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WENDELIN EN PROVENCE . i O^>g. MARSEILLE — DIGNE — VALENSOLE FORCALQUIER — CHATEAUNEUF-MIRAVAIL L*OBSERVATOIRE DE LURE Notre incomparable chercheur Tarnizey de Larroque , qui est en mème temps un trouveur merveilleux, a publié, dans le Joio,nal de Forcalquier et (le la HaWe-P^ ,o- vence (1), un article sur c Wenflelin et Forcalquier », qui a été., pour les lecteurs de cette feuille, même les plus fami- liarisés avec les annales de leur pays. , une intéressante révélation. Le nom de Wendelin, confessons-le en toute hu milité, était absolument effacé de la mémoire des Forcal- quiens. J`U, certes, jamais oubli ne fut fflus iDgrat; c ar C6 belg r e illustre, durant son court incolat parmi nous, fut activement mêlé au mouvement d'esprit dont notre ville était alors le centre. Il s'y livra, de plus, à des observations scientifiques qui ne furent sans honneur ni pour lui, ni (1) No du 24 juWet 1887. Docunient il Ili Ilu il il il 1 il Ili 0000005499410

Wendelin en Provence

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Page 1: Wendelin en Provence

WENDELIN EN PROVENCE

. iO^>g.

MARSEILLE — DIGNE — VALENSOLE

FORCALQUIER — CHATEAUNEUF-MIRAVAIL

L*OBSERVATOIRE DE LURE

Notre incomparable chercheur Tarnizey de Larroque ,

qui est en mème temps un

trouveur merveilleux, a publié,

dans le Joio,nal de Forcalquier et (le la HaWe-P^ ,o-

vence (1), un article sur c Wenflelin et Forcalquier », qui

a été., pour les lecteurs de cette feuille, même les plus fami-

liarisés avec les annales de leur pays., une intéressante

révélation. Le nom de Wendelin, confessons-le en toute

hu milité, était absolument effacé de la mémoire des Forcal-

quiens. J`U, certes, jamais oubli ne fut fflus iDgrat; c ar C6

belgre illustre, durant son court incolat parmi nous, fut

activement mêlé au mouvement d'esprit dont notre ville

était alors le centre. Il s'y livra, de plus, à des observations

scientifiques qui ne furent sans honneur ni pour lui, ni

(1) No du 24 juWet 1887.

Docunient

il Ili Ilu il il il 1 il Ili

0000005499410

Page 2: Wendelin en Provence

— il —

pour nos Allies. Aussi va-t-on nous savoir quelque gré. ce

nous semble . de réveiller son soi.iveair endormi et (le

chercher, dans les livres des contemporains, les traces de

soli si^jc)"]I , en Il^iute-l>rovc,-iicc.

Godefroi-lKmée -^Vût)deliii él-ait néi

la-Ville, en Campine Possédé, (lès s ^L Pl'elnière,

jeiinesse.. de la double lia-ssion (les voyages et

(le la

sCienuC^

il visita (le bonne heure la

France et l'Italie, statiotinant

partout o^1une rencontre savante. Il fut un

instant. correcteur d'imprimerie a Lyon ; puis, i soli retour

(FItalie, il habita Marseille oà il se perfectionna

dans ses études. C'est (le là el'il fut aPPelé, el' 1601 , à

Digne, à titre (je m; titre de inatliCmiitiques, 1T,. Bien (Iti'àgé

(je vi ti gt- itil ^ t ns à 1); I iiie. il forina., au dire (les écrivaitis

(je so li te ll! ps,élèves. Qnelques biographes

veillent Mèllie (11111 ^Li1 été, l'Ulitiateur (le Gassendi., (Illi.

à cette époque_ (q.iidiait ait collè ge de L)igne ; mais cette

assertion trouve un démenti formel dans la

correspon-

dance mêmede Gassendi. Notre I)Il j losoPlle l'^tcol)tC, 011

effet, dans une lettre écrite. en

M22, à lIenry Diipuy,

(111 , É^t ant. enfa li t il Lvai^ Vu ' 1^Yendelin à Digne; mais il

avoue 11 5ètre connu ('.e, lui c ni de lion)., ni (le visage (3) » et

(1) Sur le séjour de Wenflelin à Digne, voir Bougtri,,], Vie de P. Gaundi,

1687, pp. 4-5; Titutizey de, Larroque, Imprmions el, royr'q' [le o,etieyidi daild

la Provence ilipeAti-o (extrait (lu Reilletin de la S,,ciété @,ientifique et littéraire

doeISSi, pli. 234A LewreA de 1 1cipwr atix A-tP.re* Duialy. par

ip inènie, pp. grmul ,biiateur par L^!i)Pold

Dolisle, suivi du Teatament inédit de Peireje, par Tamizey de Larroque, 1889,

pp. 28-29, et un article de ce dernier dans la Revue critique de juillet 1869,

(, ?j V&Ière kndr^ (B;IJioili eci Belgita, 1C43), Sorbièro et Coloiniez.

(^) P. Ga*,qctadi, Op,.ra ondnia. Lyon, 1658, VI, 12. — Weudelin ne

cou illi t pas davantage Gassendi à Forcalquior, S'il c-^,t vrai que Gassendi ait

j ,1u1 aiq pris possession de sa

prébende de chanoine-théologal en

notre conca-

t1 1^dralp; car sa nomination à cette chanoinie serait tic 1613, et, à cette

date, Wendelin avait quitté Forcalquier.

