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Jonathan Morales Vole de tes propres ailes

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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Grand format (170x240)] NB Pages : 408 pages

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Vole de tes propres ailes

Jonathan Morales

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Jonathan Morales

Vole de tes propres ailes

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Prologue

« Grenade, ce n’est pas seulement l’Alhambra, l’Albaicin ou la Chapelle-Royale : Grenade, c’est un chemin qui nous conduit de l’histoire des Arabes, des Romains, des Juifs, de la découverte de l’Amérique à un présent, dynamique, moderne et jeune (plus de 60.000 étudiants). Grenade, c’est de la couleur : le bleu du ciel et de la mer, le blanc de la neige et le vert des plaines fertiles. Mais avant tout, Grenade, ce sont des hommes : une ville animée, simple et accueillante. Il y a un proverbe populaire qui dit : “qui n’a pas vu Grenade, n’a rien vu”, et moi, qui vois cette ville depuis ma naissance, je découvre tous les jours un peu plus de son charme. Que celui qui désire la connaître, vienne et y reste ».

Je m’appelle Alejandro Arquero, je suis Franco-Hispano et j’ai vingt et un an.

Il y a quelques mois, je m’étais engagé dans une véritable course contre la montre en sacrifiant mon travail, ma famille et mes amis de France pour un objectif démesuré : Trouver un emploi stable dans l’un des pays les plus rongés par la crise économique, le déficit, la dette excessive et surtout, le chômage.

Durant cette période, je n’avais pas d’autre ennemi que la crise économique espagnole la plus grave de tous les temps sur l’emploi et le chômage.

Au jour d’aujourd’hui, le moment est venu pour moi de faire un choix crucial. Que faire quand le cœur dit oui, et la raison dit, non ?

Avant d’entendre votre opinion, je vais vous donner ma propre version des faits qui remonte à… Huit mois de cela.

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« Quelques jours avant mon départ vers l’Espagne »

De taille moyenne et de corpulence svelte, j’étais un jeune homme assez sportif. Grand mangeur, je ne pesais pourtant pas plus de soixante-huit kilos, une minceur qui était certainement due aux activités physiques que j’exerçais la plupart du temps aussi bien dans les sports qui demandaient une grande endurance qu’au sein de mon entreprise où je passais mon temps à tirer des palettes d’eau à longueur de journée et à l’aide d’un tir palette manuel. Il est vrai que j’occupais plus mon temps libre à jouer au tennis et au football qu’à séduire les filles. Être timide et réservé était selon moi un complexe lié à mon manque d’assurance et de confiance en moi. Mes cheveux noir foncé et coiffés en brosse ressortent en moi un côté fougueux et ténébreux, tout comme mon regard vif et profond qui est l’héritage de ma famille Espagnol. En outre, mes cils sont incroyablement longs et entourent parfaitement l’œil, ce qui ne fait qu’approfondir davantage l’expression de mon regard, sans concessions apparentes, mais qui semble trahir, en deuxième lecture, une infime pointe de bienveillance. À travers mes yeux, on pouvait y apercevoir un brin d’effort à la vie, du type « pas toujours facile à assumer celle-là, mais puisqu’on est dedans autant s’y intéresser ». On n’y lisait pas de grands bonheurs, mais pas non plus de trop lourdes souffrances. Mes sourcils également fins, assez légèrement, mais presque toujours froncés, traduisent un effort de concentration permanent. Peut-être y a-t-il une sorte de nervosité intrinsèque dans tout cela, et sûrement de l’intérêt pour presque tout de la vie, apparemment davantage sur le plan émotionnel que sur le plan intellectuel. Je ne sais pas si je pouvais véritablement parler de susceptibilité dans la mesure où je n’exprimais pas ce que je ressentais à mon entourage, du moins en ce qui concernait mes émotions. Quoi qu’il en soit, je n’arrivais pas à m’épanouir au sein de cette communauté Alsacienne, il me fallait donc du changement. Malgré un job stable dans la grande distribution, ma vie devenait monotone et trop simpliste à mon goût. Parcourir le même rituel durant quatre longues années de travail m’exaspérait, l’ambiance au sein de l’entreprise devenait exécrable, mes collègues n’avaient aucune sympathie les uns envers les autres et cela commençait à m’agacer. Ma motivation chutait de jour en jour, mes liens familiaux se durcissaient au fil du temps, car vivant chez mon père, de

