116
Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant dans le cadre de sa scolarité à Sciences Po Grenoble. L’établissement ne pourra être tenu pour responsable des propos contenus dans ce travail. Afin de respecter la législation sur le droit d’auteur, ce mémoire est diffusé sur Internet en version protégée sans les annexes. La version intégrale est uniquement disponible en intranet. SCIENCES PO GRENOBLE 1030 avenue Centrale – 38040 GRENOBLE http://www.sciencespo-grenoble.fr

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Sciences Po Grenoble. L’établissement ne pourra être tenu pour responsable des propos

contenus dans ce travail.

Afin de respecter la législation sur le droit d’auteur, ce mémoire est diffusé sur Internet en

version protégée sans les annexes. La version intégrale est uniquement disponible en intranet.

SCIENCES PO GRENOBLE 1030 avenue Centrale – 38040 GRENOBLE

http://www.sciencespo-grenoble.fr

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UNIVERSITE DE GRENOBLE

Institut d’Etudes Politiques

Fanny CARITO

LIEN SOCIAL ET VIEILLESSE :

LE CAS DE LA RETRAITE SPORTIVE

Année 2014-2015

Séminaire : « Formes et enjeux du lien social »

Sous la direction de Dominique MANSANTI

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UNIVERSITE DE GRENOBLE

Institut d’Etudes Politiques

Fanny CARITO

LIEN SOCIAL ET VIEILLESSE :

LE CAS DE LA RETRAITE SPORTIVE

Année 2014-2015

Séminaire : « Formes et enjeux du lien social »

Sous la direction de Dominique MANSANTI

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Remerciements

Je tiens à remercier en premier lieu Mme.MANSANTI, ma directrice de

mémoire, pour sa bienveillance mais également pour avoir su me guider et se

rendre disponible tout au long de ce travail.

Je souhaite également témoigner de toute ma reconnaissance auprès de la

directrice générale de la FFRS à Sassenage pour avoir répondu à mes questions

et m’avoir mis en relation avec les clubs dans lesquels l’enquête de terrain a été

effectuée. Mais aussi, un grand merci aux membres de la FFRS que j’ai

rencontré, la chargée de communication, le président du club de Sassenage.

Merci à la présidente du club de St Nazaire les Eymes pour nous avoir reçu chez

elle avec le médecin fédéral et la présidente à la commission féminine.

Je remercie également tous les adhérents FFRS que j’ai rencontrés et qui

ont bien souhaité répondre à mes questions pendant leur séance de sport.

Enfin, je tiens à remercier mes parents pour tout leur soutien, notamment

ma mère pour le temps pris à la relecture de mon mémoire. Et bien sûr les

derniers remerciements vont aux copines, Margot, Rebbec et Capu avec qui

j’espère valider cette licence bien méritée.

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5

SOMMAIRE

INTRODUCTION .................................................................................................................... 6

PREMIERE PARTIE : UNE RETRAITE SPORTIVE ET ACTIVE, L’EMERGENCE

D’UN NOUVEAU MODELE ? ............................................................................................. 12

CHAPITRE 1 : LES MUTATIONS DU VIEILLISSEMENT IMPOSENT DE

NOUVEAUX DEFIS A LA SOCIETE ................................................................................ 14

CHAPITRE 2 : L’ADAPTATION DES POLITIQUES PUBLIQUES ET LA

PROMOTION DU SPORT A LA RETRAITE .................................................................... 27

DEUXIEME PARTIE : LES ACTEURS DE LA RETRAITE SPORTIVE ET ACTIVE

.................................................................................................................................................. 39

CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA FEDERATION FRANCAISE DE LA

RETRAITE SPORTIVE ....................................................................................................... 41

CHAPITRE 2 : LE CONCEPT ‘’RETRAITE SPORTIVE, RETRAITE ACTIVE’’ VIA

LES CLUBS AFFILIES A LA FFRS ................................................................................... 53

TROISIEME PARTIE : QUID DES MOTIVATIONS DES RETRAITES A LA

PRATIQUE DU SPORT AU SEIN DES CLUBS FFRS ? ................................................. 73

CHAPITRE 1 : LES MOTIVATIONS DES SENIORS A S’ENGAGER DANS UNE

RETRAITE ‘’SPORTIVE ET ACTIVE’’ ............................................................................ 75

CHAPITRE 2 : LE CHOIX DE S’ENGAGER DANS UNE RETRAITE AXEE SUR LE

LIEN SOCIAL ...................................................................................................................... 91

CONCLUSION GENERALE ............................................................................................... 99

BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................... 106

TABLES DES ANNEXES ................................................................................................... 111

TABLE DES SIGLES .......................................................................................................... 127

TABLE DES MATIERES ................................................................................................... 128

Page 7: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

6

Introduction

Pour le peintre Matisse, ‘’on ne peut s’empêcher de vieillir, mais on peut s’empêcher de

devenir vieux’’1 . Le vieillissement est inéluctable pour chacun d’entre nous, mais vieillir ne

veut pas pour autant dire être et se sentir vieux. L’adjectif ‘’vieux’’ renvoie à des connotations

négatives. Il est souvent associé aux images du corps qui faiblit, des cheveux blancs, des

esprits qui fatiguent, à l’idée de la perte inexorable des capacités. Mais alors comment

‘’s’empêcher de devenir vieux’’ ? Certainement qu’avec l’avancée en âge, continuer la

peinture pour Matisse lui a permis de se sentir encore capable de créer des œuvres en étant

toujours inspiré par la vie. Quand est-il pour les autres seniors ?

La question du vieillissement est devenue un thème majeur des politiques publiques face à

l’enjeu que représente le vieillissement démographique pour notre société. Les répercussions

sur les projections démographiques sont indéniables. D’après le sociologue Serge GUERIN2,

la part des plus de 60 ans passera de 10% de la population mondiale en 2010, à 21% en 2040.

Les seniors sont en phase de devenir un groupe social numériquement important. La vieillesse

est souvent considérée comme la phase d’entrée dans la période de la retraite. Un moment

caractérisé par l’abandon de ses fonctions professionnelles, celui du retrait de la vie active.

Pendant longtemps les représentations liées à la retraite étaient négatives car associées à une

certaine image de la vieillesse. Elle était vue comme une période de repos, d’inaction et

d’absence d’efforts. Stephen King disait de la retraite, qu’elle ‘’était un baiser de vampire qui

entraînait ceux qui y survivaient dans le monde des morts vivants’’3. Pour lui, la retraite était

un moment de la vie caractérisé par la peur, où les individus étaient dans l’attente de la mort.

Or, des évolutions sont venues contrebalancer ces représentations dominantes du retraité

inactif et passif dans l’attente de ses derniers jours. L’allongement de la durée de vie et le

perfectionnement des soins ont conduit les retraités à pouvoir encore profiter du tiers de leur

existence à la retraite. Le temps du retraité passif dans son fauteuil a bien évolué. Nous

1 SPIRE Antoine, SAUVAGE Jean-Claude, Retraite active, retraite sportive, éditions Bord de l’eau, 2005, p27 2 GUERIN Serge, La nouvelle société des seniors, Michalon, 2011

3 http://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/King/174484

Page 8: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

7

n’avons jamais été aussi mieux soigné qu’aujourd’hui4. La médecine s’est perfectionnée et

permet de nous maintenir en bonne santé plus longtemps. De nos jours, les retraités arrivent

majoritairement en bonne santé à la retraite. Etant donné que la santé est devenue un

phénomène davantage individuel, chaque individu développe des comportements et des

pratiques qui lui sont propres afin de se maintenir en bonne santé. Comme la plupart d’entre

nous, les seniors essayent de devenir les ‘’auteurs’’ de leur bien-être, d’autant plus au moment

de la retraite afin de préserver le plus longtemps possible leur capital santé. Comment cela se

traduit-il dans leurs comportements ?

Actuellement les seniors font face à une nouvelle situation, celle de réorganiser leur

vie après la cessation de leur activité professionnelle. La retraite est un cap à franchir, parfois

difficile car elle est annonciatrice de l’entrée dans la vieillesse. Les seniors ont besoin de

rester actifs à la retraite pour se sentir en bonne santé. De ce fait, la retraite devient une

période durant laquelle les seniors vont chercher à maintenir des pratiques similaires à leur vie

active dans le but de reconstruire leur identité mise en question par l’arrêt de leur vie

professionnelle. Les retraités vont aspirer à occuper leur temps libre afin de ne pas rester

inactifs tout en recherchant de nouvelles relations sociales. C’est justement la question de

l’affaiblissement des liens sociaux à l’entrée dans la retraite qui m’intéressait. Comment les

retraités font-ils pour renouer ces liens sociaux là où l’activité professionnelle les rendait

naturels ? La question du lien social à la retraite est déterminante et s’illustrerait au travers du

besoin recherché par les seniors de maintenir des relations sociales, garantes de leur bonne

santé.

Les premières recherches sur ce sujet m’ont permises de constater qu’une réelle prise

en charge de la question du vieillissement a été effectuée par les pouvoirs publics. L’évolution

des représentations liées à la retraite a conduit à une orientation particulière des politiques

publiques relatives à la santé et au vieillissement des seniors. Si de nos jours nous prenons de

plus en plus soin de nous, notamment en pratiquant davantage de sport et en faisant attention à

notre alimentation, cela est en lien avec l’orientation des politiques publiques relatives à la

santé et plus directement celles concernant le vieillissement. Ces politiques sont venues

informer les individus quant aux solutions leur permettant de se maintenir en bonne santé au

4 Philosophie magazine, n°90, La santé c’est dans la tête, juin 2015

Page 9: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

8

travers de la pratique régulière d’une activité sportive combinée à une alimentation équilibrée.

Cette orientation est initiée avec le rapport Laroque dans les années 1962, qui pose les bases

de la politique vieillesse en faveur des personnes âgées. Son message : ‘’Restez jeunes !’’.

L’enjeu vise à combattre le vieillissement via la promotion de la pratique d’une activité

physique régulière. Il sera suivi par le plan national ‘’Bien vieillir’’ des années 2007 à 2009

qui vise essentiellement la population des personnes de 60 à 80 ans. Ce plan développe le

concept de « vieillissement réussi», défini par l'OMS en 2002 comme « le processus

d'optimisation des possibilités de santé, de participation et de sécurité dans le but d'améliorer

la qualité de vie des personnes âgées tout au long de leur vie »5. Il a pour objectif général de

lutter contre la solitude en renforçant le rôle social « des seniors » tout en les incitant à

pratiquer une activité sportive de façon régulière.

Alors pourquoi ne pas s’engager dans le sport à la retraite ? Le sport permet de garder

une bonne santé physique mais aussi morale, d’autant plus que la pratique sportive en groupe

est connue pour favoriser le lien social. D’ailleurs sport et senior ne sont pas en opposition. Le

1er juin dernier, une américaine de 92 ans bouclait le marathon de San Diego après 7h26min et

36 secondes de course6. Un exploit, et pourtant, ils seraient nombreux à la retraite à pratiquer

du sport. Si la participation à ce marathon relevait d’un challenge pour cette retraitée, pour

beaucoup cette pratique se fait dans l’idée de plaisir sans chercher à effectuer des

performances. La question se posait de savoir ce qui amène les retraités à s’engager dans une

pratique sportive à la retraite. Quelles motivations les conduisent à se tourner vers le sport ?

Est-ce véritablement pour les bienfaits de la pratique sur leur santé ou bien davantage pour

garder du lien social ? Il me semblait d’ailleurs important de déterminer par la même occasion

si cette démarche était influencée par le discours sur le ‘’Bien vieillir’’.

Le thème du sport est d’autant plus intéressant qu’il permet de mettre en relation le

moment de la retraite vu comme le moment où les liens sociaux s’affaiblissent avec l’idée de

pratiquer du sport pour peut-être retrouver ces rapports. C’est pourquoi j’ai fait le choix de

centrer mon analyse sur les pratiques sportives effectuées via l’adhésion à un club sportif. Le

5 AQUINO Jean-Pierre, Le plan national ‘’Bien vieillir’’, La Documentation française, 2008

6http://sport24.lefigaro.fr/le-scan-sport/buzz/2015/06/01/27002-20150601ARTFIG00042-une-americain-

termine-un-marathon-8230-a-92-ans.php

Page 10: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

9

refus d’étudier les pratiques sportives solitaires des retraités est due au fait qu’il est plus

difficile d’analyser une balade à deux comme la forme d’un lien social. Tandis que l’étude au

travers de l’adhésion à un club permet de questionner cette démarche. Pourquoi ces retraités

font le choix de venir pratiquer au sein d’un club ? D’autant plus qu’il me semblait assez

étonnant que ces seniors puissent décider de s’engager dans un club dans le but de s’entrainer

pour une compétition, d’effectuer des performances les uns par rapport aux autres. Cette

option m’amenait à me demander si cette démarche n’était pas avant tout un moyen pour eux

de garder un lien social à la retraite.

Dans un premier temps, j’ai trouvé certaines réponses dans l’ouvrage d’Anne-Marie

GUILLEMARD7 sur La vieillesse et l’Etat, dans lequel elle explique qu’avec l’allongement

de la durée de vie, la période de la retraite représente pratiquement le tiers de notre existence.

La sociologue met en avant le fait que le profil des retraités a changé. Ils ont de meilleures

ressources mais également une meilleure santé. Anne-Marie GUILLEMARD montre que

l’activité physique peut être un moyen de les relier à une activité égale à celle des adultes

actifs, à une activité plus jeune. D’ailleurs dans cet ouvrage, la sociologue appelait à une

démocratisation plus poussée de la pratique sportive pour les retraités, en réponse à une

demande sociale croissante mais également pour ces effets bénéfiques. L’activité physique à

la retraite a de multiples conséquences en termes de santé, de bien-être mais également de vie

sociale. D’après la sociologue, le sport favorise le développement des capacités fonctionnelles

mais il est également facteur de socialisation. Il permet de rompre la solitude par une pratique

en groupe par exemple, et favorise la rencontre et l’échange entre les individus. D’ailleurs

pour les seniors, la pratique du sport permet de les valoriser et apporte la preuve qu’ils ont

encore toutes les capacités d’exercer des activités sportives.

A partir du constat des bienfaits de la pratique du sport à la retraite et de l’orientation

suivie par les pouvoirs publics, je me suis interrogée sur les structures pouvant proposer une

offre dirigée vers les retraités, notamment les clubs sportifs. C’est en séance de séminaire que

j’ai été informée par une élève de l’existence de la Fédération Française de la Retraite

Sportive. La FFRS8, est une fédération multisports exclusivement destinée aux seniors. Cette

7 GUILLEMARD Anne-Marie, La vieillesse et l’Etat, Paris, PUF, 1980

8 http://www.ffrs-retraite-sportive.org/

Page 11: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

10

fédération souhaite faire la promotion d’une nouvelle forme de retraite, ‘’la retraite sportive et

active’’. L’objectif étant de favoriser une activité physique et sportive spécialement adaptée

aux 50 ans et plus, par une pratique en toute convivialité. J’ai ainsi centré et orienté mon sujet

sur l’étude des adhérents de cette fédération tout en cherchant à savoir quelle pouvait être leur

motivation dans la pratique du sport à la retraite. L’interrogation principale était de déterminer

si pour les adhérents, l’idée de retraite sportive s’inscrit dans la volonté de maintenir avant

tout une bonne santé physique, tout en faisant l’hypothèse que cela émanait davantage d’une

volonté de créer ou de garder un lien social à la retraite.

Pour tenter de répondre à cette question et confronter la thèse de la sociologue Anne-

Marie GUILLEMARD, j’ai rencontré les dirigeants de la FFRS dont le siège national est à

Sassenage. Cette rencontre m’a ainsi permis de me confronter au discours institutionnel de la

FFRS, basé sur celui des politiques publiques relatives à la vieillesse. Un entretien qui a

aboutit sur la mise en relation avec deux des clubs affiliés à la fédération que sont le Club des

Baladeurs Sportifs de St Nazaire les Eymes9 et le Club d’Athlétisme de Sassenage10. Des

clubs au sein desquels j’ai pu rencontrer les présidents qui sont à la fois retraités et

pratiquants. Ce qui m’a amené à me confronter une fois de plus au discours promut par la

FFRS, où la mise en avant des bienfaits de la pratique sportive sur la santé des seniors prime

mais également d’avoir mes premiers éléments de réponse quant à leurs motivations à

s’engager dans le sport à la retraite. Des premières prises de contact qui ont aboutit à la

rencontre du public senior des deux clubs. Un public facile à rencontrer via la participation à

une séance de marche nordique avec le club de St Nazaire et une séance de gym senior avec

celui de Sassenage, au cours desquelles j’ai pu recueillir leurs témoignages.

Enfin, si la pratique sportive au sein de la FFRS se base sur la convivialité, il me

semblait intéressant de voir ce que pouvaient proposer d’autres clubs sportifs réputés axer la

pratique sur le mode de la compétition. C’est pourquoi j’ai fait le choix d’interroger le vice-

président du Club Alpin Français de Grenoble11. Un club ouvert à la pratique pour tous les

âges, pour lequel je souhaitais connaitre quelle conception du sport était partagée au sein du

9 http://baladeurs-sportifs.fr/

10 http://www.sassenage.fr/content/athletic-club-sassenageois 11 http://www.cafgrenoble.com/

Page 12: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

11

club, réputé pour proposer des activités plus techniques et à risques. Un club sportif que je

supposais fédérer ces adhérents autour de motivations différentes que celles défendues par les

adhérents FFRS.

Finalement, cette enquête m’a permis d’appréhender les motivations de ces seniors à

s’engager dans une ‘’retraite sportive et active’’. Tout en constatant que ce modèle

d’engagement ne correspond pas à une pratique faisant consensus chez les retraités mais

qu’au contraire, elle semblait rassembler davantage un certain profil de seniors parfaitement

bien ciblés par la méthode communicationnelle développée par la FFRS.

Pour déterminer si les motivations des seniors à s’engager dans la pratique sportive

repose davantage sur l’idée de conserver un lien social à la retraite, le travail se structure en

trois parties. Dans un premiers temps, il s’agira d’étudier la façon dont le modèle de la

‘’retraite sportive et active ‘’ a émergé via l’analyse des mutations du vieillissement sur notre

société et des réactions des politiques publiques. Dans un deuxième temps, il sera intéressant

de présenter les acteurs de cette forme de retraite, leurs conceptions et motivations. Pour

ensuite dans une dernière partie déterminer, au regard des témoignages recueillis, les

motivations de ces seniors tout en mettant en avant une retraite qui semblerait principalement

axée sur le lien social.

Page 13: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

12

PREMIERE PARTIE

UNE RETRAITE SPORTIVE ET ACTIVE,

L’EMERGENCE D’UN NOUVEAU

MODELE ?

Page 14: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

13

L’étude de la retraite apparait comme intéressante du fait des bouleversements créés

par l’allongement de l’espérance de vie. En effet, les projections pour 2050 prévoient un

vieillissement massif de la population mondiale où la catégorie des plus de 65 ans

représentera plus d’un milliard d’individus, soit environ 15,6% de la population mondiale12.

L’augmentation de la part des personnes âgées au sein de nos sociétés témoignent de

l’allongement de l’espérance de vie. Ce gain de longévité a été possible notamment grâce à

l’émergence de l’Etat Providence qui est venu assumer la question de la vieillesse.

L’évolution du vieillissement semblerait poser de nouveaux défis à notre société. Il est

directement lié à l’allongement de l’espérance de vie et conduit à réadapter la prise en charge

de la question de la vieillesse par les pouvoirs publics. Ce phénomène viendrait également

poser certaines difficultés, notamment celle de la catégorisation du groupe social que

constituent les retraités. Doit-on considérer l’ensemble des retraités comme des personnes

âgées, comme des seniors ? Ces changements impacteraient directement la période de la

retraite et mettraient également en avant la question de la perte du lien social à ce moment de

la vie. Un temps de la vie défini comme une période d’inactivité qui vient questionner les

pratiques des retraités face à la mise en question des liens que procurait leur vie

professionnelle. Ces changements viendraient donc redéfinir le moment de la retraite, dans ses

représentations et ses pratiques. Aujourd’hui, cette période de la vie n’est plus un moment

exceptionnel réservé à certains, mais bien une période intégrée au cycle de vie des individus.

Le gain de longévité pose des enjeux de natures sociétaux. Il s’agira dans ce sujet de

s’intéresser tout particulièrement aux défis politiques et sociaux que pose la retraite.

Politiques, par l’orientation progressive prise par les pouvoirs publics dans la promotion du

sport avec l’avancée en âge. Sociaux, via l’impact de ces politiques sur le comportement des

retraités et la prise en compte de leur capital santé. L’étude de l’ensemble de ces phénomènes

amènerait à se questionner quant à l’émergence d’un nouveau modèle de retraite, davantage

orientée vers l’activité sportive. Il semblerait donc intéressant de voir en quoi la signification

de cette période de la vie a évolué et la façon dont cela s’est traduite dans le comportement

des retraités.

Pour tenter de comprendre les causes de ces mutations, il convient de revenir sur les

conséquences de l’évolution de l’espérance de vie et sur les enjeux liés au vieillissement.

Mais également étudier la redéfinition de la période de la retraite en termes de perte de lien

social et de l’orientation des politiques publiques dans la promotion du sport pour les retraités.

12 http://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/graphiques-cartes/graphiques-interpretes/esperance-vie-france/

Page 15: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

14

CHAPITRE 1 : LES MUTATIONS DU VIEILLISSEMENT IMPOSENT DE

NOUVEAUX DEFIS A LA SOCIETE

Si en 1900, l’espérance de vie moyenne homme-femme en France était de 48 ans, un siècle

plus tard elle atteint les 79 ans13. Les projections pour 2050 sont optimistes et prévoient une

espérance de vie de 82 ans pour les femmes et 75 ans pour les hommes14. Cette évolution

amène à se demander comment cette progression a été réalisable et les conséquences qu’elle a

engendrées par rapport à la question du vieillissement et de la retraite. Notamment par les

bouleversements que cela provoqueraient en termes de lien social à la retraite et du rôle social

des retraités. La question se pose de déterminer quels sont ces nouveaux défis que le

vieillissement imposerait à la société.

1. L’allongement de l’espérance de vie, une réalité aux effets démographiques

L’allongement de l’espérance de vie est un phénomène avant tout dû à la progression du bien-

être dans notre société. Cette réalité, vient mettre en avant la question du vieillissement de la

population et ses conséquences sur la société.

1.1.Les raisons de cette longévité croissante

L’allongement de l’espérance de vie a été possible grâce aux progrès effectués dans de

nombreux domaines. Notamment dans le domaine sanitaire avec l’évolution de la médecine,

qui a conduit les politiques publiques à mener des campagnes pour préserver la santé des

individus. Des campagnes de prévention ont été lancées pour la lutte contre le tabac et l’alcool

par exemple. Elles viennent sensibiliser les personnes sur les effets néfastes à long terme de la

consommation d’alcool et de cigarettes sur leur santé. Ces campagnes viennent

responsabiliser les consommateurs par rapport à leur santé. Les progrès sociaux ont également

participé à cette évolution. C’est le cas notamment dans le monde du travail avec la mise en

place des congés payés, qui ont permis d’accorder des jours de repos rémunérés aux

travailleurs. Mais également en assurant un minimum de confort pour la majorité des

individus avec l’accès à l’eau courante et l’électricité notamment.

13 http://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/graphiques-cartes/graphiques-interpretes/esperance-vie-france 14 GUERIN Serge, La nouvelle société des seniors, Michalon, 2011

Page 16: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

15

Des facteurs individuels ont également contribué à ces changements, par l’évolution

des comportements notamment. Les campagnes de prévention ont permis de modeler les

comportements par la prise de conscience du danger du tabac et de l’alcool sur la santé15, ou

plus récemment par la mise en avant de l’importance d’une nutrition saine et équilibrée

couplée à une activité physique régulière avec le programme national nutrition santé

‘’Manger, Bouger’’16. Ces campagnes informent les individus sur la façon dont ils peuvent

mieux préserver leur santé, afin de mieux vieillir pour vivre plus longtemps.

L’allongement de l’espérance de vie résulte de l’évolution de la société et notamment de

l’amélioration du bien-être général. L’accroissement de la longévité se traduit par le

vieillissement de la population et impacterait directement les questions relatives à la

vieillesse.

1.2.Les conséquences du vieillissement de la population

La population française a tendance à vieillir du fait de l’allongement de l’espérance de

vie mais également en raison de l’avancée en âge des générations issues du baby boom17. Cela

représente un facteur déterminant dans l’évolution de la composition de notre société.

D’autant plus que l’INSEE prévoit pour 2060, qu’une personne sur trois sera âgée de plus de

60 ans alors que ce ratio était de un sur cinq en 200518. Un phénomène décrit comme le

changement social le plus important du XXIème siècle19 par le sociologue Serge GUERIN qui

d’ailleurs alerte les sociétés connaissant un allongement de l’espérance de vie de leur

population de réagir quant à ses effets.

Ces prévisions viennent mettre en avant la question de l’intégration des retraités au

sein de la société. L’Etat social avait pour mission d’organiser la place sociale de chaque

groupe social au sein de la société. Cependant, l’allongement de l’espérance de vie vient

remettre en question le rôle social des retraités. Si la retraite est définie comme la période de

l’inactivité, l’amélioration de la santé des individus montre que les retraités sont encore doués

de capacités et ne cherchent pas à se désengager de la société. Emergent alors les défis

15 http://www.inpes.sante.fr/10000/themes/tabac/campagnes.asp 16 http://www.mangerbouger.fr/ 17 http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=T13F032 18 http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=T10F036 19 GUERIN, 2011, op.cit

Page 17: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

16

contemporains de l’intégration des retraités à la société qui posent la question de leur rôle

social20 mais également celle du maintien de leurs liens sociaux à la retraite. L’enjeu serait de

voir quelles ont été les réactions face à ces changements.

L’allongement de l’espérance de vie a été possible grâce à la mise en place de la prévention

des risques de santé. Les progrès techniques et scientifiques ont également permis à la

médecine de progresser. L’augmentation numérique des individus de 60 ans et plus vient

redéfinir la composition sociale de la population française. Ce phénomène conduit à

s’interroger sur ses effets par rapport à la définition de la vieillesse et du vieillissement.

2. Vers une redéfinition du vieillissement ?

L’allongement de l’espérance de vie vient modifier la pyramide des âges par le constat d’une

population plus âgée et plus nombreuse21. Ces changements viennent impacter la période du

vieillissement et conduisent à certaines interrogations. Notamment par rapport à la prise en

charge de la question de la vieillesse par les pouvoirs publics ainsi qu’aux difficultés à définir

le groupe des retraités de façon homogène. Si aujourd’hui l’espérance de vie pour un homme

est de 78 ans, et 85 ans pour une femme22, cela amène à questionner les définitions de

‘’personne âgée’’ ou de ‘’senior’’.

2.1.Une évolution de la vieillesse via sa prise en charge par l’Etat

Tout d’abord il convient de partir de l’évolution historique de cette prise en charge. Au

cours du XXème siècle, la vieillesse s’est transformée pour devenir une étape de vie vécue par

la majorité des individus. Cela est rendu possible notamment grâce au système de sécurité

sociale mis en place par l’Etat Providence au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, qui a

permis de faire de la retraite une période garantie et assumée par l’Etat. La loi du 22 mai 1946

vient reconnaitre le droit à un troisième temps de la vie caractérisé par l’inactivité. Par cette

loi, l’Etat reconnait le droit au retrait de la vie professionnelle tout en garantissant une pension

20 GUCHER Catherine, L’action gérontologique municipale : une entreprise de définition de la vieillesse et de

ses pratiques, L’Harmattan, 1998

21 http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/donnees-detaillees/bilan-

demo/pyramide/pyramide.htm?lang=fr&champ=fe 22 http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=98&ref_id=CMPTEF02216

Page 18: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

17

à vie23 pour les anciens individus actifs. C’est de cette façon que la catégorie sociale des

retraités est née. Selon le sociologue Vincent CARADEC24, en 1950 un homme pouvait vivre

une douzaine d’années en prenant sa retraite à partir de 65 ans tandis qu’aujourd’hui cette

période a doublé, atteignant les vingt-deux ans pour un homme, vingt sept pour une femme25

ce qui représente une durée considérable, pratiquement la moitié d’une vie active passée. Ces

changements vont venir poser des problèmes en termes de définition du groupe social des

individus retraités. Faut-il les considérer comme des personnes âgées ? Des seniors ? Sont-

elles deux catégories à part entière ?

