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N°1825 - mai 2017 LA VOIX DU COMBATTANT LA VOIX DU COMBATTANT Le magazine de l’Union nationale des combattants Merci à l’armée d’Afrique p.3 Éditorial Le coup de cœur de la rédaction « Une pensée pour tous ceux des groupes sahariens » p.2 Regards sur 1914-1918 Les mutineries du printemps 1917 p. 26 Opérations intérieures Pendant Sentinelle, maintenir les savoir-faire p.12 Mont-Faron : le renouveau

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N°1

825

-mai

201

7LA VOIX DUCOMBATTANTLA VOIX DUCOMBATTANT

Le magazine de l’Union nationale des combattants

Merci à l’arméed’Afrique p.3

Éditorial Le coup de cœur de la rédaction«Une pensée pour tous ceuxdes groupes sahariens» p.2

Regards sur 1914-1918Les mutineries du printemps 1917 p. 26

Opérations intérieuresPendant Sentinelle, maintenir les savoir-faire p.12

Mont-Faron : le renouveau

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T out y est ! Les minuscules jerricans d’es­sence, le petit fusil du conducteur (unMas 49), la caisse à munitions miniature, leposte radio ANGRC9 avec son manipula­

teur et ses écouteurs pour lilliputiens, le posteSCR300 avec son combiné microscopique pourcommuniquer avec l’aviation, la mitrailleuseReibel, et même les “guerbas”, ces outres enpeau de chèvre utilisées par les hommes descompagnies sahariennes pour transporter leurration d’eau à travers le désert… Tout est parfai­tement reproduit, dans cette maquette deDodge 4x4 entièrement réalisée en acier et tôlede récupération, minutieusement coupés,soudés, brasés, assemblés, peints… «La seulechose qui soit, disons, fantaisiste, c’est l’immatri­culation du véhicule. Je lui ai don né un numérod’immatriculation qui cor respond en réalité àcelui du véhicule des ca ma rades qui m’ont sauvéla vie, une fois, en opé ration», rectifie JeanNicolas, au jour d’hui membre de l’UNC­92.Appelé sous les drapeaux en 1956­1958, le jeunehomme est d’abord affecté comme radio au seindu GSST (groupement saharien du sud tunisien),avant de rejoindre dès 1957 le GSM (Groupementsaharien motorisé) en Algérie. Ce fils de militantcommuniste, placé en nourrice jusqu’à l’âge de dixans, puis en internat sous prétexte «qu’il ne tra­vaille pas à l’école» ­ on ignorait alors ce qu’étaientla dyslexie et son corollaire la dysorthographie ­comprend vite qu’il ne pourra pas faire d’étudeslongues à cause de ce handicap. Qu’importe. Ils’instruira tout seul, de cours du soir en formationsdiverses. Il se lance dans une prépa­ration militaire dans l’armée de terre.Lorsqu’arrivent les trois jours, naï­vement, il répond à la questionde l’officier : il souhaite faire

son service militaire à Paris, pour continuer sescours du soir. Direction la Tunisie, puis l’Algérie.C’est en 2000 que le dessinateur, puis ingénieurretraité de chez PSA se lance, à la deman de de sespetits­enfants, et «avec une pensée pour tousceux qui ont servi au Groupement saharien dusud tunisien puis au Groupement saharien moto­risé en Algérie». Il réalise sa première épure duDodge 4x4, véhicule radio de la premièrepatrouille du 7epeloton porté du 2e GSM. Il s’ins­pire « juste des photos, je n’avais pas les dimen­sions, rien du tout». Car il a aussi un album pho­tos. Magnifique, avec des clichés de grandequalité, soigneusement présentés, rigoureuse­ment légendés. On devi ne en le feuilletant lesheures de travail scrupuleux qu’il a fallu consa­crer à ce véritable journal de marche enimages. On suit le jeune radio de la Tunisie àl’Algérie, des missions de protection du pipe­line d’Hassi Messaoud à Toggourt à celles destravaux du Constantinois. Il évoque, photo aprèsphoto, le vent de sable, les vipères à cornes et lesscorpions qui apparaissent la nuit, ses trois lieu­tenants qui, successivement, seront tués en opé­ration, la vie nomade en plein cœur du Sahara.«On m’a proposé une fois de servir dans unecaserne, pour faire des interrogatoires. Maisquand j’ai vu comment cela se passait, j’ai refusé.Moi j’étais transmetteur».D’après ses photos, il réalise donc l’épure de sonvéhicule. Puis il passe à la réalisation de la maquette.«Je ne sais pas combiende temps cela m’a pris,je n’ai pas compté,

avoue­t­il. Mes petits­enfants la récupèreront quandje déciderai de quitter ce monde. En attendant,elle est dans une vitrine, je ne la sors jamais. Saufquand j’ai des visiteurs de marque ou des gens quecela intéresse». Et avec ses gestes précis et minu­tieux, Jean Nicolas replace sa maquette dans un car­ton pour la protéger dans les transports en com­mun en rentrant chez lui. Roule soigneusementses précieux croquis. Range son album photos,que viennent rejoindre au fond de sa sacoche encuir ses cahiers de formation de radio et ce livretjauni que l’on distribuait alors aux appelés, inti­tulé “Notice à l’usage des jeunes Français de laMétropole appelés à servir en Afrique du Nord”.« C’était pour que l’on sache comment se com­porter correctement », lâche­t­il sobrement. n

