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Évaluation mondiale de la programmation de l’UNICEF dans l’eau potable en milieu rural et petites villes 2006-2016 Rapport d’étude de cas – Guinée Auteurs : Cédric Estienne and Camille Salaün, HYDROCONSEIL Assurance qualité : Jérémie Toubkiss, Bureau de l’Evaluation, UNICEF

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Évaluation mondiale de la programmation de l’UNICEF dans l’eau potable en milieu rural et petites villes

2006-2016

Rapport d’étude de cas – Guinée

Auteurs :

Cédric Estienne and Camille Salaün, HYDROCONSEIL

Assurance qualité :

Jérémie Toubkiss, Bureau de l’Evaluation, UNICEF

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Sommaire

A.1. Contexte et objectifs ............................................................................................. 4

A.2. Brève présentation du contexte sectoriel et du programme hydraulique rural de l’UNICEF ....................................................................................................................... 4

A.3. Principaux résultats .............................................................................................. 5

A.4. Principales recommandations .............................................................................. 8

B.1. Contexte et objectifs de l’évaluation mondiale ....................................................... 10

B.2. Méthodologie et critères d’évaluation ................................................................. 10

B.3. Statut des études de cas pays ........................................................................... 11

B.4. Méthodologie de l’étude de cas .......................................................................... 11

C.1. L’accès à l’eau potable en milieu rural ................................................................ 14

C.2. La gestion de l’eau potable en milieu rural ......................................................... 15

D.1. Historique et caractéristiques du programme ..................................................... 17

D.2. Principaux partenaires ........................................................................................ 18

D.3. Urgence et développement ................................................................................ 18

D.4. Composante institutionnelle ............................................................................... 18

E.1. Pertinence .......................................................................................................... 20

E.2. Efficacité ............................................................................................................ 22

E.3. Efficience ........................................................................................................... 24

E.4. Durabilité ............................................................................................................ 28

E.5. Équité ................................................................................................................. 30

E.6. Innovation et passage à l’échelle ....................................................................... 31

F.1. Développer la vision stratégique à moyen terme et investir davantage dans la production de connaissances ...................................................................................... 34

F.2. Amélioration de l’efficience par l’intégration programmatique ............................. 35

F.3. Approfondir l’appropriation de la réforme HACT ....................................................... 36

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Acronymes

Acronyme Définition

ACEA Agence Communale de l'Eau et de l'Assainissement

ATPC Assainissement Total Piloté par la Communauté

BADEA Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique

CGPE Comité de Gestion du Point d'Eau

CMC Charente Maritime Coopération

CPAP UNICEF Country Programme Action Plan

CPD UNICEF Country Programme Document

DGA Directeur Général Adjoint

DGIS Agence de Développement International des Pays-Bas

DND Direction Nationale de la Décentralisation

DNDL Direction Nationale du Développement Local

DNH Direction Nationale de l'Hydraulique

EDS Enquête démographique et de santé

HACT Harmonized Approach to Cash Transfers

JICA Japan International Cooperation Agency

JMP WHO/UNICEF Joint Monitoring Program

MATD Ministère de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation

MEH Ministère de l'Électricité et de l'Hydraulique

MICS Enquête ménages Multiple Indicators Cluster Survey

MODA Multiple Overlapping Deprivation Analysis

ODD Objectifs de Développement Durable

OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONG Organisation Non Gouvernementale

PCA Programme Cooperation Agreement

PDL Plan de développement local

PMH Pompe à Motricité Humaine

SEG Société des Eaux de Guinée

SMQ Strategic Monitoring Questions (questionnaires envoyés aux bureaux pays par le siège pour suivre certains indicateurs au niveau mondial)

SNAPE Service National des Points d’Eau

SPE Service Public de l'Eau

UGPE Unité de Gestion des Points d'Eau

WASH Sigle anglophone pour Eau, Assainissement et Hygiène

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Résumé

A.1. Contexte et objectifs Cette étude de cas-pays est l’une des composantes de l’Evaluation mondiale des activités d’hydraulique de l’UNICEF en milieu rural et dans les petites villes, commanditée par le Bureau de l'Évaluation de l'UNICEF pour analyser l’expérience et la contribution de l’UNICEF dans ce domaine sur la période 2006-2016. L’évaluation repose sur sept autres études de cas pays, adoptant toutes la même structure et méthodologie, ainsi que d’autres sources de données : une revue des documents et bases de données UNICEF et non-UNICEF, une enquête en ligne, et des entretiens semi-structurés avec une diversité d‘acteurs sectoriels.

L’étude de cas n’est pas une évaluation à part entière : elle est moins exhaustive en termes de collecte et d’analyse des données. Elle a pour objectif principal d’alimenter le rapport de l’évaluation mondiale à partir d’informations sur la programmation de l’UNICEF et l’évolution de sa contribution au secteur au niveau pays. Elle formule toutefois des conclusions et recommandations pour le bureau pays et ses partenaires.

A.2. Brève présentation du contexte sectoriel et du programme hydraulique rural de l’UNICEF

La Guinée est un pays en voie de développement à bas revenu avec un taux d’accès à l’eau en zone rurale légèrement plus élevé que les autres pays de la sous-région, atteignant 67 % en 20151. La grande majorité de ces personnes ont accès à un forage équipé de pompe à motricité humaine2. La quantité d’eau disponible est importante grâce à une pluviométrie généreuse qui alimente les nappes souterraines et cours d’eau. Les données existantes suggèrent un taux de panne des forages inférieur à 20%, plus faible que dans les autres pays de la sous-région. La Guinée a atteint les OMD en matière d’alimentation en eau potable en 2015, mais ce succès masque des inégalités importantes qui subsistent dans le pays.

D’un point de vue institutionnel, le service de l’eau en milieu rural est placé sous la tutelle du SNAPE (Service National des Points d’Eau, rattaché au Ministère de l’Energie et de l’Hydraulique), mais géré au niveau local par les communes. Celles-ci ont reçu relativement récemment (en 2011) la compétence de la maitrise d’ouvrage des points d’eau sur leur territoire, mais comme dans beaucoup d’autres pays le transfert effectif des responsabilités, des capacités et des moyens est loin d’être effectif. La gestion des points d’eau est assurée par des comités villageois, qui font appel à des artisans réparateurs en cas de panne. La réforme dite du « service public de l’eau » en 2011 a introduit certaines évolutions, notamment la promotion des réseaux d’adduction d’eau pour rehausser le niveau de service, la transformation des comités de gestion par point d’eau en unités de gestion en charge de l’ensemble des points d’eau d’une localité et l’introduction d’un payement au volume.

Globalement, le programme d’accès à l’eau en milieu rural de l’UNICEF en Guinée a été relativement modeste en termes de financement et de réalisations, en comparaison avec les besoins du pays, avec la contribution d’autres grands bailleurs de fonds cités plus haut, et avec les programmes de l’UNICEF dans d’autres pays, mais en augmentation constante pendant la période 2006-2016.

1 WHO/UNICEF Joint Monitoring Programme (JMP) for Water Supply and Sanitation, rapport 2015

2 Guinea country profile, JMP 2015

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Avant 2006, l’UNICEF Guinée était très active dans le captage de sources et la réalisation de forages, complété par un appui matériel au SNAPE. Depuis 2006 (et peut-être avant), le programme UNICEF d’accès à l’eau en milieu rural et petites villes a principalement consisté en la réalisation ou réhabilitation de forages, l’amélioration de la maintenance des points d’eau déjà nombreux, et le renforcement des capacités des services techniques, des collectivités locales, des organisations de la société civile et du secteur privé local.

À partir de 2010, l’UNICEF a travaillé à introduire le forage manuel, former plusieurs centaines d’artisans réparateurs, améliorer le système de suivi de la fonctionnalité des points d’eau, et renforcer les capacités des collectivités locales et des communautés. Parallèlement, l’UNICEF s’est impliqué dans la révision des politiques et stratégies nationales dans le cadre de la réforme du service public de l’eau, et dans la coordination sectorielle.

A.3. Principaux résultats Les principaux constats élaborés pour chaque critère sont résumés dans le tableau ci-dessous :

Forces Limites

Pertinence

Crédibilité reconnue et positionnement apprécié par les acteurs sectoriels du fait de :

o L’ancienneté et la constance de sa présence en Guinée, pendant les périodes de stabilité comme de crise

o Son rôle dans la création du SNAPE au début des années 1980

o Sa connaissance fine du secteur

o Son appui au secteur par le biais du renforcement des capacités du SNAPE, des communes et de la société civile, et du soutien à la formation et application des politiques nationales

o Son implantation au niveau sous-national et sa capacité à intervenir partout dans le pays

o Son appui aux endroits délaissés par les autres acteurs

o Sa contribution importante à la coordination du secteur

Alignement sur les politiques et stratégies nationales

Tendance à compléter ou appuyer l’action des autres intervenants

Pas de vision stratégique et de théorie du changement clair découlant d’un processus systématique de planification s’appuyant sur des études, des analyses de la situation et de la capitalisation

En l’absence d’une telle stratégie, la multiplicité des bailleurs et ONG partenaires de l’UNICEF, qui ont chacun leur propres stratégies et zones d’intervention, est perçue comme pouvant faire perdre lisibilité et cohérence à l’action globale de l’UNICEF

Alignement total sur la stratégie du gouvernement qui limite ses apports (notamment sur la fixation du tarif, reconnu comme insuffisant)

Crédibilité et valeur ajoutée reconnue davantage dans les secteurs de l’hygiène et de l’assainissement que dans l’hydraulique rurale ces dernières années

Rôle dans la coordination sectorielle plus important en période de crise. Hors crise, rôle moins effectif, notamment à cause du démarrage très lent des projets structurants des partenaires internationaux.

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Forces Limites

Efficacité

Constructions et réhabilitations de points d’eau ayant permis d’améliorer l’accès à l’eau à des populations qui en avaient besoin

Efforts importants sur les composantes « sensibilisation communautaire pour un changement de comportement », « renforcement de capacités des comités de gestion », et « appui institutionnel aux collectivités locales », grâce à un partenariat continu et de qualité avec le SNAPE

Capacité de mobilisation des acteurs sectoriels et multisectoriels

Efforts suivis de peu d’effets sur les capacités institutionnelles des acteurs locaux à assurer une gestion et un suivi durable du service de l’eau

Faiblesses au niveau de la création et gestion des connaissances et de leur partage avec les acteurs du secteur, malgré une position privilégiée dans le secteur

Efficience

Ressources humaines réduites ce qui limite les coûts de personnel ; flexibilité reconnue, ce qui permet d’adapter assez rapidement la taille de l’équipe à la charge de travail

Préoccupation d’efficience dans les partenariats noués par l’UNICEF, avec le SNAPE, les ONG et les entités de coopération décentralisée permettant une réduction des coûts et/ou d’optimiser l’utilisation des ressources.

Introduction récente (2015) de la réforme HACT qui permet de limiter les risques financiers et d’accorder plus de temps au suivi des résultats sur le terrain

Quelques améliorations concernant la passation de marché avec le dépôt des offres techniques de manière électronique ; mise en place d’une « construction task force » qui permet de débloquer certaines situations de manière concertée entre les sections programme et la section « supply » ; établissement de listes de prestataires pour faire des appels d’offres restreints

Promotion du forage manuel comme une technologie d’approvisionnement en eau potable à faible coût

Développement récent d’une vision stratégique et de modalités de mise en œuvre pratiques pour une intégration programmatique renforcée au niveau de 54 communes de convergence, avec une volonté de mise à l’échelle sur l’ensemble du pays en cas de succès

Taille réduite de l’équipe WASH comme contrainte de moyens et de temps pour la mobilisation des ressources, le suivi des activités et la maximisation des résultats

Pas de système de suivi systématique de l’efficience dans les activités mises en œuvre sur le terrain ou dans la gestion du bureau

Abandon du captage de source au niveau village au milieu des années 2000 au profit de l’aménagement plus coûteuse de sources gravitaires multi-villages, et pas de soutien à l’investissement des ménages (auto-approvisionnement), qui pourraient être des approches alternatives à faibles coûts dans certaines zones favorables

Une intégration programmatique des activités hydraulique avec l’assainissement, santé, nutrition, communication pour le développement et/ou éducation, globalement plus évidente en période de crise qu’en mode développement, et faisant l’objet d’une orientation stratégique claire de l’UNICEF Guinée surtout depuis la crise Ebola.

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Forces Limites

Durabilité

Vraie attention portée par l’UNICEF sur la durabilité, surtout dans les années récentes avec l’appui des financements néerlandais

Contribution à l’uniformisation des marques de pompes manuelles par zone géographique, qui a très certainement favorisé un taux de panne moins élevé que dans le reste de la sous-région

Appui à la stratégie de l’État qui a permis que le tarif de l’eau et la présence, formation et formalisation de comités de gestion soient promus sur tout le territoire – même si les réformes plus récentes du service public de l’eau sont encore peu appliquées sur le terrain

Appui à un acteur pérenne et reconnu (le SNAPE) en charge d’assurer la durabilité des services à long terme (sensibilisation, suivi, maintenance, etc.)

Signature par le gouvernement d’un pacte de durabilité (premier État de l’Afrique de l’Ouest à mobiliser sa contrepartie financière)

Présence constante dans toutes les zones du pays, gage de pérennité

Manque d’effectivité du suivi de la fonctionnalité et utilisation des points d’eau, et de la qualité de l’eau fournie à l’usager, dû à un manque de système/procédure adaptée aux capacités locales

Prix de l’eau fixé nationalement trop bas pour assurer la couverture des coûts. Sur le terrain, les pratiques réelles de paiement permettent encore moins d’assurer la péréquation entre points d’eau et la viabilité financière du service

Les crises majeures (notamment Ebola et choléra) ont affecté les activités de long terme et l’application des mesures prises précédemment en faveur de la durabilité (pacte de durabilité, enquête de durabilité, contribution financière de l’État etc.)

Équité

Dans le choix des zones d’intervention de l’UNICEF, attention portée aux zones difficiles ou en retard par rapport au reste du pays

Volonté d’atteindre les plus isolés ou ceux qui sont les plus touchés par les crises et où d’autres acteurs n’interviennent pas

Pas de définition ni de cartographie claire ni partagée de la vulnérabilité et des groupes vulnérables, qui se mesure de manière générale en termes d’accès à l’eau ou de « privations multiples »

Pas de mécanismes particuliers pour identifier et cibler les ménages les plus vulnérables au sein des communautés d’intervention (implication dans la conception et la mise en œuvre des interventions terrain, tarif social, inclusion dans les comités, etc.)

