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Voix OFF Whiplash (2014) de Damien Chazelle Les cinq sens

Voix OFF n°27 Avril 2015

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Le Voix OFF est un magazine de cinéma étudiant. Il est créé par le Pôle Ciné de la Zone Art (BDA de Grenoble Ecole de Management). Son objectif? Vous faire découvrir ou redécouvrir des films, parler des événements du Pôle Ciné, et apporter un peu de culture cinématographique aux étudiants de GEM. Ce mois-ci, l'équipe du Voix OFF a voulu explorer nos 5 sens... Bonne lecture !

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Voix OFF

Whiplash (2014) de Damien Chazelle

Les cinq sens

1| Partenaires

Ce Voix OFF a pris forme grâce au soutien de:

L’Edito|2

Le mot de la

rédac’ chef

Bonjour à toi cher-e gémien-ne !

Le mois d’avril marque une transition de l’hiver gris et froid au

printemps coloré. A mesure que le soleil pointe le bout de son nez,

nos sens s’éveillent enfin. C’est d’ailleurs le thème de ce Voix OFF.

Le cinéma fait appel à nos sens. Evidemment, on pense d’abord à la

vue et à l’ouïe, mais certaines pépites nous en titillent d’autres.

Notre estomac crie famine devant Les Recettes du Bonheur, notre nez

devient soudainement très curieux face au Parfum, et notre peau

frissonne lorsqu’on regarde The Sessions.

Les sens sont vecteurs des émotions et des sentiments. Faire appel

aux sens au cinéma est un moyen de donner du relief à la vie des

personnages mais aussi de toucher plus directement le public. Les

sens appellent les instincts du spectateur.

Je vous laisse découvrir notre sélection au fil des pages de ce Voix

OFF et deviner à quel sens chaque film fait référence.

Bonne lecture !

Flora Goldgran

Rédactrice en chef du Voix OFF

Avril 2015

5 Retour sur...

5

Retour sur Une Nuit Trop Courte 2015

11

Match Point : Entre the Wall ou Inters-

tella 5555,qui sortira vainqueur?

19

Le thème du mois:

Les cinq sens

13

On a vu au cinéma

37 Le souci du détail

11

13 On a vu au cinéma

19 Le thème du mois

Les cinq sens

Notre sélection de films

La série

Le film coup de cœur

L’affiche du mois

33 Jeux

35 Quand tu ne sais pas

quoi regarder...

Match Point

Qui de The Wall ou Interstella 5555 sortira

vainqueur?

9

10 Court Métrage

Le tour du monde en 80

films

5| Retour sur ...

Sarah Houmeau

Une Nuit Trop Courte

édition 2015

L es 12, 13 et 14 mars s’est tenu la douzième édition du festival

Une Nuit Trop Courte. Trois soirées pour mettre à l’honneur les

courts métrages étudiants du monde entier, décerner un prix à jeune

étudiant et l’aider dans le début de sa carrière !

Soirée 1 : Ouverture du festival !

Au cinéma Le Club, la GP « Soirée d’ouverture du Festival » nous a fait découvrir le thème de

l’eau dans des courts métrages d’animation et fiction. Une soirée particulièrement conviviale et

agréable avec un magnifique buffet de makis, où le cinéma part à la rencontre de l’océan.

Le public a été charmé par les courts métrages et le mélange des genres : dans Narcose on a pu

découvrir la plongée sans bouteille et ses conséquences hallucinatoires, le tout baigné d’une es-

thétique poétique. On a aussi pu rire aux éclats en suivant les malheurs de deux amis poulpes

dans le court métrage d’animation Oktapodi…

Soirée 2 : Les courts métrages d’animation!

Cette année, la traditionnelle soirée de courts métrages d’animation a eu lieu sur le campus : la

salle Eve nous a ouvert ses portes pour nous replonger en enfance dans une ambiance chill et

décontractée. La sélection a été un très bon cru! On retiendra notamment Sweet Cocoon et Feast (ci

-dessus), parce que la mignonitude n’a pas de limite !

Soirée 3 : La soirée de compétition !

Enfin ! La soirée de compétition Une Nuit Trop

Courte est le point névralgique du festival ! Un

jury de professionnels du cinéma est convié

afin d’assister à la projection des courts mé-

trages étudiants sélectionnés par nos soins, un

entracte de 20 minutes animé par un concert de

Jam’In GEM et un buffet.

Cette année Guillaume Renusson (réalisateur

d’Une Minute de Silence), Stefania Sandrone

(programmatrice pour l’association Image de

Ville) et Fanny Saadi (productrice et réalisa-

trice) nous ont fait l’honneur de leur présence.

Pendant deux heures nous avons projeté des

courts métrages étudiants du monde entier :

fictions et animations, drames et comédies,

espagnol ou suisse… Le public n’est pas resté

insensible à notre sélection. A la fin de la pro-

jection, public et jurés se sont concertés, pour

élire les grands gagnants de la soirée :

Le prix du public a été décerné au court métrage Discipline de Christophe M. Saber

Le jury, quant à lui, a décidé de décerner son prix au court métrage Disfavour de

Friedrich Tiedtke de l’UF Berlin.

Deux réalisateurs pleins d’imagination et de talent que l’on va prendre plaisir à suivre de très

près !

7| Retour sur...

Flora Goldgran

La Nuit du Cinéma

édition 2015

C ’est au terme d’un travail acharné que la GP « La Nuit du Cinéma » nous a invité à prendre

l’air avec Moonrise Kingdom et La Vie rêvée de Walter Mitty.

Mais parce que vivre des aventures, ça creuse, la folle équipe n’a pas oublié de nous restaurer

comme il se doit entre deux projections : bagels, pizzas, salades en tous genres, petits gâteaux, et

surtout pâtisseries marocaines … Un véritable tour du monde des saveurs !

Wes Anderson a encore frappé ! Avec Moonrise

Kingdom, le réalisateur nous embarque de nou-

veau dans l’un de ses univers tout aussi loufoque

que tendrement humain.

