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1 Simone Veil

Simone Veil (prononciation : /si.mɔn vɛj/  Écouter), née Jacob le 13 juillet 1927 à Nice et morte le 30 juin 2017 à Paris, est une femme d'État française.

Sa famille étant juive, elle est déportée à Auschwitz à l'âge de 16 ans, durant la Shoah, où elle perd son père, son frère et sa mère. Rescapée avec ses sœurs Madeleine et Denise, elles aussi déportées, elle épouse Antoine Veil en 1946 puis, après des études de droit et de science politique, entre dans la magistrature comme haut fonctionnaire.

En 1974, elle est nommée ministre de la Santé par le président Valéry Giscard d'Estaing, qui la charge de faire adopter la loi dépénalisant le recours par une femme à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), loi qui sera ensuite couramment désignée comme la « loi Veil ». Elle apparaît dès lors comme icône de la lutte contre la discrimination des femmes en France.

Elle est la première présidente du Parlement européen, nouvellement élue au suffrage universel, de 1979 à 1982. De façon générale, elle est considérée comme l'une des promotrices de la réconciliation franco-allemande et de la construction européenne.

De 1993 à 1995, elle est ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville, « numéro deux » du gouvernement Édouard Balladur, puis siège au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, avant d'être élue à l'Académie française en 2008.

Sur décision du président Emmanuel Macron, Simone Veil fera son entrée au Panthéon avec son époux.

SommaireBiographie

Famille, enfance et adolescence

La famille Jacob est originaire de Bionville-sur-Nied, village de Lorraine. Son père, l'architecte André Jacob, obtient en 1919 le second grand prix de Rome 1 ,2,3. Il épouse le 22 mai 1922, dans le 9 e   arrondissement de Paris, Yvonne Steinmetz, fille d'un fourreur de la capitaleN 2,4. André Jacob exige que sa femme, bachelière et étudiante en chimie, abandonne ses études après leur mariage4. La famille juive de Simone Jacob est non pratiquante et « très laïque »5 : « Mon appartenance à la communauté juive ne m'a jamais fait problème. Elle était hautement revendiquée par mon père, non pour des raisons religieuses, mais culturelles », écrit Simone Veil dans son autobiographie. « À ses yeux, si le peuple juif demeurait le peuple élu, c’était parce qu’il était celui du Livre, le peuple de la pensée et de l’écriture. »6 Après la naissance des deux premiers enfants du couple, Madeleine et Denise, la famille quitte Paris pour s'installer à Nice sur la Côte d'Azur 4 . Jean Jacob, le seul fils, naît en 19254. Simone Jacob, benjamine de la famille, naît le 13 juillet 1927 à Nice4. Avec la crise de 1929, la famille Jacob quitte son appartement du no 50, avenue Georges-Clemenceau, pour un autre plus petit, rue Cluvier4,7. Lorsque la crise s'aggrave, les commandes aux architectes comme son père se raréfient, et sa mère tricote pour les enfants de familles démunies4.

Premières années de la Seconde Guerre mondiale

Le 3 septembre 1939, le Royaume-Uni (à 11 h), puis la France (à 17 h) déclarent la guerre à l'Allemagne nazie. Lorsque l'armistice est signé, André Jacob est accablé4, même s'il pense que la République ne touchera pas aux Juifs8. Le 10 juillet 1940, l'Assemblée nationale, réunie à Vichy, vote à une écrasante majorité les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Le régime de Vichy (gouvernement de Pierre Laval) promulgue, le 4 octobre 1940, le premier statut des Juifs qui établit une série d'interdictions à l'encontre des Juifs et l'obligation de se déclarer aux autorités 4 .

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2 Simone Veil

Simone Jacob (première à gauche, rangée supérieure) au lycée Albert-Calmette de Nice pendant l'année scolaire de 1941-1942.

André Jacob remplit les démarches et perd le droit d'exercer sa profession4. Yvonne Jacob passe ses journées à chercher de la nourriture pour sa famille4.