Béatrice Gendron

2 La Voix du Combattant mai 2017

« Une pensée pour tous ceux des groupes sahariens »

Le coup de cœur de la rédaction

© PHOTOS : B. G.

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Éditorial

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N°1

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17LA VOIX DUCOMBATTANT

LA VOIX DUCOMBATTANTLe magazine de l’Union nationale des combattants

Besoind’avenir p.3

Éditorial

Le coup de colère de la rédactionColonisation en Algérie : le sens des mots p.2

Histoire1947, le soulèvementinsurrectionnel àMadagascar p. 32

Libre proposCommémorer le 19 mars, un deni de mémoire p.12

Pour une UNCactive et uniePour une UNCactive et unie

Tél. : 01.53.89.04.18 – Fax : 01.53.89.04.29. - E-mail : [email protected]

Informations :

Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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nn Ci-joint mon règlement par chèque à l’ordre de :LA VOIX DU COMBATTANT

nn 16 € (France et EU) – nn 26,50 € (Étranger)

Prix valables jusqu’au 31/12/2017

Premier n° paru le 13 juillet 1919Commission CPPAP :N° 1117-A-06249 - ISSN : 2104-9416Date du dernier dépôt légal :AVRIL 2017

Impression : Imaye, 96, boulevard Henri-Becquerel,53000 LavalPublicité : Mistral Media, 365, rue de Vaugirard -75015 Paris, Tél. : 01.40.02.99.00 - Fax : 01.40.02.99.01.

Reproduction des textes et des illustrations interdite sans accord préalable.

Ont collaboré à ce numéro : Pierre Antoine, Oswald Calégari, Henry Dutailly, Éric Euzen, Gérard Ferrand, Catherine Gérard, Jean-Marie Gille, Daniel Jolys, Catherine Pérel, Claude Perrier, Alain Prost, Philippe Schmitt, les cellules communication du 501e RCC et de l’Onac-VG.

Ce numéro comporte 1 encart, déclaré en Presse +,La France mutualiste.

COUVERTURE : Le mémorial du Mont-Faron.© Onac-VG.

Abonnez-vous à LA VOIX DUCOMBATTANT

Le 16 mars le musée rénové du Mont Faronà Toulon a été inauguré par François Hol­lande. Ce haut lieu de mémoire retracel’épopée du débarquement de Provence

en août 1944 et met à l’honneur cette arméed’Afrique qui va poursuivre la libération de laFrance. Cette armée, de qui était­elle compo­sée, sinon d’un amalgame entre Pieds noirs,Français musulmans, tirailleurs, goumiers, éva­dés de France, supplétifs et autrespatriotes dont beaucoup avaient déjàcombattu avec le général Juin au seindu corps expéditionnaire français enItalie? Dans un même élan, ces troupesfrançaises unies autour d’un même but, délivrerla France, vont se retrouver 10 ans après plon­gées dans l’un des plus effroyables drames queseront les événements d’Algérie, qualifiés surle tard de guerre d’Algérie.Ce haut lieu de mémoire, rénové avec goût etforce moyens pédagogiques, mérite soit l’as­cension de la colline soit l’emprunt du télé­phérique du Mont­Faron qui domine Toulon.Les extérieurs ont également été remis envaleur par le ravalement de cette an cien ne cita­delle qui abrite le musée et surplombe la villeet la rade. Sur demande du président FrançoisHollande en 2014, cette restauration a été réa­lisée par l’Office national des anciens combat­tants et victimes de guerre, en liaison avec laDirection de la mémoire et du patrimoine desarmées. L’utilisation de moyens audiovisuels

les plus récents, enplusieurs langues, faci­lite la compréhensiondu déroulement de cedébarquement. Laplace des Alliés dansle dé barquement y est largement exposée etcommentée. Une muséologie des plus variées,et largement illustrée par des objets ou do cu­

ments d’époque, inté ressera un large public,que ce soit le féru d’his toire ou les familles etscolaires. Un seul regret cependant : que par­fois la mémoire trahisse l’histoire en jetant unvoile pudique sur l’importance du rôle de cer­tains acteurs de cette libération notammentcelle du colonel Salan. Ce dernier, à la tête du6e régiment de Tirailleurs sénégalais a joué unrôle déterminant en évitant plusieurs jours d’oc­cupation supplémentaires à la ville de Toulonpar un raid de contournement des plus auda­cieux…Nombre de soldats de l’armée d’Afrique, « ve ­nus des colonies pour sauver la Patrie » commel’indique leur chant, seront d’ailleurs sauvage­ment assassinés de 1954 à 1964 alors qu’ilsconservaient leur fidélité au drapeau français.Nous ne les oublions pas.

