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Villages de joie LA REVUE DES DONATEURS décembre 2013 / n° 227 / 2 20h25, 13 septembre 2013. Sur la scène du théâtre du Châtelet à Paris, des enfants déambulent, une lampe de poche à la main. Trois lampions en forme de maison s’élèvent, côté cour. Les musiciens de l’orchestre lyrique puis ceux de la formation jazz s’instal- lent. L’attention du public est captée. Le spectacle peut commencer. Une petite fille s’avance, rapidement entourée d’un groupe de jeunes de la Maîtrise de Paris et d’une présentatrice. « On n’a pas besoin de vous ! », lui disent-ils en lui prenant le micro avec une douce fermeté. Le ton est donné : les enfants ont pris le pouvoir sur la soirée Tous en cœur pour SOS Villages d’Enfants. Et chacun d’entonner, sous la présidence du jeune Lancelot, la chanson Si j’étais président. La générosité de cent artistes de tous les univers artistiques Pendant près de deux heures, une suite de tableaux musicaux alternant les styles et les époques ont enthousiasmé le public venu en nombre. Sur scène, cent artistes classiques (les meilleurs chambristes de la jeune génération, de grands chanteurs lyriques dont Karine Deshayes, Nathalie Manfrino, Florian Laconi), de variété Tous en cœur… pour SOS Villages d’Enfants Le partage. Tel a été le fil conducteur de la superbe soirée organisée au théâtre du Châtelet au bénéfice de SOS Villages d’Enfants en présence de cent artistes de la scène classique, jazz et variété. Une soirée inoubliable ! lire p 2, 3 » www.sosve.org ÉVÉNEMENT Parcours / p 10 Marie-Béatrice d’Anna, une enfance en musique En direct / p 4 Entretien avec Olivia Cligman, juge pour enfants

Vdj 227

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Villages de joie - Numéro 227 - décembre 2013

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Villages de joie LA REVUE DES DONATEURS

décembre 2013 / n° 227 / 2 €

20h25, 13 septembre 2013. Sur la scène du théâtre du Châtelet à Paris, des enfants déambulent, une lampe de poche à la main. Trois lampions en forme de maison s’élèvent, côté cour. Les musiciens de l’orchestre lyrique puis ceux de la formation jazz s’instal-lent. L’attention du public est captée. Le spectacle peut commencer. Une petite fille s’avance, rapidement entourée

d’un groupe de jeunes de la Maîtrise de Paris et d’une présentatrice. « On n’a pas besoin de vous ! », lui disent-ils en lui prenant le micro avec une douce fermeté. Le ton est donné : les enfants ont pris le pouvoir sur la soirée Tous en cœur pour SOS Villages d’Enfants. Et chacun d’entonner, sous la présidence du jeune Lancelot, la chanson Si j’étais président.

La générosité de cent artistes de tous

les univers artistiques

Pendant près de deux heures, une suite de tableaux musicaux alternant les styles et les époques ont enthousiasmé le public venu en nombre. Sur scène, cent artistes classiques (les meilleurs chambristes de la jeune génération, de grands chanteurs lyriques dont Karine Deshayes, Nathalie Manfrino, Florian Laconi), de variété

Tous en cœur… pour SOS Villages d’EnfantsLe partage. Tel a été le fi l conducteur de la superbe soirée organisée au théâtre du Châtelet au bénéfi ce de SOS Villages d’Enfants en présence de cent artistes de la scène classique, jazz et variété. Une soirée inoubliable !

lire p 2, 3 »www.sosve.org

ÉVÉNEMENT

Parcours / p 10

Marie-Béatrice d’Anna,une enfance en musique

En direct / p 4

Entretien avec Olivia Cligman, juge pour enfants

2 / Villages de joie / DÉCEMBRE 2013 / N° 227 / www.sosve.org

Le mot du président

Le pouvoir des enfants

Le mois de septembre a été marqué par un événement exceptionnel pour SOS Villages d’Enfants : le concert « Tous en cœur », dont vous pouvez découvrir les moments forts dans le dossier qui lui est consacré, et que vous retrouverez sur France 2 le 29 décembre. Cette soirée a réuni le plus grand nombre autour de la cause de l’enfance en danger, portée par Anny Duperey : musiciens et chanteurs de renom, donateurs, grand public… Elle était, dans sa conception même, fédératrice, au sens où elle rassemblait dans un élan commun des artistes aux styles musicaux très différents, se produisant rarement ensemble, et plusieurs générations.Honneur à la plus jeune de ces générations ! Car les enfants étaient véritablement les « acteurs » de la soirée : sur scène, avec la Maîtrise de Paris, dans la salle, avec les enfants et jeunes accueillis par SOS Villages d’Enfants, et les enfants des donateurs, nombreux à nous avoir rejoints. Symboliquement, les enfants ont « pris le pouvoir », en s’appropriant le spectacle. Le pouvoir, si pacifi que et généreux, des enfants, nous l’encourageons, nous le revendiquons. Il est porteur d’espoir pour tous les autres enfants, en souffrance, qui ne pouvaient être présents au concert mais auxquels allaient toutes nos pensées.Cette soirée unique, nous la dédions à tous ces enfants qui sont notre combat : en France, les enfants concernés par les appels au 119, à travers le monde, ces « enfants invisibles » sans droit ni protection car non déclarés à la naissance… Tous sont associés à ce numéro de Villages de joie, Tous en cœur.

PIERRE PASCAL

ÉVÉNEMENT

(Nolwenn Leroy, Élodie Frégé, Tal, Julie Zenatti, Adamo, Pascal Obispo, Emmanuel Moire, Yves Duteil…), de jazz (André Ceccarelli, Raphaël Imbert…), du rap (Oxmo Puccino) et un danseur de claquettes ont uni, avec une belle générosité, leurs talents pour soutenir l’enfance en danger, l’une des principales causes soutenues par les Français. Entourée d’enfants, Anny Duperey, marraine de l’association depuis 20 ans, a porté avec eux le message de SOS Villages d’Enfants : « Le monde ne pourra avancer apaisé que lorsqu’il saura offrir une vraie vie d’enfant à chacun ».« L’esprit de la soirée était le par-tage en faveur des enfants, avec la magie de la musique et la contribution de nombreux artistes venant d’horizons très différents, explique Franç ois-Xavier Deler, direc-teur du dé veloppement et de la com-munication de SOS Villages d’Enfants.

