hamza

Hamidour Hassan William Laurent Alexis Christohellip

Emilie ma kiasse pour les fous rires deacutelires rendez-vous au coin et monaco au Kerry

Rosa pour la P1 ses repas ses QCM stress vireacutees lilloises et champecirctres pleines de secrets

pour les micro-pauses et micro-siestes

Reacutemi mon fils et Emilie Ben et Eugeacutenie Raphael Bonne-Santeacute et Aureacutelie Xavier et Julie Nico

et Emilie pour me rappeler qursquoil y a une belle vie en dehors des hocircpitaux et des bouquins

Ceux qui de chefs sont passeacutes au rang drsquoamis Francois pour les pizzas en garde et les check-

list Marianne pour eacuteclairer cette sombre discipline qursquoest la dialyse Pauline pour sa douceur

et sa confiance Florence pour sa bonne humeur

Cleacutement G pour son soutien et pour les secrets plus si secrets

Myriam pour le soleil qursquoelle apporte agrave son contact

Audrey pour son seacuterieux un brin audacieux et tellement attachant

Marie pour ces deux semestres pour les eacutechos de tophii et les pizzas maison plus ou moins

partageacutees

Beacutebeacute Sarah pour les pauses-goucircter les eacutechographies secregravetes et les eacutepis agrave deux

Cleacutement Brault laquo Mister Sandman raquo pour les petites musiques textos incongrus pour ses cours

sur les zombis et le Horton (aussi) Mathilde pour son sourire et son brin de folie qui ont

contribueacute agrave rendre le semestre de reacutea aussi incroyable

Pauline laquo Paulette raquo ma collegravegue de congregraves pour les craquages de fin de stage les theacutes et la

soucieuse relecture de ce papier

Maryam pour sa bonne humeur et son eacutecoute attentive quand on en a besoin

Maelle pour les fous rires agrave Creil et par la suite pour ecirctre un peu chti au fond drsquoelle pour le

caramel quand mecircme

Xavier pour les renards pour les coups de folie et apeacuteros improviseacutes Jess pour apporter un peu

du Nord agrave notre quotidien picard pour la colocrsquo et pour son soutien hellip viril

Maiteacute pour son vrai management drsquoune drocircle drsquoeacutequipe drsquointernes pour sa sensibiliteacute et les

visites inoubliables Jeacuterocircme pour ta patience dans nos soireacutees un peu trop laquo meacutedecins raquo

Yoann pour les trucs en -ose les clips les pommes de terre les imitations pour le mec de chez

Tung et les soireacutees pyjamas Ceacutecile pour son optimisme et ses conseils toujours preacutecieux pour

les fraises et les petits pains agrave la cannelle

Dimitri laquo Philippe raquo laquo Benjamrsquo raquo pour les catheacutes les sushis et les bagarres pour avoir eacuteteacute un

co-interne et un chef agrave la hauteur Aureacutelie pour sa bonne humeur et son courage agrave nous eacutecouter

raconter les mecircmes histoires

Annis pour lrsquointeacute et ses apeacuteros un peu fous pour les soireacutees BU les escapades agrave Rome Ubud

Amsterdam et les photos pour rester toi jusque dans les chemins de halage Mathilde pour ecirctre

agrave la hauteur de ce sacreacute bonhomme

Steacutephane mon fregravere plus que confregravere pour ecirctre lagrave depuis le syndrome cave supeacuterieur jusqursquoagrave

aujourdrsquohui des repas MTV aux soireacutees top-chef des sous colles au craquage post ECN pour

les Batelrsquos et la reacutea Calmette pour ton humaniteacute qui font de toi un ami et meacutedecin en or Aureacutelie

pour ton appui pendant toutes ces anneacutees tes petits plats et attentions pour les larmes de joie

plutocirct reacutecurrentes et pour les futures escapades agrave 7

Louison Octave Quentin Cleacutea Rose Auguste Aline Romane Marc Bastien Baptiste

Romain Luna Enzo Lola Zoeacute Samuel Gustave Maxime Thomas Nelson Harvey pour nous

rappeler ce qui compte vraiment

Papy et Mamie pour leur amour et leurs penseacutees

Mamie pour ecirctre si fiegravere de nous Jrsquoaurais aimeacute que tu sois lagrave aujourdrsquohui

Et puis il y a ceux pour qui les mots ne suffisent pas

Ma famille pour rester toujours solide et unie pour passer les eacutepreuves et les bons moments

ensemble Pour mrsquoavoir soutenue dans mes angoisses mes doutes et malgreacute mes humeurs Pour

avoir fait ce que je suis aujourdrsquohui

Mathilde mon chou-cheacuteri ma meilleure pour son eacutecoute et sa patience agrave mon contact pas

toujours facile

Antoine pour son flegme en toute circonstance et ses attentions discregravetes mais toujours justes

Mon pegravere pour mrsquoavoir donneacute le goucirct de la science pour son soutien agrave toute eacutepreuve et sa fierteacute

Ma megravere pour mrsquoavoir fait comprendre qursquoon ne se construit qursquoau contact des autres et pour

son incroyable humaniteacute

Julien pour mrsquoaider agrave me deacutepasser tous les jours

Pour ton amour ta patience et ton eacutecoute

Pour continuer agrave me faire rire mecircme si je suis parfois la seule

Pour ton exigence et ton refus drsquoecirctre laquo comme tout le monde raquo

Pour ecirctre un pegravere incroyable pour Zacharie

Pour ecirctre toi et mrsquoavoir aideacute agrave devenir moi

Agrave Zacharie

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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and Molecular Analysis to Improve Bloodstream Infection Diagnostics in an Emergency

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lymphocyte count ratio as an early indicator of blood stream infection in the emergency

departement Emerg Med J 2015 Jul32(7)531-4

(15) Guumlrol G Ҫiftci IH Terizi HA Atasoy AR Ozbek A Koumlroğlu M Are there standardized

cutoff values for neutrophil-lymphocyte ratios in bacteremia or sepsis J Microbiology

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Negative Blood Cultures with Clinical Scores and Blood Markers Results From an

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prospectively derived and validated prediction rule J Emerg Med 2008 Oct35(3)255-264

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lymphocyte ratio in the differential diagnosis of acute bacterial meningitidis Eur J Clin

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lymphocyte count ratio in early versus late death from septik shock Crit Care 2015

Dec19439

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agrave jour deacutecembre 2015 Disponible sur httpinfectiologiecom

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Ann Lab Med 2013 Mar33(2)105-10

(31) Troussard X Vol S Cornet E Bardet V Couaillac JP Fossat C et al Etude des valeurs

normales de lrsquoheacutemogramme chez lrsquoadulte un besoin pour une meilleure interpreacutetation et pour

lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 2: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

REMERCIEMENTS

Agrave Monsieur le Professeur Pierre DUHAUT

Professeur des Universiteacutes-Praticien Hospitalier

(Meacutedecine Interne)

Chef du service de Meacutedecine interne et maladies systeacutemiques

Pocircle Meacutedico-chirurgical digestif reacutenal infectieux meacutedecine interne et endocrinologie

(DRIME)

Merci de votre enseignement

Evoluer dans votre service a eacuteteacute un privilegravege

Merci de me faire lrsquohonneur de preacutesider mon jury

Agrave Monsieur le Professeur Jean-Luc SCHMIT

Professeur des Universiteacutes-Praticien Hospitalier

(Maladies infectieuses et tropicales)

Responsable du service des maladies infectieuses et tropicales

Pocircle Meacutedico-chirurgical digestif reacutenal infectieux meacutedecine interne et endocrinologie

(DRIME)

Chevalier dans lrsquoOrdre des Palmes Acadeacutemiques

Votre passion pour la meacutedecine et votre humaniteacute sont un exemple

Je suis fiegravere de pouvoir continuer agrave apprendre et exercer dans votre service

Merci de me faire lrsquohonneur de participer agrave ce jury

Agrave Madame le Professeur Sandrine CASTELAIN

Professeur des Universiteacutes ndash Praticien Hospitalier

(Bacteacuteriologie virologie-hygiegravene hospitaliegravere)

Laboratoire de Bacteacuteriologie et Virologie

Pocircle biologie pharmacie et santeacute des populations

Merci de mrsquoavoir ouvert les portes de votre laboratoire pour que je complegravete ma formation

drsquoinfectiologue

Merci de me faire lrsquohonneur de participer agrave ce jury

Agrave Monsieur le Professeur Julien MAIZEL

Professeur des Universiteacutes-Praticien Hospitalier

(Reacuteanimation meacutedecine drsquourgence)

Deacutecouvrir la reacuteanimation agrave tes cocircteacutes a eacuteteacute enrichissant tant sur le plan humain que des

connaissances

Ta peacutedagogie ta rigueur et ta disponibiliteacute ont contribueacute agrave rendre cette discipline passionnante

agrave mes yeux

Merci de me faire lrsquohonneur de participer agrave ce jury

A Monsieur le Docteur Jean SCHMIDT

Maicirctre de Confeacuterences des Universiteacutes - Praticien Hospitalier

Meacutedecine interne

Jrsquoai beaucoup appris agrave tes cocircteacutes au cours de cet internat

Ton calme et ta conscience professionnelle au cours des deux semestres passeacutes en meacutedecine interne

mrsquoont aideacute agrave progresser

Merci drsquoavoir dirigeacute ce travail de ta patience et de tes conseils

La preacutesentation de cette thegravese signe la fin de douze ans de travail drsquoeacutemotions de doutes de

joies et surtout de rencontres qui contribuent agrave la construction de la personne et du meacutedecin

que je suis devenu

Crsquoest pour moi lrsquooccasion de vous remercier Je nrsquoen serai pas lagrave sans

Les meacutedecins qui mrsquoont accompagneacutee dans ma formation et ont renforceacute lrsquoenvie de faire ce

meacutetier

En meacutedecine interne Le Professeur Ducroix pour avoir fait germer ma vocation

drsquointerniste et pour nos eacutechanges jardiniers Docteur Smail pour son dynamisme

communicatif Valery pour son enthousiasme et sa geacuteneacuterositeacute

En neacutephrologie Le Docteur Makdassi pour son amour infini de la neacutephrologie

En heacutematologie Le Professeur Marolleau pour son enthousiasme Bruno Royer

laquo Monsieur Gentil raquo pour son deacutevouement et sa franchise Beacuterengegravere pour sa force et

son humiliteacute Anne pour sa sensibiliteacute

En reacuteanimation meacutedicale Loay pour son investissement et son envie de nous apprendre

Bertrand de Cagny pour lrsquoimportance du travail laquo bien fait raquo et du bon sens avant tout

En rhumatologie Franck pour les heures passeacutees agrave deacutecortiquer des rachis et sacro-

iliaques avec passion

En pathologies infectieuses Nathalie Landgraf et le Dr Pik pour avoir suivi mes

premiers pas drsquointerne Youssef pour ses conseils au quotidien et son envie de partager

les connaissances Jean-Philippe pour les discussions passeacutees et futures sur nos passions

communes et lrsquoenvie de faire bouger les choses Ceacutedric pour son aide preacutecieuse dans

mon parcours

Mes co-internes qui sont devenus au fil des ans bien plus que des collegravegues Gaeumllle Fanny

Chloeacute Xiaoli Morgane Coralie Marie Anne Charlotte Juliette Xavier Amandine Mathieu

Alexis Pierre-Yves Chandra Magalie Opheacutelie Leacutea Caroline Alice Thibaut Ines Julien

Reacutemy et Guillaume pour les collaborations anciennes et futures

Les eacutequipes para meacutedicales Monsieur Degouy Laure laquo trsquoes belle raquo Leacuteonie Karine Steacutephanie

Virginie Charlotte Manue Laiumlla Elise Astrid Martine Ceacuteline Claire Lucile Catherine

Eleacuteonore Camille Lucie Ela Lydia Gwen Isabelle Emilie Peacutepette Manue Sylvie Ceacuteline

Valeacuterie Sabine Thomas Willy Adrien Aymeric Mathieu Laure Meacutelanie Julie Sam Anne

Camille Assita et ceux que jrsquooublie pour donner un sens au mot laquo eacutequipe raquo

Les secreacutetaires Perrine Brigitte Catherine Veacutero et Isabelle pour leur disponibiliteacute et leur

patience

Mes oncles et tantes cousins et cousines pour avoir suivi de pregraves ou de loin mon parcours et

mrsquoavoir toujours encourageacute Particuliegraverement Claire et Ying pour les ballades irlandaises Marie

pour Pascal Adrien et Eneli pour lrsquoaccueil Versaillais Pierre-Edouard et Alix pour les vireacutees

parisiennes Lucie pour les fous rires sur le chemin de lrsquoeacutecole Mes filleules Rachel et Gladys

pour les bons moments

Isabelle et Gaby Manue et Seb Sophie Johan et Magalie pour les metkas kluskis cours de

tricot et de couture agrave venir parce qursquoil nrsquoy a pas que le boulot dans la vie hellip

Les copains de lrsquoexternat ceux que je ne vois plus beaucoup mais que je nrsquooublie pas Sophie

laquo mon poussin raquo Jade Christophe Caro Rami Nima Max Julien Rita Yassine Hamza

Hamidour Hassan William Laurent Alexis Christohellip

Emilie ma kiasse pour les fous rires deacutelires rendez-vous au coin et monaco au Kerry

Rosa pour la P1 ses repas ses QCM stress vireacutees lilloises et champecirctres pleines de secrets

pour les micro-pauses et micro-siestes

Reacutemi mon fils et Emilie Ben et Eugeacutenie Raphael Bonne-Santeacute et Aureacutelie Xavier et Julie Nico

et Emilie pour me rappeler qursquoil y a une belle vie en dehors des hocircpitaux et des bouquins

Ceux qui de chefs sont passeacutes au rang drsquoamis Francois pour les pizzas en garde et les check-

list Marianne pour eacuteclairer cette sombre discipline qursquoest la dialyse Pauline pour sa douceur

et sa confiance Florence pour sa bonne humeur

Cleacutement G pour son soutien et pour les secrets plus si secrets

Myriam pour le soleil qursquoelle apporte agrave son contact

Audrey pour son seacuterieux un brin audacieux et tellement attachant

Marie pour ces deux semestres pour les eacutechos de tophii et les pizzas maison plus ou moins

partageacutees

Beacutebeacute Sarah pour les pauses-goucircter les eacutechographies secregravetes et les eacutepis agrave deux

Cleacutement Brault laquo Mister Sandman raquo pour les petites musiques textos incongrus pour ses cours

sur les zombis et le Horton (aussi) Mathilde pour son sourire et son brin de folie qui ont

contribueacute agrave rendre le semestre de reacutea aussi incroyable

Pauline laquo Paulette raquo ma collegravegue de congregraves pour les craquages de fin de stage les theacutes et la

soucieuse relecture de ce papier

Maryam pour sa bonne humeur et son eacutecoute attentive quand on en a besoin

Maelle pour les fous rires agrave Creil et par la suite pour ecirctre un peu chti au fond drsquoelle pour le

caramel quand mecircme

Xavier pour les renards pour les coups de folie et apeacuteros improviseacutes Jess pour apporter un peu

du Nord agrave notre quotidien picard pour la colocrsquo et pour son soutien hellip viril

Maiteacute pour son vrai management drsquoune drocircle drsquoeacutequipe drsquointernes pour sa sensibiliteacute et les

visites inoubliables Jeacuterocircme pour ta patience dans nos soireacutees un peu trop laquo meacutedecins raquo

Yoann pour les trucs en -ose les clips les pommes de terre les imitations pour le mec de chez

Tung et les soireacutees pyjamas Ceacutecile pour son optimisme et ses conseils toujours preacutecieux pour

les fraises et les petits pains agrave la cannelle

Dimitri laquo Philippe raquo laquo Benjamrsquo raquo pour les catheacutes les sushis et les bagarres pour avoir eacuteteacute un

co-interne et un chef agrave la hauteur Aureacutelie pour sa bonne humeur et son courage agrave nous eacutecouter

raconter les mecircmes histoires

Annis pour lrsquointeacute et ses apeacuteros un peu fous pour les soireacutees BU les escapades agrave Rome Ubud

Amsterdam et les photos pour rester toi jusque dans les chemins de halage Mathilde pour ecirctre

agrave la hauteur de ce sacreacute bonhomme

Steacutephane mon fregravere plus que confregravere pour ecirctre lagrave depuis le syndrome cave supeacuterieur jusqursquoagrave

aujourdrsquohui des repas MTV aux soireacutees top-chef des sous colles au craquage post ECN pour

les Batelrsquos et la reacutea Calmette pour ton humaniteacute qui font de toi un ami et meacutedecin en or Aureacutelie

pour ton appui pendant toutes ces anneacutees tes petits plats et attentions pour les larmes de joie

plutocirct reacutecurrentes et pour les futures escapades agrave 7

Louison Octave Quentin Cleacutea Rose Auguste Aline Romane Marc Bastien Baptiste

Romain Luna Enzo Lola Zoeacute Samuel Gustave Maxime Thomas Nelson Harvey pour nous

rappeler ce qui compte vraiment

Papy et Mamie pour leur amour et leurs penseacutees

Mamie pour ecirctre si fiegravere de nous Jrsquoaurais aimeacute que tu sois lagrave aujourdrsquohui

Et puis il y a ceux pour qui les mots ne suffisent pas

Ma famille pour rester toujours solide et unie pour passer les eacutepreuves et les bons moments

ensemble Pour mrsquoavoir soutenue dans mes angoisses mes doutes et malgreacute mes humeurs Pour

avoir fait ce que je suis aujourdrsquohui

Mathilde mon chou-cheacuteri ma meilleure pour son eacutecoute et sa patience agrave mon contact pas

toujours facile

Antoine pour son flegme en toute circonstance et ses attentions discregravetes mais toujours justes

Mon pegravere pour mrsquoavoir donneacute le goucirct de la science pour son soutien agrave toute eacutepreuve et sa fierteacute

Ma megravere pour mrsquoavoir fait comprendre qursquoon ne se construit qursquoau contact des autres et pour

son incroyable humaniteacute

Julien pour mrsquoaider agrave me deacutepasser tous les jours

Pour ton amour ta patience et ton eacutecoute

Pour continuer agrave me faire rire mecircme si je suis parfois la seule

Pour ton exigence et ton refus drsquoecirctre laquo comme tout le monde raquo

Pour ecirctre un pegravere incroyable pour Zacharie

Pour ecirctre toi et mrsquoavoir aideacute agrave devenir moi

Agrave Zacharie

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

BIBLIOGRAPHIE

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normales de lrsquoheacutemogramme chez lrsquoadulte un besoin pour une meilleure interpreacutetation et pour

lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 3: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

Agrave Monsieur le Professeur Jean-Luc SCHMIT

Professeur des Universiteacutes-Praticien Hospitalier

(Maladies infectieuses et tropicales)

Responsable du service des maladies infectieuses et tropicales

Pocircle Meacutedico-chirurgical digestif reacutenal infectieux meacutedecine interne et endocrinologie

(DRIME)

Chevalier dans lrsquoOrdre des Palmes Acadeacutemiques

Votre passion pour la meacutedecine et votre humaniteacute sont un exemple

Je suis fiegravere de pouvoir continuer agrave apprendre et exercer dans votre service

Merci de me faire lrsquohonneur de participer agrave ce jury

Agrave Madame le Professeur Sandrine CASTELAIN

Professeur des Universiteacutes ndash Praticien Hospitalier

(Bacteacuteriologie virologie-hygiegravene hospitaliegravere)

Laboratoire de Bacteacuteriologie et Virologie

Pocircle biologie pharmacie et santeacute des populations

Merci de mrsquoavoir ouvert les portes de votre laboratoire pour que je complegravete ma formation

drsquoinfectiologue

Merci de me faire lrsquohonneur de participer agrave ce jury

Agrave Monsieur le Professeur Julien MAIZEL

Professeur des Universiteacutes-Praticien Hospitalier

(Reacuteanimation meacutedecine drsquourgence)