Ce haut lieu de mémoire retrace l’épopée du débarquement de Provence en août 1944 et met à l’honneur cette armée

d’Afrique qui va poursuivre la libération de la France.

Le mot du président par Pierre Saint-MacaryLa Voix du Combattant18, rue Vézelay ­ 75008 ParisTél. : 01.53.89.04.28Fax : 01.53.89.04.29.

Directeur de la publication :Pierre Saint­Macary

Rédactrice en chef : Béatrice GendronLa Voix du Combattant est éditée parl’Union Nationale des Combattants. Président général de l’UNC : Pierre Saint­Macary. Association reconnue d’utilité publique par décret du 20 mai 1920. Siège social : 18, rue Vézelay ­ 75008 Paris.Mise en page : Patricia ChibaneComité de rédaction : Pierre Antoine, Alain Guth, Dominique Musset, Georges Lebel, Pierre Saint­Macary, Gérard Beaumont­Senn, Henri Chemin,Gérard Colliot, Henry Dutailly, Éric Euzen, Philippe Schmitt.

Merci à l’armée d’Afrique

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Inauguré par le président de la République le 16 mars dernier, le mémo­rial rénové du Mont­Faron (83) a rouvert ses portes au public au débutdu mois d’avril. C’est l’occasion de poursuivre le cycle de présentations

des hauts lieux de la mémoire nationale lancé par La Voix du Combattantà l’automne. Après le Mont­Valérien (92), le mémorial du Quai Branly (75),et la prison de Montluc (69), nous proposons donc à nos lecteurs une décou­verte de ce site, qui surplombe la rade de Toulon et honore la mémoire detous les combattants de la Bataille de Provence. Des acteurs multiples,puisque contrairement à l’opération Overlord en Normandie menée prin­cipalement par les Alliés, les forces françaises (libres et de l’intérieur) ont lar­gement contribué à la bataille de Provence. C’est l’armée B du général deLattre de Tassigny qui a libéré les villes de Toulon et de Marseille.Pour la première fois depuis la Première Guerre mondiale, dans la Marne,le sol français a rendu le corps d’un soldat russe ­malheureusement nonidentifié­ mais dont on sait qu’il a combattu au sein de la 3e brigade spé­ciale d’infanterie russe, aux ordres du général Marouchevski, qui a livréde violents combats lors de la Bataille du Chemin des Dames. Ce soldatinconnu a été inhumé le 22 mars dans la nécropole militaire russe de

Saint­Hilaire­le­Grand (51) à l’issue d’uneémouvante cérémonie qui s’est tenueà la chapelle orthodoxe édifiée par l’As­sociation du souvenir du corps expédi­tionnaire russe en France, affiliée à l’UNC.Et La Voix du Combattant revient, cemois­ci, sur les suites de la Bataille duChemin des Dames, à travers les muti­neries dans les troupes françaises quiont suivi le désastre de l’offensive Nivelle.Enfin, à l’occasion d’un exercice mené courant mars sur les bords dela Seine, le 13e régiment du Génie (Valdahon) et le 92e régiment d’In­fanterie (Clermont­Ferrand), tous deux rattachés à la 2e brigade blin­dée (Illkirch­Graffenstaden), ont accueilli près de 200 enfants desécoles et centres de loisirs de la commune d’Andrésy (78). Nous avonsainsi découvert que la jeune génération ­ et notamment ses repré­sentantes féminines ­ est déjà très calée en connaissance des blindés.Félicitations, mesdemoiselles !

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Sommaire

par Béatrice Gendron

© Onac-VG

© B. G.

