Thème 3 – la IIIème République avant 1914Leçon 7 – Permanences et mutations de la société française jusqu’en 1914.

INTRODUCTIONComme l’ensemble des sociétés européennes, la société française de 1871 à 1914 n’a pas été épargnée par les bouleversements économiques induits par la Révolution industrielle. Cependant, en France, la permanence de l’ancien et les bouleversements de la modernité se sont chevauchés longtemps. L'historien économique François Caron nous indique ceci : « A la fin du XIXème siècle, la France est un grand pays industriel faiblement industrialisé ». En effet, touchée par la Révolution industrielle, la société française est demeurée jusqu’au début du XXème siècle majoritairement rurale.Si de grandes entreprises industrielles se développent, telle que celle des Schneider au Creusot, la France reste marquée par la faible concentration des entreprises. Selon l’historien Gérard Noiriel (spécialiste de l’histoire de l’immigration et de la classe ouvrière), c’est un choix politique de la IIIème République de défendre les « petits » contre les gros, à savoir les paysans, les boutiquiers, les petits industriels, les professions libérales contre la grande industrie.La société française de la IIIème République, de 1871 à 1914, est aussi loin d’être uniforme et égalitaire. Elle a ses exclus et est traversée de tensions. Cette période n’est pas un âge d’or pour tous : les inégalités se creusent entre bourgeois et ouvriers ; ces derniers restent à l’écart de l’ascension sociale réservée aux classes moyennes qui émergent, les conditions de vie des paysans restent dures, les tensions xénophobes se développent en même temps que l’immigration, enfin la place des femmes reste fort réduite.Frise chronologique p. 194.

PROBLEMATIQUEQuelles sont les principales mutations qui affectent la société française dans le contexte de l’industrialisation ?

I. Les transformations économiques de la France : une accélération des changements. Rôle des progrès techniques.

A. La poursuite de l’industrialisation – carte 2 p. 199.1. Le temps des progrès.Lire la vidéo – Aperçu de l’Exposition universelle de Paris 1900 / 5 déc. 2012 – 9’51 YouTubeRépondre à 2 questions :

a) Quelles sont les nouvelles sources d’énergie dont dispose la France ?Le pétrole et l’électricité.

b) Quels sont les nouveaux secteurs industriels moteurs pour l’économie ? La sidérurgie (la production d’acier croît de 10 % par an à partir de 1870) + la chimie, l’aluminium, l’automobile (mis en place du moteur à explosion) – (1900 : 30

constructeurs, 1910 : 57 constructeurs, 1914 : 144 constructeurs. Ainsi, la France devient alors le 2ème constructeur mondial.

Ces secteurs industriels se développent très rapidement surtout à partir de 1885 en parallèle des industries « traditionnelles » telle que le textile qui résistent dans cette période où la conjoncture n’a pas toujours été favorable (récession entre 1870-1885). 1doc. p. 195 – répondre aux 3 questions :Q°1 – La Tour Eiffel, dont la construction s’étend du 28 janvier 1887 au 31 mars 1889, est d’abord une prouesse technologique. Avec ses 324 mètres, elle est la tour la plus haute du monde en 1900. C’est l’attraction la plus visitée de l’Exposition universelle de Paris de 1889 (12 000 visiteurs chaque jour). Le choix des matériaux (l’acier est le matériel des premières Révolutions industrielles) et son architecture en font une structure audacieuse. Les pièces métalliques ont été hissées par des grues à vapeur. Le soir, elle s’illumine de centaines de becs de gaz protégés par des globes blancs. Ses ascenseurs ultramodernes permettent aux visiteurs d’admirer Paris.Q°2 – Les promeneurs du Champ-de-Mars semblent appartenir aux classes supérieures de la société française (voir … leurs tenues élégantes et les ombrelles) – la bourgeoisie. Le prix du billet d’entrée est d’un franc (une heure de travail est payée entre 40 et 50 centimes). Plus de 50 millions de personnes visitent l’Exposition universelle de Paris, ce qui en fait un succès incontestable. La foule se presse en direction du Palais de l’électricité (au fond) et des salles des machines industrielles (à gauche).Q°3 – C’est l’image d’une France qui s’urbanise et se modernise. Paris passe de 1,9 million d’habitants en 1876 à 2,9 millions en 1911. La ville devient le lieu du progrès technique et de la modernité. L’extrait du Petit Journal met en avant l’idée d’une communion autour de ces évolutions. Témoins de la Révolution industrielle, vitrines sur les progrès techniques, les expositions universelles sont des moyens d’informer le public sur les grandes innovations et de rassurer les investisseurs sur la qualité des fabrications françaises. Les inventions de la deuxième moitié du XIXème siècle y sont présentées, en lien notamment avec les nouvelles sources d’énergie (pétrole et électricité).