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fortes tensions régnaient avec lui du fait que nos deux caractères étaient bien trop opposés pour pouvoir se supporter plus longtemps. Ma grande sensibilité me laissait sans voix face à des remarques plus ou moins désagréables et auxquelles je ne m’attendais pas, surtout quand elles arrivaient derrière mon dos. J’étais complètement paralysé, ce qui me faisait monter sur mes grands chevaux du fait que je me laissais facilement envahir par l’angoisse que me procuraient ces critiques qui me jugeaient négativement et me blessaient profondément. Mon manque d’implication dans les tâches ménagères et mon manque d’autonomie engendrait tout naturellement discordes et tensions au sein de notre relation père-fils. Je le regrette profondément quand j’y pense avec le recul, mais il faut avouer que j’en souffrais énormément et que j’en voulais à mon entourage, si bien que je pris la décision de partir en Andalousie pour leur prouver non seulement que je pouvais être autonome en réussissant ma vie dans une ville que je chérissais, mais aussi pour leur faire comprendre que mes ambitions n’avaient plus aucune limite à compter de ce jour. Pas de copine, pas de véritable ami sur qui compter, juste un peu de sport avec mes compagnons de foot le dimanche après-midi et puis c’était retour au travail. Je n’avais aucun projet concret alors que ma jeunesse défilait devant moi et que mon compte courant battait son plein. C’est alors que me vint l’idée de partir à l’aventure afin de changer radicalement mon style de vie. Apprendre, découvrir, m’épanouir dans un endroit que je connaissais assez bien pour avoir été très souvent en vacances là-bas. Pour faire de mon rêve une réalité, j’avais besoin d’argent, de beaucoup d’argent, car il était question pour moi d’un projet à long terme, donc partir rapidement la tête baissée aurait été du suicide. Je pris donc le temps d’y réfléchir sans en parler à qui que ce soit, en me mettant à surfer sur le net à la recherche d’un endroit confortable, entièrement équipé et à courte distance d’une école de langue.

Aussi étonnant que cela va vous paraître, je désirais approfondir et perfectionner mon Espagnol du mieux que je le pouvais afin d’augmenter mes chances de trouver du travail. Aussitôt dit aussitôt fait ! Il me fallut trois jours pour enfin trouver mon bonheur, la voix que je souhaitais suivre. L’idéal était de trouver un logement situé en plein centre-ville, assez proche de l’école et du village où résidait ma famille. L’établissement où je

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comptais séjourner était une résidence étudiante réservée aux étrangers venants des 4 coins du monde. Ce séjour linguistique me permettait non seulement d’acquérir un diplôme de langue, mais aussi d’enrichir mes connaissances d’un point de vue culturel. Vivre en communauté au sein d’une ambiance jeune et internationale correspondait parfaitement à ce dont j’avais besoin. La résidence Don Quijote disposait d’un lave-linge, fer à repasser, télévision, cuisine équipée et des zones de détente pour étudier. Moi qui venais dans un but professionnel, ce confort était pour moi largement à la hauteur de mes espérances, restait plus qu’à bien m’adapter à l’environnement. L’école, associée à la résidence, était située à seulement 15 minutes à pied de l’établissement. Tout collait donc parfaitement à l’image que je m’étais fait de mon avenir. D’abord, m’épanouir au milieu d’une ville pleine d’ambiance et de fêtes tout en recherchant du travail, puis, par la suite, me reconstruire intérieurement afin de prouver à toute ma famille que j’avais bel et bien des valeurs et surtout de la maturité. Une fois l’inscription bouclée et après avoir versé quasi toutes mes économies dans ce projet, je m’engageais pour une durée approximative de huit mois à partir du mois de juillet. Une fois le formulaire rempli ainsi que toutes les paperasses à envoyer en temps et en heures, il me restait plus qu’à démissionner de mon travail, à annoncer l’heureuse nouvelle à ma famille et la chose la plus importante : acheter mon billet d’avion. Jour après jour et petit à petit, l’Espagne se profilait à l’horizon, me restait plus qu’à faire mes adieux à mes proches ainsi qu’à quelques amis en attendant le jour fatidique. D’un mot d’un geste, je me promettais de remuer ciel et terre pour défier et brûler tous les obstacles qui pouvaient me barrer la route vers une consécration personnelle… Quitte à en baver et à en pleurer toutes les larmes de mon corps. Après un long voyage qui avait commencé dès quatre heures du matin, heure où je m’étais réveillé, habillé et où j’avais pu déjeuner, je pris place au côté de mon père dans sa voiture pour partir en direction de l’autoroute au départ de la ville de Colmar destination… L’aéroport de Bâle-Mulhouse, en Suisse. À cette heure-là de la matinée, il faisait encore obscur et les routes étaient désertes, je pouvais donc m’apaiser et profiter du calme olympien qui régnait dans la voiture durant trois quarts d’heure avant d’entamer un véritable parcours du combattant, qui je l’espérais, allait déboucher sur du travail. Assis sur le siège de l’avant

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le regard droit devant, je posais une dernière question à mon père avant de devoir le quitter.