Page 3: Wendelin en Provence

-5—il répète ljtt^raleinent

la mê^mc choso dans sa première

Icttre à Weiidelin, en 1629 (1). Ce détail semble donner

raison ïï ceux qui assurent que '%Voiffleliit enseigna à

Digne, lion commeLiu collège llllll)iGil)^il. mais à la

tii[e. il^u[lO école doqu'il aurai[. ouverte

à [Pi, ^- (le professeur libi'e

ii i joi qu , il eti soit^ Wendelin ensei gna quatre ans à

(3). Noils manquons (le détails sil' ceL i e Pl-elilière

période (te sa vie en Provence. Les ai ,cliives dinirnoiscs

semblent ii'i, ii avoir grardé awiile trac e, à e ll ill t(>te r Par le

inutisine absolu des écrivains locaux et., en

particulier, du

réce ll t Iiltl ^ l li>L (l (lu collège, M. Jules Arnoux (1). Tout ce

que , ()lisp^ir uiio. lot,Li ,e de-à Gas-

se ti cli. (jatêt^, (tu

-il. jiiiiiet (5), c'est qu'en 1003^ se

trouvant à Vttle.w^ole- salis doute durant les vacances

scolait,es, il y observa mie éclipse (le lune , ce fli t'ent les

déjitits (111 fatal , grand astrolitjltie.

La :jj^% rjje lettre ajoute que, le :j avril 1605, il en étudia,

'res lui cachèrentà Forcalquier, mie seconde, dont les nuagla

fin. Ainsi, c lest entre ces (Iùux dates que weildelili était

devenu notreIl avait été alwelé, à

par le de notreAndré

Arnaud, pour ètre le précepteur île ses lits. Nous PoUvolis..

salis lions hasarder tr(ip, 11-ier à la lik)à soli

a l-rivée 1) ^ tr ill i r.oit ,; ; cin, l'année classique commençait, en

ce temps-là.. le jour de saint Lue.

IS29. Î. WoidGliu.

( CI) 1, I^9.

(Q Cü IIî je .t Ly:ée de Pijn,, étudc historique. Digne. Cliaspoul, Constans

et vo ti ve B-,i rt)arotix, 18,39. — M. fisnard n'a rien tr^-iivé lion plus, ditii-3 les

nchercbes qu'il a bien voulti faire, à n- 'tru phàre, dans los çIt;liil^-

rations et, les comptes intiiticil)ii%ix de cette êi-que-

(5) Œuvres précitées de Gassendi, VI,

Page 4: Wendelin en Provence

— 6—Tandis que le jeune professeur recueille (les observations

astronomiques sur le plateau de la citadelle. ou sur Ici

terrasse aérienne de la maison d'André. (I ! Artiail(l, il lie

sera pas hors de propos (le présenter au le(-teur le vieux

magistrat qui eul, l'heureuse inspiration de deviner et

d'attirer chez nous ce jeune homme de vingt-quatre ans,

alors simple travailleur et bientôt, savant célèbre.

André d'Arnaud, docteur ès droits ^I), était lié à liiez,

de MeIchior^ écuyer, cosseigneur de cette ville et

trésorier général (les États de Provence, marié, en .1536,

à. Honorade d'André Mirailliet Il avait un fi-t'-t ,c ainé^

Claude, reçu., en 1571, conseiller au parlement (l'Aix.

Lui-même devint lieutenant général (lu siè ge de For-

caliquier (3), par provisions du 23 janvier lÏM3. Deux

ans plus tard, par contrat du 21 février 15^"j5, notaire

Garcini, il épousait Louise de ]^ermoiid-.Nlarcel, d'une

(1) Ainsi qualifié dans les aucien g catalogues de docteurs de I*Universit6

d'Aix.

(2) Le père d'Houoriide se nommait André d'André. De là, deux raisons

pour une, de

donner le prénom d'André à notre Arnaud; car un usage généra-

lement adopté en

Proycnce, et qui n'est pas tout à fait perdu dé. nos jours,

transformait volontiers en

lir4noni pour le nouveau-né le nom patronymique de

la mère, lorsque celui-ci figurait au

calendrier et pouvait, par suite, étro conféré

au baptème. On sait qu'en Angleterre une règle, plus générale encore, ajoute

aux prénoms de tout individii le nom

de sa fiâmille maternelle. — Pour la

généaloKio des Arnawl, voir )e8 nobiliairos de Provence et k1s arriûts de

maintenue consf,-rvé q aux arrlbivos des

(3) Le lieutonaut-g^néral ou vice-sénêchal était ki chef efftetif du

siège, attendu que Je sénéchal ne rdsidait lias à Forcalquier. On se bornait

à rendr4à la justice au nom

de ce dernier et à inscrire son nom

en tète

des sentences. Il en fut ainsi môme après que nos rois eurent établi un

o6u6(;hal pour chaque siège. Co ne fut là qu'une qualificativri ]Lontrifitl%[L et

qui n'entraînait aucune obligation effective. Les sénéchaurL de Forcalquier

n'ont jamais, que nous sachiom, mis le pied dans notre ville (lue pour

leur installation ûfficielle.