Système de suivi-évaluation ne prend pas en compte les aspects équité

Innovation et passage à l’échelle

Capacité d’innovation reconnue, capitalisant sur l’implantation et l’expérience internationales de l’UNICEF

Introduction du forage manuel en Guinée, comme une technique permettant de réduire les coûts et de desservir des populations difficiles d’accès

Test à petite échelle d’un processus de suivi des points d’eau par téléphone portable

Pas d’innovation identifiée en matière d’implication du secteur privé dans la gestion du service, d’instrument financier, ou de mécanisme de régulation et de redevabilité

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A.4. Principales recommandations Compte tenu du niveau de développement et de capacité du pays, et des besoins qui restent importants dans le secteur, l’UNICEF devra continuer à s’engager sur plusieurs fronts : l’appui au développement de l’accès et du service de l’eau potable sur le terrain, le renforcement de l’environnement sectoriel plus globalement, et l’amélioration de la prévention, préparation et résilience aux crises humanitaires. Les recommandations suivantes pourront guider le travail de l’UNICEF dans ces domaines :

1. Continuer de s’aligner avec l’État, de se coordonner avec les autres bailleurs et d’appuyer les ONG actives dans le secteur, tout en élaborant et suivant une stratégie à moyen terme propre à l’UNICEF, basée sur ses avantages comparatifs et une identification de sa valeur ajoutée et de ses niches dans le secteur. Cette approche stratégique s’appuierait sur : une analyse de situation plus détaillées ; une situation de référence, études, évaluations ou capitalisation sur certains domaines encore sous-documentés ; d’une théorie du changement et d’un cadre logique complets et robustes pour l’hydraulique rural, spécifique au contexte de la Guinée. Les domaines dans lesquels l’UNICEF semble disposer d’une niche et pouvoir encore maximiser sa valeur ajoutée en se concentrant davantage dessus, et qui pourraient donc constituer la trame de cette théorie du changement et du cadre logique correspondant, sont :

A. La continuation de la promotion du forage manuel dans les zones qui sont favorables à cette technique, en combinaison avec l’ATPC et la promotion de l’hygiène (paquet WASH), et la poursuite de la structuration de ce secteur d’activité avec : le renforcement de la filière pièces détachées ; la fédération nationales des entreprises du forage manuel ; des partenariats avec des écoles de formation et universités nationales ; et l’intégration de cette technique dans le curriculum de formation des ingénieurs et techniciens

B. La durabilité, y compris :

- La sensibilisation et le renforcement des capacités des acteurs locaux (collectivités, comités de gestion, usagers, acteurs du secteur privé)

- La question de la tarification du service et le modèle de péréquation pour assurer la viabilité financière du service en milieu rural

- Les modèles alternatifs de gestion des points d’eau

- Le suivi de la fonctionnalité des points d’eau et de la qualité de l’eau, complété par l’audit périodique de durabilité

- La mise en œuvre et la revue périodique du pacte de durabilité plus généralement

C. L’équité, notamment :

- Les mesures appropriées d’appui aux ménages les plus pauvres pour que nul ne soit délaissé à mesure que la réforme de la tarification de l’eau est mise en œuvre et que le niveau de service augmente progressivement

- La promotion des technologies à faibles coûts de gestion et de maintenance pouvant fournir une eau gratuite ou quasi-gratuite dans certaines zones favorables et particulièrement démunies/vulnérables, telles que systèmes gravitaires, captage/protection de sources et autres approches d’auto-approvisionnement

D. La revue, évaluation et ajustement périodiques de la politique du service public de l’eau en milieu rural

Mener un dialogue critique avec le gouvernement et les acteurs du secteur afin d’identifier les aspects de la réforme du service public de l’eau qui mènent à des améliorations significatives pour les usagers et ceux qui ne sont pas appliqués ou

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pas couronnés de succès, et prendre les mesures correctrices qu’il convient. Cela passe par un plus grand investissement dans la production de données de suivi, d’études, recherches et évaluations, et la conception de projets pilotes pour identifier des modèles qui fonctionnent, en partenariat avec les acteurs compétents.

2. Renforcer / systématiser l’intégration intersectorielle à l’échelle des communes et communautés pour gagner en impact, efficience et cohérence, en synergie avec la vision « commune amie des enfants » développée par le bureau-pays de l’UNICEF. Pour cela, le bureau avec une forte implication de la section WASH est encouragé à :

A. Obtenir/garantir le soutien et l’engagement du gouvernement guinéen au plus haut niveau et de chaque ministère sectoriel et de ses démembrements pour la mise en œuvre de cette approche.

B. Communiquer clairement avec les bailleurs et obtenir leur appui pour cette approche.

C. Réfléchir collégialement sur les modalités de partenariat et de transfert de fonds, sur les mécanismes de suivi, coordination et rapportage intersectoriels, et sur le séquençage approprié des activités sur le terrain.

D. Mettre en place un système de suivi-évaluation des résultats, impacts, et coûts de cette approche qui permette de l’améliorer en continu et d’en évaluer l’efficience.

3. Dans la dynamique de l’intégration programmatique et de la réforme HACT amorcée en 2015, l’UNICEF et la section WASH seront amenés à poursuivre leurs efforts pour mieux adapter, en pratique, les modalités de sélection, gestion et suivi des partenaires de mise en œuvre en fonction de leurs capacités, risques et besoins respectifs – qui varient grandement d’un type de partenaire à un autre.

A. Choisir les partenaires (ONG) en tenant compte de leurs capacités et de leur valeur ajoutée pour l’UNICEF, et de leur adhésion à l’approche UNICEF/gouvernment. A mesure que l’UNICEF définira avec plus de précision sa stratégie à moyen terme, ses domaines/zones de concentration, et son approche de mise en œuvre la question de l’engagement des partenaires et de la cohérence avec leur propre stratégie et capacités sera susceptible de se poser.

B. Proposer les modalités de partenariat, de transfert de fonds, et de gestion-suivi adaptées à l’approche choisie et à la capacité de chaque partenaire : Identifier au cas par cas la meilleure modalité entre l’accord de partenariat (PCA) et le contrat de prestation de service (SSA) ; envisager, dans le cadre de l’approche « commune amie des enfants » et dans la logique de la décentralisation, des modalités de transfert des ressources financières et de renforcement de capacités directs au bénéfice des communes, dans le respect et les limites des règles HACT, et dans une logique de renforcement simultané des échelons supérieurs de l’administration guinéenne ; chaque fois que possible, offrir une collaboration d’une durée rallongée ; inclure des obligations claires de résultats, avec un système de suivi-évaluation adapté ; systématiser/renforcer la formation initiale pour tous les partenaires et prestataires et la mise à disposition de manuels/outils de mise en œuvre ; mettre en œuvre un plan de renforcement des capacités adapté aux besoins de chacun ; faire varier l’intensité de la supervision sur le terrain, les séances de recyclages du personnel, et les exigences de rapportage en fonction de la solidité du partenaire.

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Vue d’ensemble de l’évaluation

B.1. Contexte et objectifs de l’évaluation mondiale Cette étude de cas-pays est l’une des composantes de l’évaluation mondiale des activités d’hydraulique de l’UNICEF en milieu rural et dans les petites villes sur la période 2006-2016. L’évaluation, commanditée par le Bureau de l'Évaluation de l'UNICEF, analyse la programmation de l’UNICEF dans le domaine de l’eau potable dans les zones rurales et les petites villes, afin de combler les éventuelles lacunes en connaissances spécifiques, de tirer des enseignements et d’améliorer la pertinence de ses futures stratégies au niveau mondial et la qualité de sa programmation sur le terrain. Cette évaluation servira au développement de la composante eau, hygiène et assainissement (WASH) du prochain plan stratégique de l’UNICEF pour 2018-2021, et guidera la contribution de l’organisation à l’atteinte des nouveaux Objectifs de Développement Durable (ODD/SDG). Elle s’ajoutera à la bibliothèque des connaissances de l’UNICEF et du secteur WASH en général, et permettra à l’UNICEF de rendre des comptes à ses parties prenantes internes et externes sur ses activités d’hydraulique. L’évaluation couvre à la fois les activités terrain de l’UNICEF et son action pour renforcer l’environnement sectoriel au niveau local, national, et mondial.

B.2. Méthodologie et critères d’évaluation Cette évaluation mondiale (c’est-à-dire à l’échelle de toutes les activités liées à l’hydraulique rurale menées par l’UNICEF à tous les niveaux de l’organisation sur la période considérée) est structurée autour de six critères d’évaluation et six questions clés d’évaluation listées dans le tableau ci-dessous. Les huit études de cas pays font partie de la palette d’outils mobilisés pour cette évaluation, et utilisent les mêmes critères et grandes questions d’évaluation. Ces études de cas permettent de renseigner la matrice d’évaluation, en complément des autres sources de données : revues des documents et bases de données UNICEF et non-UNICEF, enquête en ligne, entretiens semi-structurés avec une diversité d‘acteurs sectoriels. Chaque question d’évaluation est associée à des points d’intérêt particuliers pour les études de cas, listés dans la colonne de droite du tableau.

Tableau 1 : Périmètre de l’évaluation et de l’étude de cas pays

Critère Question d’évaluation clé Points d’intérêt – études de cas

Pertinence L'UNICEF a-t-il été un partenaire bien positionné et crédible pour les gouvernements nationaux et les partenaires au développement, démontrant l'alignement et la complémentarité à la fois au niveau mondial et dans les pays ?

Positionnement de l'UNICEF dans le secteur de l'approvisionnement en eau potable dans les zones rurales et les petites villes

Crédibilité, adaptation et complémentarité de ses activités avec celles de ses partenaires et des autres acteurs majeurs du secteur

Efficacité Dans quelle mesure l'UNICEF a-t-il atteint ses objectifs mondiaux et nationaux en matière de résultats grâce à la mise en œuvre d'un programme de qualité, et a contribué effectivement à l’atteinte de l’Objectif du millénaire pour le Développement (OMD) lié à l'eau ?

Atteinte des résultats et contribution aux OMD dans les pays

Succès des activités de plaidoyer politique, de renforcement des capacités et de production / gestion de connaissances

Qualité de la mise en œuvre des programmes de l’UNICEF

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Critère Question d’évaluation clé Points d’intérêt – études de cas

Efficience L'UNICEF a-t-il maximisé le ratio coûts-résultats en intégrant systématiquement les considérations d'efficacité dans ses activités au niveau mondial, régional et national, notamment en favorisant l'intégration programmatique et les partenariats avec d'autres initiatives WASH et non-WASH ?

Relation coûts-résultats

Utilisation d'approches et de mesures efficientes, y compris dans intégration de l’AEP rurale et dans les petites villes avec d'autres interventions WASH (assainissement, hygiène, etc.) et non-WASH (nutrition, santé, etc.)

Equité Quel a été le niveau de prise en compte de l'équité dans la conception, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des activités menées au niveau mondial, régional et national ?

Ciblage géographique dans les pays

Sensibilité à l'équité des activités hydrauliques de l’UNICEF dans le pays, y compris dans le système de suivi-évaluation

Durabilité L'UNICEF a-t-il mis en place des mesures et des outils appropriés à tous les niveaux et atteint un niveau de durabilité satisfaisant dans ses programmes d'approvisionnement en eau potable dans les zones rurales ?

Niveau réel de durabilité des interventions passées

Dans quelle mesure les facteurs techniques, financiers, sociaux, institutionnels et contextuels connus pour soutenir la durabilité de l'approvisionnement en eau ont été pris en compte par l'UNICEF

Inclusion des aspects équité dans les systèmes de suivi-évaluation et de gestion de l’information de l'UNICEF

Innovation / passage à l’échelle

L'UNICEF a-t-il pu identifier et tester de nouvelles approches programmatiques et les passer à l’échelle si elles se sont révélées concluantes ?

Participation du secteur privé dans la gestion du service de l’eau

Suivi en temps réel

Mécanismes de régulation sectorielle et de redevabilité

Instruments financiers innovants pour soutenir l’accès des populations au service

B.3. Statut des études de cas pays Les études de cas pays ne sont pas des évaluations pays. Elles sont l'un des outils utilisés par l'équipe d’évaluation pour renseigner la matrice d’évaluation, aux côtés des autres sources de données. Elles ont pour but d’alimenter l’analyse ou d’illustrer les constats faits au niveau mondial, en les appuyant sur la réalité du terrain, et de documenter certaines particularités pays, venant ainsi étoffer le rapport d’évaluation mondiale. Elles formulent tout de même des conclusions et recommandations utiles pour les bureaux pays.

B.4. Méthodologie de l’étude de cas La Guinée a été le premier des huit pays visités dans le cadre de ces études de cas. La mission, dont le calendrier est en annexe 1, a eu lieu du 16 au 29 octobre 2016, et a servi en même temps à tester et finaliser les outils de collecte des données pour les autres études de cas.

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B.4.1. Organisation et méthodes utilisées

Cette étude de cas pays s’est basée sur plusieurs méthodes de collecte :

15 entretiens semi-structurés avec les acteurs du secteur et les partenaires de l’UNICEF Guinée ; leur liste est fournie en annexe 2.

Deux réunions avec l’équipe WASH UNICEF Guinée, au début et à la fin de la mission.

Deux ateliers de discussion, le premier à Kindia avec les acteurs locaux, le deuxième à Conakry avec les responsables nationaux (liste des participants aux deux ateliers en annexe 3) ; ils ont permis de collecter des informations utiles de la part de différents groupes d’acteurs, de trianguler d’autres informations, et d’obtenir parfois des consensus sur certaines questions d’évaluation.

La visite de 10 points d’eau avec checklist et des entretiens semi-structurés avec des membres du comité de l’eau et des usagers dans 10 villages de la préfecture de Boffa et Kindia. Ces visites ont permis de développer une meilleure compréhension du contexte, de vérifier la réalité sur le terrain de l’application des politiques, stratégies et activités formulées au niveau national ou régional, et collecter des données (non statistiquement représentatives) notamment sur l’équité et la durabilité, ainsi que des photos. La liste des sites visités est en annexe 4.