Tous ne connaissaient pas SOS Villages d’Enfants, mais les artis-tes présents à cette soirée ont eu conscience qu’il était important de se mobiliser, car il y a trop d’en-fants en souffrance en France et dans le monde. »Pour l’association, l’initiative était inédite. « Ce fut un grand, un très grand moment, chargé d’émotion »,

se réjouit Gilles Paillard, directeur général de l’association. Ce qui n’était qu’un rêve envisagé depuis plusieurs années s’est concrétisé en un événe-ment de qualité musicale indiscutable où l’implication de tous était sincère.

Franchir un nouveau cap

de notoriété

Après une montée en puissance réus-sie en termes de notoriété et de cré-dibilité, SOS Villages d’Enfants doit aujourd’hui accéder à une médiati-sation plus large de sa mission et de ses actions. « La retransmission de la soirée lors des fêtes de fi n d’an-née sur France Télévisions à une heure de grande écoute consti-tuera la “caisse de résonance” de nos valeurs et de nos projets, pour aider les enfants à reprendre confi ance en eux », précise Pierre Pascal, président de l’association. Un événement médiatique d’autant plus important qu’à ce jour, seules deux

autres causes d’intérêt général (la maladie et la précarité) bénéfi cient d’une couverture médiatique de grande ampleur au travers du Téléthon et de la soi-

rée des Enfoirés. « Le temps était venu d’offrir à la cause de l’en-fance sa juste place dans le pay-sage audiovisuel français », insiste Franç ois-Xavier Deler. Avec l’autorité chaleureuse qui la caractérise, Anny Duperey a rappelé aux spectateurs l’importance des dons pour SOS Villa-ges d’Enfants : « Je le sais pour le vivre moi-même, une vie entière

Le monde ne pourra avancer

apaisé que lorsqu’il saura offrir

une vraie vie d’enfant à chacun.

Villages de joie. Magazine édité par SOS Villages

d’Enfants / 6, cité Monthiers - 75009 Paris /

Tél. : 01 55 07 25 25 / Président : Pierre Pascal / Vice-

présidents : Jean-Pierre Rousselot, Michel Rémond,

Marie-Claude Hamon / Directeur général et directeur

de la publication : Gilles Paillard / Rédacteur en chef :

François-Xavier Deler / Impression sur papier recyclé :

Imprimerie FOT / Photos : Christophe Harter, Gil

Lefauconnier, Malika Gaudin Delrieu, Marcus Frendberg,

Jonas Strohwasser, Marko Mägi, SOS Villages d’Enfants,

SOS Archives, DR / Publication trimestrielle éditée par

SOS Villages d’Enfants / Abonnement annuel : 8 € / Prix

au numéro : 2 € / Commission paritaire : n° 0117 H 81095 –

ISSN : 0243.6949 – Dépôt légal à parution / Cette revue

est accompagnée d’un encart d’appel à dons (enveloppe,

lettre et bulletins d’abonnement/don).

• Anny Duperey, entourée

d’enfants, a porté le message

de SOS Villages d’Enfants. •

ne suffi t pas pour rattraper ce qui n’a pas été vécu avec ses frères et ses sœurs. Quand on a une belle enfance, on devient une belle personne. »

Des moments forts en émotion

Conçu et mis en scène par l’altiste et vio-loniste Arnaud Thorette, Tous en cœur pour SOS Villages d’Enfants a aussi contribué au décloisonnement des sty-les musicaux. « Ce projet fédérateur et créateur de lien social incarne une nouvelle forme de spectacle destinée à toucher le grand public », souligne le musicien. Les quelque deux heures de spectacle ont réservé plusieurs moments forts. Citons la reprise en chœur sur

scène et dans la salle de la célèbre chanson d’Yves Duteil Prendre un enfant par la main, la superbe réappro-priation du standard de jazz Summertime par Amandine Bourgeois, accompagnée de Louis Bertignac. Mais aussi Julie Zenatti, pieds nus et à genoux sur la scène, pour un piano voix sur Calling You. Magali, aide familiale au vil-

lage d’enfants SOS de Marange, accom-pagnait Brittany, Ornella, Laeticia et Melina, âgées respectivement de 8, 10, 11 et 12 ans : « Elles étaient ravies. Elles ont vu des stars ! » « Les enfants ont été ébahis par le côté prestigieux du théâtre. Ils ont été impression-nés par la présence de si nombreux artistes et leur proximité sur scène, raconte Rebiha, aide familiale à Neu-ville-Saint-Rémy. Lors de la soirée, une jeune a appris l’origine de l’en-gagement d’Anny Duperey et en a été très émue. »Même enthousiasme chez les donateurs présents : « Je suis venue avec ma fi lle de 13 ans et nous avons trouvé cela

extraordinaire ! Nous avons beau-coup aimé ce mélange des genres. Cela nous a donné , à toutes les deux, envie d’aller à l’opé ra. Cela ouvre des horizons pour une adolescente. C’é tait aussi trè s bien de faire parti-ciper des enfants au spectacle. » Une soirée exceptionnelle que Pierre Pascal a souhaité dédier à tous les enfants : « J’aurais aimé que tous les enfants en souffrance soient présents à ce spectacle : ils seraient repartis plus heureux, plus forts et plus confi ants dans l’avenir ».

Le 16 avril 2013, le village d’enfants SOS de Plaisir (78)

a invité l’association Pro Musicis pour un concert pédago-

gique et interactif illustrant l’histoire du Petit Chaperon

rouge. Pierre Danjou, directeur du village SOS, témoigne

des bienfaits de cette initiative pour les enfants.

Quel est l’objectif de cette association ?

L’association Pro Musicis a été fondée en 1965. Sa vocation

est double. Elle contribue à la promotion des nouvelles

générations de musiciens classiques de niveau mondial,

sélectionnés en France et aux États-Unis par le Prix

international Pro Musicis. D’autre part, elle organise

des « concerts de partage » pour les enfants et les adultes

qui vivent dans la souffrance, l’isolement ou la pauvreté.

Expliquez-nous la particularité de ces concerts de partage.