Je n’ai pas pu cesser de sourire et je ne devais pas

être la seule : toute la salle riait de bon cœur de-

vant cette comédie. Il faut dire qu’il n’y a que le

talent d’Anderson pour réussir à traiter avec une

aussi jolie légèreté des thèmes pourtant graves.

Ben Stiller là où on ne l’imaginait pas (et je ne

parle pas (que) de l’Himalaya). L’acteur nous

avait habitués à des rôles de anti-héros pathé-

tico-comique. Dans La Vie rêvée de Walter

Mitty, nous découvrons son sens de la réalisa-

tion et du spectacle.

Son personnage, à l’origine un banal employé

de bureau sans saveur, prend de plus en plus

de relief au cours du film. De là à nous dire

qu’un héros se cache en chacun de nous, il n’y

a qu’un pas !

Court métrage|10 9|Le tour du monde en 80 films

L’homme Sans

Passé

Réalisé par Aki Kaurismäki Avec Markku Peltola, Kati Outinen

Durée 1h37

Année 2002

E nvie d'une immersion au pays des lacs et des

aurores boréales? Avec L'homme sans passé,

Kaurismäki offre un véritable plongeon dans la cul-

ture finlandaise, si dépaysante et touchante à la fois.

Tabassé en pleine rue, un homme devient amné-

sique. Livré à lui-même, sans nom, sans identité, et

sans passé, il doit recréer sa propre histoire.

Markku Peltola interprète cet homme qui ne se con-

naît pas lui-même, cette âme errante qui va trouver

un moyen de renaître. Grâce à la générosité de ce

peuple aux allures parfois burlesques, il va avoir

l'occasion de prendre un nouveau départ. Le mot

d'ordre ici semble être la simplicité, pas de place

pour l'exubérance, l'aspect est vieillot, le charme

désuet, les dialogues y sont rares, et l'humour sub-

til. En toile de fond, la critique d'une société deve-

nue capitaliste qui détruit tout, et qui laisse des mil-

liers d'ouvriers dans une nuit noire et sans étincelle.

Doublement récompensé à Cannes par le grand prix

du jury et le prix d'interprétation féminine pour

Katie Outinen, ce film est un poème et l'auteur s'ex-

prime à la manière de Rimbaud en parlant de cette

histoire comme de "cœurs solitaires aux poches

vides qui errent sous la voûte céleste des oiseaux".

Laurie Genthon

Le court-métrage du mois :

Whiplash

Réalisé par Damien Chazelle

s aviez-vous que pour parvenir à financer

Whiplash, Damien Chazelle a tout d’abord

commencé avec un court-métrage? On y re-

trouve déjà J.K. Simmons qui y incarne Te-

rence Fletcher, professeur manipulateur et

caustique. Déjà, aussi, Whiplash version 17 min

impressionne. En effet, le montage musical est

intense, tout comme la mise en scène de la

musique avec les feuilles qui se tournent, les

baguettes qui se touchent, les élèves qui

s’ignorent, et déjà le malaise nait chez le spec-

tateur. Le court met en exergue les points forts

du long métrage. En particulier, il vient souli-

gner la prestation de Miles Teller dans la ver-

sion longue puisque c’est Johnny Simmons qui

incarne Andrew, ou plutôt Neiman dans le

court. Ce qu’apporte Miles, c’est cette rage

intérieure qui rend possible et surtout crédible

l’affrontement avec ce professeur tyrannique et

la souffrance qu’il s’auto-inflige. Ainsi, c’est en

regardant le court-métrage que l’on comprend

à quel point ce duo d’acteurs incarnera au

mieux la pensée du réalisateur : « La question

posée est la suivante : cela vaut-il la peine de

souffrir à ce point pour cinq minutes de

gloire ? ».

Cécile Morel-Derocle

11| Match Point

Match

Point

2 films sur le ring, 3 rounds et à la fin… Un seul

vainqueur !

Règles : Aucune, tous les coups sont permis !!!

Ce mois-ci s’affrontent sur le ring deux films un peu spéciaux, puisqu’ils ont été réalisés

autour d’albums musicaux (Discovery de Daft Punk et The Wall de Pink Floyd). Les films

Interstella 5555 – The 5tory of the 5ecret 5tar 5ystem et The Wall, considérés comme cultes par

les happy few ayant été initiés, vont se livrer une lutte acharnée à coup de décibels !

VS

One More Time ou encore Harder, Better, Faster,

Stronger sont des hits du début des années

2000. L’album Discovery, aux sonorités électro-

disco-funk-house dansantes chères à Daft

Punk, compose la bande-son d’Interstella 5555.

La musique sert parfaitement la narration et

l’animation. Certains morceaux, teintés d’une

douce mélancolie, humanisent une musique

électro jugée parfois trop froide ou superfi-

cielle. On pressent déjà dans cet album un

talent incontestable chez Thomas Bangalter et

Guy-Manuel de Homem-Christo, les deux

membres de Daft Punk. Avec The Wall, les

Pink Floyd livrent une musique planante,

troublante et transcendante. La voix de Roger

Waters vient d’un autre monde. Les morceaux

Goodbye Blue Sky, Another Brick in the Wall (et

son refrain mythique: « We don’t need no educa-

tion, we don’t need no thought control… »), The

Trial ou encore Is There Anybody Out There?

sont absolument géniaux et confèrent au film

une ambiance glauque, mélancolique et ner-

veuse. Bref, la musique nous plonge dans une

folie délicieuse, on plane, on se déconnecte de

la réalité… Accro, on en redemande !

Round 2 : la meilleure musique

Fans depuis leur plus tendre enfance des ani-

més cultes des années 1980, que sont Albator et

Galaxy Express 999, les Daft Punk font appel au

mangaka japonais Leiji Matsumoto afin d’illus-

trer le film qu’ils ont co-écrit, se basant sur leur

album Discovery. Le trait de crayon de Matsu-

moto se marie parfaitement à l’univers futuriste

des robots Daft Punk, nous embarquant dans

une autre galaxie avec des extraterrestres hu-

manoïdes bleus. Il insuffle une touche très retro

aux dessins, que l’on retrouve également dans

la musique du groupe. C’est un mariage évi-

dent. Mais face aux dessins de Gerald Scarfe

ceux de Matsumoto sont bien trop lisses et inof-

fensifs. Dans The Wall, les dessins accompa-

gnent les délires schizophrènes et les hallucina-

tions de Pink, star du rock complètement dé-

pressif et défoncé. Un seul mot pour décrire ces

dessins : cauchemardesques !! Véritable délire

visuel, les images vous hantent pour un bon

bout de temps !