L’analyse des documents dont la liste est en annexe 5.

Un atelier de compte-rendu de fin de mission avec l’UNICEF-Guinée, pour faire le point sur les données collectées et recevoir un feedback.

Le rapport provisoire d’étude de cas a été revu par l’UNICEF-Guinée. Le Bureau de l’Evaluation de l’UNICEF en a assuré la qualité et la finalisation.

B.4.2. Limites

Comme souligné plus haut, les sites visités et bénéficiaires rencontrés sur le terrain ont été peu nombreux et peu représentatifs de l’ensemble des interventions de l’UNICEF sur la période considérée. Ils ont permis de fournir des indications et d’ouvrir des pistes de réflexion, mais les informations collectées n’ont pas été traitées comme données quantitatives statistiquement valides.

L’essentiel des méthodes de collecte reposent sur la revue des documents et les réponses des acteurs rencontrés. Or compte tenu de la durée considérée par cette évaluation (10 ans), l’accès aux documents les plus anciens s’est révélé problématique. De même, de très nombreux acteurs ne sont présents en Guinée ou ne sont partenaires de l’UNICEF que depuis peu de temps et de nombreuses personnes impliquées ont quitté le pays (notamment le personnel international). Pour les quelques acteurs présents et en contact avec l’UNICEF depuis longtemps, il a été difficile d’identifier les grandes évolutions sur la période et de se remémorer la perception qu’ils pouvaient avoir de l’organisation il y a ne serait-ce que trois ans. Par chance, cela n’a pas été le cas du chef WASH de l’UNICEF qui a assumé ce rôle par deux fois pendant la période considérée et qui a pu en partie compenser les faiblesses en termes de mémoire institutionnelle.

Le personnel de l’UNICEF étant dans une phase de planification au moment de la mission, les propos ont parfois tournés vers ce qu’il était prévu pour les mois et années à venir plutôt qui a eu lieu dans le passé. Cette difficulté à obtenir des informations sur les années passées a été partiellement palliée grâce à certains entretiens individuels, notamment avec le directeur national adjoint du SNAPE en poste depuis de nombreuses années, et Madina Bah au sein d’UNICEF Guinée depuis 2007, dans un premier temps au sein de la section WASH. Cependant, une vraie triangulation des données n’a été possible que sur les années les plus récentes.

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Enfin, s’agissant de la première étude de cas effectuée dans le cadre de cette évaluation, elle a servi de pilote, ce qui s’est traduit par une mobilisation d’une partie du temps des experts sur la révision des outils au fur et à mesure qu’ils étaient testés sur le terrain, limitant d’autant le temps disponible pour la collecte et l’exploitation des données existantes.

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L’hydraulique rurale en Guinée

C.1. L’accès à l’eau potable en milieu rural La Guinée est un pays encore profondément rural (63 % de la population), où la majeure partie des localités font moins de 1 000 habitants, avec un habitat dispersé, rendant difficile la concentration, la gestion et la mutualisation des services publics tels que les infrastructures d’alimentation en eau potable.

La pluviométrie importante de la Guinée, surnommée « le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », fait que la disponibilité de la ressource n’est pas un problème pour la réalisation de points d’eau améliorés dans le pays. Mais elle permet aussi un accès facile des ménages à des sources d’approvisionnement alternatives, gratuites et de qualité médiocre (cours d’eau, nappes peu profondes, sources non protégées) et ne couvrant pas systématiquement les besoins tout au long de l’année, surtout en fin de saison sèche.

Certaines communautés sont plus dépendantes des points d’eau modernes (par exemple sur la côte lorsque les nappes captées par les puits sont saumâtres). De nombreux points d’eau modernes ont été réalisés notamment durant les périodes 1986-1994, 1999-2002 et 2006-2009, sur le modèle de l’hydraulique villageoise (PMH sur forage, comité de gestion villageois, réparateur villageois bénévole et artisan réparateur privé dans la zone).

Selon le JMP, en 2015 le taux d’accès à un approvisionnement amélioré a atteint 67 % dans les zones rurales de la Guinée, ce qui supérieur à la plupart des autres pays de la sous-région. L’évolution positive de ce taux d’accès depuis 1990 a permis à la Guinée d’atteindre en 2015 les OMD en matière d’alimentation en eau potable. Cependant, cet approvisionnement amélioré est presque exclusivement assuré par des points d’eau isolés, généralement des pompes manuelles sur forage (78 % de la population rurale ayant accès à une source d’eau améliorée) et parfois sur puits (15 %). La Guinée est un des pays d’Afrique de l’Ouest où ce modèle est le plus répandu, les systèmes motorisés étant encore très minoritaires bien qu’encouragés dans la nouvelle politique nationale. Seulement 1 % des ménages ruraux possèdent une connexion privée à un réseau. Cela traduit un niveau de service encore bas.

Figure 1 : accès amélioré à l'eau en Guinée entre 1990 et 2015

Source : JMP 2015

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D’autre part, des inégalités subsistent dans l’accès à l’eau potable. En 2012, le taux d’accès des ménages les plus riches était de 14 points de pourcentage plus élevé que celui des plus pauvres (61 %3). Les régions de Moyenne et la Basse Guinée ont un taux d’accès de 10 à 20 points plus faible que la Haute Guinée et la Guinée Forestière. Les zones insulaires, montagneuses, et rocheuses font également face à un problème d’accessibilité à la ressource.

Enfin, des problèmes de qualité de l’eau et de durabilité du service persistent.

C.2. La gestion de l’eau potable en milieu rural Depuis 1985, le SNAPE (Service National des Points d’Eau), service technique de l’État en charge du secteur de l’eau en milieu rural, au statut d’Établissement Public à caractère Administratif et rattaché au Ministère en charge de l’énergie et de l’hydraulique, a été très actif dans la réalisation de points d’eau et maintenant l’organisation de la pérennité du service.

La gestion quotidienne des points d’eau était confiée aux bénéficiaires, organisés en Comités de Gestion de Point d’Eau (CGPE), comptant parmi eux une personne formée à l’entretien préventif (le réparateur villageois) et pouvant mobiliser un professionnel local de la maintenance (artisan réparateur constituant un réseau dans les zones rurales). Un suivi préventif des points d’eau est mené par les artisans réparateurs sur une base trimestrielle. Les résultats sont présentés lors des revues préfectorales, et les communes prennent des engagements sous la forme de plans d’action.

Dans la logique de la décentralisation, le SNAPE a établi en 2011 une stratégie dite du « Service Public de l’Eau », transférant la responsabilité du service aux communes (maitrise d’ouvrage des points d’eau sur leur territoire) et visant à les impliquer davantage dans la gestion quotidienne du service, l’État adoptant un rôle de supervision, d’organisation du secteur et de suivi. Cette nouvelle stratégie vise également à réorganiser le service de l’eau potable autour des centres secondaires, à équiper de petits réseaux d’AEP, et à transférer la responsabilité de la gestion quotidienne des comités villageois de points d’eau vers une seule Unité de Gestion des Points d’Eau (UGPE) par localité, chapeautant tous les points d’eau sur son territoire, et permettant ainsi une certaine mutualisation des ressources financières et péréquation entre points d’eau. La réforme établit également le principe du payement de l’eau au volume pour assurer la maintenance et prône un tarif uniforme de 100 Francs Guinéens par bidon de 20 litres.

Mais cette logique de décentralisation, d’amélioration du niveau de service, d’élargissement du périmètre de gestion, de payement au volume et de péréquation peine à se mettre en place pour plusieurs raisons dont les principales sont :

1. Le nombre encore trop restreint de réseaux d’AEP. En leur absence, l’établissement d’une UGPE se justifie difficilement. La plupart des points d’eau sont encore gérés par des CGPE sans qu’une UGPE ait pu être mise sur pieds (exceptés sur des territoires où un appui extérieur a permis aux communes d’établir des agences communales de l’eau, par exemple).

2. L’opérationnalisation des communes encore très limitée, l’ensemble des acteurs considérant que la très grande majorité des communes n’ont pas encore les compétences et les ressources financières nécessaires pour accomplir leur mission. Le SNAPE, dont le rôle est désormais d’appuyer les communes dans leur maîtrise d'ouvrage, reste encore très impliqué dans la réalisation de points d’eau, la mobilisation des communautés pour la maintenance, le suivi des CGPE ou UGPE, la programmation de nouveaux ouvrages et la réhabilitation ou la maintenance lourde des ouvrages existants.

3 JMP, Accès à l’eau par quintiles de richesse en Guinée, 2015

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3. La faible capacité et volonté des populations à payer pour le service de l’eau, et l’accès facile à des sources alternatives gratuites pendant une bonne partie de l’année. Le payement de l’eau au volume n’est pas systématique, de nombreuses communautés instaurant des payements mensuels forfaitaires ou des mécanismes ad hoc pour le financement des réparations au moment où survient une panne. L’élévation effective du niveau et de l’utilisation du service reste limitée.

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Le programme UNICEF d’accès à l’eau en milieu rural

D.1. Historique et caractéristiques du programme L’UNICEF est a contribué à la création du SNAPE au début des années 1980, issu de la fusion entre la Direction nationale de l’Hygiène Publique et de la « brigade des puits », au moment où des conflits de responsabilités entre plusieurs ministères freinait l’avancée du secteur et la mobilisation par le gouvernement de ressources extérieures.

Avant 2006, l’UNICEF Guinée était très active dans le captage de sources et la réalisation de forages, complété par un appui matériel au SNAPE. Depuis 2006 (et peut-être avant), le programme UNICEF d’accès à l’eau en milieu rural et petites villes a principalement consisté en la réalisation ou réhabilitation de forages, l’amélioration de la maintenance des points d’eau déjà nombreux, et le renforcement des capacités des services techniques, des collectivités locales, des organisations de la société civile et du secteur privé local.

À partir de 2010, l’UNICEF a travaillé à former plusieurs centaines d’artisans réparateurs, renforcer le système de suivi de la fonctionnalité des points d’eau, et le renforcement des collectivités locales et des capacités communautaires. Elle a introduit le forage manuel en Guinée la même année, en le testant progressivement dans différentes zones et en assurant la formation et l’appropriation par le secteur privé local en partenariat avec l’ONG Practica. Les interventions sur le terrain ont été élargies à de nouvelles zones y compris les villages en périphérie de Conakry. Parallèlement, l’UNICEF s’est davantage impliqué dans la révision des politiques et stratégies nationales dans le cadre de la réforme du service public de l’eau.

Globalement, le programme d’accès à l’eau en milieu rural de l’UNICEF en Guinée a été relativement modeste en termes de financement et de réalisations, en comparaison avec les besoins du pays, avec la contribution d’autres grands bailleurs de fonds cités plus haut, et avec les programmes de l’UNICEF dans d’autres pays. Les financements reçus et dépensés par l’UNICEF Guinée entre 2006 et 2016 pour la composante eau rurale se sont élevés à environ 13 millions USD (hors financements urgences). Sur la période 2014-2016, les financements de l’UNICEF ont représentés entre 2 et 6 % du total des dépenses WASH dans le pays4. A l’échelle de l’UNICEF, le bureau de la Guinée est 45e sur 76 en termes de financements mobilisés pour l’hydraulique rurale sur la période 2012-2015.

Cependant une augmentation significative des financements et des réalisations a eu lieu depuis 2006. En phase avec la stratégie mondiale WASH de l’UNICEF 2006-2015 et l’identification de pays de concentration d’activité, le WASH a été érigée en un programme à part entière au sein de l’UNICEF Guinée, avec des moyens conséquents pour faire face au développement et aux urgences. Les crises humanitaires ont jalonné la période et permis de mobiliser des financements additionnels importants de la part des bailleurs de fonds (budget WASH en 2015 16 fois supérieur au budget 20065) qui ont bénéficié aux activités d’hydraulique. En termes de réalisations, les financements de l’UNICEF sur la période ont permis de réaliser ou réhabiliter environ 1 400 forages mécaniques (de 20 en 2006 à entre 200 et 300 annuellement depuis 2014), plus 260 forages manuels depuis 2010, donnant ainsi

4 Période pour lesquelles les données du secteur sont disponibles.

5 Le budget global du programme WASH a augmenté de 0,73 à plus de 10 millions USD entre 2006 et 2015.

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accès à l’eau potable à environ 670 000 personnes. Cela représente une contribution de 10 à 14% au nombre total de Guinéens ayant obtenu accès à l’eau potable sur la période6.

D.2. Principaux partenaires L’UNICEF a un accord de partenariat avec le gouvernement guinéen et s’accorde avec lui sur un document de programme pays (CPD) pluriannuel. Dans le cadre de ce CPD, l’UNICEF appuie le SNAPE et d’autres partenaires techniquement et financièrement. Les principaux partenaires de la composante eau potable du programme de l’UNICEF sont le SNAPE, le Ministère en charge de la décentralisation, les ONG internationales et nationales, et le secteur privé national.

Le SNAPE a été (et est toujours) impliqué par l’UNICEF dans la passation des marchés de travaux aux entreprises, la supervision des travaux, et la formation des acteurs locaux (collectivités locales et communautés/comités de gestion) en charge de la gestion du service de l’eau.

Dans certaines zones, l’UNICEF a conclu des partenariats avec des ONG locales et internationales ou des acteurs de la coopération décentralisée pour la réalisation de points d’eau et la mobilisation communautaire. Ces ONG, bien implantées localement, jouent le rôle d’intermédiaire. Elles ont le plus souvent à leur tour recours aux services du SNAPE et des entreprises locales de construction.

D.3. Urgence et développement La Guinée a connu de nombreuses situations de crises au cours de la période : afflux de réfugiés libériens, sierra-léonais jusqu’en 2009, et réfugiés ivoiriens, choléra en 2007-2009 et 2013, mouvements socio-politiques en 2008-2009 et 2011, et crise sanitaire Ébola en 2014-2015. Les crises n’ont pas affecté la continuité du programme WASH de l’UNICEF comme elles l’ont fait pour d’autres bailleurs et ONG dans le secteur. L’UNICEF a assumé son mandat d’agence lead sur les réponses humanitaires WASH et a régulièrement réorienté ses priorités, ses financements et son ciblage géographique de façon à faire face aux urgences en assurant une certaine continuité entre réponse humanitaire et phase de développement.