2.2.Aux difficultés à définir le public des personnes âgées

L’augmentation de la population âgée au sein de la société française a conduit à faire

des retraités une des catégories sociales cible des politiques publiques. Ces politiques

publiques sont venues structurer cet âge de la vie auquel correspond l’entrée dans la retraite et

ont conduit à construire socialement les retraités comme partie intégrante du vieillissement. A

partir de là, les difficultés dans la délimitation de ce groupe sont apparues car des

interrogations sont nées par rapport à l’assimilation entre retraité, senior et personne âgée. A

partir de quel(s) critère(s) peut-on déterminer qu’une personne appartient au groupe des

personnes âgées ? Souvent l’entrée dans la retraite marque ce passage et pourtant est-ce

légitime d’assimiler un retraité de 60 ans à une personne âgée ? Ces questionnements se

retrouvent dans la difficulté à trouver un consensus quand à la délimitation de chaque groupe

d’âge à la retraite. Pour Vincent CARADEC26, la vieillesse définie la catégorie statistique des

personnes âgées de 60 ans et plus. Tandis que l’INSEE27 l’a fait débuter à 65 ans. Là où la

SNCF par exemple, instaure la carte senior à partir de 60 ans. Il semblerait donc que l’âge de

la vieillesse, c'est-à-dire celle des personnes âgées, du groupe considéré comme senior,

s’établisse entre 60-65 ans et plus, l’équivalent de l’âge de l’entrée dans la retraite. Et pourtant

est-ce que les individus de 60 ans voire plus, se sentent âgés aujourd’hui?

23 GUCHER Catherine, GUILLALOT Elsa, MOLLIER Annie, MANSANTI Dominique, Retraite et

vieillissement : intervention publique et action sociale, Dunod, 2015, p15-20

24 CARADEC Vincent, Sociologie de la vieillesse et du vieillissement, Paris, Nathan, 2001 25http://www.insee.fr/fr/ppp/sommaire/PERSAG05.PDF 26 CARADEC, 2001, op.cit 27 http://www.insee.fr/fr/ppp/sommaire/PERSAG05.PDF

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18

Bien que ces bornes chronologiques permettent de définir le groupe des seniors de façon

homogène, cette délimitation masquerait la grande hétérogénéité qui pourtant caractérise le

groupe social des retraités.

2.3.Une recherche d’homogénéité qui masque une réelle complexité

En effet, les pratiques et les attitudes du groupe des retraités diffèrent selon l’évolution

des capacités de chacun avec l’avancée en âge. C’est pourquoi au sein de ce même groupe se

retrouve des individus indépendants et autonomes mais également des individus dont le

vieillissement vient remettre en cause leurs capacités. Plusieurs facteurs sont à considérer

pour comprendre l’hétérogénéité du groupe des retraités. Il faut notamment prendre en compte

les inégalités de santé qui jouent un rôle majeur dans la différenciation des trajectoires du

vieillissement mais également la carrière professionnelle passée et l’origine du milieu social,

qui viennent préserver différemment la santé des individus28. En cela, les retraités forment un

groupe d’âge très hétérogène dont les pratiquent évoluent à mesure de l’avancée en âge.

C’est notamment l’idée défendue par le sociologue Vincent CARADEC29, qui met en

avant la diversité de ce groupe social. Entre les jeunes retraités en couple, actifs, disponibles

et les personnes plus casanières, en perte de sociabilité, jusqu’aux individus totalement

dépendants, la vision simpliste du groupe des personnes âgées homogène n’est pas

appropriée. Bien que la question de l’homogénéité de la population retraitée soit matière à

débat, Fabrice BURLOT et Brice LEFEVRE30 rappellent que communément, le monde

économique choisit de faire la distinction entre d’une part les retraités catégorisés dans le

groupe des ‘ ‘troisièmes âges’’ actifs, de ceux du ‘’quatrième âge’’ qui regroupe les individus

retraités moins actifs caractérisés par la perte d’autonomie. Un découpage qui résulterait

d’une vision dichotomique assez simpliste de ce groupe social selon Vincent CARADE.

L’espérance de vie pose un certains nombre de défis. Elle est venue notamment questionner le

vieillissement dans sa prise en charge par les pouvoirs publics, dans sa délimitation et

également dans sa difficulté aujourd’hui à catégoriser l’ensemble du groupe social des

28 CARADEC, 2001, op.cit 29 CARADEC, 2001, op.cit 30 BURLOT Fabrice, LEFEVRE Brice, Sport et seniors : des pratiques spécifiques ?, La Documentation

française, 2009, n°58, pages 133 à 158

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retraités. Les changements provoqués par l’allongement de l’espérance de vie sembleraient

avoir eu des conséquences quant aux rapports des individus à la retraite, tant dans les

représentations que dans les pratiques, notamment de la relation entre retraite et lien social.

3. Une retraite en changement

Du fait des changements sociétaux, la retraite a également évolué et elle a dû s’adapter aux

évolutions de la société contemporaine. Ces mutations s’opèrent dans le domaine des

réformes liées à la retraite mais également dans celles des représentations et des pratiques.

L’évolution des réformes se ferait en lien avec celle des représentations liées à la retraite qui

conduisent à s’interroger quant à la manière dont s’est opéré l’avènement d’une retraite plus

épanouissante qu’à ses débuts.

3.1.Des réformes en constante évolution

Tout comme le groupe des retraités, la retraite a évolué. Celle-ci existait bien avant la mise en

place du système des retraites de 1945. Aujourd’hui encore, l’âge de départ à la retraite est

remis en question en raison du vieillissement de la population. Ce qui conduirait ce système

de protection à être en perpétuel redéfinition face aux changements sociétaux.

En effet, déjà sous l’Ancien régime les paysans cédaient leurs biens à leurs enfants via

des actes notariaux. En contrepartie, leurs enfants s’engageaient à prendre en charge leurs

parents. A cette époque, seuls les anciens soldats bénéficiaient des pensions de vieillesses

assurées par l’Etat. Il faudra attendre l’avènement de la société industrielle, au XIXème siècle,

pour que le mouvement des retraites modernes s’initie. La vieillesse devient un problème

social géré par l’Etat via l’élaboration de politiques publiques adaptées31.

Les premières aides publiques voient le jour avec la loi de 1905, d’assistance aux

vieillards. Une disposition qui vient permettre aux personnes âgées sans revenus de percevoir

une pension. Cette première loi sera complétée en 1910 avec la loi sur les retraites paysannes

et ouvrières puis en 1930 via la loi relative aux assurances sociales qui initie la garantie d’un

revenu minimum à la vieillesse. Il faudra attendre 1945 pour l’instauration d’un régime

31 CARADEC, 2001, op.cit

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20

général des retraites dans le cadre de la Sécurité Sociale qui inaugure le système de protection

sociale en faveur des personnes âgées basé sur la solidarité intergénérationnelle. Aujourd’hui

la retraite ne relève plus uniquement d’une forme de protection contre l’invalidité mais

s’obtient en récompense du temps de travail rendu à la société. C’est donc les pensions de

retraite qui font naitre une nouvelle catégorie sociale, celle des retraités32.

Dans les conjonctures économiques difficiles, les politiques publiques ont dû adapter

le système des retraites notamment lors de contexte de chômage de masse. Ce fut le cas durant

les années soixante-dix où l’Etat a mis en place les retraites anticipées dans un contexte de

lutte contre le chômage des jeunes. Dès les années 90 se sont posés les défis de l’évolution

démographique qui a repoussé l’âge de départ à la retraite. En 2010, une réforme est conduite

par le gouvernement de François Fillon qui repousse le départ à la retraite à 62 ans sauf

exceptions. La dernière réforme en date est celle de 2013, initiée par l’ancien Premier ministre

Jean-Marc Ayrault. En raison de la hausse de l’espérance de vie, les individus doivent

désormais travailler plus longtemps. De ce fait, l’âge légal de départ à la retraite passera de 41

ans et 6 mois à 43 ans en 2030. Etant donné que l’allongement de l’espérance de vie

progresse, d’ici 2017 cet âge de départ à la retraite risquerait d’être repoussé à nouveau de 65

voir jusqu’à 67 ans33.

Ces évolutions sembleraient impacter directement les représentations associées à cette période

de la vie.

3.2.A la modification des représentations

Si la retraite a suivi les évolutions imposées par le développement de notre société et par sa

prise en main par l’Etat, les représentations associées à ce moment de la vie sembleraient

également connaitre des évolutions.

32 CARADEC, 2001, ibid. p54 33 http://www.service-public.fr/actualites/002825.html

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21

3.2.1. D’une vision négative et pessimiste

Le XVIIIème siècle est marqué par la fin de la vision ‘’augustinienne’’ de la vieillesse

qui prônée le retrait au monde pour se consacrer à la méditation privée. Le concept

‘’cicéronien’’ devient alors dominant, il promeut le maintien de l’individu au sein de la

société par la préservation d’une activité. Avec l’avènement de la société industrielle le

pessimisme domine, notamment en raison de la misère des ouvriers âgés qui va constituer un

problème social pris en charge par l’Etat. C’est à cette époque que se développe une approche

médicale de la vieillesse qui va conduire l’Etat à s’interroger sur le phénomène du

vieillissement de la population34.

Pendant longtemps la vieillesse s’est caractérisée par des représentations négatives.

Cela est notamment dû à une vision ternaire du parcours de vie hérité de la société

industrielle, qui accorde une valeur sociale qu’à la période de production des individus tout en

dévaluant la période de la retraite vue comme le moment du retrait35. La vision dominante fait

de la retraite le point d’entrée dans la vieillesse. Ce moment est caractérisé par une mise en

question de l’identité des individus due à la fin du sentiment d’appartenance à un groupe

social qu’est celui de l’individu actif inséré dans la société. D’autant plus que le temps de la

vie professionnelle active demeure celui qui est socialement valorisé.

Au fil du temps, cette vision négative semblerait avoir laissé place à une retraite davantage

optimiste.

3.2.2. A l’avènement d’une retraite plus épanouissante

Si auparavant la retraite était vue comme une période de repos, d’inaction et d’absence

d’efforts, voir de l’attente de la mort, les phénomènes sociaux seraient venus contrebalancer

ces représentations dominantes du retraité inactif et passif36.

34 CARADEC, 2001, op.cit 35 HENRARD Jean-Claude, Les défis du vieillissement : la vieillesse n’est pas une maladie, La Découverte, 2002

36 GUILLEMARD Anne-Marie, La retraite, une mort sociale. Sociologie des conduites en situation de retraite,

Paris, Mouton, 1972

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22

En effet, l’allongement de la durée de vie a conduit à l’émergence de nouvelles

représentations des retraités. Aujourd’hui les seniors peuvent encore profiter du tiers de leur

vie à la retraite. Le temps du retraité passif dans son fauteuil, à attendre ces derniers jours a

bien changé. Désormais, les retraités souhaitent profiter de cette période de leur vie pour

réaliser de nouveaux projets et s’adonner à des loisirs actifs. La retraite devient un temps de la

vie à organiser. Du fait de la cessation de leur activité professionnelle, les retraités vont

s’attacher à réorganiser leur existence. Ils vont davantage chercher à occuper leur temps libre,

mais également reconstruire leur identité et trouver de nouveaux rapports sociaux car la

retraite resterait un cap à franchir, parfois difficile car annonciatrice de l’entrée dans la

vieillesse37.

Pourtant, malgré l’avènement d’une retraite plus dynamique et épanouissante, les

représentations contemporaines se polariseraient encore autour d’une vision dichotomique de

la vieillesse, entre d’une part la vieillesse en bonne santé et d’une autre part la vieillesse

invalide. Cette vision assez simpliste réduit la vieillesse aux retraités actifs ayant les capacités

de profiter de leur retraite face aux personnes dépendantes associées au ‘’quatrième âge’’38

alors que la réalité semblerait plus complexe du fait notamment de l’hétérogénéité du groupe

des seniors.

Ce changement dans les représentations viendrait mettre en avant le questionnement du lien

social à la retraite. Cela conduit à s’interroger sur les raisons amenant à considérer la retraite

comme le moment de la perte de liens sociaux, et voir la façon dont cela se traduit dans les

pratiques des retraités.

4. L’importance du lien social à la retraite.

L’évolution des représentations liées à la retraite viendrait placer le lien social au cœur de la

redéfinition de cette période de la vie. L’entrée dans la retraite provoque aujourd’hui de

nombreux changements auxquels doivent se préparer les retraités. Notamment la mise à profit

de leur temps libre afin de retrouver une fonction sociale affaiblie par l’arrêt de leur activité

professionnelle.

37 HENRARD, 2002, op.cit 38 HENRARD, 2002, ibid. p60

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23

4.1.La retraite vue comme la perte d’un rôle social passé

Désormais l’avancée en âge provoquerait une remise en question de l’individu retraité.

L’entrée dans la retraite instaurerait un triple changement dans la vie des individus, à savoir la

redéfinition de soi-même, la transformation de son environnement relationnel ainsi que la

restructuration de sa vie quotidienne39. La retraite serait une nouvelle situation à laquelle se

préparer. Ce moment est souvent perçu comme une période de crise, qui marque pour

beaucoup l’entrée dans la vieillesse et celle de la perte de liens sociaux. Or, comme le rappelle

le sociologue Serge PAUGAM l’être humain est lié aux autres et a un besoin de

reconnaissance qui vient définir son identité et son existence40. Il montre notamment que le

phénomène qu’il nomme ‘’dégradation statutaire’’, qu’il définit comme étant la perte du rôle

social des individus, les rend vulnérables d’autant plus que la société leur renvoie une image

négative. Pour le sociologue, avoir un rôle social c’est être intégré à la société. Or, la retraite

n’est pas caractérisée comme le moment de la vie où les individus sont partie prenante de la

société, au contraire c’est la période où l’ancien individu actif se retire de cette vie

professionnelle passée. Ce constat, questionne la façon dont les retraités vont chercher à

retrouver un statut social mis en question par la fin de la carrière professionnelle.

4.2.A la recherche d’un nouveau statut social

La recherche d’un rôle social par les individus retraités est un argument défendu par le

sociologue Serge GUERIN qui constate la fin d’une vision de la retraite comme le moment du

retrait social. Au contraire, le sociologue met en avant une retraite perçue comme un moment

riche en opportunités, une période où tout est réalisable. La retraite est désormais vue comme

un moment social unique via la triple opportunité qui s’offre aux retraités à travers l’assurance

d’un revenu, d’un temps libre illimité et d’une bonne santé. Le sociologue fait état d’un

changement de statut social de celui de ‘’vieux salarié’’ en fin de carrière à celui de ‘’jeune

retraité’’41. Une argumentation qu’il prouve en se référant à l’étude réalisée par l’INSEE dans

‘’France, portrait social’’ qui montrait que les individus de 60-70 ans en France, déclaraient

avoir un sentiment de bien-être plus élevé par rapport aux autres classe d’âge. Le sociologue

fait remarquer également le besoin de trouver de nouveaux repères pour les retraités car leurs

relations sociales sont à reconstruire à cause de l’arrêt de leur vie professionnelle. Il propose

39 PAUGAM Serge, Le lien social, Que-sais-je, PUF, 2008 40 PAUGAM, 2008, op.cit. 41 GUERIN, 2011, op.cit

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24

d’ailleurs le modèle de la retraite citoyenne dans laquelle le retraité devient un sujet actif qui

va chercher à s’inscrire dans des formes d’action sociale favorisant le lien social, comme les

associations notamment. De ce fait, avec l’arrêt de l’activité professionnelle, le retraité va

travailler à sa reconstruction identitaire. Il dispose d’un temps libre qui sera mis à profit par la

pratique d’activités diverses42.

Il serait donc intéressant de voir comment ces nouvelles représentations se traduisent dans les

pratiques des retraités. Notamment, de savoir dans quels types d’activités les retraités

s’engagent et comment font-ils pour ne pas rester dans l’isolement ? Comment parviennent-ils

à renouer des liens sociaux là où l’activité professionnelle rendait ces liens naturels par

l’occupation d’une fonction ?

4.3.Un changement dans les pratiques des retraités

L’évolution des représentations associées à la retraite conduisent à se questionner quant à

leurs conséquences sur les pratiques des retraités. Notamment par la mise en question de la

perte de lien social à la retraite et des stratégies développées par les retraités afin de maintenir

ou de recréer ces liens mis en question avec l’entrée dans la retraite.

4.3.1. Une retraite davantage tournée vers la société.

Certains sociologues comme Anne-Marie GUILLEMARD43 proposent une typologie

des pratiques de la retraite. En 1972, la sociologue mettait en avant trois types de retraite dont

celui de la ‘’retraite retrait’’ où les activités se limitent à des actes d’entretien de la vie

quotidienne comme se nourrir, où la vie sociale des individus devient extrêmement limitée.

Elle proposait aussi le modèle de la ‘’retraite troisième âge’’ où le retraité va développer une

activité créatrice prenant la place de son ancienne activité professionnelle comme le jardinage.

Enfin, la ‘’retraite consommation’’, celle des loisirs et de la famille. Trente ans après la

publication de son ouvrage sur La retraite, une mort sociale, la sociologue revient sur son

42 CARADEC, 2001, op.cit 43 GUILLEMARD Anne-Marie, La retraite, une mort sociale. Sociologie des conduites en situation de retraite,

Paris, Mouton, 1972, p56

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25

analyse pour montrer en 2002 que le modèle de la ‘’retraite retrait’’ a nettement diminué44.

Elle voit l’émergence d’une nouvelle forme de retraite qu’elle nomme la retraite participation

‘’adhésion à la société’’ où le retraité maintien une vie sociale importante. La sociologue

rappelle que cette forme de retraite va dépendre de plusieurs variables corrélées que sont l’état

de santé, l’âge et la vie professionnelle passée. Mais alors par quel(s) moyen(s) l’individu

retraité parvient-il à maintenir une vie sociale ?

4.3.2. L’essor des pratiques sportives à la retraite

Dans La vieillesse et l’Etat, Anne-Marie GUILLEMARD45 constatait un décalage

dans les années 80 entre ces nouveaux retraités en quête d’une image sociale et les structures

troisième âge de l’époque. Elle montrait que le profil des retraités a changé. Cela est en lien

avec l’évolution de la composition sociologique de ce groupe social. Les retraités ont un

niveau d’étude plus élevé, une situation économique plus favorable, un état de santé meilleur,

une espérance de vie plus importante mais également de meilleures ressources. De ce fait, ils

sont plus actifs au travers notamment de la pratique d’activités de loisirs et par l’engagement

associatif. La sociologue défendait l’idée selon laquelle le passage à la retraite permet

également de réduire les écarts entre les sexes et les milieux sociaux notamment pour les

activités sportives. Anne-Marie GUILLEMARD cherchait à démontrer que les retraités

représentent un groupe d’âge capable de se mobiliser. Cette mobilisation se réalise à travers

l’adhésion à des clubs, dont la création a été initiée à la suite du Rapport Laroque. Ces clubs

offrent aux retraités des activités et représentent avant tout un lieu de sociabilité favorisant les

rencontres et les échanges. Le sport, pour la sociologue est notamment vu comme un moyen

permettant aux retraités de ‘’maintenir des prises sur le monde’’46, les aidant à trouver un sens

à leur existence.

L’ouvrage de Raymond MALESSET47 montre également en quoi la période de la

retraite n’est plus ce moment d’immobilisme caractérisé par l’inactivité et la crainte de

vieillir. Aujourd’hui les personnes âgées ont de nouvelles préoccupations, notamment celles

de ne plus avoir peur de vieillir et de rester dynamique. Cette nouvelle image de la retraite

44 GUILLEMARD Anne-Marie, De la retraite mort sociale à la retraite solidaire. La retraite, une mort sociale

(1972) revisitée 30 ans après, Gérontologie et société, n°102, 2002. 45 GUILLEMARD Anne-Marie, La vieillesse et l’Etat, Paris, PUF, 1980 46 GUILLEMARD, 1980, op.cit, p45 47 MALESSET Raymond, Retraite active, retraite sportive, collection Agora, 1987

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26

active va conduire à une orientation des politiques publiques et des acteurs publics autour de

la notion de ‘’retraite sportive’’, où le retraité est considéré comme un sujet actif qui peut et

doit faire du sport pour rester en bonne santé pour ces bienfaits à la fois physiques et

mentales.

A partir du constat de l’évolution des représentations et des pratiques liées à la retraite, il

semble pertinent de s’intéresser aux orientations prises par les politiques publiques dans ce

domaine. Notamment afin de voir comment les pouvoirs publics ont réagit face à l’évolution

des questions du vieillissement de la population. Mais également comprendre si la thématique

du lien social a été un facteur conduisant ces politiques à s’orienter vers la recommandation

de la pratique sportive. Il semble donc intéressant de voir comment la mise en avant de la

pratique sportive aurait émergé au sein de ces orientations pour ensuite analyser leurs effets.

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27

CHAPITRE 2 : L’ADAPTATION DES POLITIQUES PUBLIQUES ET LA

PROMOTION DU SPORT A LA RETRAITE

A mesure de l’allongement de l’espérance de vie, les politiques publiques auraient changé

vers une affirmation plus poussée de l’expertise médicale dans le domaine de la santé de la

population âgée. De ce fait, les pouvoirs publics ont développé des politiques spécifiques pour

les seniors notamment par la recherche de mécanismes permettant de lutter contre l’isolement

et la solitude à la retraite. L’idée du sport à la retraite aurait émergé du fait de l’affirmation de

l’expertise médicale. Dans cette partie il s’agira de voir l’orientation choisie par les pouvoirs

publics et les conséquences produites sur le public des retraités.

1. La réponse des politiques publiques face aux défis du vieillissement

Aujourd’hui l’allongement de l’espérance de vie conduit la société à faire face au défi majeur

que représente le vieillissement de la population48. Pour répondre à ce changement, les

politiques publiques auraient évolué vers l’élaboration d’une politique de l’âge visant

notamment à lutter contre l’isolement des individus retraités en travaillant sur le maintien du

lien social. Mais également en cherchant à responsabiliser davantage le comportement des

seniors vis-à-vis de leur santé au travers de l’affirmation de l’expertise médicale sur les

questions liées à la vieillesse.

1.1. Le rapport Laroque et l’émergence du ‘’troisième âge’’.

En effet, c’est sous De Gaulle que la politique de la vieillesse s’est véritablement

structurée en raison des difficultés croissantes rencontrées par le groupe des personnes âgées.

D’autant plus qu’à la même époque s’effectue une transition démographique provoquée par

l’allongement de l’espérance de vie et l’augmentation des personnes âgées au sein de la

société française49. Les années 1960-1975 marquent une étape dans l’intérêt porté par les

pouvoirs publics sur le mode de vie des personnes âgées. L’année 1962 s’effectue un

changement majeur dans les politiques publiques relatives à la vieillesse avec le rapport

48 GUERIN Serge, De l’Etat Providence, à l’Etat accompagnant, Michalon, 2010 49 GUCHER, GUILLALOT, MOLLIER, MANSANTI, 2015, op.cit

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28

Laroque50. Ce rapport a fixé les lignes d’une nouvelle orientation politique visant à insérer les

personnes âgées au sein de la société. L’orientation politique change alors de cadre, elle ne

s’inscrit plus uniquement dans une orientation économique mais davantage dans un ancrage

social. Avec l’avancée en âge, les retraités ne trouveraient plus de support d’insertion dans la

société. C’est pourquoi le rapport propose des points d’ancrages sociaux pour les retraités.

Alors qu’auparavant l’insertion sociale était garantie par la sphère privée, à la retraite c’est

l’Etat qui tente d’assurer désormais ce rôle. Ces changements viendraient remettre en question

l’identité des retraités du fait de la mise en question de leur identité sociale liée à leur

travail51.

A partir de là, le terme ‘’troisième âge’’ va voir le jour et vient redéfinir la retraite par

le constat d’une nouvelle pratique de cette période de la vie. Ce ‘’troisième âge’’ activiste

marquerait l’émergence de retraités bien intégrés dans la société notamment celle des loisirs et

de la consommation52. Le rapport Laroque vient poser les bases d’une politique globale

relative aux personnes âgées. Son message : ‘’Restez jeunes !’’. Pour combattre le

vieillissement, les rapporteurs mettent en avant l’importance du maintien d’une activité.

L’image du retraité actif du troisième âge s’opposera à celle du quatrième âge caractérisé par

l’immobilité et la dépendance. L’accent est porté sur l’intégration des seniors dans la société

notamment par l’organisation de leurs loisirs.

1.2.Le plan national ‘’Bien vieillir’’ et l’affirmation de l’expertise médicale

En 2003 est mis en place le plan national ‘’Bien vieillir’’53 réalisé par le Ministère de

la Santé et des Solidarités, le Ministère délégué aux Personnes âgées ainsi que le Ministère de

la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative de l’époque, visant à prévenir la dépendance

des personnes âgées. Ce plan de prévention en gérontologie visait principalement les retraités

âgés de 50 à 70 ans et avait pour but de prévenir ou de retarder l’arrivée des premiers signes

d’incapacité liés à l’avancée en âge. Alors que les sociétés occidentales ont tendance à

50 Laroque.P, Rapport de la commission d’études des problèmes de la vieillesse, Paris, la Documentation

Française, 1962

51 GUCHER Catherine, L’action gérontologique municipale : une entreprise de définition de la vieillesse et de

ses pratiques, L’Harmattan, 1998

52 GUILLEMARD, 2002, op.cit 53 AQUINO Jean-Pierre, Le plan national ‘’bien vieillir’’, la Documentation française, n°57, 2007, pages 152 à

157

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29

concevoir le vieillissement comme une phase de déclin conduisant à la dépendance, le

discours du ‘’Bien vieillir’’ propose une vision opposée. L’influence du regard médical sur ce

plan va venir inverser ce schéma en proposant un programme pour un ‘’vieillissement

réussi’’, notamment via des conseils pour prendre soin de soi, de sa santé afin de retarder

l’entrée dans la dépendance. Ce plan ministériel s’articule autour d’une politique du mode de

vie des personnes âgées54 qui vient préconiser au groupe des 60 ans et plus, une bonne

hygiène de vie via une alimentation équilibrée, la pratique d’une activité physique régulière,

mais également l’importance de participer à la vie sociale. Le programme s’inscrit dans la

lutte contre l’isolement et la solitude des personnes âgées via la promotion de l’autonomie et

de l’insertion des seniors dans la vie sociale.

Un programme qui est établi sur la base d’une expertise scientifique. Il est réalisé en

lien avec l’Organisation Mondiale de la Santé qui s’engage à améliorer la qualité de vie des

personnes âgées. Les objectifs principaux visent à lutter contre la solitude des seniors

notamment en renforçant leur rôle social mais aussi à prévenir les maladies dues à l’avancée

en âge. Ce plan se base notamment sur l’expertise réalisée par l’INSERM qui vient légitimer

les bienfaits de la pratique d’une activité physique sur la santé des seniors. L’institut assure

que la pratique de toute activité sportive même modérée a des effets positifs sur la santé des

retraités notamment en termes de maintien de la mobilité, de l’équilibre, du renforcement

musculaire, de la souplesse et de l’endurance.

Ces politiques vieillesses participeraient à l’évolution de la perception du vieillissement vers

la vision d’un vieillissement réussi. Malgré le bien fondé du plan national ‘’Bien vieillir’’, il

peut également être vu comme une demande de responsabilisation des individus face à leur

santé. Ils deviennent désormais responsables de leur bon ou mauvais vieillissement55. Cette

orientation vient questionner la pratique du sport à la retraite. Quels sont les effets du discours

du ‘’Bien vieillir’’, prônant l’importance de la pratique d’une activité physique régulière, sur

les comportements des retraités ? Pour mieux comprendre ce raisonnement, l’analyse du sport

en tant que pratique semble nécessaire.

54 GUCHER, GUILLALOT, MOLLIER, MANSANTI, 2015, op.cit

55 CARADEC, 2001, op.cit

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30

2. Le sport comme solution face au vieillissement?

Pour mieux comprendre les raisons encourageant les politiques publiques à faire la promotion

de la pratique d’une activité sportive à la retraite il semble intéressant d’étudier les

représentations que véhicule le sport. Pour ensuite voir les différentes fonctions du sport afin

de déterminer par la suite comment cela se répercuterait sur le comportement des retraités.