Round 1 : les meilleurs dessins

Winner : Daft Punk

The Wall dépeint la décrépitude physique et

psychologique de Pink, star du rock, en proie

à une folie schizophrène. Il ressasse son passé

et ses échecs, seul dans une chambre d’hôtel.

Sous l’emprise de drogues, il est sujet à moult

hallucinations terrifiantes et morbides. Le film

aborde des thèmes très intéressants (critique

des institutions – Famille, Ecole, Eglise, Ar-

mée… – qui étouffent et briment toute forme

d’individualité ou encore l’aliénation des

foules). Le montage n'est pas linéaire mais suit

le trajet mental de Pink, ce qui rend le film

trop déconstruit.

Face à un film trop sombre et négatif semblant

vouloir nous pousser au suicide, Interstella

5555 a un scénario beaucoup plus fun et lu-

dique. Quatre musiciens extraterrestres sont

enlevés lors d'un de leurs concerts et amenés

sur Terre, après avoir été transformés en hu-

mains. Ils deviennent les pantins d’un mana-

ger peu scrupuleux, qui les exploite dans le

but de gagner son 5555e disque d’or, et deve-

nir maître absolu sur Terre. Il s’agit ici de dé-

noncer les travers de l’industrie du disque, la

surexposition médiatique, les groupes préfa-

briqués, le showbiz et la perversion du star-

system.

Round 3 : la meilleure histoire

Winner : Pink Floyd

Et le gagnant est…

Pink Floyd 2:1 Daft Punk

Nathalie Chabert

Winner : Pink Floyd

On a vu au cinéma|14 13| On a vu au cinéma

Le dernier coup de marteau

SYNOPSIS : Victor, 14 ans, observe de loin son père—qui ne sait rien de son existence—diriger la 6ème

symphonie de Mahler. Jusqu’à ce qu’il décide se montrer pour la première fois à cet homme.

L ’attente était soutenue pour ce deuxième

long métrage d’Alix Delaporte, après le

surprenant Angèle et Tony. C’est donc un peu

déçu que l’on ressort de la salle.

Le destin du personnage principal, jeune

homme de 14 ans, est pourtant intéressant. Pris

en étau entre l’espoir de faire carrière dans le

foot, apprendre à connaitre son père, tout en

vivant avec la maladie de sa mère ... Il y avait

de la matière pour dessiner une fresque sociale

qui se heurte aux réalités de milliers de héros

anonymes. Mais la magie du combat ordinaire

ne prend pas. Les sentiments dégagés par les

personnages ne parviennent pas à résonner et à

faire sens avec l’évolution de l’histoire et des

relations qu’elle construit. Ce film est comme

un magnifique puzzle dont les pièces sont mal

assemblées.

Cela reste néanmoins une belle histoire avec

des acteurs très justes : un jeune espoir du ciné-

ma et un acteur de l’académie française, il fal-

lait s’y attendre. On regrettera donc le manque

de puissance dégagé par ce film dont la base

demeure très intéressante.

Benoît François

Still Alice

Réalisé par Richard Glatzer Avec Julianne Moore, Kristen Ste-

wart, Kate Bosworth

Durée 1h39 Genre Drame

SYNOPSIS : Mère heureuse et professeure de linguistique de renom, tout semble aller pour le mieux pour

Alice Howland. Jusqu’à ce qu’elle commence à oublier ses mots...

A lors Julianne ? Il est mérité cet Oscar ? Au

-delà de la performance des acteurs, il

faudrait souligner l’intérêt du sujet, pas très

fun mais plutôt fascinant. On a souvent ten-

dance à considérer la maladie d’Alzheimer

objectivement, d’un point de vue extérieur à la

personne affectée. Mais comment peut le vivre

un linguiste qui perd les mots et la mémoire ?

Le résultat est réussi du fait de notre identifica-

tion immédiate au personnage : le pathos est

sobre et fluide, amené efficacement. Ajoutez-y

un jeu d’acteur irréprochable avec évidemment

Julianne Moore au sommet de sa carrière—sans

oublier Kirsten Stewart et Alec Baldwin tous

deux très bons—, et on obtient un résultat poi-

gnant. On appréciera également un cadre ciné-

matographique anti-blingbling qui laisse place

au pur jeu d’acteur, ce qui est logique à la vue

du thème.

Le film fonctionne finalement comme un

gouffre, à l’image de la maladie qui avale la

mémoire, et les émotions surviennent en cres-

cendo. Il ne faut donc pas s’attendre à un film

qui se laisse regarder avec rebondissements et

surprises à foison mais bien à une réalité dont

l’effroi banal est parfaitement illustré.

Benoît François

Réalisé par Alix Delaporte

Avec Romain Paul, Clotilde Hesme,

Durée 1h23 Genre Drame

On a vu au cinéma|16 15| On a vu au cinéma

The Voices

SYNOPSIS : Un jeune homme psychologiquement instable est tiraillé entre les conseils diaboliques de

monsieur Moustache, son chat qui l’incite au meurtre, et ceux plus avisés de son chien.

Réalisé par Marjane Satrapi

Avec Ryan Renolds, Gemma Arterton

Durée 1h49

Genre Comédie, Thriller

Big Eyes

SYNOPSIS : L’histoire vraie de Margaret Keane, une peintre américaine dont le mari s’est attribué les

œuvres pendant de longues années.