Sur la période 2012-2016 pour lesquelles les données sont disponibles dans le système de suivi financier de l’UNICEF (VISION), l’urgence a représenté 78 % des financements WASH UNICEF en Guinée. Sur la même période, les dépenses « approvisionnement en eau en milieu rural » on atteint 6,5 millions USD, pour une moyenne annuelle de 1,3 millions USD.

D.4. Composante institutionnelle En plus de sa contribution à l’amélioration de l’accès à l’eau potable dans le pays, l’UNICEF a joué un rôle important au niveau institutionnel de par son appui à la formulation et la mise en œuvre des politiques nationales, sa position en appui au SNAPE et au processus de décentralisation, et son rôle clef dans la coordination sectorielle. Cet appui institutionnel s’est surtout développé pendant la période évaluée, car avant 2006 voire 2010, la composante institutionnelle consistait surtout en un appui matériel aux services techniques de l’État (fourniture de véhicules et de pompes manuelles).

6 Sources: Données UNICEF sur le nombre de bénéficiaires provenant des données de l’UNICEF notamment des Strategic Monitoring Questions (SMQ). Population totale ayant gagné accès à l’eau potable sur la période basée sur le rapport JMP 2015.

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Par exemple, en 2008, l’UNICEF a appuyé la mise en place d’un dialogue sectoriel. En 2009, il a appuyé le développement d’un programme national d’approvisionnement en eau à horizon 2015, avec notamment l’établissement d’un inventaire national des points d’eau. Lors des crises qui ont affecté le secteur, l’UNICEF a dirigé le cluster WASH en collaboration avec le gouvernement, et assuré un rôle de coordination des acteurs durant ces phases et, dans une moindre mesure, le reste du temps. Du fait de son appui continu et rapproché au SNAPE et sa position centrale dans le secteur, l’UNICEF a la possibilité d’influencer la réflexion sur les grandes orientations sectorielles à un niveau comparable à de plus grands bailleurs. Une fois adoptées, UNICEF s’y aligne dans la mise en œuvre de ses programmes.

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Analyse évaluative

E.1. Pertinence Le positionnement, la valeur ajoutée, et la crédibilité de l’UNICEF dans le secteur de l’approvisionnement en eau en milieu rural sur les dix dernières années.

E.1.1. UNICEF, un acteur crédible et bien positionné

L’UNICEF fait partie des acteurs clefs dans le secteur, avec l’Union Européenne, la JICA, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, la Banque Islamique de développement, la BADEA et la coopération allemande. Le positionnement de l’UNICEF dans le secteur de l’eau en Guinée est apprécié par les acteurs sectoriels interrogés. Lors de l’enquête anonyme menée pendant l’atelier régional, 100 % des participants ont considéré que l’UNICEF a été un acteur crédible dans ce secteur sur l’ensemble de la période considérée. Cette crédibilité ne provient pas du volume de la contribution au secteur (le nombre de points d’eau financés par l’UNICEF en Guinée reste limité par rapport aux autres grands bailleurs), mais de la façon d’intervenir :

La constance et la permanence de la présence de l’UNICEF dans le secteur est reconnue par tous. On peut donc compter sur l’UNICEF en toute circonstance, que ce soit en période de réflexion stratégique, de mise en œuvre d’actions de développement sur le terrain, ou de réponse aux crises d’urgence. Les réorientations vers l’urgence sont rapides (accord très rapidement obtenu de DGIS pour l’utilisation des fonds pour la crise Ebola, par exemple) et ne mettent pas toujours un arrêt aux autres activités en cours, voire même les dynamisent.

Son appui au secteur au travers du renforcement des capacités du SNAPE permet à l’UNICEF de soutenir aussi bien les réalisations d’ouvrages que la mise en place de la réforme du service public de l’eau (alignement de l’UNICEF et de ses partenaires de mise en œuvre, appui aux formations des acteurs locaux) voire sa préparation (le travail de plaidoyer d’UNICEF en amont est moins cité par les acteurs du secteur, car probablement moins visible et plus diffus). L’UNICEF s’est rendu présent aussi bien sur le terrain (« downstream ») que dans l’amélioration de l’environnement sectoriel (« upstream »), et ce de plus en plus au fil de la période.

Par sa connaissance fine du secteur et sa position aux côtés des services techniques de l’État, l’UNICEF a une capacité reconnue à fournir un appui là où cela manque, soit pour compléter les actions d’autres intervenants, soit pour faciliter ou maximiser les effets des autres interventions. Cela lui donne une réelle valeur ajoutée. Ce dernier point lui a donné la légitimité à jouer un rôle de premier plan dans la coordination des acteurs du secteur tant au niveau national que local (héritée des phases d’urgence), reconnue par l’Union Européenne comme étant un des facteurs ayant guidé son choix de partenariat avec l’UNICEF. Il est à noter cependant qu’hors des périodes d’urgence sanitaire, le rôle de coordination sectorielle de l’UNICEF concerne plus les ONG nationales et opérateurs de mise en œuvre que les bailleurs ou les agences internationales qui accordent alors moins d’importance aux mécanismes de coordination.

Les acteurs interrogés tels que l’Union européenne ou des ONG partenaires ont souligné la solidité des procédures UNICEF, la rigueur de gestion, le souci de redevabilité.

De par sa taille, l’UNICEF a le potentiel de mobiliser des co-financements et d’intégrer les interventions d’hydraulique avec d’autres activités WASH et avec d’autres secteurs tels que santé, nutrition, ou éducation.

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Au niveau sous-national et local, la présence de l’UNICEF dans les régions grâce à ses bureaux de zones a aussi été mentionnée comme une spécificité et un facteur de pertinence de l’UNICEF, puisque cela lui donne la possibilité d’intervenir partout dans le pays – flexibilité dans le choix des zones d’intervention saluée tant par le gouvernement que par les bailleurs de fonds de l’UNICEF –, la rapproche de la réalité du terrain, et rend possible un suivi de proximité. Sa présence au niveau décentralisé a favorisé l’UNICEF dans son appui au processus de décentralisation. L’importance que porte l’UNICEF aux aspects « soft » de mobilisation et sensibilisation des communautés sur le terrain a aussi été reconnue comme une force, en contraste avec les autres bailleurs du secteur.

Le retrait annoncé de l’Union européenne du secteur de l’hydraulique rurale en Guinée va renforcer encore plus la position de l’UNICEF dans le futur, et en même temps lui donner une responsabilité plus grande. Ces dernières années, le positionnement de l’UNICEF dans l’hydraulique rurale a été perçu comme moins central que dans l’hygiène, assainissement et WASH dans les écoles. Cette situation est susceptible d’évoluer.

E.1.2. Une programmation de bon sens plutôt que stratégique

Cependant, il est nécessaire de nuancer cette analyse pour lui donner sa juste portée :

L’eau potable n’est qu’une composante des interventions de l’UNICEF, qui est intégrée à un programme WASH qui peut donner à l’UNICEF un rôle important au niveau du secteur, notamment du fait de l’importance de la composante assainissement et hygiène.

La programmation « eau potable » ne semble pas résulter du processus systématique pourtant recommandé à l’UNICEF. Très peu d’analyses de situation approfondies, d’étude de la stratégie des autres acteurs du secteur, d’études de faisabilité, d’évaluation et de capitalisations ont été conduites pour guider la conception, le ciblage et la planification du programme. Il n’existe pas de théorie du changement ou de document de stratégie à moyen terme. L’UNICEF s’appuie plutôt sur sa longue et bonne connaissance du secteur ou son intuition, ses liens avec les autres acteurs (et principalement l’État) et son expérience de mise en œuvre, pour définir des interventions qui sont considérées par tous comme utiles, complémentaires et justifiées.

L’absence d’une telle analyse contextuelle et de stratégie à moyen terme est perçue comme pouvant faire perdre lisibilité et cohérence à l’action globale de l’UNICEF. En effet, l’UNICEF comme la plupart des agences des Nations Unies et des ONG internationales est à la fois partenaire du ministère en charge de l’hydraulique qui a sa politique sectorielle, opérateur de mise en œuvre pour des bailleurs de fonds qui ont leurs stratégies et zones d’opérations, et financeur d’ONG internationales et locales qui elles aussi ont souvent leur propre stratégie et zone d’implantation. Ces dix dernières années, elle a appuyé les activités régulières du SNAPE (y compris en situation d’urgence), mis en œuvre des programmes de bailleurs, et appuyé financièrement des projets ponctuels d‘ONG et de collectivités locales, non seulement dans l’hydraulique rurale mais aussi dans d’autres domaines du WASH. Cette position d’intermédiaire entre une multiplicité d’acteurs et de priorités met l’UNICEF au centre de plusieurs dynamiques parfois complémentaires mais parfois contradictoires, qui peuvent aboutir à une volonté de vouloir faire un peu de tout partout, et donc à certaine fragmentation et dispersion programmatique et géographique – réelle ou perçue.

Sa position en alignement systématique avec la politique et la stratégie du SNAPE limite parfois la valeur ajoutée que pourrait avoir l’UNICEF en approfondissant des sujets qui sont peu ou mal abordés par l’État guinéen, ou en testant des approches alternatives ou innovantes, par exemple en matière d’équité. C’est le cas par exemple avec la viabilité financière du service de l’eau, qui ne fait pas l’objet de suffisamment d’attention en Guinée où la stratégie cherche à uniformiser un prix de l’eau à l’échelle nationale, sans pour autant

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disposer d’un mécanisme clairement défini pour assurer les péréquations et subventions nécessaires.

E.1.3. Conclusion sur la pertinence

En définitive, la pertinence des interventions de l’UNICEF dans l’eau potable rurale tient plus sa constance, à sa proximité avec le gouvernement, et à son agilité à compléter ou appuyer l’action des autres intervenants, qu’à un plan d’action propre défini sur la base d’une analyse approfondie des besoins et des goulets d’étranglement du secteur, ainsi que d’une vision stratégique à moyen terme clairement articulée. Cette approche permet à l’UNICEF de jouer un rôle clef mais limite sa capacité à « faire la différence » dans le secteur.

E.2. Efficacité Mesure dans laquelle l’UNICEF a produit les résultats escomptés par une mise en œuvre de qualité, notamment dans les domaines de l’appui institutionnel, le renforcement des capacités et la production/gestion des connaissances.

E.2.1. Une efficacité qui ne se mesure pas en nombre d’ouvrages

Comme souligné plus haut, la contribution de l’UNICEF en termes de financement et de réalisations physiques a été non négligeable mais tout de même modeste par rapport aux quelques grands bailleurs et aux besoins globaux du secteur. Les données disponibles ne permettent toutefois pas de réaliser une analyse précise et fine : le nombre de points d’eau réalisés et le nombre de bénéficiaires n’est pas disponible pour chaque année de la période, ou bien les données sont non consolidées ou incomplètes, ce qui oblige à faire des hypothèses de calcul7. Cela dénote un système de suivi-évaluation et une mémoire institutionnelle à renforcer.

Les observations terrain (limitées) indiquent une qualité de réalisation satisfaisante. Des bonnes pratiques soutenant la réalisation et l’appropriation des ouvrages ont été relevées telles que :

L’utilisation d’une fiche d’implantation technique et sociale des points d’eau ;

La généralisation (récente) par l’UNICEF des grilles de fer testées par Charente Maritime Coopération (CMC) pour protéger les pompes manuelles du vol, fréquent en Guinée, et de l’exigence de déferrisation dans les documents d’appels d’offres et sur le terrain;

L’utilisation des radios rurales (dont la création a été soutenue par une autre section de l’UNICEF) pour les activités de sensibilisation à l’hygiène et l’assainissement.

En ce qui concerne les autres objectifs non quantitatifs du programme à laquelle l’évaluation s’intéresse (plaidoyer politique, renforcement de capacités, et gestion des connaissances), les résultats varient. Le partenariat de longue date avec le SNAPE, la continuité de cette collaboration et la confiance mutuelle ont permis l’engagement plein et entier de l’administration de tutelle pour l’atteinte des résultats, ainsi que le bon accueil et la réussite de l’UNICEF dans ses entreprises de plaidoyer politique et d’appui institutionnel.

Au niveau local, d’après les entretiens réalisés et la revue documentaire, l’UNICEF Guinée a appuyé l’élaboration des plans locaux de développement et l’intégration des besoins en eau dans cette planification pluriannuelle, et a aligné son action avec les résultats des diagnostics locaux. Son appui à la mise en place et formation des comités de gestion de l’eau, et à la sensibilisation communautaire sur l’utilisation des points d’eau et le paiement du tarif, a été

7 Les données quantitatives que nous avons pu collecter dans les rapports annuels donnent très peu d’information sur les points d’eau et la composante eau potable en général. Réalisations et nombre de bénéficiaires ne sont cités qu’une année sur deux dans ces rapports.

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souligné par les acteurs interviewés au niveau national et local. Par ces moyens, l’UNICEF a été l’un des acteurs contribuant à la mise en œuvre de la décentralisation et de la réforme du secteur, gagnant la reconnaissance des acteurs institutionnels. Cela a permis un fort ancrage et une appropriation locale à son action. Une conséquence a été que l’UNICEF a pu intervenir dans des communautés touchées par Ebola et qui rejetaient les autres intervenants extérieurs8.

La place centrale de l’UNICEF parmi les divers acteurs du secteur, soulignée plus haut, lui donne une position privilégiée pour rassembler des perspectives et expériences très diverses propices à l’apprentissage et la capitalisation des connaissances. Cependant, cette opportunité n’est pas exploitée autant qu’elle le pourrait.

E.2.2. Des facteurs limitants

Certains facteurs ont limité l’efficacité de la contribution de l’UNICEF au secteur, notamment :

La faiblesse dans la production et la gestion des connaissances : peu d’études, recherches, ou évaluations produites par l’UNICEF ont été identifiées alors que sa longue et riche expérience dans le pays et l’introduction de la réforme du service public de l’eau fournissent de nombreuses opportunités de réflexion stratégique, de pilote et d’apprentissage. Les approches variées des ONG et collectivités financées par l’UNICEF n’ont pas été comparées entre elles pour en dégager les cas de succès et d'échecs et identifier des modèles et leçons pour guider les futurs efforts du secteur. En 10 ans, seule une évaluation a été conduite sur la réponse choléra en Guinée Conakry et Guinée Bissau mais commanditée par l’Union européenne (rapport publié en 2009), et une capitalisation à mi-parcours sur le forage manuel et sur les expériences WASH dans les zones insulaires – deux rapports publiés par Practica en 2014. Les documents d’orientation, outils et formations/webinaires en ligne provenant du siège ou du bureau régional dont l’UNICEF pourrait faire profiter le pays sont en langue anglaise donc difficilement exploitables. Globalement, il a manqué un processus continu d’apprentissage informant la progression du secteur, permettant que les innovations et bonnes pratiques soient systématiquement capitalisés et réintégrés dans la politique nationale, et orientant la conception et priorisation de la programmation propre de l’UNICEF.