L'année suivante, les enfants Jacob sont envoyés près de Carcassonne, où ils séjournent en compagnie d'un oncle et d'une tante.

De retour à Nice, la famille, qui habite un appartement, subit la ségrégation progressive des lois anti-juives. Les enfants participent néanmoins activement aux activités des scouts et des éclaireuses. Le danger devient manifeste à partir de septembre 1943, date de la prise de contrôle de la Côte d'Azur par l’occupant allemand, sous la direction d'Alois Brunner. En effet, Nice, en zone libre jusqu'en novembre 1942, était ensuite passée sous occupation italienne, jusqu'à ce que les Italiens signent un armistice avec les Alliés le 2 septembre 1943.

En mars 1944, Simone Jacob passe son baccalauréat N 3 .

Déportation à Auschwitz-Birkenau

En mars 1944, Simone Jacob, âgée de 16 ans et qui se fait appeler Simone Jacquier, réside chez son professeur de lettres classiques, Madame de Villeroy, enseignante au lycée Masséna. Le 30 mars 1944, alors qu'elle se rend avec un ami rejoindre les filles de sa classe pour fêter la fin des épreuves du baccalauréat (alors que sa famille lui avait interdit une telle initiative9), elle est contrôlée dans la rue en plein centre-ville de Nice par deux Allemands en civil et arrêtée. Elle et son camarade sont emmenés à l'hôtel Excelsior, rue Durante, quartier général allemand, qui sert à cette époque de lieu de regroupement local des Juifs arrêtés avant leur déportation vers l'Allemagne. Les Allemands relâchent rapidement le garçon, à qui Simone Jacob a eu le temps de glisser l'adresse de Madame de Villeroy (boulevard Carabacel), pour la prévenir et tenter d'informer sa famille10,7. Dans les heures qui suivent, le reste de sa famille, hébergée, malgré les risques encourus, par plusieurs couples de relations et d'amis niçois, est arrêté par la Gestapo.

Simone Jacob transite par le camp de Drancy. Le 13 avril 1944, soit deux semaines après leur arrestation, Simone, sa mère et sa sœur Madeleine sont envoyées de Drancy, dans le convoi n o   71 , où se trouvent également Anne-Lise Stern et Marceline Rosenberg, qui deviendra sa meilleure amie dans le camp11, à destination d'Auschwitz-Birkenau, un des camps d'extermination nazis, où elles arrivent le 15 avril au soir. Un prisonnier parlant français lui conseille de se dire âgée de plus de 18 ans, pour passer la sélection et éviter l'extermination. Elle reçoit le matricule 78651, qui lui est tatoué sur le bras. Le travail forcé consiste alors à « décharger des camions d'énormes pierres » et à « creuser des tranchées et aplanir le sol ».

Une ancienne prostituée devenue kapo lui sauve la vie en la mutant dans une annexe d'Auschwitz, lui disant : « Tu es trop belle pour mourir ». Elle accepte, à condition que sa mère et sa sœur la suivent8.

Une des sœurs de Simone, Denise Jacob, entrée à 19 ans dans un réseau de la Résistance à Lyon, est arrêtée en 1944 et déportée à Ravensbrück, d'où elle reviendra. Son père et son frère Jean sont déportés en Lituanie par le convoi 73 12 . Simone Jacob ne les a jamais revus.

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3 Simone Veil

Marche jusqu'à Bergen-Belsen et libération

En juillet 1944, avec sa mère et sa sœur, Simone Jacob est transférée à Bobrek, à cinq kilomètres de Birkenau. Peu avant la libération du camp d'Auschwitz le 27 janvier 1945, les Allemands emmènent leurs prisonniers dans la marche de la mort jusqu'au camp de Bergen-Belsen où elle travaille à la cuisine. Sa mère meurt du typhus en mars 1945. Sa sœur Madeleine, atteinte également, est sauvée de justesse grâce à l'arrivée des Alliés.