2.1. Le sport et les représentations qui lui sont associées

Les représentations associées au sport sont multiples, mais celle qui séduit le plus reste

l’idée de jeunesse56. Le corps est le premier à être marqué par le vieillissement. Nos sociétés

accordent aujourd’hui encore plus qu’hier une importance à l’image et l’apparence qui sont

deux moyens permettant de situer les individus dans leur âge. D’où l’importance que les

individus accordent à cette quête de jeunesse, au besoin de conserver le corps et l’esprit des

effets du temps. Faire du sport c’est rester jeune, c’est être capable encore de pratiquer une

activité sportive, c’est garder la forme. Ce culte de la jeunesse est entièrement lié à la

modernité qui vient glorifier le sport comme l’activité permettant de rester en forme. Les

médias sont d’ailleurs les premiers à mettre en avant cette image active des seniors

pratiquants du sport pour se maintenir en forme.

D’autant plus que la vieillesse est irréversible. Vieillir c’est changer, c’est faire face à

la détérioration inéluctable de son corps. Une détérioration physique et mentale via la

diminution des capacités causée par le vieillissement. Mais vieillir c’est aussi durer dans le

temps. Le mythe de l’éternelle jeunesse a toujours existé mais notre époque est plus que

jamais marquée par cette lutte contre l’usure du corps et de la pensée57. Le propre de l’être

humain s’inscrit dans cette espérance de pouvoir repousser les limites du temps au maximum.

Sport et senior ont pris aujourd’hui une importance toute particulière dans le domaine du

marketing notamment, la combinaison des deux associe la marque d’une retraite heureuse et

épanouie. Une retraite sportive et heureuse mis en avant par ces seniors en pleine forme

physique et actifs58.

56 HENRARD, 2002, op.cit 57 GUILLEMARD Anne-Marie, La retraite, mort sociale, Paris Mouton, 1972 58 HENRARD, 2002, ibid. p56

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C’est pourquoi, l’activité physique est conseillée dans le discours sur le ‘’Bien vieillir’’ car

elle serait vue comme une solution pour préserver les capacités que la vieillesse tant à réduire.

Mais quels sont les réels bienfaits de l’activité sportive sur les individus ?

2.2. Les fonctions du sport

Dès 40 ans les premiers effets de la vieillesse se répercutent sur le corps. Cela

s’exprime par une perte des capacités physiques et mentales qui commencent à s’altérer à

mesure de l’avancée en âge. La pratique d’une activité sportive a des effets psychologiques

notamment par la sensation de bien-être qu’elle procure. Cette pratique permet également de

se valoriser par la satisfaction de se sentir capable d’effectuer une activité physique. Le sport

permet aussi de lutter contre les pertes de mémoire car il apporte de l’oxygène au cerveau et

certaines disciplines favorisent le travail de ces capacités comme la course d’orientation par

exemple.59

Le sociologue Jacques DEFRANCE60 rappelle également qu’une des premières vertus

du sport tient en sa capacité à maintenir le corps en bonne santé. L’exercice physique a des

effets positifs sur le corps mais également psychologiques et moraux. Le sociologue montre

qu’aujourd’hui cette vision est assez dominante et qu’elle est légitimée par l’expertise

scientifique. C’est en effet, le corps médical qui est venu légitimer la pratique du sport comme

un élément fondamental pour l’hygiène de vie de chaque individu. Les scientifiques mettent

en avant les bienfaits du sport car il procure une sensation de bien-être en agissant sur le

physique et le mental des individus. D’ailleurs se sont les études anglo-saxonnes menées dans

les années 1950-1960 qui ont repris l’hypothèse selon laquelle les individus exerçant une

activité sportive régulièrement diminuaient les risques de maladies et vivaient plus longtemps

par rapport aux individus sédentaires. C’est l’idée reprise dans le discours du ‘’Bien vieillir’’,

qui vient davantage responsabiliser les personnes dans la prise en charge de leur

vieillissement61.

Le sport a également des fonctions sociales62 car il contribue à l’amélioration du bien-

être social. La pratique en groupe permet de créer du lien social pour les seniors et de

59 BURLOT, LEFEVRE, 2009, op.cit, p133 à 158 60 DEFRANCE Jacques, Sociologie du sport, Repères, 2011 61 FEILLET Raymond, Souci du corps, sport et vieillissement, Eres, 2006 62 DEFRANCE, 2011, ibid. p71

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32

pratiquer d’une façon plus ludique La pratique d’une activité physique à plusieurs comme la

randonnée ou bien la pratique d’un sport collectif comme le football sont des vecteurs

d’intégration sociale et sont propices à développer le sentiment d’appartenance à un groupe et

d’identification à ce groupe.

Le sport a donc de multiples fonctions, à la fois vecteur d’équilibre physique et psychique

mais également facteur de lien social par la pratique en groupe. L’activité sportive est donc

recommandée afin de lutter contre les effets néfastes liés au vieillissement.

2.3. La prise de conscience des effets du vieillissement

Les politiques vieillesses sont venues informer les retraités de la façon dont ils

pouvaient préserver leur santé afin de mieux vieillir. La retraite marque le moment également

de la prise de conscience du vieillissement physique et mental par une perte progressive de

certaines capacités. Ces effets du vieillissement conduiraient les retraités à développer des

comportements visant à lutter contre ces conséquences indésirables, du moins à les retarder le

plus longtemps possible. C’est pourquoi la retraite viendrait changer le rapport des retraités au

sport. Les seniors chercheraient à entrer en résistance contre le vieillissement de leur corps63

par la pratique sportive.

Le sport est vu comme un moyen efficace de lutte contre les effets néfastes du vieillissement

que sont la perte d’autonomie, celles des capacités fonctionnelles et psychiques notamment.

Le sport est également une pratique permettant de rencontrer d’autres personnes via la

pratique en groupe. Il semble intéressant de s’interroger quant à la relation des seniors à la

pratique sportive et si celle-ci se base sur une stratégie de leur part visant à maintenir un lien

social à la retraite.

63 BURLOT, LEFEVRE, 2009, op.cit

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33

3. Quid des seniors et de la pratique d’une activité sportive ?

Il conviendra en premier lieu de proposer une définition du sport, car pour certains cette

pratique est indissociable de la compétition. Pour ensuite voir les raisons qui poussent les

retraités à se tourner vers la pratique sportive au moment de la retraite conduisant ainsi à

s’interroger sur l’émergence d’un nouveau modèle de retraite ‘’sportive’’. De nouvelles

pratiques, qui questionnent la motivation de ces seniors.

3.1. Vers une définition plus extensive du sport

Tout d’abord se pose la question de la définition du sport. Le sport est un mot

polysémique. Les définitions et les représentations qui lui sont associées diffèrent selon les

pratiquants. Pour certains sportifs, faire du sport équivaut à faire de la compétition. Le sport

peut par exemple être définit comme une discipline opposant deux adversaires comme pour la

boxe ou le judo. Le Larousse choisit de définir le sport sous l’ensemble des disciplines

physiques présentées sous forme de jeux individuels ou collectifs, qui donnent généralement

lieu à compétition, et qui sont pratiquées selon des règles précises64. Pour Georges Hébert, le

sport correspond à tous types d’exercice ou activité physique visant la réalisation d’une

performance, dont l’exécution repose avant tout sur l’idée de lutter contre un élément défini,

comme une distance, une durée, un obstacle par exemple65. Ces définitions associent le sport à

l’idée de compétition entre adversaire ainsi que la réalisation de performances. Or, pour un

retraité par exemple, faire du sport peut se révéler être une simple marche quotidienne le long

d’une berge. Le sport peut également être pratiqué pour le pur plaisir, sans rechercher la

performance ou le dépassement de soi. C’est pourquoi, la définition établit par les sociologues

de l’INSEP semble plus appropriée à cette étude. Ces sociologues proposent une conception

moins restrictive, à savoir que le sport ‘’c’est ce que font les gens quand ils pensent qu’ils font

du sport’’66. Cette définition permet notamment de légitimer la pratique sportive des seniors

qui sont une majorité à ne pas pratiquer la compétition.

64 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/sport/74327 65 http://www.eps-kerraoul.eg2.fr/doc/1cultures_sportives.pdf, d’après HEBERT Georges, Le sport contre

l’Education Physique, 1925 66 BURLOT, LEFEVRE, 2009, op.cit

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34

3.2.Les bienfaits du sport à la retraite

Comme il a été démontré précédemment, l’entrée dans la retraite marque la fin de

l’activité professionnelle qui constituait un repère pour les individus. Or, la pratique d’une

activité sportive permettrait aux seniors de leur redonner le droit à une activité. Cette pratique

peut être individuelle et personnelle mais également s’effectuer via l’adhésion à un club

sportif. Dans le cas des pratiques sportives au sein d’un club, il sera intéressant d’identifier

quelles sont les structures les plus adéquates aux pratiques sportives des seniors. Un retraité

ne peut pratiquer une activité physique à la même intensité qu’une personne adulte d’une

quarantaine d’années67, c’est pourquoi il sera intéressant de voir comment proposer une

pratique sportive appropriée pour ce type de public.

D’autant plus que la pratique d’une activité physique pour les seniors serait un moyen

de prolonger leur indépendance et de préserver leur intégrité physique. Les retraités voient

dans le sport le moyen de préserver leur santé, de retarder le vieillissement, de conserver une

certaine jeunesse. Le sport leur permet également de maintenir une socialisation, de les

protéger contre le risque d’un vide social qui est plus propice au moment du passage de la vie

professionnelle active à celui de la retraite68. C’est pourquoi l’activité physique à la retraite a

de multiples conséquences en termes de santé puisqu’elle permet le développement des

capacités fonctionnelles, cardiaques et respiratoires par exemple. Le sport apporte également

du bien-être et offre une vie sociale à ses pratiquants. En tant que facteur de socialisation, il

permet de rompre la solitude par une pratique en groupe par exemple qui rend possible la

rencontre avec d’autres personnes, favorable à la création de nouveaux liens sociaux. Il

permet également aux retraités de se sentir valoriser par la preuve qu’ils ont encore les

capacités d’exercer des activités sportives.

3.3. Des retraités plus sportifs.

Marie-José Manidi Faes69 montre dans son ouvrage sur le sport chez les seniors, qu’un

changement s’est opéré dans les pratiques des retraités. Si auparavant les seniors pratiquaient

peu, aujourd’hui la retraite est considérée comme une période pleine de dynamisme et non

plus comme une période menant vers la fin de la vie. De ce fait, l’activité sportive est intégrée

67 BURLOT, LEFEVRE, 2009, op.cit 68 BURLOT, LEFEVRE, 2009, ibid. p145 69 MANIDI FAES Marie-José, Le sport tout au long de la vie, Poche, 1997

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par les retraités dans leur mode de vie car cette pratique est garante de leur qualité de vie. Les

retraités ont conscience que l’avancée en âge vient remettre en question leurs capacités. C’est

pourquoi ils s’engagent dans la pratique sportive afin de ralentir les effets du temps sur leur

corps.

D’ailleurs en France, le constat est à la progression des activités sportives chez les seniors.

Une enquête de 1985 révélait que 60% des plus de 55 ans déclaraient pratiquer une activité

physique. En 2000 ce nombre atteint les 73%, chiffre qui certainement a augmenté en quinze

ans70. Cette croissance s’explique du fait de l’augmentation de la population âgée d’autant

plus que depuis 2005, la génération des ‘’papy-boom’’ arrive à la retraite. Les retraités

auraient aujourd’hui réellement développé une culture sportive. D’après Patrice BURLOT et

Brice LEFEVRE, les retraités issus du ‘’baby-boom’’ font partie de la génération ‘’sport’’ car

ils se sont d’avantage engagés dans les fédérations sportives que leurs ainés. Preuve de ce

constat, avec l’augmentation du nombre de licenciés des fédérations sportives qui en 1960

s’élevait à 3 millions. Un chiffre qui atteint les 12 millions en 1985.

Quant aux pratiques, les retraités affectionneraient les activités favorisant leur santé

physique et mentale. Dans leurs choix d’activité, ils accorderaient une importance toute

particulière à la dimension sécuritaire de leur pratique sportive. Certes ils ont la volonté de

pratiquer une activité physique afin de garder la forme mais en même temps ils tiennent

compte de la réalité de leurs capacités. Des capacités qui sont plus facilement fragilisées,

notamment face aux blessures que peuvent occasionner des pratiques trop intensives voire

inadaptées. C’est pourquoi la compétition est une des dernières motivations des retraités.

Dans leur pratique sportive, la performance n’est plus recherchée71. Au contraire, les retraités

cherchent avant tout à ménager leur corps tout en l’entretenant via une pratique sportive pour

le plaisir.

3.4. Vers l’émergence d’un modèle de ‘’retraite sportive’’ ?

Pour les personnes sportives, l’entrée dans la retraite ne constituera pas un moment de

rupture avec cette pratique. Au contraire la retraite marquerait un moment où la pratique

sportive s’intensifie et permettrait à certains retraités sportifs de s’engager voire de se

réinvestir dans le sport. Quant aux retraités non sportifs, l’engagement serait souvent différé

70 BURLOT, LEFEVRE, 2009, op.cit 71 BURLOT, LEFEVRE, 2009, ibid. p151

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36

du fait de l’absence de temps durant la vie professionnelle72. Mais au moment de la retraite,

les seniors feraient le choix de s’investir davantage dans la pratique d’une activité sportive

notamment afin de lutter contre le vieillissement physique et psychique. Cette démarche est à

lier aux images auxquelles est souvent associé le sport, c'est-à-dire l’idée de conserver une

image dynamique, de jeunesse en préservant son corps et sa santé. L’entrée dans la retraite

marque donc souvent l’étape de l’entrée en résistance des seniors contre les effets du

vieillissement.

De plus, la question de la sociabilité à la retraite semble être importante. Souvent, cette

recherche de lien social jouerait un rôle important dans la fidélisation des retraités aux clubs

sportifs73. La convivialité aussi serait un facteur renforçant l’affiliation des retraités à ces

clubs. Quant aux activités, comme il a été dit précédemment, les seniors privilégieraient des

sports physiquement peu contraignants. Les activités préférées par les retraités relèveraient du

domaine du bien-être et de l’entretien comme la pratique de la gymnastique, de la danse de

salon plutôt que le rock par exemple. Les activités demandant le dépassement de ses capacités

sont peu choisies car elles représentent un risque74. La dimension sécuritaire des activités

serait également un facteur important dans le choix des retraités à la pratique d’une activité

sportive.

Néanmoins, il convient de rappeler que si les pratiques sont différentes selon les trajectoires

de chaque retraité, celles-ci sembleraient déterminer des motivations plurielles. La question se

pose de savoir quelle(s) peuvent être ces motivations conduisant les retraités à s’engager dans

une retraite axée sur la pratique sportive.

72 BURLOT, LEFEVRE, 2009, op.cit 73 BURLOT, LEFEVRE, 2009, ibid. p155-157 74 BURLOT, LEFEVRE, 2009, ibid. p155-157

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37

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Cette partie théorique tentait de montrer comment les mutations liées au vieillissement sont

venues remettre en question la période de la retraite.

La retraite est devenue un moment de la vie à organiser, en raison de l’amélioration de

la santé des retraités qui profitent aujourd’hui d’une plus longue longévité que leurs aînés.

Malgré ces progrès, le groupe des retraités reste marqué par des inégalités de santé qui

déterminent les trajectoires du vieillissement de chacun. La santé des seniors est inégalement

préservée et dépend notamment de la combinaison de deux facteurs que sont la carrière

professionnelle passée et le milieu social.

Aujourd’hui, la période de la vieillesse marquerait une continuité dans la vie tout en

étant une épreuve communément appelée ‘’l’épreuve du grand âge’’, un moment où les

individus retraités vont devoir faire face à des difficultés qui viennent modifier le rapport à soi

mais également au monde. L’image du vieillissement en déclin n’est plus dominante dans les

représentations. Si en 1950, à 65 ans les individus étaient considérés comme vieux, les

projections pour 2040 avance l’âge à 82 ans. L’allongement de la longévité conduit la retraite

à représenter le tiers de la vie d’un individu. De ce fait, le retraité d’aujourd’hui ne se

désengagerait plus de la vie sociale. Au contraire, ces changements amènent à penser que le

temps actif va suivre cette progression. Cela conduit à envisager que les retraités vont

davantage s’engager dans les activités proposées pour ce groupe social. La pratique de

l’activité sportive apparait être un champ intéressant pour appréhender l’évolution des

pratiques des retraités avec l’avancée en âge75.

D’autant plus que la question du vieillissement relève de politiques publiques qui

évoluent et s’adaptent à ces changements. Ces politiques vieillesses s’attachent à prévenir les

effets du vieillissement en proposant des plans visant à maintenir les retraités en bonne santé.

Les différents plans vieillesses qui se sont succédés ont montré au fur et à mesure une

implication de plus en plus forte de l’expertise médicale quant aux recommandations faites

pour maintenir les seniors en forme. Le plan national ‘’Bien vieillir’’ est venu notamment

recommander la pratique d’une activité physique régulière afin de maintenir les seniors en

bonne santé et également pour lutter contre les effets du vieillissement que sont les maladies,

la perte de la mémoire et l’isolement par exemple. Ce plan marquerait l’avènement d’un

75 BURLOT, LEFEVRE, 2009, ibid. p158

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38

discours sanitaire venant responsabiliser les seniors sur leur vieillissement et leur santé. En

raison de l’évolution des pratiques et des représentations liées à la retraite, cette orientation

médicale faisant l’apologie du sport chez les seniors, vient questionner l’avènement d’un

nouveau modèle de retraite active via la pratique sportive.

LE CONSTAT PROBLEMATIQUE

Cette partie a donc permis de constater les effets de l’allongement de l’espérance de vie. A

savoir que le groupe des retraités est un public en meilleur santé, un public croissant qui doit

faire face à la mise en question du lien social dû à la cessation de l’activité professionnelle. La

retraite devient également une période où les individus chercheraient à rester actifs.

Fort de ce constat, il semble donc intéressant de questionner l’émergence d’une retraite

sportive et active. Le but du sujet vise à comprendre quelles sont les motivations qui poussent

les retraités à s’engager dans la pratique du sport à la retraite. Cela amène à s’interroger sur

l’influence du discours sur le ‘’Bien vieillir’’ par rapport aux pratiques des retraités

notamment. On suppose donc que la pratique d’une activité sportive à la retraite est avant

tout un moyen alternatif à la mise en question du lien social dû à l’arrêt de la vie

professionnelle. Le sport à la retraite va permettre aux seniors de créer de nouvelles solidarités

et de nouvelles appartenances leur permettant de maintenir des liens sociaux.

Le sujet se fixera sur l’étude des motivations des retraités à s’engager dans une retraite

axée sur le sport. Cela conduit à s’interroger si le discours médical influence les pratiques des

retraités à se lancer dans une retraite sportive ? Ou bien est-ce davantage la recherche du

maintien d’une vie sociale à la retraite qui les conduit à choisir l’activité sportive ? Des

interrogations qui conduisent à questionner le sport comme moyen de renouer des liens

sociaux à la retraite.

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39

DEUXIEME PARTIE

LES ACTEURS DE LA RETRAITE

SPORTIVE ET ACTIVE

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40

Pour tenter de répondre à notre problématique portant sur les motivations qui

conduisent les retraités à s’engager dans une retraite sportive, une enquête de terrain a été

menée auprès des acteurs développant ce modèle. Une étude réalisée auprès d’acteurs locaux,

car si l’Etat conserve l’initiative de l’action publique relative à la vieillesse, c’est à l’échelle

locale que les acteurs s’impliquent dans la mise en œuvre de ces politiques76. C’est

notamment le cas des associations, étant l’échelon le mieux adapté, elles sont à l’initiative

d’actions sociales visant les retraités. Dans le cas de la ‘’retraite sportive et active’’, il existe

un acteur dominant qu’est la Fédération Française de la Retraite Sportive. Cette fédération

nationale regroupe un ensemble de clubs sportifs destinés à promouvoir la pratique du sport

chez les retraités. Une fédération qui a concrétisé les objectifs établies par les Premières

Assises de la Retraite Sportive qui se sont tenues en 198677. Ces assises s’interrogeaient sur le

rôle et la place de l’activité sportive chez les seniors. Elles mettaient en avant le manque

d’initiative des pouvoirs publics dans la mise en œuvre d’action pour favoriser le sport chez

les retraités. Ces assises ont été un point de départ pour envisager des actions concrètes dans

la promotion d’une ‘’retraite sportive et active’’. Qu’en est-il de ce projet aujourd’hui ?

Qu’est-ce qui conduit les retraités à se tourner vers une ‘’retraite sportive et active’’ ? Est-ce

avant tout pour la pratique sportive ou bien le lien social pourrait être un facteur déterminant ?

Il conviendra dans cette partie relative aux acteurs de la retraite ‘’sportive et active’’ de

présenter la FFRS afin de voir comment depuis 1987 cet acteur a su s’imposer en tant que

pilier dans la promotion de ce modèle de retraite. Une présentation qui permettra ensuite de

montrer quels sont ses objectifs et la façon dont cela se traduit dans les activités qu’elle

propose. Pour ensuite voir concrètement en quoi consiste ce concept via la présentation de

deux clubs affiliés à la fédération, à savoir le Club des Baladeurs Sportifs de St Nazaire les

Eymes et l’Athlétisme Club de Sassenage. Enfin, la présentation du Club Alpin de Grenoble,

un club sportif non affilié à la FFRS, permettra de rendre compte d’une approche différente de

la pratique du sport à la retraite.

76 GUCHER, GUILALOT, MOLLIER, MANSANTI, 2015, op.cit

77 MALESSET, 1987, op.cit

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41

CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA FEDERATION FRANCAISE DE LA

RETRAITE SPORTIVE

La partie précédente s’est attachée à mettre en évidence la remise en question du lien social à

la retraite et la perspective qu’offrait la pratique du sport afin de rester actif. L’enjeu ici est de

voir comment la FFRS, en tant qu’acteur public, s’inscrit dans cette démarche à travers son

concept de la ‘’retraite sportive et active’’. Il conviendra donc de présenter la fédération, et de

voir comment se construit son discours institutionnel au travers du modèle qu’elle promeut.

1. . Présentation de l’association étudiée

La présentation de la Fédération se fait sur la base des informations recueillies à la suite d’un

entretien réalisé avec la Présidente de la FFRS dont le siège est basé à Sassenage depuis 1985,

en présence de la chargée de la communication.

1.1.Les origines de la fédération

La FFRS est créée à un moment où des changements sociétaux ont lieu notamment au niveau

des représentations liées au sport et qui vont permettre une démocratisation progressive de la

pratique. Tandis qu’au même moment, la période de la retraite évolue et voit émerger de

nouveaux retraités en quête d’une action sociale leur correspondant.

1.1.1. Une émergence qui suit des changements sociétaux

Si dans les années 70 le sport est encore considéré comme une pratique inadaptée et

dangereuse pour les seniors, les années 80 vont marquer une évolution dans ces

représentations. Une évolution possible notamment grâce à l’émergence d’acteur comme la

FFRS, qui est créée en 1982. Elle est précurseur dans la mise en place d’activités physiques

adaptées au public des seniors. Sa création découle de l’évolution dans les représentations de

la pratique sportive. Si jusque dans les années 70, le sport compétitif monopolise la façon de

concevoir la pratique sportive, le ‘’sport pour tous’’ va faire ses débuts et finir par se

développer à travers le ‘’sport de loisir’’. Cette nouvelle conception du sport en tant que loisir

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42

émerge dans les années 8078, notamment à la suite de la loi Avice du 16 juillet 1984 qui

promeut la pratique d’activités sportives et physiques via la reconnaissance des fédérations

sportives en tant qu’acteur d’une mission de service public. C’est le moment où la FFRS

émerge en tant que fédération sportive organisée en clubs, chacun proposant des activités

différentes. L’achat d’une licence sportive au sein d’un des clubs affilié à la FFRS permet à

chaque adhérent d’accéder à un ensemble d’activités reconnues par la fédération et adaptées

pour la pratique des retraités.

La décennie quatre-vingt est également le moment où l’âge de la retraite est abaissé à

60 ans. Ces préretraités ne vont plus se reconnaitre dans les associations du troisième âge, et

vont rechercher une nouvelle forme d’institution. Ces seniors se considèrent différemment des

anciens. Ils rejettent notamment l’image de ces retraités assistés, pour lesquels les mairies

organisent des goûter et offrent des colis pour Noel. Comment répondre à ces nouvelles

demandes de ces jeunes retraités ? C’est à ce moment là qu’émerge la FFRS, alors que les

nouveaux retraités ne se reconnaissaient plus dans l’action sociale qui leur été proposée. De ce

fait, la fédération va connaitre un réel succès à travers son concept d’une ‘’retraite sportive et

active’’. Un modèle qui va satisfaire les attentes de ces nouveaux seniors en quête de

dynamisme mais qui questionne la composition de ce public pour lequel la fédération centre

son action.

1.1.2. En réponse à un public changeant et complexe

La FFRS s’est développée en tant que fédération sportive ouverte à tous les profils de retraités

et à tous les niveaux, en mettant en avant le principe qu’il n’y a pas d’âge pour commencer à

se mettre au sport. Mais quelles sont les caractéristiques de ces retraités adhérents ?

La FFRS a fait le choix de s’adresser au public des seniors en délimitant l’âge

d’adhésion à partir de 50 ans. L’âge moyen de ses adhérents est de 66 ans. Par rapport à

l’origine sociale, la fédération a décidé de ne pas renseigner la catégorie socioprofessionnelle

78 Générations seniors, 30 ans de la Fédération Française de la Retraite Sportive, FFRS, 2012

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43

de ses adhérents dans un souci de maintenir une transparence sur ce sujet. L’idée étant avant

tout de se retrouver entre membre d’un même groupe social qu’est celui des retraités79.

La FFRS a également su développer son offre face à l’hétérogénéité de ce groupe. Son

message de ‘’retraite sportive et active’’ vise l’ensemble des retraités, elle a donc cherché à

motiver les seniors n’ayant jamais ou très peu pratiquer d’activités sportives. Le concept

développé par la fédération vise à convaincre les seniors à s’engager dans la pratique d’une

activité sportive, indépendamment de leur âge, de leur état de santé, de leur niveau de

pratique. Elle a également adapté ce concept au public retraité davantage fragilisé, malade, en

proposant la pratique d’exercice spécifique, de rééducation par exemple, afin que leur état de

santé ne les empêche pas de pratiquer une activité physique même légère. Le but étant pour

eux de renforcer leur corps et de le réadapter à la pratique physique. Quid des femmes ? Si a

ses débuts les hommes étaient majoritaires au sein de la fédération, étant donné que les

femmes étaient encore considérées comme n’ayant pas le physique adapté à la pratique d’une

activité sportive80, aujourd’hui elles sont plus nombreuses. D’ailleurs, elles représentent 70%

des adhérents FFRS aujourd’hui.

Pour l’avenir, la FFRS devra faire face à l’évolution de son public car deux populations

différentes se côtoient. A savoir, les retraités plus en forme et les retraités plus âgés. Pour la

fédération, les objectifs sont les mêmes pour ces deux types de public. Le but étant de

maintenir leur capital santé afin de conserver le plus longtemps possible leur autonomie, leur

bien-être face à des capacités qui se réduisent avec l’avancée en âge.

1.2. Les étapes de développement

Si l’émergence de la FFRS est en lien avec un renouvellement des représentations liées à la

retraite, ses étapes de développement ont suivit une orientation particulière à mesure de sa

reconnaissance publique dans le champ des fédérations sportives.

79 Notes entretien avec la directrice générale de la FFRS de Sassenage, le jeudi 4 décembre 2014 80 FFRS, 2012, op.cit

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44

En effet, dès 198881 la FFRS créait une commission médicale propre à la fédération

afin d’avoir une meilleure compréhension des problèmes biologiques et de santé des retraités

pour pouvoir mieux adapter les activités développées. L’expertise médicale est utilisée

comme moyen de légitimation de ses actions. Cela permet à la fédération de s’affirmer

véritablement dans les années 90-2000, en tant que fédération sportive reconnue. Une

affirmation également due à l’évolution des pratiques des retraités qui s’engagent davantage

dans ce genre de fédération et qui vient confirmer la possibilité de combiner retraite et

pratique sportive. Cela est en lien avec l’évolution de la vision de la retraite et du fait que la

pratique du sport commence à se développer chez les retraités. Ces changements se

confirment à travers l’augmentation du nombre de licenciés qui passe de 11 000 en 1990 à

27 000 dix ans plus tard. Cela s’explique par l’arrivée des baby-boomers à la retraite. Des

seniors qui se sont d’avantage engagés dans ce type d’association sportive et qui sont venus

gonfler les effectifs de la fédération. D’autant plus que la plupart de ces nouveaux retraités

entrent dans la retraite en bonne santé et avec une bonne condition physique.