Le mot de la rédactrice en chef

La Voix du Combattant mai 2017

N°1

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7LA VOIX DUCOMBATTANTLA VOIX DUCOMBATTANT

Le magazine de l’Union nationale des combattants

Merci à l’arméed’Afrique p.3

Éditorial Le coup de cœur de la rédaction«Une pensée pour tous ceuxdes groupes sahariens» p.2

Regards sur 1914-1918Les mutineries du printemps 1917 p. 26

Opérations intérieuresPendant Sentinelle, maintenir les savoir-faire p.12

Mont-Faron : le renouveau

2 Le coup de cœur de la rédaction

«Une pensée pour tous ceux des groupes sahariens»

3 Éditorial

4 Sommaire

6 Arrêt sur images

7 Actualités

12 Opérations intérieures

14 Actu des unités

15 Éditions régionales

23 La rubrique juridique et sociale

25 Reconversion 2.0

26 Regards sur 1914-1918

Les mutineries de 1917

28 Témoignage 1939-45

Ma campagne de France en juin 1940

30 Témoignage AFN

La mort du lieutenant Senso

32 Dossier

La réouverture du Mont-Faron

35 Vie de l’UNC

38 Mémoire combattante

40 Lettres et images

42 Courrier des lecteurs

43 Jeux

© B. G.

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Un soldat russe inconnu de la PremièreGuerre mondiale, dont la dépouille avait été retrouvée à Comircy (51) en début d’année, a été inhumé à lanécropole russe de Saint-Hilaire-le-Grand(51), en présence de nombreux descendants des soldats du corps expéditionnaire russe en France.

«Saint­Hilaire­le­Grand est sa demeure éter­nelle. Oublié de l’histoire, sa vie s’est arrê­tée ici »… Mercredi 22 mars, une céré­monie d’hommage s’est tenue à la

chapelle orthodoxe et au cimetière militaire russede Saint­Hilaire­le Grand (51). Un soldat russe in ­connu de la Première Guerre mondiale a été in ­humé en présence des autorités civiles et militai ­r es, des représentants de l’Ascerf (Association dusouvenir du corps expéditionnaire russe en France,affiliée à l’UNC) et des associations patriotiques.Présidée par Jean­Marc Todeschini, secrétaired’État auprès du ministre de la Défense, en chargedes Anciens combattants et de la Mémoire, et enprésence d’Alexandre Orlov, ambassadeur de la Fé ­dération de Russie en France, la cérémonie a dé ­buté par un office religieux dans la petite chapelleérigée entre les deux guerres grâce à une collectede fonds lancée par l’Ascerf. Le cercueil, recou­vert du drap tricolore et porté par les hommes du501e régiment de Chars de combat (501e RCC) sta­tionné à Mourmelon (51), est ensuite sorti de l’édi­fice au son de la Marche funèbre de Chopin, avantd’être mis en terre au cœur de cette nécropoleoù reposent 916 corps (490 en tombes, 426 enossuaire). Les en fants présents ont alors déposé desfleurs rouges et bleues sur le bord de la tombe. Leshonneurs ont été rendus face à la garde à l’éten­dard et au piquet d’honneur armés par le 501eRCC.

Le premier corps de soldatrusse retrouvé sur le sol françaisLa dépouille de ce soldatinconnu a été découvertele 17 janvier dernier dansun champ de Comircy. Sile corps n’était pas iden­tifiable au moment de la

découverte, les analyses menées par les scientifi ­ques ­médecins légistes et archéologues­ ont per­mis de déterminer avec certitude son unité d’ori­gine russe (notamment grâce à des éléments telsque boutons de vareuse, ceinture, munitions, croixorthodoxe), ainsi que la date du décès du soldat,en avril 1917. Dans ce même champ, cinq soldatsavaient déjà été exhumés en octobre 2015. Parmieux, figuraient deux poilus qui ont pu identifiésgrâce à leur plaque. Le site est connu pour avoirabrité une ligne allemande destinée à défendrele Mont Spin. La zone a été le théâtre de violentscombats lors de l’offensive du Chemin des Dames,déclenchée le 16 avril 1917. La 3e brigade spécialed’infanterie russe, aux ordres du général Marou­chevski, y a été engagée, progressant jusqu’à la3eligne de défense allemande avant d’être contrain ­te de décrocher faute de soutien (lire La Voix duCombattantd’avril 2017, l’article consacré au corpsexpéditionnaire russe sur le front de Champagne).Depuis la guerre, c’est la première fois que le corpsd’un soldat russe ayant pris part au premier conflitmondial est découvert sur le sol français. En effet,les sites des champs de bataille avaient déjà livrédivers objets appartenant à des combattants ducorps expéditionnaire russe, mais la mise au jourde restes humains est sans précédent.Après l’inhumation de la dépouille de ce soldatinconnu, dans le jour déclinant, les autorités ontprocédé au dépôt de gerbes au pied du monu­