Page 5: Wendelin en Provence

— 7 —

famille du Sistero llais (1). il fit hommage au roi, en

1,57J, pour le fief (i l, Grand-Gubian. Bientôt après,

son oncle Geor f-res de Mêvolhon, a majeur seigneurD(je la p lace , terre et sei,^-iletil ,ie de Saiiit-Vincerisr>

ayant successivellIC nt perdu ses quatre enfants et se

voyant sans héritiers., lui f kiisa.it donation de tous les biens

et (je tous les (Iroits (le haute, lnoyenne et basse justice,

qu'il possédait, du elief de ses (Ievzlncici^s ou du chef d'An-

toinette Gurety, sa femme, sur ladite terre (le « Saint-

Vincens, Ge lisiac, Nialcor et Cl i itte.tiineuf-de-Ivlireval - et

sur l'abbé de Cruis et autres cosseigneurs dudit lieu (T.

en iGO3. les domainesArnaud adjoig-niL à ces Possessions,

et droits (je Marc-Alitoine de Gastellane sur les Inènles

iiefs. et notamment le château (le Chàteauneuf-Miravail

(1) claude Berniond de Marcelly, de Sist,,,roil, père de Louise, 6t%it, mort

lors du mariage do sa fille et hiîritière. Le grand et ainiable cherChOur

si gteron.w, M. Sitin t-Marcel EYsseric, ule communique, d'après l'ilruiorial

manne rit de d'Hozier, leq armes de Louis Berinond-Marcelli, avocat cIL la

cour en 16^6 d, c^rge-eli à une bœide de gueulee, à-r^<j(e ^Viin lion d'or, accurg-

I)ay,Lée en r»Jde deux étuilci eNaur et M Pui^LIe cl'" cro'aclllt (le laîme.

(,2) D,^IIation du 1 ,2 mars l^S4, aux insinuations de la sCn^chaussée do

Forcalquier, reg. do 1583-1584, ed. 44(j (archi v es des — L(-,g

Méinilion Uaient c<es^v.!gn,,urs de la valiéu dû Saint -Tiii vens-Miravail de tout-O

sLncicnnct^. U, comte Be rtrana de Forcalquier, par S oit testament eu date

de

IIGS, publié par Colonibi, légua, à titre éventuel, à son cousin ItaimOnd de

Mévolbon tout ce qui appartena it au domaine rOultal dans cette vaUée- Cette

di .qpositi,)u demeura sans C-frot, et la

MÙMc Part COuit,'le fut 'nréodée, en 1472,

par le roi lk-né, à Jean Cureti , qnc!ÛD avocat fiscal à lrL ('l'ambre (les ComPtO.9,

puis maltre, rational, qui devint Rinsi seigneur inijeur de Saint-Vineons et de

Miravail. Ce titre pasSa à OcOrges ilp, Mévoil lori, par son mariage avec Antoi-

nf,tte CuretY^ et à notre André Arnaud , par la donation de 1584.

(*.^) Acte (lu 30 janvier 1603^à Aix, riii.ir.iir(l^liui el,11-10

Mouravit. — En M)f), il acquit les ilroils de l'évêque de Si,4cron, U116 dû

Cruis, sur le mC^mo Chàteaiinouf-Iti ray ai], dont il se trouva ainsi 10 seigneur

,J& fofQ^ Du m^mo temps que cosseigneur de GeLisiar et de Malcor.

-41

Page 6: Wendelin en Provence

-8—

Le lieutenant d'Arnaud demeura à la tête de notre cour

de justice pendant quarante-deux ans, jusqu'en

1615. Il se fit une grande réputation oie savoir et. rut. nousdit l'abbé de Piolle. j), l'un i, des li teilleups et, (les ) I tl s beaux

esprits (le soit temps ». Ait culte (lu droit, il ajout-,I celui (les

lettres. Nous 'le

Savons s^il faut lui attribuer certain

sonnet français, ou prétendit tel, que nous avons découvert

en tète (le Ptin des registres (le la sénéchaussée et qui

nous semble, en

tout (^a,s, un e ti rie l ^Ix spécolinieil eFétrange

langue poétiqueque l'édit de Villers-Goterets avait, sub-

stituée il. l'idiome des troubadoiirs.

Le voici, dans toute sa naïveté et son orthographe

SONNET.

Canibysez le Persan, mauvais de sa nature,

Entre ses cruaultez, fait un

acte excellant,

Quant il sceust qu'ung sien jugi^ un iiiesel l ,,I t j ji c luen tce

Par argent avoit faiet contre tnitte droicture.

Soudain faiel. qu'il est pris, puys ordone qn'il mure,

Puys le fist escourcher et uiectre justement

Sa peau dessus la eliere ou

avoit paravant

De sa maligne bouche advancù toile orilui.e.

Cella faict, establyt Pu

son estat son tilz,

Voulut que dans ce. siège Olanes feust assiz

Pour contempler souvent telle peait paternelle,

Ariii qu'il foust lionju ge et fit droiei, jugiunent,nDe lieur qn «ii iio rec-ï^ li st su lll l ) l l ble payenleut.

Ainsy Dieu faiet pugnir l'ij )justic6 cruelle (2).

(1) Lt4 Vie. de 8aint 3[,I ry, alibé di& Vul-Bo^lon, "Irmi elde 114 rille

de P^,,,eIqTder_ Pariq, 1665, page 29.