D’après un certain nombre de partenaires de l’UNICEF, la lourdeur ou lenteur dans les procédures de versements des fonds aux partenaires ou de passations de marchés, voire dans la livraison des fournitures aux partenaires lorsque cette modalité est en place, provoque des lenteurs dans les activités. Cela pèse d’autant plus sur la capacité des partenaires à atteindre les résultats dans le temps imparti que la durée des PCA est jugée trop courte par un bon nombre d’entre eux au vu des investissements, recrutements et suivis à réaliser.

L’attention significative portée par l’UNICEF (et à travers l’UNICEF, par les bailleurs) aux résultats quantitatifs ainsi qu’aux procédures, aux moyens, et délais à respecter peuvent réduire l’attention portée sur la qualité des résultats.

La capacité d’absorption des collectivités locales et de l’administration est limitée. L’équipement logistique et les activités de formation ont eu un effet modeste, notamment dû à l’importance des besoins ainsi qu’au vieillissement et turn-over du personnel administratif guinéen.

L’implication des communes dans le service de l’eau et leur montée en puissance en termes de capacité de gestion restent souvent limitées. Les procédures de l’UNICEF ne lui permettent pas d’appuyer la maîtrise d’ouvrage communale par une coopération directe

8 Le rôle essentiel et efficace du WASH dans la réponse de l’UNICEF à la crise Ebola a été souligné dans l’évaluation conduite par le Bureau de l’Evaluation de l’UNICEF « Evaluation of UNICEF’s response to the Ebola outbreak in West Africa 2014-2015 », mars 2017.

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avec les communes, seulement de travailler par l’intermédiaire des services techniques ou de coopérations décentralisées, ce qu’elle a fait. L’UNICEF a appuyé, de 2002 à 2006, la Direction Nationale du Développement Local (DNDL) en charge d’appuyer les collectivités déconcentrées et décentralisées. En 2015, l’UNICEF a signé un accord de partenariat (PCA) avec la coopération décentralisée Charente-Maritime Coopération pour soutenir leurs actions WASH dans la préfecture de Boffa et qui se traduisent par un renforcement de capacité de la commune et une implication de cette dernière dans le domaine de l’eau. Compte tenu des différences de capacités respectives, l’équilibre peut être parfois difficile à trouver entre assistance technique et substitution tant pour le SNAPE que pour les coopérations décentralisées.

L’isolation de certaines populations et le faible niveau d’éducation sont des obstacles au changement de comportement et à la gestion durable des infrastructures malgré les investissements dans ce sens.

Enfin, la modestie des financements et du personnel WASH de l’UNICEF, et la succession des urgences ont limité la capacité de l’UNICEF d’investir dans la gestion des connaissances.

E.2.3. Conclusion sur l’efficacité

Malgré une capacité d’investissement variable sur la période et globalement modeste comparée à d’autres grands bailleurs, la contribution de l’UNICEF au secteur a été relativement importante, tant en termes de réalisations sur le terrain que de renforcement de l’environnement sectoriel. Néanmoins le plaidoyer politique basé sur des données quantitatives, et résultats d’études et de capitalisation n’a pas été aussi intense que souhaité malgré un besoin et des opportunités réels et une position privilégiée de l’UNICEF.

E.3. Efficience Mesure dans laquelle l’UNICEF a maximisé la relation entre les coûts et les résultats en intégrant systématiquement des considérations d’efficience dans la conception et la gestion de son programme.

E.3.1. Suivi de l’efficience

Nous n’avons pas trouvé de système de suivi et de rapportage qui permettrait de rapporter aisément sur les coûts et de rendre des comptes sur les progrès et gains en matière d’efficience.

E.3.2. Ressources humaines

L’équipe de la section WASH à Conakry est relativement restreinte : trois personnes, dont un seul international et pas d’assistante de programme. Le personnel des bureaux de zone à l’intérieur du pays est également limité. La section était en sous-effectif ponctuel au moment de l’évaluation en octobre 2016 en attendant un, voire deux recrutements. Les périodes d’urgences permettent de mobiliser rapidement plus de personnel. Cette flexibilité a été mentionnée comme un avantage par l’un des bailleurs de l’UNICEF sur place.

L’adéquation et la complémentarité des compétences au sein de la section est difficile à jauger.

E.3.3. Promotion de technologies à faibles coûts

En 2010 l’UNICEF a introduit le forage manuel comme technologie d’approvisionnement en eau potable à faible coût. Une étude datant de 2013 portant sur une cinquantaine de forages manuels a estimé leur coût moyen à 4 000 à 5 000 dollars US contre 12 000 à 15 000 dollars pour un forage mécanique, ce qui représente un gain de coût considérable (deux tiers). Après

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un taux d’échec relativement élevé dans certaines régions mettant en danger l’efficience de l’approche, l’UNICEF a développé progressivement une connaissance plus fine des zones favorables et une appropriation plus franche de la part des services techniques, surtout au niveau local. La promotion du forage manuel permet de maximiser la contribution de l’UNICEF aux réalisations et aux capacités du secteur malgré des financements modestes.

Le captage et la protection de sources qui pourraient répondre à cette même logique d’efficience et qui étaient promues par l’UNICEF avant 2006, ne le sont plus malgré des conditions hydrogéologiques favorables en Guinée. Comme dans la plupart des pays, il est possible qu’en Guinée la priorité soit donnée à l’amélioration générale du niveau de service plutôt qu’à des approches locales à faibles coûts.

E.3.4. Gestion des partenariats

Les partenariats noués par l’UNICEF peuvent être classés en 3 catégories :

Le partenariat institutionnel avec le SNAPE, qui inclut des prestations de supervision des entreprises de travaux (forages et pompes manuelles) ainsi que des activités de formation notamment des collectivités locales et des comités de gestion de points d’eau. D’après la politique nationale, le secteur privé pourrait également fournir ces services mais l’UNICEF privilégie le SNAPE pour maintenir les relations de bonne collaboration, garantir une meilleure appropriation par les autorités, et pour réduire les coûts (les services techniques disposant du matériel nécessaire et leurs salaires étant pris en charge partiellement sur budget de l’Etat). Les capacités du SNAPE sont jugées appropriées pour la réalisation de ces activités. Cette approche a toutefois l’inconvénient de limiter la contribution de l’UNICEF au développement du secteur privé et de maintenir un rôle de mise en œuvre direct pour le SNAPE dont il est attendu qu’il s’en désengage progressivement.

Les partenariats de mise en œuvre avec les ONG nationales qui permettent à l’UNICEF de confier l’exécution d’activités plus intensives que ne le permettent les moyens du SNAPE, en gardant un contrôle rigoureux. Ces ONG fournissant principalement des prestations d’animation, sensibilisation et suivi des programmes sur le terrain.

Les partenariats avec les ONG internationales et coopérations décentralisées, telles que CMC à Boffa, qui ont leurs propres programmes et approches stratégiques. Ces partenaires disposent de plus de capacités et de marge de manœuvre que les ONG nationales dans la conception et la mise en œuvre du projet, et assurent une assistance technique aux collectivités locales. L’UNICEF contribue surtout comme soutien financier, souvent aux côtés d’autres bailleurs. Les frais de fonctionnement de la structure internationale ne sont pas (ou pas entièrement) pris en charge par l’UNICEF

La stratégie de partenariats de l’UNICEF prend en compte les capacités des différents partenaires et suit généralement une logique de réduction des coûts et de maximisation des résultats.

Comme mentionné plus haut, dans la mise en œuvre et la gestion des partenariats, les contraintes qui s’imposent à l’UNICEF et, par ricochet, que l’UNICEF impose à ses partenaires sont parfois perçues comme des obstacles à l’atteinte de résultats de qualité. Le rôle de financeur que l’UNICEF joue pour le compte d’autres bailleurs, et ses procédures exigeantes, la mettent parfois dans une position où elle décide des moyens, prescris des processus rigoureux, et exerce un suivi régulier qui contraignent ses partenaires ONG tout en leur imposant une obligation de résultats dans un délai serré. Les services techniques ont également souligné que l’UNICEF mettait une certaine pression sur le rythme d’avancement de certaines initiatives qui pouvaient dépasser leurs capacités d’absorption. Cet aspect ressenti comme s’apparentant à une relation contractuelle vient relativiser l’esprit d’égalité et de bénéfice mutuel qui régit les partenariats à l’UNICEF, et peut être contre-productif dans certains cas.

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La réforme « HACT » qui s’applique à tout l’UNICEF et qui a été introduite en 2015 en Guinée va dans le sens d’une gestion plus équilibrée et efficiente des partenariats. Elle consiste à adapter le processus de choix et de gestion technique et financière des partenariats en fonction des capacités techniques, organisationnelles et financières des partenaires et du niveau de risque afférent9. Les rapports internes de l’UNICEF mentionnent que la mise en œuvre effective de cette réforme est encore à ses débuts. L’UNICEF et ses partenaires indiquent que l’impact réel sur l’efficience se fera davantage sentir avec le temps.

E.3.5. Procédures de passation de marchés et gestion des contrats

Les contrats avec des prestataires de service concernent principalement les entreprises de travaux : forage, génie civil, et bureaux de contrôle des travaux.

La passation des marchés est généralement gérée directement par l’UNICEF et suit les procédures standards de l’organisation ainsi que les standards des organismes internationaux. La revue documentaire a montré que les documents d’appel d’offres sont longs et rigoureux, tout comme la procédure de sélection. Les parties techniques du document d’appel d’offres sont rédigées et les offres techniques évaluées par la section WASH en collaboration avec le SNAPE, le reste relevant de la responsabilité de la section achats (« Supply ») selon le principe de séparation des responsabilités. Les appels d’offres sont ouverts et la compétition se fait sur la base du « mieux disant » : la qualité de l’offre technique et le prix sont tous deux pris en compte dans le choix du prestataire.

Les partenaires classés à risque faible ont la possibilité de gérer la passation des marchés eux-mêmes en suivant les mêmes règles que l’UNICEF. Les partenaires ONG ont reçu une formation de l’UNICEF en ce sens. Toutes les parties prenantes soulignent le coût temporel et humain des procédures UNICEF tout en reconnaissant le bénéfice en termes de rigueur et de contrôle des coûts unitaires et des risques liés aux achats de matériel et de services. L’un des partenaires rencontré a également souligné que ce processus d’apprentissage et de mise en conformité lui a été bénéfique car il a renforcé la confiance de ses autres donateurs. De même, c’est l’une des raisons pour lesquelles l’UNICEF a obtenu la confiance de certains grands bailleurs tels que l’Union européenne.

Le personnel UNICEF a noté un gain d’efficience dans la passation des marchés, notamment par :

La réalisation d’une étude de marché en 2012 (avec l’appui de la division « Supply » de l’UNICEF basée à Copenhague), aboutissant à l’établissement d’une base de données de bureaux d‘études et d’entreprises de forage qualifiés par profil et permettant d’établir des listes restreintes plutôt que des appels d’offres ouverts (gain de temps) et de diminuer le risque de contracter des prestataires insatisfaisants (réduction du risque technique). Les procédures d’appels d’offres ont été par la même occasion revisitées pour l’ensemble des activités de construction du bureau.

Le recours à la dématérialisation (dépôt électronique des offres techniques) qui permet de rendre la procédure plus rapide et moins coûteuse pour tous.

9 Les procédures de justificatifs des dépenses et le suivi terrain est allégé pour les partenaires classés à faibles risques, souvent les ONG internationales, avec un contrôle ponctuel et par échantillonnage. Ils ont également la possibilité d’acquérir du matériel et de gérer des appels d’offres eux-mêmes, en suivant les directives de l’UNICEF. Le suivi financier et les activités de supervision et de développement des capacités sont plus intensifs pour les partenaires à niveau de risque évalué comme plus élevé, tels que les services techniques de l’Etat ou les petites ONG nationales. Une partie de la charge de l’évaluation du niveau de risque et des contrôles ponctuels des justificatifs de dépenses relève d’une section dédiée de l’UNICEF, distincte de la section WASH. Cet arrangement la décharge d’une part de travail administratif et libère du temps pour effectuer des activités de formation et un suivi plus rapproché de la qualité de mise en œuvre sur le terrain. Enfin, il est désormais possible d’augmenter la durée des accords de partenariat avec les ONG (PCA) et la charge administrative pour leur validation est désormais mieux adaptée à leur montant et donc au niveau de risque.

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La mise en place d’une « construction task force » par le représentant pays qui se réunit chaque semaine pour faire remonter tous les retards ou blocages dans les composantes réalisations des programmes, débloquer les situations séance tenante et faire avancer les contrats. Celle-ci a été mise en place en 2015 pour pallier aux retards récurrents dus à une mauvaise circulation de l’information entre les sections programmes et la section achats en ce qui concernait les causes de blocages des passations de marché. Selon le personnel de l’UNICEF rencontré, cela a permis de réduire considérablement les blocages administratifs et donc les retards dans ces procédures.

L’achat de pompes manuelles s’effectue par le biais de Supply Division à Copenhague. Le gain d’efficience tous frais confondus (y compris logistique) et tenant compte de l’éventuelle différence de qualité n’a pas été évalué. Cependant il a été rapporté que la procédure et le transport sont longs par rapport à l’achat sur le marché local ce qui peut entrainer des retards et frustrations. De plus, la section WASH ne semble pas avoir recouru à des LTA (Long Term Agreements) qui permettent de gagner du temps ou d’éviter la passation des marchés pour des achats de nature similaire.

