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Variances Nouveaux métiers de la finance Numéro 24 - mai 2004 Cap Togo : le stage d’ouverture au monde professionnel au service de l’alphabétisation Alumni's Cup 2004, soutenez le Team Ensae-Astec Olivier Leclerc à l’affiche La revue des anciens élèves de l’ENSAE Photo : Stéphane Jugnot

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Variances

Nouveaux métiers de la financeNuméro 24 - mai 2004

• Cap Togo : le stage d’ouverture au monde professionnel au service de l’alphabétisation

• Alumni's Cup 2004, soutenez le Team Ensae-Astec• Olivier Leclerc à l’affiche

La revue des anciens élèves de l’ENSAE

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2eme de couv

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Nouvelle tête. La photo n'est plus la même au dessus de cet édito.C'est que le rédacteur en chef a changé. Fabien a quitté sa casquette.Il a lâché la barre même s'il n'abandonne pas tout à fait le navire :pigiste d'Olivier Lecler, la tête d'affiche, il nous parle aussi dans cenuméro de l'Alumni's Cup, dont il est le deux ex maquina, et traîneen salle machine d'Ensae solidaire, association nouvellement créée.Aux nouveaux métiers de la finance, il préfère son plaisir, la voile, etla solidarité. Bref, il prend juste le large pour prendre l'air, pourchanger de rivage.

A la fin de l'année dernière, un grand quotidien du soir s'était intéres-sé aux nouveaux "professionnels" des O.N.G. de tout poil, de l'huma-nitaire à la défense de l'environnement. Il faisait le constat qu'ellesétaient colonisées par d'anciens cadres supérieurs, banquiers, juristesou spécialistes des ressources humaines, qui, lassés par la pressionqu'ils ressentaient dans leur vie professionnelle, pour des objectifs quin'étaient pas forcément les leurs et sans avoir toujours de retour surleur investissement dans leur travail, avaient trouvé dans cette recon-version, une activité plus conforme à leurs aspirations.

Peu de temps auparavant un hebdomadaire économique avait pro-posé un dossier sur ces salariés qui veulent désormais "un travail qui[ait] du sens". Du sens à l'intérieur de l'entreprise parce qu'ils veu-lent connaître ses orientations et ses choix stratégiques, les raisons deleur travail. Du sens à l'extérieur, parce qu'ils veulent que leurs ac-tions soient en cohérence avec le discours de leur entreprise quandcelle-ci communique vers les consommateurs avec un discours surles valeurs, sociales, environnementales, etc.

Finalement, voilà de quoi complexifier un peu la fonction d'offre detravail et son arbitrage réducteur entre rémunération et loisir, ou sanouvelle version grand public : réduction du temps de travail versusallégement du coût du travail, stimulation de l'oisiveté versus incita-tion au travail. Mais qu'on se rassure, ce n'est pas forcément un re-tour du souci de l'Autre. Max Ui rôde encore…

Stéphane Jugnot

VariancesISSN 1266-4499 - Variances (Malakoff)

La revue des anciens élèves de l'ENSAE

Numéro 24 - Mai 2004

Directeur de la publication Fabrice Wilthien

(Ensae 98)

Rédacteur en chef Stéphane Jugnot (Ensae 98)

Comité de rédaction Benoit Bellone (Ensae 00)Frédéric Gilli (Ensae 00)

François Hada (Ensae 94)Hugo Hanne (Ensae 92)

Fabien Toutlemonde (Ensae 99)Sébastien Petithuguenin (Ensae 01)

Conception et réalisation Stéphane Jugnot (Variances)

Yasmine Vrod (Pulsar Création)Tél. : 06 13 81 55 58

Publicité et fabricationSociété OFERSOP

28, rue des Petites-Ecuries75010 PARIS

Tél. : 01 48 24 93 [email protected]

Commentaires ? Suggestions ?Envoi de vos articles à :

VariancesStéphane Jugnot

Bureau B.E08, timbre J1203, avenue Pierre Larousse

92245 Malakof [email protected]

Imprimerie Néo-Typo1 c, rue Lavoisier 25000 Besançon

Dépôt légal : 30363

Prochain numéro : Novembre 2004

Prochain dossier : Quel mieux d'Etat ?

Editorial

1Numéro 24 - mai 2004

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DOSSIER

Conférences..........................................................................................4

Cap Togo 2003 .....................................................................................6

Alumni's Cup : écoutez votre cœur ! ..................................................10

Les brèves de l'association..................................................................12

Les brèves de l'école...........................................................................14

Olivier Lecler (Ensae 1992)

Directeur général adjoint de Boursorama............................................14

Les nouveaux métiers de la finances :

nouvelles opportunités, nouveaux risques ?

Le Credit Portfolio Manager

(Bertrand Lamoureux, Ensae 1998) .........................................................

La notation des produits titrisés synthétiques

(Sébastien Cochard, Ensae 1994) ............................................................

Gérer les risques bancaires (Paul Demey, Ensae 1999,

Antoine Frachot, Ensae 1989, Gaël Riboulet, Ensae 1999) ......................

Le Stratégiste, sondeur des marchés ?

(Sébastien Doisy, Ensae 1996, Roland Lescure, Ensae 1992) ...................

La finance est un sujet bien trop sérieux pour le soustraire

au débat politique (François Hada, Ensae 1994) .....................................

Mobilités ............................................................................................42

Carnet ................................................................................................XX

Publications .......................................................................................46

Pour une gestion raisonnée de l'environnement

(Dominique Garrigues, Ensae 1968) ...................................................48

ASSOCIATION

VIE DE L’ÉCOLE

LES ANCIENS

TRIBUNE LIBRE

TÊTE D’AFFICHE

Sommaire

3Numéro 24 - mai 2004

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Conférences

4 Variances

Tous les mois, l'Amsepi et les Anciens de l'Ensae organisent des conférences sur des thèmesd'actualité, qui font débat. Le calendrier des prochaines conférences et le compte-rendudes conférences passées sont disponibles sur le site de l'association (www.ensae.org).

La croissance des pays développés passe-t-elle

par l'immigration ?

Les importants écarts de richesse entreles pays développés et le reste de laplanète produisent de vives tensionset alimentent des flux migratoires po-tentiellement très importants.L’intégration du Mexique à l’ALENA,l’intégration des PECO à l’Union eu-ropéenne se mâtinent d’ailleurs systé-matiquement d’entraves aux déplace-ments des personnes physiques(frontières surveillées ou marchés dutravail réglementés). Au vu des res-sorts des comportements migratoires,quelles seraient les conséquencesd’une liberté de circulation aussi gran-de pour les hommes qu’elle l’est pourles capitaux ? Compte tenu du vieillis-sement des sociétés occidentales et dela baisse prévue du nombre des actifs,l’ouverture des frontières ne peut-ellepas constituer, comme ce fut le casdans les années 1950, une solutionpour les pays développés ? Un telchangement de politique ne risque-rait-il pas d’affaiblir les pays du Sud ?

Avec Manon Domingues-Dos Santos,professeur des Universités àl'Université de Marne-la-Vallée, cher-cheur au CREST, et Jean-Pierre Garson,responsable du département des mi-grations internationales à l'OCDE1er avril 2004

Université et recherche, une crise européenne ?

De très forts soubresauts secouentaujourd'hui le monde universitaireet la recherche. Manque de moyenset réorganisation sont au coeur desdébats : comment ar t iculer re-cherche appliquée et recherchefondamentale, et quelle place pourla recherche publique?Plus largement, à travers l'impactde la recherche sur la compétitivitéd'un pays c'est la croissance euro-péenne de demain qui est interro-gée. Elle l'est par la difficulté à fai-re fonctionner des laboratoires etles difficultés à recruter et formerdes chercheurs qui soit abandon-nent la recherche soit partent auxEtats-Unis. Il est donc aussi fonda-mental de se pencher sur la recons-titution de la recherche européen-ne et sur les liens entre éducationet croissance.

Avec Alain Bensoussan (ENSAE1965), professeur à l 'Universi téParis IX, ancien Président de l'INRIAet du Centre national des étudesspatiales et Jean-Hervé Lorenzi,professeur à l'Université Paris IX,commentateur du rapport Educationet Croissance du Conseil d'analyseéconomique.18 Mars 2004.

A quoi servent les services publics ?

Mondialisation et construction euro-péenne font peser des contraintestrès fortes sur les services publics "àla française", conduisant à des révi-sions de leur mode de gestion et in-terrogeant de fait leur rôle écono-mique et leur rôle social.L'intégration européenne, mais sur-tout la libéralisation qui l'accom-pagne, conduisent à une transforma-tion des services publics, de leurspérimètres et de leur gestion. Quelleest la nécessité de cette évolution?Quelles sont les opportunités etquels sont les problèmes posés parles modes de gestion des servicespublics émergents?Les services publics ont-ils toujoursun rôle d' intégrat ion sociale àl'échelle du territoire national, oubien le niveau de développementéconomique atteint et l'échelle eu-ropéenne les privent-ils de leur per-tinence ancienne?

Avec Paul Champsaur (ENSAE 1968),président de l'Autorité de régulationdes télécoms et Christian Stoffaës,professeur associé à l 'universi téParis IX, directeur des relat ions internationales d'EdF, auteur notam-ment de Services publics, questionsd'avenir.2 décembre 2003

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L’ASSOCIATION

5Numéro 24 - mai 2004

Trop de baisses d'impôt tuent-elles l'impôt ?

On assiste dans les pays occiden-taux à un mouvement général debaisse des impôts, les Etats-Unisétant revenus au taux d'impositionde 1941. Ce mouvement suit l'idéepopularisée à nouveau dans les an-nées 1980 que les impôts freine-raient l'initiative et empêcheraientla reprise économique. Outil de fi-nancement la fiscalité est en effet

également un instrument de régula-tion des incitations. Une baisse est ainsi toujours, aussi,une évolution de la structure del'impôt. Elle traduit un choix social(en faveur d'une redistribution parl'impôt ou non) et un choix écono-mique (quelles populations faut-ildynamiser?).Mais une baisse des impôts a aussides effets prosaïques sur l'équilibrebudgétaire de l 'Etat, qui se voitcontraint d'arbitrer à court terme

entre creusement du déf ic i t oubaisse des dépenses. Or à moyenterme ces deux solutions peuventbrider la croissance et donc les re-tours d'impôts.

Avec Bernard Salanié (ENSAE1986) , chercheur au CREST, e tXavier Timbeau (ENSAE 1991), di-recteur "Analyse et Prévision" del'OFCE.4 Novembre 2003

Le diagnostic et les propositions du Cercle des économistes (Jean-Hervé Lorenzi)En premier lieu, J-H Lorenzi a tenu à rappeler le diagnostic établipar deux rapports autour du monde de la recherche : le rapport duConseil d’analyse économique (CAE) conduit par Philippe Aghionet Elie Cohen, Education et Croissance, et celui plus récent publiépar le Cercle des économistes. Le premier oppose le développement qu’ont connu les pays euro-péens pendant les « Trente glorieuses », fondé sur le principe « d’imitation », devant privilégier un enseignement secondaire demasse, à la nécessité de développer aujourd’hui une nouveau mo-de de production de connaissance, davantage basé sur le principe« d’innovation » et concentrant ses efforts sur l’enseignement supé-rieur. Le second rapport, s’inscrit dans la continuité de cette lo-gique, tout en essayant d’apporter une vision plus systémique.

Un diagnostic brutal La France dispose de trois éléments potentiellement de qualité,mais qui restent inadaptés au marché mondial de la connaissance[…] : une université avec de très bons professeurs, mais trop désor-ganisée ; des grandes écoles qui forment de très bons élèves, maistrop petites, trop peu visibles, à la notoriété trop faible ; une re-cherche de qualité, mais trop coupée des deux autres mondes ettrop peu incitative pour être pérenne.Y-a-t-il un ou plusieurs sujets concernant la recherche ? En effet,doit–on simplement résumer le débat à une réforme du CNRS ? A-t-on bien conscience que le déficit de production de rechercheentre la France et lesEtats-Unis se concentre dans le secteur privé ?

Que préconisent donc les différents acteurs ?Selon Aghion et Cohen, les pays développés doivent aujourd’huitrouver en eux-mêmes le moteur principal de la croissance : l’inno-vation. [Cela suppose] une émulation forte et un accroissement del’effort de recherche. Le Cercle des économistes au diagnosticproche, formule ainsi quatre principales recommandations : • […] La création d’une NSF à la française (National ScienceFoundation). Par ailleurs, il faut conserver, voire de renforcer lesliens entre enseignement et recherche. • Il faut passer un pacte avec la nation, engageant un effort natio-nal de l’ordre de 4 à 6% du PIB (contre 3% aujourd’hui) avec com-me contrepartie, l’engagement d’effectuer des réformes profondes.En effet, dans certaines disciplines (biotechnologies,…), on ne peutpas admettre que tout un pan de la recherche ait quitté l’Europe, etl’on se doit de rappeler aux entreprises leur responsabilité en termede déficit de R&D privée en Europe.

• Développer des pôles d’excellence ayant la taille critique, ens’appuyant sur deux principes : la sélection et la concurrence (pro-céder à des appels d’offre systématiques).• Mettre en place une organisation financière et statutaire incitativequi permet de « protéger le chercheur ». Il s’agirait de garantir une« tenure » aux docteurs ou une porte de sortie professionnelle.

Le regard d’un praticien de la recherche (Alain Bensoussan)Alain Bensoussan, relayant J-H Lorenzi, a tenu à effectuer un cer-tain nombre de remarques, se positionnant d’emblée comme ob-servateur de la crise actuelle que vit le monde de la recherche. […]

Quels sont les problèmes de fonds ?Si tout le monde considère que la « recherche est importante »,seules les personnes vraiment passionnées se lancent aujourd’huidans la recherche : les étudiants brillants ne l’envisagent qu’avecréticence. Le métier de chercheur est mal payé, très difficile et offrepeu de perspectives en terme de « deuxième partie de carrière ».S’intéresser à la situation des chercheurs paraît donc une priorité.Cela passe évidemment par des rémunérations plus attractives.Pour autant, la situation aux Etats-Unis n’est pas aussi idylliquequ’on le présente. La recherche fondamentale est très orientée etconcentrée sur un certain nombre de secteurs : défense, sécurité,santé. Même l’espace n’est pas une priorité nette pour l’administra-tion actuelle : les moyens sont fortement concentrés sur les do-maines jugés « prioritaires ». Garantir des perspectives aux chercheurs est indispensable. Dansle modèle américain, le système universitaire assure un débouchéquasi certain à un chercheur de qualité correcte, ce qui n’est pasdu tout le cas en France pour un « post doc » de même niveau. Ilfaut, en France, ouvrir la possibilité d’une évolution de carrière àdes chercheurs dans l’administration et la haute fonction publique.Enfin, Alain Bensoussan a rappelé le rôle primordial du modèle «enseignant chercheur », et la nécessaire proximité avec les étu-diants, comme catalyseur d’innovation et de motivation. La créa-tion de « Campus de recherche » et la possibilité à un enseignantchercheur de consacrer 3 mois sur 12 à des contrats de rechercherépondant à des appels d’offre pourrait, à moyens constants, stimu-ler le milieu de la recherche et augmenter significativement les re-venus des chercheurs. On pourrait également passer par un redé-ploiement des fonds européens. Toutefois, il faut bien mesurer queles problèmes financiers ne sont pas tout. Les obstacles majeurssont autant culturels et organisationnels. […]

Extrait du compte-rendu de Benoît Bellone

Conférence du 18 mars : Université et Recherche, une crise européenne ?

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Au cœur de l’Afrique intertropicale,le Togo connaît les difficultés de beau-coup de pays en voie de développe-ment, notamment dans cette région dumonde. Population très jeune, natalitégalopante, et une économie qui peineà suivre, largement dominée par l'agri-culture. L'éducation y est un défi,pour le développement économique,comme pour le développement social.Au Togo, 72% des hommes sont al-phabétisés et 38% des femmes. Letaux de scolarisation dépasse désor-

mais les 80% à l’école primaire grâceaux efforts consentis depuis les années1970 : constructions d'écoles et miseen place de la gratuité des frais de sco-larité pour les enfants de 2 à 15 ans, la

scolarité étant obligatoire entre 6 anset 12 ans. Au delà, le taux de scolari-sation s'effondre. Entre 12 et 19 ans,seuls 232 000 enfants, dont 66 000filles, se rendent à l'école, sur 700 000

En août 2003, l’ASTEC a financé le projet de quatre élèves de première année de l’ENSAE quisont partis au Togo pour leur stage d’ouverture au monde professionnel. Ivan Chollet, SylvainMougel, Jérémy Rigaux et Justine Yedikardachian ont été accueillis sur place par l’Associationpour le Développement Economique et Social du DIocèse de DApaong, l'ADESDIDA, quisoutient un centre de formation rural. CAP TOGO 2003 est né de la volonté de Jérémy Rigauxde faire partager l'action de cette association dont il est membre depuis plusieurs années.

6 Variances

Cap Togo 2003 : le stage d’ouverture au monde professionnel au service de l’alphabétisation

Le Togo : des défis à releverEnserré entre le Ghana, le Burkina Faso et le Bénin, le Togo est un corridor de 700 km, avec unebande côtière de 52 km, et une largeur variant de 45 à 140 km. Sa superficie est de 56 800 km2.L’actuel Togo, jadis colonie française, est devenu indépendant le 27 avril 1960. Depuis le coupd’état militaire de janvier 1967, le pays est présidé par le général Gnassingbe Eyadema.Le pays compte 5 millions d’habitants, sans doute le double dans 20 ans. La densité est élevée,ce qui n’est pas sans poser de problèmes. La population est jeune, 60% des Togolais ont moinsde 20 ans. Elle est rurale à 70%. Deux ethnies sont majoritaires : les Ewés, au sud, et les Kabyés, au nord mais ce sont près dequarante ethnies qui cohabitent sans trop de heurts dans le pays, le diocèse de Dapaong étant si-tué en terre Moba. Avec 64% de sa population active et 40% du PIB, le secteur agricole domine l'économie. LeTogo a surtout mis l’accent sur les productions vivrières : manioc, igname, maïs, riz-paddy, mil-sorgho et haricot. Les principales cultures d’exportation sont le coton, le cacao et le café.