(2) Arellives de3 Basses-Alpés,do la sénécliaU"^e de Forcalquier,

année 1578, en t,^-te de la— Le solIllet n'estsigné que d'un double paraphe.

Page 7: Wendelin en Provence

— 9 —Le rirneur de 1578 justiflait cette sagace assertion d'un

critique éminent. que le français est, en poésie, un instru-

nicnt ingrat entre les mains d'un provençai habitué a la

lancrue bien autrement iwisirale (le son pays (1). ffeureu-

senient, le XVI f, siècle cultivait encore avec ferveur les

lettres latines, et, si André d'Arnaud fut un piètre sonneur

J'viiiiç.ziis, il excella dans

le latin. On lui doit (la livre fort

re (,ùercbé I.Iijolil , (I'I iui (les curieux et (lui, sous le titre (le

Joci 1,2), contient de nombreuses fantaisies en prose et en

vers, épitres.. épi graranies. etc.. La plupart soiit, caractériséespar

un enjouement plein d'originalité, où

abondent Vanti-

thèse et le jeu de mots, ces deu ,. marques inévitables

d^une époque, où la France subissait la loi des concelti.

Qil(,Iquoq feuillets plus loin, on lit, de la main du greffier Dufour, lit devise:

El habent anfra aidu. eauner, dont lo SceptiÇisnic contrute avee la niorale austère

du quatorzain. Il sorait néinnioins possibli., que

te " Jean Dufour, greffier des

appellations et de preniièTe instance , fut le vrai coul^al)[o de notre sonnet;

car, en un registre du la

mCme année, il accompagne sa siguâturo d'un

dietique do m^mû stylo ;

Dufi'ur sort la flaram p en quey so nourrit

L'àmo qui onftamme et nourrit

Ne citons pw: la

préeicuqe source de nos archives d^;partementaleg, sans

rendre un

hominago dû gratituM, à leur con gervfttAlii-, M. 7. -X Isiiard,

qui nous a guffld aTec tant de compétence et de romplaisanco amicale à

travers les riclic qses classées par ses soiii ii. M^incs roiliertieinonts sincères

à M. Lénnce, Pontès, greffier en chef du tribunal d(^ Forcalquior, explorateur

infatigable des archives de nosBotairQs^

(1) Paul Mariéton, la To-rp 1890, p. 11 -j. — L'autour remarque, à

l'appui de snn assertion, que la Provence, qui a donné do grands prosateurs à

la littérature française, no lui a pas donnui un

seul grand poète, tout au moiii^5

dans le venre lyrique. D^jà cette pt)Ds ee avait été ddycIopl)ée avoe autorité,

an sein de l ' Acati6mie d'Aix, per M. la doyeu "Cabant^)us (séance publique de

l'Académie, 1863).

(2) Joci. 0. diz V., eewitue «q1m«^'N prin,ipi. Avignon, Brr.moreau, 1600,

218 pp. — L'approbation de l'inquisiteur généralest (lu 128 janvier

1600.

M

Page 8: Wendelin en Provence

— Io —

Les Joci, dédiés à (lu Vair, obtitirent à Paris, un ait à

peine après leur publication, les honneurs, sinon d^uiic

contrefaçon, du moins d'une réédition qui semble avoir été

faite à l'insu (le Fauteur (1).

A ses mérites d'écrivain, un brin ri-tffitié peut-être, mais

par cela inèilje très versé dans les élégances et les nuances

du meilleur latin, notre vice-sénéchal unissait (les goùts

de, bibliophile. C'était, (lu reste, l'époque bien connue dans

notre histoire littéraire où tous les magistrats (le Pro-

velice étaient, peu ou prou, des collectionneurs et des

- curieux . Peiresc tenait la tète de cette plitlange de

chercheurs, et n'était pas un (le ses disciples les

moins passionn6s. Nous aurons à parler, un lieu plus

loin. (t'un pl^écieitx manuscrit d^astronüiiàie qu'il possédait

dans sa bibliothèque et qui, sous le nom

(le Codex A-rnal-

di2tus, fut l'objet d'un intéressant échange de comirillui-

cations entre Wendelili, Grassendi et Peiresc. Dès mainte-

liant. nous trouvuns (Jans les Joci plus (l*une trace de

Famour d'Arnaud pour les livres.

C^est ainsi que, dans une épitre à Jacques Gillot, le

célèbre conseiller-clerc au parlement (le Paris (2'

'

^-, il se

remémore avec délices les heures passées dans sa

biblio-

thèque, en la compa gnie d'un des Turnèbe (3). Plus loin,

il félicite le conseiller Garnier (le Montfuroil d'oublier., au

milieu de ses livres, les discordes civiles (4^. Ailleurs, son

(1) Chez Pilleliote (un 11OUL prédestiné pour un e(intrefactour), 1601, 278 pp.

(2) Gillot fut, Pendant lit ligne, Un des chefs le plus en vite du Parti

royal, et collabora à la Satire André d'Arnal id l'avait Connu

à Avignon, Saris doute sur les balles de I«Uuivers 'W-

Plus tard ' notre "euto-

Bant-général, desservi auprès d'lleuri IV Par (les envieux, afla réclamer à

pilri .4 l , itl) p tl i dû son condisciple et trouva en

lui le Plu s 9^néruux `1^fCnSe11r.

j . Guiot inourut en 1619, après avoir attaché son non, à dus Ouvrages

considérablos sur la Politique et lit di plomatie -

(3) Joci, 1600, P. 25.

