Vers un changement d'échelle de l'accompagnement associatif !

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  • 7/30/2019 Vers un changement d'chelle de l'accompagnement associatif !

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    18 jurisassociations - spcial Forum national des associations et fondations - 2012

    PERSPECTIVES

    Dans le monde boulevers que nous traversons, lartde la transormation, du mouvement est essentiel.

    Laccompagnement au changement sest impos comme unepratique ncessaire au dveloppement des entreprises lucratives etce depuis les annes 1970. Que lon parle de conseil, daide ladcision, de coaching ou daccompagnement, le recours un tiersextrieur est devenu un pralable essentiel la mise en mouvementdune organisation. La mise en place du dispositi local daccompa-

    gnement (DLA) au dbut des annes 2000 a contribu lappro-priation de ce type de dmarches par les associations. Le recours laccompagnement est progressivement entr dans leurs pratiques.Pourtant, les ores dappui existantes et adaptes restent troprestreintes pour rpondre lampleur des besoins dvolution des1,2 millions dassociations actives. Les transormations acclresde lenvironnement socio-conomique ncessitent des ressources

    nombreuses, diversifes, efcaces et aisment accessibles. Pourgnraliser le rexe de laccompagnement et ranchir ainsi unetape vers le dveloppement de la vie associative, la CPCA a iden-tif quatre leviers mettre en synergie.

    RENFORCER LA FONCTIONDAPPUI DES RSEAUXUne des spcifcits du secteurassociati ranais rside dans sonorganisation en de nombreusesdrations et unions dassocia-tions. Cette structuration dumonde associati est un acteurcl de prennit et de dvelop-pement des projets associatis.Les associations dres ouregroupes disparaissent moinsque les autres et se dveloppentmieux. Loin dtre le produitdune logique corporatiste ouprotectionniste, la vocationpremire de ces groupementspeut tre rsume par le vieiladage lunion ait la orce .Mettre en commun desmoyens, partager de bonnes

    pratiques, se retrouver autour de certaines valeurs, changer, sontautant de dynamiques collectives qui sont la raison dtre et lefca-cit des rseaux. Ainsi, sans parois mme le ormaliser, les regroupe-ments associatis jouent un rle essentiel dans laccompagnementau dveloppement de leurs membres. Ils appuient les projets sur leterrain, leur apportent des outils et les services que les associationsnauraient pu dvelopper seules : diusion dinormation et dedocumentation, production doutils, veille lgale et rglementaire,

    AUTEUR Marie LamyTITRE Conseillre technique Mutasso,

    CPCA

    ARTICLE

    VERS UN

    CHANGEMENTDECHELLE ?Malgr la crativit et la richesse de leurs projets, les associationsnchappent pas aux tensions et aux mutations qui affectentlensemble du systme socio-conomique. Les transformationsacclres de leur environnement les obligent, court et moyenterme, un changement de paradigme dans leur gestion et leursmodles organisationnels. Dans ce contexte, un accompagnementstructur et renforc semble plus que jamais indispensable pour leurpermettre dvoluer et de consolider leur utilit sociale.

    ACCOMPAGNEMENT

    ArticleextraitdejurisassociationsspcialFNAF2012.ReproductioninterditesanslautorisationdeJurisditio

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    centres de ressources, etc. linterace du technique et du politique,leurs interventions sinscrivent en cohrence avec les projets asso-ciatis. lheure o le nouveau gouvernement inscrit le dialogueavec les corps intermdiaires (parmi lesquels les regroupements etrseaux associatis) comme un pralable toute nouvelle mesure,cette organisation est particulirement approprie. Pourtant, cevolet daccompagnement des drations, coordinations ou regrou-

    pements associatis ne ait que trs rarement lobjet de conventionsdobjectis avec ltat, alors mme que les dfs de mutations dusecteur appellent une implication renorce des rseaux. Considrcomme du onctionnement interne, leur appui nest plus perupar les pouvoirs publics comme devant aire lobjet de ressourcespropres. Ncessit se ait donc sentir dun fnancement adquat etprenne de cette onction daccompagnement par et pour les asso-ciations. Mais il est aussi de la responsabilit des rseaux et ils ensont conscients de rinterroger et de aire voluer les mthodesdaccompagnement quils ont dveloppes pour les adapter auxtransormations du monde associati. Ils sont prts cooprer davan-tage pour crer des outils mutualiss dans un esprit douverture etde dcloisonnement. Ils ont eux-mmes besoin dun accompagne-ment spcifque pour rpondre au mieux aux besoins de mutationdes associations.

    LARGIR LACTION DU DLA ct de lappui des rseaux qui relient les projets associatis leurenvironnement et aux logiques sectorielles et territoriales qui lestraversent, les associations ont aussi besoin dappuis-conseils expertssur des thmatiques particulires telles que lorganisation interne,les aspects conomiques et fnanciers, la communication Servicede proximit rpondant ce besoin, le DLA constitue une russiteindniable de laction publique en direction des associations. Lestudes dimpact du dispositi ralises en 2010 et 2011 ont dmontrson efcacit : suite aux accompagnements, on observe une cra-tion signifcative demplois, une situation conomique renorce,des partenaires fnanciers plus nombreux. Outil prventi, le DLApermet de dtecter des priorits, ce qui savre particulirementindispensable compte-tenu des contraintes budgtaires auxquellesle secteur est conront. Mais il ne permet daccompagner que 4 %des 180 000 associations employeurs. Une augmentation de sescapacits daccompagnement serait ncessaire pour dmultiplierson impact et rpondre lampleur des besoins. Paralllement, afn