ment encadré par les drapeaux français et russe.« Ensemble, Russes et Français, nous croyons queces instants ôteront à jamais du cœur de nos enfantsl’envie d’entretenir ces guerres atroces», a espéréAgnès Person, maire de Saint­Hilaire­le­Grand.«Cette cérémonie est un écho lointain d’une guerrequi aurait dû se terminer il y a cent ans, mais on ditque la guerre ne se termine jamais,a déploré l’am­bassadeur de la Fédération de Russie en France.Quoi qu’il en soit, l’amitié entre nos deux pays a étéscellée par le sang versé par les enfants de Russieet de France lors des deux conflits mondiaux». Unereconnaissance réaffirmée par le secrétaire d’Étataux Anciens combattants: « Ce soldat a droit à unhommage perpétuel de la France ». En face ducimetière militaire, sur un monument érigé parles soldats du 2e régiment spécial russe en 1917,on peut lire : «Enfants de France, quand l’ennemisera vaincu et quand vous pourrez librement cueil­lir des fleurs sur ces champs, souvenez­vous denous, vos amis russes, et ap por tez­nous desfleurs»… «Te voilà maintenant parmi les tiens,dans cette nécropole dédiée aux combattantsdu corps expéditionnaire russe “Morts pourFrance”. Ici, votre souvenir à tous conti­nuera à être honoré», a promis enréponse Élisabeth Obolensky, présidentede l’Ascerf. n Béatrice Gendron

© BCH Cédric -501e RCC-

Armée de Terre

Le cercueil orné du drap tricolore porté par les hommes du 501e RCC, a traversé le cimetière au son de La marche funèbre.

« Un hommage perpétuel de la France »

Actualités

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12 La Voix du Combattant mai 2017

Opérations intérieures

Ils ont fait traverser un bras de Seineà leurs véhicules blindés, en construisant un pont flottant. Le 13e régiment du Génie a effectuéen mars dernier un exercice de navigation en déployant unmoyen léger de franchissement. L’occasion pour les sapeurs, par ailleurs déployés dans le cadre de l’opération Sentinelle en régionparisienne, de poursuivre un entraînement spécifique à leur cœur de métier.

L es premiers éléments sont arrivés avec lelever du jour, mercredi 15 mars, sur lesquais de la Seine à Andrésy (Yvelines).De puis deux jours, une section du 13e ré ­

gi ment du Génie stationné sur le camp du Val­dahon (Doubs) mène un exercice de navigationsur un bras du fleuve. Les véhicules prennentposition, les hommes commencent à débar­quer le matériel. Mission : déployer un moyenléger de franchissement (MLF), qui va per­mettre d’embarquer des troupes ou des véhi­cules blindés et de leur faire traverser unfleuve. Le principe : monter une sorte de barge,constituée de supports flottants, de travéeset de rampes d’embarquement, et l’équiper depropulseurs.« Ce type de moyen présente un triple intérêt,

résume le capitaine Guillaume, chef de sec­tion génie, qui coordonne le montage et lanavigation de ce moyen de franchissementpar ses 25 sapeurs. Le premier intérêt est d’or­dre tactique : il permet de faire franchir uncours d’eau aux troupes ­ ou aux flux logis­tiques­ avec une relative fluidité, puisqu’il per­met de faire traverser environ 150 véhicules parheure. Ce dispositif est aussi assez régulièrementdéployé au profit des populations civiles, notam­ment dans le cas de catastrophes naturelles surle territoire national, s’il faut par exemple éva­cuer des biens ou des personnes. Enfin, son grandintérêt est qu’il s’agit d’un matériel qui se trans­porte et qui se monte facilement et rapidement,un peu comme un jeu de construction ! Une com­pagnie de combat du génie met en place un pontde 64 mètres en 2h30 ».… Un jeu de construction qui nécessite quandmême un certain niveau de savoir­faire, et deforce physique, vu le poids des éléments com­posant le dispositif ! Et qui exige également enamont l’intervention d’un groupe spécialiséenrichi de plongeurs, qui va reconnaître le ter­rain pour trouver le meilleur point de fran­chissement, comme pour toute ouverture d’iti­néraire : il s’agit ici d’apprécier l’état des bergeset d’évaluer notamment la profondeur ducours d’eau. Cet exercice est donc pour le régi­ment l’occasion idéale pour entraîner sessapeurs à une manœuvre « que les plus jeunesd’entre eux n’ont effectuée qu’une fois, lorsde leur formation d’application génie », pour­suit le capitaine. Les sapeurs ont ainsi mis à

profit leur déploiement en région parisiennedans le cadre de l’opération Sentinelle (pro­tection du territoire national) pour tester leursavoir­faire sur un bras de la Seine qui n’est pasouvert à la circulation fluviale civile.

Mettre à profit Sentinelle pour maintenir leniveau opérationnelEn ce mois de mars en effet, les “sapeurs deLeclerc” ­ le 13e RG est un des régiments his­toriques de la 2e brigade blindée, héritière dela 2e division blindée ­ arment un mandat Sen­tinelle déployé sur la région parisienne. Maispas question pour autant de relâcher les effortssur l’entraînement spécifique au cœur de mé ­tier. L’exercice mené par le capitaine Guillaumerépond à une volonté forte du commandement.« Nous ne pouvons pas nous permettre de per­dre notre niveau opérationnel, car c’est notreassurance­vie, martèle le général Nicolas Casa­

Exercice de navigation avec le 13e RG

Maintenir les savoir-faire

Le montage du moyen de franchissement,un jeu de construction qui nécessite del’ordre, de la rigueur, et de la forcephysique !