Photo : Jérémy Rigaux

Géographie -Population Démographie

Economie Développement humain

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L’ASSOCIATION

7Numéro 24 - mai 2004

enfants en âge d’être scolarisés. Laqualité de l'enseignement pose aussiproblème. La moitié des professeursn’est pas formée, ce qui place le Togodans le bas du tableau en AfriqueSubsaharienne. Mais les ressourcessont rares : sur les 15 000 étudiantsTogolais, seuls 4% suivent des étudesdans le domaine de l’éducation. Lesdépenses publiques par élève restentfaibles. Moins de 5% du PIB consacréà l'éducation, dans un pays où 60%de la population a moins de 20 ans. EnFrance, c'est presque 6% du PIB alorsque le papy boom guette. On compteun livre de lecture pour 5 élèves et,comme les autres fonctionnaires, lesenseignants ne reçoivent pas toujoursleurs salaires de façon régulière. Les"richesses", et avec elles, l'accès àl'éducation, se concentrent dans lesud du pays, sur la côte. Loin dans les terres, au nord du pays, à650 km de Lomé et 330 km deOuagadougou, dans la région desSavanes, le diocèse de Dapaong estmoins bien loti. Eloignée de la capita-le, avec ses 8 533 km2 et ses 500 000habitants, cette partie du pays possèdedes infrastructures réduites et un déve-loppement faible. La moitié de la po-pulation est analphabète. Dans cetterégion essentiellement rurale, beau-coup d’enfants travaillent pour leursfamilles plutôt que d'aller à l'école.Sur le plan sanitaire, les infrastructureset le matériel se trouvent dans un étatde vétusté préoccupant et la moitié du

personnel soignant n’a reçu aucuneformation dans une école spécialisée.Les maladies parasitaires sont nom-breuses et la pandémie du sida se ré-pand largement. Les activités écono-miques sont freinées par un réseauroutier médiocre, l'absence de capitalà investir et un accès au crédit très li-mité. C’est la seule région du pays àn’abriter aucune unité industrielle. Lapopulation est jeune mais les terresfertiles manquent et le climat est diffi-cile, avec une alternance d’inonda-tions et de sécheresse.Créée en 1972, l’Association pour leDéveloppement Economique et Social

du DIocèse de DApaong,l'ADESDIDA, se consacre à cette ré-gion particulièrement défavorisée, es-sentiellement en soutenant le Centrede formation rurale de Tami, dont ellecouvre les frais de fonctionnement an-nuels depuis sa création. Le Centre estdirigé par une équipe de trois Frèresespagnols, assistés d'un personnel to-golais : Frère Felipe Garcia, directeurdu Centre, et les Frères Albi Gomez etPedro Santamaria. Il accueille des sta-giaires volontaires, des couples ma-riés, de moins de 30 ans, avec aumoins un enfant, qui doivent disposerde terres à cultiver après la formation.

Quelques chiffres sur l'éducation D'après le Rapport mondial sur le développement humain 2003.

Photo : Jérémy Rigaux Photo : Jérémy Rigaux

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8 Variances

Si, à titre personnel, vous souhaitez soutenir l’action de

développement au Nord-Togo de l’association ADESDIDA,

vous pouvez envoyer vos dons à :

ADESDIDA, 47, rue Jouffroyd’Abbans, 75017 PARIS.

Pour toute information : [email protected]

Le Centre accueille chaque annéeune douzaine de jeunes foyers accom-pagnés de leurs enfants. La formationdure deux années, interrompues parun retour au village de janvier à avril,pendant la saison sèche. Le Centrepropose aux stagiaires une formationagricole théorique et pratique. Il prenden charge leur logement, eau et élec-tricité comprises, pendant les deux an-nées que durent la formation. Le centrefinance par ailleurs l’utilisation du fu-mier et du compost pour les champs etcelle du tracteur pour les premiers la-bours. Il propose une aide pour l’ac-quisition du matériel agricole et parta-ge une grande partie de la récolteentre les familles à la fin de leur stage.Il propose également des prêts pouravancer le coût des soins et une amé-lioration de la nourriture des enfantsen bas âge. L’emploi du temps des stagiaires estrythmé par les formations agricolespratiques (agriculture, élevage, cultu-re attelée et maraîchère, sylviculture,lutte contre l’érosion, etc.) et des for-mations plus générales (alphabétisa-tion, cours d’hygiène, d’arts ména-gers, d’économie familiale). Parailleurs, les enfants font l'objet d'unegrande attention. comme l'explique ledirecteur du Centre : “nous avons fait,

et nous continuons à faire, des effortspour que les enfants soient bien for-més et en bonne santé”, grâce à l’éco-le primaire “Frère Pablo” et le nou-veau jardin d’enfants “Frère Pedro”,tous deux liés au Centre.

C'est dans ce Centre que le projet CapTogo 2003 a pris sa place en août2003, dans le cadre du stage d’ouver-ture au monde professionnel. Le ma-tin était consacré aux tâches phy-siques : nettoyage et peinture dechapelles et d’écoles, plantationd’arbres pour lutter contre l’érosion,installation d’une bâche de protec-tion, mais aussi travail dans leschamps avec les stagiaires du Centreet, moins physique, des animations aujardin d’enfant et à l’école primaire.Les après-midi étaient consacrés à desactivités dites "de longue haleine" :une heure d’alphabétisation pour lesadultes stagiaires et deux heures decours de vacances pour des collégiensvolontaires, dont certains faisant par-fois plus d’une dizaine de kilomètresà vélo pour venir ! Au total, une cin-quantaine de collégiens, répartis parniveaux, assistaient chaque jour auxdeux heures de cours, l'une, de fran-çais et l'autre, mathématiques.Cap Togo 2003 a aussi été l'occasion

de rencontrer des associations localespour mieux comprendre les difficultésdu développement de la région. Elle aété l'occasion de découvrir une autreculture, une autre société et un peuplechaleureux et accueillant qu'il fautcontinuer à soutenir. Actuellement, lesperspectives sont doubles. La premièreconsiste à approfondir les contactsdans la région de Dapaong, afin d'ai-der les populations locales à formulerdes souhaits concernant des projets deplus grande envergure. La seconde estde permettre à d'autres élèves de pre-mière année de l'ENSAE de partir àleur tour effectuer leur stage de décou-verte du monde professionnel au Togo.

Jérémy Rigaux(ENSAE 2ème année)

Photo : Jérémy Rigaux

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L’ASSOCIATION

9Numéro 23 - novembre 2003

Frère Felipe, dans un français à consonances espagnoles et afri-caines, disait souvent : “l’important dans un premier voyage huma-nitaire comme le vôtre n’est pas ce que l’on a accompli ou ce quel’on a laissé mais ce qui se passe en vous et de ne pas être mala-de.” Cette phrase laisse songeur. Alors que nous acceptons de nouspasser de notre confort quotidien pendant un mois pour venir enaide aux populations n’ayant pas nos facilités de vie, le directeurdu centre que nous venons aider nous dit que cet apport n’est passi important ! Un peu comme si nous acceptions de nous passerd’eau chaude, d’électricité, de téléphones, de musiques et du res-te, pour rien. Tant que j'étais en Afrique, j’ai toujours cru que FrèreFelipe nous avait surtout dit ça pour que nous ne nous sentions pascoupable en cas de fatigue. Il faut bien reconnaître que les pro-blèmes de santé, de la simple coupure au paludisme, en passantpar la grippe, ne vous encouragent pas à prendre des risques !Nous avons tous eu la faiblesse, certains matins, de préférer resterau lit au lieu d’aller planter des arbres dans les champs, donner descours aux enfants et aux adultes ou repeindre des chapelles. Je ras-surais ma conscience en me disant que “l’important, c'est de nepas être malade”.

Revenu en France dans mon confort urbain et sauvé des maladies,la phrase de Frère Felipe a pris un sens différent : avant d’apporterson aide matérielle, c'est au côté humain qu'il faut s’intéresser.C’est une manière de dire qu’il faut aussi s’enrichir dans ce genrede voyage. Et je pense très sincèrement que l’Afrique et lesAfricains m’ont plus enrichi que je ne les ai, moi, enrichis, aussiparadoxal que cela puisse paraître.

Que s’est-il donc passé en moi ? Que signifie être étudiant dans unpays riche si, venant aider les habitants d’un pays dit en dévelop-pement, ce sont eux qui m’apportent, beaucoup plus que je neleur apporte ? Je pense que cela vient d’une conception différentede la vie. Sans vouloir engager un débat sur la conception de lavie, ni juger et encore moins critiquer notre monde occidental, ilme semble important de raconter leur conception de la vie, d'unefaçon partielle et contestable, mais telle que je l'ai ressentie. Nedit-on pas d'ailleurs que l’Afrique ne se raconte pas, mais se rêve ?Il ne s'agit que des mots, mais j’espère qu’ils vous toucheront au-tant que l’Afrique m’a touché.

La différence qui m'a frappé est le respect de la vie, peut-être parceque la mort, en particulier des enfants, est beaucoup plus présenteque chez nous. Un Togolais donne vraiment l’impression que lefait de vivre suffit à rendre heureux. La vie est un cadeau. Certes, il

n’a souvent pas les moyens de profiter de nos loisirs et de notreconfort mais il ne le dénigre pas. Beaucoup rêvent d’aller un jouren France, d’avoir une voiture, une télévision mais ils font la partdes choses et ces absences ne semblent pas les affecter, comme s'ilsuffit de vivre pour tenir le bonheur. Et celui-ci s'affiche ! Au Togo,le vieil adage pour vivre heureux, vivons caché n’existe pas. LesAfricains partagent, ils partageaient avec nous leur bonheur devivre, le plus souvent par le sourire. J’appréhendais un peu le racis-me mais : “Peu importe que tu sois blanc et que je sois noir. Nousrespirons le même air, nous regardons le même ciel et nous avonsle même soleil.” Et l’Afrique m’a souri. Un sourire particulier. Unsourire inoubliable. Une Française qui a fait le voyage avec nous aeu l’impression de voir des sourires pour la première fois. Je croisqu’elle a raison. Les Africains sourient mieux que les Européens etc’est très agréable d’avoir dans son esprit le sourire d’un enfantTogolais.

Le rapport au temps est aussi très différent. Lorsque deux Africainsse donnent rendez-vous à 14 heures, c'est à partir de 14 heures.S’il l’un d’eux arrive à 18 heures, il n’est pas en retard, ce qui, cheznous, serait impensable. J’ai longtemps cru que, n’ayant qu’unevie, je me devais d’accomplir le maximum de choses dans letemps qui m’était imparti. Au Togo, le temps n’a pas vraimentd’importance. Seule la vie compte. Ce que l’on fait n’est pas l'es-sentiel, c’est ce que l’on est.

Mais, même si je souhaiterais pouvoir dire comme un enfant ren-contré sur place qu’au Togo : “tout le monde est gentil et tout lemonde est beau”, ce n’est évidemment pas le cas. Tout n’est mal-heureusement pas idyllique. L’actualité se charge trop souvent denous le rappeler. Il y a le racisme, par exemple. Certains Africainsont du mal à accepter la présence de blancs ; d’autres, celle desautres ethnies. Je n’ai pas vu ces marques de racisme, mais lesfrères espagnols ont dit qu’elles existaient. Il serait hypocrite de mapart de soutenir que le racisme n’existe pas au Togo parce que jene l’ai pas vu, l’être humain a déjà prouvé de quoi il était capable.

Enfin, je crois qu’il faut aussi parler de la misère dans laquelle vit lamajorité des Togolais. Un simple savon est une denrée rare. La plu-part des vêtements que les familles du Centre portent vient desdons faits par l’Europe. Ces vêtements sont rapidement sales et dé-chirés. L’eau n’est pas vraiment potable, les villes sont souvent trèsmal entretenues. Le paludisme fait des ravages, surtout chez les en-fants. Les conditions d’hygiène déplorables des Togolais les ren-dent très vulnérables à certaines agressions, en particulier les yeux.Une simple poussière dans l’œil a trop souvent d’énormes consé-quences, allant jusqu’à la cécité. Les chiffres donnés sur le déve-loppement humain sont explicites, les conditions de vie ne sontpas très tentantes. Et pourtant, les Africains ne s’en plaignent pas.

Quand je compare mes ballades parisiennes et mes ballades afri-caines, ce n’est pas l’absence totale de similitude entre les panora-mas qui dépayse le plus, mais les personnes que l’on rencontre. Làoù nous nous croisons dans la plus totale indifférence en France,l’Africain, quel que soit son âge, nous saluera et nous sourira. Onpourra toujours me dire ironiquement que cela vient du fait queleurs routes sont moins fréquentées que les nôtres, je resterai per-suadé que c’est une manière pour eux d’exprimer leur joie de vivreet de la partager avec nous. C’est vrai que notre groupe a eu lachance d’être accueilli dans un petit coin de paradis, sans mêmeperdre un coin de parapluie … Etre touché par ces sourires et cesjoies de vivre, être conquis par l’Afrique comme je l’ai été, c’esttout le mal que je vous souhaite chaleureusement.

Sylvain Mougel témoigne…Photo : Jérémy Rigaux

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Variances10

Alumni’s Cup : ecoutez votre cœur !

L’ASTEC organise la 1ère édition de l’Alumni’s Cup. En octobre 2003, l’ASTEC a décidéde lancer une manifestation nautique réunissant les principales associations d’anciensdes Grandes Ecoles. Dans son numéro de novembre 2003, Variances vous présentait leprincipe de cette course originale : l'Alumini's Cup. Le point à un mois de la premièreédition de cet événement inédit.

Régate au format original, mixantcourse en flotte et match-racing,l'Alumni's Cup se déroulera en deuxtemps :

1) Les 5 et 6 juin, les huit Teams s’af-frontent en course en flotte. Les résul-tats du week-end déterminent le posi-tionnement dans le tableau final selonune logique de « tête de série ». Levainqueur de cette première phase sevoit décerner le Trophée Rodrigue.

2 ) Les 19 et 20 juin, les concurrents serencontrent en duels de match-racingà élimination directe (sur le modèle dela Coupe de l’America) pour désigner,en finale, le « champion 2004 des an-ciens des Grandes Ecoles ».

Un plateau prestigieux et une cause à défendre

Arts et Métiers, ENA, ENSAE, ESCP-EAP,ESSEC, HEC, Polytechnique, SciencesPo. Ce plateau prestigieux de 8 Teamsd’anciens courant chacun pour leurEcole se réunit pour soutenir le combatde l’association Mécénat ChirurgieCardiaque dont la marraine n’est autreque la célèbre navigatrice CatherineChabaud, instigatrice du projet « Uncœur, une voile » dans lequel s’inscritcette course d’un genre nouveau.

L’association Mécénat ChirurgieCardiaque a été créée par le profes-seur Francine Leca et Patrice Roynetteafin de permettre aux enfants défavo-risés atteints de malformations ducœur d’être opérés lorsque cela estimpossible dans leur pays d’origine.Depuis 1996, près de 700 enfants sontvenus en France. Ils ont été accueillispar des familles d’accueil bénévoleset opérés à l’hôpital Necker. Ils ontainsi pu repartir chez eux guéris, prêtsà prendre un nouveau départ.L’objectif de l’Alumni’s Cup en 2004est donc de collecter un maximum dedons en portant haut les couleurs del’Association, pour sauver la vie d’unenfant au moins.

Dès l’automne nous vous parlions,dans Variances (n°23), de la constitu-tion progressive du Team ENSAE.Certains se sont manifestés spontané-ment pour rejoindre l’équipage etprendre part aux équipages, d’autresont répondu à l’appel par courriel lan-cé en novembre (cf. le témoignage dePaul Demey en encadré).

En entrainement dès l’hiver

Encadré par Sébastien Petithuguenin(ENSAE 2001), vainqueur du TrophéeAtlantique 2003, le Team ENSAE s’estentraîné à un rythme soutenu tous les

L’équipage du team ENSAESébastien Petithuguenin (ENSAE 2001) sera le skipper de l’équipe d’an-ciens élèves qui défendra les couleurs de l’ENSAE. Après avoir gagnéavec e-racing une étape sur le Tour de France à la voile en 2002,Sébastien a remporté avec l’équipage Paprec Recyclage le TrophéeAtlantique 2003. Capitaine de l’équipe UNCL-Paprec à l’Admiral’s Cup2003, il est cet année tacticien sur Nantes-Saint-Nazaires, en préparationdu Tour de France à la Voile 2004. Mais l’équipage du Team ENSAE, ce sont avant tout de jeunes anciens qui sesont entraînés tout l’hiver au Havre dans le cadre des activités de e-racing.En font partie : Paul Demey (CESS 1999), Fabien Toutlemonde (ENSAE1999), Claire Pagès et Frédéric Gilli (ENSAE 2000), Romuald Elie et YaëlZlotowski (ENSAE 2002), Michel Biela et Maxime Chodorge (ENSAE 2003).

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11Numéro 24 - mai 2004

L’ASSOCIATION

quinze jours durant l’hiver, au Havre.Rejoins en février par le Team SciencesPo, les équipiers ont tourné très réguliè-rement, dans des conditions climatiquessouvent exigeantes, pour se préparer àdéfendre au mieux les couleurs des an-ciens de l’ENSAE en juin prochain, avecpour objectif affiché la victoire finale. Al’heure où nous écrivons, les bookma-kers ont d’ailleurs fait du Team ENSAE lefavori de l’épreuve !

La course aux dons, pour Mécénat Chirurgie

Cardiaque

Ils sont prêts à tout donner, mais vouspouvez les aider très concrètement à re-lever le défi. Parallèlement à la régate àPornichet s’organise la « Course auxdons » sur le site Internet de l’Alumni’sCup. Vous pouvez « parier » sur le TeamENSAE par des dons versés directementà Mécénat Chirurgie Cardiaque. Chaqueéquipage se confronte donc égalementaux autres sur ce plan : parvenir à col-lecter le plus de dons possible. Ces donsont un impact très direct sur le déroule-ment de la régate : les équipages ayantcollecté le plus de dons seront systéma-tiquement avantagés en termes de prio-rité sur le plan d’eau, selon une règleneuve introduite par l’Alumni’s Cup : la« règle du 6ème homme ». Les navi-gants seront 5 à bords durant lesmanches de régate. Vous, lecteurs, an-ciens élèves de l’ENSAE, vous êtes ce6ème homme. Vous pouvez faire pen-cher la balance, comme sait le faire lepublic lors du Debating, en faveur duTeam ENSAE. Mais surtout en faveur desenfants qui seront sauvés par vos dons àMécénat Chirurgie Cardiaque.

Fabien Toutlemonde(ENSAE 1999)

Paul Demey témoigne…« En novembre dernier, le Staff Alumni a envoyé, par mail collectif, un appel aux anciens de l’ENSAE pour recru-ter des équipiers (même peu expérimentés comme je l’étais). J’ai voulu essayer un week-end d’entraînement auHavre, malgré l’idée qu’on se fait de la météo normande à cette époque de l’année (et sur laquelle je suis d’ailleursrevenu par la suite). Départ le samedi matin à l’aube (et même bien avant) et c’était parti pour deux jours intensifs:premiers essais le samedi et régate le dimanche. Tout le monde vous le dira, le plus impressionnant dans les ré-gates, c’est le départ. Surtout parce que les bateaux se frôlent, de très près…Depuis, on s’entraîne deux, voire trois fois par mois, et le Team ENSAE s’approche de la saison des régates avecimpatience : d’abord le célèbre Spi Ouest-France à la Trinité-sur-Mer, capitale de la voile, puis l’ultime défi,l’Alumni’s Cup. Enfin, chose importante dans l’équipe, la troisième mi-temps se passe toujours très bien ! »

Embarquez avec le Team ENSAEen envoyant vos dons à

MECENAT CHIRURGIE CARDIAQUE

Pour plus d'information et vous inscrire à la newsletter :[email protected] et sur

www.alumniscup.org

Contact : Fabien Toutlemonde

06 33 28 43 [email protected]

Soyez le 6ème homme à bord

De gauche à droite : Paul Demey, Claire Pages, Fabien Toutlemonde, Maxime Chodorge"

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Variances12

Création d’Ensae Solidaire

Eduquer, Nourrir, Soigner, Aider et Eveiller. Le 30 janvier 2004 s’est tenue l’assemblée générale constitutive d’ENSAE Solidaire, association reliée à l’association des Anciens del'ENSAE. Quels sont sa genèse et son objet ?