Les artistes proposent un récital identique à celui proposé

lors de leurs concerts publics. Mais au cours des concerts

3 questions à

Pierre Danjou, directeur du village d’enfants SOS de Plaisir

Découvrir autrement la musique classique !

/ 3

de partage, ils présentent leurs instruments, les œuvres et

les compositeurs à leur auditoire. Le concert est l’occasion

d’un échange, d’un partage profondément humain. Je peux

témoigner que les regards des enfants et leur réceptivité

constituent une suprême récompense pour ces artistes.

Pour quelles raisons renouvelez-vous cette expérience

depuis 2010 ?

Je suis toujours en quête de nouvelles expériences pour

la reconstruction et l’épanouissement des enfants. Avec

Pro Musicis, les artistes demandent aux jeunes d’exprimer

ce qu’ils ont pensé, ressenti à l’écoute de leur musique.

La complicité qui s’installe donne lieu à des échanges

d’une grande richesse. C’est aussi une façon d’élargir la

culture musicale des enfants au-delà de ce qu’ils écoutent

sur leurs radios préférées ! Cette démarche constitue un

prolongement complémentaire à celle que nous proposons

chaque mois, avec une personne du Club service, qui

emmène un petit groupe d’enfants à des concerts classiques

à Radio France. Pour le concert de partage de 2013, nous

avons également convié les camarades de classe et les

parents de l’école Gérard Philippe où nos jeunes sont

scolarisés. Ce fut une réussite ! Lors du prochain concert,

programmé pour février 2014, nous allons également

proposer aux jeunes des villages SOS de Persan (95) et de

Châteaudun (28) de se joindre à nous.

Tous en cœur pour SOS Villages d’Enfants sur France 2 et dans les bacs

• Le 29 décembre prochain, rendez-

vous sur France 2 vers 16h30 pour la

diffusion de ce concert exceptionnel.

• Le CD, agrémenté de bonus, est déjà

disponible dans

les lieux de

vente habituels.

Les bénéfi ces

de la vente

seront reversés

à SOS Villages

d’Enfants.

• Emmanuel Moire et Philippe Jaroussky. •

4 / Villages de joie / DÉCEMBRE 2013 / N° 227 / www.sosve.org

En direct

Villages de joie : Quelles sont les

fonctions d’un juge pour enfants ?

Olivia Cligman : Son rôle est de protéger les mineurs en danger. En France, ce magistrat spécialisé dans les problèmes de l’enfance exerce dans le ressort d’un tribunal de grande instance. Il juge au pénal les mineurs ayant commis des délits ou des crimes (mineurs de moins de 16 ans) selon les termes de l’ordon-nance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante. Ses compéten-ces ont par la suite été étendues par l’ordonnance du 23 décembre 1958 en matière civile, afi n de protéger les enfants en danger, c’est-à-dire lors-que leur santé, leur sécurité ou leur moralité sont menacées, et/ou quand les conditions de leur éducation sem-blent gravement compromises.

VDJ : Décrivez-nous votre quotidien.

O. C. : Je suis constamment débordée car en manque de moyens techni-ques et de ressources humaines ! Je partage mon temps entre l’assistance éducative, le pénal et ma fonction de juge d’application des peines. Dans le cadre de l’assistance éducative, je reçois les enfants, leur famille, les éducateurs, et parfois les avo-cats, sur requête du procureur de la République, de la famille ou des enfants eux-mêmes, afi n d’évaluer si les enfants sont ou non en danger.

À l’issue de cet entretien, qui dure entre 45 minutes et trois heures, je peux prononcer un non-lieu en assis-tance éducative (2). En revanche, dès lors que le danger est avéré, je peux demander une mesure d’assistance éducative en milieu ouvert (AEMO), c’est-à-dire sans retirer les enfants de leur environnement familial. Dans les cas les plus graves (carences de soin ou éducatives importantes, parents détenus, à l’hôpital…), j’ins-taure le placement des enfants. C’est l’ultime recours si nous n’avons pas trouvé une solution auprès d’un tiers de confi ance au sein de la famille ou la famille élargie (amis…). Je rédige ensuite le jugement en prenant un soin tout particulier aux mots que j’utilise pour motiver ma décision car ce document est destiné à la fois aux parents et aux services éduca-tifs. Il est important que tous adhè-rent au jugement. Mon autre fonction

consiste à faire appliquer des peines les plus ajustées possible aux enfants ayant commis des délits afi n de ne pas les fragiliser davantage. Les tri-bunaux pour enfants étant sectori-sés – j’ai notamment en charge ceux de Creil et de Pont-Sainte Maxence dans l’Oise –, je suis amenée à sui-vre des jeunes sur plusieurs années, certains dès l’âge de 9 ans. Mais il faut savoir que 80 % des enfants qui viennent dans mon bureau pour la première fois en audience pénale ne récidivent jamais. C’est un chiffre encourageant et trop méconnu !

VDJ : Avez-vous souvent recours

au placement des enfants ?

O. C. : Je considère le placement com-me une situation terriblement trauma-tisante pour les enfants et bien sou-vent pour leurs parents. C’est un acte d’une grande violence institutionnelle car – faut-il le rappeler – les enfants

« Nous pouvons aider les personnes à un moment crucial de leur vie : l’enfance »

Olivia Cligman, juge pour enfants au tribunal de Senlis, nous fait partager son quotidien et sa passion pour son métier. Elle considère sa fonction comme l’une des plus utiles de la magistrature.

Je me bats toujours pour que les fratries

restent ensemble afin de faire face et de s’épauler

au quotidien. –OLIVIA CLIGMAN

133 563 mesures de placement nouvelles ou renouvelées ont été prononcées en France en 2011 par les tribunaux pour enfants (1).

• SEPA : nouvelles modalités pour les prélèvements bancaires en 2014> Au 1er février 2014 au plus tard, le prélèvement automatique aux normes européennes SEPA (Single Euro Payments Area – Espace unique de paiement en euros) remplace défi nitivement le prélèvement automatique national. Après la monnaie unique, le SEPA complète l’uniformisation des moyens de paiement au niveau européen. La migration du prélèvement national au prélèvement SEPA est totalement transparente et sans incidences pour vous donateurs. Tous les prélèvements en cours, de soutien régulier ou de parrainage, seront automatiquement convertis en prélèvements aux normes européennes SEPA. Le mandat de prélèvement SEPA

remplace l’autorisation de prélèvement national. Une Référence Unique de Mandat (RUM) sera attribuée automatiquement à chaque autorisation de prélèvement. Une information personnalisée sera adressée, en même temps que le reçu fi scal annuel des versements de prélèvements 2013, à tout donateur ayant un ou plusieurs prélèvement(s) automatique(s).