Les années 200082 sont marquées par des changements importants. La Fédération se

lance sur le net avec la création de son premier site internet afin de s’adapter aux évolutions

de la société et aux nouveaux défis qu’elle impose. Dans le même temps, les orientations de la

fédération vont s’aligner sur celles des politiques publiques puisqu’en 2003, le Président de la

FFRS va participer au lancement du plan national ‘’Bien vieillir’’ à Matignon en présence du

Premier ministre de l’époque. Cet évènement met en avant la filiation entre la fédération et les

politiques engagées par l’Etat vis-à-vis des retraités. L’année 2007 marque l’avènement du

concept ‘’Sport, Senior, Santé’’. Ce label vient légitimer les actions de la fédération par

l’importance de la pratique sportive multisports, adaptée au groupe des 50 ans et plus qui

s’inscrit dans une pratique en toute convivialité en dehors de la compétition. En 2008, elle

sera reconnue d’utilité publique. Cette reconnaissance étatique permettra à la FFRS de

confirmer l’utilité de son action et légitimera sa place au sein du mouvement sportif français.

Elle se développe également en créant la commission féminine en avril 2009 qui a pour but la

promotion des femmes au sein des instances dirigeantes mais également en tant

qu’animatrices. Le but étant de convaincre les femmes à davantage s’impliquer au niveau des

instances dirigeantes, et de les faire accéder aux postes à responsabilités. La même-année, la

81 FFRS, 2012, op.cit 82 FFRS, 2012, op.cit

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45

fédération développe ‘’Le guide de la retraite sportive et active’’83, et en 2010, elle lance son

magazine de santé ‘’Vital’ité’’84.

Si à ses débuts la fédération comptait 3 000 adhérents, elle rassemble aujourd’hui plus de 75

419 adhérents, 44O clubs et regroupe un réseau de 10 000 bénévoles composé de dirigeant,

instructeur ou animateur85. Un développement qui s’est effectué au travers de la légitimation

de son action via l’affirmation de son expertise médicale et sa reconnaissance publique. Des

évolutions qui conduisent à s’interroger quant aux objectifs visés par la FFRS suite à ce

développement.

1.3. Les objectifs visés par la FFRS

La Fédération cherche avant tout à promouvoir le sport à la retraite. En 1967, seulement 11%

des plus de 60 ans pratiquaient une activité sportive. Ce chiffre passe à 19% en 1988. Quid de

ces objectifs et de leur évolution après l’obtention de la reconnaissance d’utilité publique ?

Tout d’abord la FFRS entend préserver la santé des retraités via l’affirmation des

bienfaits de la pratique de l’activité physique. Cela se concrétise par exemple via l’affirmation

de son action dans la lutte contre le surpoids des seniors, qui passe par le rappelle des

maladies qu’il occasionne, à savoir le diabète et les maladies cardio-vasculaires. La FFRS

souligne le manque de prise en compte de la part des pouvoirs publics de ce phénomène

absent des campagnes nationales qui sont davantage centrées sur le public des jeunes et des

adultes.

La FFRS met également en avant l’enjeu de la convivialité dans la pratique du sport

au sein de ses clubs affiliés. L’idée est véritablement de se rencontrer, d’échanger entre

retraités sans l’idée de compétition. La pratique en compétition a pour objectifs la quête de

records qui demande le dépassement de ses capacités et de ses limites. La pratique sportive

pure n’est pas l’objectif avancé par la FFRS Au contraire, à travers l’aspect convivial de la

83 Voir annexe n°1 84 Voir annexe n°2 85 Plan d’action quadriennal 2014-2017, FFRS

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46

pratique sportive la fédération cherche à mettre en avant les bienfaits de la pratique du sport

au sein de ses clubs en termes de lien social. La pratique en groupe permet en effet de lutter

contre la sédentarité des retraités et de les sortir de l’isolement. La fédération souligne la

capacité d’intégration sociale qu’offre la pratique sportive au sein de ses clubs. C’est un

moyen de socialisation efficace pour le public des retraités qui permet de conserver un lien

social mais également de maintenir une image sociale. La pratique en toute convivialité vise à

permettre aux retraités de lutter contre l’isolement, la solitude et la perte de repères

notamment.86

Pour l’avenir, la fédération cherche à développer ses activités pour toucher un public

plus large. C’est notamment le cas avec la mise en place prochainement de formations

spécifiques en vue d’ouvrir dans certains clubs les SMS, Sections Multi activités Seniors87.

Ces activités ont pour but d’accueillir un public plus fragilisé notamment des personnes ayant

été hospitalisées ou venant de centre de rééducation, ou encore des seniors qui avec l’avancé

en âge ont du mal à trouver leur place au sein des activités proposées par la fédération. Ces

évolutions se font en lien avec les demandes venant de l’Etat qui a mis en place les plans

régionaux ‘’Sport, Santé et Bien-être’’ afin de promouvoir la prise en charge du public

souffrant d’handicap, mais également en vue de prévenir la perte d’autonomie des personnes

âgées.

Etant reconnue d’utilité publique, la mission de la FFRS s’articule autour de trois objectifs

principaux88. A savoir, la promotion de la pratique sportive adaptée pendant la période de la

retraite, la préservation du capital santé des retraités. Enfin, faire la promotion de la

convivialité via la pratique sportive en groupe. L’idée étant de préserver sa santé tant

physique que psychologique grâce au sport.

86 Notes entretien du 4 décembre 2014 87 Notes entretien du 27 février 2015 en présence du médecin fédéral, de la présidente à la commission féminine

et de la présidente du club de St Nazaire les Eymes 88 Le guide de la retraie sportive et active, Editions LBM, 2008

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47

1.4. Fonctionnement de l’institution

La FFRS se définie comme une fédération créée ‘’pour les retraités, par les retraités’’. Mais

comment cette devise se traduit-elle concrètement au regard du fonctionnement de

l’institution sportive ?

En effet, la FFRS a su s’imposer dans le domaine du sport français en tant que

fédération multisports destinée à un public particulier qu’est celui des retraités. La fédération

fonctionne de façon quasi autonome puisque 90% de ses activités sont encadrées par des

bénévoles. Elle propose aux retraités des formations gratuites financées et dispensées par la

fédération. Les formations aboutissent à l’obtention de diplômes, créés sur la base des Brevets

d’Etats d’éducateurs sportifs89. Les adhérents retraités, en suivant ces formations, peuvent

devenir animateurs des activités dispensées par la FFRS. Des retraités formés, pour encadrer

d’autres retraités. Ce modèle de formation est apprécié des retraités et aujourd’hui la

fédération compte 6 000 animateurs. Ces formations permettent aux retraités souhaitant rester

actifs de rester acteur de la société, en participant à l’action sociale via la FFRS.

Quant aux prix des adhésions, elles sont peu élevées, 33 euros en moyenne. La licence

FFRS permet aux adhérents de pratiquer n’importe quelle activité dans tous les clubs affiliés à

la fédération. Chaque adhésion passe par un examen médical de santé. Chaque adhérent est

ensuite libre de participer à la vie associative des clubs dans lesquels il pratique, il peut

également participer aux soirées et aux séjours organisés par les clubs FFRS.

Une fédération qui a fait le choix de permettre aux retraités de poursuivre des formations à la

retraite en devenant encadrant des activités de la FFRS. Ce qui vient questionner les types

d’activités proposées par l’institution.

89 FFRS, 2012, op.cit

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48

2. Des activités définies via des partenariats et des principes clés

La FFRS a mis un point d’honneur sur l’adaptabilité de ses activités par rapport aux capacités

de son public. La fédération a également créé des partenariats avec des acteurs institutionnels

afin de légitimer son action et d’être garante des valeurs qu’elle porte. Comment cela se

traduit-il dans la réalité ?

2.1. Des disciplines variées

La FFRS propose une soixantaine d’activités reconnues par la fédération pour la pratique des

seniors90. Comment sont-elles ensuite adaptées pour les retraités ?

En effet, chaque activité reconnue par la fédération est ensuite adaptée pour la

pratique des retraités. La pratique sportive au sein de la FFRS n’est pas basée sur le

dépassement de ses capacités mais au contraire sur une pratique pour le plaisir. Ces activités

sont basées sur une pratique hors compétition. Chaque activité doit pouvoir mobiliser

plusieurs capacités physiques. Elles doivent notamment faire travailler les capacités d’adresse,

d’équilibre, de coordination, d’orientation. Elles s’organisent selon des règles précises

notamment dans le domaine de la sécurité car la FFRS tient à ce que les pratiques comportent

le moins de risque possible pour les retraités notamment en terme de blessures, de fractures.

C’est pourquoi la fédération élabore de nouvelles règles spécifiques pour chaque activité afin

de les rendre réalisables par les retraités sans représenter le moindre danger. Cette adaptabilité

dans l’organisation des activités se retrouve également dans le matériel nécessaire à la

pratique de certaines activités. C’est le cas par exemple du tennis, où les balles et les raquettes

seront plus légères ou encore les activités se pratiquant avec des ballons où la balle en mousse

sera privilégiée. Pour certaines activités également, des groupes de niveaux sont créés selon

les capacités de chacun. C’est le cas en randonnée afin de faire la différence entre ceux

souhaitant faire un parcours plus long avec plus de dénivelés et les retraités qui préféreront

une balade plus courte91.

La fédération met également en avant le concept de la multi activité. La pratique de

différentes activités permettrait en effet aux retraités de faire travailler différemment leurs

90 Voir annexe n°3 91 Notes entretien du 4 décembre 2014

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49

corps en exerçant des activités d’endurance, couplées à des exercices de souplesse et

d’équilibre par exemple. Des activités qui sont adaptées en intensité et en durée selon les

capacités de chacun. Le dosage des activités est essentiel pour préserver le capital santé des

adhérents afin d’éviter notamment toute blessure liée à la pratique. D’ailleurs la FFRS a établi

un label : ‘’Sport, Santé, Seniors’’ qui justement pose les principes de la pratique de la

pluriactivité et de la complémentarité dans les activités sportives. Un label certifié car

résultant de recherches médicales. Ces activités multisports s’exercent aussi dans le cadre des

séjours organisés par la fédération. Ces séjours sont basés sur la combinaison entre un

programme sportif et touristique92.

De ce fait, afin de différencier la difficulté de chaque activité, elles sont réparties en

trois catégories selon leur niveau de difficulté technique. Celles à haute technicité qui

rassemblent des activités telles que la natation, l’escalade, le canoë kayak. Celles de moyenne

technicité comme l’aquagym, la randonnée. Enfin, celles qui demandent peu de technicité

avec le parcours santé, les jeux d’eau. La FFRS est toujours en quête de nouvelles activités

originales en raison de l’intérêt porté par ses adhérents désireux de découvrir de nouvelles

pratiques. C’est le cas avec le Fudo Shin, un karaté adapté aux seniors où les combats sont

absents mais l’accent est mis sur la technique. Le disco-golf également, une pratique proche

du golf mais qui se pratique avec un disc, lancé à la force du bras, qui se pratique en milieu

naturel et permet de faire travailler la communication, la coordination et l’échange entre

pratiquants93.

La FFRS a su développer une large gamme d’activités adaptées à son public retraité tout en

recommandant la pratique de la multi activité. La fédération cherche également à renouveler

son offre afin de faire découvrir de nouveaux sports à ses adhérents, curieux des nouvelles

pratiques. Cela amène à se questionner quant à la façon dont la fédération acquière les

compétences pour être en mesure d’adapter ses activités au regard des besoins de chaque

retraité. Une adaptabilité rendue possible notamment grâce aux partenariats établis avec les

institutions médicales.

92 FFRS, 2012, op.cit 93 Notes entretien du 27 février 2015

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50

2.2. Liées à différents partenariats

Dès ses débuts, la fédération a investi le champ médico-sportif en créant des partenariats avec

des Centres Hospitaliers Universitaires. Des relations qui lui ont permis par la suite de

développer le label ‘’Sport, Senior, Santé’’ en venant ancrer le concept de la ‘’retraite sportive

et active ‘’ dans une dimension médicale.

En effet, des partenariats ont été établis avec les CHU94 de certaines grandes villes de

France. C’est le cas avec le CHU de Toulouse, qui a mis en place des enquêtes relatives aux

publics des retraités. La dernière a été menée par le chef du service Exploratoire de la

fonction respiratoire et de la médecine du travail du CHU de Toulouse. Cette étude avait pour

but de démontrer l’important équilibre entre activité sportive et nutrition pour préserver le

capital santé des seniors. La fédération a également créé des partenariats avec le CHU de

Grenoble sur des études menées par rapport au problème du surpoids des seniors. Des études

qui permettent par la suite à la FFRS d’avoir de meilleures connaissances quant aux handicaps

auxquels font face les retraités durant leur vieillissement et qui permet par la suite de

réadapter les activités par rapport à la prise en compte de ces facteurs.

D’ailleurs avec le CHU de Grenoble, une enquête avait été menée sur la fatigabilité

des seniors. Cette année, une nouvelle étude va être conduite. Elle sera effectuée sur un panel

de 800 personnes95, choisies de façon aléatoire. Les personnes participant à cette étude seront

équipées de podomètre durant une semaine afin de relever le nombre de pas quotidiens

effectués. Cette étude sera couplée avec un questionnaire portant sur leur activité physique et

leur loisir en dehors de leur pratique physique effectuée au sein des clubs FFRS, comme la

pratique du jardinage, des balades à vélo par exemple.

La FFRS est en lien également avec un certains nombres d’institutions étatiques telles

que le Comité Départemental Olympique et Sportif, mais aussi le Ministère de la Jeunesse et

des Sports et de la Santé et du mouvement associatif par lesquels la fédération parvient à se

faire connaitre tout en lui permettant d’être reconnue comme un acteur légitime dans ce

domaine. Sans oublier que la FFRS établit un ensemble de partenariats avec des banques, des

94 FFRS, 2012, op.cit 95 Notes entretien du 27 février 2015

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51

assurances, des laboratoires pharmaceutiques ainsi que des villages vacances et des marques

sportives visant le public des retraités96.

Ces études ont montré que les adhérents FFRS obtenaient à chaque fois de meilleurs résultats

que les retraités ne pratiquant peu ou pas d’activité physique. Il en ressort que les adhérents

FFRS sont des personnes en meilleure santé, avec peu de seniors en surpoids ou en maigreur,

deux facteurs qui fragilisent le bon vieillissement des retraités. La FFRS souhaite pour

l’avenir renforcer ses liens avec les acteurs institutionnels médicaux car ils lui permettent de

légitimer ses actions. Des actions qui sont à lier aux valeurs défendues par la FFRS.

2.3. Qui sont déterminées par des valeurs de référence

La FFRS met un point d’honneur à la pratique sportive en groupe dans le cadre de ses

activités. Une pratique collective permettant d’affirmer les valeurs qui feraient de la FFRS un

acteur du lien social.

Tout d’abord la fédération défend l’utilité de la pratique sportive à la retraite via son

label ‘’Sport, Senior, Santé’’97. Ce label entend favoriser la pratique sportive adaptée via un

encadrement adéquate sans idée de compétition. Une pratique au triple bénéfice que sont le

bien-être physique, mental et social des retraités. La fédération a ensuite développé son

concept en mettant en avant l’atmosphère conviviale de la pratique sportive au sein de ses

clubs. Les licenciés pratiquent des activités collectives dans le but de partager un moment

convivial entre seniors. La fédération est donc devenue à ce titre un acteur du lien social par la

promotion du sport dans l’idée de se retrouver pour le plaisir de la pratique en groupe. Une

façon de concevoir le sport, qui permettrait de renforcer le lien social des retraités et de lutter

contre l’isolement, la solitude et la morosité qui fragilisent leur santé et leur vieillissement.

Convivialité, activité ludique, pratique en groupe sont un ensemble de valeurs prônées par la

FFRS et qui sembleraient avoir comme élément fédérateur l’idée de préserver le lien social à

96 FFRS, 2012, op.cit 97 FFRS, 2012, op.cit

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52

la retraite. Si au niveau de la fédération le concept ‘’retraite sportive, retraite active’’ s’est

bien développé il reste à savoir comment cela se passe concrètement au niveau de ses clubs.

Page 54: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

53

CHAPITRE 2 : LE CONCEPT ‘’RETRAITE SPORTIVE, RETRAITE

ACTIVE’’ VIA LES CLUBS AFFILIES A LA FFRS

La présentation de la Fédération Française de la Retraite Active et Sportive a permis de

montrer comment la promotion de la retraite sportive s’est développée à travers une

affirmation qui semblerait plus axée sur le lien social. Ceci étant, comment définir

concrètement ce modèle de retraite ? Et comment cela se concrétise-t-il au sein des clubs

affiliés à la FFRS ? Pour tenter d’apporter des éléments de réponse, deux rencontres ont été

réalisées auprès de deux des clubs de la FFRS. Des rencontres qui ont amené à s’entretenir

avec les cadres dirigeants de ces clubs, à la fois adhérents. Cela a permis d’avoir une approche

concrète de ‘’la retraite sportive et active’’ au travers des témoignages des acteurs

institutionnels locaux de la FFRS.

1. Comment définir ‘’la retraite sportive, retraite active’’ ?

Définir le concept de la retraite ‘’sportive et active’’ c’est partir de l’ouvrage collectif de Jean-

Claude SAUVAGE et Antoine SPIRE98 qui en 2005 ont effectué une mise au point à travers

les seconde assises de la ‘’Retraite sportive et active’’ qui permettent de mettre en évidence

l’évolution du modèle et son affirmation depuis les premières assises de 1986. Une mise au

point qui permet véritablement de cerner le concept de la retraite sportive et d’en proposer une

définition claire.

Ce modèle de retraite peut se définir comme un modèle amenant les seniors à

s’épanouir pendant leur temps libre tout en leur permettant de conserver un lien social. Dans

cette optique la FFRS s’est engagée dans une démarche sportive visant à préserver et

maintenir la santé physique et psychique des retraités. Elle a pour but l’exercice de l’activité

physique mais dans une pratique mesurée qui vient apporter une satisfaction tant au corps

qu’à l’esprit. L’enjeu pour les seniors vise à trouver un équilibre entre la pratique du sport à la

retraite par rapport à leurs capacités. Le sport reste une activité qui peut être très violente pour

98 SAUVAGE Jean-Claude, SPIRE Antoine, Retraite active, retraité sportive, Edition le bord de l’eau, 2005

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54

le corps. C’est pourquoi, pratiquer une retraite sportive c’est trouver cet équilibre afin d’éviter

de subir les effets néfastes du sport sur des corps fragilisés par le vieillissement. Ces effets

néfastes relèvent notamment d’une pratique trop intensive, inadaptée, qui vient provoquer des

blessures, voir des handicaps. Le but pour les pratiquants vise véritablement à savoir doser

l’effort par rapport à leurs capacités. Cette forme de retraite met le sport au centre de sa

thématique et pose la question de sa place dans la vie des retraités. Cette pratique sportive

serait garante d’un bon vieillissement. Une meilleure façon de vieillir via le sport, qui

permettrait également aux seniors de conserver une activité sociale et des liens sociaux via la

pratique en groupe.

Quant au public, la ‘’retraite sportive et active’’ peut être pratiquée par tous les

retraités. Peu importe l’âge, les conditions physiques et la santé des individus retraités. Le

concept proposé par la FFRS vise l’ensemble de ce groupe social. Cela amène la fédération à

devoir faire face à la grande hétérogénéité de son public qui se traduit par des niveaux

différents dans la pratique des activités proposées99. Le but étant par la suite d’adapter les

activités via la création de groupe de niveau homogène où la convivialité prime. La pratique

en équipe va permettre aux adhérents de se motiver dans l’activité sportive via l’effet de

groupe qui va venir stimuler et soutenir chacun dans l’effort sans jamais aller au-delà de ses

propres limites. La fédération distingue ses adhérents en fonction de s’ils sont sportifs, peu ou

pas du tout. Pour les retraités débutants, la pratique d’activités de bien-être corporel, de

relaxation seront privilégiées afin de démarrer en douceur l’activité sportive. Pour les plus

âgées, plus fragiles, la pratique de la gym douce, de l’aquagym seront préférées. Quant aux

plus sportifs toutes les activités seront possibles.

Le concept proposé par la FFRS vise à donner à tous les retraités l’opportunité de pouvoir

pratiquer une activité sportive au sein de ses clubs. En contrepartie, cette pratique du sport

leur assurera un équilibre physique, psychique mais également social leur permettant de

continuer à s’épanouir à la retraite tout en restant intégrés à la société.

99 Notes entretien du 27 février 2015

Page 56: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

55

2. Présentation du terrain d’enquête

Afin de voir concrètement comment la FFRS met en œuvre son concept, la rencontre avec

deux de ses clubs affiliés a été réalisée. La mise en relation avec les dirigeants du club des

Baladeurs Sportifs de St Nazaire les Eymes ainsi que de l’Athlétisme Club de Sassenage a

permis de recueillir leurs témoignages en tant que représentants de la FFRS mais également

en tant qu’adhérents. La rencontre avec le vice-président du Club Alpin Français de Grenoble

a également été effectuée afin de rendre compte d’une pratique sportive différente à la retraite,

en dehors du concept de la FFRS. Différentes approches, qui questionnent la primauté du lien

social dans la pratique sportive à la retraite.

2.1.Le Club des Baladeurs Sportifs

Le Club des Baladeurs Sportifs se situe à St Nazaire les Eymes. Le travail avec ce club a été

possible sur recommandation de la directrice générale de la FFRS de Sassenage. L’étude a

porté sur la rencontre avec la présidente du Club, en présence du médecin fédéral et de la

présidente à la condition féminine. Des responsables également adhérents, dont la rencontre a

ensuite permis la participation à une séance de marche nordique avec les adhérents.

2.1.1.Les activités proposées

Entre les différents clubs affiliés à la FFRS, les activités diffèrent selon les moyens humains

et financiers. Certains clubs proposeront deux activités quand d’autres auront une gamme plus

étendue. Les activités les plus pratiquées par les clubs sont la gymnastique, la randonnée, le

ski de fond, la marche nordique. Un seul propose la pratique du Tai Chi.

Par rapport au Club des Baladeurs Sportifs, les activités proposées sont la

gymnastique, la marche nordique, la danse et deux sortes de randonnées dont la randonnée

avec dénivelés et la randonnée douce qui permet à plus de personnes de pratiquer, ainsi que la

mise en place de l’activité raquette en hiver. Par rapport aux adhérents du club, la majorité,

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56

76% pratiquent la randonnée pédestre, 49% la gymnastique, 33% la marche nordique et 25%

pratiquent la danse100.

Comme le demande la FFRS, les activités sont organisées de façon à favoriser la

pratique conviviale. Par exemple, pour l’activité marche à pied, celle-ci est déclinée en

différents programmes selon les capacités de chacun. L’adhérent retraité aura le choix entre la

randonnée, qui demande une bonne forme physique, ou bien la balade où la distance du

parcours sera plus faible et sera pratiquée sur un terrain peu accidenté. La pratique de la

promenade est également possible pour les personnes étant dans le grand âge ou ayant des

difficultés physiques ne leur permettant pas de pratiquer des activités trop contraignantes.

C’est également le cas dans l’organisation d’activité vélo, où les animateurs seront plus

attentifs à se caler sur le rythme de celui qui va le plus lentement en évitant de trop grands

écarts entre les personnes. Les adhérents plus performants seront conviés à faire des allers-

retours pour rejoindre les plus lents. L’activité danse a également été aménagée. Elle

s’organise sur une plage horaire de deux heures. La première heure est consacrée à la danse en

ligne, qui permet aux personnes seules, notamment les femmes de pouvoir participer à cette

activité. La deuxième heure c’est la danse de salon qui commence, qui nécessite d’être à deux.

La marche nordique aussi a été adaptée selon les niveaux de chacun. C’est une activité

complètement différente de la randonnée. Elle se pratique avec des bâtons spécifiques et

demande une technicité particulière et précise. Les objectifs sont différents par rapport à une

randonnée puisque la pratique est plus intense mais s’effectue sur une plus courte durée. Une

pratique qui permettrait de faire travailler 80% des muscles du corps. Pendant la séance, les

plus rapides font demi-tour pour rejoindre les derniers et marcher un moment avec eux. Pour

le médecin, cette organisation ‘’est d’une part plus sympathique pour que les derniers n’aient

pas l’impression d’être à la traîne’’.

De plus, chaque activité est adaptée. Seule la pratique de la randonnée fait l’objet de

groupes de niveaux en raison des différentes difficultés des parcours en termes de distance et

de dénivelés notamment. Sinon toutes les autres activités sont pratiquées indépendamment du

niveau de chacun mais les règles sont réaménagées par rapport au public senior. C’est le cas

par exemple pour la pratique du quille ball. Un sport qui se pratique avec un ballon entre trois

équipes de cinq personnes. L’objectif étant de lancer le ballon afin que l’équipe adverse ne

parvienne pas à le rattraper. Une fois la balle attrapée, celui qui est en sa possession doit rester

cinq secondes accroupi avant de relancer la balle. Les dirigeants du club ont constaté des

100 Notes entretien du 27 février 2015

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57

gênes dans la pratique de cette activité. Certains avaient des difficultés à se mettre à genoux

quand d’autres s’essoufflaient rapidement. Par exemple, la présidente à la commission

féminine expliquait que ‘’la règle des cinq secondes a été supprimée, ‘’ décision ‘’vous prenez

le temps qu’il faut, vous vous installez, et quand vous êtes bien, vous relancez le ballon’’ et

‘’pour ceux qui ne peuvent pas se mettre à genoux ils restent debout où se mettent un peu plus

accroupis’’. Chaque activité est observée, les difficultés sont identifiées, ensuite vient le

temps de l’adaptation.

Malgré l’hétérogénéité des activités sportives proposées par le club, toutes se

rejoindraient sur un point commun, à savoir qu’elles favoriseraient à leur façon le lien social

des seniors. Cela serait rendu possible parce qu’elles s’exercent en groupe via la pratique en

toute convivialité, mais également au travers de l’organisation collective mis en place entre

adhérents pour se rendre à certaines activités. C’est le cas par exemple pour la marche

nordique ou pour les sorties randonnées. Un point de départ est choisi et certains adhérents

s’organisent en covoiturage afin de se rendre au lieu de rendez-vous.

Pour le médecin, le concept ‘’Sport, Senior, Santé’’, qui recommande la pratique de plusieurs

activités a avant tout pour ambition de stimuler les compétences des retraités dans un sens

physiologique en termes de souplesse, de renforcement de la force musculaire,

cardiovasculaire, de coordination et d’équilibre. A mesure de l’entretien, le discours

institutionnel a su laissé place à la mise en avant progressive de la thématique du lien social,

notamment au travers de l’encadrement des activités.

2.1.2.Un club pour les retraités, animé par les retraités

La devise de la FFRS est de se définir comme une fédération pour les retraités, animée par des

retraités. Au sein de la fédération se côtoient animateurs et adhérents. Une devise qui conduit

à s’interroger sur les raisons conduisant la fédération à être complètement organisée et gérée

par les retraités.

Les animateurs FFRS sont des retraités ayant fait le choix d’entrer dans le processus

de formation proposé par la fédération. L’appel à des salariés extérieur a lieu pour répondre

aux obligations légales mais reste un acte exceptionnel. Par exemple, pour les activités se

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58

pratiquant en piscine notamment, la présence d’un maître nageur est obligatoire. Dans le cadre

du ski aussi, où les compétences d’un moniteur de ski sont nécessaires pour encadrer les

séances. Le cas de club FFRS étant en manque d’animateur fait également partie de ces

exceptions. Certaines activités comme la gymnastique peuvent aussi parfois demander d’avoir

recours à un intervenant rémunéré mais ce cas reste assez rare. Pourquoi ces choix ?