2. Le triomphe de la grande industrie.Point de passage et d’ouverture – livre p. 202 et 203. TAF : lire les documents de ces deux pages et répondre aux questions suivantes :

a) En quelques générations la famille Schneider change de statut social. Quelle est son origine sociale ?Une origine paysanne. En quelques générations, la famille Schneider change de statut social. En effet, à la fin du XVIIIème siècle, Johan Jacob Schneider est paysan (laboureur). Dès le début du XIXème siècle, une génération d’industriels se met en place.

b) En lisant les documents, construisez un schéma pour montrer l’influence de la famille Schneider sur la ville du Creusot.

2c) Rédigez quelques lignes pour montrer que l’industrialisation du Creusot a favorisé

l’émergence de deux groupes sociaux. Au Creusot, l’industrialisation s’est accompagnée de l’essor de deux groupes sociaux : d’une part, la bourgeoisie aisée symbolisée par la famille Schneider et, d’autre part, les ouvriers aux conditions de vie et de travail souvent difficiles. La seconde Révolution industrielle marque le triomphe de la bourgeoisie. Elle mène un train de vie luxueux grâce à son enrichissement du fait de l’industrialisation. Les ouvriers (ou les prolétaires / le prolétariat) constituent le deuxième groupe social en plein essor dans cet âge industriel. Leurs conditions de vie et de travail restent encore difficiles : faibles salaires, longues journées de travail, peu de loisirs. Même si la famille Schneider s’est montrée « paternaliste » en construisant des logements, écoles et hôpitaux, les inégalités sociales sont très marquées.

Paternaliste / paternalisme : système mis en place par la direction d’une entreprise pour prendre en charge un grand nombre d’aspects de la vie du quotidien chez les ouvriers (logement, soins, éducations, activités sportives …). Le patron, soucieux de fidéliser et de contrôler sa main-d’œuvre, se comporte comme un père de famille avec ses ouvriers – déf° p. 208.Attention ! Si les grandes entreprises modernes, telle que celle des Schneider au Creusot, joue un rôle majeur dans le développement économique du pays, elles ne sont pas l’unique reflet du paysage industriel français. En effet, en 1906, la taille médiane des entreprises industrielles françaises est de 45 salariés. La persistance de la petite entreprise française s’explique notamment par le développement de la sous-traitance. Tout comme les grands groupes industriels, elles participent à l’accélération des changements car ce sont des lieux d’innovation.

B. La lente évolution des campagnes.1. Des campagnes toujours peuplées – doc.1 p. 206.Les ruraux représentaient 75 % des Français en 1848, mais seulement 66 % en 1872. La chute continua sous la IIIème République, les campagnes rassemblant seulement 56 % des Français en 1914 (au Royaume-Uni, en 1914, les ruraux ne représentent plus que 22 % de la population). Mais ce recul en France n'est guère sensible en chiffres absolus : jusqu'aux premières décennies de la IIIème République, la population rurale continua à s'accroître dans certaines régions, et elle ne commença à baisser nettement que dans les montagnes pauvres. En 1914, la France rurale reste donc majoritaire et les campagnes françaises très peuplées.

2. Des campagnes confrontées à des crises et des mutations.L’exode rural, bien réel, reste sélectif et touche surtout les artisans (sauf les forgerons et les sabotiers) et les ouvriers ruraux, les tout-petits exploitants et les ouvriers agricoles, les jeunes gens qui grâce à l’instruction peuvent espérer situation plus enviable, les jeunes filles qui vont se placer en ville ainsi qu'une partie des notables. Au début du siècle, l’agriculture est dominée par des exploitations familiales de petite taille qui commencent à investir pour se moderniser. Ils empruntent pour acheter engrais et machines agricoles, telles les moissonneuses et les batteuses à vapeur. 3