Deacutecouvrir la reacuteanimation agrave tes cocircteacutes a eacuteteacute enrichissant tant sur le plan humain que des

connaissances

Ta peacutedagogie ta rigueur et ta disponibiliteacute ont contribueacute agrave rendre cette discipline passionnante

agrave mes yeux

Merci de me faire lrsquohonneur de participer agrave ce jury

A Monsieur le Docteur Jean SCHMIDT

Maicirctre de Confeacuterences des Universiteacutes - Praticien Hospitalier

Meacutedecine interne

Jrsquoai beaucoup appris agrave tes cocircteacutes au cours de cet internat

Ton calme et ta conscience professionnelle au cours des deux semestres passeacutes en meacutedecine interne

mrsquoont aideacute agrave progresser

Merci drsquoavoir dirigeacute ce travail de ta patience et de tes conseils

La preacutesentation de cette thegravese signe la fin de douze ans de travail drsquoeacutemotions de doutes de

joies et surtout de rencontres qui contribuent agrave la construction de la personne et du meacutedecin

que je suis devenu

Crsquoest pour moi lrsquooccasion de vous remercier Je nrsquoen serai pas lagrave sans

Les meacutedecins qui mrsquoont accompagneacutee dans ma formation et ont renforceacute lrsquoenvie de faire ce

meacutetier

En meacutedecine interne Le Professeur Ducroix pour avoir fait germer ma vocation

drsquointerniste et pour nos eacutechanges jardiniers Docteur Smail pour son dynamisme

communicatif Valery pour son enthousiasme et sa geacuteneacuterositeacute

En neacutephrologie Le Docteur Makdassi pour son amour infini de la neacutephrologie

En heacutematologie Le Professeur Marolleau pour son enthousiasme Bruno Royer

laquo Monsieur Gentil raquo pour son deacutevouement et sa franchise Beacuterengegravere pour sa force et

son humiliteacute Anne pour sa sensibiliteacute

En reacuteanimation meacutedicale Loay pour son investissement et son envie de nous apprendre

Bertrand de Cagny pour lrsquoimportance du travail laquo bien fait raquo et du bon sens avant tout

En rhumatologie Franck pour les heures passeacutees agrave deacutecortiquer des rachis et sacro-

iliaques avec passion

En pathologies infectieuses Nathalie Landgraf et le Dr Pik pour avoir suivi mes

premiers pas drsquointerne Youssef pour ses conseils au quotidien et son envie de partager

les connaissances Jean-Philippe pour les discussions passeacutees et futures sur nos passions

communes et lrsquoenvie de faire bouger les choses Ceacutedric pour son aide preacutecieuse dans

mon parcours

Mes co-internes qui sont devenus au fil des ans bien plus que des collegravegues Gaeumllle Fanny

Chloeacute Xiaoli Morgane Coralie Marie Anne Charlotte Juliette Xavier Amandine Mathieu

Alexis Pierre-Yves Chandra Magalie Opheacutelie Leacutea Caroline Alice Thibaut Ines Julien

Reacutemy et Guillaume pour les collaborations anciennes et futures

Les eacutequipes para meacutedicales Monsieur Degouy Laure laquo trsquoes belle raquo Leacuteonie Karine Steacutephanie

Virginie Charlotte Manue Laiumlla Elise Astrid Martine Ceacuteline Claire Lucile Catherine

Eleacuteonore Camille Lucie Ela Lydia Gwen Isabelle Emilie Peacutepette Manue Sylvie Ceacuteline

Valeacuterie Sabine Thomas Willy Adrien Aymeric Mathieu Laure Meacutelanie Julie Sam Anne

Camille Assita et ceux que jrsquooublie pour donner un sens au mot laquo eacutequipe raquo

Les secreacutetaires Perrine Brigitte Catherine Veacutero et Isabelle pour leur disponibiliteacute et leur

patience

Mes oncles et tantes cousins et cousines pour avoir suivi de pregraves ou de loin mon parcours et

mrsquoavoir toujours encourageacute Particuliegraverement Claire et Ying pour les ballades irlandaises Marie

pour Pascal Adrien et Eneli pour lrsquoaccueil Versaillais Pierre-Edouard et Alix pour les vireacutees

parisiennes Lucie pour les fous rires sur le chemin de lrsquoeacutecole Mes filleules Rachel et Gladys

pour les bons moments

Isabelle et Gaby Manue et Seb Sophie Johan et Magalie pour les metkas kluskis cours de

tricot et de couture agrave venir parce qursquoil nrsquoy a pas que le boulot dans la vie hellip

Les copains de lrsquoexternat ceux que je ne vois plus beaucoup mais que je nrsquooublie pas Sophie

laquo mon poussin raquo Jade Christophe Caro Rami Nima Max Julien Rita Yassine Hamza

Hamidour Hassan William Laurent Alexis Christohellip

Emilie ma kiasse pour les fous rires deacutelires rendez-vous au coin et monaco au Kerry

Rosa pour la P1 ses repas ses QCM stress vireacutees lilloises et champecirctres pleines de secrets

pour les micro-pauses et micro-siestes

Reacutemi mon fils et Emilie Ben et Eugeacutenie Raphael Bonne-Santeacute et Aureacutelie Xavier et Julie Nico

et Emilie pour me rappeler qursquoil y a une belle vie en dehors des hocircpitaux et des bouquins

Ceux qui de chefs sont passeacutes au rang drsquoamis Francois pour les pizzas en garde et les check-

list Marianne pour eacuteclairer cette sombre discipline qursquoest la dialyse Pauline pour sa douceur

et sa confiance Florence pour sa bonne humeur

Cleacutement G pour son soutien et pour les secrets plus si secrets

Myriam pour le soleil qursquoelle apporte agrave son contact

Audrey pour son seacuterieux un brin audacieux et tellement attachant

Marie pour ces deux semestres pour les eacutechos de tophii et les pizzas maison plus ou moins

partageacutees

Beacutebeacute Sarah pour les pauses-goucircter les eacutechographies secregravetes et les eacutepis agrave deux

Cleacutement Brault laquo Mister Sandman raquo pour les petites musiques textos incongrus pour ses cours

sur les zombis et le Horton (aussi) Mathilde pour son sourire et son brin de folie qui ont

contribueacute agrave rendre le semestre de reacutea aussi incroyable

Pauline laquo Paulette raquo ma collegravegue de congregraves pour les craquages de fin de stage les theacutes et la

soucieuse relecture de ce papier

Maryam pour sa bonne humeur et son eacutecoute attentive quand on en a besoin

Maelle pour les fous rires agrave Creil et par la suite pour ecirctre un peu chti au fond drsquoelle pour le

caramel quand mecircme

Xavier pour les renards pour les coups de folie et apeacuteros improviseacutes Jess pour apporter un peu

du Nord agrave notre quotidien picard pour la colocrsquo et pour son soutien hellip viril

Maiteacute pour son vrai management drsquoune drocircle drsquoeacutequipe drsquointernes pour sa sensibiliteacute et les

visites inoubliables Jeacuterocircme pour ta patience dans nos soireacutees un peu trop laquo meacutedecins raquo

Yoann pour les trucs en -ose les clips les pommes de terre les imitations pour le mec de chez

Tung et les soireacutees pyjamas Ceacutecile pour son optimisme et ses conseils toujours preacutecieux pour

les fraises et les petits pains agrave la cannelle

Dimitri laquo Philippe raquo laquo Benjamrsquo raquo pour les catheacutes les sushis et les bagarres pour avoir eacuteteacute un

co-interne et un chef agrave la hauteur Aureacutelie pour sa bonne humeur et son courage agrave nous eacutecouter

raconter les mecircmes histoires

Annis pour lrsquointeacute et ses apeacuteros un peu fous pour les soireacutees BU les escapades agrave Rome Ubud

Amsterdam et les photos pour rester toi jusque dans les chemins de halage Mathilde pour ecirctre

agrave la hauteur de ce sacreacute bonhomme

Steacutephane mon fregravere plus que confregravere pour ecirctre lagrave depuis le syndrome cave supeacuterieur jusqursquoagrave

aujourdrsquohui des repas MTV aux soireacutees top-chef des sous colles au craquage post ECN pour

les Batelrsquos et la reacutea Calmette pour ton humaniteacute qui font de toi un ami et meacutedecin en or Aureacutelie

pour ton appui pendant toutes ces anneacutees tes petits plats et attentions pour les larmes de joie

plutocirct reacutecurrentes et pour les futures escapades agrave 7

Louison Octave Quentin Cleacutea Rose Auguste Aline Romane Marc Bastien Baptiste

Romain Luna Enzo Lola Zoeacute Samuel Gustave Maxime Thomas Nelson Harvey pour nous

rappeler ce qui compte vraiment

Papy et Mamie pour leur amour et leurs penseacutees

Mamie pour ecirctre si fiegravere de nous Jrsquoaurais aimeacute que tu sois lagrave aujourdrsquohui

Et puis il y a ceux pour qui les mots ne suffisent pas

Ma famille pour rester toujours solide et unie pour passer les eacutepreuves et les bons moments

ensemble Pour mrsquoavoir soutenue dans mes angoisses mes doutes et malgreacute mes humeurs Pour

avoir fait ce que je suis aujourdrsquohui

Mathilde mon chou-cheacuteri ma meilleure pour son eacutecoute et sa patience agrave mon contact pas

toujours facile

Antoine pour son flegme en toute circonstance et ses attentions discregravetes mais toujours justes

Mon pegravere pour mrsquoavoir donneacute le goucirct de la science pour son soutien agrave toute eacutepreuve et sa fierteacute

Ma megravere pour mrsquoavoir fait comprendre qursquoon ne se construit qursquoau contact des autres et pour

son incroyable humaniteacute

Julien pour mrsquoaider agrave me deacutepasser tous les jours

Pour ton amour ta patience et ton eacutecoute

Pour continuer agrave me faire rire mecircme si je suis parfois la seule

Pour ton exigence et ton refus drsquoecirctre laquo comme tout le monde raquo

Pour ecirctre un pegravere incroyable pour Zacharie

Pour ecirctre toi et mrsquoavoir aideacute agrave devenir moi

Agrave Zacharie

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 4: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

Agrave Madame le Professeur Sandrine CASTELAIN

Professeur des Universiteacutes ndash Praticien Hospitalier

(Bacteacuteriologie virologie-hygiegravene hospitaliegravere)

Laboratoire de Bacteacuteriologie et Virologie

Pocircle biologie pharmacie et santeacute des populations

Merci de mrsquoavoir ouvert les portes de votre laboratoire pour que je complegravete ma formation

drsquoinfectiologue

Merci de me faire lrsquohonneur de participer agrave ce jury

Agrave Monsieur le Professeur Julien MAIZEL

Professeur des Universiteacutes-Praticien Hospitalier

(Reacuteanimation meacutedecine drsquourgence)

Deacutecouvrir la reacuteanimation agrave tes cocircteacutes a eacuteteacute enrichissant tant sur le plan humain que des

connaissances

Ta peacutedagogie ta rigueur et ta disponibiliteacute ont contribueacute agrave rendre cette discipline passionnante

agrave mes yeux

Merci de me faire lrsquohonneur de participer agrave ce jury

A Monsieur le Docteur Jean SCHMIDT

Maicirctre de Confeacuterences des Universiteacutes - Praticien Hospitalier

Meacutedecine interne

Jrsquoai beaucoup appris agrave tes cocircteacutes au cours de cet internat

Ton calme et ta conscience professionnelle au cours des deux semestres passeacutes en meacutedecine interne

mrsquoont aideacute agrave progresser

Merci drsquoavoir dirigeacute ce travail de ta patience et de tes conseils

La preacutesentation de cette thegravese signe la fin de douze ans de travail drsquoeacutemotions de doutes de

joies et surtout de rencontres qui contribuent agrave la construction de la personne et du meacutedecin

que je suis devenu

Crsquoest pour moi lrsquooccasion de vous remercier Je nrsquoen serai pas lagrave sans

Les meacutedecins qui mrsquoont accompagneacutee dans ma formation et ont renforceacute lrsquoenvie de faire ce

meacutetier

En meacutedecine interne Le Professeur Ducroix pour avoir fait germer ma vocation

drsquointerniste et pour nos eacutechanges jardiniers Docteur Smail pour son dynamisme

communicatif Valery pour son enthousiasme et sa geacuteneacuterositeacute

En neacutephrologie Le Docteur Makdassi pour son amour infini de la neacutephrologie

En heacutematologie Le Professeur Marolleau pour son enthousiasme Bruno Royer

laquo Monsieur Gentil raquo pour son deacutevouement et sa franchise Beacuterengegravere pour sa force et

son humiliteacute Anne pour sa sensibiliteacute

En reacuteanimation meacutedicale Loay pour son investissement et son envie de nous apprendre

Bertrand de Cagny pour lrsquoimportance du travail laquo bien fait raquo et du bon sens avant tout

En rhumatologie Franck pour les heures passeacutees agrave deacutecortiquer des rachis et sacro-

iliaques avec passion

En pathologies infectieuses Nathalie Landgraf et le Dr Pik pour avoir suivi mes

premiers pas drsquointerne Youssef pour ses conseils au quotidien et son envie de partager

les connaissances Jean-Philippe pour les discussions passeacutees et futures sur nos passions

communes et lrsquoenvie de faire bouger les choses Ceacutedric pour son aide preacutecieuse dans

mon parcours

Mes co-internes qui sont devenus au fil des ans bien plus que des collegravegues Gaeumllle Fanny

Chloeacute Xiaoli Morgane Coralie Marie Anne Charlotte Juliette Xavier Amandine Mathieu

Alexis Pierre-Yves Chandra Magalie Opheacutelie Leacutea Caroline Alice Thibaut Ines Julien

Reacutemy et Guillaume pour les collaborations anciennes et futures

Les eacutequipes para meacutedicales Monsieur Degouy Laure laquo trsquoes belle raquo Leacuteonie Karine Steacutephanie

Virginie Charlotte Manue Laiumlla Elise Astrid Martine Ceacuteline Claire Lucile Catherine

Eleacuteonore Camille Lucie Ela Lydia Gwen Isabelle Emilie Peacutepette Manue Sylvie Ceacuteline

Valeacuterie Sabine Thomas Willy Adrien Aymeric Mathieu Laure Meacutelanie Julie Sam Anne

Camille Assita et ceux que jrsquooublie pour donner un sens au mot laquo eacutequipe raquo

Les secreacutetaires Perrine Brigitte Catherine Veacutero et Isabelle pour leur disponibiliteacute et leur

patience

Mes oncles et tantes cousins et cousines pour avoir suivi de pregraves ou de loin mon parcours et

mrsquoavoir toujours encourageacute Particuliegraverement Claire et Ying pour les ballades irlandaises Marie

pour Pascal Adrien et Eneli pour lrsquoaccueil Versaillais Pierre-Edouard et Alix pour les vireacutees

parisiennes Lucie pour les fous rires sur le chemin de lrsquoeacutecole Mes filleules Rachel et Gladys

pour les bons moments

Isabelle et Gaby Manue et Seb Sophie Johan et Magalie pour les metkas kluskis cours de

tricot et de couture agrave venir parce qursquoil nrsquoy a pas que le boulot dans la vie hellip

Les copains de lrsquoexternat ceux que je ne vois plus beaucoup mais que je nrsquooublie pas Sophie

laquo mon poussin raquo Jade Christophe Caro Rami Nima Max Julien Rita Yassine Hamza

Hamidour Hassan William Laurent Alexis Christohellip

Emilie ma kiasse pour les fous rires deacutelires rendez-vous au coin et monaco au Kerry

Rosa pour la P1 ses repas ses QCM stress vireacutees lilloises et champecirctres pleines de secrets

pour les micro-pauses et micro-siestes

Reacutemi mon fils et Emilie Ben et Eugeacutenie Raphael Bonne-Santeacute et Aureacutelie Xavier et Julie Nico

et Emilie pour me rappeler qursquoil y a une belle vie en dehors des hocircpitaux et des bouquins

Ceux qui de chefs sont passeacutes au rang drsquoamis Francois pour les pizzas en garde et les check-

list Marianne pour eacuteclairer cette sombre discipline qursquoest la dialyse Pauline pour sa douceur

et sa confiance Florence pour sa bonne humeur

Cleacutement G pour son soutien et pour les secrets plus si secrets

Myriam pour le soleil qursquoelle apporte agrave son contact

Audrey pour son seacuterieux un brin audacieux et tellement attachant

Marie pour ces deux semestres pour les eacutechos de tophii et les pizzas maison plus ou moins

partageacutees

Beacutebeacute Sarah pour les pauses-goucircter les eacutechographies secregravetes et les eacutepis agrave deux

Cleacutement Brault laquo Mister Sandman raquo pour les petites musiques textos incongrus pour ses cours

sur les zombis et le Horton (aussi) Mathilde pour son sourire et son brin de folie qui ont

contribueacute agrave rendre le semestre de reacutea aussi incroyable

Pauline laquo Paulette raquo ma collegravegue de congregraves pour les craquages de fin de stage les theacutes et la

soucieuse relecture de ce papier

Maryam pour sa bonne humeur et son eacutecoute attentive quand on en a besoin

Maelle pour les fous rires agrave Creil et par la suite pour ecirctre un peu chti au fond drsquoelle pour le

caramel quand mecircme

Xavier pour les renards pour les coups de folie et apeacuteros improviseacutes Jess pour apporter un peu

du Nord agrave notre quotidien picard pour la colocrsquo et pour son soutien hellip viril

Maiteacute pour son vrai management drsquoune drocircle drsquoeacutequipe drsquointernes pour sa sensibiliteacute et les

visites inoubliables Jeacuterocircme pour ta patience dans nos soireacutees un peu trop laquo meacutedecins raquo

Yoann pour les trucs en -ose les clips les pommes de terre les imitations pour le mec de chez

Tung et les soireacutees pyjamas Ceacutecile pour son optimisme et ses conseils toujours preacutecieux pour

les fraises et les petits pains agrave la cannelle

Dimitri laquo Philippe raquo laquo Benjamrsquo raquo pour les catheacutes les sushis et les bagarres pour avoir eacuteteacute un

co-interne et un chef agrave la hauteur Aureacutelie pour sa bonne humeur et son courage agrave nous eacutecouter

raconter les mecircmes histoires

Annis pour lrsquointeacute et ses apeacuteros un peu fous pour les soireacutees BU les escapades agrave Rome Ubud

Amsterdam et les photos pour rester toi jusque dans les chemins de halage Mathilde pour ecirctre

agrave la hauteur de ce sacreacute bonhomme

Steacutephane mon fregravere plus que confregravere pour ecirctre lagrave depuis le syndrome cave supeacuterieur jusqursquoagrave

aujourdrsquohui des repas MTV aux soireacutees top-chef des sous colles au craquage post ECN pour

les Batelrsquos et la reacutea Calmette pour ton humaniteacute qui font de toi un ami et meacutedecin en or Aureacutelie

pour ton appui pendant toutes ces anneacutees tes petits plats et attentions pour les larmes de joie

plutocirct reacutecurrentes et pour les futures escapades agrave 7

Louison Octave Quentin Cleacutea Rose Auguste Aline Romane Marc Bastien Baptiste

Romain Luna Enzo Lola Zoeacute Samuel Gustave Maxime Thomas Nelson Harvey pour nous

rappeler ce qui compte vraiment

Papy et Mamie pour leur amour et leurs penseacutees

Mamie pour ecirctre si fiegravere de nous Jrsquoaurais aimeacute que tu sois lagrave aujourdrsquohui

Et puis il y a ceux pour qui les mots ne suffisent pas

Ma famille pour rester toujours solide et unie pour passer les eacutepreuves et les bons moments

ensemble Pour mrsquoavoir soutenue dans mes angoisses mes doutes et malgreacute mes humeurs Pour

avoir fait ce que je suis aujourdrsquohui

Mathilde mon chou-cheacuteri ma meilleure pour son eacutecoute et sa patience agrave mon contact pas

toujours facile

Antoine pour son flegme en toute circonstance et ses attentions discregravetes mais toujours justes

Mon pegravere pour mrsquoavoir donneacute le goucirct de la science pour son soutien agrave toute eacutepreuve et sa fierteacute

Ma megravere pour mrsquoavoir fait comprendre qursquoon ne se construit qursquoau contact des autres et pour

son incroyable humaniteacute

Julien pour mrsquoaider agrave me deacutepasser tous les jours

Pour ton amour ta patience et ton eacutecoute

Pour continuer agrave me faire rire mecircme si je suis parfois la seule

Pour ton exigence et ton refus drsquoecirctre laquo comme tout le monde raquo

Pour ecirctre un pegravere incroyable pour Zacharie

Pour ecirctre toi et mrsquoavoir aideacute agrave devenir moi

Agrave Zacharie

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 5: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