    de renorcer ladquation entrelore daccompagnement etles besoins des associations,les thmatiques daccompa-gnement DLA pourraient trelargies aux nouveaux besoinsdes associations : relations asso-

    ciations/entreprises, relationscontractuelles avec les pouvoirspublics, mutualisation Pourcela, un haut niveau de fnance-ment national du dispositi parla dlgation gnrale lem-ploi et la ormation proession-nelle (DGEFP) et la Caisse desdpts doit tre maintenu. Par ailleurs, le travail visant impliquerdavantage les collectivits locales mrite dtre poursuivi et renorc :mme si leur participation fnancire globale continue de progresser,le nombre de collectivits investies dans le dispositi a lgrementrecul en 2011 ! Les cofnancements doivent eux aussi tre avorisset encourags. En associant au fnancement de ltat les collectivitslocales, les services dconcentrs de ltat et les acteurs sectoriels, unplus grand nombre daccompagnements, et de plus grande ampleur,pourraient tre raliss. Certaines thmatiques daccompagne-ment donnent dj lieu des fnancements complmentaires departenaires comme ceux des onds de la ormation proessionnelle(OPCA) au service du renorcement des comptences des dirigeantsou des caisses dallocations amiliales (CAF) pour les accompagne-ments de structures ddies la petite enance.

    PERMETTRE LE DVELOPPEMENTDACCOMPAGNEMENTS STRATGIQUESAujourdhui, lore daccompagnement est majoritairement opra-tionnelle. Compte-tenu de la mission essentielle dappui des rseauxdans la consolidation et le dveloppement de leurs membres, il seraitpourtant imprati de dvelopper une ore caractre plus strat-gique tourne vers ces regroupements et vers les grosses associationsnationales et rgionales. Pour aciliter leurs choix doptions strat-giques, pour leur permettre de mieux apprhender et de matriserleurs risques, daccompagner le dveloppement de leurs ressourceshumaines et la conduite de projets de rorganisation ou deA

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    usion, ces associations ont des besoins dappuis spcifques la dcision. De tels appuis stratgiques pourraient aussi accom-pagner lvolution du modle conomique de ces ttes de rseaux

    branles par le retrait massi deltat dans leur fnancement.Pour ces aspects, des presta-tions de conseil spcifques et

    respectueuses de la diversit descultures associatives doivent treproposes. Des rexions sonten cours entre la CPCA, lAviseet le Rameau afn de fnaliserles objectis, de dfnir un cadremthodologique et fnancier potentiellement innovant carond sur une alliance de fnan-cements dorigine publiqueet prive et la bonne gouver-nance de ce dispositi centr surlappui-conseil stratgique auxassociations.

    RENFORCER LACOHRENCE DESINTERVENTIONSLaccompagnement peut trecompar un maquis avec denombreux acteurs ayant desvisions et des objectis paroistrs dirents. Laction despouvoirs publics en la matirenest pas toujours cohrente.Lensemble de lore dappui estdailleurs assez peu lisible par lesbnfciaires eux-mmes. Lesmodalits dintervention desdirents acteurs de laccompa-

    gnement relvent de mthodes diverses, qui varient dun territoire lautre. De mme, les pratiques des regroupements associatis sonttrs ingalement ormalises selon les rseaux qui les mettent enuvre. Dans ce contexte, un rpertoire des acteurs en prsence et

    ACCOMPAGNEMENT

    du positionnement de leur ore serait utile. Concrtement, il sagi-rait de mettre en place un parcours organis visant apprhenderglobalement les problmatiques des associations pour ensuite lesdiriger vers lore la mieux adapte leurs besoins. Cest dans cetesprit quune dmarche nationale multipartenariale a t entre-prise par le RNMA, lAvise, la CPCA, le CNCRES, Chorum et leCrdit Cooprati afn doutiller les accompagnateurs de petites et

    moyennes associations employeuses, didentifer prcisment lescomplmentarits entre les acteurs et de crer un maillage territorialacilitant linterconnaissance, la complmentarit et une meilleurelisibilit de lore daccompagnement par les bnfciaires. Unetelle dmarche, aujourdhui exprimente dans quelques rgions,mriterait dtre gnralise.Dautre part, tous les acteurs de laccompagnement saccordent dire que la complmentarit des interventions entre rseaux etaccompagnement DLA est un gage defcacit et de satisaction desbnfciaires. Ds lors, pourquoi ne pas encourager les articulationsentre ces interventions ? De bonnes pratiques existent quil convien-drait de gnraliser. Dautant que ce travail main dans la main alintrt de contribuer au renorcement des drations, les incitant dvelopper des dispositis daccompagnement internes compl-mentaires lapport du DLA. Il participe aussi ltablissement deliens directs voire de partenariats entre grandes drations et permetau DLA de renorcer limpact de ses interventions. Comme cela seait dans plusieurs rgions, il pourrait tre intressant de privilgierla ralisation des pr-diagnostics et des suivis post-accompagnementpar les rseaux. Cette complmentarit oprationnelle systmatiquepourrait saccompagner dune participation eective et valorise desrseaux au sein des comits dappui du DLA et des instances poli-tiques de pilotage du dispositi.

    Ces prconisations pour renorcer laccompagnement et ranchirune nouvelle tape dans le dveloppement associati sont une desconditions de lautonomie des associations et de leurs projets dansle utur. Face aux risques qui psent sur leur avenir, les moyens delaccompagnement des associations, tant en qualit quen quantit,doivent imprativement changer dchelle pour permettre cesdernires de sinscrire durablement et sereinement au sein duneconomie plurielle. Gageons que le dbat politique sur la mise enplace des emplois davenir prendra en compte lampleur de cesbesoins dappui et considrera laccompagnement comme unecondition indispensable la russite du dispositi. A

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