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Propositions pour améliorer la compétitive des entreprises par Fabrice Bonnifet Janv. 2012 En ce début 2012, d'innombrables études et propositions soulignent qu'il existe en France un déficit de compétitivité, déficit qui nous place en position de faiblesse par rapport à nos concurrents sur les plans économique, social et financier ? Ces études proposent en général un effort très fortement accru de l'Etat, de l'Europe, de nouvelles législations françaises, européennes voire mondiales. Des responsables d'entreprise ont souhaité réfléchir aux causes profondes de cette perte de compétitivité et donc aux orientations qui sont nécessaires pour les corriger. Pour nous, Directeurs Performance, Qualité, Innovation de grandes entreprises et d'établissement publics, réunis au sein du Club de l'IRIS : a)-Les causes de ce déficit de compétitivité sont pour beaucoup liées au mode de fonctionnement et d'interaction des trois grandes parties prenantes concernées, les Pouvoirs Publics, les entreprises et le monde académique, b)-Le déficit de compétitivité est à corriger d'abord au sein de chaque partie prenante, c)-L'économie française peut résoudre ces problèmes si toutes ces parties prenantes ont le même objectif de compétitivité, avec des méthodes adaptées : Pour les Pouvoirs Publics, donner l'impulsion, reprendre l'initiative pour les orientations suggérées ci-après et avoir ainsi un effet d'entraînement, Pour les entreprises, accélérer les réformes déjà lancées, Pour le monde académique, intégrer de façon plus large les savoirs nécessaires à la compétitivité. Le Club de l'IRIS propose ainsi quatre orientations complémentaires concernant Pouvoirs Publics, entreprises et monde académique, qui viennent en complément du nécessaire respect des « fondamentaux »exigés par le client : le rapport Qualité-Prix, le respect des délais, le service au client et la

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Propositions pour améliorer la compétitive des entreprises

par Fabrice Bonnifet       Janv. 2012

En ce début 2012, d'innombrables études et propositions soulignent qu'il existe en France un déficit de compétitivité, déficit qui nous place en position de faiblesse par rapport à nos concurrents sur les plans économique, social et financier ?Ces études proposent en général un effort très fortement accru de l'Etat, de l'Europe, de nouvelles législations françaises, européennes voire mondiales.Des responsables d'entreprise ont souhaité réfléchir aux causes profondes de cette perte de compétitivité et donc aux orientations qui sont nécessaires pour les corriger.Pour nous, Directeurs Performance, Qualité, Innovation de grandes entreprises et d'établissement publics, réunis au sein du Club de l'IRIS :a)-Les causes de ce déficit de compétitivité sont pour beaucoup liées au mode de fonctionnement et d'interaction des trois grandes parties prenantes concernées, les Pouvoirs Publics, les entreprises et le monde académique,b)-Le déficit de compétitivité est à corriger d'abord au sein de chaque partie prenante,c)-L'économie française peut résoudre ces problèmes si toutes ces parties prenantes ont le même objectif de compétitivité, avec des méthodes adaptées :

Pour les Pouvoirs Publics, donner l'impulsion, reprendre l'initiative pour les orientations suggérées ci-après et avoir ainsi un effet d'entraînement,

Pour les entreprises, accélérer les réformes déjà lancées, Pour le monde académique, intégrer de façon plus large les savoirs nécessaires à la

compétitivité.

 Le Club de l'IRIS propose ainsi quatre orientations  complémentaires concernant Pouvoirs Publics, entreprises et monde académique, qui viennent en complément du nécessaire  respect des «  fondamentaux »exigés par le client : le rapport Qualité-Prix, le respect des délais, le service au client et la recherche de la performance globale (environnement, droits humains, santé…),

Mieux reconnaître le capital immatériel, garant des innovations et des performances futures.

Inventer un nouveau rôle élargi du manager Bâtir une reconnaissance de la performance intégrant des critères extra-financiers. Ecole et entreprise : créer de nouveaux partenariats.

