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Sous le Haut patronnage de s.a.s. de prince albert ii de monaco la mediterranee peut-elle rejouer un rôle civilisateur ? regards croisés sur les heritages et les defis culturels pays à l’honneur : le liban 17, 18 et 19 mars 2011 musee oceanographique monaco Vi èmes rencontres internationales monaco et la mediterranee

Vi rencontres internationales monaco et la mediterraneeRIMM+VI.pdf · Une des caractéristiques de la civilisation grecque est sa tendance à l’universalité : la ... le citoyen

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Sous le Haut patronnage de s.a.s. de prince albert ii de monaco

la mediterranee peut-ellerejouer un rôle civilisateur ?regards croisés sur les heritageset les defis culturelspays à l’honneur : le liban

17, 18 et 19 mars 2011musee oceanographique monaco

Vièmes rencontresinternationales

monaco et lamediterranee

INTRODUCTION

La Méditerranée peut-elle rejouer un rôle civilisateur ? Cette questionpourrait être perçue comme une approche utopique. Et pourtant, bienqu’ébranlée par toutes sortes de crises, la Méditerranée n’a cesséede montrer sa capacité à se régénérer, sa puissance créative et sonsens de l’adaptation. C’est au travers d’initiatives culturellesinnovantes qu’elle pourra retrouver une place dans la mondialisation.

Carrefour privilégié des hommes, des cultures et des religions,la Méditerranée a toujours été un lieu d’échanges qui a permisl’émergence des civilisations, ces trajectoires puissantes danslesquelles les multiples cultures sont venues s’y intégrer sans s’yfaire absorber. L’histoire de la Méditerranée est ainsi scandée par despériodes civilisatrices - grecque, romaine, islamique - desquelles asurgi la philosophie, la démocratie, l’art, la science et l’humanisme.

L’espace méditerranéen s’est singularisé par la puissance culturelle,diplomatique et économique des villes « phares ». Quels sontles futurs pôles urbains méditerranéens capables de retrouver unrayonnement ? À travers les échanges commerciaux, la circulationdes hommes et des idées, et le métissage des cultures, laMéditerranée tient sa particularité des liens matériels et immatériels,c’est-à-dire d’un ensemble de réseaux qui peuvent à nouveau avoirun rôle civilisateur.

résumés

Première thématique

LES HÉRITAGES

Aire géographique puis ère culturelle puissante, la Méditerranée estune matrice de civilisations qui a vu naître les trois monothéismes,la pensée philosophique, l’art et les prémisses de la démocratie. Lieude rencontres et de dialogue entre les hommes, la Méditerranée n’aeu de cesse d’osciller entre apaisement et déchirement. Tête deJanus aux deux visages la Méditerranée est la caisse de résonnanced’un monde qui s’est fait au gré des hybridations culturelles. Espacede sédimentations complexes, le sol méditerranéen recèle unemémoire inestimable. Revenir sur les grandes périodes civilisatrices de la Méditerranéec’est se pencher sur la mémoire d’une humanité qui montreson pouvoir d’agréger les hommes autour de projets civilisateurscommuns.

Le rayonnement de l’hellénismeFrançois QUEYREL

Professeur d’archéologie grecqueÉcole Pratique des Hautes Etudes, équipe Histara

BiographieFrançois QUEYEL est Directeur d’études en archéologie grecque à l’École pratiquedes Hautes Études et dirige l’équipe d’accueil EA 4115 « Histoire de l’art, histoiredes représentations et archéologie de l’Europe (Histara) », après avoir été maîtrede conférences en histoire grecque à l’Université Paris-Sorbonne. Après avoir étéélève de l’École normale supérieure, il a été membre de l’École française d’Athènes,où il a fouillé à Delphes et a participé à la mission archéologique dirigée par AndréLARONDE à Apollonia de Cyrénaïque. Il s’est spécialisé en histoire de l’art antiqueen travaillant notamment sur des sculptures d’époque hellénistique découvertes àDélos et à Tinos dans les Cyclades et sur l’Autel de Pergame, sur un monumentd’époque classique comme le Parthénon à Athènes, monuments auxquels il aconsacré des ouvrages et articles ou sur des sculptures d’époque impériale commele groupe du Laocoon trouvé à Rome. Il prépare un manuel sur la sculpture hellénistique.

BibliographieOuvrages- Lexique d’histoire et de civilisation grecques, Paris, Ellipses, 1996 (en collaborationavec Anne Queyrel), 2e édition, 1983 ; 3e édition 2010 ;- Les portraits des Attalides : fonction et représentation (Bibliothèque des Écolesfrançaises d’Athènes et de Rome, fascicule 308), Paris, 2003 ;- L’Autel de Pergame. Images et pouvoir en Grèce d’Asie (Antiqua, 9), Paris, 2005 ;- Le Panthéon, un monument dans l’Histoire, Paris, 2008 ;

Éditeur scientifique- En collaboration avec Henri Lavagne, Les moulages de sculptures antiques etl’histoire de l’archéologie. Actes du colloque international (Paris, 24 octobre 1997),Centre de recherches d’histoire et de philologie, II, Hautes études du monde gréco-romain,29, Genève, 2000 ;- En collaboration avec Elisabeth Décultot et Jacques Le Rider, Le Laocoon, histoireet réception, Revue germanique internationale, 19, janvier 2003, avec une communicationsur « Les couleurs du Laocoon », pp. 57-70 ;- En collaboration avec Michel Reddé et alii, La naissance de la ville dans l’Antiquité,Paris, 2003, avec une contribution sur « La naissance du phénomène urbain dansle monde grec : essai d’introduction », pp. 45-48 ;En collaboration avec Françoise Dumasy (éd.), Archéologie et environnement dansla Méditerranée antique, École pratique des Hautes Études, Sciences historiqueset philologiques, III, Hautes études du monde gréco-romain, 44, Genève, Droz, 2009.

