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1 Vie religieuse de toutes les couleurs aux Pays-Bas Rapport sur l’internationalisation des institutions religieuses aux Pays-Bas Publication: CMBR P.O. Box 16442 2500 BK La Haye tél.: 070 – 313 67 80 fax: 070 – 313 67 77 e-mail: [email protected]

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Vie religieuse de toutes les couleurs

aux Pays-Bas

Rapport sur l’internationalisation des institutions

religieuses aux Pays-Bas Publication: CMBR P.O. Box 16442 2500 BK La Haye tél.: 070 – 313 67 80 fax: 070 – 313 67 77 e-mail: [email protected]

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Table des matières Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 3 1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 4 2. Internationalisation de la vie religieuse aux Pays-Bas . . . . . . . . . . . . . . p. 6 3. Les raisons de l’internationalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7 4. Préparation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 9 5. Mentors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 12 6. Domaines d’activités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 14 7. Du multiculturel à l’interculturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 16 8. Retour à la maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19 9. Epilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 21 Annexe 1: Données sur les religieux étrangers aux Pays-Bas: nombres, domaines d’activités, nationalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 23 A propos du logo sur la page de couverture: La colombe et les mains essaient de saisir les Pays-Bas, les méridiens représentent le globe terrestre et les cinq mains sont le symbole des cinq races humaines. (Dessin: Sr Ludwina Foolen S.F.I.C.)

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Préface En 2000, le Centraal Missionair Beraad Religieuzen (CMBR, Conseil Central Missionnaire des Instituts Religieux, aux Pays-Bas) a organisé un séminaire pour les religieux étrangers qui vivent et travaillent aux Pays-Bas. L’objectif en était d’entrer en contact avec ces religieux étrangers, de les faire parler de leurs expériences et idées sur leur mission aux Pays-Bas, et de leur proposer un forum où ils pourraient partager leurs expériences avec les autres. Manifestement, le séminaire correspondait à un besoin. Malgré des antécédents culturels et nationaux très différents, les participants ont trouvé reconnaissance et soutien pour leur expérience en tant que religieux étrangers aux Pays-Bas. A la même conférence, ils ont explicitement réclamé un dialogue avec les religieux néerlandais sur la tâche commune des religieux néerlandais et étrangers dans l’église et la société néerlandaises. Il fut donc décidé d’organiser une telle conférence sur une base annuelle et d’en confier l’organisation à un groupe de religieux étrangers avec l’assistance du Secrétariat du CMBR. C’est ainsi qu’à la demande de religieux étrangers, les religieux néerlandais ont participé à ces conférences ‘Vie religieuse de toutes les couleurs’ (‘Colourful Religious Life’, CRL) depuis 2001. De nombreux participants néerlandais étaient des missionnaires rentrés au pays. La communication entre les religieux étrangers et les missionnaires néerlandais rentrés est remarquablement aisée. Les deux groupes ont fait l’expérience d’’être un étranger’ souhaitant se dédier à la cause de l’église et de la société dans un nouveau pays. De fait, les missionnaires néerlandais rentrés savent combien il est dur de prendre racine dans une culture étrangère. Les conférences CRL leur offrent une possibilité de discuter de sujets souvent épineux comme la ‘mission à l’envers’1 par les religieux étrangers. Pourquoi les religieux étrangers viennent-ils aux Pays-Bas? Quelle valeur attache-t-on à leur présence? Comment leur intégration peut-elle être guidée afin qu’elle soit fructueuse et utile pour les religieux eux-mêmes, la congrégation aux Pays-Bas et l’église et la société néerlandaises? A la fin de 2004 eut lieu à Rome un congrès international pour les religieux du monde entier. Le document préparatoire intitulé ‘Avec la passion pour le Christ et une passion pour l’humanité’ portait de façon extensive sur l’internationalisation de la vie religieuse de par le monde. Pour les religieux, partout, il est évident que l’internationalisation n’est plus facultative mais une façon d’appréhender la réalité de la mondialisation et du multiculturalisme. En raison de la pertinence du sujet, le CMBR pensa qu’il était important de rendre les idées élaborées pendant les conférences CRL accessibles à la Conférence des Religieux néerlandais (KNR), le forum des ordres religieux aux Pays-Bas. Il faut garder à l’esprit que ce forum n’est plus seulement une conférence de religieux néerlandais mais de tous les religieux aux Pays-Bas. La Haye, septembre 2006

1 Le terme ‘mission à l’envers’ est entrée depuis quelques années déjà dans la littérature missionnaire. Il se réfère au

mouvement missionnaire contemporain du sud au nord

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1 Introduction Ces dernières années, un nombre considérable de religieux étrangers a été invité par leur ordre religieux ou un diocèse à venir aux Pays-Bas.2 Bon nombre parmi eux ont une position dirigeante au généralat de leur institut religieux. D’autres effectuent un travail pastoral, souvent dans des paroisses de migrants. D’autres encore arrivent avec un mandat missionnaire explicite et travaillent dans les zones métropolitaines avec et pour la communauté locale ou les marginaux dans la société. Enfin, il y a aussi des religieux qui font des études aux Pays-Bas, ceux qui se chargent des soins à leurs sœurs et frères, ou ceux qui vivent dans des maisons contemplatives.3 D’un point de vue missionnaire, la présence de religieux d’autres pays aux Pays-Bas est importante pour plusieurs raisons. D’une part, elle démontre que l’Indonésie, les Philippines, l’Inde et d’autres pays où des congrégations néerlandaises avaient jadis des ‘missions’ disposent maintenant de provinces particulières à part entière pourvues de ressources suffisantes pour envoyer des membres aux Pays-Bas. Il est un signe des temps que le centre de gravité de la chrétienté s’est déplacé vers le sud. Dans certains ordres religieux, les membres de provinces du sud représentent plus que la moitié des Assemblées Générales. Alors que le slogan ‘les Pays-Bas, un pays de mission!’ pourrait susciter des réponses irritées de nombreux néerlandais, il est sous l’aspect de mission comme ‘mission dans les six continents’ parfaitement acceptable. Un autre aspect important d’un point de vue missionnaire est la migration mondiale. Un grand pourcentage des nouveaux immigrants aux Pays-Bas est chrétien.4 Ce sont des personnes qui introduisent leur identité propre et leurs expressions religieuses, leurs orientations et traditions culturelles dans l’église et la société. Au fil du temps, les églises néerlandaises prennent des couleurs. Par conséquent, le fait que la vie religieuse néerlandaise devient rapidement plus multiculturelle n’est pas surprenant et peut être considéré comme un heureux développement. Pourtant, la venue de religieux étrangers aux Pays-Bas prête à de nombreuses controverses, même parmi les religieux néerlandais. Bon nombre sont, pour ne pas dire plus, hésitants à nommer des religieux étrangers pour remplir des ‘places vacantes‘ au niveau local, par exemple dans le travail pastoral paroissial ou les soins aux religieux aînés. Dans ce contexte, on pourrait se demander à juste titre si ces religieux étrangers, provenant de pays où le besoin est même plus aigu qu’ici, ne pourraient pas mieux engager leur énergie et leurs talents ailleurs. D’aucuns se montrent aussi sceptiques quant au temps et à l’énergie qu’il faut avant que les étrangers soient suffisamment intégrés pour contribuer de façon significative à la mission religieuse néerlandaise dans l’église et la société. Est-il raisonnable de les exposer à cette société complexe et sécularisée, sans même parler de toutes les difficultés liées à l’obtention de permis de résidence et de travail?

2 Selon les informations du CMBR, quelque 180 religieux étrangers vivent et travaillent actuellement aux Pays-Bas

(voir annexe 1). 3 Des communautés internationales parmi les communautés contemplatives ne sont pas exceptionnelles, comme en

témoigne l’annexe 1. A bien des égards, la dynamique entre les étrangers et les autochtones dans les communautés monastiques peut être mise en parallèle à celle de communautés de religieux actifs. A d’autres égards, néanmoins, elle diffère en raison de la nature retirée des communautés monastiques. Jusquà présent, les religieux contemplatifs ont été peu représentés aux conférences CRL. Par conséquent, ce document ne traite pas spécifiquement de l’internationalisation des communautés monastiques contemplatives.

4 Selon des informations de l’Organisation Catholique Nationale Cura Migratorum et SKIN, l’organisation faîtière protestante pour les églises migrantes, quelque 800.000 chrétiens étrangers vivent actuellement aux Pays-Bas, ce qui signifie que 40% de tous les étrangers au pays sont chrétiens.