• Distinctions> Madagascar, 16 octobre. Maître Maria Raharinarivonirina, présidente de SOS Villages d’Enfants Madagascar, a remporté le Prix « Women for change » 2013 lors du Women’s Forum. Ce prix récompense le projet porté par une femme d’exception œuvrant pour

l’émancipation et l’autonomie des femmes et des fi lles. SOS Villages d’Enfants Madagascar reçoit ainsi un prix de 25 000 euros pour la création de six « Maisons des femmes » dans le Grand Sud.

> La Villette, 3 décembre. SOS Villages d’Enfants a reçu le prix de la Fondation Air France lors d’une soirée consacrée à l’association. Le métier de mère SOS a été au cœur de l’événement, avec la prise de parole de Gilles Paillard, directeur général, la présentation de différents parcours, la diffusion d’un fi lm et des témoignages de mères SOS et de jeunes issus des villages. L’action à Madagascar fut également largement évoquée par Daniel Paniez, directeur national.

www.sosve.org

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A C T U A L I T É en bref...

ne sont pas responsables ! Mais cette décision est parfois aussi nécessaire qu’indispensable pour les protéger d’un environnement dangereux pour leur sécurité physique et psychologi-que. Lors des entretiens que je mène avec les parents, les éducateurs et les enfants, mon but est d’envisager le retour en famille aussi rapidement que possible. Je place toujours cette option comme l’objectif principal à atteindre. Je me bats toujours pour que les fratries restent ensemble afi n que frères et sœurs s’épaulent au quo-tidien quand ils ne voient plus leurs parents. Si la fratrie ne se serre pas les coudes dès l’enfance, qu’en sera-t-il à l’âge adulte ? Toutefois, cette conviction se heurte à une réalité tan-gible et malheureusement pérenne : le nombre limité de familles d’accueil et d’agréments, de foyers pour mineurs. Dans la majorité des placements, les enfants devront vivre successivement dans plusieurs familles ou foyers. Ces ruptures émotionnelles préemptent

gravement la construction de ces adultes en devenir. D’où l’importance d’associations telles que SOS Villages d’Enfants qui proposent une alter-native aux solutions classiques, en permettant aux fratries de grandir ensemble.

VDJ : Vos joies et vos regrets en tant

que juge pour enfants ?

O. C. : Sortir un enfant d’une situation diffi cile, c’est une véritable joie mais rare. Je déplore le manque de moyens récurrents pour mener à bien nos missions. Les éducateurs et les juges pour enfants ne disposent pas d’assez de temps pour suivre correctement les jeunes en diffi culté. Je regrette aussi le poids relatif des décisions ren-dues par le juge puisque c’est in fi ne l’Aide sociale à l’enfance qui décide du lieu de placement des enfants. Enfi n, je regrette la dérive, ces der-nières années, des orientations politi-ques qui font primer le répressif sur l’éducatif. Je considère notamment à cet égard que les peines plancher, le tribunal correctionnel pour mineurs,

les procédures rapides sont d’une brutalité inacceptable. On ne peut pas juger des enfants comme des adultes, c’est un non-sens. On a perdu de vue l’esprit de l’ordonnance de 1945.

(1) Source : Ministère de la Justice, 2011.

(2) Aucune mesure d’assistance éducative n’est

ordonnée.

Sortir un enfant d’une situation

difficile, c’est une véritable joie

mais rare. –OLIVIA CLIGMAN

En France, environ

148 000 enfants sont placés en familles d’accueil ou en institutions à la suite de décisions administratives ou judiciaires (1).

6 / Villages de joie / DÉCEMBRE 2013 / N° 227 / www.sosve.org

est en chansons que le village d’enfants SOS de Jarville a fêté ses cinquante ans, le 26 octobre dernier, en présence de plus de 400 personnes, dont de nombreux donateurs et anciens du vil-lage, et sous le regard bienveillant de nombreuses

personnalités parmi lesquelles Pierre Pascal, président de SOS Villages d’Enfants, Gilbert Cotteau, fondateur de SOS Villages d’Enfants, Jean-Claude Pissenem, vice-président du conseil général de Meurthe-et-Moselle, Jean-Pierre Hurpeau, maire de Jarville-la-Malgrange, et Véronique Isart, sous-pré-fète de Lunéville, représentant le préfet. Un spectacle musical, retraçant l’histoire du village SOS par décennie, a en effet été proposé avec la participation active des enfants et des jeunes, ponctuant un après-midi riche en émotions.

50 ans et de multiples histoires de vie

Pour le village SOS de Jarville, 1963 a marqué le début d’une belle aventure. Cette année-là, une mère SOS s’installe au vil-lage SOS avec 13 enfants. « Depuis 50 ans, 279 enfants ont été accueillis au village SOS et 124 personnes ont œuvré dans le même objectif de valeurs parta-gées autour de l’enfant et de la solida-rité humaine, a rappelé Dominique André, directeur du village SOS. Aujourd’hui, ce sont 21 fratries qui sont engagées dans la célébration de notre anniversaire. Il y a des compositions, des chansons, des œuvres d’art dont les compositeurs peu-vent être fi ers. Et il y a des histoires de vie, des parcours qui sont tissés depuis 50 ans par des enfants, des femmes, des hommes dont nous sommes fi ers. »L’après-midi s’est poursuivi, émouvant et joyeux, présenté par le jeune Dylan, hôte du village, dans le rôle de Monsieur Loyal, et rythmé par les hommages des personnalités présentes. Jean-Claude Pissenem a ainsi adressé à Gilbert Cotteau un message

particulier : « Merci, monsieur le fondateur, d’avoir eu cette idée fantastique il y a plus de 50 ans ». Jean-Pierre Hurpeau, pour sa part, a rappelé « l’importance de travailler ensemble » et noté « que les services municipaux et départe-

mentaux travaillent de mieux en mieux avec le village SOS ». Des interventions ponctuées par de nombreux tubes musicaux interprétés par les enfants dont J’irai au bout de mes rêves, le tube de Jean-Jacques Goldman ô combien porteur de sens pour ces fratries aux trajectoires douloureuses…