L'association des Anciens de l'ENSAEa successivement soutenu plusieursprojets à vocation humanitaire initiéspar des élèves ou des anciens élèvesde l’ENSAE comme Cap Togo, Courantsde Femmes ou Alumni’s Cup. Le faitque des élèves et anciens élèves adres-sent des demandes de soutien àl’ASTEC et que celle-ci ait démontré sacapacité à y répondre, ont fait naîtrel’idée de créer un système d’appui etd’aide plus structuré, capable d’ac-cueillir de nouveaux projets. Fabien Toutlemonde, membre du Conseilde l’ASTEC, a réussi à mobiliser des an-ciens élèves de l’ENSAE pour fonder cettestructure. La vocation d’ENSAE Solidaireest ainsi d’encourager et de soutenir desprojets et des initiatives d’élèves ou an-ciens élèves de l’ENSAE, dans les champsde l’action sociale et humanitaire ens’inspirant du sigle de l’école pour définircinq mots clé : Eduquer, Nourrir, Soigner,Aider et Eveiller.

L’objectif d’ENSAE Solidaire n’est passeulement le soutien financier auxprojets, mais aussi et surtout leur ac-compagnement. L’association s’effor-cera ainsi de favoriser la réalisationdes projets qu’elle soutient par untravail de relais et de mise en relationavec des élèves et anciens élèves,des organismes, des entreprises ouadministrations mais aussi des mé-dias susceptibles d’être intéressés.Quels sont concrètement les moyensd’action de l’association ? Des publi-cations papier et sur internet, desconférences, de la communication à

l’école et dans le réseau des anciens,des groupes d’études et, en toile defond, tout ce que peuvent apporterles liens avec l'ASTEC. Lien humain,d’abord, puisque tout ancien élève àjour de sa cotisation annuelle auprèsde l ’ASTEC est de fai t membred’ENSAE Solidaire. Lien financier en-suite puisque l'ASTEC fournit unbudget annuel de fonctionnement àENSAE Solidaire qui, en échange, luirend régulièrement compte de l’étatde ses activités et de ses finances.Lien institutionnel pour terminer,puisque le président en exercice del’ASTEC, aujourd’hui FabriceWilthien, est aussi président d’hon-neur d’ENSAE Solidaire.Aujourd’hui, les structures de base del’association sont prêtes. Le bureau estcomposé de trois personnes: FabienToutlemonde est président et respon-sable de l’interface avec l’ASTEC,Nathalie Fourcade (ENSAE 1999) esttrésorière, et Laure Turner (ENSAE2001), secrétaire générale. Le conseild’administration s’organise ensuite entrois pôles.

•Le pôle PILOTE est chargé de la recherche, la sélection,

l’évaluation et l’accompagnement de projets. Il est constitué par Thomas Bossuroy (ENSAE 2002) et Yaël Zlotowski (ENSAE 2001).

•Le pôle OUTILS a pour but de mettre en œuvre des moyens pour faciliter la réalisation des projets soutenus par l’association. Il est constitué de Fabien Dell (ENSAE 2002), Jérémy Rigaux, par ailleurs médiateur au près de l’administration de l’ENSAE, et Yaël Zlotowski.

•Le pôle FINANCEMENT a pour but de rechercher des financements externes et des partenaires pour ENSAE Solidaire.Il est dirigé par Pierre-Marie Debreuille (ENSAE 1999).

Un site Internet est en cours de réalisa-tion. Pour le moment, vous pouvezconsulter la page consacrée à ENSAESolidaire au sein du site de l’ASTEC (ru-brique Clubs). N’hésitez pas à formulervos questions, à proposer des projets, ànous soutenir ou nous rejoindre en écri-vant à [email protected].

Jérémy Rigaux(ENSAE 2ème année)

Adhérez à ENSAE SolidaireMontants des cotisations• Membres :

- Membres ASTEC (cotisation à jour) : pas de cotisation supplémentaire- Anciens élèves de l’ENSAE non membres de l’ASTEC : 30 euros- Elèves ENSAE : 10 euros

• Membres solidaires (sans droit de vote) : 30 euros".

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L’ASSOCIATION

1 - UNE RÉALITÉ QUI JUSTIFIE NOTRE ACTION.Près de 1 enfant sur 100 naît avec une malformation ducœur…Dans le monde, des milliers d’enfants sont atteints de malforma-tions cardiaques graves. Qu’elles soient d’origine infectieuse oucongénitale, ces maladies sont souvent mortelles. Seule la chirur-gie peut les sauver. Ce traitement existe, il fait appel à des tech-niques médicales très pointues, rodées, mais extrêmement coû-teuses. De nombreux enfants ne peuvent être opérés pour desraisons essentiellement financières. En France, l’équipe deMécénat Chirurgie Cardiaque Enfants du Monde apporte une ré-ponse. Elle agit pour mobiliser les volontés et apporter la vie à cesenfants. Le Professeur Francine Leca, Chef du Service de ChirurgieCardiaque de l’Hôpital Necker, et Patrice Roynette, ont initié cettechaîne de solidarité exceptionnelle d’efficacité et de dévouement.

2 - LA VOCATION DU MÉCÉNAT CARDIAQUE. Faire face à l’urgence et agir sur le long terme…Mécénat Chirurgie Cardiaque Enfants du Monde se mobilise en fa-veur de ces enfants. Quand ils ne peuvent bénéficier des soins né-cessaires à leur état dans leur pays d’origine, nous les prenons encharge et finançons leur opération et leur séjour en France (1 moisenviron). Dans le souci de pérenniser cette action, nous dispen-sons une formation à des chirurgiens étrangers à l’Hôpital Necker,à Paris. Ils acquièrent des connaissances techniques dans l’espoirde pouvoir, un jour, traiter les enfants sur place.

3 - FINANCEMENT ET FONCTIONNEMENT.Aidez-nous à continuer dans cette voie...La chirurgie cardiaque est une spécialité médicale très coûteuse(1524euros/jour d’hospitalisation en service spécialisé). Grâce auxefforts de nos bénévoles, à l’aide de nos mécènes et à la participa-tion de nos partenaires, le séjour d’un enfant nous revient à environ 7700 euros...

4 - RÉSULTATS ET OBJECTIFS.Nous recherchons des nouveaux donateurs et des famillesd’accueil (Paris et RP).360 enfants ont été opérés grâce au Mécénat Cardiaque depuis1996. Pour répondre aux nombreuses sollicitations que nous recevons du monde entier, nous avons besoin de vos dons et nous recherchons de nouvelles familles d’accueil (Paris et RP). MERCI A TOUS !

BULLETIN DE SOUTIENA compléter et à retourner à l’Association Mécénat Chirurgie Cardiaque Enfants du Monde

Service du Professeur F. Leca Hôpital Necker 149, rue de Sèvres 75015 PARIS • Tél. 01 49 24 02 02

De la part de :..................................................................................................................................................................Adresse : ..........................................................................................................................................................................Code Postal : .......................................Ville : ...................................................................................................................

Oui, je souhaite apporter mon soutien aux enfants cardiaques,je vous adresse un chèque d’un montant de ..............................Euros(libellé à l’ordre de Mécénat Chirurgie Cardiaque - Enfants du Monde)

Mécénat Chirurgie Cardiaque Enfants du Monde est reconnue de bienfaisance donc assimilée fiscalement à une Association reconnue d’utilitépublique. Votre don est déductible à hauteur de 60% pour un montant plafonné à 315 Euros. Au delà, la déduction est de 50% des sommes ver-sées dans la limité de 6% de vos revenus imposables, pour les particuliers. Pour les entreprises, 100% du montant du don sont déductibles du résultat imposable dans la limite de 3,25°/°° du chiffre d’affaires.

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Brèves de l’association

14 Variances

Les vendredis financiers de l’ENSAE

Le Club Finance a lancé avec suc-cès, sous l'impulsion de DominiqueGribot-Carroz (ENSAE 1996) lesVendredis financiers de l’ENSAE. Ilsproposent ainsi des opportunités ré-gulières de rencontre autour de pro-fessionnels de haut niveau, majori-tairement des ENSAE appartenantau management d’institutions finan-cières européennes qui éclairentainsi de leur expérience et de leurexpertise un sujet d’actualité ou defond. Le principe est celui d’un ren-dez-vous mensuel régulier pour dé-battre sur un thème financier, au-tour d’un invité qui s’exprime puisrépond à vos questions. Pour plusde convivialité, le débat s’effectue àl’occasion de petits déjeuners, cock-tai ls ou déjeuners au centre deParis.

Le 27 février, Olivier Robert de Massy(ENSAE 1975), directeur général ad-joint de la Fédération BancaireFrançaise a inauguré les Vendredis fi-nanciers devant une vingtained'Anciens, à l'occasion d'un petit dé-jeuner à la Maison des Essec. Aucentre des discussions : la réformesociale dans le secteur bancaire :quels enjeux et modalités en Franceà l'heure où les entreprises bancairesanticipent de nouvelles mutations,liées à des facteurs sociaux, démo-graphiques, technologiques, régle-mentaires, etc.

Le 19 mars, George François (EN-SAE 1974), secrétaire générald’Euronext, a pris le relais au salonLadurée, rue Royale, sur le thème del'intégration des marchés financierseuropéens. Où en est l'intégrationdes marchés financiers en Europe ?Quels en sont les prochaines étapes

et les enjeux, notamment en termesde compétitivité des places finan-cières européennes ?

Egalement programmée : RoselyneBachelot-Narquin, ministre de l'éco-logie et du développement durable,le 23 avril sur le thème des institu-tions financières et des défis environ-nementaux : où sont les priorités,quels sont les vrais enjeux ?

Le programme complet des manifes-tations est disponible sur le site del'association. Vous retrouverez égale-ment des informations sur les mani-festations organisées par les associa-tions partenaires, notamment le ClubBanque Assurance de Dauphine.Pour participer, une inscription préa-lable est nécessaire. Elle s’effectuepour chaque événement auprès dusecrétariat de l’ASTEC ou sur le siteinternet. Les événements sont payants.

Adhérez à ENSAE SolidairePour vous inscrire ou vous informer, écrivez à [email protected]

Montants des cotisations• Membres :

- Membres ASTEC (cotisation à jour) : pas de cotisation supplémentaire

- Anciens élèves de l’ENSAE non membres de l’ASTEC : 30 euros

- Elèves ENSAE : 10 euros• Membres solidaires (sans droit de vote) : 30 euros

EduquerNourrirSoignerAiderEveiller

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L’ASSOCIATION

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Succès pour la remise des diplômes

L'Association des Anciens de l'Ensae aorganisé le 24 octobre dernier une cé-rémonie de remise des diplômes à lapromotion 2003, en présence de M. Christian Sautter, parrain de la pro-motion. Les jeunes diplômés et leurfamille sont venus en nombre dans legrand amphithéâtre de ministère del'économie et des finances. La céré-monie s'est déroulée dans une am-biance bon enfant, grâce à l'aide dubureau des élèves sortant et à l'hu-mour inaltérable du parrain de la pro-motion. Il a été suivi d'un buffet offertpar l'association. Devant son succès,

la cérémonie devrait être reconduitel'an prochain. Des extraits vidéo de lacérémonie sont téléchargeables surnotre site oueb.

La remise des diplômes a aussi étél'occasion de récompenser lesmeilleurs groupes de travail 2003,pour leurs qualités techniques et l'ap-port de leur contenu au thème qu'ilsreprésentent, en économie, en statis-tiques ou en finances.

Le prix du meilleur GT (1000 euros) aété décerné à David Sraer pour sonmémoire intitulé : Les entreprises fami-liales sont elles vraiment inefficaces ?Le prix du GT de Finances/Stats a été

décerné à Johann Rivalland et ThibautTirolien pour leur mémoire intitulé :Options barrières : couverture statiqueet risque de modèle.Le prix du GT d'Economie a été dé-cerné à Arnaud Degorre et JulienGrenet pour leur mémoire intitulé : Les entreprises qui réduisent leurs ef-fectifs améliorent-elles leurs performances économiques (1991-2000) ?

Les mémoires primés sont téléchargeables sur

notre site oueb.

A l'occasion de la cérémoniede remise des diplômes de

2003, l'Association desAnciens de l'Ensae a fait

réaliser des polos ENSAE :

POLO RUGBY GRISJERSEY 240 G/M2

100% COTON TAILLE M, L OU XL

Les polos sont en vente surnotre site oueb (ou sur demande

adressée à l'association. Leprix unitaire est de 20€ (30€

pour les non membres).

L’Assemblée Générale 2004aura lieu le jeudi 17 juin 2004

au sommet de la Tour Montparnasse !

venez nombreux !• Si vous souhaitez faire acte de candidaturepar mail : [email protected] ou par courrier :Karine Pain, Astec-Ensae, 3 Avenue PierreLarousse 92240 Malakoff.

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Brèves de l’école

Débating

C’est un Amphi 1 comble qui était eneffervescence jeudi 11 mars malgrél’heure tardive pour des réjouissancesmoins « stochastiques » et « log-nor-males » qu’à l’accoutumée: mais quiaurait manqué l’événement majeurde l’année, la demi-finale duChampionnat de joute oratoire enlangue anglaise ?L’équipe de l’X emmenée par RaphaëlBerger a tenté de convaincre l’assis-tance que « the media get a bad press(and should not) » : un déluge demauvaise foi, un raisonnement bardéde syllogismes peu convaincants, etdont la clef de voûte consistait à pré-tendre ni plus ni moins que le cer-veau de 90% de l’assistance étaitrempli de « junk » ! Shocking ! Fort heureusement l’équipe del’ENSAE a su une fois encore exhibertout le talent d’une école déjà troisfois championne de Debating : articu-lant avec brio des arguments de bonsens, maniant la parabole publicitaireavec talent, Baptiste Beaume, ElodieJosnard, Sumudu Kankanamge, YannRenoux et Nicolas Spie nous ontconvaincus avec une virtuose élo-

quence que le comportement de lapresse n’appelait qu’une réaction : « it’s unacceptable ! ». Et c’est avec raison que l’assistances’est, en toute objectivité et indépen-damment de la forte représentationde l’ENSAE, majoritairement ralliée àeux pour rejeter cette motion absur-de. C’est pourquoi on ne peut qu’êtrepantois devant la décision incompré-hensible du jury qui dans un momentd’égarement a accordé la victoire àl’équipe de l’X. A ne pas en revenir, àen être abasourdis, à en être tout sim-plement flabberghasted.

Guillaume Lacôte (ENSAE 2002)

Novembre à Amsterdam

Cet te année, le voyage àAmsterdam s’est déroulé du 7 au 9novembre 2003. Le voyage en car,à l’aller comme au retour, s’est faitde nuit, avec les petits désagré-ments que ce la compor ten tpuisque certains n’ont pas beau-coup dormi pendant ces trajets…Après le pet i t déjeuner au MacDonald offert par l’Astec, tout lemonde s’est dispersé dans la ville,les uns vis i tant les musées, lesautres s’attardant dans les coffeeshops, tous découvrant la ville etson charme si particulier, avec sespetits canaux et ses ruelles. Le sa-medi soir a été l ’occasion pourcertains de visiter le quartier rou-ge et pour d’autres de goûter àl’ambiance des nuits hollandaises.Nous avons été logés dans une au-berge de jeunesse très agréable,en plein cœur de la vi l le , avecune population de jeunes de plu-sieurs nationalités. Après un petitdéjeuner qui a permis de regrou-per tout le monde, chacun est re-par t i à ses occupat ions , en es-sayant de faire ce qui ne l’avaitpas été la veille. Cette brève esca-pade en Hollande a permis auxélèves de partir ensemble pour dé-couvrir, à un prix abordable, unecapitale européenne, dans unebonne ambiance, tout en laissantà chacun son autonomie. Bilanpositif, donc !

Julien Gorintin(Bureau des élèves)

16 Variances

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VIE DE L’ÉCOLE

Février au ski

Dans la semaine du 30 janvier au 7 fé-vrier, 92 élèves ont participé au voyage“Ski” dans la station des Deux Alpes, or-ganisé avec le tour operator Golden, quia fourni les cars, les forfaits pour les re-montées mécaniques et les logements, enappartements de 3, 4, 5 et 7 personnes. Deux cars ont été mobilisés pour ledéplacement, là encore avec desvoyages de nuit qui n’ont pas fait quedes heureux… Une semaine où le so-leil a été présent du début à la fin duséjour – enfin, sauf la tempête de nei-ge du dernier jour. La neige, tombéeen abondance avant notre arrivée, abien résisté et les pistes vides, grâce àl’absence des vacanciers scolaires,nous ont permis de profiter au maxi-mum de cette magnifique station. Ski, snowboard, patinettes ou reposétaient au programme de ces journéesqui commençaient à l’ouverture despistes pour les plus valeureux et plustard, voire pas du tout, pour les fêtardsde la veille ou pour ceux qui nes’étaient pas remis de leurs chutes àrépétition. Mais les seuls petits acci-dents à déplorer ne sont que quelquescoups de soleil… Le soir, animationsvariées avec une course de luge, letrio relaxant sauna/jacouzi/hamam, leduo savoyard raclatte/fondue, les sor-ties dans les bars et les boîtes de nuitde la station et un pot pour se rassem-bler autour d’un vin chaud. Une se-maine très bon esprit donc, dont cha-cun a pu profiter à sa façon.

Julien Gorintin(Bureau des élèves)

En mars…

Le Gala à la galerie, le 19 mars : unenuit pour rassembler les formationsd’actuariat de la France entière, avecsoirée dansante ponctuée de nom-breuses animations : DJ guest, magi-cien, silhouettiste, massages, tatoua-ge, bar à thèmes. Le Festiv’Act !

Les réussites de l’équipe de voile del’ENSAE qui s’est qualifié successive-ment pour la f inale de bassin en

Méditerranée et en Atlantique, suiteaux sélectives d’Antibes et de laRochelle pour la coupe de l’Armorica.

Le “Debating” dans la langue deGoethe. Après une victoire dans lademi-finale de la joute oratoire en al-lemand qui l’opposait à Centrale,l’ENSAE rencontrait l’ENA en finale,le 31 mars, au Goethe Institut.

A suivre dans le prochain numéro.�

17Numéro 24 - mai 2004

Photo : Stéphane Jugnot

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Olivier Lecler, Directeur Général Adjoint de Boursorama, ENSAE 1992

“ Varier le plus possible les expériences, sans crainte des ruptures culturelles”

Un début de parcours classique à l’Insee

Commençons par mon parcours etma formation. Je suis entré à l’ENSAEen 1990 après avoir fa i t l ’EcolePolytechnique. Je suis donc sorti del’ENSAE, dans le corps de l’Insee, en1992 comme administrateur et jesuis rentré à l’Insee où j’ai passé autotal 4 ans.

J ’ai commencé par deux ans à lacomptabilité nationale où je m’oc-cupais des secteurs dits « à compta-bilité complète »: institutions finan-cières, assurances, comptabilité del’Etat, les administrations publiquesd’une façon générale et les GrandesEntreprises Nationales, les fameuses« GEN » (je vous passe la liste, maiscitons à titre d’exemple Air France).Ces deux années m’ont beaucoupplu intellectuellement parce que lacomptabilité nationale est une belleconstruction, que l’on utilise dansde nombreux domaines sans tou-jours en connaître la genèse : pour-quoi et comment on utilise tel ou telconcept, d’où cela vient et quellesréflexions il peut y avoir derrière.Construire un modèle qui essaied’appréhender l’ensemble de l’éco-nomie, c’est cela qui me paraît as-sez remarquable. J’ai en plus eu lachance d’arriver à un moment clefqui est le changement de base – labase 1990 à l’époque – ce qui ren-dait le travail très intéressant parce

qu’il y avait toute une réflexion surl’évolution des cadres conceptuelsde la comptabilité nationale, maiségalement sa mise en œuvre. C’estun point que je voudrais souligner :la conception est une chose, mais ilne faut pas négl iger non plus lagestion pratique de « comment onfait ? ».