E n sortant de la salle de cinéma, j’ai voulu

vous dessiner cet article, l’esquisser, y

mettre de la couleur, et ajouter encore quelques

touches. Il faut dire qu’avec Big Eyes, Tim Bur-

ton nous plonge directement dans l’atelier de

Margaret Keane, peintre tout aussi excentrique

dans son art que le réalisateur ne l’est.

Sans malheureusement aller jusqu’au bout de

son propos, Tim Burton touche du doigt des

thèmes fascinants. Dans les personnages de

Margaret et Walter se confrontent deux idées de

l’art : celui qui plaît parce qu’il touche le specta-

teur, et celui qu’on achète parce que c’est « le

bon moment, au bon endroit ». Romantisme et

société de consommation ne font pas bon mé-

nage !

Si la transformation du personnage de Margaret

est toute aussi subtile que remarquable, l’inter-

prétation exubérante de Walter par Christophe

Waltz manque de crédibilité. Burton aurait-il eu

du mal à se décider entre absurde et réalisme ?

En tous cas, on sent sa frustration. Pour autant

sa réalisation est très esthétique et colorée. Elle

joue sur les symétries et le spectateur averti

comptera d’innombrables clins d’œil aux réali-

sations « burtonesques » précédentes comme à

celles d’autres artistes, puisqu’il faut bien les

nommer ainsi.

Réalisé par Tim Burton

Avec Amy Adams, Cristopher Waltz

Durée 1h47

Genre Drame, Comédie

J e me doutais bien en allant voir le nou-

veau film de Marjane Satrapi (Persépolis,

Poulet aux prunes..) que je m’embarquais dans

une aventure particulière, mais l’expérience fut

au-delà de mes espérances. Tout au long de la

séance, on se demande où la réalisatrice trouve

ses idées : il semblerait que la réponse tienne

plus du talent que d’une quelconque drogue.

Ce qu’il y a de formidable avec ce film, c’est

qu’il ne ressemble à aucun autre, comme si Sa-

trapi venait de créer un nouveau genre cinéma-

tographique à elle seule. Bien qu’on passe la

majeure partie de la séance à rire, l’art du thril-

ler reste maîtrisé et quelques détails macabres

sont dignes des meilleurs films d’horreur. L’en-

semble, bien que complètement loufoque, garde

une cohérence et une esthétique remarquables

qui rendent le film très attachant, là où bien des

éléments auraient pu pousser à en faire un gros

nanar. Les acteurs ne sont pas pour rien dans la

réussite de The Voices : Ryan Reynolds parvient

à être crédible dans un rôle qui ne l’y aidait

pourtant pas, entouré d’un trio d’actrices parti-

culièrement fraîches.

Cécile Deschamps

Flora Goldgran

On a vu au cinéma|18 17| On a vu au cinéma

Un homme idéal

SYNOPSIS : Un homme idéal relate l’histoire d’un prêt à tout pour devenir un écrivain émérite et le rester à tout prix…

Ô toi, petit gémien qui s’est accoutumé à

notre cher Turnitin (pour ceux qui ne sa-

vent pas, c’est le logiciel anti-plagiat de l’école),

jamais tu ne commettras un crime semblable à

celui de Mathieu Vasseur.

Ce dernier est incarné par Pierre Niney qui

joue à merveille ce voleur sans scrupules. Il

mène la danse, à la fois impassible, et tou-

chant , et le spectateur se retrouve parfois plon-

gé dans ses pires angoisses pour subir avec lui

la crainte que la vérité éclate.

Et qu’on se le dise, ça fait plaisir de voir la nou-

velle petite gueule d’ange du cinéma français

porter le vice.

Toutefois, ce film m’a laissée perplexe sur de

nombreux points et je n’arrive toujours pas à

savoir s’il m’a vraiment plu. Tout semble trop

facile. Je m’explique : le personnage accumule

les crimes et commet de multiples erreurs, le

tout sans jamais se faire prendre (et ce ne sont

pas les occasions qui manquent !).

Il est peut-être temps pour toi , cher camarade,

d’en juger par toi-même !

Cécile Deschamps

Hacker

SYNOPSIS : Hong Kong—la centrale nucléaire de Chai Wan a été hackée. Le capitaine Dawai Chen est

chargé de retrouver et de neutraliser l’auteur du crime. Son plan? Libérer de prison un célèbre hacker.

C e phénomène courant qu’est le hacking est

souvent pris sous l’angle personnel : mes

coordonnées bancaires sont-elles à l’abri ?

N’importe qui peut me traquer ! On va tous

mourir ! Mais qu’en est-il d’une cyberattaque

envers des entités, des puissances et des orga-

nismes qui pourrait nous rapprocher d’un

chaos digne d’une World War III ?

L’originalité du film, surtout venant de Michael

Mann, cache une mise en scène plutôt déce-

vante et un certain manque de rebondisse-

ments. Ce manque est néanmoins défendable

par le refus de Mann de nous livrer un procès

de la techno-colonisation qui serait bien trop

facile.

Les personnages manquent de profondeur,

même si le jeu d’Hemsworth demeure plaisant.

On soulignera le plaisir que l’on ressent à re-

garder la nuit que Mann filme toujours aussi

bien, et ce grâce à une superbe photographie.

Mais derrière ce sujet original et cette forme

splendide, le fond fait office de légère redite

avec des thèmes trop récurrents chez Mann.

Alors certes Hacker ne pourra tenir tête à un

Heat mannien, mais on a cependant le senti-

ment à la sortie de la salle d’avoir vu un film

que peu de réalisateurs savent nous proposer.

Benoît François

Réalisé par Yann Gozlan

Avec Pierre Niney, Ana Girardot

Durée 1h37

Genre Thriller

Réalisé par Michael Mann

Avec Chris Hemtworth, Tang Wei

Durée 2h13

Genre Thriller, Action

Le thème du mois

Les cinq sens

L e cinéma, né muet, ne prend

la parole qu’en 1927 avec Le

Chanteur de Jazz d’Alan

Crosland, film musical dont la

bande sonore ne comporte que

354 mots (il faut bien un début à

tout !). Dès lors, les vedettes du

muet telles que Chaplin s’adap-

tent, tandis que d’autres comme

Howard Hawks ou Sacha Guitry

se font connaître, bien conscients

du pouvoir qu’ont le son et la

musique pour accompagner et

amplifier les histoires qu’ils ra-

content. La couleur arrive peu

après, dans les années 1930, et

fait le bonheur des cinéastes en

permettant la création d’atmos-

phères assez personnelles, pen-

sons par exemple à Wes Ander-

son ou Tim Burton.