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Ces questions préoccupent non seulement les missionnaires néerlandais, mais aussi les étrangers. Le choc culturel qu’ils éprouvent à l’arrivée aux Pays-Bas est invariablement violent et les réserves qu’ils rencontrent dans leur propre communauté ou l’église néerlandaise n’aident certainement pas. Au début, ils sont nombreux à se demander ce que – pour l’amour du ciel - ils peuvent et devraient faire ici. Ils doivent affronter des préjugés culturels: ils sont simplement des ‘étrangers’ venant d’une culture ‘primitive’. Contrairement aux missionnaires néerlandais qui allaient à l’étranger par le passé, les religieux étrangers ne peuvent attendre de soutien financier et matériel de leur base d’origine. Dans un certain sens, leur mission est une ‘mission sans pouvoir’. Ils arrivent les mains vides, avec leurs seules compétences propres. Ce rapport retrace les expériences et les idées qui sont sorties de six conférences CRL. Afin de les compléter, le secrétariat du CMBR a interviewé cinq religieux étrangers et cinq religieux néerlandais dans la période allant de mars à mai 2006 sur la nomination et la préparation de religieux étrangers, leurs tâches et leur apprentissage, les relations et la collaboration interculturelles, et leur perception de la ‘mission à l’envers’. Les chapitres 2 et 3 décrivent le cheminement jusqu’à l’actuelle internationalisation et la perception de celle-ci dans les institutes religieux néerlandais. Les chapitres 4 à 6 se concentrent sur les questions pratiques comme la préparation, l’apprentissage et les domaines d’activités potentiels des religieux étrangers. Enfin, les chapitres 7 et 8 sondent la question du dialogue interculturel dans les organisations et la source d’enrichissement mutuel que celui-ci peut être pour les parties. Le CMBR s’est limité à l’expérience d’organisations religieuses qui sont membres de la Conférence des Religieux néerlandais (KNR) et ont participé à des conférences que le CMBR, l’aile missionnaire de la KNR, a organisées pour les religieux étrangers et leurs homologues néerlandais ces dernières années. C’est aussi une indication sur les paramètres de ce document. La question de savoir si on invite ou non des religieux étrangers est également pertinente au niveau de la province ecclésiastique néerlandaise. Certains diocèses procèdent activement à l’invitation de pères et de soeurs de l’étranger. Il existe aussi des projets individuels qui visent à amener des religieux étrangers aux Pays-Bas pour pourvoir des postes dans la pastorale au niveau paroissial. Or, les politiques et pratiques des diocèses dépassent l’objectif de ce document consultatif. Il est sans doute évident que la migration de religieux étrangers vers les Pays-Bas est une entreprise radicale pour la personne impliquée. C’est ici un phénomène relativement nouveau et dans ce domaine, les instituts religieux en sont toujours au stade expérimental. Ils avancent à tâtons. Ces dernières années, certaines de ces expériences ont posé problème. A l’inverse, il y a des histoires positives de religieux étrangers qui ont réussi à s’implanter aux Pays-Bas et dont l’apport et la présence ont indéniablement enrichi l’église néerlandaise, la société néerlandaise et la vie religieuse aux Pays-Bas. A ce stade, il est essentiel que les organisations religieuses partagent leurs expériences et les opinions qui en découlent. Ce rapport n’a pas pour but de fournir un conseil net et tranché aux instituts religieux. Le processus de l’internationalisation est bien trop récent et, dans un certain sens, trop récalcitrant à cela. Mais nous pensons qu’il est important que les organisations religieuses qui sont en train d’internationaliser leurs propres rangs devraient partager expériences et idées. De fait, le présent rapport est une collection d’opinions forgées au fil des dernières années. Nous sommes persuadés que celles-ci peuvent être utiles pour développer une politique saine et sérieuse au sujet de la migration de religieux étrangers vers les Pays-Bas et sur la façon de les soutenir et de les guider.

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2 L’internationalisation de la vie religieuse

2.1 Vue générale sur l’histoire récente de l’internationalisation

De nombreuses organisations religieuses ont été internationales pendant de longues années. Les derniers siècles ont de toute façon pu observer de nombreuses échanges par-delà les frontières nationales. Au 19e siècle, beaucoup de religieux français et allemands se sont installés aux Pays-Bas parce que l’oppression politique rendait la vie religieuse impossible dans leurs pays. Les Pays-Bas doivent de nombreux ordres religieux à cette crise. La dernière moitié du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle virent des dizaines de milliers de religieux néerlandais se mettre en route pour l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie. Ils furent étroitement engagés dans l’établissement de nouvelles églises dans ces régions. Au fil du temps, ce fait mena à l’émergence de provinces locales de leurs instituts religieux, qui bien souvent prospérèrent. La seconde moitié du 20e siècle observa deux développements simultanés: la croissance rapide de la vie religieuse dans beaucoup de pays du sud et un déclin constant du nombre de religieux en Europe occidentale. Le résultat combiné de ces deux développements est que, aujourd’hui, davantage de religieux du sud viennent ici que l’inverse. Ce processus se déroula aux Pays-Bas jusqu’à la fin des années 60,5 bien que la migration sud-nord reste très modeste comparée au nombre de missionnaires qui quittèrent les Pays-Bas à la fin du 19e et au début du 20e siècles. Mais la tendance est nette: en partie à cause de l’arrivée de religieux étrangers, la vie religieuse néerlandaise est devenue de plus en plus internationale et multiculturelle et continuera à l’être dans les années à venir.

2.2 Définition du concept

Il convient d’être prudent avec le terme ‘internationalisation’ parce qu’actuellement, il se réfère à deux processus qui, bien que n’étant pas séparables, sont néanmoins distincts. La première signification est que de plus en plus de communautés religieuses ont une composition internationale. Cette forme d’internationalisation a été discutée tout au long des conférences CRL. Mais l’internationalisation se réfère aussi au phénomène qui veut que différentes provinces nationales d’un ordre religieux s’associent dans une seule nouvelle province internationale en raison d’effectifs décroissants. En ce qui concerne la première forme d’internationalisation, les organisations religieuses varient largement. En premier lieu il existe des congrégations – surtout missionnaires – qui sont internationales depuis le début avec des communautés à composition internationale. En second lieu il y a les ordres plus anciens. Nombre d’entre eux sont internationaux depuis des siècles dans le sens qu’ils ont des provinces partout sans pour autant que leurs communautés revêtent un caractère international. L’internationalisation, dans ces deux formes, joue un rôle de plus en plus important dans un nombre croissant d’instituts religieux. Troisièmement, de nombreuses congrégations aux Pays-Bas sont d’origine néerlandaise et avaient comme but premier la situation locale. Elles ne devinrent internationales que plus tard en réponse à la demande de missionnaires d’outre-mer.

5 A la fin des années 60 eut lieu l’élection des premiers étrangers à la direction générale des organisations religieuses

dont les généralats étaient situés aux Pays-Bas. En 1992 les Soeurs Missionnaires du Saint Esprit (SSPS) débutèrent la première communauté internationale avec un caractère spécifiquement missionnaire aux Pays-Bas.

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Enfin, ces dix dernières années, des congrégations étrangères se sont installées aux Pays-Bas généralement à la requête d’un diocèse en particulier. Leurs communautés ont bien souvent une composition internationale. C’est l’histoire récente qui caractérise le processus de l’internationalisation au sein d’un ordre religieux. Généralement parlant, on peut dire que les ordres religieux qui étaient internationaux dès le début, avec des communautés à composition internationale, gèrent mieux les processus de l’internationalisation que les ordres qui se sont limités pendant de longues années aux Pays-Bas. Dans la partie restante de ce document, l’expression ‘internationalisation de la vie religieuse’ se réfère à la composition internationale de nombreuses communautés religieuses aux Pays-Bas avec tout ce que cela entraîne en termes de dialogue interculturel.

3 Les raisons de l’internationalisation

3.1 Le contexte de l’internationalisation

La présence de religieux étrangers ne peut être séparée du contexte de la mondialisation, de la migration à l’échelle mondiale et du multiculturalisme, pas seulement dans la société mais aussi dans l’église. Les gens voyagent partout. Les nouvelles technologies de la communication facilitent le maintien de contacts et la connaissance de développements ailleurs dans le monde. La question, aussi pour les ordres religieux, n’est pas de savoir si ils participent à la mondialisation mais plutôt comment l’entreprendre. La ‘mission à l’envers’ effectuée par des religieux étrangers aux Pays-Bas acquiert un sens plus profond lorsqu’elle est menée en solidarité avec tous les autres migrants qui s’acclimatent au pays. Ces religieux étrangers éprouvent les mêmes problèmes de choc culturel, d’apprentissage d’une nouvelle langue, d’obtention de permis de résidence ou de travail. En même temps, leur expérience de vie dans des environnements multiculturels ailleurs peut aussi être utile aux Pays-Bas. Les congrégations missionnaires en particulier citent souvent la capacité des membres étrangers à aider à forger la tâche missionnaire dans le contexte multiculturel actuel comme raison majeure à leur choix d’internationalisation.