Après ces deux années à la compta-bilité nationale, je suis passé au dé-partement de la conjoncture, dirigéalors par Alain Chappert. Là, je suisarrivé dans quelque chose de toutaussi intéressant, mais de vraimenttrès différent : il s’agissait non plusde construire le chif f re, mais del’utiliser pour construire le discourséconomique, puisque j ’é ta is encharge de ce que l’on appelle la“synthèse conjoncturelle”. C’est unposte où l’on participe aux quatreNotes de Conjoncture annuelles, oùl’on apprend beaucoup de chosespar nature : le bouclage du scénariomacro-économique de court terme,mais également l’élaboration des“Dossiers”, ces études opération-nelles techniques dont nous lan-cions alors la publication dans laNote de Conjoncture. Il fallait arri-ver à faire travailler des gens quin’étaient éventuellement pas du ser-vice, des chercheurs par exemple,puis transformer leur travail pour lerendre intelligible pour le grand pu-blic. Ce n’était pas évident, maistrès intéressant.

De l’administration au privé, une première

“rupture culturelle”Au bout de deux ans, je me suis posé laquestion de mon parcours profession-nel, passé et à venir. Je venais de fairequatre années à l’Insee, j’avais doncdeux options. La première consistait àcontinuer et à choisir une option « lour-de » pour faire une carrière entièred’administrateur, à l’Insee ou dansd’autres administrations, éventuelle-ment plus financières. L’alternativeétait d’essayer de partir dans le privé etde voir comment je m’y intégrais.

J’étais intéressé par la banque parceque c’était un secteur que j’avais suivilorsque j’étais à la comptabilité natio-nale. Et puis il y a eu le hasard : j’ai étéamené à discuter avec des gens de laSociété Générale, ce qui, après unelongue réflexion qui n’a pas été simple,m’a amené à me dire « je vais tenter lecoup, je vais passer dans le privé ». Jesuis donc parti à la Société Généraleoù je me suis retrouvé à la DirectionFinancière. J’y ai passé au total troisans et demi, de mi 1996 à la fin 1999.

Là, ce fut un très bon poste de transi-tion : je restais sur un poste en “cen-tral”, pas trop sur le terrain, ce qui estplutôt bien lorsque l’on vient de l’ad-ministration. Dans le même temps,c’était l’entrée dans un univers totale-ment différent, celui de l’entrepriseprivée et qui plus est d’une grande

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TÊTE D’AFFICHE

banque française. Beaucoup de dé-couvertes donc, mais aussi beaucoupde curiosité et d’intérêt intellectuelparce que j’y ai appris beaucoup dechoses. Je m’occupais essentiellementdes aspects “développement” de l’en-treprise. Développement interned’abord avec le suivi d’un certainnombre de gros projets sous l’angle fi-nancier et stratégique : s’assurer desgrands équilibres d’un projet, qu’il nedérape pas, qu’il a du sens. Mais jem’occupais aussi de développementexterne, et dans ce domaine j’ai beau-coup appris sur l’analyse de la crois-sance externe, avec des éléments plus« corporate » et surtout plus orientésvers la finance d’entreprise. Ce sontdes choses que je n’avais pas forcé-ment acquises avant, en tous cas pasde façon pratique.

J’ai également participé à l’un des mo-ments intéressants de la SociétéGénérale – difficile, mais très intéres-sant – qu’a été l’opération de rappro-chement avec Paribas, puis l’arrivéede l’offre de BNP sur Paribas et son ra-chat. C’était au milieu de mon posteet cela a vraiment été une périodepassionnante.

Une transition en internevers Fimatex

Comment cela s’est-il terminé, fin1999 ? Je suivais, parmi mon porte-feuille d’entités de la SociétéGénérale, l’entreprise Fimatex quiétait encore une petite activité decourtage en ligne pour particuliers –je dis cela sans intention péjorative.Le marché s’est mis à exploser com-plètement à peu près à ce moment-là,à partir de la mi 1999. Les choses ontcommencé à aller très vite avec l’en-gouement pour les nouvelles techno-logies et la bulle Internet : l’explosiondu marché aidant, Fimatex s’est vu re-gardée par des analystes financiersqui ont pris leur calculatrice et ont ditde cette petite entité qu’elle valaitquelques centaines de millions d’eu-ros. Dès lors, nous avons commencé ànous interroger sur l’intérêt qu’il pou-vait y avoir pour la Société Générale àcoter une petite entreprise commecelle-ci en Bourse : en connaître lavaleur, mais aussi lui donner lesmoyens de se développer. Le marché

du courtage en ligne était appelé à sedévelopper et il fallait donc que lesentreprises désireuses de se battre surce segment aient les moyens finan-ciers de le faire. Après une longue ré-flexion à la Société Générale, la déci-sion a été prise d’introduire Fimatexen Bourse.

C’est à ce moment-là que je suis passécôté Fimatex pour être directeur fi-nancier et préparer l’introduction enBourse de cette société, au nouveaumarché. Je suis arrivé en novembre1999, l’introduction en Bourse ayantfinalement été réalisée en mars 2000,suivant un « timing » parfait : si vousvous souvenez bien, le marchéconnaissait alors ses plus hauts histo-riques. Une semaine après l’introduc-tion en Bourse de Fimatex, le marchécommençait à flancher, c’était donctout juste!

Fimatex est une filiale de SociétéGénérale. Le passage vers Fimatexs’est donc fait comme une mutationen interne à la Société Générale, maisle fait est qu’aujourd’hui je suis souscontrat de travail avec Boursorama,anciennement Fimatex, et non avec laSociété Générale. C’est un point im-portant parce que Boursorama est unefiliale certes, mais qui n’est pas déte-nue à 100% par la Société Générale,qui est cotée en Bourse et a son exis-tence propre, même si il existe un ac-tionnaire majoritaire.

Le métier passionnant de Directeur Général

Adjoint d’une petite sociétécotée en Bourse

Depuis maintenant un an et demi, jesuis Directeur Général Adjoint deFimatex, devenu en 2002 Boursorama.Je suis chargé d’une part de superviserles aspects financiers et les aspectsdits de secrétariat général d’autrepart : juridique, contrôle interne et uncertain nombre d’autres fonctions spé-cifiques à un établissement de crédit.D’autre part je suis chargé de supervi-ser l’International, que je dirige : onest en France, mais on est égalementen Allemagne, au Royaume-Uni et enEspagne depuis peu de temps. Le suivide ces activités en particulier repré-sente un gros travail.

Ce travail est évidemment passion-nant, parce qu’il représente toute lavie d’une société cotée en Bourse,qui a eu les moyens de se dévelop-per, ce qui veut dire que nous avonsfait de la croissance externe avec no-tamment deux grosses acquisitions.Nous avons ainsi racheté à la mi2002 le site Boursorama – nous avonschangé notre nom en France pournous appeler maintenant BoursoramaSA, mais le nom Fimatex est toujoursutilisé, en Allemagne par exemple.Début 2003, nous avons par ailleursfait l’acquisition de Self-Trade quiétait un de nos vrais concurrents, si-non le principal concurrent deBoursorama en France. Nous avonsde ce fait eu en 2003 tout un travailde fusion des deux sociétés qui estaujourd’hui à peu près terminé.

Notre principale activité est le métierde courtier en ligne, qui génère 93%de nos revenus. A côté de cela, nousavons une activité dite de media, quiconsiste à exploiter la partie publiquedu site Internet Boursorama, celle àlaquelle vous avez accès sans êtreclient de Boursorama et sur laquellenous faisons de la publicité qui enconstitue l’essentiel du revenu. Cettepartie publique du site Internet noussert également de moyen de recrute-ment marketing : nos clients viennentpour l’essentiel par le biais du siteInternet qui est notre meilleur atout etnotre meilleur moyen de communica-tion vers les particuliers.

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Ce qu’apportent les changements de trajectoire

professionnelle

J’ai eu deux grandes « ruptures » cul-turelles : le passage de l’administra-tion à l’entreprise privée, puis celui dela Société Générale à Boursorama.C’est une vraie « rupture culturelle »parce que c’est passer d’une grandeosse maison aux revenus récurrents àune petite société comme Boursoramapour qui les revenus ne sont pas dutout aussi établis. Concrètement, noussommes passés par une période qui aété difficile, comme elle l’a été pourl’ensemble du secteur du courtage enligne. Nous avons très peu de revenusrécurrents : au 1er janvier, je ne peuxpas du tout dire avec certitude dequoi seront faits les revenus de l’an-née à venir de Boursorama, même sij’ai quand même quelques idées sur laquestion ! Cet aspect là change lepoint de vue et la culture d’entreprise,c’est certain.

Pourquoi j’ai changé par deux fois deroute, pourquoi m’être essayé à ces« ruptures culturelles » ? Il y a d’aborddes moments où les opportunités seprésentent, où le hasard intervient. Jene m’étais pas forcément dit au départque j’allais changer d’univers profes-sionnel au bout d’un laps de tempsdonné : le hasard, le cours des choses yont été pour beaucoup. A posteriori,c’est vrai que je suis plutôt content decet état de fait : quand j’ai démarré macarrière, je ne savais pas bien dans quelunivers et dans quelle culture d’entre-prise j’avais envie d’évoluer, c’est doncune bonne chose pour moi que d’avoirpu expérimenter trois univers qui ontleurs caractéristiques propres et dis-tinctes. Rétrospectivement, j’en suiscontent, cela m’a permis de voir ce quime plaisait ou non. Sans compter quecela m’aidera pour le futur, puisquechaque expérience m’a donné des re-pères qui me permettront de faire deschoix professionnels mieux éclairés.

Que retenir de ces années de formation initiale?

Pour l’avenir, je n’ai pas de visionclaire “à quinze ans”! Pour l’instant jesuis chez Boursorama, ça se passe trèsbien, j’y fais des choses passionnantes

et très variées. J’y suis très bien et pourle reste, on verra bien ! Je peux justedire que mon avenir professionnel se-ra très certainement dans le secteurbancaire et financier au sens large.Dans ce contexte professionnel là, lesenseignements de l’ENSAE m’ontbeaucoup servi – outre durant mes an-nées à l’Insee – à la Société Généraleparce que je suis arrivé avec un baga-ge qui n’est en fait pas très “com-mun”. A la Direction Financière de laSociété Générale, les gens, curieuse-ment, étaient assez peu scientifiquesde formation. Ils avaient davantage unprofil bancaire classique. Pour fairesimple : de type Sciences Po au dé-part, ils avaient souvent été sur le ter-rain dans d’autres activités de labanque avant et avaient une très bon-ne connaissance du métier, ce quin’était pas du tout mon cas. Mon ap-port, mon biais si vous voulez, étaitd’apporter une approche des pro-blèmes utilisant un certain nombred’outils techniques et économiques.

A la Société Générale, j’avais parexemple commencé par travailler surun bilan des travaux portant sur l’exis-tence ou non d’économies d’échelledans le secteur bancaire, selon une ap-proche d’économiste, impliquant del’économétrie. Très ENSAE donc. Là oùje me trouvais, il n’y avait que moi quipouvait regarder cela : mon passage parl’ENSAE me permettait de comprendreet de restituer les idées essentielles despapiers de recherches sur ces sujets.

Mais finalement, c’est mon passage àla conjoncture qui m’a le plus servidans la suite de mon parcours profes-sionnel. La conjoncture est un appren-tissage de la synthèse du chiffre pouren sortir un discours et produire dusens. Ce sont des choses qui m’ontbeaucoup servi par la suite à la SociétéGénérale et même ici, à Boursorama.Le métier de Directeur Financier estprécisément celui-là, notamment poursa composante de communication fi-nancière : des gens produisent duchiffre, qu’il faut comprendre pour lerestituer de manière à ce qu’il fassesens, pour expliquer quelles sont lesperspectives et le champ des possibles.

La comptabilité nationale enfin m’abeaucoup aidé, parce qu’elle propose

un cadre conceptuel et comptable trèsutile lorsque l’on se retrouve aux fron-tières de la comptabilité d’entreprise.La comptabilité nationale imprime unmode de pensée – même si lesconcepts ne sont pas les mêmes – quisert ensuite lorsque l’on est confrontéà des problématiques issues de lacomptabilité d’entreprise.

Garder un équilibre personnel

Il est très important de garder un équi-libre personnel à côté du travail, ce àquoi je veille. Je suis marié, j’ai deuxenfants et c’est très important. C’estvrai qu’aujourd’hui j’ai un peu mis ensourdine tout ce qui était activités ex-tra-professionnelles : je fais du sport,des choses comme ça, mais ça s’arrê-te là à cause de mon emploi du tempsprofessionnel, très prenant. Mais j’yreviendrais sûrement.

Pour terminer, si je devais donner unconseil ou un principe général auxjeunes diplômés de l’ENSAE, ce seraitd’essayer, durant les premières annéesde la vie professionnelle, de varier lesexpériences le plus possible. Je croisqu’il est assez rare de savoir, au sortirde l’ENSAE, ce que l’on aime faire etce que l’on a envie de faire. Cela peutarriver, et dans ce cas je trouve celaformidable, mais je pense que sou-vent on ne sait pas. On n’a pas au dé-part une idée très claire du mondeprofessionnelle, de l’ambiance danslaquelle on aime bien travailler – dansle stress ou non par exemple – du de-gré d’exposition que l’on va aimeravoir, de ce que l’on aime vraimentfaire ou pas – et en particulier est-ceque l’on aime le chiffre ou pas. Autantde choses que l’on ne découvre vrai-ment que sur le terrain. Le diplôme del’ENSAE offre un profil intéressant quiouvre beaucoup de possibilités qu’ilne faut pas hésiter à explorer. Au boutde quelques années, on commence ày voir plus clair et on peut alors s’en-gager dans une voie en toute connais-sance de cause et sans hésitation niregret, en se disant « c’est là-dedansque j’ai vraiment envie de persévé-rer ». Je recommanderais volontiersde faire ces expériences tôt, dès le dé-but de la vie professionnelle.

Propos recueillis par Fabien Toutlemonde (ENSAE 1999)

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Variances vous ouvre ses colonnes…

Profitez en !

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23Numéro 23 - novembre 2003

Trois ans, trois ans déjà que lesmarchés mondiaux vivent « l’aprèsbulle ». On aurait pu prédire desfaillites bancaires en chaîne, unmarasme durable ou une longueconvalescence d’un secteur tou-ché par un krach retentissant.Pourtant, il n’en a rien été. Certainsy verront les signes d’une purgequi n’a été que différée par despolitiques budgétaires expansion-nistes, des conditions monétairesextrêmement accommodantes,conduisant à un soutien artificielde nouvelles bulles. D’autres sa-lueront les profits records des ins-titutions financières et l’explosiondes marchés de dérivés de créditcomme l’émergence d’instru-ments permettant une meilleurediversification et couverture desrisques. En améliorant la complé-tude des marchés, de nouveauxacteurs auraient donc contribué àune allocation plus efficace descapitaux.

Certains métiers sont au cœur dece processus. Nécessitant à la foisculture économique, connais-sances techniques pointues en fi-nance mathématique, probabilitéet statistique, ils séduisent, parfoisfascinent, et sont un débouché na-turel pour les diplômés de l’Ensae.Qui sont donc les Credit PortfolioManagers qui ont accompagné ledéveloppement vertigineux desmarchés de dérivés de crédit ?Qui sont ces analystes dont la no-

tation peut faire basculer un coursde bourse et précipiter une crisede liquidité ? Quels rôles jouentles stratégistes au sein du proces-sus d’allocation d’actifs d’unegrande banque? Comment gère-t-on les risques d’une institution fi-nancière aujourd’hui ? Les années 2000 sont incontesta-blement marquées par une so-phistication toujours plus pousséedes métiers de la finance, parfoisvoulue par les législateurs ou ai-guillée par une course effrénée àl’innovation et à un certain mimé-tisme. Doit-on pour autant saluersans réserve cette technicisationcroissante ? Maîtrise-t-on tous sesenjeux et les risques qui y sont as-sociés ?

Pour certains, ce début de sièclecélèbre également 25 ans de déré-glementation financière et l’émer-gence d’un nouveau mode de ré-gulation centré autour desmarchés financiers. Ce « cœur »du capitalisme serait aujourd’huiporteur d’un nouveau projet fon-dé autour d’une « réussite indivi-duelle sans partage ». Instrumentde coordination efficace, il impli-querait aussi le choix d’une renta-bilité à court terme et à un hori-zon individuel, faisant peser surchacun des acteurs une lourderesponsabilité : s’en remettre à lasagesse du marché…

Benoît Bellone (ENSAE 2000)

• Le Credit Portfolio Manager,lien entre le monde du crédit,la gestion des risques et les marchés(Bertrand Lamoureux, Ensae 1998)........................23

• La notation des produits titrisés synthétiques : un métiersur mesure pour les ENSAE(Sébastien Cochard, Ensae1994)..................................26

• Gérer les risques bancaires :vers une sophistication maîtrisée(Paul Demey, Ensae 1999,Antoine Frachot, Ensae 1989,Gaël Riboulet, Ensae 1999)...........................................28

• Le Stratégiste, sondeur des marchés ?(Sébastien Doisy, Ensae 1996,Roland Lescure, Ensae 1992)...........................................31

• La finance est un sujet bientrop sérieux pour le soustraireau débat politique(François Hada, Ensae 1994)...........................................34

Sommaire

Nouveaux métiers de la Finance : nouvelles opportunités, nouveaux risques ?

DOSSIER

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Le Credit Portfolio Manager :lien entre le monde du crédit, la gestion des risques et les marchés

Bertrand Lamoureux (ENSAE 1998),Credit Portfolio Manager, Crédit Agricole Indosuez.

La gestion du risque de crédit1 vitdepuis plusieurs années une méta-morphose complète. Les premierstextes réglementaires mis en place"seulement" en 1988 (Ratio Cooke) sesont révélés très rapidement insuffi-sants car ils ne prenaient pas en comp-te le risque réel des opérations sous-jacentes. Parallèlement, les banques,échaudées par les crises successives,ont mis en place des approches quan-tifiées du risque de crédit : échelle denotation interne, approche RAROC etmodèles de portefeuille permettant decalculer le risque économique engen-dré par une transaction ou par une re-lation clientèle.

Un nouveau métier au cœur de la banque

Dans la continuité, la quasi totalitédes banques se sont alors dotésd’équipes de Credit PortfolioManagement (CPM) qui ont pour mis-sion l'optimisation dynamique du por-tefeuille de crédit au meilleur coût.Plusieurs fonctions principales peu-vent être identifiées :

• optimisation de l'utilisation du capital, qu'il soit réglementaire ou économique,

• reprofilage du portefeuille en travaillant simultanément à la réduction des concentrations et à l'amélioration de la diversification,

• support aux métiers,• gestion des risques individuels.

Cette optimisation s’effectue en « cé-dant » du risque (achats de couver-tures) ou en en « prenant » (ventes deprotections) via le marchés des déri-vés de crédit. Ce terme générique en-globe tous les instruments permettantle transfert du risque de crédit entredeux institutions. De façon standard,cet échange de risque est de plus réa-lisé de façon synthétique, c'est à diresans perturber la relation clientèle.Le graphique ci-dessous illustre l'ex-plosion de ce marché qui atteint au-jourd'hui environ 3 000 milliards dedollars.

