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Histoire du Cinéma d’Amérique Latine Séance #4 (Deuxième intervention de María-Isabel Ospina) Retour sur Le dieu noir et le diable blond de Glauber Rocha (1964) Le contexte du film Jusqu’aux années 1950, le cinéma brésilien est dominé par les Studios et Hollywood. De fait, les tournages se font en intérieur et les majors imposent leurs conditions. Au milieu des années 1950, un groupe de cinéastes à la volonté de « faire autrement » et se tournent vers une production indépendante au budget plus modeste. Se répercutent ainsi les échos du néo-réalisme italien, d’abord à Rio et Sao Paulo, puis dans le Nordeste avec le Sertão (= l’arrière-pays, ici le désert), la région la plus pauvre. Son importance va grandir et notamment les tournages à Bahia. Ces jeunes réalisateurs de gauche, et parmi eux Glauber Rocha, fondent le Cinéma Nouveau brésilien (1955-1975), mouvement qui jouera un rôle essentiel dans le cinéma d’Amérique latine.

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Histoire du Cinéma d’Amérique Latine

Séance #4 (Deuxième intervention de María-Isabel Ospina)Retour sur Le dieu noir et le diable blond de Glauber Rocha (1964)

◆ Le contexte du film

Jusqu’aux années 1950, le cinéma brésilien est dominé par les Studios et Hollywood. De fait, les tournages se font en intérieur et les majors imposent leurs conditions.

Au milieu des années 1950, un groupe de cinéastes à la volonté de « faire autrement » et se tournent vers une production indépendante au budget plus modeste. Se répercutent ainsi les échos du néo-réalisme italien, d’abord à Rio et Sao Paulo, puis dans le Nordeste avec le Sertão (= l’arrière-pays, ici le désert), la région la plus pauvre. Son

importance va grandir et notamment les tournages à Bahia.Ces jeunes réalisateurs de gauche, et parmi eux Glauber Rocha, fondent le Cinéma

Nouveau brésilien (1955-1975), mouvement qui jouera un rôle essentiel dans le cinéma d’Amérique latine.

Désormais, on tourne dans la rue à l’aide de matériel plus léger, à l’instar de la Nouvelle Vague française. Cela suppose de travailler sans lumière filtrée, dans un décor naturel, en dehors du star système, avec des acteurs non professionnels. Les scénarios sont plus ouverts, ils laissent plus de place à l’improvisation.

Ils revendiquent également le besoin d’une thématique nationale, proprement brésilienne afin de montrer le peuple au monde entier, de dresser un inventaire du sous-développement, de dénoncer la misère et les inégalités sociales.

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◆ 1964, année décisive pour le cinéma d’Amérique latine

1964 constitue une date-clef pour l’histoire du cinéma brésilien et donc d’Amérique latine. Le cinéma a encore besoin d’une reconnaissance extérieure. Or, quatre films brésiliens sont présentés à la fois au Festival de Cannes et au Festival de Berlin.

La trilogie du Sertão:• Vidas secas de Nelson Pereira dos Santos ;• Le Dieu noir et le diable blond de Glauber Rocha ;• Os fuzils de Ruy Guerra ;

Et

• Ganga Zumba de Carlos Diegues.

Glauber Rocha, invité en Italie, lit alors un texte violent mais fondateur, Esthétique de la faim*, dans lequel il critique le paternalisme européen et son regard condescendant sur la misère du Brésil. Pour le groupe des cinéastes du Cinéma Nouveau brésilien, on peut montrer la misère autrement. Il faut choquer les gens et produire des images plus politiques. Les images devraient être intolérables, tout en étant différentes de la violence du cinéma d’action.

Mais en 1964, le Brésil entre dans une période de dictature. Les cinéastes ne peuvent plus s’exprimer aussi librement et ont recours à la figure de la métaphore. Les films, à l’origine destinés au peuple, deviennent peu accessibles, obscurs par leur intellectualisation. Les films évoquent la souffrance du peuple à travers un personnage collectif, aussi créé par la révolution cubaine et la volonté de justice sociale.

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◆ Central Do Brasil, Walter Salles (1998)

En 1998, le film Central do Brasil connaît à son tour un grand succès international.Visionnage des cinq premières minutes en VOSTFR.

Objectif: trois groupes audio-décriront les cinq premières minutes du film.

1) Analyse filmique

• Le lieu et les personnages• Le cadrage, le rythme et le

comiqueLe cadrage répétitif de la tête, fond flou… toutes ces notations doivent-elles

figurer dans l’audio-description?Quel est l’effet produit? Comment le traduire dans le cadre de l’audio-

description?Points importants: la répétition ; l’effet comique qui alterne avec le discours

dramatique, les images sont entrecoupées par des scènes de la vie quotidienne.

= Une grande gare, la foule…

Deux groupes d’images se mêlent: gros plans face caméra + plans plus larges qui rendent compte de la foule. Ce mélange ancre l’histoire dans le quotidien d’une part, et inscrit l’écrivaine publique dans ce lieu de passage d’autre part. Les gros plans nous plongent dans l’univers de chacun des personnages.

Quelles éléments techniques vont dans ce sens (focales, lumières, …) ?

Pour audio-décrire, partir de la sensation. Remonter aux sources de ces sensations. Sélectionner les remarques.

* Le texte est consultable sur le blog.