Un climat de sérénité et d’affection vraie

« L’enfant en grande détresse est tellement fragile qu’il faut l’approcher avec la plus grande prudence, la plus grande douceur et lui proposer du temps, le temps de retrouver ses marques, d’oublier ses traumatismes et de se ressourcer dans un climat de sérénité et d’affection vraie, a souligné Pierre Pascal, président de SOS Villages d’Enfants France. Nos mères SOS et nos aides familiales y veillent constamment, en étant présentes 24h sur 24 auprès des enfants, dans une maison qui devient la leur et dans laquelle ils trouvent la sécurité. » Aujourd’hui, ce sont 51 enfants et jeunes adultes qui sont accueillis dans dix maisons familiales au village SOS de Jarville. La journée s’est achevée par le spectacle de la chorale Méli-Mélodie qui a présenté différents tableaux musicaux liés à l’enfance. Une cinquantaine de choristes, dont 15 enfants et jeunes et 5 adultes du village SOS, a ainsi investi la scène pour offrir près d’une heure de prestation formidable d’émotion et de sens. Clou de la fête : un immense gâteau d’anniversaire pour régaler petits et grands.

Zoom

C’

Un anniversaire en chansons au village SOS de Jarville1963-2013. En cinquante ans, le village d’enfants SOS de Jarville a accueilli de nombreuses fratries. Au total, 279 enfants ont pu continuer à grandir avec leurs frères et sœurs, s’attachant à se reconstruire en dépit de situations familiales douloureuses.

Merci, monsieur

le fondateur, d’avoir eu

cette idée fantastique

il y a plus de 50 ans.

–JEAN-CLAUDE PISSENEM

• Plus de 400 personnes étaient réunies

pour fêter les 50 ans du village SOS. •

• La chorale Méli-Mélodie a clôturé

cette journée de festivités. •

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InfoEntretien

partenairesInfo partenaires

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1 pack acheté = 1 accès à l’hygièneEngagés durablement

aux côtés de SOS Villages

d’Enfants depuis 2010, SCA

et sa marque Lotus® se mobilisent auprès

des populations démunies de Madagascar pour

leur permettre de bénéfi cier de conditions d’hygiène

décentes grâce à la construction de blocs WC,

douches, bornes fontaines et lavoirs dans les régions

de Tuléar et Androy. Le programme compte déjà près

de 34 000 bénéfi ciaires dont les conditions de vie et

sanitaires se sont sensiblement améliorées.

www.lotus-planete.com •

Oxybul éveil et jeux

Doudou Oscar le super héros OxybulOxybul éveil et jeux met en

vente dans l’ensemble

de son réseau de magasins

et sur son site internet une

peluche au profi t de SOS Villages d’Enfants. Cette année,

nous avons le plaisir de vous présenter Oscar le super

héros : un doudou malicieux et affectueux !

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Jacadi

Des cartes de vœux pour soutenir SOS Villages d’Enfants À l’occasion des fêtes de

fi n d’année, Jacadi propose

dans ses magasins de France des cartes de vœux dont

l’ensemble des bénéfi ces est reversé à l’association.

www.jacadi.fr •

Duracell - Hasbro

Un Noël qui dure !Cette année, tous les enfants

des villages SOS de France

recevront un jouet Hasbro,

tous fournis avec des piles

Duracell pour prolonger

le sourire des enfants.

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et www.hasbro.fr •

« Contacter le 119, c’est un acte citoyen »

Entretien avec Frédérique Botella, directrice du Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger (SNATED)

Dans quel contexte le 119 a-t-il été créé en France ?

À la fi n des années 70, les services de protection de l’enfance se

sont aperçus qu’il existait des diffi cultés récurrentes de repérage

et de prises en charge effi caces des mineurs maltraités. La créa-

tion du 119 a été impulsée par le vote à l’unanimité d’un projet de

loi relatif à la prévention des mauvais traitements à l’égard des

mineurs et à la protection de l’enfance, le 10 juillet 1989. La loi

du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance a élargi les

missions du 119 afi n de lui permettre d’intervenir le plus en amont

possible, avant que la situation des familles ne se dégrade. Devenu

le Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger

(SNATED), plus communément appelé le « 119-Allô Enfance en

danger », il remplit deux missions principales : la prévention et la

protection des enfants en danger ou en risque de l’être, et la trans-

mission d’informations les concernant aux cellules de recueil des

informations préoccupantes (CRIP).

Comment fonctionne ce service ?

Le 119 n’apparaît pas sur les factures détaillées de téléphone. La

confi dentialité des appels est garantie dans les limites imposées

par la loi. Son statut de numéro d’urgence, acquis par décret en

juillet 2003, le rend accessible gratuitement, 24h sur 24, depuis

tous les téléphones, fi xes ou mobiles, depuis la France métropo-

litaine et les départements d’outre-mer*. Lorsqu’on appelle le

119, une équipe de « pré -accueil » composée de dix personnes

vérifi e que l’appel concerne bien les missions dévolues au service.

Un plateau d’écoute disposant d’une cinquantaine de profession-

nels pluridisciplinaires prend ensuite le relais. Enfi n, une équipe

de coordonnateurs encadre les intervenants du pré -accueil et du

plateau d’écoute. Et assure l’interface avec les partenaires de la

protection de l’enfance, notamment les CRIP. Il est important de

signaler que le 119 n’est pas un service opérationnel de prise en

charge ni de suivi des mineurs en danger. C’est un maillon de la

protection de l’enfance.

Qui appelle et pour quelles raisons ?

En 2012, le 119 a reçu 1 071 427 appels entrants. Dans 70 % des cas,

la personne qui appelle est la famille proche ou le mineur concerné.

94,8 % des auteurs de maltraitances font partie de la famille pro-

che. Un tiers des enfants sont concernés par des violences psycho-

logiques. Deux tiers de l’activité du SNATED consistent à apporter

une aide immédiate aux personnes par une écoute, des réponses à

des questions précises et, le cas échéant, une orientation vers des

structures locales en lien avec la protection de l’enfance. Nous sou-

haiterions à l’avenir nous adapter aux modes de communication uti-

lisés par les jeunes : sms, tchat… Depuis notre création, nous avons

toujours été un service novateur et nous voulons continuer à l’être !