Aujourd’hui, le Portfolio Manager estau cœur de la banque, à l’intersectiondu monde du crédit et des marchés, encontact permanent avec les risques etles métiers. Capacité de synthèse, faci-lité de communication et ouverture

d'esprit sont donc indispensables à laconstruction des stratégies. A noter quesi les missions du CPM font désormaisl'objet d'un large consensus, le posi-tionnement de l'équipe reste encoredifférent d'une banque à l'autre : direc-tion des risques, marché de capitaux(Fixed Income) ou direction financière.

Améliorer le profil de risquedu portefeuille de la banque

La finalité des outils de type RAROCest d'assurer une valorisation correctedes nouveaux engagements au regard

du risque engendré, ou du moins defaire en sorte que l'ensemble de la re-lation avec un client demeure ren-table d'un point de vue économique.Mais ils ne permettent ni d'éviter l'ap-parition de sur-concentrations nomi-

1 Par "risque de crédit", on entend aussi bien le risque de défaillance d'un emprunteur que le risque de migration de sa qualité de crédit. Cerisque est présent aussi bien dans les activités de banque traditionnelle, comme les prêts, que dans les activité de marché, les swaps par exemple.

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25Numéro 24 - mai 2004

DOSSIER

nales, géographiques ou sectorielles, nila gestion des corrélations2 entre lesdifférentes contreparties. D'où la né-cessité et l'importance d'une gestioncentralisée du portefeuille.

La solution la plus naturelle consiste àréduire le risque en achetant des pro-tections sur les grandes concentrationsdu portefeuille. La deuxième solutioncomplémentaire, à laquelle la quasi-to-talité des CPM a adhéré, consiste àidentifier les possibilités de diversifica-tion et à « acheter du risque » en consé-quence. Cette prise de risque permetnon seulement une diversification na-turelle du portefeuille mais offre aussiune source intéressante de finance-ment des achats de protections. Pouvoiracheter et vendre permet aussi fonda-mentalement aux CPM d'être actif toutau long des cycles de crédit, en parti-culier en assurant le financement desachats de couverture à spreads élevésen bas de cycle.

Le Portfolio Manager doit donc menerun travail important d'analyse et desuivi des noms, croiser analyse fonda-mentale de crédit et évolution desspreads de marché pour construire sesstratégies et déterminer le timing d'exé-cution idéal. Ainsi, selon l'organisationde la banque, un Portfolio Managerpeut être amené à suivre un secteur in-dustriel, une zone géographique oules clients d'une ligne d'activité.

Une collaboration entre Senior Bankerset CPM permet souvent d'améliorer laflexibilité de la relation avec les clientsde la banque. Un schéma classiquepeut être le suivant : augmenter d'uncôté les encours accordés pour récupé-rer plus de side-business et réduire del'autre côté les risques, en cédant durisque sur les marchés. Pour un risqueidentique, la relation clientèle et sarentabilité sont largement améliorées.L'interaction entre CPM et métiers estaussi indispensable pour les nouvellestransactions de taille significative oupour des clients participant déjà large-ment à la concentration du porte-feuille.

Suivre, anticiper et réagir face à la matérialisation des

risques individuels Le suivi du portefeuille induit aussi lasurveillance du risque de migration

aussi bien à l'amélioration (pour uneprise de risque) qu'à la dégradation.Par essence, le CPM se doit de réagirtrès rapidement à toute dégradationsignificative d'un nom avant quel'achat de couverture soit ou très cherou impossible à réaliser par manquede liquidité.

Cette mission passe par une bonneconnaissance des noms, un suivi quo-tidien et par l'étude d’indicateurspouvant mettre en évidence un risqueimminent : augmentation de la volati-l i té, « Z-score », explosion des volumes traités, identification des « Event-Risk »…

De quels moyens d’intervention disposer pour gérer les risques ?

Le pr incipe général es t s imple :l'acheteur de protection paye uneprime fixe pour se couvrir contrecertains événements de crédit et estdédommagé de la per te subie,lorsque ces derniers surviennent. Atitre d'exemple, ci-dessus le princi-

pe du Credit Default Swap qui portesur la défaillance d'un nom donné :

Ce type de schéma est facilementt ransposable à un por tefeui l le ,constitué de quatre à quatre cents

noms selon les objectifs de l'opéra-tion et le niveau d’effet de leviersouhaité. La principale différenceest qu'un portefeuil le est t i tr isé,c'est à dire découpé avant d'êtrevendu / acheté par tranche de ni-veau de risque différent3. Cette tech-nique est ut i l isée très largementpour céder le risque réglementairesur des portefeuilles conséquents,de plusieurs milliards d'euros.

La tendance récente concerne la mi-se en place d'indices-crédit qui sontles homologues du CAC40 ou duDow-Jones pour les actions. Ils syn-thétisent le niveau de risque globald'une zone (Europe ou Etats-Unis,etc.) ou d'un secteur (banques enEurope, par exemple) et permettentla mise en place simple de stratégiesglobales. Ces nouveaux indices ap-portent liquidité et profondeur aumarché et permette la mise en placed'outils nouveaux pour le monde ducrédit : options sur indice (call, put,straddle), tranches sur indices et ex-tériorisation des niveaux de corréla-tions implicites, etc.

2 Le monde du crédit est en effet caractérisé par une forte corrélation entre les performances des entreprises via en particulier leur dépendance aucycle économique. La mesure de leur impact est aujourd'hui rendue possible par l'apparition des modèles de portefeuille, de type « Value atRisk » (VaR) et de produits de gestion adaptés.

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DOSSIER

On retrouve peu à peu ce que l'onpossède sur les actions : la corréla-tion sera bientôt gérée comme la vo-latilité.

Conflit et communauté d’intérêts, comment se

positionne le CreditPortfolio Management ?

De par l'interaction avec la direc-tion des risques et les métiers, lePortfolio Manager peut avoir accèsà des informations privilégiées qu'ilne doit pas utiliser sur les marchés.Ce respect de la déontologie est au-jourd'hui principalement assuré parl'existence de liste de clients sur les-quels il est interdit de traiter. Cettesolution, efficace mais non optima-le, pousse certains CPM à évolueren logeant les activités de support àl'origination dans la sphère privée,et la gestion du portefeuille en sphè-re publique.

Par nature, il n'y a non seulementpas de concurrence mais une réelle

communauté d'intérêt entre les ges-tionnaires de risque crédit : les be-soins d'achat de couverture des unssont les besoins de diversificationdes autres. De plus, traiter directe-ment de CPM à CPM offre de nom-breux avantages parmi lesquels :traitement des noms illiquides, ré-duct ion des coûts en évi tant lesfourchettes de marché, utilisation dedocumentations non standard. Pourtoutes ces raisons, le volume traitédirectement de gré à gré devraitaugmenter sensiblement dans lesannées à venir. En 2000, les CPM sesont donc regroupés en créantl’IACPM, International Associationof Credit Portfolio Managers, sousl’impulsion d'institutions nord-amé-ricaines rapidement rejointes par ungrand nombre de banques euro-péennes. On compte aujourd’huiune trentaine de membres mais plusde quatre-vingts banques ont parti-cipé au dernier congrès fin 2003afin de partager conceptions, évolu-tions des missions et des organisa-tions de la fonction.

Une activité jeune enconstante évolution

L'activité de Credit PortfolioManagement est une activité jeune quia fait ses preuves et qui reste en constan-te évolution devant les défis à relever :

•mise en place de stratégie « macro » grâce aux index-crédit,

•gestion fine des corrélations via la mise en place d'outils sur mesure,

•mise en place d'un prix de transfert du risque de crédit avec les métiers (de la même façon qu'il existe un coût de la liquidité facturé aux métiers par la gestion actif-passif),

•amélioration de la quantification de l'apport du CPM.

En tout état de cause, la sophisticationdes produits, la complexification desstratégies et les nouvelles évolutions ré-glementaires (réforme du Ratio Cooke,IAS…) promettent de belles heures derecherche et de modélisation d'unepart; de construction et d'implémenta-tion des stratégies d'autre part.

3 Le lecteur pourra se référer à l'article de Thomas Spitz : "De nouveaux outils de gestion du risque de crédit", paru dans le numéro 23 deVariances (novembre 2003).

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La notation des produits titrisés synthétiques :un métier sur mesure pour les ENSAESébastien Cochard (ENSAE 94), DREE, ministère de l’économie, des finances et de l’industrie. Sébastien Cochard a étéconseiller financier, représentant de la Direction du Trésor à New York (suivi des marchés financiers américains) .

Les agences de notations, des acteurs indispensables

aux marchés

Les agences de notations sont desrouages essentiels et reconnus des mar-chés financiers, chargées par les diffé-rentes catégories de prêteurs de l’acti-vité d’enquête et d’estimationsynthétique et comparable du risquede défaut des emprunteurs. Le rôle desagences est tellement central au bonfonctionnement des marchés que lesrégulateurs nationaux utilisent de plusen plus leurs notations à des fins régle-mentaires, à l’imitation de la SecuritiesExchange Commission (SEC) américai-ne. L’octroi malthusien par cette der-nière, jusqu’à très récemment, du statutde Nationally Recognized StatisticalRating Organization (NRSRO, agencesdont les ratings peuvent être utilisés àdes fins prudentielles) a d’ailleurs forte-ment contribué à constituer un oligo-pole mondial de trois agences histori-quement américaines, Moody’s, S&P etFitch. L’utilisation centrale des nota-tions des agences dans les futurs ratiosprudentiels bancaires de Bâle II appa-raît bien sûr constituer la dernière éta-pe en date de cette évolution, qui inci-te à rechercher des méthodes derégulation des agences (cf. encadré).

Les trois principales agences sont desentités relativement petites (chacuneemploie mondialement entre 1 000 et1 500 analystes), détenues complète-ment par des intérêts privés : l’éditeurMcGrawHill dans le cas de S&P, la so-ciété financière française FIMALACdans le cas de Fitch et de ses filiales IB-

CA-Duff&Phelps-ThomsonBankWatch,un pool d’investisseurs privés dans lecas de Moody’s. Les agences ne pré-sentent aucun volant de capital cotésur un marché et ne sont donc sou-mises à aucune obligation de transpa-rence et de communication financièreau public. La rentabilité des agencesest exceptionnelle : les résultats conso-lidés de Moody’s présenteraient ainsiun ratio de profits après impôts sur letotal des actifs proche de 50% annuelsdepuis dix ans. Peu d’industries pré-sentent une rentabilité aussi élevée.

Les analystes des agences se répartis-sent principalement en deux grandstypes d’activités. D’une part ceux encharge des notations «fondamentales»,c’est-à-dire des émissions obligatairessouveraines, corporate, des institutionsfinancières ou des collectivités locales.D’autre part ceux chargés de la nota-tion des différents familles de produitsstructurés, qui incorporent les titresprécédents comme sous-jacents.L’importance de l’activité sur produitsstructurés est généralement ignorée.Alors que les agences rendent en effetune sorte de service public planétaireen notant toutes les émissions obliga-taires sur les grands marchés, leur acti-vité de notation de produits structurésrépond en général à une offre sur me-sure et souvent confidentielle faite parun intermédiaire financier pour un trèspetit nombre d’investisseurs, connus àl’avance. Au total, le revenu des nota-tions de produits structurés représente-rait pourtant plus de la moitié du reve-nu des agences. Au sein des produitsstructurés, la majorité du revenu a pour

origine le pôle des dérivés de créditssynthétiques, dont l’émergence et ledéveloppement rapide a été un événe-ment majeur dans la finance internatio-nale au cours des 5 dernières années.

La notation des produits titrisés synthétiques,

méconnue mais au cœur de l’activité des agences

Le développement important du mar-ché des dérivés de crédit (essentielle-ment les credit default swaps) et de-puis peu de celui, nettement moinsdéveloppé, des equity default swaps(assurance contre la chute du coursd’une action, en général de 70%) a eneffet donné naissance depuis trois-quatre ans à différentes formes deCollateralized Debt Obligation « synthétiques » (i.e. « non-cash »),véhicules de titrisation dont le porte-feuille sous-jacent est constitué de dé-rivés de crédit ou d’equity defaultswaps. Leur mise en place est doncbeaucoup moins coûteuse que cellede portefeuilles d’actifs « cash » : levéhicule porteur ne doit en effet ac-quérir que des defaults swaps sur desactifs (et non les actifs eux-même) ; ilreçoit en plus pour cela une primecomme vendeur de protection qui luisert à rémunérer les détenteurs destranches du CDO. Les investisseurs ytrouvent l’avantage de la détentiond’un portefeuille de risques sur desnoms multiples qui, à risque de défautégal, minimise leur variance de perte ;ils profitent par ailleurs de la liquiditéplus grande des dérivés de crédit parrapport à l’obligataire privé.

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Le rôle des agences dans ces produitsest fondamental puisque l’émission destitres du CDO est scindée, sur la basedes notations octroyées, entre diffé-rentes tranches de risque qui rémunè-rent les investisseurs de manière diffé-renciée : 1/ Les tranches « senior » reçoivent engénéral une notation Aaa et représen-tent le plus souvent un minimum de70% du notionnel total du CDO auxEtats-Unis, 90 à 95% en Europe. Ellesconfèrent à leurs détenteurs la prioritédu remboursement à maturité. 2/ Les tranches « mezzanine » consti-tuent le cœur des émissions de CDO(la tranche sur laquelle les gains d’arbi-trage sont possibles). Ces tranches sontplus ou moins risquées en fonction duCDO et de l’évolution du cycle écono-mique. Elles sont souvent notéesquelques degrés au-dessus de la limitede l’investment grade et représententde 4 à 10% de l’émission. 3/ Enfin les tranches les plus basses,«equity» ou «first loss», portent la plusforte probabilité de défaut mais aussi laplus forte rémunération à travers lestaux qu’elles servent à leurs acheteurs.

Après une phase de croissance extrê-mement rapide au sein de l’activité desbanques d’investissement en 2001-2002, une réduction des marges surces produits a pu être observée aucours des dix-huit derniers mois, liée àla généralisation du savoir-faire en ma-tière de packaging de CDO-synthé-tiques. Cette évolution a poussé lesémetteurs à mettre sur le marché desCDO de CDO, qui réunissent en unseul produit des tranches homogènesdes différents CDO sous-jacents, enthéorie composées d’actifs aux proba-bilités de défauts équivalentes maisnon-évidemment corrélées entre elles.La capacité de l’émetteur (ou du ges-tionnaire d’actifs dans le cas des CDOdynamiques, c’est-à-dire à gestion évo-lutive de la composition du porte-feuille) à être en mesure d’estimer lescorrélations au sein du portefeuille demanière plus fine que l’investisseur estainsi cruciale dans la détermination dupricing du produit, de la maximisationdu profit pour l’émetteur et de l’estima-tion du risque de perte pour l’investis-seur. La complexité de l’analyse de cescorrélations fait reposer plus que ja-mais la rationalité des choix de l’inves-

tisseur sur la capacité des agences denotation à faire évoluer leurs méthodesen concurrence des raffinements créa-tifs des émetteurs (principalement unepetite dizaine de départements au seinnotamment de JP Morgan, MorganStanley, BNP Paribas, Deutsche Bank,Lehman Brothers et SocGen).

Au total, un métier sur mesure pour les ENSAE

Les émissions de CDO-synthétiquesauraient représenté en Europe environ1 milliard d'euros par mois au cours dela dernière année, pour les trois quartsdes CDO de CDO, de plus en plusavec des sous-jacents de equity defaultswaps plutôt que de dérivés de crédits(la corrélation d’une chute des coursentre différents titres est en effet plus fa-cile à estimer que la survenue effectiveet à peu près concomitante d’un dé-faut). Moins de 1 000 analystes tra-vaillent en Europe dans ce secteur par-ticulièrement rémunérateur, dontseulement une très petite centaine dansles agences de notation. Ces dernierssont cependant plus particulièrementrecherchés, en particulier parce qu’ilsconnaissent de l’intérieur le fonction-nement des « régulateurs de facto » dela profession, défenseurs des intérêtsdes investisseurs. Des mouvements ré-

guliers de circulation d’analystes exis-tent entre les agences, les banquesd’investissement et les gestionnairesd’actifs (en particulier AXA IM, Cheyne,Robeco et SG AM).

Alors que les notations souveraines etcorporate emploient principalementdes analystes issus des MBA, écoles decommerce ou sciences-po, la notationdes produits structurés est essentielle-ment consommatrice de compétencesprobabilistes (simulation des évène-ments de crédit, analyse des corréla-tions) et actuarielles. Les deux famillesde notations (produits fondamentaux etstructurés) nécessitent par ailleurs uneaisance rédactionnelle (en anglais) ainsique des capacités pédagogiques en vuede la communication auprès des inves-tisseurs. Les ingénieurs français appa-raissent d’ores et déjà légitimement par-ticulièrement bien représentés enEurope dans ce métier de la notation deproduits structurés, qui semble au totalcorrespondre très précisément à la défi-nition des domaines d’excellence desanciens élèves de l’ENSAE. On ne sau-rait donc trop encourager les jeunes di-plômés de l’école à chercher à s’orien-ter vers ce secteur d’activité, à la foisglobal, prestigieux et de surcroît utilepour la collectivité des investisseurs.

DOSSIER

Juger les agences par l’estimation expost de la stabilité de leurs ratings

L’activité des agences de notations est caractérisée par un conflit d’intérêt majeur : leur ré-munération provient des émetteurs des produits financiers qu’elles notent. Dans ce contexte,les velléités de surveillance des agences par les régulateurs nationaux se sont jusqu’à présenttraduites par une attention portée principalement à la qualité des méthodologies (qui laissentcependant une part importante à l’appréciation de critères qualitatifs comme les capacitésmanagériales de la direction d’une entreprise). La réflexion en cours dans le cadre de Bâle II dégage heureusement une place à l’apprécia-tion ex post de la qualité des ratings, notamment à travers l’analyse de leur stabilité. Lesagences notent en effet « en dehors du cycle économique » : l’entrée dans la période « bas-se » du cycle ne justifie pas en théorie un ajustement des ratings, mais implique un accrois-sement (temporaire) des probabilités de défaut associées à chacune des notes. Or sur la pé-riode 1982-1998, seulement 55% des créances AAA de Moody’s et S&P présentent encorela même notation après 5 ans ; au sein des créances BAA de Moody’s et BBB de S&P, seule-ment 45% sont restées à ce niveau après 5 ans. Une notation fluctuante présente pourtant un risque majeur pour les investisseurs, en parti-culier lorsqu’un downgrading fait franchir au titre des seuils prudentiels. Une notation ajus-tée progressivement (en général toujours à la baisse) peut signifier que la notation initialeavait été, délibérément ou non, sur-évaluée, erreur aussi préjudiciable à l’investisseur et demême nature que, lors d’une IPO, la fixation par une banque d’investissement d’un prixd’émission trop élevé. Le régulateur pourrait ainsi établir des standards de qualité des notations à travers la fixationde taux maximaux de dégradation des émetteurs pour chaque tranche de notes, sous peinede suspension temporaire de l’utilisation réglementaire des notations de l’agence concernée.

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Variances30

La gestion des risques d’une banques’est considérablement développéedepuis dix ans, d’une part en termesde périmètre couvert et d’autre part,quant aux moyens mis en œuvre pourcouvrir ce périmètre. En effet, s’agis-sant du périmètre, la volonté de sur-veiller l’exhaustivité des risques estmanifeste : un exemple est celui desrisques opérationnels qui, il y a enco-re quelques années, n’étaient pas oupeu surveillés alors qu’ils font désor-mais l’objet d’une véritable démarchede gestion des risques, à l’image decelle adoptée sur le risque de crédit etde marché. Pour ce qui concerne lesmoyens, il n’y a pas non plus d’ambi-guïté : les directions de risque se sonttoutes renforcées tant en quantité etqu’en technicité. Les équipes ont étéétoffées et le niveau de technicité exi-gé d’un risk manager s’est considéra-blement élevé. Si la recherche de l’ex-haustivité est vertueuse, la tendance àla « technicisation » du métier de riskmanager est plus controversée. Ellerépond certes à des besoins maispourrait être source de dangers.