Agrave Monsieur le Professeur Julien MAIZEL

Professeur des Universiteacutes-Praticien Hospitalier

(Reacuteanimation meacutedecine drsquourgence)

Deacutecouvrir la reacuteanimation agrave tes cocircteacutes a eacuteteacute enrichissant tant sur le plan humain que des

connaissances

Ta peacutedagogie ta rigueur et ta disponibiliteacute ont contribueacute agrave rendre cette discipline passionnante

agrave mes yeux

Merci de me faire lrsquohonneur de participer agrave ce jury

A Monsieur le Docteur Jean SCHMIDT

Maicirctre de Confeacuterences des Universiteacutes - Praticien Hospitalier

Meacutedecine interne

Jrsquoai beaucoup appris agrave tes cocircteacutes au cours de cet internat

Ton calme et ta conscience professionnelle au cours des deux semestres passeacutes en meacutedecine interne

mrsquoont aideacute agrave progresser

Merci drsquoavoir dirigeacute ce travail de ta patience et de tes conseils

La preacutesentation de cette thegravese signe la fin de douze ans de travail drsquoeacutemotions de doutes de

joies et surtout de rencontres qui contribuent agrave la construction de la personne et du meacutedecin

que je suis devenu

Crsquoest pour moi lrsquooccasion de vous remercier Je nrsquoen serai pas lagrave sans

Les meacutedecins qui mrsquoont accompagneacutee dans ma formation et ont renforceacute lrsquoenvie de faire ce

meacutetier

En meacutedecine interne Le Professeur Ducroix pour avoir fait germer ma vocation

drsquointerniste et pour nos eacutechanges jardiniers Docteur Smail pour son dynamisme

communicatif Valery pour son enthousiasme et sa geacuteneacuterositeacute

En neacutephrologie Le Docteur Makdassi pour son amour infini de la neacutephrologie

En heacutematologie Le Professeur Marolleau pour son enthousiasme Bruno Royer

laquo Monsieur Gentil raquo pour son deacutevouement et sa franchise Beacuterengegravere pour sa force et

son humiliteacute Anne pour sa sensibiliteacute

En reacuteanimation meacutedicale Loay pour son investissement et son envie de nous apprendre

Bertrand de Cagny pour lrsquoimportance du travail laquo bien fait raquo et du bon sens avant tout

En rhumatologie Franck pour les heures passeacutees agrave deacutecortiquer des rachis et sacro-

iliaques avec passion

En pathologies infectieuses Nathalie Landgraf et le Dr Pik pour avoir suivi mes

premiers pas drsquointerne Youssef pour ses conseils au quotidien et son envie de partager

les connaissances Jean-Philippe pour les discussions passeacutees et futures sur nos passions

communes et lrsquoenvie de faire bouger les choses Ceacutedric pour son aide preacutecieuse dans

mon parcours

Mes co-internes qui sont devenus au fil des ans bien plus que des collegravegues Gaeumllle Fanny

Chloeacute Xiaoli Morgane Coralie Marie Anne Charlotte Juliette Xavier Amandine Mathieu

Alexis Pierre-Yves Chandra Magalie Opheacutelie Leacutea Caroline Alice Thibaut Ines Julien

Reacutemy et Guillaume pour les collaborations anciennes et futures

Les eacutequipes para meacutedicales Monsieur Degouy Laure laquo trsquoes belle raquo Leacuteonie Karine Steacutephanie

Virginie Charlotte Manue Laiumlla Elise Astrid Martine Ceacuteline Claire Lucile Catherine

Eleacuteonore Camille Lucie Ela Lydia Gwen Isabelle Emilie Peacutepette Manue Sylvie Ceacuteline

Valeacuterie Sabine Thomas Willy Adrien Aymeric Mathieu Laure Meacutelanie Julie Sam Anne

Camille Assita et ceux que jrsquooublie pour donner un sens au mot laquo eacutequipe raquo

Les secreacutetaires Perrine Brigitte Catherine Veacutero et Isabelle pour leur disponibiliteacute et leur

patience

Mes oncles et tantes cousins et cousines pour avoir suivi de pregraves ou de loin mon parcours et

mrsquoavoir toujours encourageacute Particuliegraverement Claire et Ying pour les ballades irlandaises Marie

pour Pascal Adrien et Eneli pour lrsquoaccueil Versaillais Pierre-Edouard et Alix pour les vireacutees

parisiennes Lucie pour les fous rires sur le chemin de lrsquoeacutecole Mes filleules Rachel et Gladys

pour les bons moments

Isabelle et Gaby Manue et Seb Sophie Johan et Magalie pour les metkas kluskis cours de

tricot et de couture agrave venir parce qursquoil nrsquoy a pas que le boulot dans la vie hellip

Les copains de lrsquoexternat ceux que je ne vois plus beaucoup mais que je nrsquooublie pas Sophie

laquo mon poussin raquo Jade Christophe Caro Rami Nima Max Julien Rita Yassine Hamza

Hamidour Hassan William Laurent Alexis Christohellip

Emilie ma kiasse pour les fous rires deacutelires rendez-vous au coin et monaco au Kerry

Rosa pour la P1 ses repas ses QCM stress vireacutees lilloises et champecirctres pleines de secrets

pour les micro-pauses et micro-siestes

Reacutemi mon fils et Emilie Ben et Eugeacutenie Raphael Bonne-Santeacute et Aureacutelie Xavier et Julie Nico

et Emilie pour me rappeler qursquoil y a une belle vie en dehors des hocircpitaux et des bouquins

Ceux qui de chefs sont passeacutes au rang drsquoamis Francois pour les pizzas en garde et les check-

list Marianne pour eacuteclairer cette sombre discipline qursquoest la dialyse Pauline pour sa douceur

et sa confiance Florence pour sa bonne humeur

Cleacutement G pour son soutien et pour les secrets plus si secrets

Myriam pour le soleil qursquoelle apporte agrave son contact

Audrey pour son seacuterieux un brin audacieux et tellement attachant

Marie pour ces deux semestres pour les eacutechos de tophii et les pizzas maison plus ou moins

partageacutees

Beacutebeacute Sarah pour les pauses-goucircter les eacutechographies secregravetes et les eacutepis agrave deux

Cleacutement Brault laquo Mister Sandman raquo pour les petites musiques textos incongrus pour ses cours

sur les zombis et le Horton (aussi) Mathilde pour son sourire et son brin de folie qui ont

contribueacute agrave rendre le semestre de reacutea aussi incroyable

Pauline laquo Paulette raquo ma collegravegue de congregraves pour les craquages de fin de stage les theacutes et la

soucieuse relecture de ce papier

Maryam pour sa bonne humeur et son eacutecoute attentive quand on en a besoin

Maelle pour les fous rires agrave Creil et par la suite pour ecirctre un peu chti au fond drsquoelle pour le

caramel quand mecircme

Xavier pour les renards pour les coups de folie et apeacuteros improviseacutes Jess pour apporter un peu

du Nord agrave notre quotidien picard pour la colocrsquo et pour son soutien hellip viril

Maiteacute pour son vrai management drsquoune drocircle drsquoeacutequipe drsquointernes pour sa sensibiliteacute et les

visites inoubliables Jeacuterocircme pour ta patience dans nos soireacutees un peu trop laquo meacutedecins raquo

Yoann pour les trucs en -ose les clips les pommes de terre les imitations pour le mec de chez

Tung et les soireacutees pyjamas Ceacutecile pour son optimisme et ses conseils toujours preacutecieux pour

les fraises et les petits pains agrave la cannelle

Dimitri laquo Philippe raquo laquo Benjamrsquo raquo pour les catheacutes les sushis et les bagarres pour avoir eacuteteacute un

co-interne et un chef agrave la hauteur Aureacutelie pour sa bonne humeur et son courage agrave nous eacutecouter

raconter les mecircmes histoires

Annis pour lrsquointeacute et ses apeacuteros un peu fous pour les soireacutees BU les escapades agrave Rome Ubud

Amsterdam et les photos pour rester toi jusque dans les chemins de halage Mathilde pour ecirctre

agrave la hauteur de ce sacreacute bonhomme

Steacutephane mon fregravere plus que confregravere pour ecirctre lagrave depuis le syndrome cave supeacuterieur jusqursquoagrave

aujourdrsquohui des repas MTV aux soireacutees top-chef des sous colles au craquage post ECN pour

les Batelrsquos et la reacutea Calmette pour ton humaniteacute qui font de toi un ami et meacutedecin en or Aureacutelie

pour ton appui pendant toutes ces anneacutees tes petits plats et attentions pour les larmes de joie

plutocirct reacutecurrentes et pour les futures escapades agrave 7

Louison Octave Quentin Cleacutea Rose Auguste Aline Romane Marc Bastien Baptiste

Romain Luna Enzo Lola Zoeacute Samuel Gustave Maxime Thomas Nelson Harvey pour nous

rappeler ce qui compte vraiment

Papy et Mamie pour leur amour et leurs penseacutees

Mamie pour ecirctre si fiegravere de nous Jrsquoaurais aimeacute que tu sois lagrave aujourdrsquohui

Et puis il y a ceux pour qui les mots ne suffisent pas

Ma famille pour rester toujours solide et unie pour passer les eacutepreuves et les bons moments

ensemble Pour mrsquoavoir soutenue dans mes angoisses mes doutes et malgreacute mes humeurs Pour

avoir fait ce que je suis aujourdrsquohui

Mathilde mon chou-cheacuteri ma meilleure pour son eacutecoute et sa patience agrave mon contact pas

toujours facile

Antoine pour son flegme en toute circonstance et ses attentions discregravetes mais toujours justes

Mon pegravere pour mrsquoavoir donneacute le goucirct de la science pour son soutien agrave toute eacutepreuve et sa fierteacute

Ma megravere pour mrsquoavoir fait comprendre qursquoon ne se construit qursquoau contact des autres et pour

son incroyable humaniteacute

Julien pour mrsquoaider agrave me deacutepasser tous les jours

Pour ton amour ta patience et ton eacutecoute

Pour continuer agrave me faire rire mecircme si je suis parfois la seule

Pour ton exigence et ton refus drsquoecirctre laquo comme tout le monde raquo

Pour ecirctre un pegravere incroyable pour Zacharie

Pour ecirctre toi et mrsquoavoir aideacute agrave devenir moi

Agrave Zacharie

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 6: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

A Monsieur le Docteur Jean SCHMIDT

Maicirctre de Confeacuterences des Universiteacutes - Praticien Hospitalier

Meacutedecine interne

Jrsquoai beaucoup appris agrave tes cocircteacutes au cours de cet internat

Ton calme et ta conscience professionnelle au cours des deux semestres passeacutes en meacutedecine interne

mrsquoont aideacute agrave progresser

Merci drsquoavoir dirigeacute ce travail de ta patience et de tes conseils

La preacutesentation de cette thegravese signe la fin de douze ans de travail drsquoeacutemotions de doutes de

joies et surtout de rencontres qui contribuent agrave la construction de la personne et du meacutedecin

que je suis devenu

Crsquoest pour moi lrsquooccasion de vous remercier Je nrsquoen serai pas lagrave sans

Les meacutedecins qui mrsquoont accompagneacutee dans ma formation et ont renforceacute lrsquoenvie de faire ce

meacutetier

En meacutedecine interne Le Professeur Ducroix pour avoir fait germer ma vocation

drsquointerniste et pour nos eacutechanges jardiniers Docteur Smail pour son dynamisme

communicatif Valery pour son enthousiasme et sa geacuteneacuterositeacute

En neacutephrologie Le Docteur Makdassi pour son amour infini de la neacutephrologie

En heacutematologie Le Professeur Marolleau pour son enthousiasme Bruno Royer

laquo Monsieur Gentil raquo pour son deacutevouement et sa franchise Beacuterengegravere pour sa force et

son humiliteacute Anne pour sa sensibiliteacute

En reacuteanimation meacutedicale Loay pour son investissement et son envie de nous apprendre

Bertrand de Cagny pour lrsquoimportance du travail laquo bien fait raquo et du bon sens avant tout

En rhumatologie Franck pour les heures passeacutees agrave deacutecortiquer des rachis et sacro-

iliaques avec passion

En pathologies infectieuses Nathalie Landgraf et le Dr Pik pour avoir suivi mes

premiers pas drsquointerne Youssef pour ses conseils au quotidien et son envie de partager

les connaissances Jean-Philippe pour les discussions passeacutees et futures sur nos passions

communes et lrsquoenvie de faire bouger les choses Ceacutedric pour son aide preacutecieuse dans

mon parcours

Mes co-internes qui sont devenus au fil des ans bien plus que des collegravegues Gaeumllle Fanny

Chloeacute Xiaoli Morgane Coralie Marie Anne Charlotte Juliette Xavier Amandine Mathieu

Alexis Pierre-Yves Chandra Magalie Opheacutelie Leacutea Caroline Alice Thibaut Ines Julien

Reacutemy et Guillaume pour les collaborations anciennes et futures

Les eacutequipes para meacutedicales Monsieur Degouy Laure laquo trsquoes belle raquo Leacuteonie Karine Steacutephanie

Virginie Charlotte Manue Laiumlla Elise Astrid Martine Ceacuteline Claire Lucile Catherine

Eleacuteonore Camille Lucie Ela Lydia Gwen Isabelle Emilie Peacutepette Manue Sylvie Ceacuteline

Valeacuterie Sabine Thomas Willy Adrien Aymeric Mathieu Laure Meacutelanie Julie Sam Anne

Camille Assita et ceux que jrsquooublie pour donner un sens au mot laquo eacutequipe raquo

Les secreacutetaires Perrine Brigitte Catherine Veacutero et Isabelle pour leur disponibiliteacute et leur

patience

Mes oncles et tantes cousins et cousines pour avoir suivi de pregraves ou de loin mon parcours et

mrsquoavoir toujours encourageacute Particuliegraverement Claire et Ying pour les ballades irlandaises Marie

pour Pascal Adrien et Eneli pour lrsquoaccueil Versaillais Pierre-Edouard et Alix pour les vireacutees

parisiennes Lucie pour les fous rires sur le chemin de lrsquoeacutecole Mes filleules Rachel et Gladys

pour les bons moments

Isabelle et Gaby Manue et Seb Sophie Johan et Magalie pour les metkas kluskis cours de

tricot et de couture agrave venir parce qursquoil nrsquoy a pas que le boulot dans la vie hellip

Les copains de lrsquoexternat ceux que je ne vois plus beaucoup mais que je nrsquooublie pas Sophie

laquo mon poussin raquo Jade Christophe Caro Rami Nima Max Julien Rita Yassine Hamza

Hamidour Hassan William Laurent Alexis Christohellip

Emilie ma kiasse pour les fous rires deacutelires rendez-vous au coin et monaco au Kerry

Rosa pour la P1 ses repas ses QCM stress vireacutees lilloises et champecirctres pleines de secrets

pour les micro-pauses et micro-siestes

Reacutemi mon fils et Emilie Ben et Eugeacutenie Raphael Bonne-Santeacute et Aureacutelie Xavier et Julie Nico

et Emilie pour me rappeler qursquoil y a une belle vie en dehors des hocircpitaux et des bouquins

Ceux qui de chefs sont passeacutes au rang drsquoamis Francois pour les pizzas en garde et les check-

list Marianne pour eacuteclairer cette sombre discipline qursquoest la dialyse Pauline pour sa douceur

et sa confiance Florence pour sa bonne humeur

Cleacutement G pour son soutien et pour les secrets plus si secrets

Myriam pour le soleil qursquoelle apporte agrave son contact

Audrey pour son seacuterieux un brin audacieux et tellement attachant

Marie pour ces deux semestres pour les eacutechos de tophii et les pizzas maison plus ou moins

partageacutees

Beacutebeacute Sarah pour les pauses-goucircter les eacutechographies secregravetes et les eacutepis agrave deux

Cleacutement Brault laquo Mister Sandman raquo pour les petites musiques textos incongrus pour ses cours

sur les zombis et le Horton (aussi) Mathilde pour son sourire et son brin de folie qui ont

contribueacute agrave rendre le semestre de reacutea aussi incroyable

Pauline laquo Paulette raquo ma collegravegue de congregraves pour les craquages de fin de stage les theacutes et la

soucieuse relecture de ce papier

Maryam pour sa bonne humeur et son eacutecoute attentive quand on en a besoin

Maelle pour les fous rires agrave Creil et par la suite pour ecirctre un peu chti au fond drsquoelle pour le

caramel quand mecircme

Xavier pour les renards pour les coups de folie et apeacuteros improviseacutes Jess pour apporter un peu

du Nord agrave notre quotidien picard pour la colocrsquo et pour son soutien hellip viril

Maiteacute pour son vrai management drsquoune drocircle drsquoeacutequipe drsquointernes pour sa sensibiliteacute et les

visites inoubliables Jeacuterocircme pour ta patience dans nos soireacutees un peu trop laquo meacutedecins raquo

Yoann pour les trucs en -ose les clips les pommes de terre les imitations pour le mec de chez

Tung et les soireacutees pyjamas Ceacutecile pour son optimisme et ses conseils toujours preacutecieux pour

les fraises et les petits pains agrave la cannelle

Dimitri laquo Philippe raquo laquo Benjamrsquo raquo pour les catheacutes les sushis et les bagarres pour avoir eacuteteacute un

co-interne et un chef agrave la hauteur Aureacutelie pour sa bonne humeur et son courage agrave nous eacutecouter

raconter les mecircmes histoires

Annis pour lrsquointeacute et ses apeacuteros un peu fous pour les soireacutees BU les escapades agrave Rome Ubud

Amsterdam et les photos pour rester toi jusque dans les chemins de halage Mathilde pour ecirctre

agrave la hauteur de ce sacreacute bonhomme

Steacutephane mon fregravere plus que confregravere pour ecirctre lagrave depuis le syndrome cave supeacuterieur jusqursquoagrave

aujourdrsquohui des repas MTV aux soireacutees top-chef des sous colles au craquage post ECN pour

les Batelrsquos et la reacutea Calmette pour ton humaniteacute qui font de toi un ami et meacutedecin en or Aureacutelie

pour ton appui pendant toutes ces anneacutees tes petits plats et attentions pour les larmes de joie

plutocirct reacutecurrentes et pour les futures escapades agrave 7

Louison Octave Quentin Cleacutea Rose Auguste Aline Romane Marc Bastien Baptiste

Romain Luna Enzo Lola Zoeacute Samuel Gustave Maxime Thomas Nelson Harvey pour nous

rappeler ce qui compte vraiment

Papy et Mamie pour leur amour et leurs penseacutees

Mamie pour ecirctre si fiegravere de nous Jrsquoaurais aimeacute que tu sois lagrave aujourdrsquohui

Et puis il y a ceux pour qui les mots ne suffisent pas

Ma famille pour rester toujours solide et unie pour passer les eacutepreuves et les bons moments

ensemble Pour mrsquoavoir soutenue dans mes angoisses mes doutes et malgreacute mes humeurs Pour

avoir fait ce que je suis aujourdrsquohui

Mathilde mon chou-cheacuteri ma meilleure pour son eacutecoute et sa patience agrave mon contact pas

toujours facile

Antoine pour son flegme en toute circonstance et ses attentions discregravetes mais toujours justes

Mon pegravere pour mrsquoavoir donneacute le goucirct de la science pour son soutien agrave toute eacutepreuve et sa fierteacute

Ma megravere pour mrsquoavoir fait comprendre qursquoon ne se construit qursquoau contact des autres et pour

son incroyable humaniteacute

Julien pour mrsquoaider agrave me deacutepasser tous les jours

Pour ton amour ta patience et ton eacutecoute

Pour continuer agrave me faire rire mecircme si je suis parfois la seule

Pour ton exigence et ton refus drsquoecirctre laquo comme tout le monde raquo

Pour ecirctre un pegravere incroyable pour Zacharie

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Agrave Zacharie

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 7: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

La preacutesentation de cette thegravese signe la fin de douze ans de travail drsquoeacutemotions de doutes de

joies et surtout de rencontres qui contribuent agrave la construction de la personne et du meacutedecin

que je suis devenu

Crsquoest pour moi lrsquooccasion de vous remercier Je nrsquoen serai pas lagrave sans