Articles- « Art prégaménien, histoire, collections : le Perse du musée d’Aix et lepetit ex-voto attalide », Revue archéologique 1989, pp. 253-296 ;- Chapitre « Galerie des portraits », dans La gloire d’Alexandrie (catalogued’exposition Paris, Musée du Petit Palais, 7 mai -26 juillet 1998), Paris,1998, pp. 206-212, et trente-cinq notices dans ce catalogue (n°s 5, 24, 30, 31,37, 38, 39, 41, 43, 44, 45, 53, 80, 110, 121, 122, 145, 150, 152, 153, 154, 155, 156,157, 158, 159, 160, 161, 182, 215, 224, 225, 226, 285, 287) ;

RésuméUne des caractéristiques de la civilisation grecque est sa tendance à l’universalité : lapensée et l’art grec s’adressent à l’homme. Cet humanisme se manifeste en mêmetemps dans un cadre particulier, celui de la cité grecque, qui est déterminée parune géographie cloisonnée. L’art grec se constitue dans cette tension entre le par-ticulier et l’universel. On a tendance à opposer le monde idéal de l’art classique auréalisme de l’art hellénistique, qui se répand dans un monde élargi avec la conquêted’Alexandre. Nous constatons en fait que le cadre étroit de la cité voit s’épanouir àAthènes un art universel, alors que les grands royaumes hellénistiques se délectentdans le particulier, même si dans les deux cas l’art grec vise à susciter par desmoyens différents une émotion personnelle et universelle. Cette mutation de l’hel-lénisme répond en fait à une révolution dans la conception de l’homme et de sonrôle dans la société : le citoyen de l’époque classique est un élément de la com-munauté dont les valeurs sont au mieux résumées dans l’oraison funèbre de Thu-cydide ; les Grecs des royaumes hellénistiques sont, eux, soudés autour de lapersonne du roi qui incarne les valeurs héritées d’Alexandre avec la victoire qui estqualification royale. Nous pourrons voir dans l’art comment ces valeurs nouvellesémergent des formes particulières destinées à être comprises de tous. Les deuxversants de l’hellénisme lui permettent de rayonner non seulement à partir de laMéditerranée, mais aussi dans le temps avec des renaissances qui sontdes réinterprétations et des réactualisations.

Mare Nostrum : les effets de ladomination romaine en Méditerranée

Pascal ARNAUDProfesseur d’Histoire du Monde Romain Université Lumière Lyon 2,Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Institut Universitaire de France

BiographieAncien élève de l’Ecole Normale Supérieure, ancien membre de l’Ecole Françaisede Rome, Pascal ARNAUD a soutenu une thèse de doctorat de IIIe cycle (1984) etun doctorat d’Etat (1991) consacrés à la cartographie dans le monde romain. Il aenseigné l'histoire et l'archéologie du monde romain d'abord en qualité de Maîtrede Conférences à l'Université de Bordeaux III, puis en qualité de professeur à Nice,et enfin à Lyon 2. Il a été vice-président de l’Université de Nice-Sophia Antipolis,où il a fondé le Laboratoire d’Archéologie et Sciences de l’Antiquité de l'Université,puis co-fondateur du CEPAM – Centre d’Etudes Préhistoire Antiquité Moyen-Âge(UMR 6130, Université de Nice - Sophia Antipolis / CNRS) – et a fondé la Maisondes Sciences de l’Homme de Nice, dont il a été le directeur. Il a été conseiller auprèsde l’UNESCO pour les fouilles de sauvetage de Beyrouth, membre junior de l’InstitutUniversitaire de France (et membre de son bureau), membre du bureau du GIS RéseauNational des Maisons des Sciences de l’Homme, membre du Comité Scientifiquedisciplinaire 9 (SHS) de l’Agence Nationale pour la Recherche, président du comitéde pilotage SHS de la même Agence, membre du bureau du Collectif Andromède(Collectif R&D de la Région PACA). Il est vice-président de la Fédération Interna-tionale des Etudes Classiques. Deux fois Tytus Fellow de l'Université de Cincinnati,il est actuellement membre senior de l’Institut Universitaire de France et DéléguéScientifique en charge de l’Archéologie et des Mondes Anciens à l’Agence d'Evaluationde la Recherche et de l'Enseignement Supérieur. Spécialiste de la circulation despersonnes et biens en Méditerranée ancienne et de la géographie antique, il estl'auteur de plus d'une centaine d'articles scientifiques et de plusieurs ouvrages.

Bibliographie- ARNAUD, P. – Les routes de la navigation antique. Itinéraires en Méditerranée, Paris, 2005- ARNAUD, P. : "La gestion des ressources naturelles et l'intégration économiquedes provinces d'occident dans le processus de développement et de romanisationd'après Strabon : topique littéraire et document historique", in CLAVEL-LEVEQUE,M. et HERMON, E. (édd.), Espaces intégrés et ressources naturelles dans l’empireromain. Actes du Colloque de l’Université de Laval, Québec, 5 - 8 mars 2003,Besançon, 2004, 25-38.- LASSERE, J.-M. – Ubique populus. Peuplement et mouvements de populationdans l'Afrique romaine de la chute de Carthage, Paris, CNRS Editions, 1977.- LE ROUX, P. – Le haut empire romain en occident : d'Auguste aux Sévères, Paris, 1998- SARTRE, M. – L'Orient romain, Paris, 1998- WEBSTER J., 2001 – Creolizing the Roman Provinces, American Journalof Archaeology, 105, p. 209-251.