Bergen-Belsen est libéré par les troupes britanniques le 15 avril 1945. Simone, Madeleine et Denise sont les seules survivantes de la famille, puisque leur père, leur mère et leur frère ne sont pas revenus des camps.

Après son retour en France, elle se tient prête à parler, mais a l'impression que presque personne ne veut entendre ce qu'elle a à direN 4.

Simone Veil évoque la déportation de sa famille dans un documentaire du 2 septembre 197614.

Retour en France

Simone Jacob est de retour en France le 23 mai 1945 à Paris au centre d'accueil de l'hôtel Lutetia N 5 et apprend qu'elle a été reçue au baccalauréat16, seule de toute l'Académie à l'avoir passé en mars 1944, la veille de son arrestationN 3. Elle s'inscrit, en 1945, à la faculté de droit de Paris et à l'Institut d'études politiques de Paris, où elle rencontre, pendant un séjour au ski17, Antoine Veil (1926-2013), futur inspecteur des finances et chef d'entreprises, qu'elle épouse le 26 octobre 1946 18 . Elle l'accompagne à Wiesbaden puis à Stuttgart, où il est nommé. Devant l'étonnement de ses proches, elle explique qu'il faut faire la distinction entre les nazis responsables de la Shoah, qui aurait pu arriver « n'importe où », et les Allemands dans leur ensemble19. Elle et son mari se posent ainsi en promoteurs de l'amitié franco-allemande 20 .

Sa sœur Madeleine meurt avec son fils Luc en 1952, à la suite d'un accident de la route, alors qu'elle rentrait de Stuttgart, où elle était allée rendre visite à Simone21. Ce nouveau drame sera vécu douloureusement, puisque Madeleine était la seule personne avec qui elle pouvait parler et partager l'expérience de la Déportation.

Simone et Antoine Veil ont trois fils : Jean (né le 26 novembre 1947), avocat d'affaires, Claude-Nicolas, médecin (1948-2002)22, Pierre-François (né le 16 mars 1954), avocat et président du Comité français pour Yad Vashem 23 ,24, marié en premières noces à Agnès Buzyn, et onze petits-enfants25,26.

Carrière judiciaire

Munie de sa licence de droit et de son diplôme de l'Institut d'études politiques de Paris, elle renonce à la carrière d'avocate (son mari réprouvant cette idée)8 et passe avec succès, en 1956, le concours de la magistrature. Elle occupe dès lors un poste de haut fonctionnaire dans l'administration pénitentiaire au ministère de la Justice, où elle s'occupe des affaires judiciaires. Pendant la guerre d'Algérie, missionnée par Edmond Michelet, ministre de la Justice27, elle réussit à faire transférer en France des prisonnières algériennes qu'elle estimait exposées aux mauvais traitements et aux viols28 et des hommes menacés de la peine capitale29. Elle fait obtenir le régime politique aux milliers de membres du FLN internés en France30. Elle passe en 1964 aux affaires civiles. En 1969, elle entre au cabinet de René Pleven, ministre de la Justice20.

Membre du Syndicat de la magistrature 31 , elle devient en 1970 la première femme secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature (CSM)5.

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4 Simone Veil

Alors que seulement 40 % des Françaises de l'époque travaillent, et encore moins dans les cercles de la bourgeoisie parisienne, la carrière professionnelle de Simone Veil suscite un certain étonnement. Elle reste toutefois très présente auprès de ses enfants32.

Parcours politique

Dans ses mémoires, Simone Veil mentionne une action politique de sa part dès 1971 au conseil d'administration de l'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF)33 — où elle est la première femme à être nommée32. À ce poste, elle surprend en s'opposant notamment à la diffusion du documentaire sur l'Occupation, Le Chagrin et la Pitié, qu'elle juge injuste et partisan34.