3.2 L’internationalisation: perceptions et motifs différents

Un grand nombre de religieux étrangers aux Pays-Bas occupent des postes de direction dans leurs instituts religieux. Il est assez logique que, le centre de gravité d’un ordre religieux se déplaçant vers le sud, ce soit des membres du sud qui prennent en charge le leadership de l’organisation. Certains ordres religieux d’origine néerlandaise choisissent de déplacer leur généralat vers la partie du monde où la congrégation est la plus nombreuse. A cet égard, les ordres religieux font des choix différents. Mais le fait que les membres du sud sont de plus en plus élus à la direction générale de leur ordre et dans certains cas rejoignent le généralat aux Pays-Bas ne devrait surprendre personne. Or, les avis sont partagés lorsqu’on parle d’un accroissement des rangs des religieux aux Pays-Bas pour des raisons autres que celles-ci. Certaines personnes sont ravies du fait que des étrangers puissent se charger de tâches pour lesquels aucun candidat néerlandais n’est actuellement disponible. Dans un sens, il va sans dire, dans une situation où le manque de ressources humaines se fait cruellement sentir, qu’il est nécessaire d’inviter des renforts de provinces qui sont plus fortes et plus peuplées. D’autres voient d’un mauvais œil le fait d’attirer des religieux étrangers au pays

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pour remplir des postes vacants, surtout pour le travail pastoral en paroisse et les soins aux religieux aînés. Pour eux, de nombreuses évolutions aux Pays-Bas peuvent être interprétés de façon positive. A l’heure actuelle, les religieux occupent une position différente dans l’église et la société néerlandaises. Les laïcs contribuent souvent avec succès au travail missionnaire et pastoral. Il ne faudrait pas, par conséquent, inverser la tendance en important des religieux étrangers. Aux conférences CRL, cette dernière approche se manifestait indubitablement comme l’avis du plus grand nombre parmi les religieux étrangers et néerlandais. Dans le même esprit, il est mis en évidence que l’inculturation doit être une priorité absolue. Ce n’est pas bon d’importer des formes étrangères de vie religieuse de l’étranger sans un processus d’inculturation. Lorsqu’on leur demande si c’est une bonne chose d’inviter des gens d’autres provinces à venir ici pour s’occuper de membres âgés, les religieux étrangers répondent de façon plus positive que les néerlandais. Ici, le respect des anciennes générations entre en ligne de compte. Les religieux étrangers ont le sens des responsabilités pour leurs frères et soeurs âgés, comme les enfants pour leurs parents. “Tant que ce n’est pas à sens unique!…” 6 De nombreux ordres religieux maintiennent des liens cordiaux avec des provinces qui étaient établies au sud. Parfois, c’est la province du sud qui propose d’envoyer des membres pour renforcer la communauté dans le ‘pays mère’. Les religieux étrangers qui sont envoyés à l’étranger sont habituellement parmi les membres plus doués. C’est une perte assez grande pour une province du sud de laisser s’en aller une sœur ou un frère talentueux et qualifié. Mais, en toute honnêteté, il faut dire que les considérations financières jouent parfois un rôle dans les transferts du sud au nord. Bien souvent, la province du nord dispose de moyens financiers et matériels qui font défaut au sud. Une province du sud peut voir s’ouvrir des perspectives prometteuses par l’envoi de membres aux Pays-Bas. Chacun peut constater qu’il existe des besoins aux Pays-Bas qui exigent une action. Mais il est important qu’un ordre religieux soit clair dans ses raisons d’inviter des religieux étrangers. Quelles sont les tâches qui leur seront assignées? Celles-ci ne peuvent-elles pas être effectuées par quelqu’un d’autre? Ne vaut-il pas mieux donner à leur propre communauté un nouvel élan sur la base de leur charisme propre? Lorsque des religieux étrangers sont utilisés dans des projets existants, il faut se demander s’il s’agit de renforcer des projets existants qui seraient difficiles ou impossibles à faire marcher autrement. En d’autres termes, cela devrait se faire uniquement si la présence de religieux étrangers sera réellement profitable au projet. Par leur vitalité et leur regard nouveau sur les choses, les religieux étrangers peuvent ajouter un élan vital à la vie religieuse et la mission des religieux néerlandais. Quelques instituts religieux internationaux donnent comme raison de leur internationalisation qu’ils veulent que le caractère international de l’ordre dans son ensemble se reflète dans la composition de leurs communautés. Et dans quelques ordres religieux, la décision d’inviter des confrères d’un autre pays aux Pays-Bas est implicitement ou explicitement générée par l’espoir que leur exemple aura un impact sur la jeunesse locale. Au moins la présence de religieux étrangers, qui sont généralement assez jeunes, brise-t-elle l’image d’un ordre ou d’une congrégation vieillissante. Cependant, il est difficile à savoir si leur présence aura un tel impact sur la jeunesse néerlandaise et que celle-ci considère qu’une vie religieuse en vaut vraiment la peine. Les communautés d’un nombre croissant d’ordres religieux néerlandais à l’heure actuelle reflètent la société multiculturelle que forment les Pays-Bas et l’église néerlandaise. Cela demande

6 CRL Rapport 2002, p. 12.

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manifestement une adaptation mutuelle, ce qui ne manquera pas de provoquer des tensions. Mais il y a toujours eu des tensions – entre anciens et jeunes, entre conservateurs et progressistes etc. La rencontre des cultures peut avoir un effet modérateur. Après tout, dans de telles rencontres, on réalise qu’il existe d’autres moyens de croire, de se réunir, de faire des expériences, de vénérer et de penser.

4 Préparation

4.1 Etude de la langue et de la culture néerlandaises

Dans leur ensemble, les missionnaires néerlandais étaient (et sont toujours) soigneusement préparés pour leur mission à l’étranger. Ils apprennent des rudiments de la langue et de la culture du pays où ils se rendront; ils reçoivent des leçons pratiques; ils consacrent du temps à la théologie et à l’étude de la Bible. Bien souvent, leur formation fait en quelque sorte office de sélection: sont-ils des candidats valables pour un travail missionnaire? Conviennent-ils au travail en équipe? Sont-ils physiquement en forme pour supporter un climat différent? S’adaptent-ils facilement? Après leur arrivée dans l’autre pays, on leur laisse souvent le temps d’acquérir de l’expérience et les connaissances et compétences nécessaires requises par la situation locale. Une telle préparation est souhaitable pour les missionnaires étrangers venant aux Pays-Bas. Il est recommandé que dès avant leur départ, ils commencent à étudier la langue néerlandaise, la culture et les développements sociaux et ecclésiaux. Ces connaissances de base vont leur permettre de déterminer leurs propres activités aux Pays-Bas. La plupart des instituts religieux s’assurent que les membres étrangers suivent un cours intensif de néerlandais immédiatement après leur arrivée. L’apprentissage du néerlandais n’est jamais trop souligné. Dans une large mesure, la langue est la base pour travailler et vivre aux Pays-Bas. Il ne s’agit pas simplement de vocabulaire et de grammaire, mais plus particulièrement d’apprendre à connaître les habitudes et les usages locaux. Cela s’apprend de façon optimale au contact des gens. “En tant qu’étranger (‘c’est-à-dire quelqu’un venant d’ailleurs’) nous ne sommes ‘viables’ que si nous forgeons nos propres relations avec ‘l’ici’ où nous sommes à présent en nous familiarisant respectueusement avec l’environnement dans lequel nous avons abouti ”7. Quelques religieux étrangers ont largement profité du fait qu’ils ont étudié aux Pays-Bas et se sont par la même occasion familiarisés avec la langue, l’église et la société. “Sortez et allez là! Apprenez à aimer le pays où vous vivez! Ne vous isolez pas dans vote propre petit monde!” est leur conseil. Le cours d’orientation légalement obligatoire fut une aide réelle pour certains. D’autres ont suivi un cours de formation diaconale qui les a énormément aidés à comprendre l’église néerlandaise. Les contacts avec les gens dans leur nouveau pays, les études, de nouvelles amitiés et le travail bénévole les aident tous à se sentir chez eux.8 Cela demande de la patience. Trouver des possibilités demande du temps. “Trois ans ne suffisent pas!”9

7 Commentaire par Theo Vergeer OFM à la clôture de CRL 2003. 8 Il fut suggéré à des conferences CRL que certains cours puissent être organisés entre instituts. Un exemple est le cours

périodique pour religieux étrangers offert ces dernières années par Kontakt der Kontinenten (Contact entre les Continents). Les compétences en rencontres interculturelles des travailleurs en Mission Urbaine peuvent aussi être utilisées. En définitive, un trait essentiel de la Mission Urbaine est de traverser les frontières. Il existe des institutions dans le réseau de la Mission Urbaine qui ont acquis une série d’expériences en accompagnant des travailleurs missionnaires qui essaient de s’acclimater parmi les marginaux dans la société néerlandaise.

9 Voir rapport CRL 2003, p. 16.

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4.2 Motivation

La motivation des candidates demande une attention particulière. La décision de rejoindre une organisation internationale ne devrait pas être motivée par la volonté de trouver un niveau de vie plus élevé ou les opportunités qu’offre un séjour à l’étranger. Mais il est vrai que l’Europe et les opportunités qu’elle offre sont attrayantes pour certaines personnes. Mis à part cela, plusieurs religieux étrangers indiquent que leur venue aux Pays-Bas n’était pas une décision personnelle. Mais quand votre ordre fait appel à vous, vous obéissez. “Je n’étais pas particulièrement motivé à venir en Europe mais en reconnaissance de tout ce que les provinces européennes ont fait pour l’Inde, j’ai dit ‘oui’.”10 Voilà une autre différence avec la mission à l’étranger des religieux néerlandais: la plupart d’entre eux choisissent sciemment d’aller sur le terrain. Le fait qu’ils étaient hautement motivés les a aidés à traverser les inévitables écueils.