* Guadeloupe, Martinique, Guyane, La Réunion et prochainement Mayotte. www.sosve.org rubrique Nous soutenir

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8 / Villages de joie / DÉCEMBRE 2013 / N° 227 / www.sosve.org

Enquête

L’enfant est enregistré aussitôt sa naissance et a dès celle-ci le droit à un nom, le droit d’ac-quérir une nationalité et, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux », stipule l’article 7 de la

Convention relative aux droits de l’enfant. Pourtant, cette for-malité est loin d’être une évidence partout.

Dans certains pays, un enfant sur deux n’existe pas

De par le monde, environ 200 millions d’enfants sont « invisi-bles » (1). Ces enfants, qui n’ont jamais été inscrits au registre d’état civil, sont surtout ceux d’Asie et d’Afrique, les continents les plus touchés par ce phénomène. Dans les pays en voie de développement, excepté en Chine, seul un enfant sur deux en dessous de 5 ans est déclaré ! Sur le continent américain, ce sont chaque année 1,3 million de naissances non enregistrées et 6,5 millions d’enfants sans certifi cat de naissance. Au sein d’un même continent, on note par ailleurs de grands écarts. En Afrique sub-saharienne par exemple, 87 % des enfants de moins de 5 ans sont enregistrés au Gabon contre seulement 7 % en Éthiopie (1). Le taux de non-enregistrement aux États-Unis, au Canada, au Chili et en Uruguay est inférieur à 2 %, alors que dans certains pays d’Amérique centrale, il se situe entre 8 et 12 % et qu’au Nicaragua et en Haïti, il atteint même les 20 à 30 %.

Ces naissances non enregistrées pointent d’autres formes d’exclusion sociale et de disparités. Au sein d’un même pays, les enfants non déclarés sont le plus souvent ceux des familles pauvres et rurales, qui n’ont pas les moyens de se déplacer. « Au Sénégal, où un réel travail de sensibili-sation a été fait, le taux est monté à 75,5 % d’enfants déclarés, explique Yves Olivier Kassoka, spécialiste Protec-tion pour l’Unicef au Sénégal. Mais si ce taux atteint 87 % à Dakar, il reste beaucoup plus bas dans les villages. » Au Niger aussi, relève l’Unicef, 71 % des enfants des zones urbaines sont déclarés contre seulement 25 % dans les zones rurales.

Et souvent, sur place, on constate « le manque de fourni-tures et de registres. Comment ensuite penser passer au numérique quand on n’a pas les moyens, dans certains villages, d’avoir du papier ! », s’exclame Jean Lieby, chef du service Protection pour l’Unicef au Sénégal qui déplore cette situation.

Lorsqu’il n’est pas déclaré à sa naissance, un enfant ne bénéfi cie d’aucun droit ni d’aucune protection. Ils sont pourtant encore des millions, dans le monde, à ne pas exister offi ciellement. Enquête

Les enfants invisibles

«

Dans les pays en voie de développement,

excepté en Chine, seul un enfant sur deux

en dessous de 5 ans est déclaré !

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3 questions à…

Daniel Paniez, directeur national de SOS Villages d’Enfants Madagascar

Pas de déclaration, pas de droits

Les obstacles à la déclaration des naissances sont nombreux : absence de volonté politique, coût du service ou des formali-tés, manque d’information des populations, réalités culturelles et communautaires dans certains pays… Les pays en guerre sont particulièrement concernés. On rapporte des taux d’en-registrement d’à peine 9 % au Tchad, 6 % en Afghanistan ou encore 8 % en Somalie (1). Dans les pays agités politiquement, la déclaration peut en effet mettre en danger des vies humai-nes comme pour les Kurdes en Syrie, les Tartares en Ukraine ou encore les Palestiniens au Moyen-Orient. Les problèmes de ségrégation peuvent aussi être une cause de non-déclaration des naissances, comme en Europe centrale et de l’Est pour les communautés de gitans. Ce droit fondamental permet pourtant à chaque personne de pouvoir jouir de l’ensemble de ses droits : « Le droit à un nom et à un prénom, à une nationalité, l’accès aux servi-ces sociaux essentiels et la protection juridique », souligne Yves Olivier Kassoka.L’absence de déclaration devient dès lors « une menace fon-damentale pour l’enfant » qui se trouve privé de ses droits et de toute protection. Juridiquement, il n’existe pas. « L’enfant n’aura pas, ou diffi cilement, accès à la scolarisation, pas de protection juridique non plus », explique le spécialiste pro-tection Unicef du Sénégal. Il ne pourra avoir accès aux soins, ni

parfois même aux vaccins. En outre, cette inexistence offi -cielle favorise toutes sortes d’abus et d’exploitation (tra-fi c sexuel, esclavage domesti-que, travail forcé, enrôlement dans l’armée…).

Un travail de sensibilisation effi cace

Sur le plan international, un réel travail de sensibilisation auprès des pays concernés a été enclenché. Ainsi, en Gambie, l’action de l’Unicef dans les maternités, avec le concours des offi ciers d’état civil et des pouvoirs locaux, a permis de faire passer le taux d’enregistrement de 32 % en 2000 à 55 % en 2006.Au Ghana, où le bureau des naissances et des décès a colla-boré avec des organisations internationales, principalement Plan International et l’Unicef, les résultats montrent que le taux d’enregistrement des enfants de moins de 5 ans est passé de 44 % en 2003 à 71 % en 2008 (2). Et cela grâce à des mesures comme le prolongement de la durée légale pour l’enregistrement gratuit des nouveau-nés, la formation d’agents de santé communautaires, le recours à des bénévo-les, l’enregistrement des enfants lors de grands événements ou le pilotage des registres d’état civil de la communauté. Au Sénégal, ce travail de sensibilisation a porté ses fruits : en l’espace de dix ans, le taux d’enregistrement des enfants a doublé. Les stratégies menées ont permis d’améliorer l’ac-cessibilité des centres d’enregistrement et de les rapprocher de la communauté. Preuve que si le problème est grave, il n’est pas sans issue…

(1) Unicef (2010, 2013).

(2) Organisation mondiale de la santé (2013).