La gestion des risques bancaires et financiers s’est

considérablement sophistiquée

ces dernières annéesSi on prend l’exemple des trois grandesclasses de risque d’une banque –risque de crédit, risque de marché,risque opérationnel -, il est évidentque la technicité requise, ne serait-ceque pour répondre aux exigences ré-glementaires, a considérablement aug-menté. Les exemples abondent : l’utili-sation des modèles internesValue-At-Risk sur les risques de mar-ché du portefeuille de négociation ousur les risques opérationnels, les for-mules dites IRB du texte Bâle II pourcalculer la couverture en fonds propresdu risque de contrepartie, le calibragede ces formules en taux de défaut,taux de récupération, la mesure des ef-fets de corrélation, etc. Ces questions,qui ne se posaient quasiment pas il y aencore dix ans, nécessitent désormaisdes ingénieurs de très haut niveaupour être traitées correctement.

Quelles en sont les raisons ? La plu-part sont bien connues. Il y a en pre-mier lieu une pression des marchésvers davantage de sophistication : lesproduits « plain vanilla » que toutesles banques savent construire, vendreet gérer finissent toujours par dégagerdes marges faibles, à la limite de larentabilité. Inversement, les produitscomplexes et innovants, sous réservebien sûr qu’ils répondent à une de-mande, ont des marges plus élevées,tout au moins tant qu’un savoir-fairespécifique et rare est nécessaire pourles gérer. La loi du marché conduitdonc spontanément les banques (etd’ailleurs toutes les industries) à inves-tir des territoires toujours plus sophis-tiqués. Concrètement, il peut aussibien s’agir d’un produit dérivé exo-tique (banque de marché), d’un finan-cement de projet complexe (banquecommerciale), d’un prêt immobilieravec toutes sortes d’options (banquede détail) etc. Le risk managementétant bien obligé de comprendre lesproduits et d’appréhender leursrisques, la sophistication du risk ma-

Gérer les risques bancaires : vers une sophistication maîtrisée

Paul Demey (ENSAE 1999), Ingénieur Senior au Groupe de Recherche Opérationnelle (GRO), Direction des Risques, Crédit Agricole S.A.

Antoine Frachot (ENSAE 1989), Responsable du GRO, Direction des Risques, Crédit Agricole S.A.

Gaël Riboulet (ENSAE 1999), Ingénieur Senior, Derivatives Research, JP Morgan.

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DOSSIER

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nagement suit – et si tout va bien,d’assez près – celle des front.

La réglementation en elle-même pousse à la sophistication

En deuxième lieu, la réglementationen elle-même pousse à la sophistica-tion. Certes, il s’agit d’abord de ré-pondre à la sophistication des mar-chés, comme décrit à l’instant, mais laréglementation bancaire est structu-rellement tentée d’aller plus loin. Lafaillite d’une banque occasionne desdommages collatéraux lourds à l’en-semble de l’économie. En outre,contrairement aux autres industries,les banques sont mal contrôlées parleurs créanciers, les déposants, carces derniers ont peu de compétenceset n'ont pas la motivation pour secharger de ce contrôle. Toutes ces rai-sons, à la base de la théorie de la ré-glementation bancaire, sont bienconnues des micro-économistes etservent à justifier une réglementationspécifique et particulièrement exi-geante du secteur bancaire.

La sophistication est aussi la résultan-te d’un souci de transparence. Que cesoit via les normes comptables IFRS,le pilier III de Bâle II, la loi deSarbanes-Oxley, il existe une exigen-ce forte et généralisée pour accroîtrela transparence des comptes, des ra-tios financiers, des indicateurs de tou-te sorte. A cet égard, cette transparen-ce passe par la publication de chiffres,censés synthétiser l’état des risques,comme le paradigme de la Fair Valuedes normes comptables, la Value-At-Risk pour les risques de marché etbientôt risques opérationnels et risquesde crédit, l’Earning-At-Risk etc.Incidemment, on peut ainsi anticiperqu’avec les normes IFRS/IAS, ce serale tour de la comptabilité d’être « en-vahie » par les ingénieurs bien queces derniers ne soient pas aujourd’huiformés à devenir des comptables.

Le risk management à la source de gains de

productivitéEnfin, la sophistication du risk mana-gement est aussi le résultat de la re-

cherche des gains de productivité.Les plans de cost-cutting dans uneindustrie comme la banque visentessentiellement à maîtriser les fraisde personnel et à n’utiliser l’inter-vention humaine que sur les tâches àhaute valeur ajoutée. En gestion desrisques, cela signifie très concrète-ment de développer des outils statis-tiques d’aide à la décision (score,système expert) ou des indicateursde risque synthétiques, accroissantencore la sophistication. Ainsi, àtitre d’exemple, le Crédit Lyonnais amis en place ces deux dernières an-nées un outil sur le marché des PME,qui permet avec un système de nota-tion sophistiqué de produire auto-matiquement et sans interventionhumaine un véritable rapport écritd’analyse crédit, générant ainsi desgains de productivité importants.

La sophistication de la gestion des risques génère

elle-même des risquesCette sophistication a donc une justifi-cation et une légitimité claires maiselle pose un certain nombre de pro-blèmes qu’il ne faut probablement passous-estimer. En premier lieu, la com-plexité est évidemment plus difficile àmaîtriser. L’utilisation des méthodesde quantification du risque génère desnouveaux risques : risque opération-nel de mauvaise implémentation d’unoutil ou d’un indicateur de risque, demauvaise compréhension, de calibra-tion défectueuse. On peut penser parexemple à la méfiance qu’on peutavoir vis-à-vis d’un mark-to-modelquand on sait que certains paramètresdu modèle sont connus avec une pré-cision très relative (paramètre de cor-rélation par exemple dans un pricerde produits multi sous-jacents ou dansun pricer de dérivés de crédit). On aun exemple récent d’une banque fran-çaise ayant enregistré une perte signi-ficative à cause d’un problème demis-pricing.

On oublie parfois la réalitééconomique dans laquelle

ces outils sont utilisésUn risque apparaît également lorsquel’existence d’un outil de risque so-

phistiqué induit une confiance exces-sive et conduit les risk managers à ab-diquer leur esprit critique ou les ensei-gnements de leur expérience. Il estdésormais acquis qu’un outil commela Value-at-Risk est certes indispen-sable pour suivre les risques de mar-ché mais ne suffit pas pour se sentir « confortable ». En outre, on oublieparfois la réalité économique dans la-quelle ces outils sont utilisés. Si onprend l’exemple du suivi des dérivéssur inflation, il est symptomatique queles ingénieurs en charge de construiredes modèles de pricing soient d’aborddes matheux avant d’être des écono-mistes et pour qui l’inflation estd’abord un « processus stochastique »avant d’être une variable macro-éco-nomique.

La sophistication de la réglementationpourrait paradoxalement générer aus-si des risques pour la stabilité des sys-tèmes financiers. En effet, toute régle-mentation suscite des comportementsde contournement de la part des ac-teurs qui y sont soumis, notammentquand cette réglementation est très « prescriptive » comme celle que Bâleest en train de mettre en place sur lerisque de crédit. On constate parallè-lement une propagation des dérivésde crédit vers des sphères moins ré-glementées et moins compétentestelles que les hedge funds et les ges-tionnaires d’actifs, voire les directionsfinancières des grands corporates.Entre Warren Buffet qui assimile lesdérivés de crédit à une « arme de des-truction massive » et Alan Greenspanqui met au crédit de ces mêmes pro-duits la résistance (i.e. la «résilience»)des systèmes financiers ces dernièresannées, il y a une opposition totaleque seule l’expérience future permet-tra de départager.

Le même type d’évolution est àl’œuvre à propos des normes comp-tables. Les nouvelles normes IFRS etIAS 39, notamment, vont-elles ac-croître la transparence des résultatscomptables ou, au contraire, réduireleur lisibilité à cause de leur impactsur la volatilité des résultats ou desfonds propres des banques ? Le para-digme de la valeur de marché qui esten train de s’installer, y compris pour

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le portefeuille bancaire traditionnelle-ment comptabilisé en couru, introduitde fait un risque de modèle fort.

Quelles qualités pour le risk manager ?

Ces quelques exemples montrent quela tendance à la sophistication destechniques de risk management estprobablement inéluctable car condui-te par les évolutions des marchés et dela réglementation. Elle est toutefois po-tentiellement porteuse de risques etdoit donc être accompagnée. En parti-culier, quelques principes élémen-taires doivent probablement être res-pectés. En premier lieu et au minimum,les équipes de risk management doi-vent être au même niveau de compé-

tence que leurs interlocuteurs dessphères opérationnelles (front officedes marchés de capitaux, directionscommerciales, directions financièresetc.). En pratique, cette exigence estun vrai défi en termes de gestion desressources humaines et de politiquesalariale. On a vu toutefois que celane suffisait pas car il faut éviter que lesdiscussions entre ceux qui prennentdes risques, les « opérationnels », etceux qui sont chargés de vérifier queces risques restent dans des limites, lesrisk managers, ne se réduisent à desconversations entre matheux. Il faut aucontraire que les risk managers aientégalement une forte culture d’écono-miste afin d’être capables d’une partde comprendre les grands enchaîne-ments macro-financiers et d’autre part

d’imaginer des scenarii dont l’histoirerécente – qui est souvent la seule queles « opérationnels » ont en tête – nedonne pas d’exemples. En second lieu,une bonne gouvernance est indispen-sable : elle passe notamment par uneindépendance forte des risk managerset des directions des risques vis-à-visdes opérationnels et des directionscommerciales.

Au total, les qualités requises en riskmanagement bancaire : culture scien-tifique forte, macroéconomie, micro-économie et théorie des incitations,théorie statistique, etc., donnent auxanciens élèves de l’ENSAE-ENSAI unavantage comparatif très fort par rap-port aux autres formations.

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DOSSIER

Le métier de stratégiste est relative-ment récent dans l’industrie financiè-re, plus particulièrement dans le sec-teur de la gestion d’actifs. Il consiste àparticiper à l’élaboration de stratégiesd'investissements financiers en liaisonavec les gérants de portefeuilles etpour le compte d’investisseurs finaux,institutionnels ou privés. Ainsi, la fonction principale d’un stra-tégiste est d’identifier l’évolution laplus probable des marchés financiersà divers horizons. Il ne met pas direc-tement en œuvre les choix censés re-fléter ces évolutions, mais il les élabo-re avec les gérants. C’est un métierqui fait partie du processus d'investis-sement des gérants d’actifs mais quiest moins proche des marchés. Il fautdistinguer le métier de stratégiste decelui d'économiste de marché : alorsque l'un est imbriqué dans le proces-sus de gestion, l'autre a plutôt un sta-tut de conseil externe.

Un métier qui fait partie duprocessus d'investissement

des gérants d’actifsCette définition très générale du mé-tier recouvre toutefois une multituded'activités ayant le même but mais fai-sant appel à des outils et à des problé-matiques très différentes au gré desprocessus et des styles de gestion pra-tiqués dans l’univers de la gestiond’actif. Il existe en effet autant de pro-

cessus de gestion que de maisons degestion d’actifs ; et autant d’horizonsde gestion et de profils de risque qued’investisseurs finaux. C’est pourquoi,même s’ils partagent des objectifssemblables, les stratégistes n’ont pastous les mêmes grilles d’analyses. Quels que soient ces outils et lescontraintes particulières de gestion,les stratégistes ont recours à peu prèsau même type d’information. Ils s’ap-puient le plus souvent sur l'analysedes fondamentaux économiques. Encela, le métier s’apparente assez bienavec celui d'économiste et deconjoncturiste, mais au travers d’unprisme de marché qui passe par la pri-se en compte d’une forte composanted'analyse quantitative et de donnéesde plus court terme. D'autres élé-ments tels que le suivi des risques po-litiques voire des incertitudes géopoli-tiques viennent agrémenter l'ensembleen cas de besoin.

L’analyse des fondamentaux,de la conjoncture et des

modèles de valorisation à labase des choix d'allocation

de portefeuilleRecourir à des domaines très diverspour « tirer des traits » à des horizonsvariés dans le cadre d’un scénario d’in-vestissement global, c’est à la fois l’in-térêt et l’enjeu de la stratégie d’investis-sement. Cette notion d’approche

globale est particulièrement importan-te. Dans un environnement écono-mique et de marchés de plus en plusglobalisés le suivi conjoint des diffé-rentes zones et classes d’actifs est in-dispensable pour maîtriser les enjeuxet conséquences de ces imbricationscroissantes. Dans un environnementde marché perçu (à tort ou à raison)comme de plus en plus volatile et inté-gré, les questions de stratégie d’inves-tissement sont sans cesse imbriquées etrenouvelées. En pratique, l'analyse desfondamentaux et de la conjonctureéconomique des grandes zones asso-ciée à l'utilisation de modèles de valo-risation des grandes classes d'actifs(obligations, actions, obligations pri-vées, dette émergente ...) est à la basedes choix d'allocation de portefeuille.Cette analyse est affinée à partir de dia-gnostics sur l'environnement de mar-ché, sur la perception du risque par lesinvestisseurs, sur les flux d'investisse-ment globaux par classe d'actif et parzone et sur le positionnement des grosinvestisseurs. Tous ces éléments sontessentiels pour identifier le "temps" desmarchés qui n'est pas le même que ce-lui des grands ajustements macro-éco-nomiques. Et c’est bien cet écart, loind’être mineur dans une stratégie d’in-vestissement à court et moyen terme,qui sépare le métier de stratégiste decelui d’économiste, même si ces deuxactivités ont de nombreux centres d’in-térêts communs.

Le stratégiste, sondeur des marchés ?

Sébastien Doisy (ENSAE 1996 ), Economiste-stratégiste, CDC-IXIS Asset Management.

Roland Lescure (ENSAE 1992), Directeur du département de la gestion diversifiée, CDC-IXIS Asset Management.

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Elaborer un scénarioconjoncturel global, comme« toile de fond » de l’envi-

ronnement économique

L’é laborat ion d’un scénar ioconjoncturel global consiste à sepencher principalement sur deuxhorizons, l’un de très court termedestiné à identifier les points de re-tournement de l’activité, l’autre deplus long terme cherchant à identi-fier l’évolution la plus probabledes économies à l’horizon de six àdix-huit mois. Concernant le courtterme, la mise en place d’outilsd’analyse conjoncturelle doit per-mettre d’anticiper les points de re-tournement de l’activité, lesquelssont des s ignaux majeurs pourl’ensemble des marchés. Ce typed’analyse doit être complété d’unevision transversale des différenteszones et de leurs influences mu-tuelles. A ces éléments, qui peu-vent provoquer les fluctuations decourt terme des marchés s’ajouteune analyse de moyen et long ter-me sur les forces et les faiblessesdes différentes économies. La dé-termination « d’une toile de fond »de l’environnement économique etfinancier des différentes zones per-met en effet de mettre en perspec-tive ces fluctuations de court termepar rapport à des tendances defond et à leurs conséquences pro-bables à moyen terme sur des mar-chés dont la sensibilité aux antici-pat ions , voi re aux « modes »auxquelles les investisseurs fontfoi, est fondamentale.

Dans ce contexte, le suivi des po-litiques économiques et, plus par-ticulièrement, des politiques mo-nétaires est un élément primordialdu métier de stratégiste. Au-delàdes décisions de politique moné-taire proprement dites, les antici-pations qui en sont faites et plusgénéralement les signaux voire lavision du monde que les banquierscentraux véhiculent sont des élé-ments par rapport auxquels lesmarchés se positionnent. Aussi unstratégiste doit-il prendre en comp-te tous ces sujets et leurs enjeuxsur les marchés.

L’analyse fondamentale estprimordiale dans les

positions de gestion à moyenterme mais la réalisation de

ces « paris » peut être accélé-rée ou à l’inverse contrariée

Enfin, dans un diagnostic global l’ac-cent est souvent mis sur un aspectparticulier de l’économie mondiale,qui fait à la fois l’actualité et constituele risque principal d’un scénario vis-à-vis d’un autre aux yeux des marchés.Ces derniers intègrent constammentles évolutions économiques les plusrécentes et fonctionnent en terme desurprise dans leurs anticipations.Aussi, plus l’horizon est-il éloignéplus l’écart entre ses attentes et la réa-lité provoque-t-il des mouvement deprix importants. De ce fait, l’analysefondamentale est primordiale dans lespositions de gestion à moyen termemais la réalisation de ces « paris »peut être accélérée ou à l’inversecontrariée par des évolutions de courtterme plus ou moins franches et ra-pides. La confection d’un tel scénarioglobal (pays du G7, zone euro, paysémergents) doit permettre, via l’utili-sation de divers outils de modélisationet des convictions fortes sur le fonc-tionnement des marchés, d’aboutir àun scénario financier incluant desprévisions de taux d’intérêt et dechange à des horizons variés.

Du scénario global à l’évaluation des

classes d'actifsL’évaluation des classes d’actifs s’ap-puie sur des modèles classiques dethéorie économique et financière, maisaussi sur des a priori plus pragmatiquesqui ont trait aux problématiques dumoment. Ces évaluations ont le mérited’identifier les risques majeurs de surou sous-évaluation des différentesclasses d’actifs en elles-mêmes ou entreelles. Pour une classe d’actif, il existeautant de modèles de valorisation qued’analystes. Il y a néanmoins desconstantes incontournables. Sur lesmarchés obligataires, les modèles devalorisation de moyen terme s’apparen-tent assez largement à des modèles detaux d’intérêt issue de la théorie écono-mique. La croissance, la dette, l’infla-tion et les décisions de politique moné-

taires sont des déterminants classiquesdu niveau des taux selon les maturités.A moyen terme, ces éléments permet-tent généralement d’évaluer correcte-ment les risques, sauf événement ma-jeur évidemment. A plus court terme, ilssont plus limités dès lors que les forcesde rappel jouent peu et leur sont préfé-rées des modélisations plus pragma-tiques voire des corrélations de courtterme liées aux flux des investisseurs,aux inflexions de discours des banquescentrales ou aux évolutions des autresmarchés. Les actifs risqués réagissent àdes problématiques très différentes etintègrent en même temps des élémentscommuns qui ont trait à la perceptiondu risque des investisseurs. Si leur éva-luation est fondée sur des modèles va-riés il est toutefois important de l’appré-hender de façon globale. Ainsi, face àun choc commun tout ces actifs peu-vent-ils se dégrader et ce, quel que soitle rendement anticipé que suggère leurvalorisation ; alors qu’un choc spéci-fique à l’une de ces classes d’actifs n’apas forcément de conséquences sur lesautres. Dans le cas des marchés d’ac-tions, la valorisation dépend étroite-ment des profits futurs. Ceci étant dit,cette évaluation peut prendre maintesformes selon que l’on se penche surune valeur ou un indice ; que l’onadopte une approche agrégée ou désa-grégée ; que l’on a à faire à un marchédéveloppé ou non, etc.