Mais dans certaines régions, le sort des paysans est moins enviable. C’est le cas des tout-petits viticulteurs et du prolétariat rural du Midi (la profession emploie de nombreux ouvriers agricoles, notamment pour la vendange) confrontés à la crise du phylloxéra* qui les ont obligés à arracher la vigne. Avec la reconstitution du vignoble grâce à des ceps américains, ils doivent ensuite subir une crise de surproduction. Au printemps 1907, dès le 1er avril 1907, le Midi languedocien s'enflamme. Des manifestations rassemblent plusieurs centaines de milliers de personnes, notamment à Carcassonne et à Béziers. Il y a 5 morts.* Phylloxéra : c’est un puceron qui attaque les racines de la vigne. Inconnu en France jusqu'en 1868, il est responsable après cette date d'épouvantables dégâts sur les vignobles français et européens. L’insecte va se répandre rapidement. D'une part il progresse sous ou sur le sol, de racine en racine et de souche en souche. D'autre part, sous forme ailée, il est entraîné par le vent et va créer de nouveaux foyers d'infection là où il est jeté à terre, parfois à plusieurs dizaines de km de son point de départ.L'affaire prend un tour particulièrement grave lorsqu'un régiment se mutine pour la première fois depuis la Commune : c'est le dix-septième régiment d'infanterie, un régiment de Béziers, recruté sur place. Il s'agit en fait des enfants des vignerons révoltés... Clemenceau (Président du Conseil) déplace le régiment rebelle et l'envoie en pénitence dans l'extrême-sud de la Tunisie – le 21 avril 1907, ils sont envoyés à Gafsa en Tunisie. Clemenceau fait adopter des mesures d’aide financière pour les vignerons. Cet exemple montre bien que les années 1870-1914 souvent considérées comme l’âge d’or de la paysannerie française, restent une période où le monde rural demeure très inégalitaire, contrairement à l’image idyllique que la IIIème République prétendait en donner.

II. Les mutations de la société française. A. Le monde ouvrier se transforme et s’organise.

1. La naissance du mouvement ouvrier. Le nombre d’ouvriers en France passe de 5 millions vers 1870 et 6,3 millions en 1906. Bien que divers, le monde ouvrier va s’homogénéiser au cours de la période et développer une culture commune, conscient de former un groupe à part et uni autour de revendications communes. C’est le triomphe de la Grande industrie d’une part et le développement du mouvement marxiste d’autre part qui l’expliquent. A la fin du XIXème siècle, ces revendications s’expriment d’abord par la grève, autorisée depuis la loi Ollivier de 1864. En 1884, la loi relative à la création des syndicats professionnels ou loi Waldeck-Rousseau est votée.En 1895 : Congrès de Limoges – du 23 au 28 septembre 1895, le VIIème Congrès national corporatif de Limoges fonde la Confédération Générale du Travail (CGT). Cette initiative vise à réduire l’émiettement des organisations ouvrières.

Les partis et les syndicats ouvriers aspirent à l’unité au-delà des frontières, c’est pourquoi afin de coordonner leur développement, ils créent l'Association internationale des travailleurs le 28 septembre 1864 à Londres (lors d'un meeting à Saint Martin's Hall et fruit d'un projet franco-britannique, c’est la Ire Internationale), puis la Seconde Internationale à lors du Congrès de Paris du 14-21 juillet 1889 (surtout des courants marxistes). Ainsi, à l’initiative des syndicats américains, ils fixent au 1er mai une journée internationale de revendications ouvrières, se proposant de réclamer partout la journée de 8 heures tant espérée.

4Point de passage et d’ouverture – 1891 : la fusillade de Fourmies du 1er mai (livre p. 210 et p. 211) + lecture de vidéos :

- A la Une le 1er mai sanglant de Fourmies / YouTube 12 sept. 2017 / 2’01- Le 1er mai lié à l’histoire de Fourmies / YouTube 9 octobre 2017 / 1’48

Répondre aux questions suivantes :Q°1 – Le vendredi 1er mai 1891, à Fourmies, des soldats tirent sur une manifestation pacifique d’ouvriers.Q°2 – Comptant plus de 15 000 habitants, Fourmies est une cité ouvrière peuplée surtout de tisserands et de fileurs. Les représentants syndicaux locaux (Hippolyte Culine – animateur de syndicats et militant socialiste) et les ouvriers répondent à l’appel de la IIème