RésuméLa domination romaine fut une période unique dans l'histoire du bassinméditerranéen : celle qui vit pendant près de sept siècles son unité politique.Elle fut à ce titre le vecteur d'échanges culturels, spirituels et technologiquesintenses, corrélatifs de la mobilité des personnes. L'essentiel du bassinméditerranéen avait déjà atteint, sous l'influence conjuguée de la Grèce,des Phéniciens et des peuples ital iques un niveau de développementéconomique, politique, sociétal et intellectuel assez élevé, quoiqu'inégal, lorsquela domination politique de Rome s'établit sur l'ensemble des rives de laMéditerranée. Le développement économique qui a généralement accompagnéla mise en place de cette domination a été corrélatif d'échanges de toute naturesans précédent dans l'histoire de la Méditerranée. En dépit d'un bilinguismeconstitutif du monde romain et de ses élites, ils ont fondé la prospérité, lacirculation des biens, des personnes, et des idées. Ils ont également permisl'émergence d'un modèle commun de culture, en dépit de déclinaisons régionalesaux particularismes forts. Ce modèle, varié inclut à un extrême la gladiature et lesJeux, fussent-ils les plus sanglants, et à l'autre l'universalisme fondateurde l'humanisme moderne. Surtout, on retiendra la conscience partagéed'appartenir à un même monde d'ordre et d'harmonie dont le souvenir survécutà Rome même : l'empire romain n'est pas mort sous les coups d'Alaric, mais sousceux des Croisés. Si la république romaine présente des traits qui le rapprochentdes colonialismes modernes, la force et la vigueur de l'adoption du modèle romain,en dépit de rares exceptions, reste un cas unique dans l'histoire du mondeMéditerranéen.

Migration des savoirs dans l’Islam médiéval

François ZABBALRédacteur en chef de Qantara

BiographieNé à Beyrouth en 1948. Après une thèse de doctorat (3ème cycle) soutenue à Parisen 1972, François ZABBAL enseigne la philosophie à l’Université Libanaise(Beyrouth) pendant douze ans. Contraint de s’exiler en 1984, il s’installe à Parisoù il soutient en 1985 une thèse d’Etat en Islamologie (« L’ouléma, le chrétien, lesoldat. Le Liban et la Syrie centrale au XIXe siècle »). Il entre en 1986 à l’Institut dumonde arabe où il est chargé des programmes de conférences et de colloques.

RésuméL’histoire des sciences nous a habitués à dérouler le fil des découverteset des innovations scientifiques au sein d’une seule et même civilisation. Quantaux rapports extérieurs à celle-ci, ils sont pris en compte généralement à l’imagede confluents et d’affluents qui croisent le cours tranquille du savoir. C’est d’ailleurssur la question des apports que des batailles rangées se déroulent fréquemmententre historiens et idéologues, car de leur évaluation dépend le degré de créativitéque l’on attribue à la civilisation émettrice ou à la civilisation réceptrice. Si la Chine se prête bien à l’idée d’une floraison régulière des sciences et des artsau sein d’un même territoire identifié à une seule civilisation, les civilisationsméditerranéennes offrent l’image d’ensembles cloisonnés par des fracturesprofondes. En ignorant les frontières politiques et idéologiques, on voudraitmontrer ici que les transferts et les migrations du savoir obéissent à des logiquesqui ne sont pas forcément idéologiques.

Albert Camus : une figurephilosophique méditerranéenne

Jean-François MATTÉIProfesseur émérite à l’Université de Nice Sophia-Antipolis,

Institut Universitaire de France

BiographieAgrégé de philosophie, diplômé de sciences politiques et docteur d’État es-Lettres,Jean-François MATTÉI est membre de l’Institut universitaire de France. Ilest professeur émérite de l’université de Nice Sophia-Antipolis, et professeur dephilosophie politique à l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence.Chevalier de la Légion d’Honneur, il a été membre du Comité d’éthique du CIRAD,responsable pour les sciences humaines du COFECUB (accords universitairesfranco-brésiliens), et il est professeur associé à l’université Laval de Québec. Il aété le conseiller personnel du ministre de l’Éducation nationale au Cabinet de M.François BAYROU en 1993 et 1994. Il est membre du Conseil économique et Socialde la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Directeur éditorial de deux maisonsd’édition, il participe au comité de rédaction de plusieurs revues dont Cités.Derniers ouvrages parus : De l’indignation, Paris, La Table Ronde, 2005. - Platon,Paris, PUF, « Que sais-je ? », 2005. - Nietzsche et le temps des nihilismes, Paris,PUF, 2005. - La République brûle-t-elle ?, avec Raphaël DRAI, Paris, Michalon,2006. - L’Énigme de la pensée, Nice-Paris-Montréal, Ovadia, 2006. - Le Regardvide. Essai sur l’épuisement de la culture européenne, Paris, Flammarion, 2007 ;Prix Montyon de philosophie de l’Académie Française en 2008. - Albert Camus etla pensée de Midi, Nice-Paris-Montréal, Ovadia, 2008. - Le Sens de la démesure,Cabris, Sulliver, 2009. - Jorge Luis Borges et la philosophie, Nice-Paris-Montréal,Ovadia, 2010. – Albert Camus. Du refus au consentement, Paris, PUF, 2011. – LeProcès de l’Europe, Paris, PUF, 2011.

BibliographieAMIOT Anne-Marie et MATTÉI Jean-François, Albert Camus et la philosophie Paris, PUF, 1997.GONZALES Jean-Jacques, Albert Camus. L’Exil absolu, Houilles, Manucius, 2007.GRENIER Jean, Albert Camus. Souvenirs, Paris, Gallimard, 1968.LENZINI José, L’Algérie de Camus, Aix-en-Provence, Édisud, 1987.MATTÉI Jean-François, Albert Camus et la pensée de Midi, Nice-Paris, Ovadia, 2008.MATTÉI Jean-François, Albert Camus. Du refus au consentement, Paris, PUF, 2011.SAINT-YGNAN Jean-Louis, Le premier homme ou Le chant profond d’Albert Camus, Nice-Paris,Ovadia, 2010.SAROCCHI Jean, Camus, Paris, PUF, 1968.TODD Olivier, Albert Camus. Une vie, Paris, Gallimard, 1996.VIRCONDELET Alain, Albert Camus, fils d’Alger, Paris, 2010.