Alejandro (extrêmement tendu) – Sois franc avec moi papa, tu n’as jamais cru en moi n’est-ce pas ?

Javier (en répondant sèchement et en étant convaincu que je faisais une grosse erreur)

– Quelques jours avant que ta mère ne décède, elle m’écrivit un mot où elle me demanda de veiller sur nos trois enfants dont elle était véritablement fière. Malgré ma déprime et tout ce qui a suivi, j’ai pu tenir la parole que je lui avais faite en lui promettant de ne jamais vous perdre de vue, et surtout toi, qui n’avais que dix ans cette année-là. Dès que tu seras sortie de la voiture, je serais forcé de rompre cette promesse en sachant d’avance que ton projet sera voué à l’échec.

Profondément triste de devoir le quitter ainsi et sur de telles paroles, je préférais rester silencieux avant de sortir de la voiture, car je savais très bien qu’aucun de mes arguments allait le faire changer d’opinion. Après récupération de ma valise dans le coffre et au moment de revenir vers lui pour lui faire mes adieux en le serrant dans mes bras, mon père ferma la porte de devant brusquement et sous mon nez, puis s’en alla le regard vide sans même me dire… au revoir. Cependant, je ne lui en voulais pas pour autant, car je savais très bien qu’il avait un grand cœur et que s’il venait de réagir ainsi, c’était pour la simple et unique raison que ma mère lui manquait terriblement, et que son seul but désormais était de veiller sur moi autant qu’il le pouvait pour tenter de respecter sa promesse. Ce fut donc un gros coup dur pour celui qui me fit découvrir la mer Méditerranée à plusieurs reprises durant mes dix premières années d’existence. Doté d’une grande générosité et d’un amour indescriptible envers moi, mes frères et ma mère, mon père nous fit voyager dans des hôtels tels que les Baléares à Palma de Majorque. Il faut reconnaître que nous étions les enfants les plus chanceux et heureux du monde, pour ça, il n’y avait pas de doute. Malheureusement, une terrible tragédie survint en 1998 et déclencha tout naturellement un arrêt définitif au bonheur qui nous était dû. Ma mère mourut d’un cancer général quelques jours avant Noël, ce fut un bouleversement total dans ma tête et dans celle de ma famille. Ma vie changea radicalement et mes notes à l’école chutèrent, c’est à partir de ce

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moment-là que les choix que je fis dans ma vie ne furent plus les bons, alors que mon père lui, tomba pendant quelque temps en déprime. Il n’avait plus goût à rien. Je me sentis tellement redevable envers lui pour toute la joie qu’il me procura durant mon enfance que le seul moyen de me racheter était de le rendre inévitablement fier de moi. Une fois à l’intérieur de l’aéroport, les choses sérieuses commençaient. Avec ma carte d’embarcation dans la main et en tirant ma valise d’un bout à l’autre, je recherchais à l’aide du numéro indiqué sur le papier le hall où je devais me rendre afin d’enregistrer mes bagages. Une fois l’endroit repéré et une fois avoir traversé les restaurants, les bars et les nombreuses boutiques de parfumerie, de chocolaterie, de vêtement et de journaux, je me faufilais dans la longue file d’attente où de nombreux passagers de toutes nationalités patientaient vaillamment. Vingt minutes s’écroulèrent entre le moment où j’introduisais mes affaires personnelles dans la soute à bagages, et entre le moment où je m’apprêtais à passer par la zone de contrôle. Afin d’empêcher toute intrusion à bord d’un aéronef d’objets illicites par l’intermédiaire des passagers et de leurs bagages de cabine, des postes d’inspection filtrage sont mis en place avant l’embarquement des passagers. À l’aide d’un magnétomètre de détection, les vigiles nous fouillaient les uns après les autres de la tête aux pieds afin de vérifier si aucun de nous ne portait d’arme ou d’objets métalliques, et quand vint mon tour, je retenais mon souffle bien que je n’eusse pas de quoi m’affoler. Tout naturellement, il n’y avait rien à signaler. Hormis peut-être ma mousse à raser que j’avais soigneusement rangé dans ma trousse à toilette à l’intérieur de mon sac et qu’on m’avait vigoureusement confisquée pour appliquer la réglementation. Je sortis de la zone de contrôle en restant bouche bée, le regard interrogateur, me demandant comment un produit aussi inoffensif pouvait nuire à la sécurité des passagers. Au moment de l’embarquement à bord de l’avion au départ de l’aéroport de Bâle Mulhouse en Suisse, je fus à un tournant de mon existence. Je souhaitais non seulement reprendre goût à la vie en revenant sur mes terres d’origine, mais aussi construire ma propre famille en ayant soif de triomphe et en ayant comme mots d’ordre : la persévérance, l’abnégation et la constance à toute épreuve. Après avoir été accueilli très chaleureusement par le personnel navigant de cette compagnie aérienne française à bas coût, je pris place sur mon siège réservé