Selon la présidente à la commission féminine, l’idée d’avoir de jeunes animateurs

n’est pas d’actualité. Au contraire, elle défendait l’avantage de fonctionner avec des retraités

comme animateurs. Pour elle, ces animateurs sont des retraités âgés, comme l’ensemble des

adhérents, de cette façon comme ‘’on vieillit ensemble, on est plus conscient des problèmes

qu’on peut rencontrer quand on est dans le même cas. Donc il y a une prise de conscience des

problèmes de l’autre qui est plus facile’’, d’autant plus que d’après elle ‘’la majorité des

adhérents tiennent à notre devise’’, à savoir une fédération ‘’pour les retraités, animée par les

retraités’’. La formation de bénévoles retraités en tant qu’animateurs distingue la FFRS

d’autres fédérations sportives dans son mode de fonctionnement et présente un avantage pour

ses adhérents, à savoir que ‘’les gens de nos âges sont peut être plus attentifs, ressentent

mieux la fatigue que certains’’. La présidente à la commission féminine ajoutait que ces

formations sont source d’épanouissement pour les seniors aussi. Pour elle, l’idée d’entrer dans

un processus de formation à 50-60 ans n’est pas une chose évidente car cela demande une

remise en question étant donné ‘’qu’on va être jugé sur des compétences particulières (…)

c’est une prise de risque psychologique mais c’est encore une preuve d’une certaine

jeunesse’’.

2.1.3.Les adhérents du club

Le Club des Baladeurs Sportifs a connu un franc succès auprès du public retraité. Des

adhérents dynamiques et curieux à l’idée de pratiquer de nouvelles activités.

D’après la présidente, le club a connu une progression de 70% de ses effectifs en six

ans, qui témoigne ainsi d’une demande croissante de la part du public retraité d’adhérer à ce

type de club. Il n’est pas ouvert à tous public, puisque l’âge d’adhésion est fixé à 50 ans et

plus. Néanmoins, des dérogations sont possibles pour les couples dont l’un des deux

partenaires est plus jeune. Quant au choix de refuser d’accepter des jeunes au sein de la

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59

fédération, cela s’explique par le fait que le concept proposé par la FFRS ne répond pas aux

attentes d’un public jeune. D’ailleurs la présidente du club posait la question de savoir ‘’dans

ce cadre là, qu’est-ce qu’un jeune de 30 ans viendrait faire au niveau des activités ?’’.

Néanmoins une tolérance de 10% a été mise en place au sein des effectifs car dans certains

villages isolés à la campagne, des femmes de 30-40ans souhaitaient pratiquer la gymnastique

au sein des clubs affiliés à la FFRS afin de pouvoir pratiquer avec d’autres personnes. Mais

comme le rappelle le médecin, ‘’dans la pratique se sont essentiellement des retraités’’. Il

justifie le choix de ne pas accepter des personnes ayant moins de 50 ans du fait des difficultés

à organiser chaque activité déjà par rapport au groupe des seniors. Pour lui, cela est déjà assez

compliqué, car les dirigeants doivent prendre en compte des seniors de 80 ans au

vieillissement extraordinaire caractérisé par une très bonne santé, mais ‘’à l’inverse, tu as des

gens de 60 ans qui marche difficilement pour des raisons diverses et variées. Tout ça pour dire

que c’est pas un refus d’accepter les gens plus jeunes mais c’est des problèmes

organisationnels’’ défendait le médecin. Quand est-il du profil de ces adhérents ?

Lors de l’inscription à un club affilié à la FFRS, la catégorie socioprofessionnelle n’est

pas à renseigner. Un choix de la part de la fédération afin de favoriser la mixité sociale. Un

choix qui semble plaire, puisque la présidente à la commission féminine expliquait ‘’ moi ce

qui m’a plu c’est qu’on arrive et on est tous déshabillez de son carcan professionnel. (…) y a

une mixité sociale qui est très intéressante et qui passe très bien. Et une tolérance envers

certaines personnes qu’on n’aurait pas dans la vie professionnelle ça c’est certain’’. Le

médecin ajoutait qu’au sein de son groupe de marche nordique les ‘’3/4 des gens je savais pas

ce qu’ils faisaient dans leur vie active. La relation n’est pas faite là-dessus. Ce qui fait que ça

simplifie beaucoup les choses’’. La fédération fait donc le choix de ne pas établir le profil de

ses adhérents, la recherche de profil ‘’ se fait par rapport à la santé surtout, aux capacités

plutôt que par rapport à une position sociale’’ défendait la présidente. Mais y a-t-il des

éléments permettant de différencier, de comparer ces adhérents en dehors des critères

socioprofessionnels passés ?

Là où les adhérents sembleraient se rejoindre porte sur la quête de nouveauté. Par

rapport aux activités, le club propose de développer de nouvelles pratiques face à des

adhérents toujours curieux de pratiquer de nouveaux sports. La présidente du club souhaite

mettre en place d’ici le printemps le VTC, vélo touche main par exemple. Une activité qui se

pratique sur des terrains peu accidentés à la différence du VTT, vélo tout terrain, peu pentu,

mais davantage sur des terrains goudronnés comme les bords de l’Isère par exemple. D’après

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elle, les seniors aiment pratiquer de nouvelles activités ludiques et inconnues. C’est le cas du

buggy pop qui est une marche qui se pratique avec des bâtons spéciaux équipés de ressort qui

remontent quand on appuie dessus. Cette activité doit être entrecoupée d’exercices de

gymnastique. Des adhérents toujours optimistes à l’idée de pratiquer de nouvelles activités,

comme le disait la présidente du club ‘’ chaque fois qu’il y a quelque chose de nouveau on s’y

engouffre car les gens sont gourmands. Ils veulent se tenir au courant de ce qui se passe et

veulent pratiquer toutes ces activités nouvelles’’.

Par rapport aux pratiques homme-femme également, la question se pose de savoir si

certaines disciplines sont davantage choisies par les femmes quand d’autres sont dominées par

les hommes, comme la pratique du ski. Justement, le médecin faisait part du ratio dans la

pratique sportive homme-femme. Elle s’élève à 70% pour les femmes contre 30% d’hommes.

Les femmes seraient donc davantage sportives que les hommes à la retraite. D’après le

médecin, une étude avait révélé que si entre 50 et 68 ans le ratio homme-femme était à peu

près équivalent, avec l’avancée en âge la disparité devenait importante et en faveur des

femmes. Par rapport aux activités, selon les statistiques fournies par le médecin, la pratique de

la pétanque remporte un franc succès auprès des hommes, de même que la pratique du VTC,

du tennis, du ski alpin. Là où les femmes sont massivement présentes au sein des disciplines

de gymnastique et de danse.

Le club des Baladeurs Sportifs rassemblent donc des retraités de tout âge. Des retraités

dynamiques, curieux de découvrir de nouvelles activités sportives. Des adhérents qui se

différencient notamment entre les sexes dans le choix des pratiques sportives et qui vient

mettre en question leurs motivations. Qu’est-ce qui poussent ces retraités à décider d’adhérer

au club ?

2.1.4.Une motivation ‘’sport, santé’’ avant tout ?

Le club a connu une progression de 70% de ses effectifs sur six ans. Comment expliquer cette

évolution ? Comment se fait-il que les seniors s’impliquent de plus en plus au sein de la

fédération sportive ? Qu’est-ce qui les pousse à s’engager dans une retraite sportive ? Les

bienfaits de la pratique du sport sur la santé ? L’influence du discours institutionnel ? L’idée

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de garder un lien social ? Questionner les dirigeants du club a permis une mise en lumière de

ces interrogations.

Pour le médecin, les bienfaits du sport sur la santé des seniors est un facteur important.

Il prenait notamment l’exemple du cholestérol chez les seniors. L’activité physique permet de

réduire ce taux et de lutter contre ses effets néfastes sur la santé des retraités. Le médecin

expliquait la forte propension de retraités sujet au cholestérol car le moment de la retraite

signifie souvent celui du ‘’laisser aller’’, il avouait ‘’ aussi qu’on aime bien manger en

vieillissant et on aime bien boire (…) parmi nos adhérents un peu plus de 30% d’entre eux se

soignent pour un excès de cholestérol’’, la pratique d’une activité physique leur permet de

réduire ce taux, qu’il faut rappeler est dangereux avec l’avancée en âge du fait des risques

plus élevé d’AVC ‘’, accident vasculaire cérébral.

Pour la présidente à la commission féminine, une partie s’explique par le facteur

culturel. Selon elle, ‘’on entend assez de messages sur le sport-santé’’. La question portant sur

l’influence du discours sur le ‘’Bien vieillir’’ a fait l’unanimité parmi les trois représentants.

La présidente du club avançait l’idée du bouche à oreille ‘’on a des adhérentes qui ont ramené

des gens à qui elles avaient dit qu’elles partaient faire de la marche nordique le lundi matin.

Ils sont venus parce qu’ils ‘’voyaient partir Ginette tous les lundis matins’’.

Si la fédération met un point d’honneur à l’idée de pratiquer l’activité physique en

toute convivialité, l’idée de compétition est un facteur de motivation parfois pour certains

adhérents. La pratique de certaines activités favorise l’idée de challenge entre les retraités. Par

exemple, un match de badminton va conduire les pratiquants à compter les points mais

toujours dans le respect de ne pas aller au-delà des limites physiques. La mesure de l’effort

physique reste primordiale et doit avant tout rester une pratique pour le plaisir et non pas de

souffrance.

Néanmoins, la présidente à la commission féminine affirmait que l’idée de

compétition n’était pas non plus ce qui motivait le plus les adhérents. Au contraire, pour elle

‘’le plaisir ne vient pas du challenge. Le plaisir vient aussi de la pratique en groupe. On est

ensemble, on est bien ensemble, mais forcément à un moment donné, si on joue au tennis

c’est forcément pour marquer des points’’. Tout en rappelant que la finalité de l’activité n’a

pas la même importance lorsqu’on est un jeune de 30 ans et lorsqu’on à 60 ans. La

convivialité est une motivation importante. Cette convivialité se retrouve à travers

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l’organisation de sorties permettant de pratiquer de nouvelles activités comme la pratique du

disc golf. Une activité qui se pratique dans la nature le long d’un parcours de 3 à 4 km et qui

consiste à lancer des freezbee de poids différents dans des paniers accrochés à des arbres. Ces

sorties sont l’occasion de se retrouver autour d’une activité ludique, comme le disait la

présidente du club ‘’on organisera une sortie…et puis on ira manger ensemble après !’’ car

‘’après l’effort, le réconfort’’. C’est notamment le cas dans l’activité randonnée où ‘’tous le

monde se retrouve pour le pique nique, le moment convivial’’ selon la présidente.

Les motivations des seniors sont donc multiples. En tant que représentants de la FFRS, les

dirigeants semblaient davantage tenir le discours institutionnel de la fédération. Ce qui les

amenaient à mettre en avant les bienfaits de la pratique sportive sur la santé des seniors, là où

la question du lien social a émergé plus tardivement. Mais alors pourquoi le sport à la retraite

et pas une autre activité ?

2.1.5.Sport à la retraite et lien social

Que vise un retraité lorsqu’il adhère à un club FFRS ? Voit-il le sport comme un repère ?

Comme le moyen de garder des contacts ? Quand les questions s’orientent directement sur la

thématique du sport comme facteur de lien social, les réponses sembleraient s’orienter

différemment quant aux motivations des seniors.

Les trois dirigeants présents s’accordaient pour dire que le sport constitue un repère à

la retraite. La présidente à la commission féminine ajoutait d’ailleurs que ‘’c’est aussi un

moyen de conserver un lien social’’. Elle reprenait l’exemple de Paulette et de ses amies

‘’parce que y a trois ou quatre personnes qui sont veuves, et elles se sont retrouvées grâce au

club. Maintenant elles ont beaucoup d’activités en dehors du club ensemble. Et ça, ça les a

aidées’’. Le club leur a permis de se retrouver et de développer un lien d’amitié qui va au-delà

du club puisqu’elles ‘’partent en vacances ensemble’’. Toujours selon la présidente à la

commission féminine, adhérer au club c’est ajouter ‘’ beaucoup plus de plaisir dans la

rencontre plutôt que dans l’activité elle-même’’.

Tous affirmaient qu’adhérer au club de la FFRS c’est l’idée de partager un moment

avec d’autres personnes, qui favorise à la fois le ‘’bien-être physique personnel’’ car comme

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témoignait la présidente du club, une fois la séance terminée ‘’la semaine d’après c’’est ‘’ah

qu’est-ce qu’on était bien après !’’. L’idée de ‘’bien-être physique partagé’’ pour la présidente

à la commission féminine. Au médecin de rajouter le bien-être psychologique, avec l’idée que

partager une activité en groupe ‘’c’est aussi une bouffée d’air pendant un moment’’. Le sport

est vu comme un moyen permettant de rassembler ces retraités, comme l’explique la

présidente du club, pratiquer la marche nordique en groupe ça leur permet aussi de se motiver

par exemple en cas de mauvais temps, ‘’même avec une petite pluie on arrive à y aller, alors

que toute seule on n’irait pas’’.

Enfin, les formations proposées par la fédération permettent aux seniors de s’investir à

nouveau au sein d’une organisation et de conserver ‘’un rôle social’’ comme en témoignait la

présidente à la commission féminine. En tant qu’ancienne institutrice elle avouait que le

passage à la retraite fut difficile notamment lorsqu’elle a reçu cette lettre du Ministère

l’informant : ‘’vous êtes rayé des cartes de la fonction publique’’, pour elle ‘’tout d’un coup

j’ai perdu tout statut social(…) du jour au lendemain vous êtes plus personne’’. Pourtant pour

elle, à l’entrée dans la retraite ‘’on a toute les capacités de tenir encore un rôle social’’.

Si le sport apparaitrait davantage comme le moyen de garder un lien social, voir un rôle

social, que se passe-t-il en dehors du club ? Il semble intéressant de questionner à présent, si

les liens ‘’sportifs’’ créés par la pratique collective au sein du club se perpétuent en dehors.

2.1.6.Les activités extra-clubs pour renforcer le lien social ?

La pratique sportive à la retraite questionne le lien social dans le choix de s’engager dans une

retraite axée sur le sport mais également dans la possibilité de nouer des contacts qui se

poursuivront en dehors de l’affiliation au club.

Les dirigeants du club ont mis en avant l’organisation de séjours par la FFRS pour ses

adhérents. Chaque club affilié à la FFRS organise des séjours qui doivent avoir une base

d’activités sportives car ils sont agréés par la fédération. Ces séjours permettent aux adhérents

de se retrouver dans un autre contexte que celui des activités pratiquées au sein du club.

Notamment des séjours raquette en hiver ou bien des destinations touristiques avec la

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combinaison entre un programme sportif et touristique ou chaque adhérent peut venir

accompagné d’une personne extérieure au club.

Les clubs organisent également des sorties et des soirées tout au long de l’année. Par

exemple, en décembre le club organise une balade ouverte à tous les adhérents. L’activité se

termine avec du vin chaud et des gâteaux, ‘’c’est quelque chose de convivial et ça permet de

rassembler tous le monde’’ assurait la présidente. Ensuite en janvier ‘’on tire les rois’’. En

mars-avril est organisée une soirée dansante où les adhérents peuvent venir accompagnés.

Si le club organise des séjours, des soirées permettant de se rencontrer dans des contextes

différents entre adhérents, cela ne répond pas à la question de savoir si ces liens se perpétuent

en dehors de ce cadre. Peut-être l’approche directe par les publics permettra d’apporter plus

de réponses ? Quid du second club étudié ?

2.2.L’Athlétisme Club de Sassenage

Le Club d’Athlétisme de Sassenage est à la base un club pour tous les âges axé sur la pratique

de l’athlétisme, notamment de la discipline de la course à pied. Le club a connu une nouvelle

évolution avec l’arrivée d’un nouveau président qui a choisi de s’orienter vers la pratique

sportive axée sur les seniors, en s’affiliant à la FFRS.

2.2.1.Vers une orientation senior

Au départ ce club d’athlétisme a été créé par des adultes pour la pratique de la course à pieds

amateur. L’arrivée du nouveau président, alors à la retraite, est venu impulser une nouvelle

donne au club par la mise en avant d’activités pour les seniors. C’est de cette façon qu’il a

développé la première activité seniors qu’est la marche nordique. Une discipline dont le

succès s’est avéré important auprès du public senior101.

En effet, cette orientation a été rendu possible grâce à l’arrivée d’un nouveau

président, retraité qui s’intéressait au concept ‘’Sport, Seniors, Santé’’ et qui expliquait ‘’en

101 Notes entretien du 17 avril 2015 avec le président du Club Athlétisme de Sassenage

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65

tant que retraité, et sportif, promouvoir cette démarche’’. Une orientation qui a suscité des

réticences parmi les adhérents coureurs puisqu’il venait ouvrir une orientation plus large de la

pratique sportive ne se limitant plus uniquement à la pratique de la course à pied. Néanmoins

cette nouvelle orientation a permis au club de quasiment tripler ses effectifs en passant de 50 à

132 adhérents.

Cela c’est traduit par la mise en place de nouvelles activités. Elles sont au nombre de

trois pour le moment étant donné que le club s’est récemment affilié. Parmi elle, la danse

country, la gym senior et l’éveil corporel. Des activités qui se développent également puisque

le président tentera prochainement de mettre en place l’activité ‘’remue méninges’’ qui

consistent à faire travailler l’activité cérébrale des seniors, notamment leur mémoire aux

travers d’activités stimulantes comme le sudoku et des jeux de mémorisation.

2.2.2.Toujours dans cette logique d’adaptabilité

Désormais en tant que club affilié à la FFRS, le Club d’Athlétisme de Sassenage doit adapter

l’ensemble des activités qu’il propose à son public senior. Comment cela se traduit-il dans les

faits ?

Les activités sont adaptées à la demande des adhérents, c’est le cas pour la gym senior

où des groupes de niveau ont été créés. La consigne du président pour chaque activité c’est

‘’de jamais forcer, on n’est pas là pour se mettre en danger’’. Le président du club rappelle

‘’qu’on n’est pas dans une démarche compétition, on est là pour se faire du bien,

physiquement et dans la tête. Les exercices, on les fait au mieux mais jamais dans le

dépassement de soi’’. C’est le cas aussi pour la marche nordique, où des groupes de niveaux

sont effectués, et ‘’chaque personne va dans le groupe qui correspond le mieux à son

rythme’’.

Mais quand est-il des activités collectives comme le foot, le rugby ? Ces deux

disciplines sont reconnues par la FFRS. Ces sports représenteraient un effort considérable

pour les retraités du fait de la distance à parcourir sur les terrains mais également des risques

en termes de sécurité. Et pourtant, elles peuvent être pratiquées en créant de nouvelles règles.

Ces disciplines sont adaptées par rapport au public senior. Par exemple, le foot est pratiqué

sous le nom de ‘’foot salle’’. Cette activité se pratique avec un ballon en mousse, sur un

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66

terrain plus petit avec des équipes réduites. De même que le rugby, qui se pratique sous

l’appellation ‘’rugby touch’’. Ici aussi le terrain sera réduit et la règle consiste à toucher son

adversaire afin de récupérer le ballon, interdiction de placages pour les retraités. Ces activités

sont ludiques et plaisent aux seniors, d’autant plus qu’elles favorisent la pratique en groupe.

Le concept d’activités adaptables se retrouve ici, ainsi que la mise en avant de la pratique

conviviale.

2.2.3.Tout en favorisant la convivialité

Pour le président, l’idée de compétition encore une fois ne fait pas partie des motivations des

seniors. Pour lui, ‘’le public est quand même relativement âgé et ils sont pas dans cette culture

là’’. Quant à son club, il tente de développer l’esprit convivial promut par la FFRS, entre les

différents âges qui cohabitent au sein du club.

Ce club se définit comme un club multi-âge, c’est pourquoi le président tente de faire

cohabiter chaque génération et de développer entre elle une atmosphère conviviale. Ce travail

passe par l’organisation de soirée. C’est l’objectif des soirées corrida par exemple, où

l’ensemble des adhérents du club peuvent se retrouver autour d’un repas commun. En juin,

ensuite, est organisée une soirée grillade, ouverte à tout les adhérents, ‘’ça c’est des soirées

conviviales. Essayer que tout le monde se ressoude autour de l’identité du club’’ tel est

l’objectif du président.

Un esprit convivial que le club tente de renforcer au travers de l’organisation de

weekends ou des séjours organisés. En septembre, les seniors adhérents qui le souhaiteront

pourront partir une semaine ensemble en Espagne ou encore participer à un prochain weekend

marche nordique qui aura lieu dans le Vercors. Ces activités sont ouvertes aux conjoints et

amis. Par exemple le président participera à la semaine en Espagne en compagnie de son

épouse.

En tant que club affilié à la FFRS, le président met en avant l’esprit convivial de la pratique

sportive pour les seniors, tout en cherchant à souder les différentes générations présentes dans

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67

son club afin de rassembler l’ensemble de ses adhérents. Quid des caractéristiques des

adhérents seniors du Club Athlétisme de Sassenage ?

2.2.4.Les adhérents seniors

Selon le président, les adhérents du club de Sassenage sont un groupe très hétérogène mais

marqué par une caractéristique particulière.

Le président reconnait que la limite fixée par la FFRS de l’âge à 50 ans n’est plus

vraiment en phase avec la réalité étant donné que la retraite s’obtient plutôt vers 65 ans

aujourd’hui. Agé de 64 ans, il pense être le plus jeune parmi les retraités adhérents au sein du

club. Le plus âgé ayant 82 ans. Quant à la catégorie socioprofessionnelle, ‘’elle importe peu’’

d’après le président. Il avouait n’avoir aucune idée des parcours professionnels des adhérents.

Néanmoins il constatait une présence plus importante de femmes. Une présence qui

s’expliquait d’après lui par la dimension sécuritaire de la pratique en groupe, notamment pour

la course à pieds mais également du fait que les femmes vieillissent en meilleure santé que les

hommes.

Enfin au regard de leurs motivations, l’influence des médias dans le discours sur

‘’Manger, Bouger’’ aurait un impact sur le comportement des retraités. Pour lui, les retraités

sont ‘’bombardés’’ par ces messages sanitaires et il défendait l’idée que ‘’pour rester jeune

longtemps, il faut bouger !’’. Il faisait également référence au lien social, ‘’c’est très

important pour les retraités, pour ne pas rester isolé’’ car il admet ‘’que c’est plus facile de

bouger en groupe que de bouger tout seul’’.

Un club qui s’est approprié le concept de la ‘’retraite sportive et active ‘’ en faisant le choix

de s’affilier à la FFRS et qui a su s’adapter à ce nouveau modèle de pratique sportive adaptée

aux seniors tout en ayant acquis le discours institutionnel prôné par la fédération. Il apparait

intéressant de voir à présent comment d’autres pratiques sportives seniors existent,

notamment au travers d’une courte étude du Club Alpin de Grenoble.

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2.3. La Club Alpin Français de Grenoble

Dans cette enquête, un entretien a été réalisé avec le vice-président du CAF de Grenoble. Un

entretien qui a permis de voir comment d’autres clubs sportifs développent une approche

différente du sport senior au regard du concept développé par la FFRS, notamment sur la

question du lien social.

2.3.1.Une conception différente du sport

Le CAF de Grenoble se distingue des autres clubs sportifs en tant que club proposant des

activités pour tous les âges, cela commence dès le plus jeune âge jusqu’au groupe des seniors.

La pratique au sein du CAF se fait sur la base d’une conception différente du sport que celle

défendue par la FFRS.

En effet, le CAF fonctionne différemment, c’est un club multi-âge qui effectue des

groupes de niveaux pour la plupart des activités proposées. Un concept totalement différent de

la FFRS. D’ailleurs le médecin fédéral de la FFRS avait fait référence au CAF en expliquant

que certains de leurs adhérents finissaient par rejoindre les clubs FFRS plutôt. D’après lui,

l’objectif n’est pas le même, par exemple les temps de randonnées sont comparés ‘’vous avez

fait la barre des Ecrins, vous avez mis six heures, nous on a mis 5h45 la semaine dernière’’.

Le médecin fédéral expliquait que pour certains seniors, à l’arrivée à la retraite, le

dépassement de soi n’est plus du tout recherché. Au contraire l’implication dans la pratique

sportive doit rester une pratique faite de plaisir. Le médecin expliquait qu’au CAF ‘’si

quelqu’un arrive pas à suivre on lui dit ‘’bah écoutes la prochaine fois tu feras la sortie avec

le groupe inférieur’’.

D’ailleurs les valeurs du CAF reposent sur une vision différente de la pratique

sportive. Pour le vice-président, ces valeurs sont basées notamment sur l’acquisition de

l’autonomie en montagne mais également sur ‘’des valeurs de compétences, de sécurité en

montagne qui sont importantes’’, pour rajouter ensuite ‘’et puis après y a l’aspect

convivialité’’. Pour le vice-président, adhérer au CAF c’est un mélange entre l’esprit de

compétition et l’idée de repousser ses limites mais également le plaisir de la pratique en

montagne. Quant à la convivialité, d’après lui elle est liée à des situations particulières

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‘’quand vous vous retrouvez avec des groupes dans des situations difficiles ça peut resserrer

les liens’’.

Le CAF conçoit une vision du sport accès sur l’idée d’acquérir des capacités nouvelles dans la

pratique d’activités en plein air. Une vision du sport qui amène à promouvoir des valeurs

différentes que sont l’idée de compétences dans la pratique sportive notamment. Une

conception qui diffère de celle développée par la FFRS mais parce que ne reposant pas sur les

mêmes bases. Quelles sont les activités proposées par le CAF ?

2.3.2.Des activités plus techniques mais ouvertes à tous

Le CAF développe avant tout la pratique d’activités sportives en milieu naturel. Des activités

techniquement plus difficiles qui restent ouvertes à la pratique pour tous.

En effet, le club propose des activités plus physiques, de pleine aire, comme le

canyonning, l’alpinisme, l’escalade. Des activités qui demandent des équipements spéciaux et

une certaine technicité. D’ailleurs, si le club fonctionne également avec des bénévoles,

certaines activités proposées demandent de faire appel à des professionnels comme des guides

de haute montagne, pour les sorties escalades et alpinismes notamment. La nécessaire

présence de ces professionnels pour encadrer les sorties témoignent d’une difficulté plus

accrue des disciplines sportives proposées par le CAF.

Enfin, si l’accès aux activités est ouverte à tous ‘’des pré-requis pour certaines

activités’’ sont nécessaires car certaines disciplines comportent davantage de risques dans la

pratique. Des risques qui peuvent décourager certains à pratiquer au sein du CAF. Néanmoins,

des groupes de niveaux sont effectués, justement pour permettre à chacun de se retrouver dans

un niveau de pratique lui correspondant. Les adhérents choisissent le groupe auquel il

souhaite participer, ensuite une validation est faite par les encadrants. Les personnes

choisissent leur groupe aussi en fonction de leur objectif, certains vont préférer un groupe où

les sorties seront accès sur une randonnée pas très longue ‘’pour prendre des photos, prendre

leur temps’’. Quand d’autres préféreront accès leur pratique sur le défi, le dépassement de soi.

Cela permet à chacun de se retrouver dans ‘’la pratique sportive qu’il entend exercer’’.

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70

Le CAF s’adresse donc à un public davantage sportif, ayant déjà une certaine expérience de la

pratique sportive. Cela amène à se questionner quant aux adhérents seniors au sein du CAF.

2.3.3.Adhérents seniors et pratique sportive

Le CAF établit des statistiques sur ses adhérents ce qui permet une meilleure approche de son

public notamment de son public seniors.

En effet, d’après les statistiques publiées sur le site du CAF, la majorité de ses

adhérents se situe dans la tranche d’âges des 56 et 75 ans, qui regroupe ainsi 63% des

adhérents du CAF102. D’après le vice-président, pour ce groupe d’âge, ‘’l’aspect sportif est

important’’ avant l’aspect recherche de lien social. Pour le vice –président les deux sont liés,

mais adhérer au CAF c’est pour la pratique sportive en milieu naturel donc davantage l’idée

de se dépenser et le plaisir de pratiquer dans la nature. Les pratiques privilégiées par cette

tranche d’âge sont la randonnée et les raquettes en hiver notamment.

De plus, pour le vice-président, le fait d’être un club multi-âge est une ‘’richesse’’ et

‘’de toute façon il faut un renouvellement’’. Il constate d’ailleurs un rajeunissement des

effectifs du club. En établissant des études sur le profil de leurs adhérents, le CAF choisit de

renseigner la catégorie socioprofessionnelle. Cela leur permet de constater une

surreprésentation des cadres, des ingénieurs et des enseignants parmi leurs adhérents actifs.