Les meacutedecins qui mrsquoont accompagneacutee dans ma formation et ont renforceacute lrsquoenvie de faire ce

meacutetier

En meacutedecine interne Le Professeur Ducroix pour avoir fait germer ma vocation

drsquointerniste et pour nos eacutechanges jardiniers Docteur Smail pour son dynamisme

communicatif Valery pour son enthousiasme et sa geacuteneacuterositeacute

En neacutephrologie Le Docteur Makdassi pour son amour infini de la neacutephrologie

En heacutematologie Le Professeur Marolleau pour son enthousiasme Bruno Royer

laquo Monsieur Gentil raquo pour son deacutevouement et sa franchise Beacuterengegravere pour sa force et

son humiliteacute Anne pour sa sensibiliteacute

En reacuteanimation meacutedicale Loay pour son investissement et son envie de nous apprendre

Bertrand de Cagny pour lrsquoimportance du travail laquo bien fait raquo et du bon sens avant tout

En rhumatologie Franck pour les heures passeacutees agrave deacutecortiquer des rachis et sacro-

iliaques avec passion

En pathologies infectieuses Nathalie Landgraf et le Dr Pik pour avoir suivi mes

premiers pas drsquointerne Youssef pour ses conseils au quotidien et son envie de partager

les connaissances Jean-Philippe pour les discussions passeacutees et futures sur nos passions

communes et lrsquoenvie de faire bouger les choses Ceacutedric pour son aide preacutecieuse dans

mon parcours

Mes co-internes qui sont devenus au fil des ans bien plus que des collegravegues Gaeumllle Fanny

Chloeacute Xiaoli Morgane Coralie Marie Anne Charlotte Juliette Xavier Amandine Mathieu

Alexis Pierre-Yves Chandra Magalie Opheacutelie Leacutea Caroline Alice Thibaut Ines Julien

Reacutemy et Guillaume pour les collaborations anciennes et futures

Les eacutequipes para meacutedicales Monsieur Degouy Laure laquo trsquoes belle raquo Leacuteonie Karine Steacutephanie

Virginie Charlotte Manue Laiumlla Elise Astrid Martine Ceacuteline Claire Lucile Catherine

Eleacuteonore Camille Lucie Ela Lydia Gwen Isabelle Emilie Peacutepette Manue Sylvie Ceacuteline

Valeacuterie Sabine Thomas Willy Adrien Aymeric Mathieu Laure Meacutelanie Julie Sam Anne

Camille Assita et ceux que jrsquooublie pour donner un sens au mot laquo eacutequipe raquo

Les secreacutetaires Perrine Brigitte Catherine Veacutero et Isabelle pour leur disponibiliteacute et leur

patience

Mes oncles et tantes cousins et cousines pour avoir suivi de pregraves ou de loin mon parcours et

mrsquoavoir toujours encourageacute Particuliegraverement Claire et Ying pour les ballades irlandaises Marie

pour Pascal Adrien et Eneli pour lrsquoaccueil Versaillais Pierre-Edouard et Alix pour les vireacutees

parisiennes Lucie pour les fous rires sur le chemin de lrsquoeacutecole Mes filleules Rachel et Gladys

pour les bons moments

Isabelle et Gaby Manue et Seb Sophie Johan et Magalie pour les metkas kluskis cours de

tricot et de couture agrave venir parce qursquoil nrsquoy a pas que le boulot dans la vie hellip

Les copains de lrsquoexternat ceux que je ne vois plus beaucoup mais que je nrsquooublie pas Sophie

laquo mon poussin raquo Jade Christophe Caro Rami Nima Max Julien Rita Yassine Hamza

Hamidour Hassan William Laurent Alexis Christohellip

Emilie ma kiasse pour les fous rires deacutelires rendez-vous au coin et monaco au Kerry

Rosa pour la P1 ses repas ses QCM stress vireacutees lilloises et champecirctres pleines de secrets

pour les micro-pauses et micro-siestes

Reacutemi mon fils et Emilie Ben et Eugeacutenie Raphael Bonne-Santeacute et Aureacutelie Xavier et Julie Nico

et Emilie pour me rappeler qursquoil y a une belle vie en dehors des hocircpitaux et des bouquins

Ceux qui de chefs sont passeacutes au rang drsquoamis Francois pour les pizzas en garde et les check-

list Marianne pour eacuteclairer cette sombre discipline qursquoest la dialyse Pauline pour sa douceur

et sa confiance Florence pour sa bonne humeur

Cleacutement G pour son soutien et pour les secrets plus si secrets

Myriam pour le soleil qursquoelle apporte agrave son contact

Audrey pour son seacuterieux un brin audacieux et tellement attachant

Marie pour ces deux semestres pour les eacutechos de tophii et les pizzas maison plus ou moins

partageacutees

Beacutebeacute Sarah pour les pauses-goucircter les eacutechographies secregravetes et les eacutepis agrave deux

Cleacutement Brault laquo Mister Sandman raquo pour les petites musiques textos incongrus pour ses cours

sur les zombis et le Horton (aussi) Mathilde pour son sourire et son brin de folie qui ont

contribueacute agrave rendre le semestre de reacutea aussi incroyable

Pauline laquo Paulette raquo ma collegravegue de congregraves pour les craquages de fin de stage les theacutes et la

soucieuse relecture de ce papier

Maryam pour sa bonne humeur et son eacutecoute attentive quand on en a besoin

Maelle pour les fous rires agrave Creil et par la suite pour ecirctre un peu chti au fond drsquoelle pour le

caramel quand mecircme

Xavier pour les renards pour les coups de folie et apeacuteros improviseacutes Jess pour apporter un peu

du Nord agrave notre quotidien picard pour la colocrsquo et pour son soutien hellip viril

Maiteacute pour son vrai management drsquoune drocircle drsquoeacutequipe drsquointernes pour sa sensibiliteacute et les

visites inoubliables Jeacuterocircme pour ta patience dans nos soireacutees un peu trop laquo meacutedecins raquo

Yoann pour les trucs en -ose les clips les pommes de terre les imitations pour le mec de chez

Tung et les soireacutees pyjamas Ceacutecile pour son optimisme et ses conseils toujours preacutecieux pour

les fraises et les petits pains agrave la cannelle

Dimitri laquo Philippe raquo laquo Benjamrsquo raquo pour les catheacutes les sushis et les bagarres pour avoir eacuteteacute un

co-interne et un chef agrave la hauteur Aureacutelie pour sa bonne humeur et son courage agrave nous eacutecouter

raconter les mecircmes histoires

Annis pour lrsquointeacute et ses apeacuteros un peu fous pour les soireacutees BU les escapades agrave Rome Ubud

Amsterdam et les photos pour rester toi jusque dans les chemins de halage Mathilde pour ecirctre

agrave la hauteur de ce sacreacute bonhomme

Steacutephane mon fregravere plus que confregravere pour ecirctre lagrave depuis le syndrome cave supeacuterieur jusqursquoagrave

aujourdrsquohui des repas MTV aux soireacutees top-chef des sous colles au craquage post ECN pour

les Batelrsquos et la reacutea Calmette pour ton humaniteacute qui font de toi un ami et meacutedecin en or Aureacutelie

pour ton appui pendant toutes ces anneacutees tes petits plats et attentions pour les larmes de joie

plutocirct reacutecurrentes et pour les futures escapades agrave 7

Louison Octave Quentin Cleacutea Rose Auguste Aline Romane Marc Bastien Baptiste

Romain Luna Enzo Lola Zoeacute Samuel Gustave Maxime Thomas Nelson Harvey pour nous

rappeler ce qui compte vraiment

Papy et Mamie pour leur amour et leurs penseacutees

Mamie pour ecirctre si fiegravere de nous Jrsquoaurais aimeacute que tu sois lagrave aujourdrsquohui

Et puis il y a ceux pour qui les mots ne suffisent pas

Ma famille pour rester toujours solide et unie pour passer les eacutepreuves et les bons moments

ensemble Pour mrsquoavoir soutenue dans mes angoisses mes doutes et malgreacute mes humeurs Pour

avoir fait ce que je suis aujourdrsquohui

Mathilde mon chou-cheacuteri ma meilleure pour son eacutecoute et sa patience agrave mon contact pas

toujours facile

Antoine pour son flegme en toute circonstance et ses attentions discregravetes mais toujours justes

Mon pegravere pour mrsquoavoir donneacute le goucirct de la science pour son soutien agrave toute eacutepreuve et sa fierteacute

Ma megravere pour mrsquoavoir fait comprendre qursquoon ne se construit qursquoau contact des autres et pour

son incroyable humaniteacute

Julien pour mrsquoaider agrave me deacutepasser tous les jours

Pour ton amour ta patience et ton eacutecoute

Pour continuer agrave me faire rire mecircme si je suis parfois la seule

Pour ton exigence et ton refus drsquoecirctre laquo comme tout le monde raquo

Pour ecirctre un pegravere incroyable pour Zacharie

Pour ecirctre toi et mrsquoavoir aideacute agrave devenir moi

Agrave Zacharie

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 8: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

Mes oncles et tantes cousins et cousines pour avoir suivi de pregraves ou de loin mon parcours et

mrsquoavoir toujours encourageacute Particuliegraverement Claire et Ying pour les ballades irlandaises Marie

pour Pascal Adrien et Eneli pour lrsquoaccueil Versaillais Pierre-Edouard et Alix pour les vireacutees

parisiennes Lucie pour les fous rires sur le chemin de lrsquoeacutecole Mes filleules Rachel et Gladys

pour les bons moments

Isabelle et Gaby Manue et Seb Sophie Johan et Magalie pour les metkas kluskis cours de

tricot et de couture agrave venir parce qursquoil nrsquoy a pas que le boulot dans la vie hellip

Les copains de lrsquoexternat ceux que je ne vois plus beaucoup mais que je nrsquooublie pas Sophie

laquo mon poussin raquo Jade Christophe Caro Rami Nima Max Julien Rita Yassine Hamza

Hamidour Hassan William Laurent Alexis Christohellip

Emilie ma kiasse pour les fous rires deacutelires rendez-vous au coin et monaco au Kerry

Rosa pour la P1 ses repas ses QCM stress vireacutees lilloises et champecirctres pleines de secrets

pour les micro-pauses et micro-siestes

Reacutemi mon fils et Emilie Ben et Eugeacutenie Raphael Bonne-Santeacute et Aureacutelie Xavier et Julie Nico

et Emilie pour me rappeler qursquoil y a une belle vie en dehors des hocircpitaux et des bouquins

Ceux qui de chefs sont passeacutes au rang drsquoamis Francois pour les pizzas en garde et les check-

list Marianne pour eacuteclairer cette sombre discipline qursquoest la dialyse Pauline pour sa douceur

et sa confiance Florence pour sa bonne humeur

Cleacutement G pour son soutien et pour les secrets plus si secrets

Myriam pour le soleil qursquoelle apporte agrave son contact

Audrey pour son seacuterieux un brin audacieux et tellement attachant

Marie pour ces deux semestres pour les eacutechos de tophii et les pizzas maison plus ou moins

partageacutees

Beacutebeacute Sarah pour les pauses-goucircter les eacutechographies secregravetes et les eacutepis agrave deux

Cleacutement Brault laquo Mister Sandman raquo pour les petites musiques textos incongrus pour ses cours

sur les zombis et le Horton (aussi) Mathilde pour son sourire et son brin de folie qui ont

contribueacute agrave rendre le semestre de reacutea aussi incroyable

Pauline laquo Paulette raquo ma collegravegue de congregraves pour les craquages de fin de stage les theacutes et la

soucieuse relecture de ce papier

Maryam pour sa bonne humeur et son eacutecoute attentive quand on en a besoin

Maelle pour les fous rires agrave Creil et par la suite pour ecirctre un peu chti au fond drsquoelle pour le

caramel quand mecircme

Xavier pour les renards pour les coups de folie et apeacuteros improviseacutes Jess pour apporter un peu

du Nord agrave notre quotidien picard pour la colocrsquo et pour son soutien hellip viril

Maiteacute pour son vrai management drsquoune drocircle drsquoeacutequipe drsquointernes pour sa sensibiliteacute et les

visites inoubliables Jeacuterocircme pour ta patience dans nos soireacutees un peu trop laquo meacutedecins raquo

Yoann pour les trucs en -ose les clips les pommes de terre les imitations pour le mec de chez

Tung et les soireacutees pyjamas Ceacutecile pour son optimisme et ses conseils toujours preacutecieux pour

les fraises et les petits pains agrave la cannelle

Dimitri laquo Philippe raquo laquo Benjamrsquo raquo pour les catheacutes les sushis et les bagarres pour avoir eacuteteacute un

co-interne et un chef agrave la hauteur Aureacutelie pour sa bonne humeur et son courage agrave nous eacutecouter

raconter les mecircmes histoires

Annis pour lrsquointeacute et ses apeacuteros un peu fous pour les soireacutees BU les escapades agrave Rome Ubud

Amsterdam et les photos pour rester toi jusque dans les chemins de halage Mathilde pour ecirctre

agrave la hauteur de ce sacreacute bonhomme

Steacutephane mon fregravere plus que confregravere pour ecirctre lagrave depuis le syndrome cave supeacuterieur jusqursquoagrave

aujourdrsquohui des repas MTV aux soireacutees top-chef des sous colles au craquage post ECN pour

les Batelrsquos et la reacutea Calmette pour ton humaniteacute qui font de toi un ami et meacutedecin en or Aureacutelie

pour ton appui pendant toutes ces anneacutees tes petits plats et attentions pour les larmes de joie

plutocirct reacutecurrentes et pour les futures escapades agrave 7

Louison Octave Quentin Cleacutea Rose Auguste Aline Romane Marc Bastien Baptiste

Romain Luna Enzo Lola Zoeacute Samuel Gustave Maxime Thomas Nelson Harvey pour nous

rappeler ce qui compte vraiment

Papy et Mamie pour leur amour et leurs penseacutees

Mamie pour ecirctre si fiegravere de nous Jrsquoaurais aimeacute que tu sois lagrave aujourdrsquohui

Et puis il y a ceux pour qui les mots ne suffisent pas

Ma famille pour rester toujours solide et unie pour passer les eacutepreuves et les bons moments

ensemble Pour mrsquoavoir soutenue dans mes angoisses mes doutes et malgreacute mes humeurs Pour

avoir fait ce que je suis aujourdrsquohui

Mathilde mon chou-cheacuteri ma meilleure pour son eacutecoute et sa patience agrave mon contact pas

toujours facile

Antoine pour son flegme en toute circonstance et ses attentions discregravetes mais toujours justes

Mon pegravere pour mrsquoavoir donneacute le goucirct de la science pour son soutien agrave toute eacutepreuve et sa fierteacute

Ma megravere pour mrsquoavoir fait comprendre qursquoon ne se construit qursquoau contact des autres et pour

son incroyable humaniteacute

Julien pour mrsquoaider agrave me deacutepasser tous les jours

Pour ton amour ta patience et ton eacutecoute

Pour continuer agrave me faire rire mecircme si je suis parfois la seule

Pour ton exigence et ton refus drsquoecirctre laquo comme tout le monde raquo

Pour ecirctre un pegravere incroyable pour Zacharie

Pour ecirctre toi et mrsquoavoir aideacute agrave devenir moi

Agrave Zacharie

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 9: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

Marie pour ces deux semestres pour les eacutechos de tophii et les pizzas maison plus ou moins

partageacutees

Beacutebeacute Sarah pour les pauses-goucircter les eacutechographies secregravetes et les eacutepis agrave deux

Cleacutement Brault laquo Mister Sandman raquo pour les petites musiques textos incongrus pour ses cours

sur les zombis et le Horton (aussi) Mathilde pour son sourire et son brin de folie qui ont

contribueacute agrave rendre le semestre de reacutea aussi incroyable

Pauline laquo Paulette raquo ma collegravegue de congregraves pour les craquages de fin de stage les theacutes et la

soucieuse relecture de ce papier

Maryam pour sa bonne humeur et son eacutecoute attentive quand on en a besoin

Maelle pour les fous rires agrave Creil et par la suite pour ecirctre un peu chti au fond drsquoelle pour le

caramel quand mecircme

Xavier pour les renards pour les coups de folie et apeacuteros improviseacutes Jess pour apporter un peu

du Nord agrave notre quotidien picard pour la colocrsquo et pour son soutien hellip viril

Maiteacute pour son vrai management drsquoune drocircle drsquoeacutequipe drsquointernes pour sa sensibiliteacute et les

visites inoubliables Jeacuterocircme pour ta patience dans nos soireacutees un peu trop laquo meacutedecins raquo

Yoann pour les trucs en -ose les clips les pommes de terre les imitations pour le mec de chez

Tung et les soireacutees pyjamas Ceacutecile pour son optimisme et ses conseils toujours preacutecieux pour

les fraises et les petits pains agrave la cannelle

Dimitri laquo Philippe raquo laquo Benjamrsquo raquo pour les catheacutes les sushis et les bagarres pour avoir eacuteteacute un

co-interne et un chef agrave la hauteur Aureacutelie pour sa bonne humeur et son courage agrave nous eacutecouter

raconter les mecircmes histoires

Annis pour lrsquointeacute et ses apeacuteros un peu fous pour les soireacutees BU les escapades agrave Rome Ubud

Amsterdam et les photos pour rester toi jusque dans les chemins de halage Mathilde pour ecirctre

agrave la hauteur de ce sacreacute bonhomme

Steacutephane mon fregravere plus que confregravere pour ecirctre lagrave depuis le syndrome cave supeacuterieur jusqursquoagrave

aujourdrsquohui des repas MTV aux soireacutees top-chef des sous colles au craquage post ECN pour

les Batelrsquos et la reacutea Calmette pour ton humaniteacute qui font de toi un ami et meacutedecin en or Aureacutelie

pour ton appui pendant toutes ces anneacutees tes petits plats et attentions pour les larmes de joie

plutocirct reacutecurrentes et pour les futures escapades agrave 7

Louison Octave Quentin Cleacutea Rose Auguste Aline Romane Marc Bastien Baptiste

Romain Luna Enzo Lola Zoeacute Samuel Gustave Maxime Thomas Nelson Harvey pour nous

rappeler ce qui compte vraiment

Papy et Mamie pour leur amour et leurs penseacutees

Mamie pour ecirctre si fiegravere de nous Jrsquoaurais aimeacute que tu sois lagrave aujourdrsquohui

Et puis il y a ceux pour qui les mots ne suffisent pas

Ma famille pour rester toujours solide et unie pour passer les eacutepreuves et les bons moments

ensemble Pour mrsquoavoir soutenue dans mes angoisses mes doutes et malgreacute mes humeurs Pour

avoir fait ce que je suis aujourdrsquohui

Mathilde mon chou-cheacuteri ma meilleure pour son eacutecoute et sa patience agrave mon contact pas

toujours facile

Antoine pour son flegme en toute circonstance et ses attentions discregravetes mais toujours justes

Mon pegravere pour mrsquoavoir donneacute le goucirct de la science pour son soutien agrave toute eacutepreuve et sa fierteacute

Ma megravere pour mrsquoavoir fait comprendre qursquoon ne se construit qursquoau contact des autres et pour

son incroyable humaniteacute

Julien pour mrsquoaider agrave me deacutepasser tous les jours

Pour ton amour ta patience et ton eacutecoute

Pour continuer agrave me faire rire mecircme si je suis parfois la seule

Pour ton exigence et ton refus drsquoecirctre laquo comme tout le monde raquo

Pour ecirctre un pegravere incroyable pour Zacharie

Pour ecirctre toi et mrsquoavoir aideacute agrave devenir moi

Agrave Zacharie

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 10: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

Annis pour lrsquointeacute et ses apeacuteros un peu fous pour les soireacutees BU les escapades agrave Rome Ubud

Amsterdam et les photos pour rester toi jusque dans les chemins de halage Mathilde pour ecirctre

agrave la hauteur de ce sacreacute bonhomme

Steacutephane mon fregravere plus que confregravere pour ecirctre lagrave depuis le syndrome cave supeacuterieur jusqursquoagrave

aujourdrsquohui des repas MTV aux soireacutees top-chef des sous colles au craquage post ECN pour

les Batelrsquos et la reacutea Calmette pour ton humaniteacute qui font de toi un ami et meacutedecin en or Aureacutelie

pour ton appui pendant toutes ces anneacutees tes petits plats et attentions pour les larmes de joie

plutocirct reacutecurrentes et pour les futures escapades agrave 7

Louison Octave Quentin Cleacutea Rose Auguste Aline Romane Marc Bastien Baptiste

Romain Luna Enzo Lola Zoeacute Samuel Gustave Maxime Thomas Nelson Harvey pour nous

rappeler ce qui compte vraiment

Papy et Mamie pour leur amour et leurs penseacutees

Mamie pour ecirctre si fiegravere de nous Jrsquoaurais aimeacute que tu sois lagrave aujourdrsquohui