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au milieu du couloir et pour mon immense bonheur, côté fenêtre comme je l’aimais si bien. Observer les paysages de campagne et les reliefs montagneux vus du ciel m’enchantait, mais que dire alors de l’ambiance qui nous étaient réservés à nous les passagers au moment où nous vîmes débarquer trois hôtesses de l’air dansant sur une musique de Lady Gaga et Katy Perry pendant que le steward faisait son speech habituel en dictant les consignes de sécurité. Ce fut un spectacle grandiose et un véritable plaisir pour les yeux. Autrement dit, mon voyage commençait sur les chapeaux de roue et dans un rythme infernal.

« Au moment du décollage »

Muni de mon lecteur Mp3 et de mes petites oreillettes avec fil inséré dans mes oreilles, je me mis à écouter de la musique tout en admirant l’avion passer au-dessus de la couche nuageuse. En vibrant au rythme endiablé des « Gipsy King », mon groupe de chanteurs flamenco favori, je détournais mon regard du ciel l’espace d’un instant vers la jeune passagère assise à côté de moi et ce que j’aperçus entre ses mains avait de quoi me glacer le sang. Il était question d’un journal espagnol évoquant en gros titre « L’impact de la crise économique en Espagne ». Figé sur ce gros titre pendant quelques secondes le regard pensif et soucieux, je craignais déjà le pire. La jeune passagère d’environ trente ans ne tarda pas à remarquer l’inquiétude qui se lisait sur mon visage et m’interrogea d’un air distrait et préoccupé.

La jeune passagère (en se penchant vers moi, quelque peu gêné) – Est-ce que ça va ?

Évasif, je me remis à penser aux dernières paroles formulées par mon père la veille de mon départ de chez lui. Des paroles dures à entendre et qui m’avaient énormément touché.

Mon père (au parking du quartier, en posant ma valise dans le coffre de sa voiture) – Tu vas faire une grosse erreur en partant fiston, en tout cas, ne compte pas sur moi pour te réaccueillir si jamais ça se passe mal et que dans la foulée, tu envisages de revenir après avoir échoué. Je t’aurais prévenu.

La jeune passagère (en secouant légèrement mon épaule) – Jeune homme est-ce que vous m’entendez ?

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Quelque peu ébranlé dans mes convictions, je ne tardais pas à retrouver mes esprits. Alejandro (le regard intrigué) – Pourriez-vous me prêter le journal lorsque vous aurez fini de le lire s’il vous plaît ?

La jeune passagère (en me remettant le journal) – Tenez il est à vous, j’ai fini de le lire.

Alejandro (d’une petite voix) – Merci. La jeune passagère (d’une voix stridente) – Cette crise que traverse

l’Espagne à l’air de vous bouleverser terriblement, je me trompe ? Je me tournais de nouveau vers elle, le regard furtif. La jeune passagère (d’un sourire subtil) – Eh oui ! J’arrive très

facilement à lire dans les yeux d’un homme quand quelque chose le tracasse. Je ne suis pas extralucide ça non, mais j’ai cette faculté à percevoir ce « hic » à travers les yeux de quelqu’un. Je m’appelle Cassandra. (en me tendant la main)

Alejandro (en lui serrant la main et en laissant apparaître un petit sourire aux coins de mes lèvres, le visage crispé) – J’avoue que vous êtes très doué pour repérer ces choses-là. Moi, c’est Alejandro, et si vous voulez savoir pour quelle raison cette crise m’inquiète autant que ça, c’est tout simplement parce qu’à partir du moment où je poserai mes pieds sur le sol Andalou, le compte à rebours s’enclenchera pour moi.

Huit mois et pas un jour de plus pour trouver un job à temps plein, sous peine de ne plus jamais être crédible aux yeux de ma famille (en gardant les yeux rivés sur mon petit cadre photo où moi, ma sœur et mon père y figuraient) et à ceux de mon père surtout.

Cassandra (le regard halluciné) – Vu la crise économique en Espagne et son taux élevé de chômage, trouver du boulot, de surcroît quand on ne maîtrise pas parfaitement la langue et qu’on est un étranger, relèverait du grand exploit j’en ai bien peur. Les immigrés repartent tous chez eux car les Espagnols prennent les moindres petits jobs pour pouvoir manger. Voilà un avant-goût de ce qui vous attend en Espagne mon jeune ami, de quoi nettement refroidir vos ardeurs n’est-ce pas ?