Bref, si le cinéma a toujours fait

appel à nos sens, il semblerait

qu’il essaie de les toucher tou-

jours plus, en témoignent le ciné-

ma 3D et l’émergence du cinéma

4D, où sièges mobiles, jets d’air

et de fumée donnent au specta-

teur l’impression de faire partie

intégrante du film. Finalement,

seuls l’odorat et le goût man-

quent encore au cinéma, mais

sans doute plus pour très long-

temps.

En attendant, c’est pour mieux

toucher les sens des spectateurs

que le cinéma les aborde, d’une

manière parfois si juste qu’elle

les chamboule totalement. On se

prend une claque devant The

Tribe (M. Slaboshpytskiy, 2014),

entièrement en langue des signes

sans sous-titres ni voix off, notre

estomac gargouille devant les

plats gourmets de Soul Kitchen

(Fatih Akın, 2009), et nos poils se

dressent devant les images in-

soutenables d’Hannibal (Ridley

Scott, 2001).

En espérant que notre sélection

saura faire palpiter vos sens,

bonne lecture.

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Notre sélection de films

La série

Le film coup de cœur

L’affiche du mois

Par Cécile Deschamps

Le Voyage dans la lune (7568) de Georges Méliès

Rémy dans Ratatouille de Brad Bird (2007)

Les 5 sens|22 21| Les 5 sens

Perfect sense

Réalisé par David Mackenzie Avec Ewan McGregor, Eva Green Durée 1h32

Année 2012

Les Recettes du

Bonheur

Réalisé par Lasse Hallström

Avec Helen Mirren, Om Puri, Manish Daya

Durée 2h03

Année 2014

A la suite d’un long périple depuis l’Inde, la fa-

mille Kadam atterrit après un énième coup du

sort dans un petit village de France. Le patriarche,

voit en cette situation comme un signe du destin et

décide d’investir dans un restaurant à l’abandon.

C’est ainsi que la Maison Mumbai est fondée mais

aussi que les ennuis commencent. Nombreux sont les

habitants qui voient cette ouverture d’un mauvais œil,

et notamment Madame Mallory, patronne de l’illustre

restaurant Le Saule Pleureur, une étoile au Guide

Michelin.

Madame Mallory se sent menacée par les talents de

Hassan (Manish Dayal), petit prodige de la cuisine

qui marie les épices avec une incroyable aisance. Et

quand ce dernier rencontre Marguerite (Charlotte Le

Bon), sous-chef au Saule Pleureur, il se lance le défi de

maitriser la gastronomie française. Les succès se mul-

tiplient alors jusqu’à atteindre les sommets, mais est-

ce vraiment ce dont il a envie ?

Certes, le film comporte quelques traits forcés, mais

sans pour autant tomber dans une mare de bons sen-

timents Au contraire, Les recettes du bonheur démontre

comment, grâce aux émotions provoquées par la

table, chacun parvient à s’entendre.

Les recettes du bonheur est définitivement un feel good

movie qui vous ouvrira l’appétit, FONCEZ !

Laura Mastrot

Q uel bonheur de s’abandonner aux vertiges de

l’amour ! Sentir la peau de notre bien-aimé(e)

contre soi, son odeur, le goût de ses lèvres, entendre sa

voix, sa respiration ou encore se perdre dans son re-

gard… L’amour et l’attirance sexuelle s’accompagnent

d’une exaltation de nos 5 sens, qui crée une dépendance

à l’autre et un sentiment de manque : « Un seul être vous

manque et tout est dépeuplé ! » disait Lamartine. Pas

faux… Pourquoi vivre si nous ne pouvons plus ressentir

pareils ravissements ?

Susan et Michael ne croient plus à l’amour, qu’ils vont

pourtant trouver au moment le plus cruel, alors qu’une

étrange épidémie fait perdre aux gens leurs sens un par

un. Ces amants maudits savent que le temps est compté,

la maladie se propage et évolue à grande vitesse… Et si

l’amour ne se limitait pas seulement aux plaisirs phy-

siques et sensoriels mais allait bien au-delà ? Et si la

perte progressive des sens ne faisait que renforcer leur

amour ?

Ce film, un brin fleur bleu, part d’une idée de scénario

formidable, malheureusement pas assez développée.

Néanmoins, la leçon donnée mérite d’être apprise : la vie

sans les sens est une question d'adaptation alors que la

vie sans les sentiments n'est rien.

Nathalie Chabert

Les 5 sens|24 23| Les 5 sens

Ratatouille

Réalisé par Brad Bird

Avec Lou Romano, Brad Garrett

Durée 1h50

Année 2007

Réalisé par Damien Chazelle

Avec Miles Teller, J.K. Simmons

Durée 1h47

Année 2014

A ndrew Neyman n’a qu’un seul rêve: devenir

l’un des plus grands batteurs de l’histoire.

Pour cela il est prêt à tout et sa rencontre avec le

célèbre Terrence Fletcher (J.K Simmons) ne va pas

arranger les choses.

Ce dernier ne recule devant rien pour entrainer le

groupe qu’il essaye de former. Le jeune Andrew

quant à lui n’hésite pas une seule seconde et se

lance à la poursuite de son rêve corps et âme. Jouer

encore et toujours, en repoussant ses limites phy-

siques et psychologiques et ce pour atteindre son

seul objectif : l’excellence.

J.K Simmons incarne avec brio ce mentor perfec-

tionniste et injuste à la limite du sadisme. Il est dé-

testable à souhait et ne cesse de jouer avec les nerfs

de son équipe mais aussi avec ceux du spectateur.

Cette remarquable prestation a par ailleurs été ré-

compensée par un Oscar en février.