4.3 Maturité spirituelle

Trouver son chemin dans un nouveau pays demande beaucoup d’efforts. Voilà pourquoi les congrégations ne devraient pas seulement veiller aux qualifications professionnelles des candidats, mais également à leur maturité émotionnelle et spirituelle. De plus, une vie de prières mature aide les gens à garder leur équilibre dans des conditions éprouvantes. Le stress et les problèmes peuvent être adoucis dans la prière. Elle aiguise aussi les facultés de discernement, utiles dans les situations où les réponses ne sont pas faciles à trouver. En outre, la spiritualité spécifique à une congrégation crée un sentiment de solidarité entre les membres provenant de différents horizons. L’absence de ressources intérieures entraîne le risque que les personnes restent cramponnées à leur propre culture et manières de penser, ce qui sera un sérieux frein à toute contribution sérieuse aux Pays-Bas. Après tout, une telle contribution demande une ouverture à l’autre culture. Elle signifie qu’il faut d’abord être parfaitement à l’aise avec soi-même et enraciné dans sa propre culture. C’est une raison capitale de ne pas quitter son propre environnement avec trop de précipitation.11 Dans leur sélection, les ordres religieux mettent manifestement en balance diverses considérations. D’un côté, ils demandent un degré de maturité psychologique et spirituelle, d’autre part une disposition souple est essentielle. En particulier, les prêtres plus âgés trouvent souvent difficile d’accepter le statut complètement différent qu’ils ont dans la société néerlandaise. Quelques institutions ont eu une expérience positive avec de jeunes religieux étrangers qui vont suivre des cours en Europe.

4.4 Permis

Un problème très prosaïque mais, hélas, important est celui des permis de résidence et de travail requis pour les religieux étrangers. Aux Pays-Bas, ils se heurtent à un climat politique peu accueillant envers les étrangers. Les religieux étrangers sont désagréablement surpris par le système bureaucratique et les règlements complexes aux Pays-Bas. “Je m’attendais à être directement accepté mais j’ai découvert rapidement qu’aux Pays-Bas, tout est réglementé par la loi, et je n’ai pas pu obtenir de permis de travail.”12

10 Sr Elsy Varghese SSPS, introduction au CRL 2000. 11 Henri Heekeren SVD a souligné ce point au CRL 2004. 12 Sr Elsy Varghese SSPS, introduction au CRL 2000.

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Ces derniers temps, le gouvernement semble avoir des réserves quant à l’entrée de travailleurs religieux (prêtres, imams, pandits, missionnaires, etc.) d’autres pays. Toutes les organisations religieuses se plaignent des procédures abstruses et pesantes. Pour les sœurs, frères et pasteurs qui veulent se préparer à venir aux Pays-Bas, cette incertitude est extrêmement éprouvante. Plus d’une fois, les paperasseries et chinoiseries administratives ont été la raison de l’échec d’une nomination proposée. A la longue, les refus fréquents d’un permis de travail sont ressentis par les religieux étrangers comme une douloureuse absence de reconnaissance de leur apport de la part de la société néerlandaise. Ces dernières années, le CMC a adressé de façon répétitive des pétitions au gouvernement néerlandais pour obtenir une plus grande souplesse dans l’octroi de permis de résidence pour les religieux étrangers. Le travail de lobby mené par le CMC en concertation avec d’autres groupes religieux sous l’égide du Contact Inter-Eglises dans les Affaires Gouvernementales semble porter quelques fruits à la longue. Au printemps 2006, le ministre de l’immigration a finalement institué de nouvelles réglementations pour l’admission et la résidence d’étrangers venant aux Pays-Bas pour diffuser un message religieux. Dans ces réglementations, on les appelle ‘ministres spirituels’.13 Le terme inclut les prêtres, les ministres, les imams et les missionnaires. Il exclut les religieux qui travaillent surtout à l’intérieur des murs d’une maison religieuse et ne transmettent pas leur vision religieuse à d’autres.14 Pour cette dernière catégorie, les réglementations sont devenues un peu plus clémentes, par exemple dans le sens qu’elles ne doivent pas satisfaire à toutes les exigences de l’Acte spécifique. Il existe une exigence supplémentaire de naturalisation pour les ministres spirituels, qu’ils soient installés de longue date ou nouveaux venus. Un aspect positif des nouvelles réglementations est qu’un ministre spirituel peut demander un permis de résidence illimité après cinq ans.15

4.5 Conseillers

En ce qui concerne la préparation, les gens choisis pour un poste à leur conseil général ont une situation différente de celle des contemplatifs ou des membres ayant une tâche missionnaire ou diaconale. En règle générale, les conseillers ont une période limitée – souvent seulement quelques mois – pour organiser leur déménagement et se préparer. En fait, ces nouveaux conseillers trouvent la transition trop abrupte et difficile à gérer. Une aide peut être que les frères et sœurs néerlandais réalisent le changement considérable que cela entraîne et y répondent d’une manière sensible en donnant à leur soeur ou frère étranger un but et du temps pour s’installer.

4.6 Préparation de la communauté néerlandaise

Un autre aspect auquel il faut prêter attention est que les instituts religieux qui invitent des membres étrangers doivent préparer leurs membres néerlandais à l’arrivée des étrangers. Leur vie

13 Dans la réponse du cabinet à l’avis du Comité Consultatif sur les questions d’immigration, un ‘ministre spirituel’ est

défini comme [notre traduction] “un étranger occupant un poste spirituel, religieux ou en relation avec la conception du monde, travaillant comme directeur spirituel ou ministre de religion, ou poursuivant des activités d’une nature principalement religieuse, spirituelle ou en rapport avec la conception du monde au nom d’une confession ou d’une organisation spirituelle ou en rapport avec la conception du monde, ou diffusant un message religieux ou en rapport avec la conception du monde d’une autre façon”.

14 La réponse du cabinet mentionne explicitement [notre traduction]: “Des étrangers qui poursuivent des activités exclusivement au nom de l’organisation sans répandre de message religieux ou en rapport avec la conception du monde ne font pas partie de la catégorie ministre spirituel. Ici on parle de l’accomplissement d’une tâche de direction, de méditation et de contemplation.”

15 Au moment de la rédaction, l’entrée en vigueur des nouvelles réglementations n’est pas encore exactement connue. Pour les toutes dernières informations, prière de contacter le chef du département des Services du CMC.

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change aussi quand des frères et soeurs d’un autre pays et d’une culture différente – généralement des personnes beaucoup plus jeunes – se joignent à la communauté. On s’engage dans un processus quand on devient international. Il faut suffisamment de volonté dans l’institut religieux pour le faire. Parfois, il faut des années pour établir la base de soutien nécessaire dans une organisation. Mais il serait dommage que des religieux étrangers arrivant aux Pays-Bas tombent sur une résistance.

5 Mentors

5.1 Choc culturel

Tout étranger arrivant aux Pays-Bas fait l’expérience d’un choc culturel. Tellement de choses sont différentes: le climat, les manières de comprendre et de penser, la façon de prendre des décisions, les habitudes concernant l’hospitalité, les habitudes à table, les façons de prier, le rôle de la famille. “A la maison vous vivez dans un réseau de relations alors qu’aux Pays-Bas vous vous retrouvez dans un monde individualiste de solitude et d’anonymat. A la maison on vous connaît par votre nom, vous êtes nécessaire; ici vous vous sentez superflu, pas reconnu dans ce que vous êtes et ce que vous avez fait.”16 Les religieux étrangers doivent lâcher prise pour nombre de choses. La plupart d’entre eux trouvent la transition vers une société hautement sécularisée difficile et pleine d’embûches. Leur identité en tant que père, sœur et frère est mise en doute aux Pays-Bas. Ils doivent abandonner leur image originelle de leur statut religieux, car la plupart des néerlandais n’y accordent pas ou peu d’importance. Les choses qui semblaient sûres dans leur propre pays ne sont pas choses acquises ici. La polarisation dans l’église néerlandaise leur semble extrêmement douloureuse. D’abord, l’attitude oecuménique de nombre de leurs frères et soeurs néerlandais et leurs avis sur toutes sortes de sujets religieux et sociaux les heurtent par leur caractère étrange. Ce qu’il faut, ce n’est rien de moins que la kenosis – une auto-aliénation totale. Une sœur indonésienne commentait: “Venir ici équivalait à un processus de lâcher prise … Cela sonne merveilleux, ‘mission les mains vides’, mais cela coûte beaucoup d’efforts et de larmes.” Les religieux néerlandais ont difficile à apprécier à quel point leurs soeurs et frères étrangers trouvent la vie dure durant la période initiale.

5.2 Le conflit culturel au sein des communautés

Ce ne sont pas seulement le climat, la culture, la société et l’église qui sont différents; leurs propres congrégations et ordres leur sont inconnus. Cette dernière chose peut être particulièrement douloureuse. La plupart des instituts religieux veillent à ce que les informations nécessaires sur la communauté aux Pays-Bas soient fournies à l’avance. Mais les mentalités différentes des occidentaux (fortement orientés sur l’objectif à atteindre, méthodiques) et des gens du sud (plus axés sur la personne) restent source de frictions dans les communautés. A des conférences CRL, il a été mentionné que les occidentaux ont tendance à être dominateurs, connaissent toutes les réponses, ont le premier mot et empêchent ainsi les gens du sud à initialiser des projets. Des personnes hautement qualifiées se sentent soudain impuissantes parce qu’elles ne parviennent pas à communiquer avec facilité. Quelques-unes ont même dit qu’elles se sentent parfois davantage comme des objets bons à assister que des sujets capables d’offrir leur aide.

16 Carla van Thiel, introduction au CRL 2001.

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5.3 Le besoin d’un mentor

Le rôle du mentor est extrêmement important pour les religieux étrangers et les communautés internationales. Dans l’ensemble, la plupart des instituts religieux veillent à ce que les religieux étrangers aient un mentor personnel avec lequel ils peuvent discuter de tout en toute confidence. Il est souhaitable que les mentors aient quelque expérience en communication interculturelle. La plupart des communautés prévoient aussi un mentor extérieur pour tout le groupe avec lequel ils peuvent discuter de problèmes divers qui surgissent dans le groupe. Beaucoup d’instituts religieux encouragent leurs religieux étrangers à s’inscrire à quelque cours ou formation aux Pays-Bas. Comme déjà indiqué, c’est une excellente façon de s’acclimater. Cela fournit aussi aux religieux étrangers de nouvelles ressources qu’ils peuvent emporter à leur retour chez eux et mettre en pratique.