Et puis il y a ceux pour qui les mots ne suffisent pas

Ma famille pour rester toujours solide et unie pour passer les eacutepreuves et les bons moments

ensemble Pour mrsquoavoir soutenue dans mes angoisses mes doutes et malgreacute mes humeurs Pour

avoir fait ce que je suis aujourdrsquohui

Mathilde mon chou-cheacuteri ma meilleure pour son eacutecoute et sa patience agrave mon contact pas

toujours facile

Antoine pour son flegme en toute circonstance et ses attentions discregravetes mais toujours justes

Mon pegravere pour mrsquoavoir donneacute le goucirct de la science pour son soutien agrave toute eacutepreuve et sa fierteacute

Ma megravere pour mrsquoavoir fait comprendre qursquoon ne se construit qursquoau contact des autres et pour

son incroyable humaniteacute

Julien pour mrsquoaider agrave me deacutepasser tous les jours

Pour ton amour ta patience et ton eacutecoute

Pour continuer agrave me faire rire mecircme si je suis parfois la seule

Pour ton exigence et ton refus drsquoecirctre laquo comme tout le monde raquo

Pour ecirctre un pegravere incroyable pour Zacharie

Pour ecirctre toi et mrsquoavoir aideacute agrave devenir moi

Agrave Zacharie

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 11: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

Papy et Mamie pour leur amour et leurs penseacutees

Mamie pour ecirctre si fiegravere de nous Jrsquoaurais aimeacute que tu sois lagrave aujourdrsquohui

Et puis il y a ceux pour qui les mots ne suffisent pas

Ma famille pour rester toujours solide et unie pour passer les eacutepreuves et les bons moments

ensemble Pour mrsquoavoir soutenue dans mes angoisses mes doutes et malgreacute mes humeurs Pour

avoir fait ce que je suis aujourdrsquohui

Mathilde mon chou-cheacuteri ma meilleure pour son eacutecoute et sa patience agrave mon contact pas

toujours facile

Antoine pour son flegme en toute circonstance et ses attentions discregravetes mais toujours justes

Mon pegravere pour mrsquoavoir donneacute le goucirct de la science pour son soutien agrave toute eacutepreuve et sa fierteacute

Ma megravere pour mrsquoavoir fait comprendre qursquoon ne se construit qursquoau contact des autres et pour

son incroyable humaniteacute

Julien pour mrsquoaider agrave me deacutepasser tous les jours

Pour ton amour ta patience et ton eacutecoute

Pour continuer agrave me faire rire mecircme si je suis parfois la seule

Pour ton exigence et ton refus drsquoecirctre laquo comme tout le monde raquo

Pour ecirctre un pegravere incroyable pour Zacharie

Pour ecirctre toi et mrsquoavoir aideacute agrave devenir moi

Agrave Zacharie

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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Page 12: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

Agrave Zacharie

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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Page 13: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

Table des matiegraveres RESUME 1

ABSTRACT 2

INTRODUCTION 3

I Contexte 3

II Marqueurs biologiques usuels 4

1 La CRP 4

2 La PCT 5

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL) 6

MATERIEL ET METHODES 10

I Patients 10

II Diagnostic 10

III Pronostic 12

IV Analyse statistique 13

RESULTATS 15

I Description de la population 15

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion 15

2 Diagnostics de sortie 16

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes 18

4 Infections bacteacuteriennes 18

II RNL 22

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies 22

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels 24

3 Analyse de sensibiliteacute 25

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie 26

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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Page 14: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans 26

1 Description de la population 26

2 Calcul du RNL 26

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP 28

IV RNL et pronostic 29

DISCUSSION 31

I Reacutesultats 31

II Gold standard 31

III Population eacutetudieacutee 33

IV Le RNL 34

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien 34

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL 34

3 Inteacuterecirct pronostique 35

4 Autres utilisations du RNL 36

CONCLUSION 37

BIBLIOGRAPHIE 38

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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Page 15: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

1

RESUME

Introduction En reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne les polynucleacuteaires neutrophiles (PNN)

circulants augmentent tandis que les lymphocytes diminuent par redistribution et majoration de

leur apoptose Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du Rapport Neutrophiles sur

Lymphocytes (RNL) pour diffeacuterencier une eacutetiologie bacteacuterienne drsquoune autre cause devant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire chez un patient hospitaliseacute dans un service de meacutedecine

interne conventionnel

Mateacuteriels et meacutethodes Nous avons reacutealiseacute une eacutetude reacutetrospective observationnelle sur les

patients hospitaliseacutes en 2014 pour une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Leurs donneacutees

cliniques biologiques et examens microbiologiques et radiologiques eacutetaient recueillis Ils

eacutetaient classeacutes en fonction du diagnostic final eacutetabli (bacteacuterien viral parasitaire thrombotique

neacuteoplasique inflammatoire ou autre) La valeur diagnostique du RNL pour les infections

bacteacuteriennes eacutetait compareacutee agrave celle de la CRP de la PCT et au nombre de PNN

Reacutesultats 339 patients ont eacuteteacute inclus Une infection bacteacuterienne eacutetait diagnostiqueacutee dans 38

des cas Le RNL meacutedian eacutetait de 959 [547-1670] chez les patients preacutesentant une infection

bacteacuterienne versus 538 [340-870] p lt 00001 chez les autres Au seuil optimal de 82 la

sensibiliteacute du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne eacutetait de 61 [IC 95 (52-69)]

la speacutecificiteacute de 73 [IC 95 (66-81)] Lrsquoaire sous la courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95

(063-076)] sans diffeacuterence significative avec lrsquoaire sous la courbe ROC de la CRP ou de la

PCT

Conclusion Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission constitue un argument pour une origine bacteacuterienne

agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire Ces valeurs doivent ecirctre confirmeacutees sur une

cohorte prospective

Mots cleacutes Rapport Neutrophiles sur Lymphocytes Infection bacteacuterienne PCT Diagnostic

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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Page 16: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

2

ABSTRACT

Introduction In response to bacterial infection circulating neutrophil count increase while

lymphocytes decrease by redistribution and increase of apoptosis The objective was to evaluate

the diagnostic value of the Neutrophil-Lymphocyte count Ratio (NLR) to differentiate a

bacterial etiology from another cause of fever and or inflammatory syndrome in patient

hospitalized in a conventional medicine department

Material and Methods We conducted an observational retrospective study on patients

hospitalized for fever and or inflammatory syndrome in 2014 Their clinical biological

microbiological and radiological data were collected They were classified according to the

final diagnosis (bacterial viral parasitic thrombotic neoplastic inflammatory or other) The

diagnostic value of NLR for bacterial infections was compared to CRP PCT and Neutrophil

Count

Reacutesults 339 patients were included A bacterial infection was diagnosed in 38 of cases

Median NLR was 959 [547-1670] for patients with bacterial infection versus 538 [340-

870] p lt00001 for the others In using a cut off of 82 the sensitivity of NLR for the diagnosis

of bacterial infection was 61 [95 CI (52-69)] and the specificity was 73 [95 CI (66-

81)] The area under the ROC curve was 069 [95 CI (063-076)] with no significant

difference with CRP and PCT

Conclusion In our setting high NLR at admission was associated with a bacterial origin to

fever and or inflammatory syndrome These results have to be confirmed in a prospective

cohort

Keywords Neutrophil-Lymphocyte Ration (NLR) Bacterial Infections PCT Diagnoses

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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Page 17: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

3

INTRODUCTION

I Contexte

La suspicion drsquoinfection devant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire est un motif

freacutequent drsquohospitalisation dans les services de meacutedecine interne

Les causes mises en eacutevidence sont varieacutees et peuvent ecirctre regroupeacutees en causes infectieuses

(bacteacuteriennes virales ou parasitaires) et non infectieuses (thrombotiques neacuteoplasiques ou

inflammatoires) Les preacutesentations cliniques de ces diffeacuterentes entiteacutes peuvent ecirctre similaires et

le diagnostic rapide drsquoune infection bacteacuterienne agrave lrsquoadmission drsquoun patient en service de

meacutedecine est parfois deacutelicat

Neacuteanmoins il est important de pouvoir identifier ces pathologies rapidement afin de pouvoir

mettre en place un traitement adapteacute consistant en une antibiotheacuterapie probabiliste ou

documenteacutee la plupart du temps

Les objectifs sont ainsi de reacuteduire la morbi-mortaliteacute la dureacutee drsquohospitalisation lrsquoutilisation des

antibiotiques afin de reacuteduire leur impact toxique et allergique et eacutecologique en lien avec une

surconsommation ou une consommation inadapteacutee

Diffeacuterents critegraveres sont proposeacutes pour aider le clinicien agrave eacutetablir ces diagnostics Ils sont

composeacutes drsquoarguments cliniques biologiques et paracliniques

Le gold standard du diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne est lrsquoidentification du germe en cause

que ce soit de faccedilon directe (isolement sur les preacutelegravevements effectueacutes sur le site de lrsquoinfection

ou au niveau sanguin par heacutemocultures lors des phases bacteacuterieacutemiques) ou indirectes

(antigeacutenuries seacuterologieshellip)

Celui-ci est neacuteanmoins difficilement obtenu en routine et peut ecirctre soumis agrave des contraintes de

reacutealisation (preacutelegravevements profonds ou invasifs) et agrave des deacutefauts de performances diagnostiques

(sensibiliteacute speacutecificiteacute) Ainsi diffeacuterentes eacutetudes ont montreacute que les heacutemocultures ne mettent

en eacutevidence lrsquoagent bacteacuterien que dans un tiers des cas lors des sepsis (1)

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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(28) Caron F Galperine T Etienne M Merens A Flateau C Azria E et al Diagnostic et

antibiotheacuterapie des infections urinaires bacteacuteriennes communautaires de lrsquoadulte Mise au

point Texte court SPILF- Socieacuteteacute de Pathologie Infectieuse de Langue Franccedilaise 2015 Mise

agrave jour deacutecembre 2015 Disponible sur httpinfectiologiecom

(29) Menthonnex E Egard F Torres JP Lrsquoindice de graviteacute simplifieacute ambulatoire agrave la phase

preacutehospitaliegravere La Revue des SAMU 1997 159-64

(30) Yoon N Son C Um SJ Role of the Neutrophil-Lymphocyte Count Ratio in the differential

diagnosis between pulmonary tuberculosis and bacterial community-acquired pneumonia

Ann Lab Med 2013 Mar33(2)105-10

(31) Troussard X Vol S Cornet E Bardet V Couaillac JP Fossat C et al Etude des valeurs

normales de lrsquoheacutemogramme chez lrsquoadulte un besoin pour une meilleure interpreacutetation et pour

lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 18: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

4

Le deacutelai drsquoobtention du reacutesultat des heacutemocultures et de ces preacutelegravevements microbiologiques est

long lieacute agrave un temps de culture prolongeacute (48 agrave 72h le plus souvent) alors que le diagnostic doit

ecirctre fait le plus preacutecocement possible

Les critegraveres biologiques utiliseacutes pour lrsquoorientation du diagnostic sont le plus souvent la C-

Reacuteactive Protein (CRP) la Numeacuteration Formule Sanguine (NFS) notamment le nombre de

leucocytes et neutrophiles avec dans le cas des infections bacteacuteriennes une hyperleucocytose

agrave polynucleacuteaires neutrophiles et la Procalcitonine (PCT)

II Marqueurs biologiques usuels

1 La CRP

La CRP est un marqueur seacutecreacuteteacute essentiellement par le foie A lrsquoeacutetat physiologique son taux

seacuterique est infeacuterieur agrave 1 mgL avec des variations jusque 20 mgL Sa production est augmenteacutee

sous lrsquoinfluence de cytokines pro-inflammatoires dans les 6 heures suivant une infection etou

un dommage tissulaire et suit ensuite une deacutecroissance exponentielle Ainsi la synthegravese

heacutepatique est principalement stimuleacutee par lrsquoIL6 potentialiseacutee par lrsquoIL7 IL1 et TNF α (2)

La CRP joue un rocircle propre dans le meacutecanisme inflammatoire en se liant aux cellules de

lrsquoinflammation notamment phagocytaires et aux bacteacuteries et en activant et reacutegulant le

compleacutement Elle stimule eacutegalement la reacuteponse immunitaire en favorisant la production drsquoIL8

par les polynucleacuteaires neutrophiles et ainsi leur adheacutesion aux cellules endotheacuteliales Elle est

donc impliqueacutee dans la deacutegradation antigeacutenique des infections et dans la reacutegulation de la

destruction des cellules endommageacutees jouant un rocircle dans la reacuteparation et la cicatrisation

Ainsi lrsquoaugmentation de son taux seacuterique est peu speacutecifique puisqursquoelle intervient lors de

dommages tissulaires pouvant ecirctre causeacutes par un processus tumoral inflammatoire

thrombotique ou infectieux (3) Elle est toutefois utiliseacutee de faccedilon courante en pratique

fournissant des eacuteleacutements drsquoorientation devant un tableau clinique atypique ou en vue du suivi

drsquoune pathologie infectieuse ou inflammatoire

Une revue de la litteacuterature de Simon et al reacutealiseacutee en 2004 eacutetudiait les valeurs diagnostiques des

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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Page 19: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

5

marqueurs usuels pour le diagnostic des infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes

drsquoeacuteleacutevation de ce marqueur Pour la CRP la sensibiliteacute eacutetait de 75 [IC 95 (62-84 )] et

la speacutecificiteacute de 67 [IC 95 (56-77 )] (4)

2 La PCT

Le dosage de la PCT a eacuteteacute eacutetudieacute depuis le deacutebut des anneacutees 90 concernant le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne (5)

Ce marqueur est un preacutecurseur de la calcitonine seacutecreacuteteacute agrave lrsquoeacutetat physiologique par les cellules

neuroendocrines de la glande thyroiumlde et du poumon puis rapidement cliveacute pour la production

de calcitonine utiliseacutee pour maintenir lrsquohomeacuteostasie calcique Son taux est variable mais ne

deacutepasse pas 05 ngmL agrave lrsquoeacutetat physiologique

Il a eacuteteacute montreacute que dans les eacutetats drsquoinfection en particulier systeacutemiques (sepsis) lrsquoexpression

du gegravene codant pour la PCT (CALC-1) est stimuleacutee notamment par lrsquoIL1 et dans une moindre

mesure par lrsquoIL6 et le TNFα Cela aboutit agrave une synthegravese par les diffeacuterents organes et stimulant

la reacuteponse inflammatoire Elle est inhibeacutee par lrsquointerfeacuteron γ produit lors des infections

virales (1)

Ceci permet de penser que le dosage de ce marqueur pourrait ecirctre efficace pour diagnostiquer

un eacutetat infectieux bacteacuterien devant une fiegravevre ou un syndrome inflammatoire Neacuteanmoins les

diffeacuterentes eacutetudes reacutealiseacutees montrent des reacutesultats contradictoires avec des valeurs plus

inteacuteressantes pour le diagnostic de sepsis chez les patients en eacutetat critique que pour les infections

localiseacutees (1 3) Pour cela et en raison drsquoun coucirct plus important son utilisation est plus limiteacutee

en pratique quotidienne et elle est plus rarement doseacutee degraves lrsquoadmission drsquoun patient

La mecircme revue de la litteacuterature de Simon et al eacutevaluait la sensibiliteacute de la PCT pour les

infections bacteacuteriennes agrave 88 [IC 95 (62-84 )] et la speacutecificiteacute agrave 81 [IC 95 (67-90

)] pour tous types drsquoinfections bacteacuteriennes confondues (4) La meacuteta-analyse de Wacker et

al en 2013 concluait agrave une sensibiliteacute de 77 [IC 95 (72-81 )] et une speacutecificiteacute de 789

[IC 95 ( 74-84 ) ] pour confirmer une bacteacuterieacutemie devant un patient en sepsis (7) Dans

le cas preacutecis des infections localiseacutees les eacutetudes sont tregraves favorables pour son utilisation pour

les infections du tractus respiratoire et exacerbations de BPCO favorables pour le diagnostic

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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lymphocyte count ratio in early versus late death from septik shock Crit Care 2015

Dec19439

(25) Raffi F Cambau E Garreacute M Gaudelus J Guery B Guillot M et al 17egraveme confeacuterence de

consensus en theacuterapeutique anti infectieuse Prise en charge des meacuteningites bacteacuteriennes

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210

(26) Mouton T Birgeacute J Bru JP Geffray L Massip P Megarbane B et al Prise en charge des

infections des voies respiratoires basses de lrsquoadulte immunocompeacutetent Meacuted et Mal Inf 2006

Mar36235-244

(27) Habib G Hoen B Tornos P Thuny F Prendergast B Vilacosta I et al ESC Guidelines for

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endocarditis of the European Society of Cardiology (ESC) Eur Heart J 2015

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(28) Caron F Galperine T Etienne M Merens A Flateau C Azria E et al Diagnostic et

antibiotheacuterapie des infections urinaires bacteacuteriennes communautaires de lrsquoadulte Mise au

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agrave jour deacutecembre 2015 Disponible sur httpinfectiologiecom

(29) Menthonnex E Egard F Torres JP Lrsquoindice de graviteacute simplifieacute ambulatoire agrave la phase

preacutehospitaliegravere La Revue des SAMU 1997 159-64

(30) Yoon N Son C Um SJ Role of the Neutrophil-Lymphocyte Count Ratio in the differential

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Ann Lab Med 2013 Mar33(2)105-10

(31) Troussard X Vol S Cornet E Bardet V Couaillac JP Fossat C et al Etude des valeurs

normales de lrsquoheacutemogramme chez lrsquoadulte un besoin pour une meilleure interpreacutetation et pour

lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 20: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

6

des infections urinaires bacteacuteriennes et pneumopathies acquises sous ventilation meacutecanique

Elles sont plus reacuteserveacutees pour les diagnostics drsquoendocardite ou drsquoarthrite drsquoorigine bacteacuterienne

(1)

Une revue de la litteacuterature de 2016 de van der Does et al eacutetudiant lrsquointeacuterecirct drsquoune antibiotheacuterapie

guideacutee par la PCT pour lrsquoinitiation drsquoune antibiotheacuterapie aux urgences montrait des reacutesultats

insatisfaisants sauf en cas drsquoinfection respiratoire (8)

Devant ces arguments ces deux marqueurs habituellement utiliseacutes pour diffeacuterencier une

infection bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou de syndrome inflammatoire sont

insuffisants

III Le rapport polynucleacuteaires neutrophileslymphocytes (RNL)

Lors de la premiegravere phase drsquoune infection par un agent bacteacuterien une des premiegraveres reacuteactions

immunitaires cellulaires face agrave lrsquoinfection consiste en la mobilisation des polynucleacuteaires

neutrophiles de la moelle osseuse au site de lrsquoinfection sous lrsquoeffet de cytokines pro-

inflammatoires TNFα et IL1 seacutecreacuteteacutees par les macrophages situeacutes dans les tissus infecteacutes Ceci

est permis par lrsquoaugmentation de permeacuteabiliteacute de lrsquoendotheacutelium vasculaire et la seacutecreacutetion de

moleacutecules drsquoadheacutesion Le stress engendreacute par lrsquoinfection augmente par la voie hypophysaire le

taux de cortisol qui contribue agrave la deacutemargination des leucocytes Ces polynucleacuteaires ainsi

recruteacutes joueront un rocircle direct de phagocytose de lrsquoagent infectieux sur le site et entretiendront

le pheacutenomegravene inflammatoire par la seacutecreacutetion de cytokines pro-inflammatoires comme lrsquoIL6 Il

reacutesulte de ces pheacutenomegravenes une augmentation du taux de polynucleacuteaires circulants

La seconde phase de lrsquoinflammation en reacuteponse au stress lieacute agrave un stimulus bacteacuterien est le

recrutement cellulaire au niveau du site de lrsquoinfection et de son systegraveme lymphatique