(1) M., p, 45.

Page 9: Wendelin en Provence

— il —

ami, l'avocat P. Guirand.. d'Mlos., lui envoie les dialogues

de Textor, puis une nouvelle édition de Ntrone, et il

invite l'érudit magistrat, qui avait fait, parait-il, une

multitude de restitutions dans le texte du vieux satirique,

à les conférer avec l'ouvrage qui vient de paraître (1).

_-'^jüutolis que ce commerce avec les livres se conciliait

à merveille , chez notre Peirese forcalquien, avec des

habitudes d'arlisle ^'2'; el. aile naLure aimable. Guirand ne

se contente. pas de le proclamer « Fornement de son

siècle » (3) 5 il le déclare, par surcroit, c le plus humain

des hommes - (1t).

Un événement, sur lequel nous n'avons que (les données

(1)1i1.^ pp. 86 et 89, — Les Joci contiennent en prose et an vers de

nombreuses piùces de Guirand et sont son œuvre presque autant que celle

d'Arnaud. Et pourtant aucun de nos biographes n'a encore houoré, méme

d'une simplc mention, cet auteur bas-alpiu. Espérons quo notre cher et

parfait archiviste Upartemeiital, M. Z.-M. Isiiard, qui a sous la main les

insinuations d'Allos, nous apprendra quelque chose sur le comptodocet

oublié, qui ^,einl)le avoir été, comme Gillot, le condisciple de notre André à

Avignon.

Autre révélation bas-alphie: une épitre d'Aruftiitl à son collègue Esprit

Parisy,lieutenant &s soumissions à la

sénéchaussée de Forcalquier, nous

appri^nd que ce magistrat avait pris la plume pour la défense de son chef,

et produit une pièce, do vers iii i vet-sipe2leiit. Publiés ou iuf'3dits.

les vors de Parisy seraient intérpssants à retrouver. Avis

à nos deux

maltres chercheurs, V. Ljüutaud et E, de Urozet.

on rencontre (^iiç()r(! dans les Joci un nom qui appartient lui aussi,

malgré ]o. mutisine des biographes, à l'histoire littéraire du Forcalquier ,

celui d'Antoine Bandoly, avocat, qui, sous le notu d^Aiitoitte du Bandole,

publia ley(le Cékir et de Henry 1111 (Paris, chez J. Rluher,

i ri-40, 1609 et 1625). Voir la Vie de saint Mary, précit Î e, p. 38.

Citons, pour fuir, un Trânowl, desqu'il faut identifier sans doute

avec le chanoine-écrivain Léon de Trimond.

(2) Il chantait et jouait du luth. — Juci, 1600, p. 1 7.

(3) Id., p. 141.

(4) Homin= ieee humanimimus. — Id., p. 76.

nq

Page 10: Wendelin en Provence

— .12 ---

incomplètes et mystérieuses, vint jeter le deuil dans la

maison d'Arnaud. Un

des fils de, notre lieutenant fut

atteint Wui) cha grin profond. et tic Beri11onLI^ sa

mère, en fut elle-mérne si affectéc qii'elle en

mourut i

un àge prématuré (1). Andréne voulant lias.

après cet événement., se séparer de ses fils, résolut (J'appe

ler chez lui un précelileur.. et c*est ainsi qu'il fut awené à,

jeter les yeui sur Wendelin.

On imagine avec quel empressement Ic, jeune maitre

quitta ses 6coliers dignois. pour le milieu lettré et avenant

qui lui était offert. D^sorl11.q is, le voilà forc-alquien.

installé dans le plu q beail I(igis (le la

ville (2) et fouillant

à loisir dans la bibliothèqite, du

vice-sCtiéchal. Ses

nouveaux élèves ne sont pas (les enfants. L'ainé des fils

d'André d'Arnaud, Scipion, est déjà hors de page. Il est

avocat ou à la veille (le l'être. -\Vendelin a, eu lui un

r,oitipa lglioii et un ami. Les cadets nous sont moins, conniis.

L'un d'eiix. Pompée, filleul de Pompée (le Pontevès, gou.

(1) Lotilsa de

Enrntond a dcux épitaphes dans les Jori, Fune do, ïon "tari,

Pautre de Giiirand, pp. 1:39 et 140. Ello fut, dit Guirand, " la

1)faut^e

la r : e1ics^c niadcste,fidèle, Péconornic généreuse, le repos ItilIori,3ii\,

répousol'éloquence intiotte '.

(2) L(,. <.; d'.irt)atil possédaient la

gralide et belle maison contigIti^ au palais

de justire, qui a plus tard appartenu à lit famille. de T-inde. Elle ^t&iL alors

misquée en grande partie par nu pàté de maisons, qui fut dénioli un de pli-

siècle plus tard pour l'agrandissenmut de la plue,) Saint-Michel. Les il"Srnaiid

ne (itineuraiotit là que Phiver, 1l-^; habitaient, Vêté, soit leur 1inipri^t:^ de la

Louetto, aux portes de Fç)r(^alqiiicr, soit le château de Châteaillicur-Miravail,

.%IL nc)rd de la montagne de Lure. Leur maison de ville passa d^lloiLQ"^

d'Arnaud, capiscol du chapitre, à Marthe Borel, petite-fille , do Pç,tiiiiée,

d'ArnauC, mariée cri 176i à Indré Verdut-, re ,;lj am^;tt itu parlement d'Aix,

en 1740, ,;yii(lic. Il^ son ordre en

1 îG9, oncle de notre infortuné coitil,Rtriote

Verdet, n^ à Forcalqiiiur, avocal ait même parlement,

dépUt^- 511111)1-^Rlit -10 )IL d'Aix aux Étafi^ "élieralix, Pendu Par la

populace d'Aix, le 26 janvier 17.93.