5.4. Le contact avec leurs propres racines

La ‘mission à l’envers’ semble être une quête chargée de problèmes apparemment insolubles. Par la même, il est rassurant de savoir qu’il y en a d’autres qui suivent le même parcours. Beaucoup de participants aux conférences CRL ont indiqué à quel point les rencontres avec d’autres religieux étrangers sont importantes pour eux. Elles offrent une possibilité de discuter avec d’autres qui sont aux prises avec des expériences similaires, et d’apprendre l’un de l’autre. En outre, d’aucuns trouvent merveilleux, à l’occasion, de faire une sortie vers leur propre culture: assister à une messe philippine, manger indonésien, bavarder avec des compatriotes. Il est bon d’avoir des occasions d’éprouver son identité, d’engager la conversation l’un avec l’autre et avec ses propres traditions. Cela soulage de la solitude que chacun ressent de temps en temps. En fin de compte, la langue maternelle est le langage du coeur. Enfin, il est important de garder des liens avec le pays d’origine; les moyens de communication modernes facilitent cela. La plupart des organisations ont aussi comme règle que les religieux étrangers ont un congé de quelques mois à la maison tous les deux ou trois ans.

5.5. L’inculturation: un processus suivi

Il a été dit à des conférences CRL que de nouveaux défis se présentent au fur et à mesure. Relever les défis de s’engager dans la nouvelle culture demande des efforts. Une sœur indonésienne commente: “Cela reste un grand pas. Mais cela avance à petits pas jour après jour.” Certains religieux étrangers qui ont passé quelque temps aux Pays-Bas décrivent un processus de développement qui va de l’adaptation à l’acceptation de leur propre identité. Les premières années, ils font un grand effort pour apprendre la langue et faire connaissance avec la culture. Durant cette période initiale, ils essaient de s’adapter le plus possible. Ils arrivent seulement à se débarrasser de ces «tendances d’adaptation» lorsqu’ils se sentent moins insécurisés dans leur environnement et leur fonctionnement dans celui-ci. Ils en arrivent à accepter qu’ils sont différents à certains égards, avec un accent étranger et un bagage culturel différent. “Plus je vieillis plus je me sens antillais,” dit une soeur qui a passé de nombreuses années aux Pays-Bas. Ils découvrent aussi qu’ils peuvent apporter de nouvelles choses de leur propre bagage et des personnalités qui sont enrichissantes pour tout le monde. Arriver à ce point demande de la souffrance et des difficultés mais ces religieux disent aussi qu’ils ont ressenti un énorme développement personnel dans ce processus. Vivre dans une autre culture et un autre pays crée une ouverture. Cela donne une conception plus large de la vie et permet de voir les choses dans une autre perspective. “Et quand on en vient aux dures

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réalités de la vie – les joies et les peines, les forces et les peurs des êtres humains, ou tout autre chose – cela se reconnaît à travers toutes les différences culturelles, les religions et les situations. De cette façon, vous retrouvez votre propre âme, vous êtes en paix avec vous-même et donc avec la vie, avec votre propre Créateur et avec le Dieu de l’autre.”17

6 Domaines d’activités

6.1 Travail de pionnier

Dans un certain sens, les religieux étrangers qui viennent aux Pays-Bas sont des pionniers. Bien souvent, leur travail n’est pas circonscrit à l’avance. Ils doivent déterminer de façon novatrice ce qu’ils peuvent signifier à l’église et à la société néerlandaises. Beaucoup ont une tendance à vouloir se lancer dans l’action avec trop de précipitation. Mais sans une base solide sous forme d’une bonne maîtrise de la langue et de la culture, il n’est pas vraiment possible d’apporter une contribution sérieuse. Longtemps, la langue reste un handicap. Un père philippin qui a passé prés de dix ans aux Pays-Bas fait observer: “Parfois je me sens démuni et frustré. Je n’arrive pas toujours à exprimer mes pensées et mes sentiments en néerlandais.” Et un père nigérian commente: “L’inconvénient de travailler dans une culture étrangère est que toute chose demande beaucoup plus de temps et d’efforts. Je dois toujours passer beaucoup de temps pour préparer les choses. D’abord, c’était aussi compliqué parce que les gens n’avaient pas l’habitude d’avoir un prêtre noir. Ils commencent seulement à s’habituer.” Une soeur indonésienne met les autres en garde de ne pas avoir d’attentes trop élevées. “Si vous fixez trop d’objectifs, vous ne faites qu’encourir du stress et vous perdez de vue le processus dans lequel vous êtes engagé. Ma route n’est pas une autoroute, c’est plutôt un sentier dans une jungle. Parfois je me demande s’il ne devrait pas encore être dégagé. Mais c’est sur ce petit sentier que vous entendez l’oiseau chanter.” Ci-dessous, nous indiquons quelques-uns des domaines dans lesquels les religieux étrangers ont une activité. Nous incluons des commentaires faits à des conférences CRL.

6.1.1 Travail de gestion pour leur propre organisation religieuse La meilleure façon de s’adapter à la société néerlandaise est de s’y plonger directement: entreprendre des activités, des études etc.18 Or, les religieux qui font partie de leur conseil général ont un problème dans le sens où leur travail requiert tellement de temps et d’énergie qu’ils ne peuvent pas réellement s’engager dans une autre activité. Le risque est que les membres étrangers du conseil général passeront tout leur mandat dans une sorte de vide: déracinés de leur propre pays sans aucune possibilité de s’acclimater aux Pays-Bas, occupés exclusivement à servir leur propre institut religieux. Leur mandat au conseil est une sorte d’‘hibernation’; à son terme, le printemps sera de nouveau là. “Et malheur à vous si vous êtes réélu…” Tout l’art, aussi pour les conseillers, est de considérer leur temps aux Pays-Bas comme une mission, pas seulement un poste de travail. Une recommandation régulièrement entendue aux conférences CRL est de laisser aux conseillers la possibilité d’entreprendre d’autres tâches à côté de leur travail de gestion.

6.1.2 Travail missionnaire ou diaconal Un certain nombre de religieux étrangers ont une affectation missionnaire ou diaconale spécifique aux Pays-Bas. Ils essaient de façonner leur mission en solidarité avec les gens qui ont peu ou pas du

17 Sr Johanna Ketelaar, introduction à la CRL 2003. 18 Voir rapport CRL 2001.

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tout voix au chapitre dans la société néerlandaise: des gens dans les quartiers défavorisés, les migrants, les réfugiés, les sans-abri, les toxicomanes... Le fait qu’eux-mêmes ont traversé ou sont en train de traverser un processus d’installation réduit la distance entre eux et d’autres migrants. En outre, comme déjà spécifié, beaucoup de religieux étrangers proviennent de parties du monde où les gens sont habitués à vivre dans des situations multiculturelles et multireligieuses. Cela leur offre une possibilité d’apporter une contribution pertinente au dialogue interculturel et interreligieux. Les religieux néerlandais notent qu’en raison de leurs origines et de leur mentalité, leurs frères et soeurs sont souvent mieux à même d’atteindre d’autres étrangers. Ils accomplissent un travail de relais entre les étrangers et les néerlandais d’origine.

6.1.3 Le travail pastoral dans des paroisses de migrants Un autre domaine est le travail pastoral dans les paroisses de migrants. De nombreux chrétiens étrangers ne se sentent pas chez eux dans les paroisses néerlandaises. Les missionnaires ont toujours joué un rôle majeur dans le ministère aux étrangers à cause de leur bonne connaissance d’autres cultures. Ces derniers temps, les religieux étrangers s’engagent de plus en plus dans ce domaine pastoral.

6.1.4 Tâches dans le domaine de la spiritualité et de la formation religieuse Pratiquement tous les religieux étrangers remarquent que les gens aux Pays-Bas sont en recherche spirituelle. L’avenir de l’église et la foi chrétienne aux Pays-Bas les préoccupent. Bien souvent ils mettent en évidence que les religieux aux Pays-Bas devraient particulièrement cibler les jeunes. Quelques religieux étrangers se sont engagés dans le domaine de la formation religieuse que leur institut offre aux laïcs et aux jeunes.