Pour répondre à sa question avec franchise, je sortis de ma poche une petite figurine en porcelaine représentative d’un ange tenant entre ses

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mains une colombe blanche déployant ses ailes et je lui répondis, d’un ton ferme et sans scrupules.

Alejandro (en me projetant vers l’avenir, les étoiles plein les yeux) – Il n’est rien qui ne cède à l’ardeur de régner, ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachées, c’est Vénus tout entière à sa proie attachée.

À la une de l’actualité !

Espagne : chômage-record a 21,5 %, au plus haut depuis 15 ans ! Taux de chômage des jeunes les plus élevés de l’Union européenne

(35,4 %) Nombre de sans-emploi en Espagne à 4,978 millions ! Le chômage, actuellement le plus élevé de l’Union européenne et des

pays de l’OCDE, reste le principal point noir dans le tableau économique du pays !

Nombreux sont ceux qui quittent l’Espagne pour tenter leur chance à l’étranger.

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1 Le grand saut

Durant mon trajet en autobus en partance de Malaga direction… Grenade !

Climat de rêve, paysages radieux et indépendance acquise au bord de la Méditerranée. Tous les ingrédients étaient réunis pour faire de moi le jeune homme le plus chanceux et heureux du monde… Ne manquait plus que la réussite. Située à l’embouchure du Guadalmedina, cette vaste agglomération toute blanche est dominée par le Gibraltar, la « colline du phare », couronné de murailles du XIVe siècle. La situation de Malaga, face à la côte marocaine et au débouché des voies terrestres descendant des hautes terres de Grenade et du Guadalquivir, en a fait la principale ville du littoral méditerranéen de l’Andalousie. Malaga se trouve à l’extrémité sud de l’Espagne et possède sûrement un des climats les plus agréables d’Europe. En été, les températures vont de 35 à 45 degrés et, en hiver, elles ne descendent presque jamais en dessous de 14 degrés pendant la journée. L’aéroport de Malaga se trouve à huit kilomètres du centre-ville et à 5 km de Torremolinos, parfaitement relié aux principales villes de la Costa del Sol et de l’arrière-pays. Le secteur hôtelier de la province compte actuellement plus de 1300 établissements au total et accueille près de la moitié du tourisme de la communauté autonome d’Andalousie. Par ailleurs, la gastronomie est sans doute l’un de ses grands attraits, laquelle compte une offre gastronomique variée allant du célèbre « pescaíto » à d’autres plats plus consistants de l’arrière-pays, sans oublier l’art du « tapeo », la dégustation de tapas dans n’importe quel établissement, du plus simple au plus luxueux. De nombreuses festivités sont organisées

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dans la province tout au long de l’année, parmi lesquelles on remarque notamment la Semaine Sainte et la Feria de Malaga qui rassemble plus de cinq millions de personnes. Grenade est située dans la partie orientale de l’Andalousie dans le système Bétique, aux pieds de la Sierra Nevada. C’est une ville au climat très extrême. Il fait très chaud en été et très froid en hiver. Grenade a une étendue de 88 Km² et elle a une population de 241 471 habitants. Grâce à son orographie, cette ville Andalouse a des contrées très différentes entre elles. Je fais allusion aux pistes de ski de la Sierra Nevada avec les villages de montagne de la Alpujarra, de son littoral avec ses villages de pêcheurs et touristiques comme Almuñécar, Motril et Salobreña, en passant par les vallées fertiles de la contrée du Marquesado et Guadix, avec ses vestiges arabes, phénicien, de ses zones séchées des contrées del Altiplano avec ses restes archéologiques. Il s’agit de maisons des familles nobles arabes ou nazaris. Ce sont des maisons-palais murées, avec des jardins énormes et romantiques accompagnés de fontaines et de bassins. Autrement dit, je pourrais parler d’une ville divisée en deux grandes collines et où ses quartiers sont disposés sur elles et bâtis sur les pentes des collines. Il y a surtout deux quartiers très importants et chacun est situé sur une colline différente, je suis en train de parler du quartier de l’Albayzín et du quartier de la Ciudad Vieja.