Le club regroupe davantage d’hommes que de femmes, les femmes étant davantage présentes

dans des activités plus ciblées, davantage sécurisantes.

Enfin, d’après le vice-président, les seniors du club se perçoivent en bonne forme, ‘’se

sont des gens qui se plaignent pas(…) qui sont assez dynamiques. Sinon ils ne seraient pas

là’’. En questionnant plus personnellement le vice-président, en tant que retraité sportif

adhérent au CAF, quant à la pratique du sport à la retraite, pour lui cette pratique découle de

la volonté de se dépasser, du plaisir de pratiquer en montagne et puis bien sur ‘’ça permet de

rester en forme’’. Il admet que cela représente tout de même du travail en tant que retraité, de

combiner une fonction de vice-président, à celle de grands-parents. D’ailleurs il défend l’idée

102 http://www.cafgrenoble.com/06_leclub/adhesion/

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71

que le sport ne constitue pas tellement un repère à la retraite mais davantage ‘’une façon

d’être’’. Quant à la question de savoir si les relations établies au sein du club entre les

adhérents se poursuivent en dehors du CAF, le vice –président affirme ‘’oui y a des gens qui

sortent en montagne en dehors du club’’. Quant aux soirées, le club en organise parfois mais

pour le vice-président ‘’y quand même des fêtes mais…c’est pas un club de rencontres quoi’’.

Faire référence au CAF met en évidence la façon dont d’autres clubs sportifs développent une

offre également pour le public des retraités sans être exceptionnellement tournés vers ce

groupe social. Cela a également permis de voir en quoi la vision de la pratique sportive diffère

selon les clubs et leurs adhérents. Le CAF privilégiant une pratique sportive plus poussée,

plus accès sur le dépassement de soi et l’acquisition de nouvelles compétences en terme de

pratique. D’ailleurs le vice-président reconnaissait que certaines pratiques sont à risques. Une

étude plus poussée sur les adhérents du CAF permettrait de mettre en évidence les

motivations les conduisant à adhérer à ce club plutôt qu’un autre.

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CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Cette seconde partie a permis de mettre en lumière les acteurs de la ‘’retraite sportive

et active’’. Notamment par la présentation de la Fédération Française de la Retraite Sportive

en tant qu’acteur national majeur dans la promotion de ce modèle de retraite. La rencontre

avec les dirigeants de deux de ses clubs a permis de constater la tenue du discours

institutionnel de la fédération au travers de ses cadres dirigeants. L’ensemble des dirigeants

des clubs affiliés à la FFRS sont des acteurs de la mise en œuvre de l’action de la FFRS. Ils

reprennent le discours de la fédération en mettant en avant les bienfaits du sport sur la santé

des seniors. A mesure de l’entretien, la question du lien social s’esquissait au travers de

réponses plus personnelles.

L’étude du Club Alpin de Grenoble a montré les différentes conceptions de la pratique

sportive défendues au sein de ce club sportif. Le CAF promeut une adhésion davantage accès

sur la pratique pour tous les sportifs. Un club qui propose des activités accès sur la pratique en

plein aire, qui demandent certaines compétences techniques. Les valeurs défendues par le

CAF sont différentes de celles promues par la FFRS. Des valeurs qui doivent se traduire par

des motivations différentes poussant les individus à adhérer à ce club plutôt qu’un autre.

Comme le disait le vice-président, le sport est avant tout ‘’une façon d’être’’, ce qui permet de

donner une idée de l’état d’esprit des sportifs adhérents au CAF.

Il convient à partir de là de s’interroger quant aux motivations du public retraités adhérents à

la FFRS, à s’engager dans une retraite sportive. Il semble intéressant de comparer les discours

tenus par les dirigeants de la FFRS, à la foi adhérents, mais avant tout représentants et acteurs

de la fédération par rapport au public des seniors engagé dans la retraite sportive et active au

sein des clubs affiliés à la FFRS. Pour tenter d’apporter des réponses, une enquête de terrain a

été menée auprès des adhérents FFRS, à travers la participation à certaines activités sportives

au sein des clubs présentés dans cette seconde partie.

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73

TROISIEME PARTIE

QUID DES MOTIVATIONS DES RETRAITES

A LA PRATIQUE DU SPORT AU SEIN DES

CLUBS FFRS ?

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74

Dans cette dernière partie, les informations utilisées ont été recueillies au cours de

l’enquête de terrain effectuée auprès du public senior du Club des Baladeurs Sportifs de St

Nazaire les Eymes ainsi qu’auprès de l’Athlétisme Club de Sassenage. La démarche a

consisté à participer à deux séances de sport afin de rencontrer le public affilié à ces deux

clubs. Ces séances de sport retenues par cette étude étaient la pratique de la marche nordique

avec le Club des Baladeurs Sportifs, ainsi que la participation à une séance de gym senior

avec le Club de Sassenage. Ces activités ont permis de recueillir le témoignage des différents

adhérents et notamment de connaitre quelles peuvent être les motivations à la pratique d’une

activité sportive au moment de la retraite. L’enjeu de cette troisième partie vise à tenter de

déterminer ce qui amène ces seniors à adhérer aux clubs affiliés à la FFRS. Est-ce afin de

poursuivre la pratique sportive qu’ils exerçaient peut-être pendant leur vie active ? Cette

démarche résulte-t-elle de l’influence du discours sur le ‘’Bien vieillir’’, qui amène les

retraités à se mettre au sport ? Est-ce davantage l’attrait de la pratique en groupe qui les

incite ? Ou bien serait-ce davantage un moyen leur permettant de développer des liens

sociaux, mis en question avec l’arrêt de leur activité professionnelle ? L’approche par les

publics devrait permettre d’apporter des éléments de réponse, d’autant plus qu’elle permettra

de comparer les réponses des retraités avec celles développées lors de la rencontre avec les

dirigeants de ces clubs.

Pour tenter de répondre à ces interrogations, une première partie s’attachera à déterminer, au

regard de l’analyse effectuée des témoignages recueillis, quelles peuvent être les motivations

qui amènent les seniors à s’investir dans une ‘’retraite sportive et active’’. Pour ensuite tenter

de voir pourquoi ces retraités sembleraient faire le choix de s’engager dans une retraite

davantage axée sur le lien social.

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75

CHAPITRE 1 : LES MOTIVATIONS DES SENIORS A S’ENGAGER DANS

UNE RETRAITE ‘’SPORTIVE ET ACTIVE’’

Dans cette partie il convient de déterminer quelles sont les raisons qui amènent les retraités à

choisir de pratiquer une activité sportive à la retraite. D’autant plus que cette pratique sportive

s’exerce dans le cadre de l’adhésion à un club et non pas au travers d’une pratique solitaire et

individuelle. Qu’est-ce qui poussent ces retraités à adhérer à un club sportif ? Quelle(s)

peuvent être leur(s) motivation(s) ? Est-ce que la motivation ‘’lien social’’ pourrait être une

motivation davantage déterminante pour ces retraités ? Si les discours institutionnels mettent

en avant les bienfaits de la pratique d’une activité physique pour la santé des seniors est-ce

pour autant leur motivation principale ?

1. Sport et seniors : des motivations plurielles

Les motivations de ces retraités sembleraient se définir à travers plusieurs raisons. Entre la

volonté de rester actif, celle de maintenir leur forme physique, ou encore au travers du

concept développé par la FFRS qui pousse ces seniors dans la pratique du sport, ces retraités

auraient plusieurs raisons à s’engager dans le sport à la retraite.

1.1.La volonté de rester actif

Parmi les adhérents, l’idée de conserver une certaine forme de vie active à la retraite est un

facteur important de motivation. Cette volonté se retrouverait à travers différentes démarches

que sont tout d’abord celle de vouloir s’engager dans la pratique au sein d’un club, ensuite au

travers d’une pratique régulière de leurs activités sportives, et pour les plus ambitieux, celle

de s’engager dans les processus de formations afin de devenir animateur ou instructeur.

1.1.1. A travers la démarche d’adhérer à un club

Cette volonté de rester actif à la retraite transparait dans le comportement de ces retraités.

Chacun des adhérents a connu d’une manière plus ou moins différente les clubs dans lesquels

ils sont licenciés. Cette démarche de vouloir adhérer à un club sportif, de s’informer pour

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76

savoir à quel club adhérer, témoignerait de cette détermination à maintenir une vie active à la

retraite.

En effet, la question se posait de savoir comment ces adhérents avaient connus les

clubs, et analyser les raisons qui les conduisent à suivre cette démarche. Chez les adhérents, la

plupart expliquait s’être informés pour savoir si un club proposait des activités sportives pour

les seniors. Cette démarche de s’informer prend des formes différentes chez ces retraités. La

plupart se sont déplacés au forum des associations organisé par leur commune afin de

connaitre l’offre proposée en termes d’activité pour les retraités. Pour d’autres, cela s’est fait

par le bouche à oreille, en discutant avec des amis, des voisins ayant adhéré au club qui ont su

les convaincre de participer à une séance d’essai. D’autres encore on été informé via les

annonces publiées dans les journaux locaux. Une femme par exemple expliquait qu’elle avait

entendu parler du club grâce à une annonce écrite dans le Dauphiné Libéré. Elle a ensuite

contacté le club, ‘’on m’a dit de venir essayer, j’avais une séance gratuite (…) et donc j’ai

trouvé que c’était sympa et je suis restée’’. Une seconde adhérente avait décidé d’adhérer au

club par l’intermédiaire de sa sœur qui était adhérente depuis déjà plusieurs années. D’autres

encore ont connu le club en participant aux journées découvertes organisées par la FFRS. La

fédération organise chaque année une journée de communication, ‘’Mémé tes baskets’’ qui

connait un fort succès puisque de nombreuses adhérentes ont connu le club grâce à cette

journée de promotion.

La façon dont ces seniors ont connu les clubs au sein desquels ils pratiquent aujourd’hui

témoigne de leur volonté de conserver une certaine vie active. Cette vie active passe par la

volonté de s’informer par rapport aux activités proposées pour le public senior. Mais

également grâce aux connaissances, aux amis, à la famille. Mais après l’adhésion, quid de la

pratique ?

1.1.2. La régularité des pratiques

Une fois s’être informé, et après avoir essayé les activités proposées par les clubs affiliés à la

FFRS, les retraités adhèrent au club. Cette façon de maintenir une vie active transparaitrait au

regard de la régularité de leur pratique sportive.

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Il est vrai qu’en participant aux séances de sport avec les adhérents des deux clubs en

question, il a été possible de constater une réelle détermination de leur part à venir

régulièrement aux activités dans lesquelles ils se sont engagés. Les retraités tiennent à

participer à leur séance de sport. Parfois, certains doivent s’interrompre temporairement pour

des raisons personnelles, souvent pour cause de maladies ou de blessures. Une des adhérentes

en marche nordique disait avoir interrompu depuis quelques mois ces activités sportives en

raison d’une blessure. Maintenant guérie, elle affirmait ‘’mais là je repars’’.

Souvent, l’explication de cette régularité dans les pratiques s’explique par le fait que

participer à ces séances de sport leur permet de sortir de leur pratique quotidienne et

casanière. Un adhérent confiait ‘’je reconnais que rester à la maison sans rien faire c’est

mortel, c’est catastrophique pour nous. Parce que j’ai eu une vie active énorme’’. Une femme

ajoutait aussi ‘’j’suis pas du genre à rester sur mon canapé à rien faire…’’.

La régularité des pratiques des adhérents montre que ces retraités prennent plaisir à venir faire

du sport. Cela s’explique par le fait que ces activités leur permettent de sortir de leur

quotidien, de façon régulière. D’autres adhérents vont encore plus loin dans cette démarche.

1.1.3. L’engagement dans des formations

Certains adhérents décident de suivre les formations proposées par la fédération, en devenant

animateur des séances de sport proposées par les clubs ou bien instructeur en formant les

prochains animateurs. Ces fonctions sont exercées à titre bénévole et témoigneraient de la

volonté de certains retraités de maintenir une retraite active.

Interroger les adhérents ayant fait ce choix, a permis de déterminer ce qui les poussait

à s’engager à nouveau dans les processus de formation à la retraite. Un animateur ‘’marche

nordique’’ justifiait ce choix par la volonté de ‘’participer à la vie de groupe, conserver une

vie active’’. D’ailleurs il ne s’arrêtait pas là puisqu’il couplait ses heures d’animations avec la

pratique de différentes activités sportives exercées dans le cadre de ses loisirs, ‘’j’fais du

cyclisme en dehors, puis j’fais de la natation aussi ‘’. Pour lui cette démarche lui permet aussi

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de conserver un rôle à la retraite, d’autant plus que ‘’ça occupe bien (…) et ça prend du

temps’’. D’ailleurs un des instructeurs témoignait en avouant qu’il n’avait pas connu une

coupure véritable entre le passage de sa vie active à celle de retraité, pour lui ‘’ça c’est fait

dans la continuité’’. Il pensait d’ailleurs tout arrêter à la retraite, après une vie active bien

remplie ‘’jme suis dit le bénévolat quand j’arrive à la retraite c’est terminé pour moi’’ mais

finalement il a continué, ‘j’crois qu’on peut pas s’arrêter’’.

La détermination de ces seniors à s’engager dans la ‘’retraite sportive et active’’ peut donc

s’expliquait au travers de la volonté de rester actif. Une vie active via leur engagement dans la

pratique d’activités sportives leur permettant notamment de sortir de chez eux et de donner un

autre sens à la retraite. Mais alors pourquoi privilégier l’activité sportive à d’autres pratiques ?

1.2.Pour maintenir une bonne santé

De nombreux retraités mettaient en avant l’importance de la pratique du sport à la retraite

comme moyen de conserver une bonne santé. Cette pratique est initiée bien avant mais le

moment de la retraite semblerait plus propice pour s’y adonner. L’idée de rester en forme et

de bénéficier des bienfaits de la pratique sportive semble être une motivation importante chez

ces seniors. La question se pose de savoir si ces orientations découlent de l’influence exercée

par le discours sur le ‘’Bien vieillir’’.

1.2.1.Le sport avant la retraite

Si la plupart des adhérents ont pratiqué une activité physique avant l’entrée dans la retraite,

tous s’accordent à dire que le moment de la vie active est moins propice pour la pratique du

sport.

En effet, la majorité des adhérents avouaient avoir eu moins d’occasion de s’adonner à

la pratique sportive durant leur vie professionnelle notamment par manque de temps. Les

témoignages des retraités révélaient que souvent cette pratique s’effectuait en ‘’dilettante’’ ou

bien ‘’j’avais pas le temps’’. Un adhérent, ancien pâtissier avouait ‘’j’avais ma vie

professionnelle ‘’. Une femme confiait faire plus de sport depuis qu’elle était à la retraite car

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‘’quand on bosse on a moins le temps ’’. Depuis l’entrée dans la retraite, le temps libre permet

à ces retraités de s’adonner tranquillement à la pratique sportive, voire de multiplier les

activités car ‘’on a tous le temps devant nous’’, confiait une adhérente.

A partir de là, en tant que retraités désormais sportifs, la question se posait de savoir si

certains d’entre eux pratiquaient en compétition. La réponse c’est avérée positive. Par

exemple, les anciens grands sportifs continuent à participer à des courses à pied organisées

dans le cadre de leur commune. Pour d’autres, comme le disait une adhérente, ‘’ on fait

exceptionnellement de la compèt, quand c’est humanitaire’’.

Si l’idée que la retraite est le moment propice à la pratique du sport, les effets bénéfiques du

sport seraient également recherchés par ces seniors.

1.2.2.Les bienfaits du sport sur la santé des seniors

Faire du sport à la retraite aurait des effets bénéfiques sur la santé à la fois psychologique et

physique des seniors,

En effet, à la question de savoir pourquoi ces retraités s’engageaient dans la retraite

sportive, une retraitée a répondu ‘’ah mais c’est génial la retraite sportive ! C’est comme ça

qu’on va devenir des vieux en bonne santé !’’. L’idée d’adhérer au club afin de maintenir une

bonne santé revenait assez souvent chez les adhérents. Notamment chez les hommes, qui

cherchaient davantage à adhérer à un club dans le but de pratiquer une activité sportive à

l’arrivée de la retraite là où la démarche des femmes est motivée par des facteurs d’ordre plus

social. C’est le cas par exemple d’un adhérent qui expliquait ‘’je cherchais à faire une activité

physique tout simplement’’. L’idée de faire du sport ‘’pour se bouger’’’, ‘’pour rester en

forme’’ revenait régulièrement.

En marche nordique, un adhérent confiait qu’il n’aimait pas vraiment pratiquer cette

activité ‘’je n’aime pas marcher’’. Néanmoins il répondait présent chaque semaine car il

avouait apprécier ‘’les bienfaits de la marche nordique pour mes épaules’’. Il confiait souffrir

de douleurs aux épaules en raison de la pratique d’une activité professionnelle manuelle, et

grâce à la pratique de la marche ses douleurs avaient diminué car ‘’j’les ai remusclé et

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maintenant je peux refaire des efforts, des gestes que je ne pouvais pas faire autrefois’’. Pour

lui, la pratique du sport visait à faire reculer les effets du vieillissement sur son corps,

notamment au niveau des douleurs, ‘’…maintenant je fais de l’entretien’’. Une femme

témoignait également en expliquant qu’auparavant elle souffrait de diabète mais ‘’depuis que

je fais toutes ces activités bah j’en ai plus’’.

La pratique sportive semble donc avoir un impact réel sur la santé des retraités. La question se

pose aussi de savoir si ces motivations liées à la pratique du sport ne seraient pas influencées

par l’impact des recommandations relatives au plan ‘’Bien vieillir’’.

1.2.3.Des motivations influencées par le discours sur le ‘’Bien

vieillir’’ ?

Si le discours institutionnel de la FFRS semble directement lié par rapport aux préconisations

émanant du plan ‘’Bien vieillir’’, au niveau du public des retraités son influence semblerait

plus difficile à déterminer.

Au cours des séances de gym senior et de marche nordique, le discours sur le ‘’Bien

vieillir’’ n’a jamais été directement évoqué par les adhérents. Les effets du plan se

retrouvaient au travers de certains témoignages d’adhérents expliquant conserver une bonne

hygiène de vie à la retraite, entre la pratique d’une activité sportive et le maintien d’une

nutrition équilibrée. Par exemple, une adhérente défendait l’idée qu’elle mettait toutes les

chances de son côté afin de bien vieillir car d’après elle, ‘’si on mange bien et on fait du sport,

on devrait rester en forme encore quelques années. Alors on va tout faire pour !’’. Mais dans

les faits, cela a été le seul commentaire se rapprochant le plus de ce qui pourrait s’analyser

comme une influence indirecte du discours du plan ‘’Bien vieillir’’ ou de celui de la

fédération.

Néanmoins, le manque d’influence est à relativiser. Si le plan national ‘’Bien vieillir’’ et les

campagnes sur ce sujet ne semblent pas interpeller les adhérents, il n’en reste pas moins que

cette influence puisse être analysée de façon indirecte notamment au travers du discours

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institutionnel mené par la FFRS qui s’inscrit dans la continuité du discours étatique. L’idée de

faire du sport pour maintenir une bonne santé apparait être une source de motivation

importante chez ces seniors. Enfin, ces témoignages positivistes sur la pratique du sport à la

retraite, viennent questionner le modèle de la FFRS en tant que concept source de motivation

chez les retraités.

1.3.Le modèle FFRS, un concept motivant ?

Au regard du renouvellement des adhésions, la question se posait de savoir si le concept

‘’Sport, Senior’’ développé par la FFRS ne serait pas aussi une source de motivation pour ces

retraités.

1.3.1.Des activités conçues pour les seniors

Au travers des témoignages recueillis, beaucoup se retrouvent par rapport au concept

développé par la FFRS. Dans la pratique sportive, se rencontrent des retraités dynamiques et

motivés à l’idée de faire du sport.

En effet, un adhérent témoignait par exemple avoir voulu essayer la pratique de

l’aquagym au sein d’un autre club non affilié à la FFRS. Mais pour lui, cela ne lui convenait

pas, ‘’là y a vraiment que des retraités qui pataugeaient dans l’eau et y’a que des femmes …

j’ai craqué’’. Il ne se retrouvait pas dans cette image de la pratique sportive. Alors que dans le

Club des Baladeurs Sportifs auquel il est affilié depuis plusieurs années maintenant, il trouvait

que les retraités étaient plutôt dynamiques, les pratiques mixtes et assez bien homogènes dans

la répartition hommes-femmes.

Le fait de pouvoir pratiquer une activité sportive spécifiquement dédiée aux seniors

revenait régulièrement chez les retraités. C’est par exemple le cas d’un adhérent qui ne se

sentait pas de faire du sport au sein d’un club pour tous les âges par peur de ne pas avoir un

niveau suffisant et de se retrouver dans aucun groupe de niveau lui correspondant. Il

témoignait ‘’je cherchais une activité pour les personnes de mon âge’’ donc des activités

spécifiques au groupe des seniors. Un des dirigeants du Club des Baladeurs Sportifs

expliquait que certains adhérents étaient licenciés dans d’autres clubs sportifs mais qu’avec le

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temps ces adhésions ne se renouvelaient pas alors que les licences FFRS étaient reconduites

chaque année notamment parce que la fédération veille à adapter ses activités.

D’ailleurs pour montrer l’importance de ce principe cher à la FFRS, une adhérente

expliquait par exemple que le Club de Sassenage ne proposait pas d’activité aquagym. De ce

fait, elle avait dû passer par le Club d’Aquagym de Sassenage pour pouvoir exercer ce sport.

Seulement le club n’effectue pas de groupe d’âge pour la pratique de cette discipline. Elle

expliquait ne pas y être restée car ‘’c’est plus trop adapté pour nos âges parce que les jeunes

elles envoient’’. Elle ne parvenait pas à suivre le rythme alors qu’au sein du club FFRS dans

lequel elle est licenciée, elle ne rencontre pas ce genre de problèmes.

Si l’idée de pratiquer des activités sportives adaptées à leur âge et leur capacité semble faire

consensus chez les adhérents, la possibilité de pouvoir pratiquer plusieurs activités semblerait

également plaire aux retraités.

1.3.2.Le plaisir de la multi activité

Si les premières adhésions se limitent souvent à la pratique d’une seule activité, par crainte de

ne pas pouvoir en faire plus. Avec le temps, beaucoup se lancent dans la pratique de plusieurs

disciplines.

Il est vrai que ce phénomène revenait chez une majorité d’adhérent. C’est notamment

le cas chez un retraité en marche nordique qui expliquait qu’à ses débuts il ne venait participer

qu’à l’activité marche nordique. Finalement, en échangeant avec les autres adhérents il a

continué en essayant la gymnastique et la danse country. Le président du club d’Athlétisme de

Sassenage expliquait que si certains ‘’ne font qu’une activité, la plupart en font deux, trois,

voire quatre’’. En interrogeant les adhérents, il est vrai qu’une majorité d’entre eux ne se

limitaient pas à la pratique d’un seul sport mais souvent accumulaient les activités. Une

retraitée, récemment divorcée confiait faire du sport pratiquement toute la semaine, ‘’j’ai

marche nordique le lundi matin, aquagym le lundi soir. J’ai aussi gym le mercredi, et le jeudi

j’ai rando’’. Elle confiait que cela lui permettait de s’occuper maintenant qu’elle était seule.

Un élément qui semblerait mettre en avant aussi la question du lien social.

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Cette démarche, dans la pratique de plusieurs activités passe également par la volonté

de découvrir de nouveaux sports. Une des adhérentes du club de Sassenage expliquait par

exemple sa déception en raison de l’arrêt d’une activité qu’elle affectionnait tout

particulièrement ‘’c’est dommage parce qu’on avait quelqu’un de super qui nous faisait faire

du karaté’’. Mais l’activité karaté a été interrompue par faute de créneau disponible dans le

planning du gymnase mis à leur disposition par la commune.

La pratique au sein des clubs affiliés à la FFRS met en avant la volonté de faire du sport afin

de garder une vie active. Le fait de garder une bonne santé est également une détermination

présente chez les adhérents. Si les préconisations issues du discours du ‘’Bien vieillir’’ ne sont

pas directement invoquées, l’ensemble des motivations dressées ci-dessus permettent de voir

une certaine influence. Notamment par le fait de s’engager essentiellement dans la pratique

sportive à la retraite et de promouvoir ces bienfaits au lieu de développer d’autres formes

d’engagement non sportif. Cette influence semblerait avant tout s’exercer au travers du

discours institutionnel développé par la FFRS, où les arguments de rester actif, rester en

forme, se maintenir en bonne santé reviennent souvent. L’un des instructeurs interrogé mettait

en avant la pratique sportive pour le plaisir ‘’les gens sont là surtout pour se faire plaisir’’.

Néanmoins, il semblerait que la dimension lien social que procure l’adhésion à ces clubs

FFRS soit davantage prégnante.

2. Sport et lien social à la retraite : une motivation déterminante ?

Si les motivations de ces retraités engagés dans la ‘’retraite sportive et active’’ sont multiples,

il semblerait que la possibilité qu’elle offre pour les seniors de conserver un lien social à la

retraite soit prédominante. Cela se traduirait au travers de démarches différentes. L’idée de

renforcer les liens sociaux entre retraités au travers de la pratique collective du sport serait

davantage manifeste parmi les adhérents.

2.1.Le choix de s’orienter vers la pratique sportive

Si certains s’engagent dans la ‘’retraite sportive et active’’ sous l’influence d’amis, pour

d’autres cela se fait de façon individuelle. Dans tous les cas, il apparaitrait que la pratique en

groupe du sport soit une source de motivation déterminante pour ces retraités.

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2.1.1 Des démarches différentes

Bien que les parcours d’adhésion soient différents, la démarche de s’inscrire à un des clubs

affilié à la FFRS serait plurielle, entre volonté individuelle et collective.

En effet, les démarches de ces retraités diffèrent. Par exemple les hommes sont

davantage motivés par une démarche personnelle. Aucun cas d’hommes venant pratiquer

entre copains n’a été relevé durant cette enquête. Pour les femmes c’est différent. Elles sont

nombreuses à venir pratiquer entre copines. Un certains nombre d’entre elles viennent

pratiquer seule les activités au sein du Club des Baladeurs Sportifs pour des raisons

différentes. Soit parce qu’elles sont seules, en raison du veuvage, d’un divorce ou bien parce

que le conjoint exerce encore une activité professionnelle. C’était notamment le cas d’une

adhérente dont le mari était encore dans la vie active. Mais cela ne l’empêchait pas de venir

faire du sport au sein du club et même de participer à différentes activités entre la danse en

ligne et la marche le jeudi. Son objectif pour la suite sera de convaincre son mari à s’inscrire

dans le club lorsqu’il sera à la retraite afin qu’ils viennent pratiquer ensemble. Une seconde

femme témoignait en expliquant qu’elle était veuve depuis plusieurs années maintenant. C’est

en discutant avec sa voisine qu’elle avait connu le Club des Baladeurs Sportifs. Elle expliquait

qu’elle venait pratiquer seule ‘’je viens toute seule, mais maintenant elles sont toutes mes

copines’’. Cette femme s’était faite des amies au sein du club et ces relations se perpétuaient

en dehors puisqu’elles partaient en vacances ensemble par exemple.

Cette faculté du sport à créer des liens entre les retraités et notamment dû aux bienfaits de la

pratique en groupe.

2.1.2. Les bienfaits de la pratique collective

Si la FFRS met en avant la pratique en groupe de ses activités, il semblerait que cela soit un

facteur de motivation déterminant chez les retraités.

En effet, l’idée de pratiquer du sport ensemble entre retraités plaît aux seniors qui

décident de s’engager dans la ‘’retraite sportive et active’’. Notamment pour les personnes qui

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viennent pratiquer seules. Par exemple un adhérent confiait qu’il venait pratiquer la marche

nordique car cela lui permettait ‘’de voir d’autres gens, de pas s’isoler tout seul chez soi dans

son fauteuil, devant son écran de télévision’’. Cette pratique au sein du club, en présence des

autres retraités lui permettait de sortir de sa routine quotidienne, de sortir de chez lui, d’être

entouré le temps d’une séance de sport.

D’autres retraités viennent entre groupes d’amis. L’adhésion au club leur permet

également de rencontrer d’autres personnes et de développer des liens d’affiliation avec le

club et ses adhérents. C’est par exemple le cas d’un adhérent et sa femme originaires de

Grenoble qui venaient pratiquer au sein du Club des Baladeurs Sportifs à St Nazaire les

Eymes. Le mari expliquait qu’ils avaient connu le club grâce à des amis. Depuis, ils

renouvelaient chaque année leur licence et affirmaient être très bien au sein du club, ‘’nous

voila dans le club, fidèles et heureux’’ disaient-ils.