Internationale ouvrière (1889). Le 1er mai 1891 doit être un jour de grève et de manifestation pour la journée de huit heures. Durant ce jour sont prévus spectacles récréatifs, bal et repas fraternel. Des revendications secondaires accompagnent ce point central : création d’une bourse du travail, fixation de la paie tous les 8 jours, amélioration des conditions d’hygiène et de sécurité dans les usines, création d’une caisse de retraites.Répondre Q°4 du livre – Le 1er mai est une journée de lutte du mouvement ouvrier. En 1889, le Congrès de Paris décide d’organiser le 1er mai 1890 une journée de grève et de manifestation internationale en faveur de la journée de 8 heures. La date a été choisie en reprenant l’idée des syndicats américains qui avaient lancé un appel le 1er mai 1886. La fusillade de Fourmies du 1er mai 1891 consacre ainsi cette journée comme celle de la lutte ouvrière. Tous les ans, les syndicats français reprennent cette revendication comme le montre cette affiche de la CGT de 1912 (voir le doc.4 p. 211).Chronologie du 1 er mai 1886 : grève violente à Chicago pour la journée de 8 heures / 3 morts.1889 : fondation de la IIème Internationale. Le 1er mai devient journée de manifestations.1891 : fusillade de Fourmies / 10 morts.1906 : la CGT appelle à la grève générale / 2 manifestants tués.1936 : grande manifestation pour un « Front populaire » des forces de Gauche.1941 : le 1er mai devient « fête du travail ».1947 : le 1er mai devient jour chômé et payé (férié). Résumé / réflexion – À Fourmies, petite ville textile du Nord proche de la frontière belge tout juste sortie d’une longue grève, le patronat menace de licenciement les ouvriers qui arrêteraient le travail le 1er mai 1891 et obtient du préfet qu’il mobilise un important dispositif de maintien de l’ordre. Ainsi patronat et Etat s’unissent malgré le cadre légal pour réprimer les manifestations censées troubler l’ordre public. L’armée charge la manifestation organisée pour réclamer la journée de 8 heures. Il y a alors entre 9 et 12

morts dont plusieurs adolescents et une petite fille que l’on retrouve portant encore son bouquet. Le retentissement est énorme et fait du 1er mai une date symbolique pour le mouvement ouvrier français. Cette fusillade éloigne un peu plus les ouvriers de la République et contribue au progrès du syndicalisme et du socialisme en France.

2. La prise de conscience de la question ouvrière. Face à l’essor du syndicalisme et aux succès électoraux des Socialistes, les Républicains adoptent des lois sociales qui améliorent la vie ouvrière :

5- loi du 2 novembre 1892 : interdiction du travail des enfants de moins de treize ans.- loi du 9 avril 1898 : responsabilité patronale a priori établie en matière d'accidents du travail, et obligation pour le patron de verser une indemnité aux victimes.- loi du 13 juillet 1906 : loi sur le repos hebdomadaire obligatoire.- loi du 5 avril 1910 : loi sur les retraites ouvrières et paysannes. Après la Commune, les ouvriers sont délaissés par la République qui se tourne vers les classes moyennes et les paysans pour enraciner son pouvoir. Elle continue de réprimer durement grèves et manifestations. Mais les ouvriers développent une conscience de classe et s’organisent. Face à l’essor du syndicalisme et aux progrès électoraux du socialisme, les Républicains adoptent des lois sociales qui améliorent la vie des ouvriers.

B. La société française s’ouvre à l’immigration. 1. Des immigrés de plus en plus nombreux – doc. p. 207. Depuis le milieu du XIXème siècle, la France est un pays d’immigration. Cette première vague d’immigration s’explique par l’énorme besoin de main d’œuvre lié à la Révolution industrielle et par une dépression démographique propre à la France. Ainsi … Belges (24 % en 1911), Italiens (36 % en 1911), Luxembourgeois, Hollandais, Anglais, Suisse, viennent pallier la pénurie de bras. 1872 : 740 000, 1889 : 1 130 000, 1901 : 1 030 000, 1906 : 1 160 000.Mais parmi tous ces migrants, on n'a pas la moindre idée de la proportion de ceux qui repartent chez eux sans faire souche (travaux saisonniers, conjoncture défavorable). Ils sont sans doute très nombreux car jusque vers 1890, l’immigration demeure en bonne partie saisonnière. A partir de 1880, nous assistons à une sédentarisation de l’immigration en lien avec les exigences de la Grande industrie.Qui sont-ils ? Surtout des jeunes hommes, venant des campagnes, fuyant pour la plupart la misère. Ils travaillent dans certaines branches industrielles où les conditions de travail sont très pénibles et demandent de la force physique (chimie, construction navale) ou le moins de qualification (filatures). Mais beaucoup travaillent dans l’agriculture ou comme domestiques. Ils doivent faire le moins de concurrence possible aux Français.