6.2 Présence

Aux conférences CRL, on entend souvent que la mission des religieux étrangers est décrite le mieux en ‘étant là’: “Ecouter sans juger, attendre, c’est la façon de trouver votre mission ici. L’ouverture est un préalable à l’établissement de rapports avec les gens. Laissez de côté vos propres idées et vos antécédents. Apprenez à écouter avec votre coeur. Les gens voient quand vous êtes vraiment intéressé. Le principal n’est pas tellement de réussir mais d’être là, surtout parmi les pauvres. En traînant avec eux, vous découvrez que beaucoup de choses se passent «au niveau des pâquerettes» aux Pays-Bas. Votre mission pourrait être de participer à cela, pas comme travailleur social mais comme être humain. Etre proche des gens, peut-être les mains vides, mais en solidarité. Essayer de ressentir ce qu’ils ressentent. Cela émeut les gens. Et quand vous venez les mains vides, vous recevez beaucoup. Dans cette culture où le temps, c’est de l’argent, passer du temps pour les autres signifie beaucoup.” 19 L’erreur classique commise par les religieux étrangers est qu’ils condamnent trop rapidement la sécularisation et la vie moderne, individualiste. S’ils n’apprennent pas à cerner et à comprendre les développements ecclésiaux et sociaux aux Pays-Bas, le risque est qu’ils ne vont pas faire de grands progrès. Un père nigérian explique comment il a découvert le côté positif de l’église et de la société néerlandaises: “Ici le gouvernement fait beaucoup du travail que l’église fait au Nigeria. Là-bas, l’église est très importante. Cela ne me gêne pas qu’en tant que prêtre, je n’aie pas le statut que les prêtres ont chez moi. Je suis obligé d’adopter une approche professionnelle, ce qui est une bonne chose. Chez moi, tout ce que vous faites est accepté de bon coeur parce que vous êtes prêtre. Mes contacts avec les centres diaconaux ont également été enrichissants. J’ai aussi appris que la

19 CRL Rapport 2003, p. 16.

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pauvreté existe dans ce pays, même si à première vue tout semble si rose. Mais tout le monde est accepté au diaconat. Les gens ne doivent pas ramper pour avoir quelque chose. C’est un service dans le respect et la sollicitude.”

6.3 Mission individuelle ou collective

Travailler au niveau international peut ouvrir une nouvelle perspective sur le maintien de formes institutionnelles prestigieuses de la mission de l’ordre religieux (p.ex. des écoles et des hôpitaux). Dans le sud ces institutions sont toujours vitales pour la plupart des organisations religieuses, mais aux Pays-Bas les religieux étrangers apprennent à relativiser leur importance. Cela est révélateur car beaucoup de nouveaux membres – aussi dans leurs propres pays – ne sont pas fort attirés par les formes institutionnelles traditionnelles de l’apostolat. Pourtant, bien qu’il faille se garder d’attacher une importance excessive aux institutions traditionnelles, l’idée de mission collective, en plus de la mission individuelle, reste valable. La politique de la plupart des organisations religieuses est que leurs membres étrangers doivent trouver la forme d’apostolat qui leur convient et qu’ils veulent faire pour eux-mêmes. Les religieux étrangers, d’autre part, disent souvent qu’ils aimeraient avoir des tâches clairement définies dans les premiers temps. Un père étranger décrit son expérience ainsi: “Nous recevons le baptême du feu avant même de savoir comment agir!” Quelques communautés internationales explorent cette question: quels sont les besoins de cette société et comment, en tant qu’organisation, pouvons-nous aider le mieux à les soulager?

7 Du multiculturel à l’interculturel

7.1 Le concept de la ‘culture’

Dans différentes disciplines scientifiques, on accorde une grande attention au concept de la culture. Il est défini comme un système de valeurs, de normes et de manières de vivre qui évoluent.20 Les membres d’un groupe particulier sont, souvent inconsciemment, guidés dans leur comportement et leur conception de la vie par leur culture. Une définition simple mais fine de la culture qui fut un jour proposée à une conférence CRL est “ce que vous considérez comme allant de soi”. Ceci explique que, disons, la ‘culture’ néerlandaise comprend une multitude de cultures: on pense à la différence entre culture urbaine et rurale, ou les différentes ‘subcultures’ parmi les jeunes. Ainsi, lorsqu’ils parlent de contacts entre personnes de différentes origines certains préfèrent parler aujourd’hui d’‘interculturation’ pour indiquer qu’il existe une interaction entre les cultures spécifiques des êtres humains. Au sein d’un même ordre religieux, il pourrait y avoir une culture qui convienne aux membres plus âgés mais pas aux jeunes. Cela n’est en soi pas en lien avec leurs nationalités.

7.2. L’interculturalisme suppose une ouverture

La composition internationale ou multiculturelle d’une communauté ne veut pas automatiquement dire qu’elle est interculturelle. Vie interculturelle signifie que chacune des différentes cultures représentées apporte une réelle contribution à la vie et au travail de la communauté. Cela suppose une ouverture et une compétence pour la différence culturelle de membres étrangers qui doivent

20 Voir D. Pinto, ‘Interculturele communicatie’, Houten 1994.

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renforcer la communauté locale. Si la congrégation est d’origine européenne, l’élément local devra faire une distinction consciente entre l’inspiration originelle (le charisme) et son incorporation traditionnelle. La perception de la mission par les nouveaux membres peut différer de celle des membres néerlandais. Parfois, les nouveaux arrivants sont très rapides à juger la nouvelle situation (sécularisation, communautés religieuses vieillissantes) sans comprendre ou apprécier de façon juste les développements dans le contexte néerlandais. D’autre part, les membres néerlandais refusent parfois de faire les choses autrement que de la façon habituelle. Mais il est funeste de comparer des choses avec ce qu’elles ont toujours été ou ce qu’elles sont ailleurs. L’ouverture est une condition pour une coexistence et une collaboration fructueuses. Pour les religieux étrangers, l’ouverture implique l’acceptation de la façon dont les choses ont évolué et du bien qui a été fait. Du côté néerlandais, elle signifie volonté véritable d’écouter les frères et soeurs étrangers et de chercher ensemble de nouvelles voies. Une sœur étrangère décrit la façon dont la confiance mutuelle devait se développer: “D’abord c’était un obstacle que les sœurs néerlandaises n’arrêtaient pas de dire: ‘C’est comme cela qu’on le fait ici, cela a toujours été fait ainsi.’ Ce fut une expérience négative pour moi. Mais maintenant la réceptivité a grandi des deux côtés. La confiance doit encore grandir. Elles ont aussi dû trouver cela difficile, puisque nous sommes plus jeunes.”

7.3 La dominance culturelle

La vie et le travail communautaires interculturels deviennent très difficiles lorsqu’un groupe culturel particulier, délibérément ou contre son gré (p.ex. numériquement), domine l’occupation de fonctions de responsabilité, le contrôle de moyens matériels etc. La composition hétérogène d’une communauté peut éviter qu’une nationalité particulière domine. Cela demande une grande sensibilité de gérer les relations de pouvoir dans une phase de transition. La vie et le travail interculturels demandent un traitement et des contributions identiques de toutes les nationalités et cultures représentées. L’expérience a montré que les personnes possédant une expérience missionnaire à l’étranger sont souvent plus à même de fonctionner dans un groupe international parce qu’elles savent ce que c’est que d’être un étranger et ont appris comment gérer les différences culturelles. Il est important d’être conscient de ses propres préjugés racistes et culturels. Il s’agit d’accepter les autres comme des égaux.

7.4 L’intégration doit venir des deux côtés

A quel point ces choses sont sensibles devient évident dans la résistance que le mot ‘intégration’ évoque parmi les religieux étrangers. Il implique de façon manifeste qu’ils doivent s’adapter et abandonner leur propre identité. On s’associe, d’une façon ou d’une autre, sans beaucoup changer la situation dans son ensemble. Ce n’est pas ce qu’ils aimeraient. L’intégration doit venir des deux côtés. Ceux qui réclament une adaptation du seul côté des religieux étrangers ne voient pas que les communautés néerlandaises qui accueillent doivent s’adapter et faire une place, pas seulement littéralement mais surtout au sens figuré, pour les religieux étrangers. Certaines personnes préfèrent le mot ‘participation’ qui suggère la possibilité d’apporter sa propre contribution sans perdre son identité. On entend aussi l’expression ‘se mettre au diapason’. Devenir une partie d’une nouvelle société va plus loin que simplement y participer. Vous vous insérez dans le tout et l’autre fait une place pour vous. Le processus ne peut être unilatéral. Sans une ouverture et un respect mutuels, sans une bonne communication, le processus d’internationalisation est voué à l’échec.

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7.5 Conseils pour vivre dans une communauté internationale

L’arrivée de religieux étrangers change le cours ordinaire de la vie d’une communauté. Partager la même spiritualité ne garantit pas l’unité, puisque chaque membre l’exprime à sa façon. On ne peut en aucune façon considérer tout comme allant de soi. Fêter les anniversaires, par exemple, n’est pas une coutume dans toutes les cultures. L’interprétation des trois voeux peut être différente. Alors que les religieux néerlandais peuvent voir dans l’utilisation de biens de seconde main une indication d’économie évangélique, les étrangers peuvent trouver cela problématique à première vue. Certains religieux néerlandais observent que leurs pairs étrangers sont très spontanés et informels sur le plan personnel mais que, lorsqu’il s’agit de liturgie et de structures communautaires, ils ne le sont pas et adhèrent de façon rigide aux relations formelles d’autorité. Les cérémonies, le faste et l’apparat sont importants. Le paysage néerlandais est bien trop austère, trop protestant. Les communautés internationales devraient réaliser que leur vie est influencée par des facteurs inconscients. De plus, ce ne sont souvent pas les grandes choses qui génèrent une tension dans une communauté, mais les tracas quotidiens. Les conseils pour la vie communautaire comprennent ce qui suit: � Langue: il devrait y avoir un accord explicite sur l’utilisation d’une langue dans un groupe ou

une communauté. Les interlocuteurs néerlandais devraient aussi s’assurer que les religieux étrangers les comprennent bien. Dans de nombreuses cultures au sud, les gens ont tendance à acquiescer avec politesse ou déférence, même quand ils ne savent pas vraiment de quoi il s’agit ou qu’ils ne sont pas d’accord.