Évoluant dans un milieu proche du MRP, dont son mari est membre, elle est libérale et ouverte sur les questions de société. Elle s'enthousiasme pour Pierre Mendès France et vote plusieurs fois pour la SFIO. Elle regarde avec bienveillance Mai 68, affirmant : « Contrairement à d'autres, je n'estimais pas que les jeunes se trompaient : nous vivions bel et bien dans une époque figée ». Lors de l'élection présidentielle de 1965, elle vote au premier tour pour Jean Lecanuet et à celle de 1969, pour Georges Pompidou 20 ,32.

Ministre de la Santé

À la suite de la mort en cours de mandat du président Georges Pompidou, elle soutient la candidature de Jacques Chaban-Delmas à l'élection présidentielle anticipée 35 . Après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence de la République, elle est nommée ministre de la Santé dans le gouvernement Jacques Chirac, poste qu'elle conserve sous les gouvernements Raymond Barre. Elle est la deuxième femme à devenir ministre de plein exercice, après Germaine Poinso-Chapuis en 194732.

Elle est chargée de présenter au Parlement le projet de loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG)36, qui dépénalise l'avortement N 6 . Ce combat lui vaut des attaques37 et des menaces de la part de l'extrême droite et d'une partie de la droite parlementaire, comme l'a rappelé Jean d'Ormesson en l'accueillant à l'Académie française. Dans un discours devant les députés, elle soutient que « l'avortement doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issue »38. Le texte est finalement adopté à l'Assemblée nationale le 29 novembre 1974, les députés franc-maçons, de droite comme de gauche, soutenant les députés centristes favorables à la loi mais non majoritaires à l'Assemblée au cours des débats parlementaires39. La loi est ensuite adoptée au Sénat deux semaines plus tard. Elle entre en vigueur le 17 janvier 1975.

Elle s'oppose aussi à la banalisation de l’avortement dont elle considère qu'il « restera toujours un drame » et précise au sujet de sa loi que « si elle n'interdit plus, elle ne crée aucun droit à l'avortement »40.

Après ce combat législatif, Le Nouvel Observateur lui décerne le titre de « révélation de l'année »32.

Article détaillé : Loi Veil.

Simone Veil revoit également la « carte hospitalière » en fermant notamment des établissements à trop faible activité, rééquilibre les comptes de l'Institut Pasteur et met en place des aides financières à destination des mères d'enfants en bas âge41. Elle porte aussi une loi d'orientation en faveur des handicapés20.

En 1976, elle-même fumeuseN 7, elle fait adopter loi française de lutte contre le tabagisme : restrictions à la publicité, premières interdictions de fumer dans certains lieux (locaux qui reçoivent des mineurs, hôpitaux ou locaux où l'on manipule l'alimentation) et avertissements sanitaires sur les paquets42,43.

Comme ministre, elle reste connue pour son fort caractère et son exigence à l'égard de ses collaborateurs32.

Elle met en échec, avec d'autres membres du gouvernement, le projet de retours forcés de 100 000 Algériens par an prôné par Valéry Giscard d'Estaing, dont la politique d'aides financières au retour a échoué44.

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5 Simone Veil

En 1977, elle envisage un temps de se présenter à la mairie de Paris. L'année suivante, en 1978, elle fait partie des candidats éventuels pour la fonction de Premier ministre20.

Au Parlement européen et pour la construction de l'Union européenne

Simone Veil présidant une séance du Parlement européen à Strasbourg en 1979.

À la demande du président Valéry Giscard d'Estaing, elle conduit la liste Union pour la démocratie française (UDF) aux élections européennes de 1979, les premières au suffrage universel. À la suite de la victoire relative de l'UDF (27,61 % des suffrages et 25 élus), elle quitte le gouvernement.

Le 17 juillet 1979, alors que les députés RPR français ont soutenu une autre candidature que la sienne aux deux premiers tours de scrutin, elle est élue présidente du Parlement européen au troisième tour, avec 192 voix, contre 133 au socialiste Mario Zagari et 47 au communiste Giorgio Amendola45. Au début de l'année 1982, elle est sollicitée pour briguer un second mandat, mais ne bénéficiant pas du soutien des députés RPR, elle retire sa candidature avant le troisième tour de scrutin afin de ne pas faciliter l'élection du candidat socialiste, qui l'emportera néanmoins grâce aux divisions de la droite française46. À l'époque, le Parlement européen a peu de pouvoirs, mais Simone Veil lui donne notamment plus de visibilité dans le domaine des droits de l'homme 32 . Elle soutient la proposition d'Yvette Roudy de créer une Commission des droits des femmes 47 . En 1981, elle reçoit le prix International Charlemagne.