2. Intégrés par la République mais souvent rejetés par la population française. Sous la IIIème République, à partir de 1880, il apparaît nécessaire afin de mieux contrôler la population immigrée de rendre obligatoire l’enregistrement. Toujours dans le même but,

en 1889, les règles en matière de naturalisation jusque-là très floues sont précisées suivant pour l’essentiel les principes du droit du sol. La France veut fabriquer des Français. Ceux qui sont nés et éduqués en France doivent le devenir. Pour le coup, il y a surtout, derrière ce généreux principe, des arrières pensées … le contexte est à la "revanche" après la défaite de 1870. Il faut se repeupler pour faire face au péril allemand. Les immigrés sont nombreux en France, en cette fin du XIXème siècle, des Belges dans le Nord, des Italiens dans le Sud, des Espagnols au Nord des Pyrénées. On en fait des citoyens pour en faire des soldats. 6Dans ces années, l'aggravation du marasme économique, jointe aux nouveautés juridiques, provoque l'apparition d'un nouveau thème dans le discours politique et dans les médias : les étrangers ne font-ils pas concurrence aux Français sur le marché du travail ? Il y a sans cesse des manifestations d'ouvriers contre la concurrence des étrangers. C’est ainsi qu’à Aigues-Mortes le 16 et 17 août 1893, au plus fort du marasme, des émeutes anti-italiennes menées par des ouvriers des salines – au moins 250 ouvriers (une activité pénible, laissée aux étrangers en période de prospérité) entraînent une vingtaine de morts ; les forces de l'ordre tentent d'escorter les Italiens hors de la ville, mais ils se font déborder par la populace. Le maire de la ville doit démissionner et tous les meurtriers sont acquittés.

C. Les femmes tentent de s’affirmer : des luttes et de la discrimination. Elles ont un statut juridique inférieur...Les femmes sont des mineures légales. Le Code civil napoléonien de 1804 pose le principe de l'incapacité féminine. Les filles majeures et les veuves sans enfants ne peuvent pas témoigner en justice pour les testaments ni pour les actes civils. Le Code civil, en son article 213, affirme que « la femme doit obéissance à son mari ». Jusqu'en 1907, l'époux dispose librement du salaire de son épouse. L'idéologie de l'époque valorise la femme au foyer, soumise à son mari, qui se consacre à la gestion de la maison, à l'éducation de ses enfants et, éventuellement, à la "vie sociale". Quant aux femmes de paysans, de commerçant, elles doivent prendre part aux tâches et souvent à temps plein mais elles ne reçoivent aucun salaire, ni aucune part des bénéfices.… Mais elles ont un rôle croissant.L'entrée des femmes sur le marché du travail moderne, qui se fait dès 1850, s’accélère tout au long de la période 1871-1914. Ainsi en 1911, un ouvrier et un fonctionnaire sur trois, un membre sur quatre des professions indépendantes (commerçants compris) est une femme. Dans les grandes villes, le taux de féminisation des emplois est comparable à celui d'aujourd'hui (à Paris en 1911, 37 % des actifs sont des femmes). Mais, vers 1900 les femmes qui travaillent sont en gros deux fois moins payées que les hommes, en partie parce qu'elles occupaient plutôt des emplois non qualifiés, en partie parce qu'un salaire féminin est considéré comme un appoint. Sous la IIIème République, des suffragettes (militantes républicaines pour la plupart issues de la bourgeoisie ou des milieux intellectuels) comme Hubertine Auclert – doc. p. 212, réclament, par des actions d’éclat, le droit de vote des femmes. Mais malgré leurs actions déterminées, le droit de vote des femmes est rejeté par le Sénat le 21 novembre 1922.

CONCLUSION

En 1914, alors que s’achève la « Belle époque » tuée par la guerre, la République entame sa cinquième décennie au pouvoir. Cette longévité montre qu’elle a su triompher des nombreuses divisions et des tensions qui l’ont agitée depuis 1871. Certes la France est conservatrice et inégalitaire mais ses élites ont su inventer des solutions inédites face aux conflits sociaux. Et mêmes, si les premières mesures sociales sont encore bien timides et une grande partie de la population marginalisée, elle a su construire pour ses habitants un espace public pacifié. C’est dans ce contexte qu’un grand nombre de changements se sont engagés qui nous font entrevoir les prémices de notre monde moderne.

7Mais nous remarquons encore les permanences d’une société qui digère à peine les mutations du XIXème siècle : « la Belle Epoque est la civilisation du journal et du chemin de fer, pas encore celle de l’automobile et du cinéma » selon l’historien Arnaud-Dominique Houte.Résumé / synthèse p. 220 et p. 221.

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