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nova, commandant la 2e brigade blindée sta­tionnée à Illkirch­Graffenstaden (67). Aujour ­d’hui, en termes de maintien des savoir­faire,je ne fais pas de différence entre une projectionsur le territoire national dans le cadre de l’opé­ration Sentinelle et une projection sur un théâ­tre extérieur. Ça n’est pas parce que l’armée deTerre assure la mission Sentinelle qu’elle va sedéclasser. Les régiments de la brigade ont pourmission d’organiser régulièrement des entraî­nements qui sont injectés dans la program­mation, y compris lors des déploiements Sen­tinelle qui peuvent au contraire leur offrir desopportunités qu’il faut savoir saisir ».C’est ainsi par exemple que pour le 13e RG,l’exercice de navigation sur la Seine a aussipermis de travailler la coopération avec lescirculateurs du 121e régiment du Train sta­tionné à Montlhéry (Essonne) : « Sur les théâ­tres, en opération, ce sont les hommes du Trainqui prennent en compte les convois de véhiculesjusqu’à la zone d’embarquement. Il est doncnécessaire que vous travailliez ensemble vosprocédures », rappelle le colonel Jean­FrédéricLenoble, chef de corps du 13, à ses hommes,lors du debriefing qui a suivi la manœuvred’embarquement. «Aujourd’hui, surtout depuisl’adaptation du dispositif en patrouillesmobiles, Sentinelle fonctionne exactementcomme une Opex. Pour les hommes, il y a destemps de patrouille, des temps de repos, etdes temps d’entraînement qu’il faut mettre àprofit, comme en Opex », précise le lieutenantCéline, officier communication du 13e RG…avant de mettre elle­même en application lessavoir­faire spécifiques à son cœur de métier.Et de filer présenter sommairement l’arme dugénie aux enfants des écoles présents pourassister à l’exercice (lire encadré) : « Mais si,vous connaissez… Les démineurs, vous en avezdéjà vu à la télé, non ? Et bien aujourd’hui, onne va pas déminer, mais on va faire traverserle fleuve à des véhicules qui ne peuvent pasaller dans l’eau ! » n Béatrice Gendron

© B.G.

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Opérations intérieures

Sur l’eau, les sapeurs de Leclerc travaillent les actesréflexes de cette navigation spéciale.

« Ça a drôlementchangé, les chars ! »« Celui­là c’est moi qui vais leconduire». Fiby, 9 ans, avec sesnattes et ses tâches de rousseur, estcatégorique. Le PVP (petit véhiculeprotégé) lui paraît tout à fait adaptéà son petit gabarit… En marge deson entraînement, le 13e RG a ac ­cueilli toute la journée les enfantsdes écoles et centres de loisirs d’An­drésy sur les quais de la Seine. Uneopération destinée à renforcer le lienarmée­nation qui a bien sûr ren­contré un grand succès auprès des plus jeunes, mais aussi de leurs accompagnateurs ! Au pro­gramme de cette matinée pas comme les autres : présentation synthétique de l’arme du génie parle lieutenant Céline, offficier communication du 13e RG, et découverte d’un VBCI (véhicule blindé decombat d’infanterie) du 92erégiment d’infanterie, stationné à Clermont­Ferrand (63), égalementrattaché à la 2e BB, et dont un détachement est lui aussi en mission Sentinelle en région parisienne.Sont également présentés un PVP et un VAB (véhicule de l’avant­blindé) du 13e RG. Sans surprise,c’est le VBCI qui a remporté tous les suffrages. « Devant vous, vous avez notre plus gros et plus beaubébé, lance l’adjudant­chef Philippe. Il fait 31 tonnes, peut aller jusqu’à 100km/h, et il a un canon.Alors maintenant on arrête les explications, parce que je sais très bien que ce que vous voulez, c’estmonter dedans. On y va, mais je vous préviens : on ne court pas, on ne crie pas, et on fait tout ce queje dis !» Matés mais néanmoins très excités, les enfants ont donc découvert « le gros bébé » de l’ad­judant­chef. « C’était vraiment trop bien ! Moi ce que je préfère, c’est le canon », lâche Baptiste, neufans. Si le canon a laissé Tiago relativement indifférent, c’est une autre partie de ce véhicule bardéde connexions et d’électronique qui l’a fasciné : « Vous avez vu tout ce qu’il y a sur le tableau de bord?»Kaëla, dix ans, est elle aussi enthousiaste : « Quand on nous a dit qu’on allait voir un exercice mili­taire, je n’aurais jamais cru que je pourrais monter dans un véhicule. On a vu la cabine de pilotage,et on a même pu monter par en haut pour voir comment on fait pour tirer ! » Quant à Manon, elleapprécie à sa juste valeur l’évolution technique que représente ce fleuron du combat débarqué del’armée de Terre : « J’avais déjà vu des véhicules militaires parce qu’une fois je suis allée en vacancessur les plages du Débarquement. Là je suis montée tout en haut dans la tourelle et j’ai vu plein de chosesintéressantes… Ben dis donc, ça a drôlement changé, les chars ! » Loin de ces considérations tech­nologiques, de leur côté, les sapeurs de Leclerc ont su, eux aussi, susciter des vocations, lors de la manœu­vre d’embarquement du PVP sur le MLF : « Ooooh, regarde, ils ont même le droit de mettre les piedsdans l’eau avec leurs chaussures ! », lâche Louise, une pointe d’envie dans la voix… B.G.