OW

Page 11: Wendelin en Provence

— U; -

verneur de Forcalquier, était né en 1.592 et avait par

conséquent treize ans environ à Parrivée de -\Ven(telin.

C'est sur lit! que (lut se conceliVer spécialement la sollici

tude du jeune précepteur.

Si vive, néanmoins, que fùt Cette sollicitude, elle

Wempêchait pas -Weiideliii d'être ati[ktiit le coliaboi,ateur

du père que le gouverneur des fils. Ott nous ilous 1.1,ollipol-is

fort. Ott c'est ILii qui prépara la

troisiètile édil.io ll, tl,ès

remafflée., (les ioci,.. qui p^^j l, ut e l, f

' 1)

. Nous ,,el,

voilloils pour preuve que les trois distiques si gnés (le ses

iiiitiales, placés parini les liminaires, à lade la

préface de l^atttctir,' ^. D'autres pièces de lui figure lit dans12,

le v0luIlIc. Ce s0li t deux él)itl'es il Audré, d'Arnaud (P?-o

Mu-n,ere ve^-ba coi,^I)e)isal) et quatre piéces le vers aumême, pour le reuwrcier (le gi-^itifi(taiioiis réitérées (3).

Ces vers. (loilt le distique est la fi,)t , i ll e ju^-a lqab]e. sont

d'une facture aisée et d'un ton spirituel. 11 est (l^'aLittntPlus i lltél'O S S a llt de les Si gnaler qUe c'est là, à n'en pasr,

clouter, la preniiére ceuvre que Wendelin ait livrée àl'impression.

Notons en passant que iio[re belge francisé laisse

de (, i)tÙ, dans * sa signature, le W flamand et le

Pi'énom gothique de GûdefrOy^ PO(ir signer I(réiiée)

(1) Jore' And. Arnawli, Ime. *eram editione mendœ SuVatœ, pitllta

adjecta,plui-a abjecta. Avignon, Bram preau, 160.5, 1 v^^j. in-12 de 180 pp., plus

5 feuillets eu tète e t 12 à lit fin. Bien que le frontispieu gravé soit de 1605,

Pachev^ d*imr)rinier n'est que du -2-1 mai 1606, ùt l'approbation, qui suit,

du 29.

(2) Ces distiques nous disent que Vomivre de d'Arnaud, éclose en 1594,

perdant les malheurs de la Fr imee, fut imprin) é.o pour la première fois en

1 1100, et l'Our la sceaude en 1606. Ainsi, non seulement J'édition de 1601 fut,

comme nous l'avons aMrm^ plus haut, subreptice, mais, cinq tins plus tard,

,auteur en ignorait encore l'existence.

(3)Joci, 160o, pp. 67, 68; 08, 99 et 100.

Page 12: Wendelin en Provence

- 1 Il __

Vendelin (1). N'oublions pas, non plus, (le remarquer

que l'une des épitres (tu recueil lui est adressée. Elle

est intitulée - Irenceo Vendelino A-Mreas Trochœus (2).

Tout à côté, s'en trouve une autre, du même auteur, à

Scipion d'Arnaud, qualifié jurisconsulte. — SGipion

d'Arnaud. émule sinon élève de Wendelin, a apporté, lui

(1) Il signait plus tard (1635) Godefroy-TrénC-e, et plus tard encore (1643)

Godefroy seulement. — Œuvres de Gjis9ûndi^ t, VI, pp. 4" et 4b5. — Dans

une pré.cieuse et toute récente publication de M. Tamizey de Larroquo, los

petita mitnoires inéditir de Peirége (Anvors 1889), que M. Charles Ruclenq a

savoureusement annotée eu ce qui regardû ]es personnages des Pays-Bas,

péminent érudit belge fait remarquer (p. 46) que le prénom Irénée est la

gréc iaat ion du prénom Godofroy et semble en conclure que Wendolin les

aurait porWs, non pas cumulativement, mais alternativement. La signature

de 1685, que nous venons de rappeler, nous les muntre pourtant réunis.

— N'écrivons pas le nom do Charlos Ruelons sans saluer, en la personne du

savant conservateur des matili .3crits de la Bibliothèque royale do Belgique,

le chercheur le plus autorlsé et le plus avenant, un vrai Tamizey de

Larroque d'au delà la frontière. Pris d%ne partivuLière sympathie pour la

physionomie de W t,.ndelin, il a longtemps recueilli, à travers ses recherches de