Après avoir quitté la présidence du Parlement européen, elle poursuit son engagement actif dans la vie politique européenne, à la tête du service juridique du Parlement48 puis, en 1984, avec Jacques Chirac, elle impose à l'opposition une liste unique, dénommée Union pour la France en Europe (UFE), aux élections européennes de 1984. La liste qu'elle conduit obtient 43,02 % des voix et 41 sièges de députés européens le 17 juin. Elle préside alors le groupe libéral au Parlement européen pendant toute la législature. Lors des élections européennes de 1989, elle présente une liste centriste dissidente à la liste d'union RPR et UDF, qui recueille 8,43 % des voix et sept députés européens. Valéry Giscard d'Estaing lui succède alors à la présidence du groupe libéral20.

Invitée à l'émission L'Heure de vérité, elle déclare qu'elle est « à gauche pour certaines questions, à droite pour d'autres ». Elle participe à la campagne de Raymond Barre pendant l'élection présidentielle de 1988 49 . Après la réélection de François Mitterrand, elle déclare qu'« il n'y a pas d'obstacle de principe à gouverner avec les socialistes », rencontre Michel Rocard, qui souhaite l’intégrer dans son gouvernement, mais le président fait échouer cette possibilité20.

En 1983, elle crée, avec son mari, le club Vauban, un cercle de réflexion qui vise à dépasser les clivages politiques, les réunions de ce club ayant lieu dans leur appartement de la place Vauban 8 .

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6 Simone Veil

Simone Veil, en 1993.

En 1996, elle est nommée membre de la Commission internationale pour les Balkans, sous l’autorité de Leo Tindemans.

Elle a conduit également le Groupe de haut niveau sur la libre circulation des personnes. Parallèlement, Simone Veil soutient de nombreuses associations à vocation européenne, comme le Fonds européen pour la liberté d’expression, ELSA France ou encore la Fondation européenne de la science, dont elle est présidente d’honneur48.

Dans l'opposition

Lors des élections législatives de 1988, alors que certaines personnalités de l'UDF, notamment Jean-Claude Gaudin à Marseille, passent des accords de désistements locaux avec le FN et que Charles Pasqua (RPR) évoque des « préoccupations » et des « valeurs » semblables, Simone Veil déclare qu'« entre un Front national et un socialiste, [elle votera] pour un socialiste »50.

Début 1990, elle qualifie d’« inadmissible » la création de fichiers informatisés des Renseignements généraux, décidée par le gouvernement Michel Rocard 51 . Le projet est retiré en mars 1990 et promulgué, sous une forme nouvelle, par le gouvernement Cresson l'année suivante52.

Ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville

En mars 1993, Simone Veil est nommée ministre d'État, ministre des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement Édouard Balladur. À ce poste, elle met notamment en place le praticien adjoint contractuel (PAC). Elle signe en outre un accord de don d'organes avec Israël, qui manque alors de donneurs53. Soutien d'Édouard Balladur à l'élection présidentielle de 1995, elle quitte le gouvernement à la suite de la victoire de Jacques Chirac. Elle adhère ensuite à l'UDF, qu'elle quitte deux ans plus tard54.

En 1996, alors que le nombre de femmes dans les assemblées plafonne à 6 %, elle signe une pétition dans L'Express, initiée par Yvette Roudy et intitulée « Manifeste pour la parité », réunissant cinq femmes politiques de gauche et cinq de droite. La loi Jospin de 2000 sur la parité reprend l'essentiel des propositions avancées47.