� Nourriture: les religieux étrangers devraient pouvoir manger assez régulièrement leur propre type de nourriture.

� Formes liturgiques: les signes et les symboles utilisés devraient refléter la composition du groupe.

� Relations familiales: celles-ci pèsent nettement plus lourd dans les cultures du sud qu’aux Pays-Bas. De nombreux religieux étrangers ont des responsabilités familiales et le contact avec la famille est important.

� Bonne communication: la vie communautaire est toujours un défi puisqu’elle demande une adaptation. Il faut s’assurer que tous les membres puissent faire entendre leurs avis et apporter leur contribution à la vie communautaire. Les divergences d’opinion et d’approche doivent être débattues à fond. Il devrait aussi y avoir une possibilité d’exprimer l’émotion sans blesser les sentiments. Comme déjà mentionné, il est souvent utile d’avoir un mentor extérieur.

Tout cela étant dit, le fait est que la plupart des problèmes qui surgissent parmi les membres de communautés multiculturelles proviennent de différences de caractère et de tempérament plus que de culture.

7.6 Conseils pour le fonctionnement d’organisations religieuses internationales

L’internationalisation a des implications à différents niveaux de l’organisation. Ceux qui sont responsables de la formation doivent assurer que le caractère international est constamment maintenu et développé. Les nouveaux membres devraient, comme élément de leur formation, si possible apprendre une seconde langue, si nécessaire en suivant un cours dans un autre pays. Ce serait aussi une bonne idée de faire traduire les écrits du fondateur afin de les rendre accessibles à chacun dans l’institut religieux. L’institut dans son ensemble devrait avoir une politique claire sur la langue véhiculaire aux chapitres généraux tout comme dans les rapports et les publications

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destinés à l’organisation dans son ensemble. Bien que cela coûte du temps, de l’argent et des efforts, c’est vital.

7.7 Enrichissement mutuel

Il faut du courage et de la créativité pour établir des communautés internationales face à la diversité et de voir la diversité comme enrichissante. Les religieux directement engagés dans l’internationalisation de leur institut religieux dissent que c’est coûteux en termes d’apport, de temps, d’efforts et d’argent. L’internationalisation est un risque dont le succès ne peut être garanti à l’avance. Mais beaucoup de religieux engagés dans l’internationalisation déclarent sans hésitation que c’est un risque qui vaut la peine d’être pris. Des étrangers qui ont passé quelque temps ici disent qu’ils en sont arrivés à apprécier de nombreux aspects de la vie aux Pays-Bas. L’enrichissement demande aussi une évaluation honnête de leur propre culture tout en apprenant en même temps à la relativiser. Les religieux néerlandais disent souvent que l’arrivée de religieux a insufflé une vitalité nouvelle dans leur communauté. Leur religiosité est un ingrédient essentiel de la vie quotidienne et une source d’inspiration pour leurs pairs néerlandais. Beaucoup de religieux néerlandais sont profondément influencés par la polarisation dans l’église néerlandaise. Les frères et soeurs étrangers sont souvent capables de se libérer des vues et des modèles établis dans la pensée et le culte de la communauté. Dans la vie communautaire, ils passent du temps pour le culte, la confrérie et les fêtes exubérantes. Les qualités qui leur sont habituellement attribuées par les religieux néerlandais sont la spontanéité et la chaleur qui soufflent comme une brise fraîche à travers la communauté. De nombreux membres de communautés internationalisées disent qu’ils ne veulent et ne peuvent plus faire sans leurs frères et sœurs étrangers.

8 Retour à la maison

8.1 Un nouveau choc culturel

Un dernier point est le retour à la maison. L’expérience faite par les missionnaires de par le monde est que, au fil du temps, ils de détachent de leur propre pays et culture. Lorsqu’ils rentrent pour un congé, ils savent que ce n’est que pour un court laps de temps. Ils rencontrent la famille et leurs amis et se préparent à la prochaine période à l’étranger. Peut-être font-ils un bref arrêt, mais ils ne s’intègrent pas totalement à la vie là-bas. Et même lorsqu’ils sont en congé, ils découvrent à quel point ils sont devenus étrangers dans leur propre pays. Ils comprennent la langue, mais beaucoup d’autres choses sont nouvelles pour eux. Il est bien souvent difficile de raconter leur histoire. Ils sont comme suspendus entre deux mondes. Pour les religieux étrangers qui ont vécu longtemps aux Pays-Bas, un nouveau choc culturel les attend à leur retour chez eux. Bon nombre d’entre eux disent qu’il sont venus pour apprécier le style de leadership démocratique aux Pays-Bas, les manières efficaces de se rassembler, un apport de qualité dans toutes sortes de travail bénévole, la ponctualité aux rendez-vous, les attitudes oecuméniques, la franche communication etc. Ils emportent tout ce bagage avec eux lorsqu’ils rentrent. Ils ont changé et doivent à nouveau s’acclimater dans leur patrie. A cet égard, l’expérience de missionnaires néerlandais à leur retour à la maison est significative. Ils trouvent qu’il y a un blanc dans leur existence. Il y a tellement de choses qu’ils n’ont pas partagées dans leur propre pays. En même temps, ils bataillent pour raconter ce qu’ils ont vécu outre-mer. Ils

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trouvent utile d’être en contact avec d’autres qui ont vécu la même expérience: partager les souvenirs, raconter des histoires qui sont bien comprises, échanger avec des gens qui savent de quoi ils parlent.

8.2 L’expérience d’un missionnaire étranger de retour

A l’heure actuelle, il existe un groupe assez considérable de religieux étrangers qui sont rentrés chez eux après un très long séjour aux Pays-Bas. Après douze ans aux Pays-Bas, Elsy Varghese SSPS est retournée dans son pays d’origine, l’Inde, en 2003. Dans une lettre à ses compagnes soeurs, elle évalue son séjour aux Pays-Bas: “Quand je regarde en arrière sur ces douze années, j’éprouve un sentiment de satisfaction et de gratitude, un vrai sentiment de bonheur et aussi une dose de fierté. Je voudrais voir ces douze années de ma vie comme précieuses, instructives et riches en expérience, parce que dans mon travail ici en Inde je remarque que les gens me considèrent comme une personne avec une grande expérience. Je sens que mon horizon s’est élargi en ce qui concerne ma manière de penser et de voir les choses, et j’en suis heureuse. Bien entendu, j’ai eu des difficultés à m’adapter au début, en particulier à la nourriture. Et le climat a toujours été un problème. Mais en regardant en arrière, je considère que la souffrance et les problèmes en valaient la peine. Je ne sais pas si je suis venue avec la notion d’être une missionnaire comme certains d’entre vous qui êtes venus en Inde. J’ai simplement gardé mon esprit et mon coeur ouverts: laisser venir ce qui adviendra. Manifestement j’étais une étrangère dans un pays inconnu. Dans un sens, c’était unique mais je me suis sentie la bienvenue et j’avais le sentiment que les soeurs et ceux que je rencontrais faisaient leur possible pour que je me sente chez moi. Les sœurs de ma communauté me laissaient toute liberté de faire ce que je voulais, ce qui est pour moi une des meilleures choses de mon séjour aux Pays-Bas. Peut-être ma ‘mission dansante’ offrait-elle de nombreuses possibilités de devenir un membre de la communauté néerlandaise en exerçant mon talent. Je crois que le fait que j’étais une sœur a influencé la vie des gens. Cette influence était probablement aussi perceptible dans ma mission à côté des femmes défavorisées qui se retrouvent dans les bordels. J’étais heureuse et reconnaissante de pouvoir travailler comme infirmière. Après tout, c’était ma formation et je me sentais ainsi comme faisant partie d’un groupe professionnel. Lorsque je me levais le matin, je savais ce que j’allais faire ce jour-là et le jour suivant. C’est pourquoi, à mon avis, une qualification quelconque est importante. J’étais aussi contente de pouvoir contribuer financièrement. Je sais bien que l’argent n’est pas le principal, mais émotionnellement c’est un aspect important. Je pense que j’ai pu partager ma richesse spirituelle indienne par la méditation, la musique indienne, la danse religieuse etc. Tout ce que j’ai appris durant mes années de formation, j’ai pu le partager aux Pays-Bas. Ma spiritualité de base, je l’ai eue à la maison, de mes parents, mon frère et ma soeur. Au cours de mon éducation, j’ai bâti là-dessus. Je pense que j’ai communiqué ces aspects de la spiritualité personnellement en priant avec les gens, par des conversations personnelles et en les écoutant. C’étaient pour moi des moments de spiritualité partagée. Quand je suis arrivée aux Pays-Bas, je me suis sentie la bienvenue. Vous sentez que vous êtes le centre de l’attention. Et pourtant, les préparations pour mon arrivée étaient limitées. J’ai dû trouver ma propre voie, bien que naturellement avec l’aide de la mère supérieure. Cela aurait

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aussi été plus facile si j’avais mieux connu la langue. Plus vous êtes jeune, plus vous avez facile à l’apprendre, surtout la langue néerlandaise. […] Cela a été une période importante pour ma vie future. Je pense que ce sont les années (entre 30 et 45 ans) quand tout le monde veut faire quelque chose. On peut l’appeler ‘florissante’, la période la plus créative d’une vie humaine. Mais on peut aussi s’épanouir et être créatif à d’autres moments. Lorsque je jette un regard en arrière sur ma vie et mon temps aux Pays-Bas, je les vois comme un temps d’épanouissement. Ce n’est possible que quand vous recevez de l’acceptation et de l’amour des autres et j’avais beaucoup de chance d’avoir cela en abondance … Grâce à Dieu et à vous tous.”