chaque jour, tout ce qui se rapportait à tet illustre oublié. Nous espérions

qu'il nous donnerait à la fois la biographie définitive de son grand compa-

triote et les épaves de son œuvre. Les circonstances en ont autrement

décidé. Des travaux consid6rables, dans lesquels il ètait en gagé Utérieurement

et sur lesquels sont venus se greffer des ilnPédilnonts de

sant^é, l ' ont contraint,

àson cœur défendant d'abandonner cette entreprise, Ce 11% été toutefois

qu'après s'être assuré qu'un autre la reprendrait en toute COMPé tP'Ire et la

mènerait à bien. Le continuateur de M. Ruelens sera M. C. Le Paigo, le

célèbre professeur à l'université de Liège, qui déjà, de son C :Jté, avilit

beaucoup colligt5 sur Wcndelin. Charles Ruclanq lui a confraternellement

abandonné ses propres matériaux, et il nous écrit, avec sa noble modestie,

que " des mains plus dignes que les siennes , élèvero

nt à notre Irénée le

monument qu'il attend d@puis deux siècles,

(2) J^ci, 1605, p. 72. — Faut-il traduire Trochœw par le nom

éminemment bas-alpin de Trouche? La famille- Trouche de Sablières, qui

habitait Apt au dernier siècle, acquit de3 Saint-Jarques la terre de

SilTabellO

et la revendit àPalhier, ancien député aux Cinq-Cents-

Mm.- A

Page 13: Wendelin en Provence

— 15 —

aussi.. son contingent -à l'œuvre paternelle. Son écot

consiste en une épitre en prose à son cousin Louis

d'Arnaud, fils du conseiller d'Aix; une étrenne à sonpère, en quelques distiques; une épigramme M pcelas-

rtfïeî;z; une autre (le 31edico (?) et un quatrainà messire Marin, protonotaire apostolique (1). Scipion

s'y montre le di gne fils d'André., habile à jouer avec

les syllabes et aux plaisantes rencontres d'idées.

Détail final, et qui est un vrai trait de caractère. Une

pièce de Guirand qui, dans l'édition précédente, célébrait

sur un ton lyrique les vertus de messire Antoine 'vlelve,

prévôt du chapitre. Saint-Mary de Forcalquier, a changé,

dans cette nouvelle édition. (le destinataire et s'adresse

maintenant à Jacques Fontaine, médecin d'Avignon (2).

Voilà qui diminue quelque peu notre estime pour le poète

d'Allos, mais qui ajoute un grain de sel à ces foci, déjà sipiquants.

La collaboration de notre Irénée semble avoir porté

bonheur au petit livre forcalquien. Dès 1(308, un

éditeurde Paris, J. Richer (3). obtenait, à l'exclusion de Bramereau,

un Privilège polir une nouvelle édition des Joci, et il lapubliait l'année suivante (11).

(1) Joci, 1605, pp. 63, 97, 100 et 101. Les Marin furent barons de St-Michel.

(21 ) Edition (le 1600, p. 129 ; édition de 1605, p. 92. — J. Fontaine a écrit

sur les eaux de Gréoulx.

(3) C'est ce méme Richer qui devait publier, bientôt après, les Parallèla

do Bandoly. La bibliographie forcalquieune doit relever avec gratitude 19

nom de

cet éditeur ami, qui init au jour, en une méme année, les œuvres dedoux de nos écrivains indigènes.

(1) Cette édition , RS90Z rare, se trouve à la bibliothèque de Carpentras.

Dix ans plus tar(l, Richer en donnait encore une, qui devait ^tre la dernière

Joci Alleit-ece Arnaudi, pleile et plane quartum edîti, in-12, de 226 pp . — on

remarquera que, par une continuation de l^erreu-r de 1606, cette édition est

donnée comme la 4^1 mais qu'elle est la 50 en réalité. Elle serait môme la 609

si un certain tirage daté de Paris, 1601, chez Coquerel, nlitait, comme nous

làla

Page 14: Wendelin en Provence

— IG —

Laissons maintenant cette œtuvre légère aller à sa

destinée, et suivons 'VVendelin. dans de plus sérieux

travaux. Ce n'est pas seulement par quelques pages de

latin que le ;,précepteur des d'Arnaud devait Mar quer son

passîi,cYe à Forcalquier. il y préjuda aux études qui de-

vaient illustrer son noui comme physicien et astronome.

Le ciel de Provence, par sa limpidité, avait naturellement

pour lui un

attrait particulier. Déjîl, Dous Favoils vu

observer à Forcalquier l'éclipse de 1605. N-lais Cest surtout

sur la m (.)I) tig il e (le Lure qu'il lui fut donné (le recueillir

d'importantes constatations. Les hauteurs de Gen.siac et

de Malcor (1) étaient des dépendances de la terre de

Chàteauneuf-Miravail.. que les d'Arnaud habitaientchaque

année, durant les vacances (le la sénéc-likilissée.. (lu VrjuillOt

au l or octobre. C'est là que Wendelin établit une manière

d'observatoire sommaire, dont il serait aisé de dôterininer

l'emplacement probable. Et ici nous lie saurions mieux

pavons vérjfi^, celui de Pillehotte, avec un simple changement de

frOutisPice.

— Voici, (lu reste, la preul iùro fois q tie la bibliograph ie des Joci est quelque

peu débrouillée. Le Bulletin d u Billio»Ailc lui-mémO (1855, P- 289, art - d',AP -

Briquet) n%, des cinq éditions de cet ouvrage, soupçonné ni la Première, ni

les deux dernières.