RésuméAlbert Camus n’a jamais distingué l’amour des hommes de son amour du mondedans ce qu’il nommait « la pensée de midi ». La culture élémentaire de la terre etdu ciel se manifeste par les « quelques biens périssables et essentiels qui donnentun sens à notre vie : mer, soleil et femmes dans la lumière ». Ce mondeméditerranéen, matrice de la culture grecque et latine qui a fondé l’Europe, étaitpour Camus le seul monde digne d’être aimé. Dans un premier temps, lesintellectuels parisiens ont jugé un tel monde primitif, sinon même barbare, commel’a reconnu Camus lui-même en revendiquant « notre heureuse barbarie »et en ironisant sur le mot du poète latin Terence : « Rien de ce qui est barbare nepeut nous être étranger ». Camus était en effet, avec Jean Giono et Henri Bosco,tous deux également méditerranéens, l’un des rares écrivains français à posséderune dimension cosmique au même titre qu’un Emerson ou un Faulkner auxÉtats-Unis. On reconnaît, dans ce gonflement de la mer au fond des golfes oùs’agite « un peuple grouillant et fraternel », la présence d’un « être plus secret » quidonne un sens à l’exigence morale, un être « nourri de ciel et de mer » écrit Camusau moment où il rejette de l’histoire « les puissances d’abstraction et de mort »,comme le fascisme et le marxisme qui ont ensanglanté le siècle. Elles sontétrangères aux forces de vie que l’on trouve au fond de chacun de nous, danscette part obscure de l’être sur laquelle se clôt Le premier homme.Dès ses premiers textes, Camus a dressé le cadre immuable de ce qu’il appelle en1938 dans la revue Rivages « une pensée inspirée par les jeux du soleil etde la mer ». On devine le nom de Meursault qui sera, quelques années plus tard,le héros de La Mort heureuse et le narrateur de L’Étranger. Nous sommesen présence de ce monde méditerranéen qui, selon la remarque deL’Homme révolté, « reste notre premier et notre dernier amour ». Et s’il est vraique chacun de nous vit avec « quelques idées familières. Deux ou trois », voiremême avec une seule « nostalgie d’unité » naissant paradoxalement d’un universdispersé, on reconnaîtra que Camus n’a jamais pensé qu’une seule chose :l’étrange familiarité d’un monde où les soupirs conjugués de la terre et du cielcouvrent les voix des dieux avant d’apaiser les paroles des hommes. Dans cettepatrie immobile d’où l’histoire se retire, règne seulement, exil creusé au cœur duroyaume, « un grand silence lourd et sans fêlure ».

Deuxième thématique

LES VILLES PHARESD’AUJOURD’HUI ET DE DEMAIN

Hier les grandes cités : Athènes, Rome, Alexandrie et Venise…aujourd’hui des villes méditerranéennes qui se réapproprient leurpatrimoine, réinventent leur culture et construisent leur futur,apportant ainsi une réponse possible à la mondialisation.Réhabil itation du passé, agressivité commerciale, nouvellestechnologies, les villes de la Méditerranée cherchent à s’imposercomme des pôles attractifs au sein du tissu mondial. Plongées danscette compétition ces villes sont confrontées à des fragilitésnaissantes et à des défis complexes que la concurrence leur imposede relever.

L’action culturelle des femmes libanaises dans

les périodes post conflictuellesZeina EL TIBI

Présidente de l’Observatoire des Etudes Géopolitiques (OEG),et de l’Association des femmes arabes de la Presse

BiographieL’Observatoire d’études géopolitiques (OEG) est un institut de recherche qui a pourobjet de contribuer à la promotion et au rayonnement de la recherche scientifiqueet universitaire dans les différents domaines de la géopolitique et des relationsinternationales. L'OEG édite notamment la collection Etudes géopolitiques auxéditions Karthala.Zeina EL TIBI est corédactrice en chef du magazine économique et culturel libanaisAl Ayam (Beyrouth) dont elle dirige le bureau de Paris. Elle dirige égalementle bureau de Paris de l’hebdomadaire La Revue du Liban. Spécialiste des questions relatives à la Francophonie et à la diversité culturelle. En2004, elle a coproduit une émission télévisée avec la chaîne libanaise NBN, à l’oc-casion du Sommet francophone de Ouagadougou : « L’éducation de la femme dansle développement durable ».

BibliographieLa Francophonie et le dialogue des cultures (Paris, L’Age d’homme, 2001, traduit enarabe « ةينوفوكنرفلا و راوح تاقاقثلا », Dar al Moualef, Beyrouth) ; Le Québec, l’Amérique en français (Paris, Idlivre, 2002, traduit en arabe كيبك كريما

; (Dar al Farabi, Beyrouth ,ةيسنرفلابL’Arabie saoudite, à l’épreuve des temps modernes, codirection avec Charles Saint-Prot. Paris, OEG-Etudes géopolitiques, 2004 ;L’eau, nouvel enjeu géopolitique, codirection avec Charles Saint-Prot.Paris, OEG-Etudes géopolitiques, 2005 ;Géopolitique du Soudan, codirection avec Charles Saint-Prot. Paris, OEG-Etudesgéopolitiques, 2006 ;Quelle union pour quelle Méditerranée ?, codirection avec Charles Saint-Prot. Paris :OEG-Etudes géopolitiques et Karthala, 2008 ;Le Maroc en marche, collectif, dir. J.Y de Cara, F. Rouvillois, Ch. Saint-Prot, Paris,CNBRS éditions, 2010 ;L’enjeu du dialogue des civilisations, collectif, dir. Charles Saint-Prot et Jean-PierreMachelon. Paris : OEG-Etudes géopolitiques et Karthala, 2010