« 5 000 naissances enregistrées cette année à Ampanihy Androy »Quelle est la situation de Madagascar au regard de l’enregistrement des naissances ?À Madagascar, près d’un quart des enfants de moins de 18 ans n’ont pas d’acte de naissance, soit environ 2,5 millions d’enfants. C’est un problème d’envergure nationale pour le pays qui, en juin 2004, a lancé le pro-gramme EKA de réhabilitation de l’enregistrement des naissances. Il vise à enregistrer de façon rétroactive tous les enfants de moins de 18 ans actuellement sans acte de naissance et toutes les nouvelles naissances dans le délai légal (12 jours suivant la naissance).

Dans quelle mesure SOS Villages d’Enfants Madagascar contribue-t-elle à ces régularisations ?En 2010, SOS Villages d’Enfants Madagascar a, en parte-nariat avec la Banque Mondiale, effectué 5 619 enregistre-ments de naissances d’enfants de moins de 18 ans dans des quartiers défavorisés bénéfi ciaires des centres d’accueil de jour de l’association, dans cinq grandes villes de Madagascar (Antananarivo, Antsirabe, Toliary, Toamasina, Mahajanga). Cette année, en 2013, l’Ambassade de France à Madagascar, par le biais du Fonds social de développement, nous a permis d’enregistrer 5 000 naissances à Ampanihy Androy. 700 enfants ont déjà obtenu leurs actes de naissance.Il est également important de noter que, dans la quasi-totalité des admissions d’enfants en villages SOS, les orphelins ont rarement une identité offi cielle. Le juge-ment supplétif, qui permet l’enregistrement rétroactif des naissances, est pour cette raison inclus dans nos procédures d’admission.

Les fi nancements publics suffi sent-il à répondre à la demande ?Les fi nancements publics sont limités. Cette année, par exemple, le projet Pamodec-Ipec/BIT de l’OIT (Organi-sation internationale du travail) a accordé un fi nancement pour combattre l’emploi domestique des enfants et nous a permis d’enregistrer 20 naissances supplémentaires. Mais même si nous ne recevons pas d’autres fi nancements, nous continuons notre travail. Depuis 2010, le centre d’accueil de jour d’Antsirabe a ainsi réalisé 315 enregistre-ments non fi nancés par les partenaires locaux. SOS Villages d’Enfants Madagascar entend par ailleurs poursuivre son action de prévention en améliorant les conditions de vie des familles des quartiers défavorisés des zones urbaines. Il est indispensable que les services publics répondent de façon adéquate aux besoins réels des populations et prennent en considération le contexte social et économique de ces familles. Le processus d’autonomisation familiale ne peut être atteint qu’à partir du moment où chaque famille peut avoir un accès facile aux services publics.

200 millions d’enfants environ n’ont jamais été inscrits au registre d’état civil dans le monde.

Pour aider SOS Villages d’Enfants à œuvrer pour l’enfance en détresse, faites un don sur www.sosve.org

10 / Villages de joie / DÉCEMBRE 2013 / N° 227 / www.sosve.org

Marie-Béatrice d’Anna, une enfance en musique

arie-Béatrice d’Anna a à peine huit mois lorsqu’elle quitte Mar-seille pour rejoindre le village d’enfants SOS de

Jarville-la-Malgrange. Avec son frère Marc, alors âgé de 3 ans, et sa sœur Elena, 5 ans, ils ont été éloignés de leur région d’origine dans l’attente d’une décision de justice. « En at-tendant le jugement de notre père, on nous a placés à Jarville afi n de

prendre de la distance avec la fa-mille, explique Marie-Béatrice d’Anna. Nous étions alors chacun dans une maison différente. Pour ma part, je résidais déjà chez Madeleine, que je considère aujourd’hui comme ma mère. Comme Elena et Marc voulaient me voir tous les jours, ils passaient eux aussi leurs journées dans la maison de Madeleine. Des liens très forts se sont alors créés entre elle et nous. »

Une volonté inébranlable

Vient le moment où Madeleine apprend que les enfants vont repartir au village SOS de Marseille, dès qu’une place se libère. « À ce moment-là, maman a décidé de demander à nous garder, encouragée par sa propre mère alors en phase termi-nale de la maladie d’Alzheimer », poursuit Marie-Béatrice. Pour y par-venir, Madeleine va faire preuve d’une volonté inébranlable. À l’époque, elle

M

Parcours

• Marie-Béatrice en concert. •

Aujourd’hui professeur de saxophone, Marie-Béatrice d’Anna, 42 ans, a passé son enfance avec ses frères et sœurs au village d’enfants SOS de Jarville-la-Malgrange. Une chance, selon elle, qui lui a permis de se construire et de nouer une relation forte avec sa sœur et son frère, mais aussi avec sa mère SOS, Madeleine.

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avait déjà en charge une fratrie de neuf enfants et les responsables de l’association pensaient que cela repré-senterait trop de travail. Madeleine insiste, se bat et, fi nalement, obtient gain de cause. « Curieusement, sa propre mère, qui n’avait que de rares moments de lucidité, lui répétait de nous garder, que nous étions bien avec elle et qu’il ne fallait pas nous faire vivre un nouveau traumatisme. Elle ne cessait de lui dire “Pour eux, tu es leur mère désormais”. »La fratrie emménage alors toute entière chez Madeleine. Et les années passent, joyeusement. « Nous vivions comme une famille normale, sou-rit Marie-Béatrice. Je me souviens des soirs de Noël, des colos avec d’autres enfants du village, des parties de ping-pong dans la mai-son commune, des fi ns de journée où maman gérait le temps des jeux ou celui des devoirs. Elle com-prenait que l’on puisse échouer à l’école, mais il était hors de ques-tion de ne pas travailler. C’était une éducation assez stricte, mais nous avons tous les trois réussi nos études ». Pour Marie-Béatrice, ce sera la musique, le conservatoire

et des études de musicolo-gie et de saxophone. « J’ai toujours aimé la musique, se souvient-elle. Tout bébé, lorsque les plus grands allaient à l’école, je res-tais à la maison avec “ma mère” qui aimait beau-

coup la musique. Installée dans mon landau, j’étais bercée au son de la musique classique pendant que maman faisait le ménage ou la cuisine. Ensuite, j’ai profi té du piano installé dans la maison commune, de l’activité chorale organisée par Éliane, une autre mère SOS du village, ou encore de l’atelier guitare et chant proposé par l’un des directeurs. »