E.3.6. Intégration programmatique

Sur l’ensemble de la période considérée le potentiel pour l’intégration programmatique n’a pas été pleinement réalisé. L’UNICEF Guinée a commencé à jouer la carte de la convergence géographique de ses activités d’hydraulique, assainissement, santé, nutrition, communication pour le développement et/ou éducation lors des périodes de crise. La convergence a été plus rare dans les périodes de programmation régulière. Quand la convergence a eu lieu, elle n’a pas été poussée jusqu’à la pleine intégration des interventions dans les mêmes localités, avec un séquençage stratégique des activités, un cadre de résultats intégré, etc.

Cependant une évolution positive se fait sentir non seulement dans le WASH mais dans l’ensemble du bureau UNICEF. La prise de conscience réelle du besoin de systématiser la convergence des différents programmes de l’UNICEF y compris hors périodes d’urgence s’est faite à l’occasion de la crise Ébola qui a révélé les lacunes des interventions passées et le besoin de répondre de manière plus globale et cohérente aux différents problèmes/besoins du milieu rural guinéen. Aussi, la section WASH de l’UNICEF a poussé certains partenaires de mise en œuvre à intégrer leurs activités eau avec les autres activités WASH (assainissement et hygiène, WASH à l’école et centres de santé) au moment de l’élaboration des PCA. C’est notamment le cas de la zone de Nzérékoré (réalisation des forages manuels dans les zones ATPC), ou de CMC en partenariat avec l’UNICEF depuis fin 2015, qui a reconnu l’approche plus efficiente (maximisation des résultats, réduction des coûts opérationnels), mais les exemples restent pour l’instant assez rares.

Une réflexion plus stratégique a été menée pour une intégration programmatique structurée à l’échelle de l’ensemble des programmes de l’UNICEF. Des zones de convergence (54 communautés rurales de développement) ont été identifiées comme prioritaires sur la base d’un diagnostic multisectoriel des vulnérabilités. Depuis 2015, l’UNICEF a appuyé l’élaboration de plans locaux de développement (PDL) dans 10 d’entre elles. Elle y introduit l’approche « Communes Amies des Enfants » au travers d’un PCA multisectoriel avec une seule ONG qui travaille avec la collectivité locale pour y mettre en œuvre un paquet minimum WASH, santé maternelle et infantile, droit des enfants, éducation, etc. assurant une meilleure couverture du PDL tout en renforçant les structures et pratiques locales de planification, gestion, suivi et coordination multisectoriels. Cette approche reflète la volonté de l’UNICEF Guinée d’évoluer d’une programmation « par ministère sectoriel » vers une programmation recentrée sur la collectivité locale et les communautés, où les problèmes sont holistiques et interconnectés et où les divisions par secteur ne sont plus de mise. Cette approche constitue l’une des évolutions stratégiques de l’UNICEF pour le prochain cycle de programme, avec la vision, en cas de succès, de couvrir l’ensemble des communes du pays d’ici la fin du nouveau CPD (en 2022).

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Les implications de cette approche pour l’UNICEF sont notamment le passage à des PCA multisectoriels, et la tenue de revues multisectorielles internes et avec les partenaires du gouvernement. L’expérience dira si cette évolution d’approche est concluante. Quoi qu’il en soit la définition d’une réflexion, d’une vision stratégique, et des modalités d’application pratiques pour une plus grande intégration programmatique est louable.

E.3.7. Conclusion sur l’efficience

Des données de suivi quantitatif manquent, mais les données qualitatives indiquent que l’UNICEF a intégré dans ces activités plusieurs approches et mesures soutenant l’efficience, avec une évolution positive au fil de la période.

E.4. Durabilité Contribution de l’UNICEF au renforcement du secteur et de la durabilité des services, et résultats en termes de durabilité des services financés.

E.4.1. L’appui au SNAPE et à la réforme du service public de l’eau

Contrairement aux grands programmes qui quittent une zone une fois les objectifs atteints, la constance de la présence de l’UNICEF dans la plupart des zones du pays est appréciée comme un gage de pérennité et de suivi, par le SNAPE mais aussi par les acteurs présents lors de l’atelier national qui ont tous confirmé ce constat préliminaire.

La contribution de l’UNICEF à la durabilité du service d’approvisionnement en eau potable en Guinée a été très significative, malgré l’absence d’une analyse de situation et d’une théorie du changement intégrant un focus particulier sur la durabilité. Depuis la Décennie Internationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement dans les années 1990, le rythme de construction de points d’eau en Guinée a été très soutenu, généralement par projets d’infrastructures, posant un défi en termes de renforcement des capacités nationales de maintenance pour suivre le rythme d’accroissement du parc. L’UNICEF a fourni un appui continu au SNAPE et au service chargé de la maintenance, ce qui permet à ce service d’être solidement impliqué dans la gestion et la durabilité des points d’eau, avec une stratégie nationale claire et connue de tous (principes du service public de l’eau, prescriptions strictes en matière de modèles de pompes manuelles installées dans chaque zone, etc.). Ainsi, dans un premier temps, l’UNICEF a appuyé pour que le SNAPE soit l’institution de référence dans la maintenance des points d’eau. Ces capacités techniques sont reconnues dans le pays, y compris en comparaison avec les services au mandat similaire dans les autres pays de la sous-région. Cela s’est traduit par la sensibilisation systématique des communautés sur l’importance de la gestion de l’eau, la formation de comités de gestion, la mise en place d’un tarif de l’eau y compris aux PMH, le renforcement de la filière des pièces détachées. Les comités savent vers qui se tourner pour les réparations : ils font appels aux artisans réparateurs, formés, homologués et recyclés souvent avec l’appui de l’UNICEF, et appliquant une grille tarifaire fixe.

Le processus de décentralisation et la réforme du service public de l’eau ont ajouté un nouveau défi lié d’une part à la réorganisation de la gestion des points d’eau et aux capacités limitées des collectivités locales désormais en charge, et d’autre part à l’instauration d’un tarif au volume et à la disponibilité de la population à payer encore trop faible pour assurer la viabilité financière du service. Ainsi, la réalité de la mise en œuvre de la réforme sur le terrain et ses bénéfices sont encore timides. Plus précisément :

Le nouveau tarif de l’eau en zones rurales a été fixé à 100 francs guinéens par bidon. Cependant les visites terrain et les interviews au niveau local ont révélé que de nombreux villages préfèrent maintenir le système de la cotisation, modeste et périodique. Cette modalité de payement est plus adaptée aux capacités contributives des ménages ruraux et évite une présence permanente aux points d’eau. Mais le prix de l’eau conseillé par le

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SNAPE et celui réellement appliqué dans les villages restent tous deux trop bas pour assurer le recouvrement des coûts de gestion et de maintenance au niveau de chaque point d’eau. Lors de l’atelier national tenu en fin de mission, 55 % des personnes présentes ont considéré que l’UNICEF n’avait pas pu avoir d’influence sur le tarif de l’eau. Des études approfondies sur la volonté des ménages à payer et le recouvrement des coûts auraient pu guider la prise de décision sur la politique tarifaire.

Le système de péréquation entre points d’eau d’une même localité, que la constitution des unités de gestion des points d’eau est supposée permettre, n’est pas encore mis en œuvre à part dans un petit nombre de localités. Même dans ces localités pionnières, souvent appuyées par des ONG ou coopérations décentralisées, le système de péréquation n’a pas encore permis le recouvrement des coûts de gestion et de maintenance et la viabilité financière du service au niveau de la collectivité. Là encore, plus d’études sont nécessaires pour apprécier l’efficacité (atteinte des objectifs) de la réforme, l’effectivité/faisabilité du système de péréquation, et l’impact sur la durabilité du service.

Le regroupement de comités dans le périmètre de gestion d’un système d’AEP semi-urbain et la création des UGPE légalement reconnus et disposant d’un contrat de gestion avec la commune ne deviendront possibles que lorsque ces systèmes d’AEP seront plus répandus et que les collectivités locales auront la capacité minimale pour jouer leur rôle, ce qui est loin d’être le cas pour l’instant. Il est à souligner que les formations aux collectivités locales en général, l’appui au service communal de l’eau à Boffa et Kindia en particulier, et les partenariats entre ces communes et des organismes de coopération décentralisée, soutenus par l’UNICEF, s’inscrivent dans une logique positive d’appui à la décentralisation.

En dehors du cadre de la réforme, l’UNICEF a impulsé ou appuyé deux autres initiatives favorisant la durabilité :

La mise en place des fiches de suivi trimestriel de la fonctionnalité points d’eau par les agents locaux responsables, censées faire remonter l’information pour une action correctrice rapide et pour la mise à jour régulière de la base de données des points d’eau PROGRES. Avec la stratégie du service public de l’eau et l’opérationnalisation du code des collectivités, cette responsabilité est progressivement transférée aux communes. Les actions de la coopération décentralisée appuyée par l’UNICEF à Kindia (Guinée 44) et Boffa (CMC) ont montré la capacité des communes à pouvoir relever le défi mais avec un accompagnement technique et financier externe conséquent.

Dans le cadre du financement de la coopération néerlandaise (DGIS) mis en œuvre par l’UNICEF, la signature par sept ministres d’un « pacte de durabilité » en 2013, faisant de la Guinée le premier pays d’Afrique de l’Ouest à s’engager à atteindre un niveau élevé de fonctionnalité de point d’eau, à conduire un audit de durabilité annuel pour vérifier que la cible est atteinte et identifier les mesures correctrices au besoin, et à mobiliser une contribution financière. La survenue de la crise Ebola à la fin de la même année a entrainé la réorientation des priorités du programme vers la réponse à l’urgence sanitaire, ce qui a stimulé la réalisation de points d’eau mais a hélas empêché la mobilisation du budget de l’Etat et la conduite des audits de durabilité.

E.4.2. Un taux de fonctionnalité probablement élevé mais peu de

données fiables

Le résultat des efforts du secteur et de la contribution de l’UNICEF à la durabilité du service de l’eau est difficile à apprécier mais semble significatif d’après les données disponibles.

La base de données PROGRESS a affiché, selon les années, un taux de fonctionnalité national entre 80 et 90 %, ce qui représente environ 20 points de pourcentage de plus que les

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données disponibles dans d’autres pays d’Afrique sub-saharienne10. Cependant comme dans tous les pays de la sous-région la mise à jour de ces données était partielle et irrégulière, même après la mise en place des fiches de suivi communal de la fonctionnalité des points d’eau. En 2015 une étude de la JICA sur 174 forages réalisés par elle 10 ans auparavant a révélé un taux de panne encore plus faible. Il n’y a pas eu d’audit de durabilité depuis la fin de la crise Ebola, ni d’évaluation de l’effet de la réforme du service public de l’eau sur la durabilité du service.

Le suivi de la fonctionnalité des points d’eau est un défi dans le secteur et la Guinée ne fait donc pas exception. Mais la perception des acteurs interrogés et les visites aléatoires (et largement anecdotiques) sur le terrain semblent indiquer un niveau élevé de durabilité.

E.4.3. Conclusion sur la durabilité

Comme pour l’efficience, les données quantitatives fiables manquent pour estimer le niveau de durabilité des interventions passées de l’UNICEF. Cependant l’analyse qualitative permet de conclure que l’UNICEF a investi considérablement, pendant toute la période, et à tous les niveaux pour soutenir la durabilité du secteur.

E.5. Équité La prise en compte par l’UNICEF des populations qui sont le plus dans le besoin dans son ciblage géographique, dans la conception, la mise en œuvre, et le suivi-évaluation de son programme.

E.5.1. Identification des besoins et ciblage géographique

Tous les interlocuteurs rencontrés se sont accordés à dire que les interventions de l’UNICEF sont guidées par l’objectif de toucher des populations vulnérables et défavorisées, soit par le choix de couvrir des régions frappées par une crise sanitaire, soit par le choix de villages isolés et difficiles d’accès en zone montagneuse, forestière et insulaire qui sont souvent aussi négligées par les bailleurs et ONG. Pour ce faire, l’UNICEF a indiqué se répartir les zones d’intervention avec les autres grands bailleurs, et se baser sur les données disponibles au niveau national (enquêtes MICS, inventaires, recensements) pour identifier les zones où le taux d’accès est le plus insuffisant. Plus récemment, le gouvernement a fixé des critères pour estimer le niveau de privation des localités en matière d’eau potable. Une rapide analyse croisée suggère en fait que les zones d’interventions de l’UNICEF sur la période ont plus été celles touchées par la crise des réfugiés et les crises sanitaires successives que celles ayant le taux d’accès à l’eau le plus faibles (Moyenne et Basse Guinée).

En 2015 le bureau de l’UNICEF Guinée a conduit une analyse des privations multiples (eau, assainissement, mortalité infantile, malnutrition, scolarisation etc.) pour identifier les « communes de convergences programmatiques ». L’évaluation n’a pas examiné si ces communes sont également celles prioritaires en termes d’accès à l’eau.

Au niveau local, l’élaboration des PDL ou l’analyse des PDL existants, des réunions auprès des autorités locales ainsi que des visites sont utilisées pour s’assurer que l’intervention répond à un besoin. Cependant, pour une part importante des points d’eau, le choix de la zone ou des sites dépend également soit des fonds mobilisés (les fonds urgence contre Ébola ou le choléra seront utilisés dans les zones touchées), soit des zones d’intervention des ONG de mise en œuvre. L’UNICEF s’assure de toucher des populations qui en ont besoin, mais pas forcément les populations qui en ont le plus besoin à l’intérieur des zones cibles.

10 RWSN, 2009

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E.5.2. L’équité dans la conception et la mise en œuvre

Le forage manuel est présenté tant par l’UNICEF que ses partenaires comme une approche soutenant l’équité car il permet de fournir un accès amélioré à l’eau potable dans des zones reculées où les ateliers de forages mécaniques ne peuvent accéder.

L’UNICEF est reconnu par tous comme ayant été à l’initiative de la promotion de la participation des femmes dans les comités de gestion. La participation d’autres groupes vulnérables n’a pas fait l’objet d’un encouragement particulier. D’après les entretiens et les visites terrain, l’UNICEF n’encourage pas non plus des mesures tarifaires particulières pour les ménages les plus démunis, laissant les villageois en décider par eux-mêmes. Une initiative pilote a cependant été lancée par CMC pour mettre en place une tarification différenciée permettant une subvention croisée en faveur des villages relativement plus défavorisés. Ce système de péréquation n’a cependant pas encore assurée l’équilibre financier du service dans les zones concernées.