Le marché du crédit et la dette émer-gente font partie des actifs risqués, mê-me s’il s’agit de produits de taux. Dansun cas comme dans l’autre, les problé-matiques de croissance et d’endette-ment sont primordiales dans leur éva-luation, même si l’analyse de la dettedes entreprises requiert aussi une ap-proche micro économique et n’est pastout à fait semblable à celle d’un paysémergent. Dans le cas des entreprisesqui émettent de la dette par exemple, ilexiste en cas de risque de faillite une ré-glementation leur permettant de se re-structurer dans des conditions prédéfi-nies si la faillite n’est pas inéluctable oude liquider leurs actifs selon des sché-mas prédéfinis dans le cas contraire.Concernant les pays émergents, celan’est pas le cas puisqu’une nation n’aévidemment pas le même statut juri-dique qu’une entreprise et, malgré lesefforts du FMI, la mise en place d’un

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DOSSIER

cadre juridique international réglemen-tant ces aspects fait encore débat. Or, siles marchés financiers intègrent biences différences dans leur évaluationsdes couples rendements / risques de cesmarchés très divers ils ont aussi tendan-ce à considérer ces deux types d’actifsde façon conjointe en l’absence derisque spécifique. Le but d’une stratégied’investissement est par conséquentd’évaluer dans quelle mesure cette cor-rélation est durable et ne risque pasd’être invalidée par un choc spécifique(risque de crédit dans un secteur parti-culier ; risque politique dans un paysémergent ou une zone émergente parti-culière, etc.).

Sur les marchés des changes, les mo-dèles sont par nature plus fragiles et im-précis. Les forces de rappel fondamen-tales sont en effet plus « faibles » quesur les autres marchés et, en outre, lasur-réaction des taux de change vis-à-vis de l’environnement économique estun phénomène plus accentué que surles autres marchés. La perception desrisques, les « modes » en cours sur lesmarchés voire les déclarations et pe-tites phrases des grands argentiers duG7 (ministres des finances et banquierscentraux) sont donc des éléments trèsimportants à prendre en compte paral-lèlement aux déterminants fondamen-taux des changes.

L’ensemble de ces éléments est pris encompte de façon simultanée, transver-sale et cohérente avec le scénario glo-bal initialement élaboré. L’horizon desprévisions, l’évaluation des risques parrapport « au scénario moyen » (consen-sus des économistes) et le consensusdu marché (positionnement des inves-tisseurs) sont des aspects aussi impor-tants qu’il faut intégrer dans le proces-sus de gestion dès lors qu’ils peuventfortement peser sur la réalisation d’unscénario.

Les « problématiques » qui font le marché ne

doivent pas être négligéesQuoique primordiaux dans la confec-tion d’un scénario global, tous ces élé-ments ne doivent pas être pris en comp-te indépendamment des problématiquesqui « font les marchés ». Par exemple,un modèle de valorisation action ac-

compagné d’un diagnostic des risquessur la croissance des résultats peuventconduire à s’éloigner des actions alorsmême qu’après coup des flux très favo-rables ont soutenu les cours et démentila pertinence de ce choix. En d’autrestermes, ces outils et analyses sont desjalons nécessaires mais non suffisantsdans un processus de gestion. Car dansl’exercice d’anticipations parfois mimé-tiques auquel se livrent constammentles marchés, ces derniers restent trèssensibles « aux modes », c’est-à-direaux problématiques qu’ils ont identifiécomme étant les déterminants des évo-lutions futures (à tort ou à raison d’unpoint de vue fondamental mais pas deleur point de vue).Cette approche est évidemment trèsmarquée par une volatilité accrue surles marchés financiers depuis plusd’une dizaine d’années. Avec l’entréeen déflation de l’économie japonaiseau début des années 90, puis les crisesémergentes de 1997-1998 (Russie etAsie), la bulle technologique des an-nées 1999-2000 et l’effondrement desactions entre 2000 et 2002, l’environ-nement des marchés a été fréquem-ment bouleversé. Ces crises ne relè-vent évidemment pas de « modes »mais d’écart substantiels des prix desactifs à leurs fondamentaux à un mo-ment donné aux yeux des marchés.Les raisons qui provoquent l’émergen-ce de tels écarts sont des sujets de ré-flexion importants notamment pourles banques centrales. Au delà de cesraisons, un stratégiste s’interroge for-cément sur l’ampleur, la persistance etla pertinence de ces écarts. La volatili-té des marchés est telle à l’occasionde ces épisodes que le diagnostic fon-damental est primordial. Et pourtant,ce diagnostic dépend aussi de celuides marchés ce qui ajoute a priori à ladifficulté de l’exercice.

La question de « l’allocationpost-bulle » est d’actualité et devrait le rester encore

longtempsSuite au traumatisme des marchés lié àl’éclatement de la bulle actions en 2000et à ses conséquences sur l’économieaméricaine jusqu’à aujourd’hui, laquestion de « l’allocation post-bulle »est d’actualité et devrait le rester encorelongtemps. Cette question en recouvre

une multitude qui, en 2004, sont le plussouvent les suivantes sur les marchés :quelle est la soutenabilité de la crois-sance américaine (et son corollaire : ledollar va-t-il encore baisser) ? Quel estle poids et l’influence réelle de la Chinedans l’économie mondiale en généralet les économies développées en parti-culier ? Après leur forte reprise depuismars 2003, les marchés actions ont-ilsvocation a progresser encore ? Assiste-t-on à la formation de bulles immobi-lières dans les économies développées(voire en Chine) suite à l’éclatement dela bulle actions et au soutien desconsommateurs par les banques cen-trales ? Enfin, est-on dans une bulleobligataire ou, au contraire, le bas ni-veau des taux actuel est-il cohérentavec les déséquilibres fondamentaux ?Toutes ces problématiques n’ont pasforcément d’influence significative surl’évolution des marchés au jour le jourmais constituent les risques auxquelsils sont confrontés et appellent des ré-ponses primordiales a priori pour leschoix d’allocation de moyen terme.Sans entrer dans le détail de ces ques-tions, si elles reflètent les interrogationsquotidiennes des marchés, c’est bienparce qu’elles sont essentielles pour laformation des anticipations des profilsde rendement des différents marchés àun horizon de quelques années.

Les écarts de prix des marchés vis-à-vis de leursfondamentaux sont plus la

règle que l’exceptionAu total, l’évolution des marchés est,la plupart du temps et « vu de loin »,globalement en ligne avec le diagnos-tic fondamental. Il reste que les écartsde prix des marchés vis-à-vis de leursfondamentaux sont plus la règle quel’exception et c’est ce qui fait l’apportet l’intérêt du métier de stratégiste.Confronté aux contraintes liées « autemps des marchés » et aux aspectsopérationnels du métier de la gestion,il doit certes garder en tête ses convic-tions théoriques mais surtout faire fa-ce aux réalités quotidiennes et auxexigences du court terme. Cet aller-retour incessant entre la théorie et lapratique est, en somme, ce qui consti-tue le cœur du métier et lui donne sapart de défi.

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La finance est depuis longtemps aucœur de nos préoccupations et de noschamps d’intérêts. Elle est un domai-ne dans lequel les anciens de l’Ensaesont très présents, reconnus et appré-ciés. Elle est aussi au cœur des méca-nismes économiques, irriguant ici lacroissance des pays plus riches, là ledéveloppement de pays émergents.Elle est au cœur des débats qui agitentce monde. Bienfaitrice ou nuisible se-lon les goûts, à libéraliser davantageou à réguler d’urgence, selon les te-nants de telle ou tel école. Les spécia-listes de la finance sont donc au cœurd’un débat qui dépasse les aspectstechniques de la chose, et pose uneréelle question politique. Quelle orga-nisation voulons-nous de ce monde ?Dans quel objet ? Pour poursuivrequel idéal ? Voulons-nous poursuivreun idéal ? Les enjeux d’un domainequi suscite tant de fantasmes imposeun devoir : celui de répondre à cesdébats, de les éclairer, d’y prendre po-sition.

Il n’est donc pas envisageable de sesoustraire à un sujet aussi éminem-ment politique. Il faut au contraire sai-sir l’occasion, avant que d’autres im-posent leur choix, sans partage.

Le poids de la finance a fondamentalement

transformé le paysage économique

L’essor du capitalisme financier est unphénomène majeur des deux décen-nies passées. Il n’est pas nouveau,

mais d’ampleur, dit-on, inégalée. Maisau-delà des flux impressionnants quicaractérisent les montants échangésau quotidien sur les principales placesfinancières ou boursières, le poids dela finance a fondamentalement trans-formé le paysage économique. Selonl’approche orthodoxe, les marchés fi-nanciers sont dits « efficients » :chaque opérateur prend ses décisionsde vente ou d’achat de titres avec lesinformations dont il dispose, si bienque les prix s’établissent à un niveaureflétant toute l’information existante,délivrant une évaluation correcte destitres cotés, et donc autorisent deschoix rationnels pour les investisseurs.Mais celui qui opère sur le marché est« aussi » mû par la recherche du plusgrand gain. Il se doit donc de savoircomment les autres opérateurs vontréagir à un moment donné. Si son an-ticipation est correcte, il gagnera del’argent, en ayant su anticiper les va-riations de prix avant les autres. Sichacun se trouve dans une situationsimilaire, la rationalité devient alorsautoréférentielle et débouche sur unprix qui reflète davantage une croyan-ce partagée. Chacun fait comme ilpense que les autres pensent. Ainsi,d’une manière générale, les opéra-teurs sur les marchés adoptent la mê-me convention. La règle est donc lemimétisme. Un certain Keynes s’estdéjà prononcé sur ce sujet. Or chaquemicro-décision n’engage que soi et laresponsabilité individuelle est diluéedans le flot commun. Le mimétismeassure ainsi une certaine cohésion, ilest peut être même au fondementd’un sentiment d’appartenance à une

communauté.La finance contribuerait donc à tissercette nouvelle forme de «lien social».Fini le sentiment d’appartenance,l’adhésion à un projet collectif ?Certainement pas. Bien au contraire :un nouveau projet suscitant l’adhé-sion collective tend à s’imposer : laréussite individuelle sans partage, dé-gagée de cet Etat encombrant qui in-tervient, libérée de la politisation despolitiques économiques politiciennes.

La rationalité attribuée aux acteurs fi-nanciers finit même par devenir unobjet imité. Ainsi, peu à peu, un projetcommun se met en place. Il s’agitd’une construction politique, ambi-tieuse, qui suscite l’adhésion, parcequ’elle va chercher un dénominateurcommun en chacun de nous : l’indivi-dualisme.

Un nouveau projet suscitantl’adhésion collective tend à

s’imposer : la réussite individuelle sans partage

La démarche financière s’inscrit defait dans une convention : «la haus-se». A long terme, on comprend bienpourquoi. Mais même à court terme,cette convention sert de moteur. Et lamutation est profonde. Le conceptéconomique de « valeur » renvoiemoins aujourd’hui à la production debiens et services, qu’à la valorisationdu capital. Dans le cas des entreprisescotées, sous la pression des exigencesde rendement des marchés financiers,les dirigeants d’entreprises donnent de

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La finance est un sujet bien trop sérieuxpour le soustraire au débat politique

François Hada, (ENSAE 1994),Economiste

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plus en plus d’importance aux lo-giques de financement qu’à la pro-duction. Il faut créer de la valeur pourles actionnaires.

Ainsi, le succès d’une opération fi-nancière passe de plus en plus par lacommunication et l’opinion. Les mar-chés financiers deviennent donc plusque jamais des lieux de diffusiond’information supposés déclencherdes réactions, des réflexes. Il suffit àla plus value d’être latente, cela sé-duit l’actionnaire. Espace de commu-nication, la place financière est doncaussi un espace publicitaire.L’abondance d’informations en faitune vitrine où l’on peut observer lasanté économique, voire sociale,d’un ensemble, d’une communauté.Le Nasdaq grimpe ? La nouvelle éco-nomie est en marche ! Le Dow Jonessuit ? La veille économie tient la dis-tance ! Tout va bien.

La finance, fondée sur la forte rentabilité à un horizon

individuel, est instable

Les managers se sont ainsi attribué unautre objectif prioritaire. Dorénavant,ils se doivent d’assurer la valorisationdes actifs dont ils ont la responsabili-té. L’ingénieur cède son fauteuil au fi-nancier. Le communiquant prend laplace de l’analyste. Il en découle unejustification des transformations des

rémunérations, désormais para- mé-trée sur la valorisation du capital.Certains jugent d’ailleurs que tout ce-la est excessif. Mais l’excès est-il vrai-ment dans ces primes et autres bonusdont l’unité de compte est le milliond’euros ou de dollars ? Or une foisétablie, il est pour le moins difficilede remettre en cause une conventionde ce type. Il vaut mieux alors pourcertains s’en remettre à … la sagessedu marché.

La convention haussière à court ter-me interdit une croissance des va-leurs soutenable. La finance est in-stable dès lors qu’elle se fonde sur laforte rentabilité à un horizon indivi-duel, donc court. Tirant trop peu deleçons des crises passées, les acteursdes différents marchés sont sous ladomination d’une culture de l’immé-diat, et pour lesquels les performancesrapidement visibles prennent unpoids disproportionné. Les correc-tions se font donc « nécessairement »sous forme de crise. C’est peut être iciune façon d’expliquer pourquoi lesmarchés financiers ne peuvent pass’autoréguler. « Ils » ne se réforme-ront pas d’eux-mêmes, « ils » ne sa-vent pas évoluer vers une meilleureproportionnalité de ses résultats avecles besoins de l’économie « réelle ».D’ailleurs, là n’est pas leur rôle. Ilfaut donc leur donner un régulateur.Les bienfaits théoriques de la libérali-sation financière sont en grande par-

tie démentis par la réalité. Course ef-frénée aux rendements, comporte-ments moutonniers, effets de levier etcontagion ont fragilisé la mondialisa-tion financière. Même les plus ortho-doxes le disent aujourd’hui : il esttemps de réguler.

Même les plus orthodoxes le disent aujourd’hui : il est temps de réguler

Mais quelle est la bonne solution,entre la main trop imprévisible desmarchés financiers et les mains sou-vent visibles des Etats ? Faut-il espérerque l’opinion pénètre ces lieux de dé-cision et pèse sur son orientation ac-tuelle ? La question n’est pas d’oppo-ser des citoyens aux marchésfinanciers, ni de dire que les premierssont les victimes des seconds. Il nes’agit pas de rejeter les marchés fi-nanciers. Au passage, méfions-nousde ce type de personnalisation, quipermet trop souvent d’éviter unecontroverse, et de rejeter loin de soila responsabilité d’un problème. La question est de poser les termes dudébat, de poser une question simple :comment réguler ces marchés ? Toutecrise offre une opportunité… La pre-mière question n’est pas « quel mon-de voulons-nous construire ? », maisplutôt « quel monde devons-nousconstruire ? ».

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DOSSIER

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Mobilités

Pierre Audibert, 52 ans, ENSAE 1977

remplace Michel Jacod, qui prend saretraite, comme directeur de la diffu-sion et de l'action régionale del'INSEE. Pierre Audibert était depuis1996 directeur régional de l'Insee enProvence-Alpes-Côte d'Azur.

François Benaroya, 33 ans, ENSAE 1994

a été nommé directeur adjoint du ca-binet de Noëlle Lenoir, ministre dé-légué aux Affaires européennes.Ancien élève de l'EcolePolytechnique, titulaire d'un masteren économie de l'université deTilburg (Pays Bas), administrateur del'Insee, il a notamment été, de 1997à 1999, conseiller économique pourla Communauté des Etats indépen-dants en résidence à Moscou, avantde devenir chef du bureau échangeset investissements à la sous-directionde l'information économique de ladirection des relations économiquesextérieures.Conseiller économique auprès du di-recteur de la DREE, de 2001 à juin2002, il était depuis lors conseillertechnique au cabinet de NoëlleLenoir.

Frédéric Bernard, 37 ans, ENSAE 1991

supervisera les opérations de fieldmarketing et de street marketing dePublicis Dialog, ainsi que le déve-loppement des activités dites de so-

lutions marketing (centres d’appel,outils interactifs, datawarehouse...). Il est le président-fondateur de Stella,filiale de Publicis Dialog spécialiséedans le street marketing.

Olivier de Conihout, 46 ans, ENSAE 1981

a été nommé directeur associé dela d iv is ion des serv ices auxbanques et institutions financières,e t membre du comité exécut i fd'Unisys France. Société interna-t ionale, Unisys es t spécial iséedans les services et solutions dé-diés aux systèmes d'information.Il était depuis 1999 directeur e-bu-siness auprès du comité exécutif duCrédi t Lyonnais . Auparavant ,Olivier de Conihout a travaillé de1993 à 1998 au se in de laCompagnie Par i s ienne deRéescompte (CPR) . De 1988 à1993, Olivier de Conihout a été di-recteur de SRI International (exStanford Research Institute).

Laurent Doubrovine, 35 ans, ENSAE 1991

a rejoint le comité de direction géné-rale des AGF. Au sein du nouvel en-semble vie et services financiers,Laurent Doubrovine est directeurtechnique et produits vie. Diplôméde l'Institut des actuaires de Franceet de l'IHEE, il était directeur tech-nique vie, en charge de l'actuariatdes produits, des résultats et de lafonction juridique.

Abderazzak El Mossadeq, 56 ans, ENSAE 1972

a été nommé ministre délégué auprèsdu premier ministre, chargé desAffaires économiques et générales etde la Mise à niveau de l'économie,dans le gouvernement marocain aprèsles élections législatives de septembredernier. Il a débuté sa carrière en inté-grant l'Office national de l'eau po-table. Chargé de mission auprès duPremier ministre en 1974, il devient,en 1980, secrétaire général de l'Officepour le développement industrielpuis directeur et directeur général del'industrie au ministère du Commerceet de l'Industrie. En 1998, il est nom-mé directeur général des douanes etimpôts indirects. Il a occupé plusieursautres fonctions en tant qu'adminis-trateur de Bank Al Maghrib, de laBanque nationale pour le développe-ment économique, de la Banque cen-trale populaire et de plusieurs autressociétés commerciales et industrielles.

Michel Francony, 53 ans, ENSAE 1972

a été nommé directeur général (CEO)d'EDF Trading, filiale d'EDF, traderd'énergies en Europe. Ancien élèvede l'Ecole Polytechnique, il a effectuél'ensemble de sa carrière chez EDF.Entré chez EDF-GDF en 1972, il oc-cupe diverses fonctions au sein de ladirection de la distribution, dont il estnommé directeur délégué en février1991. Deux ans plus tard, il devientdirecteur d'EDF-GDF Services et, à cetitre, membre du directoire exécutifd'EDF et du comité de direction de

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LES ANCIENS

Gaz de France. En novembre 1998, ilest nommé directeur à la présidenced'EDF puis dirige, à partir de mai2000, la division stratégie valorisa-tion optimisation au pôle industried'EDF. Depuis 2002, il était directeurdélégué à la branche énergies.

Philippe Hubert, 49 ans, ENSAE 1978

a été nommé directeur des risqueschroniques à l'Institut national del'environnement industriel et desrisques (Ineris), établissement publicà caractère industriel et commercial,créé en 1990 et placé sous la tutelledu ministère de l'Ecologie et duDéveloppement durable. Ancien élè-ve de l'Ecole Polytechnique, titulaired'un Deug de philosophie, chercheurà l' Inserm au sein de l'unité"Evaluation des risques et des actionsde préventions", de 1979 à 1990, il aensuite rejoint l'Institut de protectionet de sûreté nucléaire (IPSN) en tantque chef du service d'évaluation etde gestion des risques. Conseillertechnique au cabinet du ministre del'Environnement en 2001 et 2002, ilétait depuis juin 2002, conseiller au-près du directeur de l'Institut de ra-dioprotection et de sûreté nucléaire.