Une fois le moyen léger de franchissementdéployé, le véhicule peut embarquer. Les enfants de CM1 et CM2 des écoles d’Andrésy

s’apprêtent à découvrir le VBCI du 92e RI présentépar l’adjudant-chef

Philippe.

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Dossier

Après 18 mois de fermeture pour travaux de rénovation, le mémorial duMont-Faron (Var) a rouvert ses portes au public au début du mois d’avril.Conformément à la volonté de FrançoisHollande, alors président de laRépublique, il est devenu le mémorial de tous les combattants de la bataille de Provence.

Rendre hommage à tous les combattants,qu’ils soient Français libres, soldatsvenus d’Afrique, résistants, évadés deFrance, volontaires du Pacifique et des

Antilles, ou encore soldats alliés… Le mémo­rial du Mont­Faron, qui surplombe la rade deToulon (Var), est consacré au souvenir dudébarquement allié du 15 août 1944 et à lalibération de la Provence. Inauguré en 1964 parle général de Gaulle, pour marquer les 20 ansdu débarquement de Provence (lire encadré),l’établissement vient de subir une cure de jou­vence et ne se consacre plus uniquement àpromouvoir la mémoire des combattants del’armée B du général de Lattre de Tassigny.La volonté en avait été exprimée par FrançoisHollande en 2014, à l’occasion du 70e anni­versaire du débarquement de Provence.

Une nouvelle muséographieAprès 18 mois de fermeture et un an de tra­vaux auxquels ont participé près de 130 entre­prises, c’est donc un mémorial tout neuf qui aouvert ses portes au public, révélant une muséo­graphie totalement repensée, sur plus de 600 m2

de surface d’exposition, présentant plus de200objets personnels et de nombreux supportsmultimédias. La visite s’effectue désormaisautour de quatre thématiques, dont la premièreest consacrée aux préparatifs du débarquementdu 15 août. A travers sept salles et sur 171 m2,qui abritent de nombreux objets personnels ettémoignages, la diversité des forces de la Libé­ration et de la Résistance est mise en avant. «Lediscours historique s’attache au respect desmémoires afin de faire prendre conscience quecet effort a été assuré majoritairement par lesAlliés, les Américains en particuliers, et de sou­ligner le rôle essentiel tenu par les forces fran­çaises, qu’il s’agisse de l’armée B ou des résistantsde l’intérieur », présente l’équipe du mémorial.La visite se poursuit à travers un 2e espace,consacré plus particulièrement au débarque­ment en lui­même.

L’histoire du mémorialDès 1958, la Tour Beaumont, ancien fortin militairedestiné à la surveillance de l’arrière­pays, au som­met du Mont­Faron, qui culmine à 530 mètresd’altitude au­dessus de la rade de Toulon, estaménagée en musée des Libérateurs de Toulonautour de deux figures historiques de la région :Napoléon Bonaparte et le général de Lattre de Tas­signy, commandant de l’armée B. Inauguré en1959, pour la mise en service du téléphérique, celieu est confié pendant 32 ans au Centre culturelet touristique du Faron, association placée sousla présidence du général Magnan, commandanten 1944 de la 9e DIC (division d’infanterie colo­niale) qui libéra Toulon.C’est en 1963 que Jean Sainteny, ministre desAnciens combattants du général de Gaulle, pro­pose la rade de Toulon comme site devant accueil­lir le futur mémorial. La prise de Toulon a en effeteu une importance capitale pour la libération dela Provence (lire en page 34). « Bien qu’isolé, leMont­Faron a d’abord séduit par sa situation pres­tigieuse et l’étendue de son panorama. Mais ils’agissait aussi d’un lieu de mémoire puisqu’il futle théâtre de combats, notamment ceux menés parle bataillon de choc les 21 et 22 août 1944 », rap­pellent les services de l’Onac­VG. Ce sont leslocaux de la Tour Beaumont que va utiliser l’ar­chitecte Pascalet, en y appuyant une série de bâti­ments bas. L’ensemble est inauguré le 15 août1964, pour le 20e anniversaire du débarquementde Provence, par le général de Gaulle. Qui échapped’ailleurs à un attentat de l’OAS à cette occasion :une bombe a été placée dans une jarre près del’entrée, mais elle n’a pas explosé et a été décou­verte après le passage présidentiel.Le mémorial est alors celui du débarquement de Pro­vence, dédié aux combattants de l’armée B com­mandée par le général de Lattre de Tassigny. Il le res­tera jusqu’en 2014, lorsque François Hollande, alorsprésident de la République, décide d’en faire un lieude mémoire dédié à tous les combattants de la Bataillede Provence. B.G.