(lymphocytes monocytes) par augmentation de la diapeacutedegravese notamment Le nombre de

lymphocytes circulants est diminueacute devant une redistribution et une seacutequestration de la rate

vers ces sites Un second pheacutenomegravene expliquant la lymphopeacutenie observeacutee est celui de

lrsquoapoptose des lymphocytes sous lrsquoeffet des cytokines pro-inflammatoires (TNF) mises en cause

dans la reacuteaction immunitaire ainsi que par lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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Page 21: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

7

Chez le sujet acircgeacute les eacutetudes eacutevaluant la qualiteacute de la reacuteponse immunitaire cellulaire montrent

des modifications agrave partir de 65 ans conduisant agrave une susceptibiliteacute accrue aux infections

Concernant les polynucleacuteaires lrsquoalteacuteration de leur reacuteponse agrave un stimulus bacteacuterien est lieacutee agrave un

deacuteficit de leur fonction plutocirct qursquoagrave un deacuteficit quantitatif Ce deacuteficit preacutedomine sur les fonctions

de phagocytose des polynucleacuteaires notamment par la perte de reacutecepteurs neacutecessaires agrave cette

fonction comme le reacutecepteur CD16 ainsi qursquoagrave une diminution de production des anions

superoxydes (8) La reacuteponse lymphocytaire elle est modifieacutee parfois diminueacutee Ceci srsquoexplique

par lrsquoinvolution thymique (au stade de reliquat apregraves 50 ans) et par le deacutefaut de stimulation

antigeacutenique au cours du vieillissement agrave une diminution des capaciteacutes prolifeacuteratives et agrave une

modification de seacutecreacutetion des cytokines lymphocytaires TH1 (IL2 IFN γ) vers une reacuteponse

TH2 (IL4 IL5 IL6 IL12) Les modifications de nombre sont ainsi variables les lymphocytes

voyant leur distribution modifieacutee (augmentation des T meacutemoire au deacutepens des CD4 et CD25+

augmentation des lymphocytes B meacutemoire au deacutepens des cellules B naiumlves et preacute-B)(9)

Ainsi il est permis de penser que le rapport du nombre de neutrophiles sur celui des

lymphocytes (RNL) peut ecirctre utiliseacute pour aider au diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne avec une

reacuteserve concernant cette utilisation chez le sujet plus acircgeacute Ceci drsquoautant plus qursquoil concerne un

test utiliseacute de faccedilon courante chez les patients hospitaliseacutes et de faible coucirct

Partant de ce constat ce rapport est eacutetudieacute de faccedilon prospective par Zahorec et al en 2001 en

reacuteponse agrave un stress infectieux chirurgical ou une inflammation systeacutemique dans une population

oncologique Lrsquoauteur eacutemet le postulat que ce rapport pourrait ecirctre utile pour le diagnostic

drsquoinfection bacteacuterienne quelle qursquoelle soit mais eacutegalement agrave viseacutee pronostique dans les eacutetats

infectieux et post-chirurgicaux (11)

De Jager et al en 2010 eacutetudient la valeur de ce RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie agrave

lrsquoadmission aux urgences en comparant les NFS des patients aux heacutemocultures positives agrave ceux

ayant des heacutemocultures neacutegatives Ces eacutetudes montrent des valeurs diagnostiques supeacuterieures agrave

celles des marqueurs usuels que sont la CRP et le nombre de globules blancs (sensibiliteacute de

772 speacutecificiteacute de 63 pour un seuil agrave 10) (12)

Cette hypothegravese est eacutemise eacutegalement par Loonen et al en 2014 Celui-ci identifie les patients

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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Page 22: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

8

bacteacuterieacutemiques parmi les patients admis en eacutetat de Syndrome de Reacuteponse Inflammatoire

Systeacutemique (SRIS) en reacutealisant des heacutemocultures et la recherche de bacteacuteries par PCR Parmi

les patients infecteacutes le RNL est eacutetudieacute et compareacute agrave la CRP la PCT et un autre marqueur de

sepsis lrsquourokinase plasminogen activator receptor (suPAR) Les meilleures performances

diagnostiques du RNL eacutetaient obtenues pour un seuil agrave 10 (sensibiliteacute agrave 85 speacutecificiteacute agrave 51

) Ces valeurs eacutetaient supeacuterieures agrave la CRP mais comparables agrave la PCT et au suPAR moins

utiliseacutes et plus coucircteux en pratique (13) Lrsquoeacutequipe de Lowsby en 2015 retrouve des valeurs

similaires avec une sensibiliteacute agrave 70 et une speacutecificiteacute agrave 57 concluant agrave une possible

utilisation de ce ratio en pratique quand il eacutetait associeacute agrave des critegraveres cliniques solides pour le

diagnostic de bacteacuterieacutemie (14)

Le cut-off proposeacute eacutetait supeacuterieur agrave 5 pour tout diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne et supeacuterieur

agrave 10 pour celui de bacteacuterieacutemie par Guumlrol et al en 2014 avec de meilleures performances que

la CRP et le nombre de globules blancs La PCT eacutetait utiliseacutee comme gold standard dans cette

eacutetude pour affirmer le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne (15)

Laukemann et al confirment reacutecemment ces seuils pour affirmer le diagnostic de bacteacuterieacutemie

avec des reacutesultats similaires agrave associer au score clinique proposeacute par Shapiro (1617)

Dans le cas des infections localiseacutees seulement quelques analyses ont eacuteteacute conduites pour

confirmer lrsquoorigine bacteacuterienne drsquoune atteinte drsquoorgane Ainsi une eacutetude reacutecente de Mentis et

al a calculeacute les performances du RNL dans le sang et dans le LCR pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne On retrouvait pour le taux seacuterique une sensibiliteacute de 464 et une

speacutecificiteacute de 83 (18) Tanriverdi a eacutetudieacute en 2015 la valeur des marqueurs inflammatoires

classiques (CRP PCT et RNL) pour le diagnostic drsquoexacerbation de BPCO drsquoorigine

bacteacuterienne avec des scores diagnostiques de 61 pour la sensibiliteacute du RNL identique agrave la

PCT et 58 pour la speacutecificiteacute (vs 67 pour la PCT) (19) En peacutediatrie Bekdas utilise ce

rapport pour diffeacuterencier une pneumopathie bacteacuterienne drsquoune pneumopathie virale (20)

Une autre utilisation du RNL pronostique cette fois est envisageacutee pour les infections

bacteacuteriennes Ainsi Turak en 2013 et Bozkay en 2014 trouvaient qursquoune valeur eacuteleveacutee de RNL

agrave lrsquoadmission eacutetait un facteur indeacutependant de morbi-mortaliteacute intra hospitaliegravere apregraves une

endocardite le premier se concentrant sur les eacuteveacutenements neurologiques (2122) De Jageumlr

montrait ainsi qursquoune eacuteleacutevation de ce rapport eacutetait associeacutee agrave une seacuteveacuteriteacute plus importante des

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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Page 23: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

9

pneumopathies communautaires (23) Une eacutetude de 2015 se concentrant sur le pronostic des

patients en eacutetat de sepsis reacuteveacutelait qursquoune valeur basse du RNL agrave lrsquoadmission eacutetait correacuteleacutee agrave une

survie meacutediocre agrave court terme tandis que son inversion de J1 agrave J5 eacutetait preacutedictive drsquoune moins

bonne survie agrave long terme (24)

Enfin les eacutetudes se multiplient reacutecemment pour deacutemontrer lrsquoutiliteacute de ce rapport pour le

pronostic de nombreux cancers (œsophage pancreacuteas gastrique) drsquoatteintes cardiovasculaires

et de pathologies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante et la sarcoiumldose Il est

utiliseacute de faccedilon courante en chirurgie pour le suivi post-opeacuteratoire de fractures du col du feacutemur

appendicectomiehellip

Actuellement nous ne trouvons aucune eacutetude srsquointeacuteressant agrave la valeur diagnostique que pouvait

avoir ce rapport devant une fiegravevre ou une hyperthermie pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne qursquoelle soit associeacutee agrave une bacteacuterieacutemie ou pas agrave lrsquoadmission dans un service de

meacutedecine interne Les eacutetudes reacutecentes concernaient des populations speacutecifiques (patients

hospitaliseacutes dans un service drsquourgences de soins intensifs ou preacutesentant des pathologies

drsquoorgane) Notre eacutetude concerne un service heacuteteacuterogegravene particulier regroupant une grande

diversiteacute de patients et de pathologies

Lrsquoobjectif de notre eacutetude est de comparer les performances diagnostiques du RNL par rapport

aux marqueurs usuels que sont le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires neutrophiles la

CRP et la PCT pour diffeacuterencier une cause bacteacuterienne drsquoune autre cause drsquohyperthermie etou

de syndrome inflammatoire chez les patients hospitaliseacutes pour ce motif dans le service de

meacutedecine interne

Le RNL sera eacutegalement eacutetudieacute chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans les pheacutenomegravenes

drsquoimmuno-seacutenescence pouvant modifier ce rapport

La mortaliteacute intra-hospitaliegravere et les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission seront recueillis afin

drsquoeacutevaluer la valeur pronostique de ces diffeacuterents marqueurs

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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(25) Raffi F Cambau E Garreacute M Gaudelus J Guery B Guillot M et al 17egraveme confeacuterence de

consensus en theacuterapeutique anti infectieuse Prise en charge des meacuteningites bacteacuteriennes

aiguumles communautaires (agrave lrsquoexclusion du nouveau-neacute) Meacuted et Mal Inf 2008 Nov39(3)145-

210

(26) Mouton T Birgeacute J Bru JP Geffray L Massip P Megarbane B et al Prise en charge des

infections des voies respiratoires basses de lrsquoadulte immunocompeacutetent Meacuted et Mal Inf 2006

Mar36235-244

(27) Habib G Hoen B Tornos P Thuny F Prendergast B Vilacosta I et al ESC Guidelines for

the management of infective endocarditis The task force for the management of infective

endocarditis of the European Society of Cardiology (ESC) Eur Heart J 2015

Aug30(9)2369-2413

(28) Caron F Galperine T Etienne M Merens A Flateau C Azria E et al Diagnostic et

antibiotheacuterapie des infections urinaires bacteacuteriennes communautaires de lrsquoadulte Mise au

point Texte court SPILF- Socieacuteteacute de Pathologie Infectieuse de Langue Franccedilaise 2015 Mise

agrave jour deacutecembre 2015 Disponible sur httpinfectiologiecom

(29) Menthonnex E Egard F Torres JP Lrsquoindice de graviteacute simplifieacute ambulatoire agrave la phase

preacutehospitaliegravere La Revue des SAMU 1997 159-64

(30) Yoon N Son C Um SJ Role of the Neutrophil-Lymphocyte Count Ratio in the differential

diagnosis between pulmonary tuberculosis and bacterial community-acquired pneumonia

Ann Lab Med 2013 Mar33(2)105-10

(31) Troussard X Vol S Cornet E Bardet V Couaillac JP Fossat C et al Etude des valeurs

normales de lrsquoheacutemogramme chez lrsquoadulte un besoin pour une meilleure interpreacutetation et pour

lrsquoaccreacuteditation du laboratoire Annales de Biologie Clinique 2014 72 (5) 561-581

Page 24: VALEUR DU RAPPORT NEUTROPHILES/LYMPHOCYTES POUR LE

10

MATERIEL ET METHODES

I Patients

Les patients ont eacuteteacute inclus de faccedilon reacutetrospective Les donneacutees ont eacuteteacute recueillies agrave partir du

dossier hospitalier informatiseacute du patient Une premiegravere analyse rapide des donneacutees eacutetait

effectueacutee pour chaque patient hospitaliseacute dans le service de meacutedecine interne du CHU drsquoAmiens

du 01012014 au 31122014 afin de seacutelectionner les patients susceptibles de rentrer dans

lrsquoeacutetude

Tous les patients preacutesentant agrave lrsquoadmission dans le service une hyperthermie deacutefinie par une

tempeacuterature corporelle gt 38deg etou un syndrome inflammatoire deacutefini par un dosage de CRP

supeacuterieur ou eacutegal agrave 20 mgL eacutetaient seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude

Les critegraveres cliniques drsquoexclusion de lrsquoeacutetude eacutetaient les facteurs susceptibles de modifier

lrsquoanalyse de la numeacuteration formule sanguine et des marqueurs inflammatoires une neacuteoplasie

connue active etou en cours de traitement une pathologie heacutematologique connue la grossesse

la seacuteropositiviteacute pour le VIH Les traitements pouvant modifier les critegraveres de lrsquoanalyse comme

une chimiotheacuterapie en cours un traitement immunosuppresseur une corticotheacuterapie

(modification de la numeacuteration formule sanguine) ou une antibiotheacuterapie dans les 48 heures

preacuteceacutedant lrsquoadmission dans le service de meacutedecine interne entrainaient eacutegalement lrsquoexclusion

de lrsquoeacutetude (en raison du risque de neacutegativation des preacutelegravevements)

Parmi les patients inclus dans lrsquoanalyse les donneacutees cliniques suivantes eacutetaient recueillies la

date drsquoadmission et dureacutee drsquohospitalisation lrsquoacircge le sexe le poids et la taille avec calcul du

BMI le statut tabagique (tabagisme actif ou sevrage infeacuterieur agrave 5 ans)

II Diagnostic

Lrsquoanalyse des donneacutees agrave partir de lrsquoobservation clinique du courrier de sortie des courriers de

consultation de suivi et des analyses biologiques microbiologiques et para-cliniques (imagerie

11

anatomopathologiehellip) par lrsquoinvestigateur de lrsquoeacutetude deacutefinissait le diagnostic final du patient

Ce ou ces diagnostics eacutetaient classeacutes en diffeacuterentes cateacutegories suivant leur caractegravere infectieux

ou non En cas drsquoinfection les causes bacteacuteriennes eacutetaient diffeacuterencieacutees des causes virales

fongiques ou parasitaires En cas de diagnostic non infectieux on diffeacuterenciait les pathologies

neacuteoplasiques inflammatoires ou thrombotiques Les pathologies non identifieacutees ou les

diagnostics incertains eacutetaient classeacutes comme laquo indeacutefinis raquo

Pour chaque patient inclus la preacutesence ou lrsquoabsence drsquohyperthermie eacutetait noteacutee agrave lrsquoadmission

Les premiegraveres donneacutees biologiques agrave lrsquoarriveacutee du patient eacutetaient extraites NFS (taux

drsquoheacutemoglobine en grammes par dL Volume Globulaire Moyen en μ3 nombre de plaquettes par

mm3 nombre absolu de globules blancs par mm3 dont le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles basophiles ou eacuteosinophiles le nombre de lymphocytes par mm3 et de monocytes

par mm3) et les marqueurs inflammatoires usuels la CRP en mgL et la PCT en ngL quand elle

eacutetait doseacutee Le RNL eacutetait calculeacute agrave partir de ces donneacutees

Lrsquoidentification des infections bacteacuteriennes eacutetait reacutealiseacutee si possible agrave partir de critegraveres cliniques

et paracliniques preacutecis et valideacutes en srsquoappuyant notamment sur les critegraveres de la Socieacuteteacute de

Pathologies Infectieuses de Langue Franccedilaise (SPILF) et recommandations internationales

Ainsi une infection neuro-meacuteningeacutee eacutetait deacutefinie par lrsquoassociation de symptocircmes neurologiques

(ceacutephaleacutees confusion signes de localisation agrave lrsquoexamen clinique) et de critegraveres

microbiologiques (plus de 10 eacuteleacutementsmm3 au niveau du LCR mise en eacutevidence drsquoun germe

agrave la culture) (25) Une infection digestive associait des diarrheacutees vomissements douleurs

abdominales agrave une coproculture etou des biopsies digestives positives (preacutesence de

polynucleacuteaires avec eacuteventuelle mise en eacutevidence de lrsquoagent pathogegravene) etou des signes

radiologiques (signes inflammatoires coliques ou intestinaux drsquoallure infectieuse) Une

infection pulmonaire pouvait associer une toux expectorations purulentes dyspneacutee agrave des signes

de pneumopathie alveacuteolaire ou interstitielle sur la radiographie de thorax ou le TDM thoracique

agrave des critegraveres biologiques (Examen cytobacteacuteriologique des crachats (ECBC) liquide broncho

alveacuteolaire (LBA) preacutelegravevement tracheacuteal proteacutegeacute (PTP) de bonne qualiteacute preacutesentant plus de 10

polynucleacuteaires neutrophilesmm3 et moins de 10 cellules pharyngeacuteesmm3 avec mise en

eacutevidence drsquoun germe agrave lrsquoexamen direct etou agrave la culture) (26) Lrsquoendocardite eacutetait deacutefinie selon

les critegraveres de Duke modifieacutes (27) Une infection urinaire devait associer des signes fonctionnels

12

urinaires (brucirclures mictionnelles pollakiurie dysurie douleur au toucher rectal ou

lrsquoeacutebranlement des fosses lombaires) agrave des critegraveres biologiques (Examen cyto-bacteacuteriologique

des urines (ECBU) leucocyturie supeacuterieure agrave 10mm3 preacutesence drsquoun germe en quantiteacute

significative (supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 pour lrsquoEscherichia coli et le Staphylococcus

saprophyticus supeacuterieur ou eacutegal agrave 103mm3 chez lrsquohomme pour les autres bacteacuteries supeacuterieur

ou eacutegal agrave 104 mm3 chez la femme pour les autres bacteacuteries) (28) Une infection osteacuteo-articulaire

associait des douleurs ou des signes locaux (eacutecoulement signes inflammatoires) agrave des critegraveres

radiologiques (signes drsquoosteacuteite spondylodiscitehellip) et microbiologiques sur liquide articulaire

ou biopsie osseuse ou disco-verteacutebrale (preacutesence de polynucleacuteaires mise en eacutevidence drsquoun

germe) Une infection cutaneacutee eacutetait deacutefinie par la preacutesence de signes inflammatoires locaux

pouvant ecirctre associeacutes agrave la mise en eacutevidence de bacteacuteries sur les preacutelegravevements locaux si les

conditions de preacutelegravevements eacutetaient favorables (reacutealisation apregraves lavage au seacuterum physiologique

preacutelegravevement profond) Le terme drsquoinfection de mateacuteriel comprenait des signes locaux en regard

du mateacuteriel infecteacute (douleurs eacutecoulement deacutesunion de cicatrice) agrave la positiviteacute de culture du

pus preacuteleveacute agrave ce niveau ou du mateacuteriel lui-mecircme La deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne dite

laquo autre raquo ne correspondant pas agrave ces critegraveres eacutetait laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de lrsquoinvestigateur de

lrsquoeacutetude

En cas drsquoinfection bacteacuterienne aveacutereacutee diffeacuterents eacuteleacutements eacutetaient recueillis la reacutealisation ou

non de preacutelegravevement agrave viseacutee microbiologique lrsquoidentification du germe en cas de positiviteacute

lrsquoexistence drsquoune bacteacuterieacutemie par la positiviteacute des heacutemocultures Il eacutetait noteacute la notion de mise

sous antibiotheacuterapie avec description de lrsquoantibiotheacuterapie le cas eacutecheacuteant

III Pronostic

La dureacutee drsquohospitalisation eacutetait calculeacutee agrave partir de la date drsquoadmission et de la date de sortie

du patient

Les critegraveres de graviteacute agrave lrsquoarriveacutee dans le service eacutetaient calculeacutes et signaleacutes gracircce agrave lrsquoIndice de

Graviteacute Simplifieacute Ambulatoire (IGSA) (29) en fonction de lrsquoacircge et selon les critegraveres suivants

Pression arteacuterielle systolique freacutequence cardiaque score de Glasgow freacutequence respiratoire

tempeacuterature Les patients graves eacutetaient deacutefinis par un score IGSA gt 4

13

Enfin le transfert en reacuteanimation pendant lrsquohospitalisation ou le deacutecegraves intra-hospitalier eacutetait

analyseacute

IV Analyse statistique

Les donneacutees cliniques biologiques et para-cliniques eacutetaient colligeacutees agrave partir du dossier

informatiseacute des patients du CHU drsquoAMIENS (logiciel Dx Carereg) sur le logiciel de base de

donneacutees EpiDATAreg

Lrsquoanalyse statistique eacutetait reacutealiseacutee agrave partir de lrsquoextraction des donneacutees sur le logiciel SAS 92reg