E.5.3. L’équité dans le suivi, évaluation et apprentissage

Si le nombre de femmes dans les CGPE ou UGPE a pu être indiqué dans le rapport annuel 2014, nous n’avons pas pu observer de preuve que l’équité ait fait l’objet d’un suivi ou d’une étude particulière sur l’ensemble de la période considérée. Le programme WASH n’ayant pas fait l’objet d’évaluation pendant la période, ce critère n’a pas pu être évalué.

E.5.4. Conclusion sur l’équité

Le ciblage géographique semble avoir été pertinent du point de vue équité, et l’UNICEF a également pris des mesures pour encourager la participation des femmes dans la prise des décisions concernant la gestion de l’eau qui les concerne au premier plan. L’UNICEF a adopté une posture non interventionniste quant à la prise en compte de la situation d’autres groupes vulnérables. Le succès de cette approche n’est pas confirmé par manque de système de suivi, d’étude, ou d’évaluation.

E.6. Innovation et passage à l’échelle L’introduction d’innovations et l’appui au passage à l’échelle d’innovations.

E.6.1. Une capacité d’innovation reconnue

Les acteurs rencontrés reconnaissent la capacité d’innovation de l’UNICEF en Guinée, même si cela se traduit moins dans le domaine de l’eau potable que celui de l’assainissement et l’hygiène. Ainsi, lors de l’atelier national, deux tiers de la vingtaine de répondants (tout type d’institutions confondu) ont indiqué qu’ils considéraient que l’UNICEF est une organisation innovante en Guinée (voir Figure 2). Les exemples cités dans le domaine de l’eau potable sont en général : la promotion du forage manuel, la production locale de chlore et l’utilisation de téléphones pour la remontée d’information de suivi des points d’eau. Par contre, le score est plus bas concernant le passage à l’échelle.

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Figure 2 : Résultat de la mini-enquête menée durant l'ateler national

Échantillon : 17 répondants (SNAPE, ONG de mise en œuvre, Directions nationales partenaires)

Aucune innovation n’a été identifiée dans les domaines suivants : financement de l’accès au service et modalités de tarification (comme souligné plus haut) ; modalités de gestion du service de l’eau au niveau local, notamment par le biais de l’implication du secteur privé (sur ce plan la Guinée est en retard par rapport à d’autres pays de la sous-région comme la Mauritanie, le Burkina Faso ou le Mali) ; mécanismes de transparence, redevabilité et régulation du service au niveau national.

E.6.2. Le forage manuel

Le développement de la technique de foration manuelle constitue l’innovation majeure de l’UNICEF en Guinée, d’après l’ensemble des interlocuteurs interrogés. Elle a été introduite par l’un des chefs WASH de l’UNICEF avec l’appui de l’ONG Practica, fort de leur expérience au Niger et au Tchad. L’implantation internationale de l’UNICEF, la rotation de son staff international, et un partenariat stratégique avec une ONG spécialisée et reconnue ont permis l’introduction de cette technique en Guinée, qui a été partiellement documentée.

E.6.3. Real-Time Monitoring

Le projet pilote de cartographie et de suivi des points d’eau en temps réel par smartphone avec l’utilisation de l’application d’AKVO a résulté de la volonté d’améliorer le processus long, coûteux et peu fiable de la fiche de suivi communale des points d’eau, et de mettre en place un vrai système de suivi de la fonctionnalité du service. L’utilisation des téléphones par des acteurs locaux pour alerter de l’état du point d’eau ou transmettre des informations complémentaires devait permettre de passer d’inventaires ponctuels rares à une mise à jour fréquente de la base de données centrale. Surtout, ce dispositif devait permettre de contourner les blocages (logistiques, administratif) entre la collecte et l’entrée dans la base de données.

L’initiative a été inspirée du projet RapidPro utilisé par la section Santé de l’UNICEF Guinée et s’est appuyé là encore sur l’expérience d’autres bureaux UNICEF notamment le Congo. Le bureau régional a également fourni un retour d’expériences régionales. L’UNICEF Guinée l’a ainsi proposé au SNAPE dans le cadre d’un inventaire sur la Haute Guinée qui a été réalisé fin 2015. Depuis, le pilote n’a pas été porté à une échelle plus grande. Le SNAPE indique étudier actuellement cette première expérience avant de décider de l’opportunité et faisabilité de sa généralisation.

Le processus n’a pas été documenté, mais le dispositif a, semble-t-il, rencontré quelques difficultés du fait du manque d’habitude d’utilisation des smartphones par les agents et du manque de connexion internet. De plus, des réserves ont été émises quant à la possibilité pour le SNAPE de financer un tel dispositif à grande échelle, le pilote ayant été financé par l’UNICEF. Lors de nos recherches d’innovations menées par l’UNICEF Guinée, cette

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expérience a souvent été mentionnée, mais l’absence de retour formel et de réplication depuis 2015 ne donne pas l’impression que l’on puisse parler de succès.

E.6.4. Conclusion sur l’innovation

Au final, l’UNICEF a joué un rôle important et attendu dans l’introduction et, dans une moindre mesure, la généralisation d’innovations dans l’hydraulique rurale en Guinée. Pour ce faire, l’UNICEF a su capitaliser sur son implantation internationale. A l’origine et comme facteurs de succès des innovations : les échanges et le retour d’expérience avec d’autres bureaux-pays et le bureau régional. Ces innovations ont concerné des technologies plutôt que des approches programmatiques innovantes.

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Recommandations

Compte tenu du niveau de développement et de capacité du pays, et des besoins qui restent importants dans le secteur, l’UNICEF devra continuer à s’engager sur plusieurs fronts : l’appui au développement de l’accès et du service de l’eau potable sur le terrain, le renforcement de l’environnement sectoriel plus globalement, et l’amélioration de la prévention, préparation et résilience aux crises humanitaires. Les recommandations suivantes pourront guider le travail de l’UNICEF dans ces domaines :

F.1. Développer la vision stratégique à moyen terme et investir davantage dans la production de connaissances

La programmation hydraulique de l’UNICEF en Guinée suit deux grands principes très pertinents :

L’alignement avec l’État (appui au secteur au travers du SNAPE).

La complémentarité par rapport aux actions des autres grands bailleurs de fonds (intervention dans les zones délaissées, prise en charge d’activités délaissées par d’autres)

Un troisième axe ne se dégage pas clairement : l’analyse des avantages comparatifs et l’identification des domaines de valeur ajoutée pour orienter sa stratégie à moyen terme. Autrement dit, la programmation de l’UNICEF semble suivre une logique plus opportunistique que stratégique. Cela se traduit par ce qui semble être une multiplicité d’interventions à petite échelle avec des partenaires divers et manquant parfois d’une certaine lisibilité. Compte tenu de la modestie de ses financements, l’UNICEF pourrait affiner son analyse de la situation et décider de se concentrer sur un plus petit nombre d’interventions dans des niches bien définies dans lesquelles elle peut faire une vraie différence – quitte à laisser d’autres acteurs prendre le relais dans les autres domaines.

L’UNICEF semble disposer d’une niche et pouvoir encore maximiser sa valeur ajoutée dans :

La continuation de la promotion du forage manuel dans les zones qui sont favorables à cette technique, en combinaison avec l’ATPC et la promotion de l’hygiène (paquet WASH), et la poursuite de la structuration de ce secteur d’activité avec : le renforcement de la filière pièces détachées ; la fédération nationales des entreprises du forage manuel ; des partenariats avec des écoles de formation et universités nationales ; et l’intégration de cette technique dans le curriculum de formation des ingénieurs et techniciens

La durabilité, y compris :

La sensibilisation et le renforcement des capacités des acteurs locaux (collectivités, comités de gestion, usagers, acteurs du secteur privé)

La question de la tarification du service et le modèle de péréquation pour assurer la viabilité financière du service en milieu rural

Les modèles alternatifs de gestion des points d’eau

Le suivi de la fonctionnalité des points d’eau et de la qualité de l’eau, complété par l’audit périodique de durabilité

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La réflexion sur la réplication de l’expérience de Kindia à d’autres zones en matière d’incitation et de récompense pour la localité/commune avec le plus haut taux de fonctionnalité, le gestionnaire avec la meilleure gestion, etc.

La mise en œuvre et la revue périodique du pacte de durabilité plus généralement

L’équité, notamment :

Les mesures appropriées d’appui aux ménages les plus pauvres pour que nul ne soit délaissé à mesure que le niveau de service augmente progressivement et que la réforme de la tarification de l’eau est mise en œuvre

La promotion des technologies à faibles coûts de gestion et de maintenance pouvant fournir une eau gratuite ou quasi-gratuite dans certaines zones favorables et particulièrement démunies/vulnérables, telles que systèmes gravitaires, captage/protection de sources, forages manuels, et appui à l’auto-investissement des ménages (création de la demande, appui au développement d’une offre de service adaptée et de qualité, et renforcement du cadre institutionnel). Elles sont particulièrement pertinentes compte tenu de la disponibilité de la ressource, du relief favorable, du budget modeste de l’UNICEF, du peu de capacités locales pour maintenir et payer pour des infrastructures plus complexes, et pour l’exigence imposée par les ODD de fournir un accès amélioré à l’ensemble de la population du pays.

La revue, l’évaluation et l’ajustement périodiques de la politique du service public de l’eau en milieu rural. La réforme initiée récemment n’est pas une fin en soi mais une étape dans le processus de renforcement et d’adaptation continus du secteur aux besoins locaux et à l’agenda des objectifs mondiaux de développement durable (ODD).

Ces éléments clefs pourraient constituer les domaines de focalisation d’un prochain diagnostic sectoriel et/ou des thèmes pour des études, évaluations et capitalisations. Cela fera probablement apparaître les grands succès à capitaliser/généraliser et chantiers prioritaires, qui constitueront la trame d’une théorie du changement et du cadre logique pour le prochain CPD.

En lien avec tous les points ci-dessus et particulièrement le point 4, l’UNICEF doit continuer à mener un dialogue critique avec le gouvernement et les acteurs du secteur afin d’identifier les aspects de la réforme du service public de l’eau qui mènent à des améliorations significatives pour les usagers et ceux qui ne sont pas appliqués ou pas couronnés de succès, de prendre les mesures correctrices qu’il convient. Cela passe par un plus grand investissement dans la production de données de suivi, d’études, recherches et évaluations, et la conception de projets pilotes pour identifier des modèles qui fonctionnent, en partenariat avec les acteurs compétents ; et utiliser les conclusions des recherches et expérimentations pour les activités de plaidoyer politique et pour l’adaptation des stratégies existantes quand nécessaire.

F.2. Amélioration de l’efficience par l’intégration programmatique

L’idée de la convergence voire l’intégration programmatique est loin d’être nouvelle à l’UNICEF et a fait l’objet de déclarations, d’initiatives et de réformes diverses tant au niveau global que dans un certain nombre de bureaux pays. Globalement, ces déclarations, initiatives, et réformes n’ont eu que peu de résultats concrets sur le niveau réel d’intégration des programmes de l’UNICEF, parce qu’il a souvent manqué soit une volonté réelle soit une vision de la manière dont l’intégration programmatique peut réellement être réalisée sur le terrain comme à l’interne à l’UNICEF. Le bureau de l’UNICEF Guinée apparait aujourd’hui comme une exception et un fer de lance en la matière, avec une volonté du senior management et un

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plan pour la mise en œuvre qui s’appuie sur les enseignements du passé et semble adapté au contexte de la Guinée.

L’initiative « communes amies des enfants », si elle tire les leçons des expériences similaires de l’UNICEF dans d’autres pays et ne détourne pas l’UNICEF de son rôle d’appui plus « upstream » à l’environnement sectoriel, est susceptible de faire une réelle différence pour : les populations bénéficiaires ; les communes d’intervention ; et pour l’UNICEF, grâce à une rationalisation des coûts opérationnels et une maximisation des impacts, et donc des gains d’efficience. Par conséquent, cette initiative est une opportunité pour le WASH à l’UNICEF et notamment pour l’hydraulique. En effet, l’approvisionnement en eau potable est l’une des priorités des populations rurales, est une condition préalable pour le succès d’autres interventions WASH (ATPC, promotion de l’hygiène), et contribue à la réalisation d’autres objectifs programmatiques de l’UNICEF et à d’autres objectifs de développement durable. Cette initiative est également en mesure de renforcer le processus de décentralisation en guinée, et profiler l’UNICEF Guinée comme un acteur innovant et dont l’approche ajoute une réelle valeur ajoutée dans le secteur et plus généralement dans l’aide au développement.

Afin d’augmenter les chances de succès de l’initiative « communes amies des enfants », l’UNICEF Guinée (au-delà de la section WASH mais impliquant cette section) est encouragée à poursuivre la réflexion entamée en 2016 afin de :

Obtenir/garantir le soutien et l’engagement du gouvernement guinéen et de chaque ministère sectoriel et de ses démembrements pour la mise en œuvre de cette approche. L’un des obstacles à l’intégration programmatique souvent identifiés par d’autres pays est qu’il est difficile de faire se coordonner des ministères sectoriels habitués à travailler en silos – quel que soit la volonté et les actions prises en interne par l’UNICEF. Identifier un soutien au plus haut niveau de l’Etat et s’appuyer sur un leadership gouvernemental fort peut aider à surmonter ce défi.

Communiquer clairement avec les bailleurs et obtenir leur appui pour cette approche. Les bailleurs également, comme l’ensemble des acteurs du développement, ont tendance à l’interne à être organisés en départements séparés, avec des domaines de priorités, des budgets et des procédures de rapportages par départements, ce qui peut être un frein à l’intégration programmatique.

Réfléchir collégialement, à l’interne à l’UNICEF comme à l’externe avec l’ensemble des partenaires (départements ministériels, collectivités, et ONG) sur les modalités de mise en œuvre, notamment les modalités de partenariat et de transfert de fonds, les mécanismes de suivi, coordination et rapportage intersectoriels, le séquençage approprié des activités sur le terrain, et les mécanismes appropriés d’incitation et de redevabilité des communes.

Mettre en place un système de suivi-évaluation des résultats, impacts, et coûts de cette approche pour pouvoir : la comparer avec l’approche « business as usual » ; en évaluer l’efficience et la valeur ajoutée ; soutenir le plaidoyer pour la généralisation de cette approche dans le pays si les résultats sont positifs ; et trouver des solutions aux points faibles / de blocage au fur et à mesure qu’ils sont identifiés.