RésuméBeyrouth – comme les autres cités anciennes du Liban a toujours été une ville deculture et de créativités. Pour les Grecs, Beyrouth était la ville des juristes commeByblos était celle du livre. Les conflits qui ont ravagé le pays depuis 1975 n’ont pasété sans incidence sur l’action culturelle. La femme libanaise a su combiner cemélange pour faire naître ce « on ne sait quoi » qui fascine et qui nous porte à croirequ’une spécificité libanaise existe réellement… Par son action dans le secteurculturel, la femme libanaise cherche à transmettre des messages sociétaux.La volonté de diffuser une culture de paix, de dialogue intercommunautaire et/ouinterreligieux, de tolérance. C’est ce dernier domaine que j’évoquerai plusparticulièrement à travers le les créations cinématographiques (A) et littéraires (B).Ce mélange pour faire naître ce « on ne sait quoi » qui fascine et qui nous porte àcroire qu’une spécificité libanaise existe réellement.

Les nouvelles temporalités des villes méditerranéennes

Georges ZOUAINDirecteur GAIA-heritage

BiographieGeorges S. ZOUAIN, de nationalité libanaise et française, est titulaire d’un Doctoraten Économie du développement et d’un diplôme de troisième cycle enprogrammation non-linéaire et en ressources humaines, tous deux obtenus àParis. Il est expert en économie du développement, ressources humaines,économie de la culture et du patrimoine, planification régionale, et conception etgestion de programmes et de projets. Avant de fonder GAIA-Heritage en février2002, Georges ZOUAIN a t ravai l lé à l ’UNESCO comme chargé deplanification/économiste dans le domaine de l’éducation puis comme Directeuradjoint du Centre du patrimoine mondial. Auparavant, il avait créé et dirigé l’Unitédes opérations d’urgence de l’UNESCO et travaillé comme spécialiste desprogrammes d’éducation et gestion interne. Son entreprise, GAIA-heritage (sal),est spécialisée en gestion culturelle : le patrimoine, la culture et les arts,et notamment leur rôle dans le développement et la créativité. Elle intervient dansdivers pays pour concevoir des musées ainsi que des stratégies et des plans degestion de sites et de centres urbains ou régions historiques. Elle organiseégalement des conférences spécialisées. GAIA-heritage est aujourd’hui consultantauprès du Ministère de la Culture pour la Maison des Arts et de la Culturede Beyrouth, et auprès de l’Union européenne pour le Programme EuromedHeritage : the Architectural Association (Royaume Uni), the Association of CulturalEconomics International (ACEI), la section française d’ICOMOS et l’ICOM. Il estmembre de Transparency International et a enseigné à la Harvard Graduate Schoolof Design.

BibliographieTerry Nichols Clark (rédacteur). : « La Ville comme une Machine de Divertissement »,Volume 9 - Fait des recherches dans Politique Urbaine, Elsevier, 2003Aaron M. McCright et Terry Nichols Clark (rédacteur) : « Communauté et Écologie :Dynamique d'Endroit, Durabilité et Politique », Volume 10 - Fait des recherches dansPolitique urbaine, Elsevier, 2006Elizabeth Currid : « L'Économie Warhol : Comment Mode, Art et Promenade en voiture,Musique New York », Presses universitaires de Princeton, 2007Richard Florida : « Qui est votre ville ? Comment l'Économie Créative Fait Où Vivre laDécision la plus importante de Votre Vie », Livres de Base, 2008 Evdoxia Baniotopoulou : « Art pour quel amour ? Musées d’art moderne et leur rôle dansla transformation des sociétés : le cas de Bilbao Guggenheim », Journal de Conservationet Études de Musée, novembre 2001

Lea Ayoub et Georges S. Zouain : « L’art et le patrimoine, instruments derégénération urbaine », article publié dans les Éditions de l'ACTED, 2009Georges S. Zouain : « Art, Héritage et Économie : le patrimoine mondial Conventiondans la Lumière de la théorie économique » dans « Compression contre Expression- Contenant et Explication Art du Monde », rédacteur par John Onians,Clark Studies dans les Arts visuels, Presses universitaires de Yale, 2006Georges S. Zouain: « Origines et fonctions economiques du patrimoine », dans« Travaux & Jours », Universite Saint-Joseph, Beyrouth, 2002.

RésuméLe rôle des villes comme lieu d’échange et de commerce, le rôle des villesportuaires comme lieux de transit et de distribution près desquels lesgrandes industries se concentraient change rapidement. La nouvelle économiemondiale, celle du savoir a de moins en moins besoin de concentrer en un seul lieudes instruments de production lourds et polluants et le capital de main-d’œuvre etde consommation qui produit et utilise sa production. Les progrès en énergie et encommunication ont rendu caduc le rôle des villes du 19e siècle. La nouvelleéconomie urbaine, l’économie du savoir et de la créativité, telle que définie parElizabeth CURRID, Tery CLARK et Richard FLORIDA, devient prééminenteet impose un modèle que toutes les villes cherchent à adopter. Il s’agit d’unchangement qualitatif qui est signifié par l’insertion d’un élément de contemporanéitéarchitecturale dans la ville, offrant à la fois un signal d’accession de la villeà l’économie contemporaine et une attraction forte pour les visiteurs. Gênes auraété une des premières à utiliser ce modèle et l’exemple qui a le plus frappéles esprits est celui de Bilbao, mais à part les connaisseurs, le public a tendanceà oublier que les travaux de Renzo PIANO et de Franck GEHRY n’auront été que lesymbole, la cerise sur le gâteau. La revitalisation urbaine et le développement desinfrastructures nécessaires à la nouvelle économie sont ce qui a placé certainesdes villes méditerranéennes dans la nébuleuse des métropoles mondiales.

Izmir et la présence culturellefrançaise : réalité et enjeux au sein d’une mégapole.