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Membre du Conseil constitutionnel

Nommée membre du Conseil constitutionnel par le président du Sénat, René Monory, en mars 1998, elle fait partie de la haute juridiction jusqu'en mars 2007. Elle sort de son devoir de réserve en 2005, pour appeler à voter « oui » au référendum français sur le traité établissant une constitution pour l'Europe.

Retrait progressif de la vie publique

De 2001 à 2007, elle préside la Fondation pour la mémoire de la Shoah, dont elle est par la suite présidente d'honneur55. Elle s'oppose, le 15 février 2008, à l’idée de confier la mémoire d’un enfant juif de France mort dans la Shoah à chaque élève de CM2 : « C’est inimaginable, insoutenable, dramatique et, surtout, injuste »56.

Exemple de résilience, elle accepte le 22 décembre 2004, sur la proposition d'Alain Genestar, directeur de Paris Match, de retourner à Auschwitz avec cinq de ses petits-enfants57.

Simone Veil lors de la campagne des élections municipales de 2008 à Paris.

Le 8 mars 2007, tout juste libérée de son devoir de réserve lié à son mandat de membre du Conseil constitutionnel, elle annonce sa décision de soutenir Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007. À l’annonce de la création d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale par le candidat de l’UMP en cas de victoire, elle affirme qu’elle aurait préféré un ministère « de l’Immigration et de l'IntégrationN 8 » ; son soutien à Nicolas Sarkozy n’est toutefois pas remis en cause : « Nicolas est gentil. Il peut être brutal dans son expression, mais les gens ont tort de douter de son humanité. C’est un ami fidèle. Pour moi, c’est important. Quand on choisit un président, on a envie de quelqu’un qui ait ces qualités-là. Ce n’est pas toujours le cas58. » Elle adresse par ailleurs de nombreuses critiques au candidat UDF, François Bayrou, l’accusant de ne représenter « que lui-même58 ».

Le président de la République Nicolas Sarkozy annonce le 11 janvier 2008 qu’il l’a chargée de « mener un grand débat national pour définir les nouveaux principes fondamentaux nécessaires à notre temps, les inscrire dans le préambule de la Constitution », nommant la « diversité » qui « ne peut pas se faire sur une base ethnique »59. Le décret du 9 avril 2008 portant création d’un comité de réflexion sur le préambule de la Constitution, qui prévoit la remise d’un rapport avant le 30 juin60, suscite l’opposition d’Anne-Marie Le Pourhiet, qui y voit un risque de « saper le principe d’égalité de tous devant la loi »61.

Un sondage réalisé par l'Ifop en 2010 la présente comme la « femme préférée des Français », avec une note de 14,5⁄20

62.

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8 Simone Veil

Elle est présente aux côtés de Jean-Louis Borloo lors du congrès fondateur de l'Union des démocrates et indépendants (UDI), en octobre 201263. Le 25 novembre 2012, est présentée la première carte adhérent de l'UDI, qui est au nom de Simone Veil64.

Le 13 janvier 2013, une photo relayée par BFM TV montre Simone Veil présente à un rassemblement de La Manif pour tous contre le mariage homosexuel et à l'homoparentalité, drapeau à la main65. Son entourage confirme qu'elle est descendue en compagnie de son mari saluer les manifestants et explique que, si ce geste « ne vaut pas adhésion » aux slogans exprimés pendant la manifestation, il « exprime les réserves de Simone Veil à l'égard de l'ouverture du droit à l'adoption des couples homosexuels »66. Lors de son décès, la journaliste Anne Chemin argue que « nul ne sait s’il s’agit d’un engagement lucide et déterminé contre le mariage des couples homosexuels, car elle n’a jamais pris position publiquement sur cette question, à travers des textes ou des discours67 ». De son côté, la journaliste Nadia Daam affirme alors, de manière plus catégorique, que Simone Veil était « physiquement et mentalement diminuée » et « que son état de santé ne lui permettait pas d'être maîtresse de ses décisions68 ».

