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Vue d'ensemble de trois toiles donc 3 "détails" de l'oeuvre "1964/1 - " de Roman Opalka Galerie Templon de Paris

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Vue d'ensemble de trois toiles donc 3 "détails" de l'oeuvre "1964/1 - ∞" de Roman OpalkaGalerie Templon de Paris

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Vue rapprochée d'une toile, "un détail", de l'oeuvre "1964/1 - ∞" de Roman Opalka

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Vue très rapprochée de la surface d'une toile, "un détail", de l'oeuvre "1964/1 - ∞" de Roman Opalka

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Roman Opalka au travail (attitude & geste)

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Après chaque séance de travail, Roman Opalka prend une photographie de son visage pour montrer le passage du temps et les changements qu'il produit sur lui-même. C'est un sorte de photo-souvenir de

cette promenade qu'est la réalisation progressive de chaque toile .

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Épreuve histoire des arts - session juin 2012Proposition du prof. d'arts plastiques pour le sujet n°02 :"Opalka 1965/1- ∞" de Roman Opalka

Biographie de Roman Opalka

Roman Opalka est née en France de parents polonais en 1931. En 1935 la famille retourne en Pologne et connaîtra les vicissitudes dûes au contexte historique difficile de ces années-là, depuis la déportation jusqu'à l'occupation soviétique en passant par la guerre. Ce n'est qu'en 1977, que l'artiste se fixera définitivement en France mais il décédera en Italie, à Chieti le 6 août 2011.

C'est donc en Pologne que Roman Opalka fera sa formation. Paradoxalement, pour un personnage connu comme artiste majeur des arts plastiques du XXème siècle, ce sont d'abord les arts appliqués, la création de formes pour l'industrie, que Roman étudiera à partir de 1949, et pour lesquels ils recevra de nombreux prix prestigieux à travers le monde. Ce n'est que dans un second temps, en 1950-1956 qu'il débutera une seconde formation à l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie.

Description de l'oeuvre de Roman Opalka :

C'est en 1965 qu'il débute l'oeuvre de sa vie intitulée « Opalka 1965/1- ∞ ». À raison de cinq toiles par an, il s'y consacrera jusqu'à sa mort en 2011.Dans le contexte artistique de ce début des années 70, il travaillait autour du monochrome blanc comme bien d'autres plasticiens avant lui, dont le fameux peintre russe Kasimir Malevitch et son "Carré blanc sur fond blanc" en 1918 déjà !Mais c'est à la suite d'un épisode personnel, qu'il va trouver sa propre façon de travailler et d'interpréter "le blanc" : pendant qu'il attendait sa femme à la terrasse d'un café de Varsovie, il éprouva dans cette attente de l'être aimé, le flux du temps qui passe et sur lequel on a aucune prise. C'est alors qu'il eut l'intuition de matérialiser ce flux de temps à travers l'écriture d'une série de chiffres en commençant logiquement par le chiffre 1 tracé en blanc sur un fond noir, avec un pinceau n° zéro, en haut et à gauche sur une toile mesurant 196x135 cm, pour finir en bas à droite.En 1968, lui vient l'idée d'enregistrer sa voix sur un magnétophone alors qu'il énonce a haute voix, en polonais, les chiffres qu'il peint inlassablement.En 1972, il complète et achève le dispositif de son oeuvre en décidant d'ajouter 1 % de blanc au fond noir de ses tableaux. La conséquence de cette décision, qu'il assume et revendique, sera dans le futur, de peindre en blanc sur blanc la série des nombres qu'il avait entrepris !Enfin, après avoir terminé une toile, il photographie son visage en noir et blanc cadré toujours de la même façon, de face en mode portrait.

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Comprendre l'oeuvre de Roman Opalka :