La mise en scène laisse une belle place aux mul-

tiples sonorités, enivrant le spectateur par sa douce

musique. Le réalisateur a su allier avec malice la

force de l’image avec la puissance des instruments.

Pour en savoir plus concernant les origines de ce

petit bijou, rendez vous page 10.

Laura Mastrot

Whiplash

« Tout le monde peut cuisiner», voilà ce qu’af-

firme le titre du célèbre livre de recettes du

grand chef cuisinier Gusteau, l’idole de Rémy, le

rat. Le petit (et non moins adorable) animal rêve

d’avoir sa cuisine, afin de laisser libre cours à sa

folie culinaire. Seulement, lui et sa famille vivent

dans les égouts et sont probablement les animaux

les moins désirés dans les cuisines. Et pour ne rien

arranger, la passion de Rémy est incomprise par le

reste de sa famille qui considère la nourriture uni-

quement comme un moyen de subsistance et non

pas comme un art.

Le jour où la meute de rats dépose ses bagages sous

le restaurant de Gusteau, la vie de Rémy change:

c’est sa chance, et il compte bien la saisir.

En plus d’un scénario bien ficelé et d’un personnage

principal absolument délicieux, l’américain Pixar

nous gâte avec ce film d’animation aux images

fluides, colorées, voire même appétissantes. Sans

étonnement, on comprend que Ratatouille ait obte-

nu, entre autres, l’Oscar du meilleur film d’anima-

tion en 2007. Au passage, le film rend un bel hom-

mage à la cuisine française et nous offre des pers-

pectives originales de la ville de Paris, dont on con-

naît à présent les égouts.

Allez-y, et régalez-vous!

Vérène Gutfreund

Les 5 sens|26 25| Les 5 sens

The Sessions

Réalisé par Ben Lewin

Avec John Hawkes, Helen Hunt

Durée 1h35

Année 2012

M ark O'Brien, décide à 38 ans que la polio qui

le maintient alité depuis ses 6 ans doit cesser

d’être une entrave à sa vie sexuelle. Il prend alors

contact avec Cheryl, une « assistante sexuelle » qui

va l’initier aux plaisirs charnels, durant 6 séances.

Plongé dans l’intimité de ce « couple » peu anodin,

on assiste au lent domptage d’un corps que des

mains de femme n’avaient jamais touché à des fins

autres que médicales. Bien que paralysé, notre hé-

ros n’a rien perdu de sa sensibilité, d’où de mémo-

rables séquences où on l’observe réagir—parfois au

bord de l’hystérie—aux caresses qu’on lui prodigue

pour la première fois.

Le film a de quoi faire peur : aborder sexe et handi-

cap sans céder à la facilité de clichés pathétiques ou

vulgaires, peu de réalisateurs s’en seraient montrés

capables. Et pourtant, Ben Lewin livre un film léger

mais jamais stupide, touchant sans se vouloir lar-

moyant.

Finalement, la délicatesse du film et ses deux princi-

paux acteurs, frappants de justesse, préservent le

spectateur du malaise qu’il pouvait redouter, et lui

font passer un moment d’une rare fraîcheur, dont

on redoute la fin.

Cécile Deschamps

Sixième Sens

Réalisé par M. Night Shyamalan Avec Bruce Willis, Haley Joel Osment

Durée 1h47

Année 2000

P arce que parfois cinq sens ne suffisent pas à

expliquer le monde, Shyamalan nous en pro-

pose un sixième en la personne de Cole Sear, un

gamin de huit ans persuadé d’être fou. C’est Mal-

colm Crowe, pédopsychologue de renom, qui

s’intéressera à son cas. Mais voilà, Cole lui rappelle

un certain Vincent, un ancien patient qu’il a échoué

à aider. Comme Vincent, Cole a peur en perma-

nence et garde un lourd secret.

Le rythme du film est lent, l’image sombre et les

plans serrés et statiques, ce qui donne à l’œuvre

une atmosphère pesante et morbide où la mort est

omniprésente. Les deux acteurs principaux sont

extrêmement bien dirigés et nous proposent une

interprétation émouvante où les faiblesses des per-

sonnages sont tantôt camouflées ou exposées. Le

jeune Haley Joel Osment est incroyablement bon

dans le rôle de Cole, étrangement mature mais fina-

lement encore un tout jeune garçon qui s’insurge de

voir un adulte « dire des gros mots ».

Enfin, Sixième Sens fait partie de ces œuvres à plu-

sieurs degrés de lecture qu’il faut revoir à peine la

scène finale terminée. Je n’en dirai pas plus, et re-

tourne me plonger dans le film pour la sixième fois.

Flora Goldgran

27| Les 5 sens

Réalisé par Jacques Audiard

Avec Emmanuelle Devos, Vincent Cassel

Durée 1h59

Année 2002

La série|28

Switched at

Birth

Sur mes lèvres

C arla est une jeune femme banale, que personne

ne prend la peine de remarquer et que ses

collègues exploitent. Il faut dire qu’elle n’a rien

d’une femme fatale, et que ses appareils auditifs la

coupent parfois des autres et font d’elle le bouc

émissaire idéal.

Rien ne la prédestinait à rencontrer Paul, ancien

détenu en réinsertion, et encore moins à embaucher

comme secrétaire cet homme glacial qui n’a jamais

entendu parler d’Excel. Pourtant, chacun voit rapi-

dement en l’autre un allié, et tous deux vont s’en-

traider, pour réussir à se faire accepter dans cette

société qui ne leur a jamais fait de cadeaux.

Dans ce beau film entre thriller et romance, Au-

diard a su retranscrire toute la tension et la pudeur

avec lesquelles naît cette relation aussi atypique

qu’intense. Les rapports de force instables finissent

par trouver un équilibre fragile, où un homme trop

rude a appris à s’adoucir, et une femme trop douce

à s’affirmer. Sur mes lèvres est d’une sensibilité rare,

qui implique les sens et les émotions du spectateur,

en lui faisant notamment expérimenter la surdité de

l’héroïne par un jeu sonore. Cassel et Devos, qui me

déçoivent de toute façon rarement, livrent ici une

prestation remarquable et nous font croire à l’his-

toire qu’ils défendent.