À la gare de Grenade, en attente de l’arrivée de l’autobus destination : Centre-ville. Fin de matinée, Été 2008…

En ce mois de juillet, la chaleur était vraiment insupportable. Il faisait aux alentours de 35 voir 40 degrés au soleil, un peu plus élevé

qu’en Alsace bien évidemment, où les températures en plaine montaient fréquemment à 30 ou 35 °C. À l’aise dans mes vêtements et bien disposé à transpirer le moins possible, je m’étais donc vêtu d’un pantacourt blanc et d’une chemise noire transparente à moitié ouverte. Mon style vestimentaire variait selon ce que j’envisageais de faire, que ce soit en sport, en randonnée ou en ville, je portais pour la plupart du temps des vêtements décontractés dans lesquels je me sentais particulièrement à l’aise comme des débardeurs et des shorts quand j’exerçais une activité sportive. Pour la toute première fois de ma vie, je pris l’avion seul, sans aucun membre de ma famille à mes côtés pour m’orienter. Quelle agréable sensation de bien-être de pouvoir enfin me sentir indépendant et autonome, ressentais-je une fois parvenu à

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la dernière étape de mon voyage. Moi qui doutais tant sur mes capacités à y parvenir, je me sentis dès à présent en pleine confiance, complètement revigoré et prêt à voler de mes propres ailes. Cette dernière étape consistait donc à prendre l’autobus de la gare de Grenade jusqu’au centre-ville pour ensuite rechercher la résidence.

Quand l’autobus vint, je montai à l’intérieur en compagnie d’une bonne dizaine de touristes en tirant ma valise verte d’environ vingt kilos vers l’avant de l’appareil puis en allant demander au chauffeur de bien vouloir me signaler l’arrêt où je devais descendre.

Alejandro (avec beaucoup d’allégresse dans ma voix) – Bonjour Monsieur ! Pouvez-vous me prévenir quand nous arriverons à la rue « San Juan de Dios » s’il vous plaît ?

Le chauffeur de bus, un homme d’une quarantaine d’années aux cheveux noirs plaqués en arrière et à la barbe fine me répondit d’une voix perçante.

Le chauffeur de bus (en se mettant à conduire) – Oui Monsieur ! Vous y serez lors du quatrième arrêt. Soyez tranquille, je vous dirais quand il faut descendre.

Alejandro (en n’allant m’asseoir un cran derrière le chauffeur, à sa droite et à côté de la vitre pour mieux contempler la ville que je n’avais plus revue depuis l’âge de 17 ans) – Je vous remercie.

Pressé d’arriver à la résidence et enthousiasmé de bientôt pouvoir revoir ma famille Espagnol d’Atarfe, un des villages de Grenade où bon nombre de Gitans y vivent, j’étais dans un état calme et serein avant d’aborder la suite du programme. Dans les sièges d’à côté et de derrière moi, je distinguais des gens de tout âge et de nationalité différente, dont principalement de jeunes commerçants noirs Africains venus pour la majorité d’entre eux vendre un nombre limité de produits de tout genre. Tout en contemplant cette magnifique ville submergée d’hôtels, de bâtiments administratifs, de bars karaoké, de salles de jeu et de restaurants, ou encore des monuments historiques n’étant pas encore à portée de vue telle que l’Alhambra, la chapelle Royal, le Parc des sciences et le monastère San Jeronimo, je me laissais envahir par la nostalgie de vacances d’été trépidant et exaltant vécue avec mes proches durant mon enfance au cœur de cette ville située au pied de la Sierra Nevada, une chaîne de montagnes

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enneigée et très touristique. C’était les meilleurs moments de ma vie de toute évidence. Ces bons moments, je désirais les prolonger, mais cette fois pas que le temps d’un été, mais pour l’éternité. Fonder une famille ici était mon rêve, et ça le sera tant que mon cœur n’aura cessé de battre. Alors que l’autobus n’allait pas tarder à effectuer son troisième et avant-dernier arrêt avant le mien, plusieurs centaines de jeunes chômeurs sortaient dans les rues pour manifester leurs ras-le-bol contre le capitalisme et la politique économique du pouvoir. Tout au long de leurs trajets, les protestataires arboraient sur la voie publique une banderole géante sur laquelle on pouvait lire « Queremos solamente trabajar, no ser estafado ! » « Nous voulons seulement travailler, ne pas être escroqués ! » ou encore d’autres revendications contre le taux élevé de chômage tel que « Basta ya los contratos de bazuras para los jovenes !

« Assez des contrats de poubelles pour les jeunes ! » Les jeunes chômeurs protestataires exigeaient entre autres du travail et des logements. Ils étaient tous en rébellion, très bruyants et prêts à tout pour se faire entendre. Avec la circulation et cette manifestation contre la crise, la route était tout naturellement bloquée pendant une bonne vingtaine de minutes, le temps nécessaire pour moi de me rendre compte de l’ampleur de ma tâche et le chemin sans fin à parcourir jusqu’à l’obtention d’un travail. En me tenant le menton et puis en me rongeant les ongles par signes de nervosité tout en regardant défiler les jeunes protestants, je ne pouvais m’empêcher de penser aux avertissements de ma famille de France et d’Espagne à propos de mon objectif périlleux.