Vu de l'extérieur, l'oeuvre d'Opalka fait penser à ces activités obsessionnelles, symptômes de folie et de dépression, des psychopathes que mettent en scène certaines séries et films américains. La contrainte journalière d'inscrire et de réciter des chiffres à haute voix nous paraît insupportable et incompatible avec l'idée de fantaisie et de liberté qu'évoque généralement pour le grand public l'idée d'une oeuvre picturale.Pourtant les interviews de Romane Opalka nous montrent un homme épanoui, assimilant son travail à une « promenade » joyeuse dans le temps, dans la vie. Il parle d' « exaltation » et dément vigoureusement toute idée de dépression ou de désespoir. Conscient de la difficulté à venir, peindre en blanc sur blanc, l'artiste n'en est pas moins impatient d'arriver à ce stade, car alors, selon ses mots, il aura transformé le "blanc pictural" en "blanc moral" : cela signifie que pour lui, la matière de la peinture, le blanc, sera transformée en matière de vie, qu'il imagine blanc également. Ce blanc final, attendu et désiré, signifie aussi la fin de l'existence, de son existence, non pas la mort tragique et absurde, mais la mort naturelle, logique et nécessaire, comme le pensaient les philosophes grecs convaincus que la qualité de la vie humaine n'était due qu'à ce terme obligatoire. Même si Opalka ne le cite jamais, cette idée de la mort en blanc, nous évoque la conception asiatique du deuil qui est symbolisé par le blanc et non le noir comme chez nous en occident. Les nombres que peint Opalka ne forment ni un calendrier, ni un horaire et surtout pas un compte à rebours, ce qui serait contraire à l'idée positive qu'il veut donner de son travail. Plutôt que de peindre et représenter des histoires sur sa vie, il préfère une succession de nombres qui marquent chacun de ses pas dans cette promenade qu'est pour lui sa vie et son travail, puisqu'il ne font qu'un. La photographie de son visage après chaque séance de travail permettra de figer son aspect physique, au terme de ce qu'il considère comme une "promenade" dans le temps de sa propre existence. Dans cette logique, chaque toile réalisée, qui n'est considérée que comme un pas de cette promenade, est appelée un "détail" de cet ensemble qui sera clôt le jour du décès de Roman Opalka. Le titre indique bien ce projet : Opalka, le nom de l'artiste, "1965/1", la date d'inscription du premier chiffre et le signe "∞", l'infini, pour signifier le nombre qui achèvera le projet, nombre que le peintre ne connaît pas, puisqu'il ignore le terme de sa propre existence.

Conclusion & ouverture :

Que conclure d'un travail aussi déroutant, paradoxal, éloigné des clichés sur l'oeuvre et la manière des artistes peintres tels que les décrivent les oeuvres littéraires ou cinématographiques ?D'abord, que les oeuvres de l'art contemporain, contrairement aux oeuvres classiques, c'est-à-dire les oeuvres d'avant le XXème siècle, ne reposent pas sur une culture commune, partagée, mais sur une démarche strictement personnelle de l'artiste. En effet, une bonne culture classique, c'est-à-dire des

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connaissances bibliques, mythologiques, historiques, permettent de comprendre nombre d'oeuvres exposées au Louvre, temple de l'art classique.Les oeuvres contemporaines sont construites sur des projets personnels de l'artiste qui nécessitent de la part du spectateur une véritable enquête sur les tenants et les aboutissants de la démarche, sans quoi il s'expose au mieux à des contresens au pire à une incompréhension totale.C'est la le point clé, la raison de ce désamour entre le grand public et l'art contemporain : le grand public, qui n'a pas eu de formation en histoire de l'art, en est souvent encore à interpréter les oeuvres de son siècle avec des connaissances et des méthodes désormais inadéquates.La seconde difficulté, découle de la première : s'il est possible avec une solide culture classique de parcourir le musée du Louvre et d'y apprécier les oeuvres exposées il n'est pas possible en revanche de parcourir un musée d'art contemporain avec l'espoir de tout embrasser tant les projets sont spécifiques et particuliers à chacun des plasticiens.Enfin, cette personnalisation des projets produit un effet de suspicion : qu'est-ce qui nous prouve que les idées et donc le travail de cet artiste n'est pas "n'importe quoi", une escroquerie, "qu'on se fiche de nous" comme on le dit dans la rue ? Et bien, à moins de tomber dans des théories du complot et du "tous pourris", il faut savoir qu'avant d'arriver sur les murs des musées, les oeuvres des artistes sont analysées et discutées par de très nombreuses personnes, spécialistes divers, venus d'institutions du secteur privé et public, elles ne sont pas là, du jour au lendemain, comme par magie.

Le cas de Roman Opalka nous aura permis de réaliser qu'il est facile de se tromper sur l'oeuvre et la personnalité d'un artiste tant que l'on ne l'a pas laissé parler, s'expliquer, bref tant qu'on ne l'a pas fréquenté.Au-delà du domaine artistique l'exemple d'Opalka nous montre qu'il est essentiel de se fréquenter les uns les autres pour dissiper les malentendus, se rassurer, et constater, par-delà l'étrangeté des réalisations et des conceptions du monde, que décidément, la terre est vaste et la diversité humaine considérable. C'est cela la vraie richesse du monde.