Membre de l'Académie française

Le 31 octobre 2007, est éditée son autobiographie, intitulée Une vie. L’ouvrage a été traduit en une quinzaine de langues et vendu, en France, à plus de 550 000 exemplaires69. Il a obtenu le prix des Lauriers Verts en 2009. Elle y donne entre autres son opinion sur Paul Touvier, dont elle dit que Georges Pompidou ne connaissait pas assez bien le dossier, et sur Maurice Papon, dont elle note l'absence du moindre remords, y compris pour la mort d’enfants déportés.

Une autre reconnaissance de son action publique est son élection parmi les « Immortels ». Le 9 octobre 2008, invitée par Maurice Druon et François Jacob, Simone Veil présente sa candidature à l'Académie française au 13e fauteuil, celui de Pierre Messmer, Jean Racine et Paul Claudel 70 . Le 20 novembre 2008, elle est élue au premier tour de scrutin par 22 voix sur 29 (5 bulletins blancs, 2 marqués d'une croix)69,71.

Son épée d'académicienne lui est remise au Sénat par Jacques Chirac le 16 mars 2010. Il s'agit d'un sabre léger datant du XIXe siècle, réalisée par le sculpteur tchèque Ivan Theimer 71 . Sur son épée d'Immortelle sont gravés le numéro de matricule qui avait été inscrit sur son bras à Auschwitz [numéro 78 651]72, ainsi que les devises de la République française et de l'Union européenne : « Liberté, Égalité, Fraternité » et « In varietate concordia »73.

Simone Veil est reçue sous la Coupole le 18 mars 2010, en présence du président de la République Nicolas Sarkozy, protecteur de l'Académie, et de ses prédécesseurs Valéry Giscard d'Estaing (membre de l'Académie française depuis 2003) et Jacques Chirac. Lors de la cérémonie de réception, des militants anti-IVG ont protesté à proximité de l'Institut de France 74 . Jean d'Ormesson prononce le discours de réception, et Simone Veil l'éloge de son prédécesseur, l'ancien Premier ministre Pierre Messmer 75 .

Dernières années, mort et hommages

Après les décès de son mari et de sa sœur en 2013, Simone Veil se retire de la vie publique. En août 2016, elle est hospitalisée pour détresse respiratoire 76 .

Simone Veil meurt à son domicile parisien de la place Vauban le 30 juin 2017, à quelques jours de son 90e anniversaire77,78,79,80,81,82. Selon son fils Pierre-François, le dernier mot qu'elle ait prononcé avant de mourir est « merci »83,84.

Des personnalités de tous bords politiques comme Nicolas Dupont-Aignan, Christian Estrosi, Yves Jégo, Bernard-Henri Lévy, Florian Philippot, Laurence Rossignol ou encore Inna Shevchenko relaient des appels à son inhumation au Panthéon 85 ,86,87,88. Une pétition89,90pour son entrée au Panthéon est lancée par l'association féministe Politiqu'elles et recueille plus de 110 000 signatures le 2 juillet 88 ,91, tandis qu'une autre92 atteint les

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9 Simone Veil

120 000 signatures le même jour88. Cependant, deux de ses petites-filles, Déborah (âgée de 30 ans) et Valentine (âgée de 23 ans), estiment, le 3 juillet 2017, que cette perspective « n'est pas à l'ordre du jour », estimant notamment, tout en trouvant « extrêmement touchant » le mouvement en faveur de l'entrée au Panthéon de leur grand-mère, que leurs grands-parents « n’auraient pas été très heureux d’être séparés après 65 ans de vie commune »93. Néanmoins, plusieurs médias ont rappelé que l'entrée au Panthéon n'était pas forcément synonyme d'inhumation et qu'une simple plaque commémorative à son nom, comme c'est le cas pour Aimé Césaire, pourrait y être apposée94,95.