« Trois semaines avant de quitter la France » Andres, mon frère aîné (en venant me voir dans ma chambre, où j’étais

couché sur mon lit en réfléchissant à la décision que j’allais prendre) – Si tu pars, tu vas le regretter à coup sûr. Pense à tout ce que tu pourrais faire avec tout cet argent que tu as mis de côté pendant quatre ans. Au lieu de garder toutes ses économies pour ton avenir, tu vas le jeter par la fenêtre en allant au-devant de sérieux ennuis.

Carmen, ma tante d’Espagne (au téléphone) – Nous t’aimons tous Alejandro, et si tu décidais de venir nous rejoindre, sache que nous t’accueillerons à bras ouverts, mais avec cette crise économique que

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traverse l’Espagne en ce moment même, tes chances de trouver un travail ici s’avèrent être impossible, surtout en Andalousie !

David, mon cousin de France (à la fin de notre match de tennis, tentant lui aussi de me convaincre de rester, d’une voix stridente) – Ce que tu comptes faire est très courageux mais pas très intelligent. Une fois là-bas, tu n’auras plus de revenues, tu risques de te ruiner Alejandro ! Alors qu’ici, tu pourrais passer ton permis de conduire, t’acheter une voiture et voyager à de nombreuses reprises sans te soucier de tes finances. Et puis si tu pars, qui sera là pour te mettre une débâcle au tennis hein ? (d’un rire nerveux)

Carla, ma sœur aînée (En essayant de me résonner, en vain…) – La liberté c’est bon à prendre, à condition que tu saches où tu mets les pieds. Tu as mal choisi ton moment pour t’en aller, c’est tout ce que j’ai à te dire ! L’Espagne vit ses heures les plus sombres et toi, tu rentres dans le champ de bataille sans aucune arme pour te défendre et sans te soucier de ce qui pourrait t’arriver si ça tourne mal ! Regarde-moi dans les yeux Alejandro, et dis-moi si c’est vraiment ce que tu veux ?

Les membres de ma famille avaient beau m’avertir du danger et me donner de bons conseils, que ma décision était déjà inébranlable. J’étais têtu mais optimiste, convaincu que mes efforts finiraient par payer un jour ou l’autre.

En plein centre-ville de Grenade, au Sud-Est de l’Espagne. « Communauté Autonome de l’Andalousie »

Le centre urbain de Grenade, qui est un point équidistant du désir de chacun ayant une vocation de promenade printanière et de parcours serein aux rues et des places, se trouve être le soulagement au réseau serré de ruelles de la vieille ville. En descendant de l’autobus à l’arrêt indiqué par le chauffeur et après avoir véritablement compris dans quoi je m’étais embarqué, il ne me resta plus qu’à repérer la ruelle où se situait la résidence Don Quijote en passant par le centre-ville de Grenade. Tout t-en tirant ma valise et tout t-en jetant un œil sur mon itinéraire qui me servait de guide en faisant attention à ne pas bousculer les passants à cette heure de pointe de la journée où la majorité des gens rentraient de leur travail, des souvenirs d’enfance me revenaient sans cesse à l’esprit. Bon nombre de touristes s’aventuraient toujours et encore dans les bars à tapas.

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Le son des guitares électriques qui résonnaient à tout coin de rue et l’ambiance flamenca animée par les groupes de Gitans du matin au soir durant tout l’été était selon moi, l’âme de cette ville. L’animation était comme d’habitude au rendez-vous, les gens semblaient heureux, dynamiques et sereins, assis dehors sur les terrasses des restaurants et des stands de « Churrerias » là où l’on pouvait déguster les churros accompagnés d’un chocolat chaud épais. Les « churros » sont des pâtisseries typiquement espagnoles. Ils se présentent sous la forme d’une pâte frite et sucrée en forme de « gros spaghetti » ou d’un beignet allongé. Cette pâtisserie était pour moi le meilleur déjeuner dont n’importe qui pouvait rêver, celle dont j’avais toujours raffolé. Il était donc normal que j’aille en déguster quelques-uns histoire de démarrer la journée le ventre plein et avec les idées claires. Après avoir avalé six churros en l’espace d’un quart d’heure, je repris ma route pour parvenir cette fois vers une des plus anciennes rues de Grenade « La rue San Juan de Dios » où je pouvais distinguer une boulangerie, un supermarché, une boutique de mobiles, des bars à tapas, deux cybers internet avec cabines téléphoniques, des magasins de vêtements, un hôpital, une église, et pour finir, une agence pôle emploie. En bref… Nous ne manquions de rien. À quelques mètres de la boulangerie se situait la fameuse résidence Don Quijote, le lieu qui allait changer ma vie, aussi bien positivement que négativement. En longeant cette petite ruelle calme et déserte et où quelques appartements y figuraient, la tension montait, j’étais euphorique et impatient de découvrir ma nouvelle demeure. Mon cœur, quant à lui, battait à toute vitesse car je voulais absolument faire bonne impression dès mon tout premier contact avec les étudiants étrangers.