Nous construire sereinement

Désormais professeur de saxo-phone au sein des conservatoires de Saint-Cloud, Champigny et Rungis, en région parisienne, Marie-Béa-trice d’Anna est restée très proche de sa mère SOS. « Je suis restée au village jusqu’en 3e, moment où maman et moi nous sommes retrouvées seules dans la maison, tous les autres ayant quitté le vil-lage SOS. Pour libérer la maison, nous sommes parties nous installer dans l’Aube où maman avait une

maison de vacances. Notre rela-tion s’est encore renforcée. »Aujourd’hui, la quarantaine pas-sée, Marie-Béatrice d’Anna porte un regard très positif sur sa vie au village SOS. « Nous sommes pro-bablement plus équilibrés que si nous étions restés à Marseille, souligne-t-elle. Nous aurions pu résider chez nos oncles et tantes, mais séparément. Là, la fratrie est restée unie et nous avons pu nous construire sereinement. » Aujourd’hui, malgré la maladie qui frappe Madeleine, Marie-Béatrice, Marc et Elena en sont restés très proches. « J’essaie actuellement de faire en sorte qu’elle soit pla-cée dans une maison spécialisée

à Paris et non à Troyes, afi n de pouvoir m’en occuper plus faci-lement, explique Marie-Béatrice. Pour les fêtes de fi n d’année, nous veillons à ce qu’elle ne soit jamais seule. À Noël, j’irai la chercher et nous passerons les fêtes dans le Sud, dans la belle-famille de mon frère. Elle a été là pour nous et nous voulons être là pour elle. Nous ne la laisserons pas fi nir ses jours seule, sans être entou-rée de notre affection. C’est notre maman. »

À Noël, j’irai chercher Madeleine et nous passerons

les fêtes dans le Sud, dans la belle-famille de mon

frère. Elle a été là pour nous et nous voulons être là

pour elle.

• Marie-Béatrice (à droite) avec ses frère et sœur, et Madeleine, en 2005. •

L’aventure de SOS Villages d’Enfants a près de 60 ans. L’Europe dévastée par la Seconde Guerre mondiale se réveillait avec un défi sans doute unique dans l’histoire de l’humanité : tout était à reconstruire, à commencer par la paix et les vies des millions d’orphelins et de veuves que les millions de morts avaient hélas laissés derrière eux. L’histoire de SOS Villages d’Enfants est intimement mêlée à celle-ci.

Ce qu’il a fallu de hasards miraculeux, de prises de conscience douloureuses, de caractère infl exible, de réconciliation, d’abnégation… pour en faire aujourd’hui une des premières, sinon la première, ONG privées au monde œuvrant pour la protection de l’enfance, devait être raconté. Le fait de pouvoir le lire sous la plume de Gilbert Cotteau, fondateur de l’organisation en France en 1956, est une chance extraordinaire. Comment ce garçon du Valenciennois, fort d’une extraordinaire foi dans l’autre et d’un irrésistible pouvoir d’indigna-tion contre l’injustice du sort de tous les enfants malheureux, a réussi, alors qu’il

n’avait pas 22 ans, à poser les fondations de SOS Villages d’Enfants en France, est digne d’un roman d’aventure.Qui est cet homme, totalement inconnu et qui n’avait rien que son courage, pour avoir réussi à convaincre tant de gens de l’aider à construire des fondations aussi solides : anonymes, célébrités, anciens résistants, prix Nobel de la paix, jeunes volontaires, femmes sans famille, politi-ques, ouvriers, patrons… ?

Qu’est-ce qui explique la solidité de ces fondations qui n’ont pas changé en 60 ans ?• l’extraordinaire métier de mères SOS, responsables de fratries qui dépassaient couramment 9 enfants, sans aucune expérience, sans appareils ménagers, avec si peu d’argent et tant de drames à panser…• les intuitions brillantes et le caractère infl exible avec lesquels ont été posés les principes de la résilience et de l’attache-

ment que théoriseraient plus tard les plus grands pédopsychiatres ;• ce mélange unique, dans la protection de l’enfance, d’amour et d’expertise ;• cette capacité à comprendre son temps et ses enjeux pour s’y adapter.

Tout est raconté dans cette histoire,

exemplaire en ce qu’elle est humaine,

extraordinaire en ce qu’elle est vraie.

À travers la manière dont les ennemis d’hier se sont réconciliés en 1956 pour sauver tous les enfants, elle nous rappelle aujourd’hui que la paix est toujours pos-sible, par les enfants et pour les enfants. Ce livre est en effet aussi d’une grande actualité parce qu’il y a encore des com-bats à mener partout sur terre pour que les enfants aient accès à l’état civil, pour qu’ils ne soient pas embrigadés dans des armées, pour qu’ils puissent jouer, aller à l’école, manger chaque jour, pour que frè-res et sœurs ne soient pas séparés quand la vie les a privés de parents...Cette histoire vous touchera parce que c’est aussi la vôtre, vous qui accompa-gnez notre organisation par votre atten-tion fi dèle et vos dons.Le récit de Gilbert Cotteau sera dis-ponible dans toutes les librairies en février 2014 et peut être acheté en avant-première dès maintenant auprès de SOS Villages d’Enfants.

BON DE COMMANDEÀ renvoyer avec votre règlement par chèque sous enveloppe affranchie à :

SOS Villages d’Enfants – Catherine Iziquel, Relations donateurs et parrains – 6 cité Monthiers – 75009 Paris

❑ Je commande un exemplaire du livre de Gilbert Cotteau.

❑ Je joins un chèque de 18,90 € pour l’achat et l’expédition

de l’ouvrage dès que possible.

MES COORDONNÉES (À INDIQUER EN MAJUSCULES) :

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Donateurs

« Cette histoire vous touchera parce que c’est aussi la vôtre »Gilbert Cotteau, fondateur de SOS Villages d’Enfants, nous raconte son extraordinaire aventure d’homme dans un livre à paraître chez Solar.

La paix est toujours

possible, par les enfants

et pour les enfants.

• Gilbert Cotteau avec Anny Duperey, Laurence Ferrari et Pierre Pascal,

lors du 50e anniversaire de SOS Villages d’Enfants. •