Les analyses descriptives des populations ont eacuteteacute reacutealiseacutees Les variables cateacutegorielles sont

exprimeacutees en valeur absolue et pourcentage Les variables quantitatives normales sont deacutecrites

par leur moyenne et eacutecart type tandis que les variables de reacutepartition non gaussienne le sont

par la meacutediane et intervalle interquartile

Un calcul des sensibiliteacute speacutecificiteacute valeur preacutedictive positive et valeur preacutedictive neacutegative de

chaque marqueur a eacuteteacute reacutealiseacute avec deacutetermination de lrsquointervalle de confiance agrave 95 Les

valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute ont eacuteteacute exprimeacutees en pourcentage Les performances

opeacuteratoires globales des marqueurs ont eacuteteacute compareacutees au moyen de courbes ROC Les aires

sous la courbe de chaque marqueur ont pu ecirctre calculeacutees et compareacutees avec un seuil de

significativiteacute p lt 0005 Le seuil de RNL permettant drsquoobtenir les meilleures sensibiliteacutes et

speacutecificiteacute a eacuteteacute rechercheacute au moyen du calcul de lrsquoindice J de Youden (J = Se + Sp ndash 1)

Drsquoapregraves les eacutetudes preacuteceacutedentes (12) nous avons pu anticiper une sensibiliteacute du test diagnostique

dans ces indications drsquoenviron 70 (la speacutecificiteacute eacutetant dans ces eacutetudes constamment

supeacuterieure agrave la sensibiliteacute) En partant de cette hypothegravese avec une borne infeacuterieure de

lrsquointervalle de confiance de la sensibiliteacute accepteacutee agrave 65 une puissance de 90 et une erreur

alpha de 5 le nombre de patient agrave inclure eacutetait de 342

Le protocole de cette eacutetude a reccedilu lrsquoapprobation de la sous-commission drsquoeacutevaluation des

recherches non-interventionnelles du Comiteacute de Protection des Personnes Nord-Ouest II en date

du 11022016 Une lettre drsquoinformation a eacuteteacute reacutedigeacutee pour informer les patients inclus de

14

lrsquoanalyse de leurs donneacutees et du caractegravere non interventionnel de lrsquoeacutetude

15

RESULTATS

I Description de la population

1 Critegraveres drsquoinclusion et drsquoexclusion

Mille quatre cent quatre vingt dix patients ont eacuteteacute hospitaliseacutes dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens en 2014 Le critegravere laquo hyperthermie etou syndrome inflammatoire raquo

eacutetait preacutesent agrave leur arriveacutee dans le service chez 510 patients seacutelectionneacutes pour lrsquoeacutetude Un ou

plusieurs critegraveres drsquoexclusion eacutetaient preacutesents chez 171 patients laquo neacuteoplasie raquo (n=51)

laquo pathologie heacutematologique raquo (n=22) laquo seacuteropositiviteacute VIH raquo (n=6) laquo grossesse raquo (n=1)

laquo traitement immunosuppresseur raquo (n=50) laquo Corticotheacuterapie raquo (n=54) ou laquo antibiotheacuterapie dans

les 48h preacuteceacutedant lrsquoadmission raquo (n=70) (Figure 1)

Figure 1 Description des patients analyseacutes et inclus apregraves analyse des critegraveres drsquoexclusion

16

2 Diagnostics de sortie

Parmi les diagnostics de sortie expliquant la fiegravevre et ou le syndrome inflammatoire 129 cas

eacutetaient en rapport avec une infection bacteacuterienne (38 ) 17 avec une infection virale (5 ) 5

une infection parasitaire (147 ) 1 une infection fongique (029 ) 39 une pathologie

neacuteoplasique (115 ) 15 une pathologie thrombotique (442 ) 53 une pathologie

inflammatoire (1563 ) 10 une cause dite laquo autre raquo (295 ) et 70 patients une cause

laquo indeacutefinie raquo (2065 ) Seuls les patients ayant une eacutetiologie identifieacutee eacutetaient retenus pour

lrsquoanalyse principale (N=269) Les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo eacutetaient utiliseacutes dans une

analyse de sensibiliteacute pour tester la robustesse des reacutesultats

Les caracteacuteristiques de ces patients sont deacutecrites dans le Tableau 1 en fonction de la cause

bacteacuterienne ou non de la fiegravevre etou du syndrome inflammatoire

Il semblait que les hommes souffraient plus drsquoinfection bacteacuterienne ainsi que les patients les

plus acircgeacutes (acircge meacutedian agrave 72 ans [585- 827] contre 663 [447- 764] pour une eacutetiologie non

bacteacuterienne) et les patients fumeurs (65 drsquoinfections bacteacuteriennes vs autres diagnostics)

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient significativement moins de fiegravevre Sur

le plan biologique ces patients preacutesentaient une CRP et une PCT agrave lrsquoadmission

significativement plus eacuteleveacutees ainsi que le nombre de globules blancs de polynucleacuteaires

neutrophiles eacuteosinophiles et basophiles ainsi qursquoun taux drsquoheacutemoglobine et de plaquettes

infeacuterieurs

DIAGNOSTIC FINAL

P Total Infections bacteacuteriennes Autres eacutetiologies

Nombre de patients 129 48 140 52 269

Sexe ratio FH 12 073 005 093

Age (ans)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 72 [585-827] 663 [447-764] 0001 69 [513-794]

Tabagisme actif 39 65 21 35 lt0001 60

BMI (kgm2)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 246 [218-29] 249 [215-29] 089 2476 [216-29]

Fiegravevre 40 38 65 62 lt0001 105

Syndrome inflammatoire 126 48 135 52 068 261

PCT (ngmL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 06 [03-21] 02 [01-055] 0012 039 [02-129]

CRP (mgL)

Meacutediane [Q25 -Q75 ] 1146 [56-180] 65 [321-1139] 887 [435-1455]

Numeacuteration Formule Sanguine

Meacutediane [Q25 -Q75 ]

Globules Blancs (mm3) 12400 [9500-16500] 9400 [7150-11400] lt0001 10839 [8373-13845]

Polynucleacuteaires neutrophiles (mm3) 10000 [7400-14800] 7100 [4850-9200] lt0001 8491 [6073-11889]

Polynucleacuteaires eacuteosinophiles (mm3) 0 [0-100] 100 [0-200] 0012 52 [0-152]

Polynucleacuteaires basophiles (mm3) 0 [0-0] 0 [0-0] lt0001 0 [0-0]

Lymphocytes (mm3) 1100 [700-1600] 1400 [900-1800] 0025 1301 [804-1704]

Monocytes (mm3) 600 [400-800] 600 [450-750] 054 600 [426-774]

Heacutemoglobine (gdL) 129 [115-139] 126 [109-14] 038 127 [112-14]

Plaquettes (mm3) 248000 [178000-321000] 282500[203500-366000] 0007 265955[191271-344420]

Tableau 1 Caracteacuteristiques des patients eacutetudieacutes en fonction de la cause de lrsquohyperthermie etou syndrome inflammatoire

18

3 Description des eacutetiologies non bacteacuteriennes

Les eacutetiologies non bacteacuteriennes eacutetaient reacuteparties selon leur cause virale (N=17) parasitaire (N=5)

fongique (N=1) neacuteoplasique (N=39) thrombotique (N=15) inflammatoire (N=53) ou autres (N=10)

Les eacutetiologies virales documenteacutees eacutetaient une infection agrave coxsakie virus 2 infections herpeacutetiques

une enceacutephalite zosteacuterienne une heacutepatite B et deux heacutepatites E Les autres infections virales non

documenteacutees eacutetaient des meacuteningites virales bronchites aiguumles et gastro enteacuterite aiguumle

Les eacutetiologies parasitaires eacutetaient 4 accegraves palustres agrave Plasmodium falciparum et un abcegraves amibien

heacutepatique

Lrsquoeacutetiologie fongique eacutetait une vaginite agrave Candida

Les eacutetiologies neacuteoplasiques regroupaient des pathologies heacutematologiques (2 amyloses AL 5

lymphomes et une leuceacutemie aiguumle myeacuteloiumlde) et des tumeurs solides (3 localisations prostatiques 5

localisations pulmonaires 2 localisations ORL 7 localisations heacutepatiques 5 localisations coliques

une localisation gastrique une localisation ceacutereacutebrale une localisation uteacuterine une localisation

ovarienne une localisation mammaire et une tumeur pyeacutelique un meacutelanome un liposarcome) Chez

un patient une neacuteoplasie au stade meacutetastatique eacutetait deacutecouverte sans primitif eacutevident Cinq de ces

affections eacutetaient diagnostiqueacutees agrave un stade meacutetastatique

Les eacutetiologies thrombotiques eacutetaient drsquoorigine arteacuterielle (notamment infarctus ceacutereacutebral et colite

ischeacutemique) et veineuse (maladie thrombo-embolique veineuse et thrombose portale principalement)

Les eacutetiologies inflammatoires les plus freacutequentes eacutetaient repreacutesenteacutees par des pancreacuteatites aiguumles (10

patients) des pseudo-polyarthrites rhizomeacuteliques isoleacutees (8 patients) des maladies de Horton (7

patients) des arthrites micro-cristallines (5 patients) et des maladies inflammatoires chroniques de

lrsquointestin (5 patients)

Les autres causes eacutetaient principalement des heacutematomes une cirrhose et une steacutenose peptique de

lrsquoœsophage

4 Infections bacteacuteriennes

1 Localisation

19

Parmi les 129 infections bacteacuteriennes 394 eacutetaient de localisation pulmonaire 236 de

localisation urinaire 142 de localisation digestive 79 de localisation laquo autre raquo 71 de

localisation cutaneacutee 55 de localisation osteacuteo-articulaire et 08 de localisation neuro-meacuteningeacutee

et sur mateacuteriel

Les localisations laquo autres raquo concernaient une infection sur pontage aorto-coronarien trois infections

ORL une tuberculose ganglionnaire et colique une endomeacutetrite agrave Haemophilus influenzae un abcegraves

du psoas agrave Streptococcus pyogenes une endocardite aortique agrave Staphylococcus aureus compliqueacutee

de spondylodiscite et une tulareacutemie

2 Documentation microbiologique

Chez ces 129 patients preacutesentant une infection bacteacuterienne 96 ont beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures ce qui

a permis de mettre en eacutevidence 23 bacteacuterieacutemies

Cent soixante-quinze preacutelegravevements agrave viseacutee microbiologique ont eacuteteacute reacutealiseacutes Un ou plusieurs agents

microbiens ont eacuteteacute mis en eacutevidence sur 71 de ces preacutelegravevements La reacutepartition de ces examens et leur

positiviteacute est deacutecrite dans la figure 2

20

Figure 2 Description des examens microbiologiques reacutealiseacutes et leur positiviteacute

21

Les germes les plus souvent retrouveacutes sont deacutecrits dans le tableau 2 Les bacilles Gram neacutegatifs

eacutetaient les germes les plus freacutequents (648 ) avec 563 drsquoEscherichia coli (soit 365 sur tous

les germes identifieacutes) Les cocci Gram positifs constituaient 284 de tous les preacutelegravevements positifs

les cocci Gram neacutegatifs 27 et les bacilles Gram positif 27

Micro organismes Nombre de patients

COCCI GRAM + 21

Streptococcus

pneumoniae 5

pyogenes 3

agalactiae 1

gordonii 1

Staphylococcus

aureus 6

epidermidis 2

Enterococcus faecalis 3

COCCI GRAM ndash 2

Neisseria

gonorrhoeae 1

meningitidis 1

BACILLE GRAM + 2

Corynebacterium striatum 1

Clostridium difficile 1

BACILLE GRAM - 48

Escherichia coli 27

Citrobacter

koseri 1

freundii 1

Klebsiella

pneumoniae 5

oxytoca 1

Haemophilus influenzae 3

Pseudomonas aeruginosa 4

Bacteroides fragilis 1

Morganella morgani 1

Francisella tularensis 1

Enterobacter cloacae 1

Salmonella

bovis 1

paratyphii 1

Chlamydia trachomatis 1

Tableau 2 Identification des micro-organismes en cause

22

3 Antibiotheacuterapie

Une antibiotheacuterapie eacutetait prescrite en mono ou pluri-theacuterapie chez 123 patients Les pathologies non

traiteacutees eacutetaient une ileacuteite drsquoallure infectieuse non documenteacutee et drsquoeacutevolution spontaneacutement favorable

une infection urinaire sur globe veacutesical drsquoeacutevolution favorable apregraves sondage veacutesical chez une patiente

de 77 ans une diverticulite sigmoiumldienne en cours de cicatrisation et drsquoeacutevolution spontaneacutement

favorable un abcegraves du psoas traiteacute apregraves transfert en chirurgie pour drainage un abcegraves dentaire traiteacute

par voie locale uniquement et une pneumopathie du lobe supeacuterieur droit qui sera traiteacutee apregraves la sortie

du patient

Les antibiotiques les plus souvent prescrits eacutetaient les β lactamines (N=114) dont les ceacutephalosporines

de 3e geacuteneacuteration (N= 51) lrsquoassociation amoxicillineacide clavulanique (N=40) lrsquoamoxicilline seule

(N=12) lrsquoassociation piperacillinetazobactam (N=7) lrsquooxacilline (N=2) lrsquoaztreonam (N=1) et la

ceftazidime (N=1) Les autres antibiotiques prescrits eacutetaient les fluoroquinolones (N=28) le

meacutetronidazole (N=16) et les aminosides (N=13) la rifampicine (N=6) les macrolides (N=3) le

linezolide (N =3) glycopeptides (N=3) la daptomycine (N=2) Une seule prescription eacutetait releveacutee

pour les carbapeacutenegravemes la pristinamycine le trimethoprime-sulfamethoxazole la clindamycine

lrsquoethambutol la pyrazinamide et lrsquoisoniazide

II RNL

1 Calcul du RNL selon les eacutetiologies

La meacutediane et lrsquointervalle interquartile du RNL agrave la numeacuteration formule sanguine de lrsquoadmission

eacutetaient calculeacutes et classeacutes en fonction des eacutetiologies (Tableau 3 et Figure 3) Le RNL eacutetait

statistiquement diffeacuterent dans les diffeacuterentes eacutetiologies (p lt00001 Test de Kruskall-Wallis)

23

Figure 3 RNL en fonction de lrsquoeacutetiologie

Les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL significativement plus eacuteleveacute que

les autres 958 [547-1670] versus 538 [340-870] (p lt 00001 test de Wilcoxon) (Figure 4)

Etiologie Nombre de patients RNL meacutedian (Q25-Q75)

Bacteacuterienne 129 959 (547-167)

Virale 17 41 (354-757)

Parasitaire 5 75 (538-1133)

Fongique 1 2 (2-2)

Neacuteoplasique 39 65 (407-10)

Thrombotique 15 557 (373-1057)

Inflammatoire 53 506 (305-783)

Autres 10 471 (264-5 83)

Tableau 3 RNL selon lrsquoeacutetiologie de lrsquohyperthermie etou syndrome

inflammatoire

24

Figure 4 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non Test de Wilcoxon plt 00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden appliqueacute agrave ces valeurs permettait drsquoobtenir un seuil optimal du RNL

agrave 82

A ce seuil le calcul des performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne permettait drsquoobtenir une sensibiliteacute de 61 [IC 95 (52 -69 )] une speacutecificiteacute de

73 [IC 95 (66 -81 )] une valeur preacutedictive positive de 67 [IC 95 (59 -76 )] et

une valeur preacutedictive neacutegative de 67 [IC 95 (60 -75 )]

La courbe ROC eacutetait traceacutee pour deacuteterminer les performances diagnostiques du test Lrsquoaire sous la

courbe eacutetait calculeacutee agrave 069 [IC 95 (063-076)] pour le RNL pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne versus autres causes de fiegravevre etou syndrome inflammatoire

2 Performances diagnostiques des marqueurs usuels

Les calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne de la CRP de la

PCTdu nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles eacutetaient reacutealiseacutes et la courbe ROC

traceacutee pour chaque marqueur

25

Pour la CRP lrsquoaire sous la courbe (AUC) eacutetait calculeacutee agrave 061 [IC 95 (046-077)] pour la PCT

lrsquoAUC eacutetait de 070 [IC 95 (056-084)] pour le nombre de globules blancs de 067 [IC 95

(052-081)] pour le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles de 070 [IC 95 (055 - 084)] pour le

nombre de polynucleacuteaires eacuteosinophiles de 060 [IC 95 ( 046 - 075)]

Aucune diffeacuterence statistiquement significative nrsquoeacutetait observeacutee entre les AUC des courbes ROC des

diffeacuterents marqueurs (Figure 5)

Figure 5 Comparaison des courbes ROC de chaque marqueur

3 Analyse de sensibiliteacute

Une eacutetude de sensibiliteacute a eacuteteacute reacutealiseacutee en incluant dans lrsquoanalyse les patients au diagnostic final

indeacutetermineacute Le RNL meacutedian de ces patients eacutetait de 513 [338-943]

Les performances diagnostiques du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne ne srsquoen trouvaient

pas significativement modifieacutees

La courbe ROC pour le RNL retrouvait alors une AUC agrave 07 [IC 95 (064-076)] sensiblement

similaire agrave celle calculeacutee pour le RNL excluant les patients au diagnostic laquo indeacutefini raquo Au seuil

de 77 les valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient respectivement de 62 [IC95 ( 54-70)] et

26

69 [IC95 (63-76)] La valeur preacutedictive positive eacutetait de 56 [IC95 (47-64)] et la valeur

preacutedictive neacutegative de 75 [IC95 (69-85)]

4 Performances du RNL pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les mecircmes calculs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute eacutetaient eacutetablis pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne avec bacteacuterieacutemie chez les 339 patients tous diagnostics confondus

Le calcul de lrsquoindice de Youden montrait un seuil optimal du RNL agrave 1065 Les valeurs de sensibiliteacute

agrave ce niveau eacutetait de 67 [IC 95 (48 -84 )] de speacutecificiteacute de 74 [IC 95 (69 -79 )]

la valeur preacutedictive positive de 16 [IC 95 (9 -24 )] et la valeur preacutedictive neacutegative de 96

[IC 95 ( 94 -99 )]

Lrsquoaire sous la courbe ROC traceacutee agrave ce seuil eacutetait de 07 [IC 95 (058-083)]

III Cas des patients acircgeacutes de plus de 75 ans

1 Description de la population

Quatre-vingt-quinze patients eacutetaient acircgeacutes de plus de 75 ans On eacutetablissait pour 56 de ces patients le

diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne pour 12 de pathologie neacuteoplasique pour 5 de pathologie

thrombotique pour 17 de pathologie inflammatoire et pour 5 de pathologies laquo autres raquo

2 Calcul du RNL

Le calcul du RNL meacutedian et de lrsquointervalle interquartile pour ces patients eacutetait de 1169 [779-1668]

pour les patients ayant une infection bacteacuterienne 579 [464- 928] pour les pathologies neacuteoplasiques

1057 [971-15] pour les pathologies thrombotiques 614 [404- 806] pour les causes inflammatoires

et 583 [529- 792] pour les autres causes (p lt 00002 test de Kruskal-Wallis) (Figure 6)

27

Figure 6 Comparaison du RNL en fonction des eacutetiologies chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de Kruskal-Wallis

plt 00002

Les patients acircgeacutes de plus de 75 ans preacutesentant une infection bacteacuterienne avaient un RNL

significativement plus eacuteleveacute 116 [775-1666] versus 614 [446-927] (p lt 00001 test de

Wilcoxon) (Figure 7)

28

Figure 7 Comparaison du RNL en cas drsquoinfection bacteacuterienne ou non chez les sujets acircgeacutes de plus de 75 ans Test de

Wilcoxon plt00001

Le calcul de lrsquoindice de Youden eacutetablissait un seuil optimal agrave 1508 pour le diagnostic drsquoinfection

bacteacuterienne sans effet seuil tregraves franc A ce seuil la sensibiliteacute eacutetait de 57 et la speacutecificiteacute de 87

La courbe ROC traceacutee pour le RNL chez le sujet de plus de 75 ans met en eacutevidence une AUC de 076

[IC 95 (066-086)]

3 Comparaison des performances agrave celles de la CRP

Les mecircmes valeurs ont eacuteteacute calculeacutees pour la CRP chez le sujet acircgeacute retrouvant une AUC de 062 [IC

95 (051-074)] Les deux courbes ROC (CRP et RNL chez le sujet acircgeacute) ont eacuteteacute compareacutees