9 Epilogue Un des religieux que nous avons interviewés pour ce rapport a donné comme commentaire à l’internationalisation dans sa communauté que ce n’est ’pas rien’, c’est le moins que l’on puisse dire! Il est certain que le fait d’amener des religieux étrangers aux Pays-Bas suscite beaucoup de choses. La communauté hôte doit être prête à prendre un nouveau départ avec, souvent, des gens bien plus jeunes d’autres cultures. Cela demande une ouverture et une souplesse que tout le monde n’est pas à même de rassembler. Le religieux étranger affronte le défi de s’installer dans la société néerlandaise, l’église néerlandaise et, ceci n’étant pas le moindre, dans son propre institut religieux. L’expérience a montré que tout le monde n’arrive pas à faire cela. Les étrangers éprouvent des difficultés à maîtriser suffisamment la langue et la culture et à trouver leur chemin dans la complexité de la vie religieuse et culturelle néerlandaise. Il n’est pas facile pour une personne à la fleur de l’âge de découvrir qu’il ou elle n’arrive pas à trouver un lien avec la vie aux Pays-Bas. Le CMBR réalise que l’internationalisation n’est pas un choix pour chaque organisation religieuse. Il ne présente pas non plus l’internationalisation comme une panacée pour assurer un avenir à la vie religieuse aux Pays-Bas. A notre sens, l’internationalisation est toujours une aventure. C’est une aventure dans laquelle un nombre croissant d’instituts religieux s’engagent et dans laquelle ils avancent toujours en tâtonnant, en commettant des erreurs mais en progressant petit à petit. Fait révélateur, chaque personne qui a été interviewée pour ce document a déclaré qu’en ce qui la concernait, l’aventure en valait la peine et qu’elle s’était sentie enrichie par elle. Par conséquent, bien que nous, en tant que comité missionnaire, réalisions que l’internationalisation n’est pas une panacée pour les organisations religieuses néerlandaises, nous prenons néanmoins la liberté de dire que c’est un développement important qui aidera à déterminer l’avenir de la vie religieuse aux Pays-Bas. Comme mentionné auparavant, l’internationalisation de la vie religieuse néerlandaise devrait être insérée dans le contexte de la mondialisation, de la migration à l’échelle mondiale et du multiculturalisme dans l’église et la société néerlandaises. Elle occasionne de complexes processus qui sont en marche à travers le monde et qui ne sont plus réversibles. Dans ce contexte, le CMBR trouve logique que les instituts religieux deviennent, eux aussi, plus ‘multicolores’. C’est un développement passionnant et palpitant dans la vie religieuse d’aujourd’hui, pas seulement aux Pays-Bas mais également ailleurs dans le monde. Il offre aussi aux religieux une nouvelle tâche et un nouveau défi. En vivant ensemble comme frères et soeurs dans des communautés internationales, ils sont un témoignage tangible de ce que le dialogue et le partage interculturels de choses et de rêves sont des valeurs en eux-mêmes, un enrichissement de l’histoire humaine.

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Cela fait quelques décennies maintenant que nous entendons parler de ‘mission dans les six continents’. Cela exprime l’idée qu’il existe un mandat missionnaire dans chaque pays et chaque culture. Les religieux étrangers aux Pays-Bas sont un exemple par excellence que la mission n’est plus un flux du nord au sud. Une tâche majeure dans les années à venir sera d’élaborer la théologie d’une telle ‘mission dans les six continents’ de façon plus approfondie et de l’actualiser sur base de l’expérience réelle de religieux étrangers actuellement en activité dans notre partie du monde. Le CMBR aimerait continuer à fournir un forum pour les religieux aux Pays-Bas afin de réaliser ensemble cet approfondissement et cette actualisation théologiques.

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Annexe 1: Données sur les religieux étrangers aux P ays-Bas: nombres, domaines d’activités, nationalités Cet aperçu n’est qu’une image de la situation donnée à un moment donné. Les gens vont et viennent. Chaque institut religieux opère indépendamment. Il n’y a pas d’organe central qui conserve les statistiques. Cet aperçu a été établi en contactant tous les instituts religieux aux Pays-Bas que le CMBR soupçonne d’avoir des religieux étrangers en leur sein. Cette annexe donne une indication de la situation au 1er septembre 2006.

***** a = membres conseil général f = soins aux personnes âgées b = tâches missionnaires g = ministère des jeunes c = formes différentes de travail pastoral h = travail en paroisse/séminaire/couvent d = vie contemplative i = inconnu e = étude Religieuses actives a b c d e f g h i Soeurs de Notre-Dame d’Amersfoort 2 3 Soeurs du Pauvre Enfant Jésus, p.i.j. 2 4 Srs. Pauvres Servantes J. Christ, p.h.j.c. 3 Soeurs Dominicaines, o.p. 1 2 Franciscaines de Denekamp, f.s.g.m. 2 2 Franciscaines de Ste Elisabeth 1 1 Franciscaines de Mariadal, p.r. 1 2 Franciscaines de St. Joseph 1 1 Franciscaines de Veghel, s.f.i.c. 4 Soeurs du Bon Pasteur 1 Soeurs de St. Charles Borromée, c.b. 4 9 Filles Notre-Dame du Sacré-Coeur, f.d.n.s.c. 2 Petites Soeurs de Jésus 1 2 1 1 Petites Soeurs de St. Joseph, s.m.s.j. 4 Soeurs de l’Amour, s.c.m.m. 2 1 Soeurs de Ste Marie Madeleine Postel 2 Soeurs missionnaires de la Ste Famille 1 Soeurs missionnaires Servantes du St. Esprit, s.sp.s.

2 2

Soeurs missionnaires du Précieux-Sang 1 Oblates missionnaires de l’Assomption, o.a. 2 Soeurs de l’Ordre de Ste Claire, o.s.c. 1 Société de Jésus, Marie, Joseph, j.m.j. 4 2 Total 77 27 6 1 1 4 6 2 27 3

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Religieuses contemplatives a b c d e f g h i Soeurs Brigittines, o.ss.s. 6 Clarisses-Coletines, o.c.c. 4 Ordre des Clarisses, o.s.c. 1 Servantes du Saint-Esprit, s.sp.s. de ad.perp. 10 Total 21 21 Soeurs de nouvelles congrégations étrangères a B c d e f g h i Servantes du Seigneur et de M. Matará 4 Soeurs Franciscaines-Clarisses, f.c.c. 3 Missionnaires de la Charité 9 Soeurs de l’Amour, k.y.m., Indonésie 1 1 Soeurs de St. Jean 3 Soeurs Famille de Marie 7 Srs. de la Charité N.D. Mère de la Merci 1 Pauvres Soeurs Notre-Dame, p.s.o.l., Inde 3 Total 32 1 9 1 10 1 7 3 Prêtres et frères de nouvelles congrégations religieuses a b c d e f g h i Pères Carmélites de Marie-Immaculée, c.m.i. 1 Pères Messagers de la Bonne Nouvelle, h.g.n.

2

Pères i.m.s. de l’Inde 1 1 Pères Oblats du Sacré-Cœur 1 Pères de St. Jean 1 3 Frères de St. Jean 1 4 Total 15 2 7 2 4 Prêtres religieux a b c d e f g h i Franciscains, o.f.m. 3 Société du Verbe-Divin, s.v.d. 5 Pères de la Croix, o.s.c. 1 Lazaristes, c.m. 1 Frères mineurs. Capucins, ofm.cap 1 Missionnaires Sacré-Coeur de Jésus, m.s.c. 1 Carmélites, o.carm. 1 Passionistes, c.p. 1 1 Rédemptoristes, c.s.s.r. 4 Salésiens de Don Bosco, s.d.b. 1 2 1 Spiritains, c.s.sp. 2 2 Total 27 5 7 8 3 2 2

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Moines a b c D e f g h i Frères Bénédictins, o.s.b. 3 Total 3 3 Frères a b c D e f g h i Frères de St. Aloysius, c.s.a.l. 1 Frères de Huijbergen , c.f.h. 3 Frères de l’Amour, c.m.m. 2 Frères de Maastricht, f.i.c. 3 1 Total 10 8 1 1 Total: 130 religieuses 55 religieux

***** Religieux étrangers aux Pays-Bas et leurs nationalités Amérique latine Argentine 4 Aruba 2 Brésil 3 Chili 1 Colombie 2 Mexique 2 Paraguay 1 Antilles néerl. 3 Surinam 2 Total: 20 Amérique du Nord Canada 2 U.S.A. 5 Total: 7 Asie: Philippines 9 Inde 39 Indonésie 60 Total: 108

Afrique RD Congo 2 Ghana 2 Cameroun 2 Kenya 1 Madagascar 1 Nigeria 2 Tanzanie 1 Total: 11 Europe Albanie 1 Belgique 6 Danemark 2 Allemagne 7 France 7 Croatie 1 Norvège 1 Ukraine 1 Autriche 5 Pologne 2 Russie 1 Slovaquie 1 Suisse 4 Total 39