Jean-Luc MAESODirecteur de l’Institut Français de Turquie, Izmir

BiographiePour Jean-Luc Maeso, l’écriture, la littérature, l’art, la musique, l’architecture et lejardin sont intimement liés à son enfance en Algérie et à sa double culture :andalouse et française. Tout en poursuivant à haut niveau une carrière de cavalierde concours complet, il poursuit des études d’Histoire de l’Art et de Sciences Politiques.Président du Centre Culturel du Marais à Paris, de 1979 à 1984, il y assumele commissariat de nombreuses expositions dont : Turner en France, Picassoinconnu, Babar a 50 ans, Kaspar David Friedrich…Délégué Général de l’Association pour le Rayonnement de l’Opéra de Paris, de1984 à 1989, il entreprend de faire connaître les remarquables collections dela Bibliothèque/Musée de l’Opéra, en organisant principalement des expositionsaux Etats-Unis, de New York à Dallas, notamment Trois siècles d’histoire de ladanse. Mais aussi il attire l’attention sur les conditions déplorables de conservationet l’indigence de lieux d’études et d’accueil, provoquant ainsi de la partdes pouvoirs publics et de mécènes une prise de conscience qui aboutira à larénovation de ces lieux emblématiques. De 1989 à 1996 c’est la formidable aventurede l’Opéra-Comique. Il obtiendra sa réouverture et son indépendance. Saprogrammation pluridisciplinaire fait appel aux grands créateurs (Miguel Barcelo,Richard Sera, Christian Boltanski…). 1995-1996 est une année de transition : ilquitte l’Opéra-Comique pour l’Opéra de Bordeaux, et s’engage dans unDESS jardins historiques et Paysage. Après avoir contribué à obtenir le label OpéraNational il quitte Bordeaux en 1999 pour se consacrer entièrement à l’écriture d’unroman et de nouvelles. Il entreprend également une collaboration avec l’Express et leMonde 2 ; pour le premier il aborde les thèmes patrimoniaux, pour le second ce sontdes portraits de jardins. En 2005 il crée sa première mise en scène à Las Palmas(Canaries) à travers l’œuvre dessinée de José-Maria SICILIA, autour du chanteurde flamenco Enrique Morante, spectacle donné ensuite en 2006 à Tenerife, auCaire, à Aman. En septembre 2005 il prend la direction de l’Institut culturel françaisd’Izmir (Turquie).

BibliographieActes de colloqueLa nature sur la scène au XVIIIe, in La nature citadine au siècle des Lumières,promenades urbaines et villégiature, colloque international de Nancy, 24 et 25 juin2005, Centre Ledoux, Editions William Blake & Co.

Catalogues* Collectif, sous la direction de Didier Laroche et Jean-Luc Maeso, Le Corbusier enTurquie, le plan directeur d’Izmir (1939-1949), publication dans le cadre deLa Saison de la Turquie en France pour l’exposition présentée de mai à juillet 2009,à l’Institut Français d’Izmir puis à la Grande Salle de l’Aubette à Strasbourg * Collectif, sous la direction de Didier Laroche et Jean-Luc Maeso, Smyrne/Izmir,portrait d’une ville au travers des collections françaises, publication dans le cadrede l’exposition organisée par l’Institut Français d’Izmir, du 9 octobre au 30novembre 2006* Trois siècles d’histoire de la danse, 1997* Trois siècles d’histoire du costume, collection de l’Opéra National de Paris, 1999, Publications pour des expositions aux Etats-Unis, Bibliothèque/Musée de l’Opérade Paris

ArticlesPour le « Monde2 » :

- Domaine des Clermonts : le théâtre de verdure d’un metteur en scène zen, 19/02/2005- Parfum de Toscane à Ambleville, 4/06/2005

Pour « l’Express » :- Le marché aux fleurs, 10/05/2004- Parcs : laborieuse récolte, 13/09/2004- Un grand Falstaff à petit prix, 20/12/2004

RésuméIzmir (la Smyrne des occidentaux), ville méditerranéenne, a connu au cours de sa longuehistoire de multiples mutations sociales, économiques, linguistiques et culturelles. Citégrecque avant que d’être un port romain, forteresse byzantine, ville ottomane, elle fut leterminus de la caravane d’Iran au 17e siècle et deviendra au 19e siècle la ville la plusdynamique de l’Empire ottoman. C’est là que la presse ottomane verra le jour, que secréera la première ligne de chemin de fer. En dépit d’éclipses dues aux chaos del’Histoire, en dépit du terrible incendie de 1922, « La perle de l’Orient », dont parlaitLamartine, a maintenu brillante la lumière de son phare. Le témoignage, ici apporté,comme tout témoignage risque d’être partial et fragmentaire. Après avoir brosséun portrait à grands traits de la ville, il tentera de mettre en exergue son potentield’adaptation par l’Economie et la Culture. Il s’appuiera sur les relations que cette villea entretenues avec la France, depuis plus de trois siècles, pour tenter de montrer dansquelles mesures l’Institut Français, par ses réseaux et ses initiatives, maintient l’influencefrançaise, sous quelle forme, en précisant quels en sont aujourd’hui les enjeux.

Marseille : Capitale européenne de la culture 2013

Thierry ROCHEDirecteur délégué aux relations institutionnelles

et aux Ateliers de l'Euroméditerranéde Marseille Provence 2013

BiographieThierry Roche est diplômé de l’Ecole Supérieure de Communication et de Marketing(ESCOM/Lyon) et titulaire d’un Master en Gestion et organisation des politiquesculturelles publiques (Université Paul Cézanne Aix en Provence).Son expérience professionnelle repose sur de la conduite de projet culturels entreEurope et Méditerranée. Il a fait partie de l’équipe du Comité Français pourl’Exposition Universelle de Séville (Espagne) en 1992. Cap au Nord, de 93 à 96,Thierry Roche mène diverses missions pour le Ministère de la culture surles questions européennes entre Paris et Bruxelles. C’est ainsi qu’il participe àl’organisation de la Présidence Française de l’Union Européenne et au suividu « Processus de Barcelone ». En 1998, Il intègre le Ministère des AffairesÉtrangères et devient Directeur du Centre Culturel français de Palerme et de Sicile.Depuis son retour en France en 2002, il a occupé les postes de Directeurdes Affaires culturelles de la Ville d’Aix en Provence et Conseiller cultureldu Député-Maire, Présidente de la Communauté du Pays d’Aix.