Toutefois cette diffeacuterence nrsquoeacutetait pas statistiquement significative (Figure 8)

29

Figure 8 Comparaison des courbes ROC du RNL et CRP pour les sujets de plus de 75 ans

IV RNL et pronostic

La notion de seacuteveacuteriteacute eacutetait eacutetablie chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne par la preacutesence

de critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission ou de deacutecegraves pendant lrsquohospitalisation ou de transfert en

reacuteanimation durant le seacutejour

Un ou plusieurs critegraveres de graviteacute eacutetaient noteacutes agrave lrsquoadmission de 17 patients dans le service (132 )

6 sont deacuteceacutedeacutes pendant lrsquohospitalisation (47 ) 5 ont eacuteteacute transfeacutereacutes en reacuteanimation (38 )

Le RNL meacutedian de ces patients preacutesentant des critegraveres de graviteacute agrave lrsquoadmission eacutetait de 78 [54-19]

contre 92 [55-166] pour ceux qui nrsquoen preacutesentaient pas Les patients deacuteceacutedeacutes avaient un RNL

meacutedian agrave 73 [67-86] contre 10 [53-17] pour les patients ayant surveacutecu Les patients ayant eacuteteacute

transfeacutereacutes en reacuteanimation avaient un RNL meacutedian agrave 68 [48-78] contre 99 [55-167] pour ceux

nrsquoayant pas eacuteteacute transfeacutereacutes

Au total les patients laquo seacutevegraveres raquo (N= 22) avaient un RNL meacutedian calculeacute agrave 78 [54-174] contre

30

10 [55-167] chez les autres (p = 071 test de Wilcoxon) Un RNL eacuteleveacute agrave lrsquoadmission nrsquoapparaissait

pas comme un marqueur de seacuteveacuteriteacute chez les patients preacutesentant une infection bacteacuterienne

31

DISCUSSION

I Reacutesultats

La physiopathologie de lrsquoinfection bacteacuterienne suggeacuterait que le rapport neutrophiles sur lymphocytes

(RNL) pouvait apporter une aide suppleacutementaire agrave lrsquoorientation diagnostique chez un patient

hospitaliseacute pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire la performance des marqueurs habituels (CRP

PCT nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires neutrophiles) eacutetant jugeacutee insuffisante La

mobilisation des polynucleacuteaires neutrophiles sur le site de lrsquoinfection ainsi que la redistribution

lymphocytaire et leur apoptose sous lrsquoinfluence des cytokines pro-inflammatoires du stress

cortisonique et lrsquoagent bacteacuterien lui-mecircme constituent la premiegravere ligne de deacutefense immunitaire dans

le cadre de ces infections

Dans notre eacutetude chez tous les patients hospitaliseacutes en meacutedecine interne pour fiegravevre etou syndrome

inflammatoire le RNL eacutetait plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux causes non

bacteacuteriennes (virales parasitaires mycologiques thrombotiques neacuteoplasiques ou inflammatoires) et

cela de faccedilon statistiquement significative

Pour un seuil agrave 82 on trouvait une sensibiliteacute agrave 61 et une speacutecificiteacute de 73 Lrsquoaire sous la

courbe ROC eacutetait de 069 [IC 95 (036-076)] Cette valeur eacutetait supeacuterieure agrave celle de la CRP du

nombre de globules blancs et de polynucleacuteaires eacuteosinophiles infeacuterieure agrave celle de la PCT et du

nombre de polynucleacuteaires neutrophiles mais de faccedilon non significative

Par contre le RNL srsquoaveacuterait deacutecevant pour identifier les patients seacutevegraveres parmi les patients preacutesentant

une infection bacteacuterienne Les mecircmes reacutesultats eacutetaient observeacutes pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-seacutenescence (diminution du nombre de lymphocytes alteacuteration de la

reacuteponse neutrophilique) laissaient supposer que ce rapport pouvait ecirctre modifieacute chez les sujets acircgeacutes

Notre eacutetude montre que le RNL reste significativement plus eacuteleveacute lors drsquoune infection bacteacuterienne

chez les patients de plus de 75 ans admis pour fiegravevre etou syndrome inflammatoire

II Gold standard

Le gold standard de notre eacutetude eacutetait la deacutefinition drsquoune infection bacteacuterienne eacutetablie par le praticien

32

en charge du patient sur le compte rendu de sortie agrave lrsquoissue de lrsquohospitalisation et agrave la lumiegravere des

diffeacuterents examens cliniques et para cliniques reacutealiseacutes Ce diagnostic de sortie eacutetait valideacute par la

relecture du dossier complet par le responsable scientifique prenant en compte les donneacutees ulteacuterieures

agrave la sortie drsquohospitalisation (consultations de controcircle examens biologiques et drsquoimagerie de controcircle

etc) Il est donc soumis agrave un biais de classement malgreacute le respect de deacutefinitions standardiseacutees et

valideacutees Le praticien en charge du patient ainsi que le responsable scientifique eacutetablissaient en effet

leur diagnostic final en raisonnant notamment sur les donneacutees biologiques comprenant la NFS agrave

lrsquoadmission du patient et plus preacuteciseacutement le nombre de polynucleacuteaires neutrophiles et de

lymphocytes La deacutefinition du gold standard implique donc la prise en compte de critegraveres comprenant

les composants du rapport neutrophiles sur lymphocytes et pouvant constituer un biais

drsquoincorporation

Ces difficulteacutes agrave identifier formellement les infections bacteacuteriennes eacutetaient aussi lieacutees agrave la population

eacutetudieacutee constitueacutee de patients hospitaliseacutes dans un service de meacutedecine interne ougrave la reacutealisation de

preacutelegravevements peut ecirctre soumise agrave des contraintes de reacutealisation (examens invasifs par exemple)

Les eacutetudes preacuteceacutedentes testant le RNL srsquoappuyaient drsquoabord sur des critegraveres microbiologiques pour

eacutetablir leur gold standard pouvant exclure les infections bacteacuteriennes non documenteacutees freacutequentes

dans notre population de patients (12-14) Loonen et de Jager utilisaient les heacutemocultures pour affirmer

le diagnostic de bacteacuterieacutemie leur eacutetude se concentrant sur les patients suspects de ce diagnostic

(preacutesentant des critegraveres de SRIS et ayant beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures agrave lrsquoadmission pour Loonen et

laquo suspects de bacteacuterieacutemie raquo pour de Jager) agrave leur admission dans un service drsquourgences Ce recueil

eacutetait reacutetrospectif et concernait donc une population de patients cibleacutee (admise dans un service

drsquourgences et suspecte de bacteacuterieacutemie) (13)

Guumlrol utilisait la PCT comme gold standard pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne Le type

drsquoinfection (localiseacutee ou systeacutemique) eacutetait deacutefini selon le taux de PCT doseacute agrave lrsquoadmission Ce

marqueur eacutetant compareacute agrave celui du RNL et ses performances limiteacutees nous nrsquoavons pas retenu ce

seul marqueur comme permettant de diagnostiquer les infections bacteacuteriennes (15) Dans notre travail

nous deacutemontrons drsquoailleurs que les performances diagnostiques de la PCT et du RNL sont similaires

pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Peu drsquoeacutetudes se sont inteacuteresseacutees aux infections bacteacuteriennes localiseacutees La premiegravere eacutetude

srsquointerrogeant sur la valeur diagnostique du RNL eacutetait pourtant lrsquoeacutetude de Goodman concernant les

appendicites aigueumls devant une douleur abdominale La valeur du RNL eacutetait supeacuterieure agrave celle du

33

nombre absolu de polynucleacuteaires neutrophiles classiquement utiliseacute Drsquoautres travaux concernant

notamment les meacuteningites en 2016 par lrsquoeacutequipe de Mentis les pneumopathies communautaires par

Yoon et al montraient en arguant le mecircme rationnel que pour les bacteacuterieacutemies que le RNL

constituait un marqueur indeacutependant de cause bacteacuterienne drsquoune meacuteningite ou drsquoune affection

pulmonaire (1830) Ces deux eacutetudes eacutetaient reacutealiseacutees de faccedilon reacutetrospective Les infections bacteacuteriennes

eacutetaient prouveacutees par des critegraveres microbiologiques dans le LCR ou des preacutelegravevements respiratoires

III Population eacutetudieacutee

Notre objectif en reacutealisant cette eacutetude eacutetait drsquoeacutevaluer la valeur diagnostique du RNL dans une

population de patients non seacutelectionneacutee drsquoun secteur conventionnel drsquohospitalisation avec les moyens

utiliseacutes en routine afin de se rapprocher de la laquo vraie vie raquo Les patients hospitaliseacutes dans le service

de meacutedecine interne drsquoAmiens sont des patients de tout acircge aux diagnostics varieacutes admis pour des

pathologies inflammatoires thrombotiques neacuteoplasiques et infectieuses Les contraintes lieacutees agrave ces

patients et aux techniques ne permettent pas de documenter systeacutematiquement lrsquoinfection et

confirment le plus souvent le diagnostic apregraves 24 agrave 48h drsquohospitalisation Nous avons choisi drsquoexclure

les patients traiteacutes par corticotheacuterapie immunosuppresseurs ou connus pour des pathologies

heacutematologiques ou neacuteoplasiques Les traitements et pathologies de ces patients pouvaient modifier le

nombre de lymphocytes et de polynucleacuteaires neutrophiles et gecircner lrsquointerpreacutetation de nos reacutesultats

Le nombre de ces patients eacutetait de 171 sur les 510 patients hospitaliseacutes pour fiegravevre et ou syndrome

inflammatoire Leur exclusion permet eacutegalement de se rapprocher drsquoune population laquo vie reacuteelle raquo la

proportion de patients sous biotheacuterapie etou corticotheacuterapie eacutetant plus freacutequente chez les patients de

meacutedecine interne par rapport agrave un secteur conventionnel drsquohospitalisation laquo tout venant raquo La prise en

compte de ces facteurs confondants dans une analyse stratifieacutee permettrait de savoir si le RNL pourrait

ecirctre utiliseacute chez ces diffeacuterentes cateacutegories de patients et avec quel seuil

En restreignant les infections bacteacuteriennes agrave celles documenteacutees le risque aurait eacuteteacute drsquoexclure agrave tort

des infections bacteacuteriennes aveacutereacutees diagnostiqueacutees sur des critegraveres pratiques utiliseacutes quotidiennement

par les cliniciens dans ces services hospitaliers Pour diminuer lrsquoincertitude diagnostique lieacutee

notamment au recueil reacutetrospectif les diagnostics laquo indeacutefinis raquo (N=70) eacutetaient exclus de lrsquoanalyse en

per-protocole mais ceci aboutissait agrave une diminution de puissance en diminuant le nombre de sujets

concerneacutes Lrsquoanalyse de sensibiliteacute reacutealiseacutee en incluant ces patients permettait neacuteanmoins drsquoobtenir

des performances diagnostiques similaires du RNL pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

Les pheacutenomegravenes drsquoimmuno-senescence pourraient alteacuterer lrsquointerpreacutetation de ce rapport par la

34

diminution physiologique du nombre de lymphocytes alors que le nombre de polynucleacuteaires

neutrophiles reste identique Sur la population de patients acircgeacutes de plus de 75 ans la valeur du RNL

eacutetait eacutegalement significativement plus eacuteleveacutee dans les infections bacteacuteriennes sans montrer de

supeacuterioriteacute par rapport agrave la CRP En revanche pour obtenir une sensibiliteacute et speacutecificiteacute acceptables

le seuil de RNL eacutetait plus eacuteleveacute agrave 15 Le manque de donneacutees ne permettait pas de comparer ce rapport

agrave la PCT A notre connaissance crsquoest la premiegravere fois que le RNL est eacutetudieacute dans ce type de

population

IV Le RNL

1 Inteacuterecirct pratique au quotidien

Notre eacutetude montre que dans cette population de patients hospitaliers laquo tout venant raquo le RNL est

significativement plus eacuteleveacute dans les infections bacteacuteriennes par rapport aux autres causes de fiegravevre

etou syndrome inflammatoire Il peut ainsi constituer une aide diagnostique agrave lrsquoadmission de ces

patients Son utilisation en routine en fait un outil facile accessible au quotidien La numeacuteration

formule sanguine est en effet lrsquoexamen le plus prescrit en France avec des indications extrecircmement

varieacutees (31) Cette utilisation en fait un outil suppleacutementaire agrave lrsquoidentification rapide drsquoune cause

bacteacuterienne agrave une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire sans recourir agrave un nouveau preacutelegravevement

agrave un nouveau marqueur Notre eacutetude permet drsquointerpreacuteter la numeacuteration formule sanguine de faccedilon

plus optimale en apportant un seuil plus preacutecis pour un profil de patient freacutequemment rencontreacute par

un clinicien

2 Modaliteacutes drsquoutilisation du RNL

Ce rapport reflegravete la reacuteponse inflammatoire agrave un stress aigu le plus souvent bacteacuterien On pouvait

donc supposer que le seuil de 10 proposeacute dans les eacutetudes preacuteceacutedentes eacutetait trop eacuteleveacute dans le cas des

infections localiseacutees la reacuteponse cytokinique eacutetant plus modeacutereacutee Guumlrol dans son eacutetude propose un

seuil agrave 5 pour les infections bacteacuteriennes localiseacutees Neacuteanmoins cette deacutefinition eacutetait baseacutee sur des

taux de PCT qui ont montreacute leur insuffisance agrave mettre en eacutevidence les infections localiseacutees (15) Mendis

montrait des valeurs de sensibiliteacute et speacutecificiteacute optimales avec un RNL agrave 8 pour le diagnostic de

meacuteningite bacteacuterienne et Yoon un RNL agrave 7 pour le diagnostic de pneumopathie bacteacuterienne Le test

de Youden trouvait chez nos patients un seuil optimal agrave 82 pour le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne

35

tous sites confondus localiseacutee ou systeacutemique Chez les patients de plus de 75 ans ce rapport semblait

montrer son efficaciteacute diagnostique pour un seuil agrave 15 Une eacutetude agrave plus grande eacutechelle serait

souhaitable pour preacuteciser ce seuil le nombre de patients acircgeacutes de plus de 75 ans eacutetant reacuteduit dans notre

population de patients

3 Inteacuterecirct pronostique

Lrsquoeacuteleacutevation du RNL est le reflet drsquoune reacuteponse cytokinique intense reacuteveacuteleacutee par une majoration

drsquoapoptose des lymphocytes et une eacuteleacutevation du nombre de polynucleacuteaires neutrophiles circulants en

reacuteaction agrave une infection bacteacuterienne et srsquoexprime donc de faccedilon plus marqueacutee dans les eacutetats septiques

seacutevegraveres expliquant les valeurs plus eacuteleveacutees chez les patients bacteacuterieacutemiques et de faccedilon beaucoup

moins importante dans les infections localiseacutees Les principales eacutetudes diagnostiques concernant le

RNL eacutetudiaient en effet son utiliteacute pour le diagnostic de bacteacuterieacutemie (1213141517) Loonen dans son

eacutetude testait ce marqueur chez des patients suspects drsquoinfection bacteacuterienne alors qursquoils preacutesentaient

des critegraveres de SRIS reacuteveacutelant des valeurs de sensibiliteacute supeacuterieures agrave celles de la PCT et la CRP pour

un ratio supeacuterieur agrave 10 La speacutecificiteacute eacutetait infeacuterieure agrave celle de la PCT quand celle-ci eacutetait supeacuterieure

agrave 2 ngmL Les valeurs optimales de sensibiliteacute et de speacutecificiteacute eacutetaient obtenues par un score

composite associant une PCTgt 2 ngmL et un RNLgt12 (12) Les valeurs de RNL calculeacutees chez nos

patients ne permettaient pas drsquoidentifier les patients bacteacuterieacutemiques ou en eacutetat septique seacutevegravere Notre

eacutetude ne permettait de mettre en eacutevidence que 23 bacteacuterieacutemies soit 18 seulement de toutes les

infections bacteacuteriennes Notre population concernait des patients hospitaliseacutes en secteur

conventionnel Les cas seacutevegraveres eacutetaient donc plus rarement admis dans ce service agrave leur sortie des

urgences ce qui peut expliquer le faible nombre de bacteacuterieacutemies et de patients seacutevegraveres limitant

lrsquointerpreacutetation des donneacutees concernant ce diagnostic et le pronostic de ces patients De plus le recueil

eacutetant effectueacute de faccedilon reacutetrospective il est possible que certains patients bacteacuterieacutemiques nrsquoaient pas

beacuteneacuteficieacute drsquoheacutemocultures pendant leur hospitalisation Les donneacutees manquaient pour analyser la

valeur du score composite PCT et RNL la PCT nrsquoeacutetant pas doseacutee systeacutematiquement agrave lrsquoadmission du

patient

Le nombre de patients entrant dans le critegravere composite de seacuteveacuteriteacute eacutetait ainsi faible En effet les

eacutetudes citeacutees preacuteceacutedemment recueillaient ces donneacutees agrave lrsquoadmission aux urgences pour les

pneumopathies (23) chez tous les patients (en hospitalisation conventionnelle ou en soins intensifs)

pour les endocardites et les bacteacuterieacutemies (212224) Ce rapport est en effet le reflet des dommages

tissulaires en rapport agrave une infection bacteacuterienne et peut ainsi en reacuteveacuteler la seacuteveacuteriteacute et le risque de

seacutequelles De plus le recueil des donneacutees agrave lrsquoadmission se reacutealisant de faccedilon reacutetrospective certaines

36

donneacutees notamment concernant la seacuteveacuteriteacute de la pathologie agrave lrsquoadmission pouvaient manquer

(freacutequence respiratoire eacutetat de vigilancehellip)

4 Autres utilisations du RNL

Le RNL a souvent eacuteteacute montreacute comme un marqueur de lrsquoinflammation qursquoelle soit chronique (en

phase preacute-theacuterapeutique comme marqueur pronostique dans les cancers ou pour le risque

cardiovasculaire) ou aigueuml dans le cadre des infections bacteacuteriennes Son eacuteleacutevation correspond en

effet agrave lrsquointensiteacute des dommages tissulaires secondaires agrave des infections des neacuteoplasies ou en post-

opeacuteratoire Le RNL des patients avec un diagnostic de cancer nrsquoeacutetait pas significativement plus eacuteleveacute

compareacute aux autres patients Le recueil de donneacutees eacutetait cependant limiteacute aux patients preacutesentant une

fiegravevre etou un syndrome inflammatoire et lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees dans ce cadre doit ecirctre

prudente

37

CONCLUSION

Le RNL constitue donc une nouvelle approche de la numeacuteration formule sanguine pour argumenter

le diagnostic drsquoinfection bacteacuterienne dans une population hospitaliegravere de patients pour laquelle la

documentation microbiologique nrsquoest pas toujours possible Notre eacutetude ne permet pas de conclure

sur lrsquointerpreacutetation de ces donneacutees concernant le diagnostic de bacteacuterieacutemie ni sur le pronostic des

patients Les biais deacutecrits preacuteceacutedemment pourraient ecirctre corrigeacutes en eacutetablissant un recueil prospectif

des donneacutees chez chaque patient hospitaliseacute en meacutedecine interne pour syndrome inflammatoire etou

hyperthermie La deacutefinition drsquoinfection bacteacuterienne serait ainsi eacutetablie de faccedilon plus preacutecise en

srsquoastreignant agrave lrsquoobtention des critegraveres valideacutes drsquoinfection microbiologiques (interrogatoire cibleacute

examen clinique preacutecis et documentation microbiologique plus systeacutematique) Une analyse en sous-

groupes pourrait eacutevaluer son utilisation en cas de traitement par corticoiumldes ou immuno-suppresseurs

ou en cas de cancer connu

Notre eacutequipe travaille actuellement de faccedilon prospective sur les donneacutees concernant tous les patients

preacutesentant une fiegravevre etou un syndrome inflammatoire agrave lrsquoadmission dans le service de meacutedecine

interne du CHU drsquoAmiens (CRP PCT nombre de polynucleacuteaires neutrophiles RNL) Lrsquoanalyse de

ces donneacutees permettra de valider nos reacutesultats concernant lrsquointeacuterecirct du RNL dans notre pratique

clinique comme aide diagnostique agrave lrsquoadmission du patient en travaillant agrave corriger les diffeacuterents biais

deacutecrits

38

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