Parmi les hommages rendus à Simone Veil à l'étranger, celui du président algérien Abdelaziz Bouteflika rappelle « la proximité et la solidarité que cette grande dame » […] a témoignées au peuple algérien « durant la terrible tragédie nationale qu'il a vécue », permettant à des Algériens prisonniers des Français d'éviter le couperet de la guillotine 29 . Angela Merkel, chancelière fédérale d’Allemagne, salue son engagement de plusieurs décennies dans « le processus d’unification européenne »96.

Un hommage national a lieu le 5 juillet aux Invalides 97 ,98,99, où les honneurs militaires lui sont rendus en présence du président de la République, Emmanuel Macron N 9 , et de ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande, Bernadette Chirac représentant son mari Jacques Chirac 100 ,101. Le Premier ministre Édouard Philippe et ses prédécesseurs Édith Cresson, Alain Juppé, Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin, François Fillon, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve, les membres du gouvernement, des anciens ministres tels Ségolène Royal, Dominique Strauss-Kahn, Marisol Touraine, François Baroin, Rachida Dati, Michèle Alliot-Marie, Renaud Donnedieu de Vabres, Jean-Louis Borloo, Nathalie Kosciusko-Morizet, Roselyne Bachelot et Arnaud Montebourg ainsi que des parlementaires et plusieurs chefs de gouvernement étrangers, dont le Belge Charles Michel, le Luxembourgeois Xavier Bettel et le Bulgare Boïko Borissov, la maire de Paris Anne Hidalgo, des membres de la Fondation pour la mémoire de la Shoah (dont Simone Veil resta la présidente d'honneur jusqu'à sa mort), les membres de l'Académie française et des personnalités médiatiques comme Alain Delon ou Claude Chirac sont également présents102,103,104,105. Comme l'a souhaité la famille de Simone Veil, la cérémonie est ouverte aux anonymes106,107,108.

À la fin de cet hommage, le président de la République annonce qu'en accord avec sa famille, Simone Veil reposera « avec son époux au Panthéon »109,110,111,112,113. Elle est la première personnalité, sous la Cinquième République, pour laquelle cette décision a été prise aussitôt après son décès114,115.

L'enterrement se déroule au cimetière du Montparnasse (5e division), où elle est inhumée aux côtés de son époux, Antoine Veil, mort en avril 2013116. Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, préside la cérémonie. Simone Veil avait demandé que le kaddish soit prononcé sur sa tombe117,118,119,120 ; celui-ci est récité par ses fils Jean et Pierre-François121,122, accompagnés par Haïm Korsia et Delphine Horvilleur, femme rabbin libérale symbolisant aux yeux de ses fils le combat de leur mère pour l'émancipation des femmes123,124,125. Marceline Loridan-Ivens, ancienne déportée et amie de Simone Veil, prend également la parole.

Détail des mandats et fonctions

Fonctions gouvernementales

28 mai 1974 - 29 mars 1977 : ministre de la Santé 30 mars 1977 - 31 mars 1978 : ministre de la Santé et de la Sécurité sociale 5 avril 1978 - 4 juillet 1979 : ministre de la Santé et de la Famille 30 mars 1993 - 11 mai 1995 : ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville

Mandats électifs

17 juillet 1979 - 30 mars 1993 : députée européenne 17 juillet 1979 - 18 janvier 1982 : présidente du Parlement européen

Page 10: Web viewBFM TV. montre Simone Veil présente à un rassemblement de . La Manif pour tous. contre le . mariage homosexuel. et à l' homoparentalit

10 Simone Veil

24 juillet 1984 - 24 juillet 1989 : présidente du groupe libéral et démocratique (1984-1985) puis du groupe libéral, démocratique et réformateur (1985-1989)

Autres fonctions

3 mars 1998 - 3 mars 2007 : membre du Conseil constitutionnel 2001 -2007 : présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah (présidente d'honneur à partir de 2007) Membre du conseil d'administration de l'Institut français des relations internationales (IFRI)126

Présidente du conseil de direction du Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale 127 Membre du jury du prix pour la prévention des conflits de la Fondation Chirac Présidente du Conseil consultatif français des Bourses Entente Cordiale