Jean-Baptiste Hueber, 33 ans, ENSAE 1996

a été nommé administrateur et direc-teur général de la Banque Laydernier(groupe Crédit du Nord) où il succèdeà Jean-Pierre Hanne. Ancien élève del'Ecole Polytechnique, il est entré à ladirection des études clients du Créditdu Nord en 1995. Responsable de ladirection des études puis de la direc-tion du développement, il a alors pi-loté le projet "gestion de la relationclient" du groupe avant d'intégrer, en2002, la Banque Laydernier commedirecteur général adjoint, directeur del'exploitation.

Jean-Philippe Huguet, 39 ans, ENSAE 1989

a été nommé directeur général délé-

gué de Cortal Consors, société deBNP Paribas spécialisée dansl'épargne et le courtage en ligne. Il acommencé sa carrière en 1988, com-me adjoint au responsable du serviceméthodes de la Compagnie Bancaire.Directeur de la planification et ducontrôle de gestion de Cortal de 1991à 1994, il a rejoint, en 1995, le cour-tier sur produits dérivés Fimat, auposte de chargé de mission pourl'Europe centrale à Vienne. Un anplus tard, i l a créé Fimatex enAllemagne, qu'il a dirigé avant d'êtrenommé directeur général de FimatexSA, en 2000. I l a rejoint CortalConsors en 2002 comme secrétairegénéral.

Pierre Jaillard, ENSAE 1988

a été nommé président de laCommission nationale de toponymie.La CNT, placée auprès du Conseil na-tional de l’information géographique(CNIG), a pour mission « de contri-buer à la conservation et au dévelop-pement cohérent du patrimoine topo-nymique de la France » (décret du 28septembre 1999).Pierre Jaillard est administrateur del'INSEE et conseiller municipal deSceaux.

François Lecointe, 42 ans, ENSAE 1985

a été nommé au comité exécutif duGroupe Egis. Après avoir débuté sacarrière comme économiste à l'OFCE,il a rejoint le groupe CDC en 1989 eta participé, en 2000, à la création deCDC Ixis, où il a exercé les fonctionsde directeur financier adjoint et de di-recteur du compte propre. Il est, de-puis juin 2003, secrétaire général dugroupe Egis.

Jean-François Lequoy, 42 ans, ENSAE 1986

a été promu DGA aux AGF, en chargedes activités de comptabilité, de fisca-lité, de pilotage et de contrôle desrisques, ainsi que de placements d'as-

surance et de corporate finance. Ilétait jusqu'à présent directeur finan-cier et membre du comité exécutif.

Jean Paul Marchetti, ENSAE 1974

est entré au directoire de CDC IxisAsset Managemment. Cet ancien élè-ve de l'Ecole Polytechnique, inspec-teur général de l'Insee, a débuté sacarrière à la direction générale del'Insee. Il a ensuite rejoint, en 1978,la Direction du budget, au sein de la-quelle il a été nommé, en 1992, chefde service. Directeur général adjointet directeur financier de la Poste, de1995 à 1998, il a ensuite intégré CNPAssurances, dont il était, depuis 1998,membre du directoire, chargé de ladirection financière.

Pierre Michel, 35 ans, ENSAE 1993

a été nommé Directeur et AgentPrincipal de PartnerRe Canada, àToronto. Actuaire, diplômé de l'Ecolepolytechnique, de l'Institut d'étudespolitiques de Paris, il était auparavantdirecteur adjoint de la réassuranceVie auprès de PartnerRe, à Paris.

Gilles Oudiz, 52 ans, ENSAE 1976

a rejoint l 'équipe de banquiers-conseils de SG CIB. Basé à Paris, il estresponsable d'un portefeuille degrands clients. Ancien élève de l'EcolePolytechnique, il a commencé sa car-rière comme administrateur del'Insee. A partir de 1985, il a notam-ment travaillé pour la compagnieBancaire et la Société de BanqueSuisse, où il a exercé différentes fonc-tions, dont celle de directeur des opé-rations de marché. Il a également étédirecteur général délégué à la BanquePallas Stern et président-directeur gé-néral à la Banque Morhange. Avantd'intégrer SG CIB, il était directeurgénéral et membre du directoire deClinvest, la filiale de conseil en fu-sions et acquisit ions du CréditLyonnais.

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Emmanuel Raou, 52 ans, ENSAE 1976

a été nommé chef du service écono-mique et statistique au sein de la di-rection des affaires économiques etinternationale du ministère de l'équi-pement. Il succède à Yves Robin,nommé chef du service des études etdes statistiques industrielles au minis-tère de l'industrie. Emmanuel Raou atravaillé durant quinze ans à l'Insee,où il a notamment été chef du dépar-tement de la conjoncture. Il a ensuitepoursuivi sa carrière à la Sofres puisau ministère de l'économie. En 1994,il avait rejoint la société de BourseExane.

Jean Charles Simon, 33 ans, ENSAE 1995

est devenu directeur de l'Associationfrançaise des entreprises privées(Afep). Diplômé de l'Institut d'étudespolitiques de Paris, il a été trader deproduits dérivés actions chezDresdner Kleinwort Benson jusqu'en1998. Il a ensuite pris, pour un an, leposte de directeur des études du RPR.Il a ensuite été conseiller du présidentpuis directeur des affaires publiquesde la FFSA.

Essentiellement d'après Les Echos etLa Tribune.

Variances40

A 63 ans, Alain Bensoussan, professeur de mathématiques appliquéesà l'université Paris-Dauphine, membre de l'Académie Internationaled'Astronautique, a été élu en novembre dernier à l'Académie desSciences, dans la section des sciences mécaniques.Diplômé de l'École Polytechnique et de l'Institut de Programmation, ilest docteur d'état en Mathématiques. Professeur à Dauphine depuis1969, il a été maître de conférences à l'École Polytechnique (1970-1986) et professeur à l'Ecole Normale Supérieure (1980-1985).Alain Bensousson a été président du Centre national d'études spatialesde 1996 à 2003 et président du conseil de l'Agence spatiale euro-péenne de 1999 à 2002. Auparavant, il a dirigé l'Institut national derecherche en informatique et automatique, l'INRIA (1984-1996) parti-cipant à la création de nombreuses entreprises de haute technologie,comme le consortium W3C.Auteur de près de trois cents articles et plusieurs fois distingués par lacommunauté scientifique international, notamment du Prix VonHumboldt, il a travaillé sur l'automatique et les mathématiques appli-quées, mais aussi dans les sciences de l'information. Alain Bensoussana été l'un des initiateurs du contrôle stochastique pour les systèmesdistribués et a démontré notamment le principe de séparation de l'esti-mation et du contrôle, qu'il a étendu ensuite aux jeux différentiels. Intéressé par les applications économiques, Alain Bensoussan a défini,avec J.-L. Lions, le concept "d'inéquations quasi variationnelles" qui apermis de modifier considérablement les domaines de la gestion deproduction et de la théorie des stocks. Alain Bensoussan a aussi contri-bué à l'utilisation du contrôle stochastique en finance.

Alain Bensoussan (ENSAE 1965), élu à l'Académie des sciences

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Carnet

Aurélie Cao (ENSAE 2003)a le plaisir de vous faire part de son mariage avec M. Joseph Fruhauf, le 12 Juillet 2003, à

Bourg La Reine et remercie tous ceux qui ont fait le déplacement.

Florence de Montaignac de Chauvance et Guillaume Barruel (ENSAE 2003)se sont donné le sacrement du mariage le 8 novembre 2003 à Meung-sur-Loire (Loiret).

Mariages

LES ANCIENS

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Variances42

Publications

Introduction à la gestionActif-Passif bancaire

L’ouvrage « Introduction à la gestionActif-Passif bancaire » a peu de chanced’atterrir sur la table d’une personne dontle métier n’est celui de banquier et plusspécifiquement, en charge de la gestiondes risques de taux et de liquidité. Ce se-rait pourtant une erreur de le laisser auxseuls spécialistes (dont le modeste auteurde cette recension n’est pas) car il nousconvie à une plongée à l’intérieur desmécanismes de l’intermédiation financiè-re et dans une problématique plus trivialeque le titre de l’ouvrage ne le laisse sup-poser : comment une banque équilibre-t-elle son bilan en gérant son risque de li-quidité, et quels sont ses outils pourcontrôler l’évolution de son résultat ?

Ces questions font l’objet de la gestionactif-passif (ou gestion ALM) et sont pré-sentées en détail dans cet ouvrage aveccomme préoccupations principales,d’une part, d’adopter une approche di-dactique et progressive et, d’autre part,de recadrer les résultats mathématiquesobtenus par rapport aux hypothèses sous-jacentes et à la réalité. Dans une premiè-re partie sont introduits, sous des hypo-thèses simplificatrices, les grandsconcepts de la gestion ALM (avec desmodèles simples et des exemples chif-frés). On comprend ainsi ce qu’est lerisque de liquidité pour une banque endécomposant les éléments du bilan entrece qui ressortit à la production nouvelleet à l’écoulement du bilan (le rembourse-ment des prêts). Une modélisation simpledes en-cours de la banque permet decomprendre ce que représente une im-passe en liquidité. De même le risque detaux est détaillé au travers des notions de

marge d’intérêt et de l’analyse de sa va-riabilité au niveau des taux d’intérêt.

Dans un second temps, les auteurs s’atta-chent à produire des modélisations pluscomplètes qui permettent d’avoir uneréelle approche dynamique des problé-matiques concernées. Ainsi, ils produi-sent les modélisations du comportementde la clientèle et de l’écoulement lorsquecelui-ci dépend du taux d’intérêt et desgrandes variables macro économiques.De même, l’écoulement du bilan est ap-proché de façon dynamique et ne com-prend pas uniquement des modèles d’im-passe de liquidité à un moment t donné.Enfin, une attention particulière est ap-portée à l’approche du risque de taux.Les auteurs montrent que pour une cer-taine stratégie de taux de cession interneà la banque, il est possible de transférerle risque des filiales vers la direction fi-

nancière de la banque. En ce qui concer-ne les stratégies de gestion du risque detaux, on voit apparaître une note pluspersonnelle au sein d’un ouvrage qui seveut d’abord une présentation synthé-tique et critique des grands outils decompréhension de la gestion actif-passif.Ainsi, les auteurs livrent un plaidoyercourt mais efficace pour que la gestionALM se dote d’outils de couverture plussophistiqués que les seuls swaps, et ilssoulignent la disparité qui se creuse entrele raffinement des outils de gestion durisque de marché par rapport aux outilsde gestion ALM du risque de taux.

Au global, cet ouvrage vaut particulière-ment pour l’attention qui est portée à re-cadrer chacun des résultats présentésdans le contexte pratique de la gestionactif-passif et par le caractère didactiquede l’approche adoptée. La volonté d’allervers des modélisations proches de la réa-lité et d’insister sur une approche par sce-narii est convaincante. On notera le soinapporté aux annexes qui closent chaquechapitre et le lien avec la réglementationen vigueur concernant les banques. Voilàun livre qui prendra place naturellementsur la table de nuit du parfait petit ban-quier mais qui saura aussi séduire l’ex-plorateur en herbe des bilans bancaires.

Sébastien Petithuguenin (ENSAE 2001)

Tous ces ouvrages peuvent être commandés en ligne sur le site Internet des Anciens del'ENSAE (www.ensae.org, rubrique Publications). Pour présenter un ouvrage ou unelecture critique d'un livre d'un Ancien, contactez la rédaction de Variances.

Paul Demey(CESS 1999),Antoine Frachot(ENSAE 1989),Gaël Riboulet(ENSAE 1999),Economica, Paris.

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LES ANCIENS

Pour une Majeure cinquième plus offensive,

Les colonnes de Variances s’ouvrentaujourd’hui à un ouvrage atypique.Cette colonne est plus habituée à ac-cueillir des ouvrages ayant trait à l’ac-tualité socio-économique, ou auxderniers développements statistiques.Voici un livre technique sur le bridge,preuve s’il en était que mathéma-tiques et plaisir ludique font souventbon ménage.

On reproche souvent au système clas-sique Français de la majeure cinquiè-me son manque d'agressivité. A l'ins-tar d'autres systèmes internationaux,Alain Blanquier joue la carte d'un sys-tème plus offensif qui ravira les joueursconfirmés. Son ouvrage s'articule au-tour de dix chapitres au cours desquels

il revisite les principales ouvertures(faibles, fortes) et les développementsassociés, les enchères de chelem et lesbarrages. Il prend soin d'analyser lesavantages et les inconvénients de sonsystème novateur, à l'aide d'exemplesissus de tournois simultanés commeles rondes de France, le Top 7 dePhilippe Soulet ou le Roy René deGilles Quéran. Même si cet ouvrages'adresse plutôt aux joueurs avertis, ilsaura ravir ceux d'entre vous désiranttester un système pouvant facilementdéstabiliser les adversaires. A conseilleraux amateurs de bridge éclairés.

Sébastien Petithuguenin (ENSAE 2001)

et Jean-Yves Tourneret

Alain Blanquier (ENSAE 1962), éditions Publibook, Paris, 248 pages.

Institutions et Emploi : Les femmes et le marché

du travail en France,

Dans cet ouvrage, Bernard Salanié etGuy Laroque poursuivent leur travauxvisant à expliquer le niveau élevé duchômage et de l’inactivité observé enFrance par certains facteurs institution-nels qui caractérisent son marché dutravail et plus particulièrement le salaireminimum et le système de transferts so-ciaux. Continuant sur un terrain idéolo-giquement marqué, ils remettent encause le niveau du salaire minimum,qui aurait, selon eux, un effet négatif deforte ampleur sur l'emploi. Ils estimentaussi que les prestations sous condi-tions de ressources, notamment le RMI,peuvent créer une trappe à chômage enlimitant le gain net tiré d’emplois à bassalaire. Pour leur démonstration, les au-teurs modélisent le comportement mi-cro-économique du côté de l'offre detravail en utilisant les données de l’en-quête Emploi. Ils peuvent ensuite simu-ler différentes variantes de politiquesfiscales et sociales. L'originalité de l'exercice est d'utiliserla participation des femmes au marchédu travail comme angle d'attaque. Audelà d'un effet de mode d'une théma-tique mise sur le devant de la scène cesdernières années, c'est aussi un moyen

de profiter de la diversité de situationdes femmes sur le marché du travail etune manière de souligner la complexi-té de la démarche adoptée avec laquestion du partage entre temps partielet temps complet, mais surtout, la né-cessité de prendre en compte la dimen-sion "ménage" et revenus du foyer, audelà de la "simple" question du niveaudu salaire.

Les résultats exposés laisseront évidem-ment chacun dans son camps. Les uns ypuiseront arguments pour défendre ledémantèlement du système social fran-çais. Les autres pourront les réfuter enmettant en avant la fragilité, voire la par-tialité, des hypothèses. Les auteurs eux-mêmes rappellent certaines limites deleurs modélisation. Certaines d'ordretechnique, comme la difficulté d'unemodélisation dynamique qui prenne parexemple en compte le fait que travaillergénère des droits à des revenus pour despériodes de chômage ultérieures.D'autres statistiques, par exemple parceque l'enquête Emploi ne permet pas debien mesurer les revenus des agents, no-tamment les plus pauvres, ce qui conduit

d'ailleurs à baser les estimations sur unchamp ne concernant qu'un quart desfemmes en âge de travailler. Il reste cependant l'intérêt d'un exercicetechnique qui illustre une des voies queles économistes pourraient investir da-vantage pour être plus présents dans lechamp de l'évaluation des politiquespubliques.

Stéphane Jugnot(ENSAE 1998)

Bernard Salanié (ENSAE 1986),Guy Laroque (ENSAE 1970),

Economica, Paris, 165 pages.

43Numéro 24 - mai 2004

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TRIBUNE LIBRE

“Les responsables politiques et lea-ders d’opinion français et européensse montrent volontaristes sur la pro-tection de l’Environnement et l’écolo-gie. Ils ont raison, puisqu’il faut pré-server autant que possible notre cadrede vie, gage de bonheur et de prospé-rité pour nous-mêmes et pour les gé-nérations futures (nous prenons ici lemot Environnement au sens large,c’est-à-dire pas seulement la protec-tion de la nature et la lutte contre lespollutions, mais aussi la gestion denotre cadre de vie, y incluant urbanis-me, sécurité sanitaire, transports,énergie, logement, déchets, assainis-sement, agriculture…).

Si l’objectif ne soulève guère ques-tion, le choix des moyens peut donnerlieu à débat, car différentes voies s’of-frent à nous. Sur l’Environnementcomme sur d’autres chapitres de l’ac-tion collective, le règne de la parole etde l’émotion prévaut souvent. Les ci-toyens ont des convictions affirméessur ce qu’il convient de faire, mais lesbases scientifiques ou économiquesdes décisions sont parfois trop incer-taines ou peu définies.

Les signataires du présent manifesteappellent au respect de quelques prin-cipes essentiels pour une bonne ges-tion de l’Environnement :

1 - la précision et la rigueur scienti-fiques : les décisions d’action com-portant des coûts importants doiventêtre justifiées par des faits et non pardes appréciations subjectives ; un faitest quelque chose d’observable et demesurable, éventuellement avec descoefficients de probabilité ; en universincertain, la recherche scientifique estprioritaire.

2 - la prise en compte des aspectséconomiques : entre deux actions en-visageables qui apporteraient àl’Environnement un bénéfice iden-tique, la moins coûteuse sera préfé-rée; les actions seront hiérarchisées enfonction d’analyses de coûts et avan-tages environnementaux et écono-miques (sans tenir compte des sub-ventions ou incitations fiscales outarifaires qui peuvent s’appliquer, eten utilisant les méthodes d’actualisa-tion avec des taux de marché).

3 - le recours aux techniques de ges-tion des affaires humaines, et notam-ment à la notion de responsabilité :les assurances indemnisent, la justicesanctionne les atteintes fautives à au-trui, les contrôles sont efficaces, ledroit est appliqué, les services sontpayés à leur prix réel et sans monopo-le réglementé, la propriété entraîne laprotection, etc.

Au total, nous estimons que les ques-tions d’Environnement doivent seconformer à la nécessité de rigueur etd’honnêteté intellectuelle, qui s’ap-plique dans tous les domaines de l’ac-tivité humaine : d’autant qu’il s’agitd’enjeux fondamentaux, et de coûtssouvent considérables. Nous sommespréoccupés de voir que trop souvent iln’en est pas ainsi.

Nous créons donc l’Institut européenpour la gestion raisonnée del’Environnement (IEGRE), qui œuvreraà identifier les situations où ces prin-cipes ne sont pas respectés, et deman-dera publiquement les corrections né-cessaires. Ceci au niveau France etEurope, voire mondial. Toute person-ne, physique ou morale, peut nousdemander d’intervenir, et l’IEGREprendra lui-même des initiatives. »

L’IEGRE a pour objectif de contribuerà une prise en compte de l’environne-ment et de l’écologie fondée sur desapproches scientifiques et écono-miques raisonnables et équilibrées.Son principal mode d’action est demener des recherches pour disposerd’arguments factuels, et proposer desrévisions des politiques nationales eteuropéennes qui paraîtraient mal fon-dées (www.iegre.net).

Manifeste de l'Institut européen pour la gestion raisonnée de l’environnement (IEGRE),transmis par son président, Dominique Garrigues (ENSAE 1968).

Variances44

Pour une gestion raisonnée de l’environnement

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