Réouverture du mémorial du Mont-Faron au public

En mémoire de la bataille de Provence

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Dossier

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Un film didactique d’une dizaine de minutes per­met de mieux appréhender les enjeux et les faitsmilitaires qui ont contribué à la libération de laProvence. La 3e thématique, largement enrichie parla présentation de la presse de l’époque, s’attardesur la liesse populaire qui s’est emparée des villeslibérées, mais aussi sur la poursuite des combats:l’armée B poursuit son mouvement en remon­tant le couloir rodhanien, s’illustre à Colmar, fran­chit le Rhin puis le Danube, faisant de son chef, legénéral de Lattre de Tassigny, l’un des signatairesde l’acte de capitulation de l’Allemagne nazie. Ledernier espace évoque la dimension mémorielledu site, autour notamment d’un espace pédago­gique dédié, « qui permettra d’expliquer auxcitoyens de demain ce que furent les sacrifices etles valeurs des soldats de la Libération ».

Un site destiné à transmettre la mémoire nationaleLe 16 mars dernier, François Hollande a inauguréle mémorial rénové. Les élèves du lycée Bona­parte de Toulon ont lu le poème Liberté, de RenéChar, ainsi qu’un texte d’une élève de l’école defilles du boulevard de Strasbourg de Toulon racon­tant la libération en 1944, avant que le Chœur del’armée française entonne le Chant des Africains.À l’issue de son discours, le chef de l’Etat aéchangé avec les vétérans du débarquement enProvence à qui il a exprimé la reconnaissance dela France. Quelques jours auparavant, l’Onac­VG(Office national des anciens combattants et vic­times de guerre) avait invité les représentantslocaux et nationaux du monde combattant etdes associations patriotiques à visiter le site

rénové, avant de rouvrir ses portes au public etaux scolaires le 3 avril.Le mémorial du Mont­Faron fait partie des neufhauts lieux de la mémoire nationale, propriétésdu ministère de la Défense et dont l’entretien etla valorisation sont assurés par l’Onac­VG. Cesneuf sites rappellent la mémoire des différentsconflits dans lesquelles la France a été engagéeau cours du XXe siècle. Il s’agit, pour la PremièreGuerre mondiale, de la nécropole nationale deNotre­Dame de Lorette (Pas­de­Calais), de cellede Fleury­devant­Douaumont et de la Tranchéedes Baïonnettes (Meuse) ; pour la Seconde Guerremondiale, de l’ancien camp de concentration deNatzweiler­Struthof (Bas­Rhin), du mémorial desmartyrs de la Déportation (Paris IVe), du mémo­rial du Mont­Valérien (Hauts­de­Seine), de la pri­son de Montluc (Rhône) et du mémorial du Mont­Faron (Var) ; pour la guerre d’Indochine, dumémorial des guerres d’Indochine à Fréjus (Var);et pour la guerre d’Algérie, du mémorial nationalde la guerre d’Algérie et des combats du Marocet de la Tunisie (Paris VIIe). n Béatrice Gendron

© Onac-VG

Infos pratiques• Horaires d’ouverture : du 1er novembre au 31 mars de 10h à 12h30 et de 13h15 à 16h45,du 1er avril au 30 juin de 10h à 12h15 et de 13h15 à 18h45, du 1er juillet au 31 août de 10hà 18h45, du 1er septembre au 31 octobre de 10h à 12h30 et de 13h15 à 18h45.• Accès : par la route principale du Mont­Faron jusqu’au sommet qui offre un panorama excep­tionnel sur les côtes varoises, ou par téléphérique. • Tarifs : tarif plein : 5€ ; tarif réduit : 2€ ­ étudiants, demandeurs d’emploi, enseignants ; gratuitpour les ressortissants de l’Onac­VG, personnels défense, enfants ­ de 10 ans.

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