Ils étaient nombreux à défendre l’avantage de pratiquer des activités collectives au

sein de leur club. Ils affirmaient que cela les conduisait à développer des liens d’amitié forts et

finalement former ‘’une bonne équipe ‘’ comme le décrivait un adhérent de la gym senior. A

la question de savoir si cela leur permettait de rencontrer aussi d’autres personnes, une femme

affirmait ‘’ah oui c’est sûr, il faut garder une vie sociale hein sinon…on se tire une balle’’. La

pratique du sport en groupe permet donc à ces retraités de garder une vie sociale, de nouer des

liens avec d’autres retraités. Une femme, qui avait adhéré au club par une démarche

individuelle, en était à sa neuvième année d’adhésion. Elle avouait qu’aujourd’hui elle ne

faisait pas du sport avec d’autres adhérents mais avec des amis. Elle expliquait ‘’ au début j’ai

trouvé des gens’’, aujourd’hui ‘’des amis…c’est très bien !’’.

Si les pratiques diffèrent, entre démarche individuelle et démarche collective, tous se

rassemblent autour de l’idée que la pratique du sport en groupe leur a permis de créer des

relations, de développer des liens d’amitié qui aujourd’hui les poussent à reconduire chaque

année leur adhésion au sein des clubs FFRS. Des démarches qui permettraient à certains

notamment d’éviter de rester isolés.

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2.1.3. Un moyen d’éviter l’isolement

L’ensemble du concept développé par la FFRS permettrait aux retraités de sortir de leur

solitude notamment pour les plus isolés d’entre eux. Si certains viennent pratiquer avec des

amis, pour beaucoup cette démarche est individuelle. Pratiquer au sein des clubs FFRS

permettrait à chacun de développer des liens leur assurant une certaine sociabilité à la retraite.

En effet pour les cas de personne seul, suite à des accidents de la vie comme le

divorce, le veuvage, l’adhésion permet de sortir de cet isolement dans lequel elle risquait de

s’enfermer. Ce moment de leur vie les conduit à se tourner vers la pratique d’activités

sportives. Par exemple une femme racontait l’expérience de sa belle-mère qui s’est retrouvée

seule une fois son mari décédé. Elle expliquait que celle-ci s’était retrouvée du jour au

lendemain sans personne, d’autant plus que ‘’les amis sur lesquels on comptait de temps en

temps, après on voit plus personnes’’. De ce fait, elle lui avait proposé d’adhérer au club en

lui assurant qu’elles viendraient pratiquer ensemble pour la rassurer. Aujourd’hui, elle assure

que cela a été un moyen de la sortir de sa solitude. De même pour une adhérente récemment

divorcée ‘’quand j’ai divorcé, j’me suis dit allé hop j’me mets dans les clubs pour garder une

activité, du lien social. J’me suis d’emblée organisée !’’. Adhérer au club lui a permis

d’organiser son agenda de façon à venir pratiquer régulièrement et ainsi de ne pas rester seule.

D’ailleurs un des animateurs rappelait, ‘’notre fédération c’est aussi beaucoup sortir

les gens de leur solitude’’. Une des adhérentes prenait l’exemple d’une amie avec qui elle

pratiquait la gymnastique : ‘’quand on a commencé la gym, avec Paulette, on commençait

mais ça papoté pendant dix minutes. Et puis à un moment donné je disais ‘’bon on arrête, on

est quand même pas là pour discuter !’’. Son amie lui avait répondu : ‘’mais si ! Moi j’viens là

pour parler ! Je suis veuve depuis quelques temps, je suis toute seule et je viens là pour

parler.’’ Pour son amie c’était très important, ‘’elle venait là pour parler avec les copines’’.

Si le sport permet aux personnes plus sujettes à l’isolement de pouvoir y échapper le temps

d’une séance de sport, les témoignages auraient également mis en évidence d’autres raisons

qui conduisent ces adhérents à renforcer leurs liens sociaux à la retraite.

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2.2.Des liens renforcés

La pratique du sport au sein des clubs affiliés à la FFRS permettrait aux adhérents de nouer

des liens entre eux. Il semblerait d’ailleurs que différents facteurs tendent à consolider ces

relations au travers de l’organisation des activités en dehors du club, via le développement de

l’esprit de solidarité entre adhérents notamment qui conduisent à inscrire ces pratiques dans

un esprit convivial. Un ensemble d’éléments qui seraient vus comme des moyens favorisant la

sociabilité de ces retraités.

2.2.1.A travers les activités extra-club

Précédemment, l’étude des clubs a permis de mettre en avant l’organisation de soirées entre

adhérents ainsi que des séjours d’une semaine où l’activité touristique est couplée avec un

programme d’activités sportives quotidiennes. La question se posait de savoir si ces activités

permettaient de renforcer le lien social entre les adhérents.

Chaque club organise tout au long de l’année des fêtes, des repas ou des soirées. Par

exemple avant les fêtes de fin d’années un repas de Noel est organisé. A la rentrée, la galette

des rois est fêtée. Des soirées dansantes sont prévues aussi, où les adhérents peuvent venir

accompagnés de personnes extérieures au club que ce soit les amis, les compagnons ou la

famille. Une adhérente expliquait participer à chacun de ces événements car pour elle c’était

important. Par exemple elle expliquait qu’’’à la dernière soirée on a fait du rock, du tango, du

madison…on s’est régalé, on a passé une bonne soirée’’. Ces activités extra clubs lui

permettent de voir les adhérents dans un contexte différent et de la sortir de ses pratiques

casanières.

Les voyages aussi ont un fort succès auprès de ces retraités. Le Club des Baladeurs

Sportifs organisait un séjour à Argelès cet été. Une adhérente ayant déjà participé à ces

séjours recommandait d’y aller car ‘’c’est très bien organisé, y a tous les jours du sport, y a

des découvertes aussi’’. Pour une des adhérentes, divorcée depuis peu, ces séjours lui

donnaient l’occasion de passer du bon temps avec les adhérents du club. Elle expliquait

‘’j’organise mon temps libre’’, de ce fait elle participait à la quasi totalité des activités extra

clubs afin d’occuper son temps, de nouer de nouveaux liens et ainsi éviter la solitude.

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Ces activités permettent aux retraités de se retrouver dans un contexte différent, autour d’un

repas, en dansant un madison ou encore, le temps d’un séjour à l’étranger. Cela vient

renforcer les liens les unissant et développerait une certaine solidarité entre eux.

2.2.2.Le sport, facteur d’entraide entre retraités

Le fait de pratiquer ensemble du sport spécialement adapté aux retraités permet à ces seniors

de former une petite communauté. Cette communauté développe entre elle des liens de

solidarité et d’entraide propice au développement de relations amicales.

Cet esprit solidaire se retrouve via la mise en place des systèmes de covoiturage pour

ceux habitant proches les uns des autres ou encore pour permettre à certaines femmes

n’utilisant plus la voiture de participer à aux séances de sport. Une solidarité qui se développe

également dans la pratique des activités sportives. Une femme expliquait avoir était séduite

dès sa première séance au sein du club car la pratique se fait entre retraités, qui souvent

partagent les même difficultés à effectuer certaines activités. Elle prenait l’exemple d’une

séance où elles étaient plusieurs à rencontrer des difficultés, ‘’ ce jour là, on devait marcher

sur une poutre et y’avait des dames qui avaient peur et automatiquement y a deux hommes qui

sont venus de chaque côté de la poutre pour les aider’’. Cet aspect, l’a vraiment convaincu de

rester au sein du club, elle disait ‘’j’apprécie cet esprit solidaire’’.

Cette solidarité semblerait être liée à l’esprit convivial dans laquelle s’exerce les activités au

sein des clubs FFRS.

2.2.3.Les seniors sportifs, les principaux acteurs de la pratique

conviviale

Comme il a été dit précédemment la FFRS a développé le concept de la ‘’retraite sportive et

active’’ en promouvant la pratique sportive en toute convivialité. Le développement de cet

esprit convivial est aussi rendu possible par l’adhésion des retraités à pratiquer du sport dans

cette atmosphère. A ce titre, ils sembleraient en être les principaux acteurs.

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Plusieurs facteurs rendent possible le développement de cet esprit convivial entre ces

retraités sportifs. Notamment par le choix qu’a fait la FFRS de promouvoir la pratique

sportive sans esprit de compétition, sans viser le dépassement de soi. Le fait également que les

retraités adhèrent à ce principe permet de favoriser la création d’une atmosphère conviviale

entre eux. Ces retraités ont conscience qu’ils ne sont pas en compétition les uns des autres

mais davantage dans l’idée de partager une séance de sport entre retraités.

Cette atmosphère conviviale fait l’unanimité chez les retraités. Une adhérente

expliquait que cette convivialité c’est ‘’ aussi l’aspect de se retrouver, de passer un bon

moment’’. Cette atmosphère incite les retraités à venir pratiquer. Un autre adhérent ajoutait

‘’tu as vu il y a une bonne ambiance donc on crée du lien social. On se retrouve au travers

d’un groupe où il y a une très bonne convivialité’’. Une atmosphère favorable à la création du

lien social entre ces retraités. D’ailleurs cet esprit convivial conduit certains sportifs à changer

leur pratique. C’est le cas par exemple d’un instructeur FFRS qui faisait parti de la Fédération

Française de Ski auparavant ‘’mais maintenant j’suis passé à autre chose’’. Il expliquait à la

retraite ne pas avoir voulu adhérer au CAF car le club développe un tout autre concept que

celui des clubs affiliés à la FFRS. Il pense notamment que pour adhérer au CAF ‘’il faut être

assez chevronné’’ d’autant plus ‘’que c’est pas les mêmes objectifs que notre équipe’’.

D’après lui ‘’c’est vraiment système compétition’’. Un concept qu’il ne recherchait plus à la

retraite et qui l’a conduit à se tourner vers la pratique au sein des clubs FFRS plus en

adéquation avec sa pratique du sport à la retraite.

Ce chapitre a permis de mettre en évidence les motivations qui amenaient les retraités à

s’engager dans une ‘’retraite sportive et active’’. Ces motivations sont plurielles. La volonté

de rester actif à la retraite au travers de la pratique d’une activité sportive est un facteur

important. Adhérer à un club permet aux retraités d’organiser leur semaine en fonction de leur

séance de sport, parfois elle se limite à une discipline mais très souvent ces seniors pratique la

multi activité. D’autres font le choix de s’engager dans des formations, ce qui leur permet de

poursuivre une retraite très active puisqu’il faut prendre le temps d’être formé et ensuite

prendre sur son temps libre pour assurer l’animation des disciplines sportives pour lesquelles

ils ont été formé. Cela demande du temps, de l’investissement et des responsabilités à la

retraite. La motivation sport est également choisie en raison des bienfaits de la pratique

sportive sur leur santé. L’idée étant également pour eux de garder la forme le plus longtemps

possible. Si l’impact des recommandations établies par le discours sur le ‘’Bien vieillir’’ est

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90

difficilement mesurable, le discours institutionnel de la FFRS, aligné sur celui des pouvoirs

publics, se retrouve au travers de ces motivations sportives. Le modèle FFRS est aussi un

facteur incitant les seniors à pratiquer du sport du fait de la pratique conviviale notamment.

Enfin, l’ensemble de ces motivations sembleraient liées par rapport à l’idée de garder un lien

social à la retraite. Pour beaucoup la pratique collective est source de motivation, d’autant

plus qu’elle favorise la création de liens entre adhérents. Des liens renforcés au travers des

activités extra clubs, de l’entraide qui se développe via les pratiques sportives et de l’esprit

convivial qui motivent ces seniors à venir pratiquer en groupe. Cela amène à se questionner si

cette démarche de s’inscrire dans une ‘’retraite sportive et active’’ n’a pas pour objectif celui

de s’investir dans une retraite où conserver du lien social semblerait primordial.

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CHAPITRE 2 : LE CHOIX DE S’ENGAGER DANS UNE RETRAITE AXEE

SUR LE LIEN SOCIAL

Si ces retraités font le choix de s’investir dans la pratique sportive à la retraite, il semblerait

que cette démarche soit davantage motivée par la volonté de maintenir du lien social à la

retraite. Ces retraités choisiraient avant tout d’ancrer leur retraite autour du maintien de ces

liens via la pratique sportive au sein des clubs FFRS. Une volonté qui semblerait à lier avec la

représentation que se font ces seniors de la retraite qui va conduire à des pratiques différentes

chez chacun d’entre eux.

1. La retraite, un moment particulier

Les témoignages recueillis par les adhérents mettent en évidence des expériences différentes

du passage de la vie active à celui de la retraite. Un moment difficile pour certain, mieux vécu

par d’autres. Cependant tous sembleraient se retrouver autour de l’idée que la retraite est un

moment offrant beaucoup de possibilités.

1.1.Une représentation plus active

La représentation que se font ces retraités de la retraite a évolué. Souvent ils comparent leur

retraite à celle de leurs parents. Ils constatent une réelle évolution entre la retraite qu’ont vécu

leurs parents et la leur.

Une adhérente confiait ‘’j’me souviens ma mère à mon âge, elle faisait vieille. Elle

faisait rien !’’. Alors qu’aujourd’hui, en tant que retraitée, cette adhérente expliquait n’avoir

jamais une journée sans rien faire, ‘’moi j’suis obligée de prendre mon agenda quand je veux

faire quelque chose, pour regarder si c’est possible’’. Pour elle la retraite a totalement changé,

‘’maintenant on se régale ! Avant ils se reposaient, ils regardaient la télé… mais c’est plus le

cas maintenant’’. D’ailleurs elle était plutôt sereine quant au temps qu’il lui restait pour

profiter de sa retraite, ‘’ on a encore au moins trente ans à tenir…j’espère qu’on va tenir !’’.

Une autre femme quant à elle, trouvait indispensable d’avoir une jeunesse d’esprit à la

retraite, d’après elle, ‘’si on pense que c’est la fin, ça peut vraiment être la fin’’.

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92

Ces retraités cherchent aujourd’hui à profiter de leur retraite, en évitant de s’isoler en restant

chez eux comme l’ont pu faire leurs parents à la même période. Néanmoins, le passage de la

vie active à la retraite est une expérience vécue différemment.

1.2.Une transition difficile pour certains

Pour certains adhérents quitter la vie active a été vécue comme un moment assez douloureux

et l’entrée dans la retraite n’a pas été appréciée à ces débuts.

Il est vrai que parmi les adhérents, beaucoup s’accordaient à dire que bien que le

moment de la retraite soit souvent envié et rêvé pour une majorité, elle reste pour certains une

étape difficile à franchir. Pour tous, une retraite aujourd’hui ça s’organise. La retraite se

prépare pendant la vie active. Un des adhérent témoignait, ‘’j’pense qu’il faut savoir tirer un

trait sur le passé…et c’est pas forcément facile. Y en qui le font complètement, puis d’autres

qu’à moitié, et y en a qui en sorte jamais.’’ Lui défendait l’idée ‘’qu’il faut complètement se

retirer’’. Un ancien ingénieur trouvait aussi que ce passage de la vie était assez difficile en

particulier au début, ‘’c’est une vie quand même assez spéciale(…). On a ses journées, on fait

un peu c’qu’on veut, on est rémunéré, c’est bizarre quand on a travaillé pendant quarante-cinq

ans’’. Le fait de se retrouver d’un coup sans activité, sans ces relations de travail est une

coupure difficile. D’ailleurs une adhérente confiait que le moment a été violent pour elle du

fait que sa vie active passée était très intense. D’autant plus qu’elle n’a pas eu le temps de

préparer sa retraite car elle pensait pouvoir poursuivre encore quelques années, seulement cela

lui a été refusé. Avoir à s’occuper de ses deux petits enfants, nés à ce moment là, l’a aidé ‘’à

passer le cap !’’. Avec le recul, aujourd’hui cette retraitée avoue ne pas savoir comment elle a

su tenir le rythme de sa vie active ‘’j’me demande comment on f’sait pour travailler huit

heures par jours’’. Un autre adhérent avait trouvé très difficile la perte de ses anciennes

relations qu’apportaient naturellement son travail, ‘’du jour au lendemain on sort de ses

relations, de son quotidien. C’est un cap !’’.

Face à ce constat, la question se posait de savoir pourquoi, alors que ce moment est

souvent rêvé par les actifs, finalement il est redouté par certains. Une femme avait répondu en

expliquant ‘’moi j’faisais des choses intéressantes. J’aurais fait deux ans de plus, je trouve que

soixante ans ça faisait trop jeune’’. D’autant plus qu’elle se sentait vraiment encore capable de

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93

continuer ‘’j’aurais soixante-neuf ans(…) j’peux encore continuer longtemps !’’ assurait-elle.

Cette transition semble avant tout difficile pour les seniors ayant exercé une profession qui les

intéressait, certainement que pour ceux ayant exercé des professions physiquement

contraignantes ce moment est davantage attendu.

Si ce passage est difficile pour certains, pour d’autres il semblerait être mieux accueilli.

1.3.Mieux vécue par d’autres

Le passage à la retraite semblerait être d’avantage accepté par les seniors lorsque cette période

a été préparée et anticipée.

En effet, la rupture entre vie active et retraite est mieux vécue lorsque cette scission

s’est faite de façon progressive et préparée. C’est le cas d’une adhérente qui expliquait avoir

effectué une transition progressive de sa vie active à temps complet en faisait ses trois

dernières années de travail à mi-temps. Elle expliquait également que cela demandait à se

préparer psychologiquement ‘’quand on est prêt dans la tête et qu’on est organisé’’ le

moment de la retraite se passe bien. Par contre, elle affirmait que ne pas s’y préparer peut

représenter un moment douloureux ‘’ce qui n’ont pas pu, et du jour au lendemain se retrouve

à rien faire, à tourner en rond, ça va pas’’. Une retraite s’organise, via une rupture progressive

avec sa vie active et en cherchant des activités permettant d’occuper son temps libre à la

retraite.

Si les expériences divergent en matière d’entrée dans la retraite, chacun semblerait s’accorder

sur l’idée que la retraite est un moment qui offre beaucoup de possibilités et qu’elle

permettrait aussi de mettre fin aux barrières sociales clivantes de la vie active.

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1.4. Un moment propice à l’effacement des barrières sociales

La retraite est le seul moment de la vie où les individus sont catégorisés sous le même

qualificatif, à savoir celui de ‘’retraité’’. Cela conduit les retraités à constituer un même

groupe social, hétérogène mais qui permettrait de mettre fin au clivage produit par la

catégorisation socioprofessionnelle caractéristique de la vie active.

En effet, au travers de l’étude des adhérents des clubs au sein desquels l’enquête de

terrain a été menée, la question se posait de savoir si la catégorie socioprofessionnelle passée

pouvait représenter un frein dans les relations entre les adhérents. Si par exemple cela les

conduisait à former des groupes par affinité ‘’socioprofessionnelle’’, c'est-à-dire les anciens

fonctionnaires ensemble, les ouvriers entre eux par exemple, du fait que dans la vie

professionnelle ces personne n’ont pas vraiment l’occasion de se mélanger ou de se côtoyer.

Un adhérent, ancien ingénieur, expliquait que si au travail la barrière sociale se ressent

davantage et représente un frein, arrivée à la retraite celle-ci s’estompait. D’ailleurs auprès des

adhérents les profils étaient très différents entre un ancien pâtissier, un ancien chercheur, une

ancienne secrétaire médicale, une femme au foyer, une ancienne secrétaire de la Société

Générale, etc. Les profils de ces retraités sont très variés mais une certaine mixité sociale

semble s’opérait entre les adhérents des clubs, bien qu’une étude plus poussée sur ce sujet

serait nécessaire.

L’absence de barrières sociales entre les adhérents des clubs favorise les retraités à se

mélanger, à discuter entre eux. Souvent sans savoir ce que l’autre a fait dans sa vie, quelle

profession il a exercé. Au contraire, tous ces adhérents se retrouvent sous le même statut, à

savoir celui de retraité. L’ancien ingénieur expliquait par exemple, que pratiquer entre

retraités avait l’avantage ‘’de rencontrer des gens d’horizons divers qui souvent on ne

soupçonne pas mais on un vécu important’’. D’ailleurs, demander ce que chacun avait exercé

dans sa vie professionnelle antérieure n’était pas le premier réflexe qui leur venait. Souvent ils

ignoraient cet aspect là étant donné que cela se réfère à une vie désormais passée. Mais ce

système plait aux adhérents puisqu’une femme avouait que cela favorise la tolérance entre les

retraités. Une tolérance qu’elle estime ‘’qu’on n’aurait pas dans la vie professionnelle ça c’est

certain’’.

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95

Si le passage d’une vie active au moment de la retraite est vécu différemment par les retraités,

tous se rejoignent sur cette volonté de garder une vie active à la retraite. Cela se voit au

travers de la prise de conscience que la retraite est un moment plein d’occasions, dont il faut

profiter. Une retraite faite de possibilités, un moment aussi propice à la mixité entre seniors.

Ces seniors se retrouvent alors avec un emploi du temps bien rempli et qui semblerait

privilégier le maintien du lien social.

2. Des pratiques différentes pour préserver le lien social

Afin de maintenir une certaine activité à la retraite, ces seniors vont développer des pratiques

différentes. Certains multiplieront les adhésions à des clubs, d’autres considéreront la retraite

comme le moment du renouveau au travers des formations FFRS et leurs loisirs seront

occupés de façon multiples.

2.1. Un moment riche en opportunités

La retraite est souvent définie comme le moment du temps libre où chacun s’adonne à ses

passions, ses loisirs. Au travers des témoignages il semblerait que ce temps libre soit bien

comblé par les retraités. Certains seniors ne se limitent pas à l’adhésion au club sportif FFRS

mais vont se tourner également vers d’autres clubs proposant des activités différentes.

En effet en questionnant les adhérents sur la pratique de leurs loisirs, beaucoup ne

limitent pas leur adhésion au club FFRS mais se tournent également vers d’autres activités.

Par exemple un des animateurs avait adhéré au Club de Cyclisme de Bernin. Un autre retraité

expliquait qu’il venait au club des Baladeurs Sportifs pour pratiquer plusieurs activités

sportives mais qu’en dehors de ça il été affilié à un club dans lequel il se formait à

l’informatique. Un autre adhérent, en tant qu’ancien pâtissier, faisait partie d’un club dans

lequel il menait ‘’des ateliers de pâtisserie’’. Une retraitée quant à elle, pratiquait une fois par

semaine de la natation dans le club de sa commune. Une autre adhérente suivait des cours

d’’italien tous les vendredi après-midi pour ‘’faire travailler les neurones’’ comme elle disait.

D’autres s’adonnent à des loisirs plus casaniers ou sans affiliation particulière à un

club. Par exemple une adhérente avouait aimer aussi ses activités casanières, ‘’je lis

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96

beaucoup, j’fais de la couture, j’bricole pour mes p’tits bouts’’. Certains pratiquaient du sport

en dehors des clubs sportifs. C’est le cas d’un couple qui confiait faire de la marche en

semaine avec des amis. Cela leur permettait de sortir de leur quotidien et de s’activer ‘’au lieu

de passer notre temps devant la télévision, on sort de Grenoble, parce qu’elle n’aime pas

marcher en ville’’. Ils expliquaient donc qu’ils partaient marcher les jours de beaux temps, et

prenaient le temps d’apprécier ce moment ‘’on marche 1h-1h30 le matin, on casse la croûte

tranquille puis moi j’me fais ma ptite sieste. Et après on rentre tranquille et heureux’’.

Ces adhésions ne se limitent donc pas aux pratiques sportives. Les pratiques diffèrent. La

question des formations par exemple est envisagée par certains et évitée par d’autres, pour

quelles raisons ?

2.2. Le choix de ne pas retrouver les contraintes de la vie active

La question se posait de savoir pourquoi certains choisissent de s’engager dans des formations

afin de devenir animateur tandis que d’autres décident de ne pas s’inscrire dans cette voie au

moment de la retraite.

Une femme expliquait ne pas avoir accepté de suivre ces formations FFRS afin de

devenir animatrice ou instructrice. Elle justifiait ce choix du fait qu’une fois arrivée à la

retraite elle se refusait à retrouver les contraintes de sa vie professionnelle passée. Par

exemple elle ne souhaitait plus se retrouver à participer à des réunions, ‘’passer ma vie à faire

des réunions j’ai donné !’’, cette période était révolue pour elle. D’autant plus qu’à la retraite

elle ‘’avait un planning bien chargé’, entre ses activités sportives et la garde de ses petits

enfants elle en avait ‘’pour son compte’’.

De la même façon, le problème se posait par rapport aux responsabilités. Le fait de

devenir animateur de séances de sport engage les retraités dans des responsabilités

importantes puisqu’ils dirigent les séances et doivent veiller au bien-être de chacun des

participants. Tandis qu’en tant que simple adhérent ces responsabilités ne se posent pas. De ce

fait, souvent ces retraités refusent à s’engageaient à nouveau dans des formations qui

débouchent sur l’attribution de fonction à responsabilités imposant des contraintes sur leur

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97

temps libre notamment. Pour beaucoup, ces contraintes se réfèrent à leur vie professionnelle

passée, à la retraite ils ne souhaitent plus s’engager à nouveau dans ce schéma de vie.

Les retraités sont nombreux à ne pas s’engager à nouveau dans des formations au moment de

la retraite. Souvent par refus de retrouver les contraintes de la vie active, mais aussi par

manque de temps étant déjà engagés dans d’autres activités. Cela témoigne de la volonté pour

certain, de mener une retraite active sans contraintes, quand d’autres s’engageront à nouveau

dans ces processus de formations.

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CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE

Cette dernière partie visait à mettre en évidence quelles étaient les motivations des

seniors à s’engager dans une ‘’retraite sportive et active‘’ promut par la FFRS. Au terme de

l’enquête de terrain menée auprès des adhérents des deux clubs FFRS avec lesquels l’étude a

été conduite, plusieurs facteurs de motivations ont été identifiés. Souvent pour ces retraités,

l’adhésion à ces clubs sportifs vise à maintenir une retraite active, tournée sur l’extérieur. Les

bienfaits de la pratique du sport sur leur santé sont également recherchés avec l’idée de garder

une bonne forme avec l’avancée en âge et de lutter contre ses effets. Le modèle promut par la

FFRS plait aux seniors puisque c’est un concept directement adapté à ce public. Les

témoignages semblent avoir mis en évidence la quête du lien social au travers de cette

démarche d’adhérer à un club. Les retraités accordent davantage d’importance à l’idée de

venir pratiquer avec d’autres retraités, de rencontrer des personnes, de sortir de chez eux, de

pratiquer des activités afin de remplir leur temps libre, de lutter contre l’isolement. D’autant

plus que le concept de la FFRS favorise le développement du lien social au travers du

développement des activités extra-clubs avec les séjours par exemple ou encore par la mise en

avant de la pratique conviviale qui favorise l’entraide entre pratiquants. Ces seniors, au travers

de leur adhésion, semblent davantage vouloir s’engager dans une retraite axée sur le lien

social. Cela est dû à leur représentation de la retraite, une période qui se prépare et qui est vue

comme un moment propice aux opportunités. La retraite devient également le moment où les

barrières sociales clivantes de la vie active s’effacent pour laisser place à un même groupe

social, ce qui va favoriser l’échange et la création de liens entre ces retraités. Des seniors qui

vont d’ailleurs avoir des pratiques différentes afin de renforcer ce lien social via des adhésions

diverses et plurielles.

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99

CONCLUSION GENERALE

La question des retraités est à lier à l’évolution de la société avec l’allongement

progressive de l’espérance de vie. L’étude de l’émergence d’un nouveau modèle de retraite

‘’sportive et active’’ a permis de montrer comment ce gain de longévité impacte directement

les questions liées au vieillissement. Ces changements ont conduit à l’évolution des

représentations liées à la retraite notamment. Si les anciens profitaient d’une retraite

davantage tournée sur des pratiques casanières, la nouvelle génération de retraités est en

meilleure santé que leurs aînés et la retraite représente pour eux un moment riche en

opportunités. Cette période est désormais perçue comme un moment d’épanouissement de la

vie. Cependant, le fait de passer d’une vie professionnelle active à la retraite remet en

question les liens sociaux des individus. Si la vie professionnelle rend ces relations naturelles,

le passage à la retraite affaiblit ces relations liées au travail. C’est pourquoi les seniors vont

chercher à maintenir ces liens à la retraite, voir à les reconstruire.