Il rejoint l’équipe de Marseille-Provence 2013 en tant que Directeur déléguéaux relations institutionnelles et à la coordination des ateliers de l’Euro-Méditerranéeen avril 2010.

RésuméÀ Marseille, la culture aussi est façonnée par la Méditerranée. L’héritage vient deloin. Sous influence romaine depuis 390 avant Jésus-Christ, elle demeura une villehellénique. Strabon la décrit à l’époque comme un pôle culturel où tous les jeunesaristocrates de Rome venaient apprendre la philosophie, la rhétorique et l’écrituregrecque. La tradition d’enseignement et de débat interculturel ne s’est jamaisinterrompue. Si Marseille se distingue par ce dialogue, c’est qu’il dure depuis pluslongtemps, qu’il est riche d’apports plus divers que dans la plupart desvi l les f rançaises, européennes ou méditerranéennes. Mais d’autres traitscaractérisent la culture à Marseille. Ancrée dans la cité, dans toutes les partiesde son territoire, proche des citoyens, la vie culturelle est pensée par sesresponsables et ses acteurs comme un moyen privilégié d’intégration sociale.L’échange s’y oppose au communautarisme. Il a permis d’éviter jusqu’à présentles crises qui ont secoué les banlieues d’autres villes de France.Nous avons voulu bâtir un projet qui s’en nourrisse : faire de Marseille etde la Provence un espace privilégié et pérenne, qui vivra au-delà de 2013,consacré au dialogue des cultures de l’Europe et de ses Sud, à l’accueil et à larencontre de leurs artistes, de leurs savants, des maîtres et des élèves, àla transmission des savoirs et à la production des œuvres.Nous lui avons donné un nom : « Les ateliers de l'Euroméditerranée ». Inspirés dela Renaissance, ces ateliers seront ouverts : ouverts sur la ville, ouverts sur la viede ses citoyens, ouverts à tous les projets qui s’efforcent de rapprocher l’art et lasociété.

Échanges de savoirs et coopération entre gouvernements locaux et régionaux

Laurence GRIETTEResponsable de la Commission MéditerranéeCités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU),

BiographieDepuis 2007, Laurence GRIETTE est responsable de la Commission Méditerranéede l’organisation mondiale des Cités et Gouvernements Locaux Unis, plate-formed’échanges et de partenariats qui vise à renforcer les capacités des autoritéslocales et régionales méditerranéennes et de leurs associations, à accroître leurinfluence dans la gouvernance internationale, à favoriser l’échange direct autourd’enjeux communs à l’échelle de la Méditerranée à l’occasion, notamment, du« Forum permanent des autorités locales et régionales de la Méditerranée ».Spécialisée dans l’animation et la coordination de réseaux d’acteurs, LaurenceGRIETTE a mis en œuvre de nombreux projets de coopération décentraliséeen Palestine et en Israël, notamment, ainsi que de développement économique etd’aménagement en collectivité.

RésuméLes collectivités locales sont des acteurs reconnus du développement, par leursactions de promotion de la solidarité, de la démocratie locale et en faveur de lapaix. La montée en puissance de ces acteurs, proches de la société civile et en liendirect avec les différentes problématiques du développement s’est exprimée parla création en mai 2004 de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU). CGLUest une organisation mondiale qui regroupe les collectivités locales et leurs réseauxet porte leur voix auprès des organisations internationales et des Nations Unies.Elle a pour objectifs la reconnaissance du rôle des collectivités territoriales dans lesystème international et la mobilisation de l’action locale en faveur des Objectifsdu Millénaire pour le développement des Nations Unies. Elle encourage la paix parla « diplomatie des villes » et l’innovation au sein de la gouvernance locale.Au sein de Cités et Gouvernements Locaux Unis, la Commission interrégionale Mé-diterranée est au carrefour de trois sections régionales : Europe, Afrique et Moyen-Orient / Asie de l’Ouest. Dans le contexte « méditerranéen », la valeur ajoutée de laCommission Méditerranée est de faire vivre une dynamique qui permet, notamment: de rendre visible et lisible le foisonnement des initiatives de collectivités territorialesen Méditerranée. De créer les conditions de la rencontre entre les acteurs de cesinitiatives afin de partager les savoir-faire et les expériences, de luttercontre l’éparpillement et le cloisonnement des actions et d’optimiser ainsi leurimpact sur le terrain. De faire reconnaître l’importance de l’échelon institutionnellocal comme concepteur, gestionnaire et animateur de politiques de développementau plus proche des citoyens, dans une région où les indicateurs de gouvernancerévèlent l’urgence de rapprocher les centres de pouvoirs et les populations. Derompre l’isolement entre élus et décideurs locaux de la Méditerranée qui, en raisonde la persistance de certains conflits, de difficultés économiques et de stéréotypesculturels entravent le sentiment d’appartenir à une communauté de destinméditerranéenne ou euro-méditerranéenne. La Commission Méditerranée deCGLU, avec les réseaux qui la composent, part ic ipe par son act ionau développement humain, au développement territorial, à une meilleuregouvernance, au croisement du local et du global, des territoires et de leurdimension, de leur ouverture mondiale.