Mieux reconnaître le capital immatériel, garant des innovations et des performances futures.

La performance financière était il y a peu le seul objectif, le social/sociétal, l'environnemental, l'innovation étaient d'abord des contraintes.En 2012, on peut avancer que l'objectif est 1) d'abord social/sociétal, première source d'innovation, 2) qu'il est aussi environnemental, comme pré-requis exigé  par les clients, 3) la performance financière  devenant presque une résultante de ces premiers objectifs.

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Dans ces périodes de volatilité boursière exacerbée, le capital immatériel est très sous-estimé, alors que sa valeur réelle est parfois  supérieure à celle des actifs supposés  tangibles, la valeur des entreprises devenant de plus en plus « immatérielle ».

Ainsi, les capacités d'innovation, la R&D, la valeur de la marque ne sont pas  nécessairement bien mesurés. De même, sont mal appréciés les coûts de non-qualité, la participation à l'établissement des normes et standards du marché, ou par exemple la baisse d'image à la suite d'un incident de réputation.

Pourquoi mieux mesurer ce capital immatériel ?

Parce que ces éléments, qui ont fait et font l'objet d'investissements lourds, sont les garants de la réussite de l'entreprise, réussite actuelle et réussite future.Il s'agit d'identifier, de mesurer et de quantifier ces éléments de capital immatériel, pour les développer plus rapidement, et donc de mieux assurer les réussites futures.Il faut accepter de partir du « gazeux » pour revenir sur du « solide »…

Inventer un nouveau rôle élargi du manager dans l'entreprise.

En période de croissance économique, il y a moins de difficultés de management ou de qualité.En période difficile, la différence se fait d'abord par la qualité du management, comme le soulignait déjà William Edwards Deming (1900-1993).

Pour cela, les « cadres » doivent devenir des coachs d'équipe, qui stimulent, suivent de près, assistent, aident à remettre sur les rails, reconnaissent les succès de leur équipe ou de leur projet. Importance croissante du savoir-être.Ce nouveau manager doit être très proche de ses collaborateurs pour leur permettre de s'épanouir et d'être les «  meilleurs ».

Pourquoi ?Il convient  de stimuler en permanence l'innovation, le développement et la qualité de production et de vente des produits et services de son entreprise.

C'est ainsi que peuvent être développés et vendus à des coûts et donc des prix compétitifs  des produits très adaptés à leurs clients.

Le rôle du manager s'est déjà considérablement élargi, pour respecter les  « fondamentaux », que ce soit en France ou à l'Etranger.Il doit s'élargir encore, pour mieux prendre en compte de nouveaux facteurs, tels  la santé des salariés, le travail en réseau, etc…

Ainsi, moins de « génie » solitaire, plus d'état d'esprit solidaire.Un observateur facétieux notait qu'au point de vue efficacité, il lui semblait-Qu'un français « valait » peut-être trois japonais, mais-Que trois japonais « valaient » dix français.

Ce critère d'esprit d'équipe, de participation aux démarches de progrès de l'entreprise devrait ainsi faire également partie des critères d'évaluation (cf. § 3 ci-dessous).

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Les entreprises doivent ré-inventer le métier et les compétences du manager.

Bâtir une reconnaissance de la performance intégrant des critères extra-financiers.

L'Entreprise (« People and Process ») est le reflet de son système de récompense et de reconnaissance.

Comme nous l'avons vu rapidement, la performance est rarement analysée dans toutes ses composantes. Les critères extra-financiers devraient être plus nombreux dans l'appréciation  concrète de la performance.

Pourquoi ?Pour ne citer que la motivation des collaborateurs, ce sont en effet des « marqueurs », des indices sur la capacité de performance à moyen-terme de l'entreprise. Il faut certes  survivre immédiatement, mais démontrer une capacité de développement à moyen terme permet de mieux convaincre ses clients et autres parties prenantes, dès aujourd'hui.