F.3. Approfondir l’appropriation de la réforme HACT

Dans la dynamique de l’intégration programmatique et de la réforme HACT amorcée en 2015, le bureau de l’UNICEF et la section WASH ont indiqué leur volonté de réduire le nombre de PCA. Ils seront également amenés à poursuivre leurs efforts pour mieux adapter, en pratique, les modalités de sélection, gestion et suivi des partenaires de mise en œuvre en fonction de leurs capacités et besoins respectifs – qui varient grandement d’un type de partenaire à un autre. Les objectifs à atteindre ici sont la réduction des coûts de transaction, une meilleure

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gestion des risques, un gain de résultats sur le terrain, et à terme la réorientation d’une partie du temps de l’équipe WASH sur des tâches à plus forte valeur ajoutée programmatique.

Choisir les partenaires (ONG) en tenant compte de leurs capacités et de leur valeur ajoutée pour l’UNICEF, et de leur adhésion à l’approche UNICEF/gouvernement. A mesure que l’UNICEF définira avec plus de précision sa stratégie à moyen terme, ses domaines/zones de concentration, et son approche de mise en œuvre – que ce soit dans l’hydraulique rurale ou plus généralement dans l’approche intégrée « commune amie des enfants » – la question de l’engagement des partenaires et de la cohérence avec leur propre stratégie et capacités sera susceptible de se poser. Par exemple, certaines ONG ou coopérations décentralisées ayant déjà leurs propres stratégies, il faudra trouver la convergence des intérêts. D’autres ont un champ d’intervention plus spécialisé ou des compétences plus réduites, et pourront avoir des difficultés à s’inscrire dans une approche intersectorielle. Dans certains cas, un consortium d’ONG sera peut-être envisagé, ce qui présentera encore une configuration particulière.

Proposer les modalités de partenariat, de transfert de fonds, et de gestion-suivi adaptées à l’approche choisie et à la capacité de chaque partenaire (ou consortium de partenaires) :

Identifier au cas par cas la meilleure modalité entre l’accord de partenariat (PCA) et le contrat de prestation de service (SSA).

Chaque fois que possible, offrir une collaboration d’une durée rallongée tenant compte du temps nécessaire à la mise en place de l’approche intégrée (WASH ou « commune amie des enfants ») et des conditions de la durabilité.

Envisager, dans le cadre de l’approche « commune amie des enfants » et dans la logique de la décentralisation, des modalités de transfert des ressources financières et de renforcement de capacités directs au bénéfice des communes, dans le respect et les limites des règles HACT, et dans une logique de renforcement simultané des échelons supérieurs de l’administration guinéenne.

Inclure des obligations claires de résultats, avec un système de suivi-évaluation amélioré (et adapté – voir plus bas) incluant des indicateurs de performances et des points de revue périodiques en face-à-face.

Systématiser, renforcer et standardiser la formation initiale pour tous les partenaires et prestataires et la mise à disposition de manuels/outils de mise en œuvre.

Développer et mettre en œuvre un plan de renforcement des capacités adapté aux besoins de chacun, dans l’esprit d’un partenariat gagnant-gagnant au service d’une vision de long terme.

Renforcer la supervision sur le terrain (y compris pour les formations en cascades et les résultats obtenus), les exigences de rapportage et les recyclages du personnel pour les partenaires les plus fragiles, et les alléger pour les partenaires qui se montrent les plus solides.

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Annexes

G.1. Déroulement de la visite pays

Jour Activités

Lundi 17

Matin : Briefing Sécurité

Rencontre avec le DGA du SNAPE

Rencontre avec le Représentant Adjoint de l’UNICEF

Après-midi : Réunion avec toute l’équipe WASH UNICEF

Mardi 18

Départ pour Boffa

Réunion avec CMC, présentation de leur partenariat avec l’UNICEF

Visite d’un captage de source avec unité de chloration

Mercredi 19 Visite du forage motorisé de la gare routière et d’un forage villageois

Visite de l’île de Dary et ses deux impluviums

Jeudi 20 Rendez-vous avec le maire de Boffa

Départ pour Kindia

Vendredi 21 Rendez-vous avec l’Agence Communale de l’Eau et de l’Assainissement en présence du SNAPE, Visite de cinq points d’eau villageois

Samedi 22 Atelier régional à Kindia

Dimanche 23 Rencontre avec la Préfète

Retour à Conakry

Lundi 24 Rendez-vous avec le SNAPE et la Direction Nationale du Développement Local

Mardi 25 Entretien avec la SEG, avec la chef du Bureau de Zone Ouest et la délégation de l’Union Européenne. Entretien avec un membre de la section WASH.

Mercredi 26 Entretien avec la chef du Bureau de Zone Ouest (suite) et l’ONG Plan Guinée

Préparation de l’atelier national

Jeudi 27 Atelier National

Vendredi 28 Préparation du débriefing

Débriefing de la mission-pilote avec la section WASH et le représentant pays adjoint

Samedi 29 Début d’analyse des données, entretien avec le Chef WASH et départ

G.2. Liste des personnes rencontrées

Prénom et nom Titre / fonction Institution

Lansana Fadil Sylla Directeur ACEA

Hassimiou Diallo Chef de Base Kindia SNAPE

Hamidou Baldé Division Animation et Maintenance

SNAPE

Mamadou Sylla Conseiller Eau Commune de Kindia

Ly Abdoul Hydrogéologue SNAPE

Ousseini Mai Maïgana Chef WASH UNICEF

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Prénom et nom Titre / fonction Institution

Kouassi Koffi Messou Chargé Suivi et Évaluation UNICEF

Sadiga Camara Chef de la Division Animation et Maintenance

SNAPE

Ousmane Diallo Chargé assainissement ACEA

Émile Touré Chargé eau potable ACEA

Alsémy Conte Animateur SNAPE

Alhassane Barry Animateur SNAPE

Amadou Oury Diallo Animateur SNAPE

Mohamed Nogus Président ONG VGAC

Joseph Fassa Ouendeno RTEHA Guinée 44

Mamadou Diallo Adama Diallo

Directeur Vergnet Guinée

Ibrahima Fofana Directeur de la base régionale SNAPE Kindia

Margaux Arsac Coordinatrice Eau CMC

Emmanuel Bormans Coordinateur Adjoint CMC

François Fougère Coordinateur CMC

Ibrahima Keita Chargé de l’eau CMC/mairie de Boffa

Mory Dioubaté DR SNAPE N’zérékoré

Ismael Bonfi Diallo Chef de base SNAPE

Koulibaly Manden DR SNAPE KanKan

Thiermo Sadon Baldé Chef de base SNAPE Labé

Hassimiou Diallo Chef de base SNAPE Kindia

Mamadou Tounkora Directeur SNAPE FA

Nema Uomomou Directeur CEAD

Oularé Karamoko Préfecture de Forecariah DMR

Jean-Baptiste Sène Chef Politique Sociale, Planning, Suivi et Évaluation.

UNICEF

Barry Rongiatou DNH/MEH

El Hadj Alpha Oumar Bah ANCG

Nfaly Syla Chargé projet bornes fontaines SEG

Mamadou Telly Bah Délégation de l’Union européenne

Yogbo Dore DNH/MEH

Alpha Konaté Diallo SNAPE

Ahmed Benhamouche Coopération Technique Belge

Ahmadou Cissé DND/MATD

Oumar Yacine Bah Commissaire HAC

Aboubacar Siotti Sylla DNDL/MATD

Lana Pipé Patria DGA SEG

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Prénom et nom Titre / fonction Institution

Guy Hoko Représentant Adjoint UNICEF

Mamadou Malick DEM DGA SNAPE

Mariama Ahmadou Bah SNAPE

N/A Maire Mairie de Boffa

Zaccaria Camara DNDL

Mamadou Diouldé Diallo Directeur Général SEG

Sherif DGA des infrastructures SEG

Madina Bah Chef de Bureau de Zone Ouest UNICEF

Alexandre Serres Responsable infrastructures Délégation de l’Union Européenne

Mamadou Bah Telly Chargé de l’agriculture de l'eau et de l’assainissement

Délégation de l’Union Européenne

El Hadj Barry Spécialiste WASH UNICEF

Jacques Tounkara Directeur des subventions ONG Plan

Souleymane Diallo Conseiller WASH ONG Plan

Mamadou Sarr Chef de projet Terre des Hommes

Franck Représentant pays, Guinée Terre des Hommes

Plusieurs personnes par visioconférence

Bureau de Zone Nzérékoré UNICEF

Bureau de Zone Kankan UNICEF

G.3. Liste des participants aux ateliers Atelier régional à Kindia

Prénom et NOM Institution

Oularé KARAMOKO DMR forecariah

Lansana Fadil SYLLA Agence Communale de l'Eau et l'Assainissement (Kindia)

Mamadou SYLLA Conseiller municipal Kindia pour l’eau

Hassiniou DIALLO Directeur de base régionale SNAPE Kindia

Thierno Sadon BALDE Directeur de base régionale SNAPE Labé

Manden KOULIBALY Directeur de base régionale SNAPE Kankan

Ismael Bonfi DIALLO Directeur de base régionale SNAPE

Mamadou TOUNKARA Directeur de base régionale SNAPE Farannah

Mory DIOUBATE Directeur de base régionale SNAPE N'zérékoré

Mamadou Adama DIALLO Vergnet Guinée

Philippe OUILLOMOUNO AACG ONG

Joseph Fassa OUEDENO ONG Guinée 44

Camara SADIGA SNAPE

Kouassi Koffi MESSOU UNICEF

François FOUGERE CMC

Emmanuel BORMANS CMC

Margot ARSAC CMC

Shahima FOFANA SNAPE

Abdoul LY SNAPE

Hamidou BALDE SNAPE

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Ousseini Mai MAIGANA UNICEF

Jérémie TOUBKISS UNICEF / TRG

Mohamed NOGUS ONG VGAC

Nema UOMOMOU CEAD

Atelier national à Conakry

Prénom et NOM Institution

Ousseini Mai MAIGANA UNICEF

Jérémie TOUBKISS UNICEF / TRG

Rougmiatou BARRY BSD/MEH

N Faly SYLLA SEG

Mamadou Telly BAH Délégation de l’Union européenne

Yogbo DORE DNH/MEH

Diallo Mamadou Alpha T. SNAPE

Ahmed BENHKAMOUCHE Coopération Technique Belge

Ahmadou CISSE DND/MATD

Oumar Yacine BAH HAC

Guy HOKO Représentant adjoint, UNICEF

Mamadou Malik DEM Directeur Général Adjoint, SNAPE

Mariama Ahamdou BAH SNAPE

Mamadou SYLLA Conseiller municipal Kindia pour l’eau

Joseph Fassa OUEDENO ONG Guinée 44

François FOUGERE CMC

Jean-Baptiste SENE UNICEF (M&E)

Kouassi Koffi MESSOU UNICEF

Camara SADIGA SNAPE

Hamidou BALDE SNAPE

Elhadj Alpha Oumar BAH ANCG

Patrice L. DGA/SEG

Aboubacar SYLLA DNDL/MATD

G.4. Sites visités

Préfecture Nom du site

Boffa Gare routière de Boffa

Kossingssing

Dary 1

Dary 2

Dondé

Kindia NMéhouré

Yelisorya

Yessila

Koba Kilonothé

Tanfily

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G.5. Documents exploités Analyse de la situation ‘SitAn’, UNICEF 2012 et mise à jour 2015

Base de données des points d’eau et formages manuels, 2015

Bilan commun de pays, Nations Unies Guinée, 2011

Bilan de la revue annuelle WASH 2015, UNICEF, 2015

Capitalisation d’expériences Eau, Hygiène et Assainissement sur les iles du littoral de la Guinée maritime, Practica, SNAPE, 2014.

CPAP 2013-2017, UNICEF Guinée, 2012

CPD 2007-2011, UNICEF Guinée, 2006

CPD 2013-2017, UNICEF Guinée, 2012

Document annuel de remontée d’information pour le rapport annuel WASH mondial de l’UNICEF, UNICEF Guinée section WASH, 2007

Document annuel de remontée d’information pour le rapport annuel WASH mondial de l’UNICEF, UNICEF Guinée section WASH, 2008

Document annuel de remontée d’information pour le rapport annuel WASH mondial de l’UNICEF, UNICEF Guinée section WASH, 2009

Document annuel de remontée d’information pour le rapport annuel WASH mondial de l’UNICEF, UNICEF Guinée section WASH, 2010

Document annuel de remontée d’information pour le rapport annuel WASH mondial de l’UNICEF, UNICEF Guinée section WASH, 2011

Document annuel de remontée d’information pour le rapport annuel WASH mondial de l’UNICEF, UNICEF Guinée section WASH, 2013

EDS-MICS, Institut National de la Statistique, Ministère du Plan, 2012

Étude pour le renforcement de la stratégie nationale du service public de l’eau par le développement d’outils d’analyse, de programmation et de mécanismes de gouvernance locale intercommunaux à Kindia et Boffa, Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation et le Service National des Points d’Eau, 2015

Evaluation of UNICEF’s response to the Ebola outbreak in West Africa 2014-2015, Bureau de l’Evaluation de l’UNICEF, 2017

Manuel d’appui à la maîtrise d’ouvrage communale et intercommunale du service public de l’eau en Guinée, SNAPE 2015

Orientations stratégiques EHA pour l’élaboration du plan annuel de travail 2014-2015, UNICEF Guinée section WASH, 2014

Organigramme de la coordination du secteur EHA en Guinée, 2013

Plan d’action Programme Pays, UNICEF Guinée, 2007

Rapport annuel du bureau pays, UNICEF Guinée, 2011

Rapport annuel du bureau pays, UNICEF Guinée, 2013

Rapport annuel du bureau pays, UNICEF Guinée, 2014

Rapport annuel du bureau pays, UNICEF Guinée, 2015

Rapport atelier d’élaboration du plan de relance du secteur eau hygiène assainissement (EHA), SNAPE, 2015

Rapport de l’atelier sur la mise en œuvre de l’approche « Communes amies des enfants » en Guinée, UNICEF Guinée, 2016

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Report on Progress on Sanitation and Drinking Water, JMP 2015

SMQ WASH, UNICEF Guinée section WASH, 2014 et 2015

Stratégie Nationale pour le développement du Service Public de l’Eau en milieu rural et semi-urbain, SNAPE, 2011