Monaco : un riche passé, un avenir qui s’invente

Robert FILLONAmbassadeur de la Principauté de Monaco

auprès de la Suisse

BiographieJuriste de formation, Robert FILLON a effectué toute sa carrière au servicede l’Administration monégasque. Il est actuellement Ambassadeur de Monacoen Suisse et auprès de l’Office des Nations Unies à Genève. Il est égalementpassionné d’histoire et de littérature.

RésuméA l’origine, aux temps géologiques, il y a la rencontre du plissement alpin et de lamer. Un amphithéâtre montagneux apparaît, un Rocher se dresse fièrement au-dessusdes eaux, créant un port naturel. Nous sommes au nord de la Méditerranée, dansune région où plus qu’ailleurs éclate la lumière, où même la couleur grisée de laroche participe au déferlement des couleurs vives.Dès l’époque préhistorique, ce lieu sera fréquenté. Mais ce sont les peuples marins,les Phéniciens et les Grecs qui, les premiers, lui donneront la vocation maritime quilui est désormais liée à jamais. L’origine assez mystérieuse du nom de « Monaco »pourrait bien dater de cette époque. C’est seulement par la suite que l’associationdu toponyme avec le mot italien désignant le moine fut réalisée, à la faveur d’unrécit héroïque qui montre François Grimaldi, chef de guerre génois appartenant auparti guelfe, s’emparer de la forteresse par ruse, sous les habits d’un religieux desordres mendiants.Nous sommes en 1297 et l’histoire de Monaco est déjà longue. Durant tout leMoyen Age, la place a servi d’escale pour les bateaux de guerre et de commerce.Sur le Rocher a été établi un campement qui peu à peu a pris un caractère permanent.Les premiers habitants étaient là, gardiens de la sécurité de la place.Quasiment enclavé par l’orographie voisine, dépourvu de ressources naturelles,souvent tourmenté par une Histoire européenne dont les enjeux le dépassaient largement,Monaco allait cependant connaître un destin singulier. Car, dans la descendancede François Grimaldi, les seigneurs de Monaco, souvent très habiles et quelquefoischanceux aussi, n’eurent de cesse que d’affirmer l’autonomie puis l’indépendancede leur domaine à l’égard des grands ensembles territoriaux avoisinants. Le Traitéde Péronne, conclu en 1641, voit ainsi Louis XIII reconnaître la souveraineté surMonaco du Prince Honoré II et de ses descendants.

Bien plus tard, après avoir été annexé par la République française à l’époque révolutionnaire,Monaco recouvre sa continuité dynastique. Et lors de la cession du Comté de Niceà la France, le Second Empire réalise un véritable désenclavement de la Principautépar la voie ferroviaire, ce qui va permettre – et l’on peut, une fois de plus, parler dequasi-miracle – le formidable essor d’un tourisme aristocratique qui profite de ladouceur du climat pour offrir un large éventail de plaisirs destinés à une clientèleélitaire.La mode des bains de mer est lancée et Monaco en deviendra très vite l’un descentres les plus réputés. Mais ce ne sera pas la seule manière de réactiver une traditionmaritime qui, à vrai dire, n’avait jamais vraiment été interrompue. A l’orée du XXèmesiècle, en effet, Albert 1er, Prince héréditaire puis Prince régnant, se voue à l’étudedu milieu marin sous toutes ses formes. Il devient très vite l’un des pionniers del’océanographie. Mais son engagement scientifique est inséparable d’une conceptionphilosophique éclairée de l’Homme qui fera de lui un « Prince savant et humaniste», le créateur du Musée océanographique, mais également un partisan de Dreyfuset l’auteur d’initiatives visant à rapprocher les peuples et à prévenir les conflits.Déjà, il avait compris tout le parti que Monaco pouvait tirer de sa situation privilégiée, àl’écart des enjeux géopolitiques internationaux, pour s’offrir comme un lieu de rencontresau service de la paix et de la connaissance, et pour diffuser un certain nombre demessages d’importance pour l’Humanité. L’engagement environnemental du PrinceAlbert II, aujourd’hui, se place résolument dans ce sillon et l’idée d’une « Principautétournée vers la mer », ayant pour dessein d’en faire connaître les potentialités, lesrichesses, les promesses, mais aussi de mettre en garde les peuples contre lesdangers qui la menacent, n’a jamais cessé depuis lors de s’affirmer comme unepriorité.

Troisième thématique

LES RÉSEAUX : DÉFISCULTURELS MAJEURS

La Méditerranée se caractérise et s’est toujours caractériséepar l’existence des réseaux, ces liens matériels et immatérielsqu’est le commerce, les rencontres, les transferts d’idées,l’hybridation des cultures. Tous ces liens qui s’entrelacent demanière complexe ont contribué à forger le mythe d’uneMéditerranée civilisatrice. Mais qu’en est-il réellement ? Si lesréseaux tissent des liens, ils produisent aussi des conflits, destensions, des rejets culturels qui font de la Méditerranée uneaire agitée. Cette ambiguïté fondamentale de l ’espaceméditerranéen doit ainsi nous inviter à réfléchir sur cettecontinuité entre le passé, le présent et le futur, ces troistemporalités ayant en commun les réseaux. Hier les réseauxcommerciaux, aujourd’hui les réseaux immatériels et migratoires,et demain des réseaux d’un nouveau genre nous invitant à uneprospect ive indispensable pour prévenir les r isques etenvisager un avenir de sens et de valeurs commun.

Les réseaux : émergence d’une sociétécivile euro-méditerranéenne

Alexandre MARTINProfesseur de philosophie, Conseiller scientifique

BiographieProfesseur de philosophie, diplômé en Philosophie (Master), en Droit et Sciencepolitique (Master) de l’Université de Nice Sophia-Antipolis. Parallèlementà ses fonctions de professeur, Alexandre MARTIN est également conseillerscientifique des Rencontres Internationales Monaco et la Méditerranée.