Cécile Deschamps

Créée par Lizzy Weiss

Avec Vanessa Marano, Constance Marie

Année 2011 Format 4 saisons

E n cours de bio au lycée, nous avons tous

eu ce cours un peu lourd sur les groupes

sanguins. Pour la tumultueuse Bay Kennish, la

leçon devient légèrement plus croustillante

quand elle se rend compte que, vu son sang,

elle ne peut pas être la fille de ses parents.

Adoption ? Non, ce serait trop simple : Bay a

été échangée à la naissance. « L’autre », c’est

Daphné Vasquez, qui a grandi dans le quartier

latino de la ville. Là où la série prend tout son

intérêt, c’est dans un petit détail à propos de

Daphné : elle est sourde.

Au-delà d’une simple série pour teenagers,

Switched at Birth est une véritable plongée dans

la culture sourde. Lors des discussions en lan-

gage des signes (sous-titrées), il n’y a jamais de

musique en fond, afin de recentrer l’attention

sur le mouvement des mains et les expressions

du visage. Et c’est surprenant ! Le spectateur

apprend énormément, de manière parfois ex-

plicite, ou plus suggérée, sur la façon de com-

penser la surdité.

De plus, la série a l’intelligence de nous mon-

trer the big picture. Les conséquences de cette

situation surréaliste sur les deux familles sont

finalement traitées de manière relativement

réaliste. Les personnages sont très attachants et

la fluidité de la série nous entraîne, d’épisodes

en épisodes, à dévorer les quatre saisons.

Flora Goldgran

29| Le coup de coeur

Le Parfum

Réalisé par Tom Tykwer

Avec Ben Whishaw, Dustin Hoffman

Durée 2h27

Date 2006

SYNOPSIS : Jean-Baptiste

Grenouille, orphelin de son

état, est né avec un don, son

nez. Il n’a qu’une raison de

vivre : découvrir toutes les

senteurs du monde et créer le

parfum parfait. Sa quête fait de

lui un terrible meurtrier.

« L’âme d’un être est son

odeur » dit Giuseppe

Baldini, un vieux parfumeur

de Paris à Jean-Baptiste Gre-

nouille. Le jeune homme à

l’odorat exceptionnel n’a

qu’une obsession, une raison

de vivre : apprendre à préser-

ver une senteur pour ne plus

jamais en perdre la sublime

beauté. Et pas n’importe

quelle senteur : il veut mettre

l’essence des femmes dans un

flacon. Est-il assez fou pour

capturer l’âme des femmes ?

Adapté du roman de Patrick

Süskind, Le Parfum se savoure

lentement, précautionneuse-

ment. Les plans sont serrés,

parfois très rapprochés. La

caméra se balade dans les

détails des corps et des objets.

Parfois, le spectateur est

écœuré face à une profusion

d’éléments nauséabonds.

D’autres fois, il est fasciné,

comme envoûté, par la sen-

sualité d’une odeur qu’il ne

parvient pas à saisir mais qui

danse devant ses yeux.

La bande sonore magistrale

est totalement au service des

sensations olfactives et nous

fait découvrir, aux côtés de

Grenouille, une nouvelle fa-

çon d’explorer le monde.

Comme le conteur le dit lui-

même « la langue courante

n’est pas suffisante ». Mais à

grand renfort d’images, de

son, et de récit, Tykwer s’en

sort pourtant merveilleuse-

ment bien dans cette adapta-

tion ambitieuse. Il nous livre

alors une histoire de meur-

trier tout aussi malsaine que

fascinante.

Jean Baptiste Grenouille est

particulièrement inquiétant,

non pas par son aspect,

comme dans le livre, mais

plutôt par son rapport aux

autres et par son obsession.

C’est un collectionneur mor-

bide aux ambitions surréa-

listes. Il explore la distillation

et l’enfleurage avec une pas-

sion aussi forte que son em-

pathie est faible. Sans vous le

dévoiler, le final – pour le

moins étonnant – répond à

l’idéal de grandeur du per-

sonnage mais laissera le spec-

tateur perplexe. Etes-vous

prêt à vous laisser hypnoti-

ser ?

Flora Goldgran

31| L’affiche du mois

Nathalie Chabert

La piel

que habito

Réalisé par Pedro Almodovar

Durée 120 mn

Année 2011

Le regard d’Antonio Banderas

est froid et menaçant. Il se

place en léger retrait montrant

une domination et un contrôle

sur la créature au masque

blanc qu’il nous présente

comme étant son œuvre.

Ce très gros plan est oppres-

sant et révèle un lien intime

très fort. Le fait de ne voir que

la moitié des visages donne

l’impression que les person-

nages ont perdu une part

d’eux-mêmes ou ont une iden-

tité trouble, incomplète.

La peau semble irréelle, presque

plastique et inhumaine. Dans le

film, Antonio Banderas joue le

rôle d’un chirurgien esthétique,

qui après la mort de sa femme,

brûlée dans un accident de voi-

ture, travaille sur une peau ultra-

résistante à la douleur et aux

agressions extérieures.

Regard inquiet mais révélant

aussi une grande force psy-

chologique chez le cobaye du

Docteur Ledgard.

Cette police rouge sang entou-

rée d’une membrane blanche,

telle une peau, renvoie au

corps. Le rouge est aussi la

couleur de la passion et de la

vengeance.

33| Jeux

1)

4) 3)

Quel névrosé sensitif de film

es-tu ?

1) Enfin un peu de temps à toi, tu préfères…

une après-midi détente au musée

une petite balade chez Sephora

★ une belle soirée devant Le meilleur pâtissier

2) Ta vocation ratée :

L’ISIPCA (Institut supérieur inter-national du parfum, de la cosmé-tique et de l’aromatique alimen-taire )

★ CAP Boucher

médecine

Une majorité de…

: Tu es le célèbre Jean-Baptiste Grenouille (Le Parfum). Ton délire, c’est les grosses balades

en parfumerie, mais ce dont tu rêves vraiment c’est de créer LA fragrance à partir de

l’odeur des petites zouz que tu rencontres. Attention, ça risque de mal finir…

★ : On peut dire que tu es un sacré bon vivant mon cher Hannibal. Amateur de chair, tu

n’en demeure pas moins un fin gourmet !