La sociologue Anne-Marie GUILLEMARD103 a étudé ces phénomènes et dès les

années 1980 elle constatait l’émergence d’une nouvelle forme de retraite qu’elle nommait ‘’la

retraite participation à la société’’. Elle définissait cette retraite par la volonté des retraités à

maintenir une vie sociale. D’après la sociologue, l’adhésion à ce type de retraite dépendait de

l’âge, de l’état de santé et de la vie professionnelle passée des seniors. L’étude de la retraite

‘’sportive et active’’, est venue questionner l’émergence d’une nouvelle forme de retraite axée

sur la pratique sportive afin de garder une vie active et sociale. Ce concept rejoint celui

proposait par la sociologue, à savoir que ces retraités s’engagent dans la pratique sportive à la

retraite afin de garder une vie sociale via la démarche d’adhérer à un club sportif. L’enquête

de terrain a permis de montrer que l’âge et l’état de santé de ces seniors sont des critères assez

déterminants dans leur engagement à ce type de retraite. Si les adhésions vont de 50 à 90 ans,

la santé de ces seniors est relativement bonne pour leur permettre d’exercer une, voire

plusieurs activités physiques, et bien que la plupart souffrent de rhumatismes et de maladies

liées au vieillissement cela ne les empêchent pas de venir pratiquer régulièrement.

103 GUILLEMARD Anne-Marie, 1980, op.cit

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100

D’autant plus qu’à cette époque, Anne-Marie GUILLEMARD constatait déjà

l’émergence des pratiques sportives chez les retraités. Seulement, la sociologue remarquait un

décalage entre ces retraités prêts à s’engager dans le sport et les structures ‘troisième âge’’ qui

leur été proposées et dans lesquelles ils ne se reconnaissaient pas. Ce décalage était dû à

l’évolution du groupe des retraités en tant que groupe social du fait de l’élévation de leur

niveau de vie, de l’amélioration de leur santé et de l’accroissement de leur longévité104. Elle

constatait que ces retraités étaient davantage actifs que leurs ainés, notamment via leur

engagement associatif. C’est à la même époque qu’est créée la FFRS qui a permis de proposer

une offre adaptée à ces seniors désireux de s’engager dans la pratique du sport à la retraite. La

FFRS a développé un modèle d’engagement sportif destiné aux seniors, au travers d’une

image de jeunesse, de dynamisme et d’une pratique conviviale.

La sociologue constatait également, que le passage à la retraite permettait de réduire

les écarts entre les milieux sociaux notamment dans les activités sportives. L’enquête de

terrain menée auprès des publics FFRS a permis en partie de valider cette observation. Si la

fédération ne renseigne pas la catégorie socioprofessionnelle de ses adhérents, il n’en reste

pas moins qu’au vu des témoignages recueillis une certaine mixité existe entre les adhérents.

Les clubs affiliés à la fédération rassemblent des retraités ayant exercé des fonctions

totalement opposées, de femme au foyer à ingénieur, d’artisans pâtissier à enseignant. Arrivée

à la retraite, chaque individu se retrouve dans le même groupe social qu’est celui des retraités.

Les adhérents avouaient ne pas s’intéresser à la vie professionnelle passée des uns et des

autres étant donné que cela correspondait à un passé. Cette mixité favorise les échanges entre

ces retraités et permet de créer du lien social entre individus souvent socialement différents.

Néanmoins, une étude plus poussée sur la catégorie sociale de chaque adhérent des deux clubs

étudiés permettrait de mieux argumenter ce phénomène.

Anne-Marie GUILLEMARD expliquait également, qu’il fallait davantage

démocratiser le sport pour les seniors. Elle défendait l’idée qu’adhérer à un club sportif

permettait aux retraités de participer à des activités et représentait un lieu de sociabilité

favorisant les échanges et les rencontres. D’après la sociologue, le sport leur permet de

104 GUILLEMARD, 2002, op.cit

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101

maintenir ‘’des prises sur le monde’’105, en donnant un sens à leur existence. C’est d’ailleurs

ce que mettaient en exergue les témoignages des adhérents. Beaucoup d’entre eux défendaient

l’idée que le sport constituait un repère à la retraite et un moyen de rencontrer d’autres

retraités autour d’une activité sportive. Des liens qui se font entre adhérents pour ensuite

évoluaient vers des relations amicales. Le sport leur permet aussi de maintenir une vie active

et sociale via la pratique des activités sportives au sein du club, en groupe, entre retraités.

D’ailleurs le concept de la ‘’retraite sportive et active’’ promut par la FFRS fait succès

puisque la fédération est passée de 11 000 licenciés à ses débuts, à aujourd’hui plus de 75 000.

Cela témoigne d’un engagement massif des retraités à la pratique du sport à la retraite.

D’autant plus que Raymond MALESSET106 expliquait dans son ouvrage que ce modèle de

retraite est à lier à l’émergence d’une nouvelle image de la retraite. Une période vue comme le

moment de l’activité, où le retraité est un sujet actif qui va faire du sport pour rester en bonne

santé. Ces arguments sont d’ailleurs ceux défendus par les politiques publiques relatives à la

vieillesse. Depuis le rapport Laroque de 1962, au plan national ‘’Bien vieillir’’ de 2007,

l’orientation de ces politiques s’est faite sur la promotion de la pratique du sport à la retraite

afin de garder une bonne santé et de lutter contre les effets néfastes du vieillissement. Une

orientation en lien avec l’affirmation de l’expertise médicale mettant en avant les bienfaits de

la pratique sportive chez les sujets âgés. Ces arguments se retrouvaient parmi les motivations

des seniors pour qui, s’engager dans un club sportif témoignait de leur volonté de rester actif à

la retraite, tout en profitant des bienfaits de la pratique sportive sur leur santé. Si les bienfaits

sur la santé de la pratique sportive ont été abordés par les seniors, elles ne représentent

cependant pas leur motivation principale.

Les bienfaits de la pratique sportive sur les seniors sont avérés, cependant dans les

motivations amenant les retraités à s’engager dans la ‘’retraite sportive et active’’ promut par

la FFRS la question du lien social était posé dans cette étude. L’objectif du sujet était de

déterminer les motivations de ces seniors à adhérer à un club sportif tout en proposant comme

hypothèse que cette pratique découlait d’une volonté de maintenir un lien social à la retraite

en raison de sa mise en question avec l’arrêt de la vie professionnelle active. L’enquête de

105 GUILLEMARD, 2002, p200, op.cit 106 MALLESSET, 1987, op.cit

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102

terrain a permis de mettre en évidence une pluralité de motivations chez ces seniors sportifs.

Avec la volonté de garder une vie active et celle de garder la forme, mais la question du lien

social semblait davantage prédominante. Faire du sport au sein d’un club permet avant tout

aux retraités de faciliter les contacts et les échanges. La pratique conviviale motive les

retraités à venir pratiquer collectivement. Le fait d’adhérer à un club, et non pas de pratiquer

de façon solitaire, permet notamment aux personnes esseulées, victimes du veuvage, d’un

divorce par exemple de les sortir de la solitude dans laquelle elles pourraient s’enfermer. Les

activités extra-clubs aussi permettent aux retraités de partir en vacances ensemble, de

participer à des soirées dansantes le weekend, de se retrouver en dehors des activités

sportives. Des motivations qui revenaient souvent chez les adhérents au travers de cette

volonté de ne pas rester chez soi inactif, mais de sortir, de voir du monde.

L’enquête de terrain a permis également de mettre en évidence le profil et les pratiques

de ces sportifs seniors. A savoir que la pratique sportive à la retraite au sein des clubs FFRS

rassemble davantage de femmes, 70% contre 30% d’hommes. Cela peut s’expliquer par le fait

que les femmes vieillissent en meilleure santé que les hommes. Un phénomène qui se retrouve

par rapport à l’espérance de vie où celle des femmes atteint 82 ans, contre 75 ans pour les

hommes. Quand aux pratiques de ces retraités sportifs, elles s’orientent davantage autour

d’activités douces telles que la gymnastique et la randonnée. Des pratiques qui leur évitent les

risques blessures et les efforts trop importants. Certains s’engagent dans les formations FFRS

pour rester actif, pour garder un rôle social quand d’autres préféreront cumuler les adhésions

dans d’autres clubs, parfois sportifs, ou pour pratiquer une activité totalement différente.

Au terme de l’enquête de terrain menée, il semble néanmoins intéressant de voir en

quoi le modèle de la ‘’retraite sportive et active’’ peut être remis en question sur certains

aspects. Si certains retraités s’engagent dans ce concept, d’autres ne se retrouvent dans ce

modèle de retraite. C’était notamment le cas d’une femme adhérente à un des clubs FFRS qui

expliquait être affiliée depuis déjà plusieurs années, pourtant elle ne parvenait pas à

convaincre son mari de venir pratiquer avec elle. Elle expliquait avoir réussi à le convaincre

au début, pour qu’ils essaient ensemble. Mais finalement, son mari avait refusé de renouveler

son adhésion. D’après elle, il ne se retrouvait pas dans ce concept. De nature casanier, il

n’aimait pas venir pratiquer avec d’autres retraités, ni même participer aux soirées, ou aux

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103

séjours organisés par le club. Elle résumait de la façon suivante : ‘’j’ai un mari qui est un peu

sauvage du coup lui il n’a pas très envie de faire tout ça, il préfère rester à la maison à

s’occuper du jardin. Lui il a pas besoin de voir des gens, de faire tout ça’’. La question du lien

social n’a pas la même importance chez les retraités. Certains seront en quête du maintien de

leur relation sociale à la retraite, quand d’autres s’épanouiront en pratiquant des activités plus

casanières et solitaires.

De plus, l’enquête de terrain semble mettre en évidence le fait que ces retraités

engagés dans le modèle de retraite promut par la FFRS ont déjà un environnement social

important. Cela se vérifie auprès des adhérents mais également dans la méthode

communicationnelle développée par la fédération. Si l’enquête de terrain a permis de montrer

que les démarches d’adhésion aux clubs affiliés à la FFRS sont différentes, qu’elles soient

individuelles ou collectives, ces retraités ont connus le concept FFRS via leurs relations ou en

s’informant. D’ailleurs, la connaissance des clubs FFRS via ‘’le bouche à oreille’’ revenait

régulièrement parmi les adhérents. C’est en discutant avec ses voisins, la famille, les amis que

ces retraités ont pour la majorité connu la fédération. Pour d’autres, cela c’est fait en

s’informant, via la presse, par internet, ou en décidant de se rendre au forum des associations

organisé par les communes. Quant à la FFRS, la fédération axe essentiellement sa

communication sur son site internet. D’ailleurs en adhérant, les seniors sont tenus informés

des prochaines soirées, des prochains séjours organisés par leur club via leur messagerie. De

ce fait, ces méthodes visent principalement les seniors pourvus d’ordinateur, de Smartphone,

connectés à internet et maitrisant l’outil informatique. Si de nos jours, ces outils se

démocratisent, certains seniors ne maitrisent toujours pas ces nouvelles technologies. La

communication développée par la FFRS écarte les seniors ne maitrisant pas ces outils. Quant

aux journées promotionnelles comme ‘’Mémé tes baskets’’, elle a un impact sur les seniors

bien informés et bien intégrés dans la vie de leur commune. Pour les seniors isolés, n’ayant

pas un réseau de socialisation développé, connaitre la FFRS est plus difficile.

Finalement, la deuxième partie de cette enquête s’est attachée à analyser le discours

des dirigeants FFRS, à la foi adhérent au sein des clubs de la fédération. La troisième partie

elle, veillait à analyser les témoignages recueillis du public retraité n’exerçant pas de

fonctions au sein de la fédération. En comparant les motivations mises en avant par ces deux

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104

groupes, les priorités diffèrent. Les dirigeants FFRS transmettent le discours de la fédération,

lui-même en adéquation avec le discours médical du plan ‘’Bien vieillir’’. Le concept de la

fédération vise à donner envie aux retraités de venir pratiquer du sport au sein de ses clubs

avec pour objectif la lutte contre les effets du vieillissement que sont les maladies, la perte des

capacités physiques et psychiques, l’idée de bien vieillir via la pratique sportive couplée à une

alimentation équilibrée. Si la fédération met en avant la motivation bien-être, santé, équilibre

pour les seniors, pour les adhérents ces motivations sont prises en compte mais elles ne sont

pas la cause déterminante de leur pratique. Les adhérents privilégient avant tout l’aspect lien

social au regard de leur adhésion au club, de leur intégration à la vie active du club, de la

participation aux séjours, aux soirées. Au niveau du public FFRS, la motivation qui semble

faire consensus repose davantage sur l’idée de s’engager dans la ‘’retraite sportive et active’’

afin d’avoir comme axe principale la recherche et le maintien du lien social. Le fait de

développer des relations, de rencontrer d’autres individus, de pouvoir sortir de ces pratiques

quotidiennes semble être la motivation privilégiée par les seniors, vient ensuite l’aspect santé,

bien-être. Le concept promut par la FFRS permettrait avant tout aux retraités de s’engager

dans une retraite où la recherche du lien social prime. Une retraite dont la représentation a

évolué pour ces seniors, qui font le choix de maintenir une retraite active, tournée vers des

activités externes notamment. Un moment fait de mixité, propice à la rencontre de nouvelles

personnes du fait que tous se retrouvent sous la catégorisation de ‘’retraités’’, ce qui facilite

les échanges. Les pratiques de ces seniors vont aussi suivre des orientations différentes,

certains feront le choix de cumuler les adhésions dans différents clubs, d’autres choisiront de

se former, certains se limiteront à l’adhésion FFRS.

A l’avenir, la fédération pense mettre en place des activités pas seulement sportives

mais relevant du domaine intellectuel et culturel. Cette orientation est due à une demande de

son public retraité de s’ouvrir à de nouvelles disciplines sollicitant d’autres capacités et

mettant en avant les bienfaits des activités culturelles ou intellectuelles sur la mémoire

notamment. La fédération doit encore déterminer la place qu’elle tiendra au sein de ses

activités sportives. Une ouverture qui questionne aussi le sens de la FFRS qui, à ses origines

est une association sportive mais qui peut être amenée à évoluer en raison des demandes de

ses adhérents toujours en quête de nouveautés. Enfin, des objectifs ambitieux sont avancés

pour les prochaines années en termes de développement de la structure en dehors du cadre

nationale. La FFRS envisagerait de s’ouvrir progressivement au niveau des DOM-TOM tout

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105

en adaptant son concept à chaque territoire. La fédération souhaiterait également atteindre les

100 000 licenciés, non pas dans un souci de faire du ‘’chiffre’’ mais parce qu’elle défend

l’idée qu’elle est porteuse d’un devoir envers les séniors.

Néanmoins, la fédération doit avant tout faire face au problème crucial du

renouvellement des formateurs – animateurs pour répondre à la demande croissante. Si la

fédération fonctionne selon la devise ‘’pour les retraités, animée par les retraités’’, les seniors

rechignent à s’engager dans des formations car comme il a été vu dans cette étude, ils ont très

souvent des agendas bien remplis. D’autant plus que si les retraités souhaitent rester actifs, ils

ne souhaitent pas pour autant retrouver les contraintes de leur vie professionnelle passée.

Cependant, le manque d’animateurs pose des problèmes à la fédération pour développer de

nouvelles activités mais également pour pouvoir effectuer des groupes plus homogènes dans

les activités. La difficulté étant d’avoir la capacité à gérer les différents niveaux pour des

tranches d’âges de 60 à 80 ans pour une même discipline.

Au vue de la croissance des licences des clubs de la FFRS, l’activité physique à la

retraite est en phase de devenir peut-être un nouveau mode de vie pour cette catégorie de la

population. Bien que cette forme de retraite prenne de l’ampleur, elle ne représente pas pour

autant le seul modèle. Il ne faut pas oublier que le groupe des retraités est caractérisé par une

très grande hétérogénéité, des inégalités subsistent en termes de capital santé et de degrés de

sociabilité.

Au terme de cette étude, l’enquête de terrain menée auprès des clubs FFRS permet d’affirmer

que la ‘’retraite sportive et active’’ est une alternative à l’affaiblissement du lien social à la

retraite, source de motivation déterminante chez les seniors. Aujourd’hui, tout laisse à penser

que la génération des seniors n’a pas fini de nous étonner comme le prouve le cycliste Robert

Marchand qui le jour de son 103ème anniversaire a gravi avec succès le col qui porte son nom

du haut des montagnes ardéchoises.

Page 107: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

106

Bibliographie

Ouvrages

AQUINO Jean-Pierre, Le plan national ‘’Bien vieillir’’, La Documentation française, 2008

CALLEDE Jean-Paul, La sociologie française et la pratique sportive. (1875-2005), Essai sur

le sport, forme et raison de l’échange sportif dans les sociétés modernes, Maison des Sciences

de l’Homme d’Aquitaine, 2007

CARADEC Vincent, Sociologie de la vieillesse et du vieillissement, Paris, Nathan,

2001

CASTEL Robert, Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat,

Revue française de sociologie, 1996

DEFRANCE Jacques, Sociologie du sport, Repères, 2011

FEILLET Raymonde, Souci du corps, sport et vieillissement, Eres, 2006

FRIEDAN Betty, La révolte du 3ème âge. Pour en finir avec les tabous de la vieillesse, Albin

Michel, 2008.

LAROQUE Pierre, Rapport de la commission d’études des problèmes de la vieillesse, Paris,

la Documentation Française, 1962

LOUVEAU Catherine, Le sport collectif : un capital rentable pour tous ?, PUF, 2007

GUCHER Catherine, L’action gérontologique municipale : une entreprise de définition de la

vieillesse et de ses pratiques, L’Harmattan, 1998.

GUERIN Serge, De l’Etat Providence, à l’Etat accompagnant, Michalon, 2010

GUERIN Serge, La nouvelle société des séniors, Michalon, 2011

GUILLEMARD Anne-Marie, La retraite, une mort sociale. Sociologie des conduites en

situation de retraite, Paris, Mouton, 1972

GUILLEMARD Anne-Marie, La vieillesse et l’Etat, Paris, PUF, 1980

GUILLEMARD Anne-Marie, Le déclin du social, Paris, PUF, 1986

GUILLEMARD Anne-Marie, De la retraite mort sociale à la retraite solidaire. La

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107

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HENRARD Jean-Claude, Les défis du vieillissement : la vieillesse n’est pas une maladie, La

Découverte, 2002

HOFMAN Philippe, Une nouvelle vie pour les séniors, Albin Michel, 2005

LEGRAND Monique, La retraite, une révolution silencieuse, Eres, 2001

MALESSET Raymond, Retraite active, retraite sportive, Collection Agora, 1987

MANIDI FAES Marie-José, Le sport tout au long de la vie, Poche, 1997

PARLEABS Pierre, Eléments de sociologie du sport, 1986.

PAUGAM Serge, Le lien social, Que sais-je, PUF, 2008.

RIMBERT Gérard, Encadrer les crises biographiques irréversibles Les contradictions dans

la prise en charge des personnes âgées dépendantes, Thèse universitaire sociologie, direction

Patrick Champagne, 2006

TOUBOUL Pia, Comment adapter l’environnement pour favoriser la marche des seniors ?

Une étude qualitative, S.F.S.P, 2011

TOUTAIN Stéphanie, Le nouvel âge des retraites, Ellipses, 2007

Ouvrages collectifs

BHERER Louis, LEMAIRE Patrick, Psychologie du vieillissement. Une perspective

cognitive, Bruxelles, De Boeck, 2005

BURLOT Fabrice, LEFEVRE Brice, Des pratiques spécifiques ?, La Documentation

française, 2009

GUCHER Catherine, GUILLALOT Elsa, MOLLIER Annie, MANSANTI Dominique,

Retraite et vieillissement : intervention publique et action sociale, Dunod, 2015

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Vital’ité, n°19, magazine de la FFRS

Générations seniors, 30 ans de la Fédération Française de la Retraite Sportive, FFRS, 2012

Plan d’action quadriennal 2014-2017, FFRS

Magazine

Philosophie magazine, n°90, La santé c’est dans la tête, juin 2015

Articles relatifs à

Loi d’adaptation de la société vieillissante : rapport Laroque 1962.

Le plan national ‘’Bien vieillir’’ de 2007-2009

Sources Internet

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http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=T10F036

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http://www.inpes.sante.fr/30000/actus2013/046-campagne-alcool.asp

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http://www.snepfsu.net/sportdemain/docs/Callede.pdf

http://www.f2smhstaps.upslse.fr/tp/fichier/UE5/Callede_Politiques_sportives_ANSO_022_04

37%5b1%5d.pdf (Les politiques du sport en France, Jean-Paul CALLÈDE)

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Education-mixite-et-citoyennete

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http://www.ffrs-retraite-sportive.org/

http://baladeurs-sportifs.fr/

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http://sport24.lefigaro.fr/le-scan-sport/buzz/2015/06/01/27002-20150601ARTFIG00042-une-

americain-termine-un-marathon-8230-a-92-ans.php

http://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/King/174484

http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/sport/74327

http://www.eps-kerraoul.eg2.fr/doc/1cultures_sportives.pdf, d’après HEBERT Georges, Le

sport contre l’Education Physique, 1925

Page 112: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

111

Tables des annexes

Annexe n°1 : ‘’Guide de la retraite sportive et active’’, de la FFRS

Annexe n°2 : ’Vital’ité’’, le magazine de la FFRS

Annexe n°3 : liste des activités proposées par la FFRS

Annexe n°4 : liste des personnes interrogées

Annexe n°5 : entretien réalisé le 16 mars 2015

Annexe n°6 : entretien réalisé le 27 février 2015

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127

Table des sigles

APS : Activité Physique Senior

AVC : Accident Vasculaire Cérébral

BEES : Brevets d’Etats d’Educateurs Sportifs

CAF : Club Alpin Français

CNOSF : Comité Départemental Olympique et Sportif

CODERS : Comité Départemental de la Retraite Sportive

CORERS : Comité Régional de la Retraite Sportive

CHU : Centre Hospitalier Universitaire

FFRS : Fédération Française de la Retraite Sportive

INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

INSEP : Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance

INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

VTC : Vélo Touche Mains

VTT : Vélo Tout Terrain

SMS : Section Multi activité Senior

SNCF : Société National des Chemins de Fer

SSS : Sport, Santé, Seniors

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128

Table des matières

SOMMAIRE .................................................................................................................................. 5

INTRODUCTION ............................................................................................................................ 6

PREMIERE PARTIE : UNE RETRAITE SPORTIVE ET ACTIVE, L’EMERGENCE D’UN NOUVEAU MODELE ?

.................................................................................................................................................. 12

CHAPITRE 1 : LES MUTATIONS DU VIEILLISSEMENT IMPOSENT DE NOUVEAUX DEFIS A LA SOCIETE

........................................................................................................................................................... 14

1. L’allongement de l’espérance de vie, une réalité aux effets démographiques .................... 14

1.1. Les raisons de cette longévité croissante ...................................................................... 14

1.2. Les conséquences du vieillissement de la population ................................................... 15

2. Vers une redéfinition du vieillissement ? .............................................................................. 16

2.1. Une évolution de la vieillesse via sa prise en charge par l’Etat ..................................... 16

2.2. Aux difficultés à définir le public des personnes âgées ................................................. 17

2.3. Une recherche d’homogénéité qui masque une réelle complexité .............................. 18

3. Une retraite en changement ................................................................................................. 19

3.1. Des réformes en constante évolution ........................................................................... 19

3.2. A la modification des représentations .......................................................................... 20

4. L’importance du lien social à la retraite. ............................................................................... 22

4.1. La retraite vue comme la perte d’un rôle social passé .................................................. 23

4.2. A la recherche d’un nouveau statut social .................................................................... 23

4.3. Un changement dans les pratiques des retraités .......................................................... 24

CHAPITRE 2 : L’ADAPTATION DES POLITIQUES PUBLIQUES ET LA PROMOTION DU SPORT A LA

RETRAITE ........................................................................................................................................... 27

1. La réponse des politiques publiques face aux défis du vieillissement .................................. 27

1.1. Le rapport Laroque et l’émergence du ‘’troisième âge’’. .............................................. 27

1.2. Le plan national ‘’Bien vieillir’’ et l’affirmation de l’expertise médicale ....................... 28

2. Le sport comme solution face au vieillissement? ................................................................. 30

2.1. Le sport et les représentations qui lui sont associées ................................................... 30

2.2. Les fonctions du sport ................................................................................................... 31

2.3. La prise de conscience des effets du vieillissement ...................................................... 32

3. Quid des seniors et de la pratique d’une activité sportive ? ................................................. 33

3.1. Vers une définition plus extensive du sport .................................................................. 33

3.2. Les bienfaits du sport à la retraite ................................................................................. 34

Page 115: Vous allez consulter un mémoire réalisé par un étudiant

129

3.3. Des retraités plus sportifs. ............................................................................................. 34

3.4. Vers l’émergence d’un modèle de ‘’retraite sportive’’ ? ............................................... 35

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE ........................................................................................ 37

DEUXIEME PARTIE : LES ACTEURS DE LA RETRAITE SPORTIVE ET ACTIVE ....................................... 39

CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA FEDERATION FRANCAISE DE LA RETRAITE SPORTIVE .............. 41

1. . Présentation de l’association étudiée ................................................................................. 41

1.1. Les origines de la fédération ......................................................................................... 41

1.2. Les étapes de développement ...................................................................................... 43

1.3. Les objectifs visés par la FFRS ............................................................................................. 45

1.4. Fonctionnement de l’institution ......................................................................................... 47

2. Des activités définies via des partenariats et des principes clés ............................................... 48

2.1. Des disciplines variées ........................................................................................................ 48

2.2. Liées à différents partenariats ............................................................................................ 50

2.3. Qui sont déterminées par des valeurs de référence .......................................................... 51

CHAPITRE 2 : LE CONCEPT ‘’RETRAITE SPORTIVE, RETRAITE ACTIVE’’ VIA LES CLUBS AFFILIES A LA

FFRS ................................................................................................................................................... 53

1. Comment définir ‘’la retraite sportive, retraite active’’ ? ..................................................... 53

2. Présentation du terrain d’enquête ........................................................................................ 55

2.1. Le Club des Baladeurs Sportifs ...................................................................................... 55

2.2. L’Athlétisme Club de Sassenage .................................................................................... 64

2.3. La Club Alpin Français de Grenoble ............................................................................... 68

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE ....................................................................................... 72

TROISIEME PARTIE : QUID DES MOTIVATIONS DES RETRAITES A LA PRATIQUE DU SPORT AU SEIN

DES CLUBS FFRS ? ....................................................................................................................... 73

CHAPITRE 1 : LES MOTIVATIONS DES SENIORS A S’ENGAGER DANS UNE RETRAITE ‘’SPORTIVE ET

ACTIVE’’ ............................................................................................................................................. 75

1. Sport et seniors : des motivations plurielles ......................................................................... 75

1.1. La volonté de rester actif ............................................................................................... 75

1.2. Pour maintenir une bonne santé .................................................................................. 78

1.3. Le modèle FFRS, un concept motivant ? ....................................................................... 81

2. Sport et lien social à la retraite : une motivation déterminante ? ........................................ 83

2.1. Le choix de s’orienter vers la pratique sportive ............................................................ 83

2.2. Des liens renforcés ........................................................................................................ 87

CHAPITRE 2 : LE CHOIX DE S’ENGAGER DANS UNE RETRAITE AXEE SUR LE LIEN SOCIAL ................. 91

1. La retraite, un moment particulier ........................................................................................ 91

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130

1.1. Une représentation plus active ..................................................................................... 91

1.2. Une transition difficile pour certains ............................................................................. 92

1.3. Mieux vécue par d’autres .............................................................................................. 93

1.4. Un moment propice à l’effacement des barrières sociales ........................................... 94

2. Des pratiques différentes pour préserver le lien social ........................................................ 95

2.1. Un moment riche en opportunités ................................................................................ 95

2.2. Le choix de ne pas retrouver les contraintes de la vie active ........................................ 96

CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE ....................................................................................... 98

CONCLUSION GENERALE ............................................................................................................. 99

Bibliographie ............................................................................................................................. 106

Tables des annexes .................................................................................................................... 111

Table des sigles ......................................................................................................................... 127

Table des matières .................................................................................................................... 128