Par exemple, pour un client important, la satisfaction globale des clients de son futur fournisseur  et celle de ses collaborateurs ne devraient-ils pas faire partie des critères d'évaluation, ainsi que le coût de l'énergie, les ressources consommées ?Il  convient naturellement  d'éviter d'éventuels effets pervers. Il faut ainsi parfois privilégier  les résultats de l'équipe pour tel ou tel critère, plutôt qu'une application strictement individuelle. Il faudra bien sûr commencer l'application par les tops managers.

Ce type de systèmes de reconnaissance ne se décrète pas, il s'organise. Au fond, il s'agit de commencer à intégrer dans le système de reconnaissance, en complément des données opérationnelles et financières actuelles, la contribution aux éléments les plus importants  du capital immatérielIl s'agit d'être évalué certes sur un résultat obtenu, mais aussi sur le « comment », qui permet d'apprécier la capacité à fournir des résultats futurs, durables.

Ecole et entreprise : créer de nouveaux partenariats

Comme indiqué ci-dessus, il convient de mieux travailler en équipe, avec des process permettant de faire travailler ensemble les silos internes de l'entreprise pour réussir tel ou tel projet.Les démarches d'amélioration continue sont très peu mises en place en France par rapport à nos principaux concurrents. Les outils d'écoute des clients et de leurs réclamations sont encore peu développés.La culture de l'essai-erreur est encore mal admise.Il conviendrait de reconnaître qu'un problème n'est que très rarement lié à une personne, mais beaucoup plus à un processus, et qu'on ne pourra donc le résoudre qu'avec des travaux interdisciplinaires, inter-directions.Les dirigeants, les responsables politiques, les enseignants ne promeuvent sans doute pas assez le sens du travail bien fait, seul susceptible de plaire et donc d'être acheté par le client.Enfin, l'ensemble de ces remarques fait l'objet d'une aspiration forte des jeunes entrant dans l'entreprise

Pourquoi  de nouveaux partenariats ?Il s'agit en fait d'améliorer nos comportements dans le travail collaboratif, dans le respect de

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chacun, mais avec la rigueur du travail d'équipe :En effet, rappelons que la première cause de non-compétitivité de nos produits et services est de loin l'absence de rigueur dans l'application des règles et de méthodes pour l'amélioration continue des processus dans les entreprises !Il s'agit aussi de développer les interactions Innovation et Recherche, dans les entreprises et avec le monde académique.

C'est pourquoi nous proposons aux différentes parties prenantes concernées de clairement intégrer dans le contenu pédagogique de toutes les formations, dès la formation initiale, sous une forme pratique et non théorique (par exemple « serious games »), les fondamentaux des approches de gestion et de développement des entreprises avec les outils associés, un peu comme l'anglais qui est maintenant enseigné dès la maternelle…

Rappelons enfin que la formation évolue au rythme de  la R&D et de  l'innovation. Ces partenariats monde académique-entreprises doivent aussi pouvoir évoluer en continu et donc être noués le plus souvent au plus près du terrain.

En guise de conclusion : « Action first ! … ».

Ces quatre propositions du Club de l'IRIS pour améliorer la compétitivité des entreprises concernent les Pouvoirs Publics, les entreprises et le monde académique.Il s'agit à ce stade d'orientations générales, qui font l'objet de travaux en commun pour proposer des actions très concrètes, ciblées pour chaque partie prenantes,  entreprises, administrations, entreprises publiques et établissements du monde académique.Là comme ailleurs, il s'agit d'abord de vitesse, il s'agit d'aller plus vite, plus loin et mieux  que nos concurrents.

Concernant plus directement les entreprises, une fois rappelée la nécessité du respect des « fondamentaux », nous rappelons cette évidence :La compétitivité  des entreprises se construit, comme le font nos compétiteurs, dans l'effort et la durée.

C'est peut-être la seule certitude dans ce monde d'incertitudes ?CLUB DE L'IRIS - JANVIER 2012