: Ton kiff c’est les grandes discussions les yeux dans les yeux, mais souvent ça devient

bizarre. Tu es la belle Sydney Wells (The Eyes), tu vois des trucs plutôt badants et tout le

monde croit que tu débloques. Ont-ils raison?

Fiche recette: les Doubitchous du

Père Noël est une ordure

250 grammes de farine

100 grammes de sucre

1/2 verre de beurre fondu

1/2 verre d’huile

1 cuillère de cacao

1 pincée de cannelle

1 tablette de chocolat

Pétrir farine, cacao, margarine, huile cannelle et sucre

Faire des petits boudins grossiers, autour d’un morceau de chocolat

Cuire une quinzaine de minutes à 160°

Particularité de cette spécialité : au bout de 10mn, il faut reformer les boudins qui sont en train

de s’étaler lamentablement…aidez-vous de deux gros couteaux pour faire un étau vite fait.

Lorsque les doubitchous craquèlent, ils sont cuits.

Alors qu’ils sont encore chauds, saupoudrez de sucre glace, afin qu’il fonde et donne cet

aspect bizarre et collant sur le biscuit.

Dégustez !

.Envie d’impressionner tes amis en soirée ? Evite de rame-

ner les Pringles habituels et confectionne plutôt de déli-

cieux Doubitchous, fidèles à ceux de monsieur Prescovik,

si tant est que les tiens ne seront pas roulés sous les ai-

selles! (enfin comme tu veux...)

En clinique spécialisée pour que tout redevienne normal À Grasse, capitale mondiale du parfum

3) Ta plus grosse angoisse

Ouvrir les yeux le matin

★ Perdre ta mallette à couteaux

Chopper un rhume

5) Ta chanson préférée?:

★ La peau dure—Etienne Daho

Odeur de soufre—NTM

Elle a les yeux revolver—Marc

Lavoine

3) Les vacances de tes rêves:

★ En Lituanie, dans la demeure familiale

35| Quand tu ne sais pas quoi regarder

A voir si… Le Pôle Ciné pense au gémien indécis qui a

envie de cinéma mais qui ne sait absolument

pas quoi regarder. Voici quelques idées

adaptées à la situation.

… tu en as marre de comédies

romantiques pourries. Où est

l’amour, le vrai?

… tu jalouses les gens qui font

carrément « warrior »

… tu veux redécouvrir les

Beatles

… tu penses que toi et elle/lui

c’est de la vraie amitié?

Ghost

Quand même sans se marier, c’est « à la vie

à la mort » (et à la gueule d’ange de

Swayze).

Les Combattants

Madeleine est une dure à cuire, et n’aspire

qu’à être assez forte pour « survivre ».

Arnaud, lui, il est comme tout le monde.

Nowhere Boy

Vous pensiez connaître John Lennon? N’en

soyez pas si sûr...

Beignets de tomates vertes

Deux époques, deux femmes, deux vies, et

des amitiés aussi banales qu’incomparables

et aussi fortes qu’inattendues.

… tu veux te convaincre

d’arrêter de boire

… tu te demandes ce que ça

fait de remonter le temps

… tu veux mater Godzilla mais

pas la daube avec le mec de

Breaking Bad

… tu veux voir un couple de

voleurs mais t’en as marre de

Bonny & Clyde

Le bruit des glaçons

C'est l'histoire d'un homme qui reçoit la

visite de son cancer. "Bonjour, lui dit le can-

cer, je suis votre cancer. Je me suis dit que ça

serait peut-être pas mal de faire un petit peu

connaissance... "

About time (il était temps)

A l’âge de 21 ans, Tim Lake découvre qu’il a

la capacité de voyager dans le temps. Il dé-

cide d’utiliser ce nouveau pouvoir pour

trouver l’amour.

The Host

A Séoul, Park Hee-Bong tient un petit snack

au bord de la rivière Han. Un jour, un

monstre géant et inconnu surgit des profon-

deurs.

Ain’t them bodies saints

Bob et Ruth s’aiment, envers et contre tout.

Et surtout contre la loi.

37| Le savais-tu ? Evènements|38

Le souci du détail

The Sessions est basé sur la vraie vie de

Mark O'Brien : paralysé à cause de la

polio, Mark a tout de même fait des

études brillantes et a écrit des ouvrages,

notamment de poésie. Le film s'inspire de

son essai On Seeing a Sex Surrogate paru

dans le Sun Magazine en 1990.

Richard Glatzer, co-réalisateur de Still

Alice, est décédé le 12 mars 2015. Il était

atteint de SLA (Sclérose latérale amyotro-

phique). Ne pouvant pas parler, il a ainsi

utilisé un Ipad durant le tournage pour

communiquer avec les acteurs et l’équipe

du film.

Lauréate de deux Victoires de la Musique,

la chanteuse Camille interprète la chan-

son-phare de Ratatouille, intitulée Le festin.

La chanteuse prête aussi sa voix à Colette,

la collègue de cuisine de Linguini. Pixar a

même poussé le perfectionnisme jusqu'à

demander aux chefs de cuisine fran-

çais Guy Savoy et Cyril Lignac de prêter

leurs voix pour les besoins du film.

Lundi 13

avril

Projection du film

Reservoir Dogs

Le Pôle Ciné te propose de (re)découvrir ce film

culte de Quentin Tarantino à la Nef à 20h30,

pour la modique somme de 5€.

Prépare-toi à des animations de folies et un con-

cert spécial Tarantino by Jam’in avant de plon-

ger au cœur d’un gang pas comme les autres. Et

bien sûr, si tu réponds correctement au quizz

d’après séance, tu ne repartiras pas les mains

vides !