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2 La résidence

À mon arrivée à la résidence Don Quijote « 1er Jour, dans la matinée »

Alejandro (en tirant ma valise jusqu’au milieu du Hall et en m’adressant à l’hôtesse, une gitane quelque peu enrobée et très chaleureuse aux cheveux noirs, longs et frisés)

– Hola ! – Hola ! Muy buenos dias. (me répondit Lydia, l’hôtesse, avec plein

d’engouement) Alejandro (en espagnol, d’une voix active) J’ai réservé une chambre simple au nom d’Alejandro Arquero pour une durée de huit mois.

Lydia (en allant directement me saluer pour me souhaiter la bienvenue) – J’ai été prévenue de ton arrivée Alejandro, sois le bienvenu à la résidence Don Quijote. Je m’appelle Lydia. As-tu fait un bon voyage ?

Voilà où commença ma folle aventure… Ici, au milieu de ce hall destiné à accueillir les jeunes étrangers venus des 4 coins du monde, qui passaient la moitié de leurs vacances dans ce charmant établissement tout en étudiant l’Espagnol à l’école « Don Quijote », situé à seulement un quart d’heure de la résidence. Après quelques minutes de causerie avec la chaleureuse et très accueillante Lydia, celle-ci se dut de me faire visiter les différentes pièces de la demeure qui comptait en tous trois étages plus une terrasse où les étudiants pouvaient séjourner. À la base, les résidents y montaient pour accrocher leurs linges où pour se servir de la machine à laver, mais certains d’entre eux ne se privaient pas pour faire bronzette au soleil en étant couché sur leurs draps de plage, il s’agissait la plupart du

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temps de jeunes filles. Dès ma première apparition, les quelques jeunes étrangers qui passaient leur temps sur la terrasse y allaient dans le seul but de décompresser et de bouquiner leurs livres d’Espagnol tout en faisant leurs devoirs. Cette richesse et cette diversité de rencontres entre jeunes étrangers me réjouissaient déjà. Cette ambiance internationale avait un double avantage : je pouvais apprendre beaucoup sur la culture de chaque étudiant venue des 4 coins du globe. Par la suite, Lydia me conduisait vers la salle de détente située au rez-de-chaussée. Encerclé par une dizaine de sofas rouges et d’une table de jeu, cette pièce était munie de quelques ordinateurs et d’une chaine-hifi. À gauche de cette salle, je pouvais distinguer le salon fumoir où la plupart des résidents se réunissaient pour des soirées animées et extravagantes, mélangeant alcool et jeux. À cette heure-là de la journée, personne n’y mettait les pieds, si ce n’était pour regarder la télévision. Je suivis ensuite Lydia vers la salle à manger ainsi que dans la cuisine. Tout d’abord, elle m’expliqua avec beaucoup d’humour le fonctionnement et la réglementation mise en place par le directeur de la résidence au sujet des tâches qui nous attendaient. Quelle que soit la pension que nous avions choisie avant notre arrivée, ils nous étaient obligatoires de faire notre vaisselle et de respecter l’approvisionnement alimentaire de chacun d’entre nous. Pour cela, un étage de frigo avec un numéro affiché était disponible pour chaque étranger désirant conserver leurs repas et boissons aux frais. Les repas internationaux facilitaient les rencontres entre étudiants et les progrès en Espagnol. Pendant que certains préparaient leurs petits-déjeuners à une heure tardive de la matinée, d’autres étudiaient dans la salle à manger avant leur départ au Centre-Linguistique. Il y avait des groupes d’étudiants à chaque table qui s’efforçaient de communiquer en Espagnol et qui planifiaient les différentes activités qui allaient avoir lieu après les cours ou pour le week-end, mais l’Anglais revenait souvent à l’emporter dans leurs dialogues. Quant à moi, il me resta plus qu’à visiter ma chambre située au 1er étage, l’ascenseur mis à notre disposition ne m’était d’aucune utilité vues le nombre de marches que j’avais à monter. Après récupération de ma valise, Lydia m’ouvrit la porte numéro 26 et me laissa une paire de clés. À première vue, cette chambre était faite pour moi. Le papier peint des murs était de couleur orange. Ma chambre était petite, mais j’avais tout ce qu’il me faut pour être