Pour en finir avec ce livre, notons que c'est dans les JOci de

1605 quo nous

voyons, pour la première fois, Io nom de Forculquitr identiflô avec celui

yor-ei nt ÀV*ronig, p. 112. L'édition primitive appela it Plus simplement et Plus

exactement notre ville Forcalqileriu??&, P. 140. Wendolin serait-il pour quelque

chose dans la correction malheureuse de 1605 ? La responsabilité serait

grande ; car, depuis bientÔt troi s siècles, cette erreur a fait un chemin incrOya-

ble dans le monde des géographes.

(1) Ces deux fiefs, inhabités depuis des siècles, étaient situés Io premier

sur la versant nord, le second sur le versant sud de Dire. La W.tû de la

montagne foi-niait leur limite Séparative. Gelwine est a,^tueIlêment un quartier

de Chàteauneuf-miravail, et Milecr une section cadastrale de la commune de

Lardiers. voir pintéressant i Histf)ire de cette Jorniore commune, par M. Louis

Pelloux. et sa parfaite monographie du canton dû Saint-Etieunu.

Page 15: Wendelin en Provence

— 17 —

faire que de donner la parole à M. Charles Ruelens. Dans

une conférence donnée en décembre P^82 a la Société belge

de Géographie, l'éminent érudit rendait compte de la pose

de la première pierre de l'Observatoire (lu Ventoux, à

laquelle il avait officiellement assisté, Io lo niai précédent,

et à ce propos il évoquait, avec toute l'éloquence de l ,élll o-

tion, le souvenir de son vieux compatriote :

a .... Je voudrais diro deux mots (Fu it e assez cupjeuse

c0h1cidence que j'ai eu 15occasion de signaler pendant

notre excursion. Je citais tantôt le mont Lure. Ce mont,

qui a 1,827 mètres de hauteur, fait partie des Alpes de

Provence., Or, vers l'an 160i, un belge, Godefroid Wendeleil, né a

Herk-la-Ville, connu depuis sous Io noni (le Vendclinus,

était à Forcalquier précepteur (les enfants (le M. d'Arnaud.

Vendelinus était un savait[ (le preinier ordre en sciences

mathématiques et physiques, comme nous (lit-ions aujour-

d'hui. Il fut à cette époque un ardent investigateur des

manifestations (le la nature et entretenait une correspon-

dance savante avec les hommes les plus iiiustpes . 01, le

regarde méme comme le niaÎtre (le Gassendi. Or,r> , pendantles cinq années qu'il passa

en Provence, ce ^'eiidelinus

avait fait (le la montagne de Lure une sorte d'observatoire.t De cotte cime élevée, il étudia divers phénomènes

météorologiques: la fol"" ,Iti0 11 des nuages, des brouillards,des exhalaisons de la plaine, les vents et surtout les

orages, qu'il voyait se produire quelquefois sous ses pieds.

D Dans un de ses ouvrages, il doline quelques curieux

détails : ainsi il ztftlriiie avoir vu l'éclair sortir do la terre

et frapper le nuage, et, sans avoir de l eélectricité aucunedes notions de la science moderne, il constate déjà ce faitde l'attraction produite par la terre sui , péti fi celle , et il

entrevoit la théorie du réservoir commun.

» Gest. là aussi qu'il fut témoin d'un phénomène très

rare, que l'on nommait en ce temps une pluie de sang,

phénomène dont il donna une explication naturelle dans

2

Page 16: Wendelin en Provence

— 18 —

sa correspondance avec son ami Peiresc, le conseiller du

parlement de Provence, et dont il vit ensuite un

second

exemple à Bruxelles, en 16fiG.

, ici encore, il exposa une théorie toute physique de ce

fait extraordinaire., contrairement à Popinion générale,

qui n'y voyait qu'un prodige céleste venant laver la tête

des Bruxellois pour les forcer à devenir meilleurs.

, Me ressouvenant de ce Vendelillus, dont j'avais trouvé

des lettres dans la

bibliothèque (le Carpentrasje priai l'un

(les excursion [Listes de vouloir bien le mont

Lure, que l'on devait apercevoir du sommet du Ventoux.

Et, en

effet, on le voit à quelqnes lieues. Je fis connaître

les circonstances que je viens (le raconter, et je saluai la

illontagne lointaine où ce pauvre, cet humble compatriote

avait, il y a près do trois siècles, essayé de faire pour la

science cette tentative (lue l'on renouvelle aujourd'hui

dans d^aiitreS conditions (1). D

W-endelin trouvait, pour ses travaux de physique et

d'astronomie., d'abondantes ressources dans la bibliothèque

d'Arnaud. il nous suffira de mentionner le manuscrit ou

Co^1ex A^ ,».a1dinYs dont nous avons (lit, un

mot déjà. Ce

précieux olivrige était ce (lue l'un ,ppelait. alors un

(ib(l qize. Uancicns et nombreux relevés uran ogra pli iq tics

y avaie liL été consignés par une main inconnue. Des notes

assez récentes y avaient été ^kjO 1 itées, sans (1011tc Par

André (l^Auniiii(l Iiii-nièriie On trouve un court extrait

de ce manuscrit dans les Ast^*o^zO^ïîi(u (le Cl asse ll d i (3 '

Gr,'ice à ces secours heureux, notre précepteur rit.

'

du

haut de Lure, plus d^une observation cipitalc. C'est de

cette sorte «il arriva, comme l'a si bien remarqué

(1)Ch. Ruelens, la &ience de la tc)-re, Bruxelle, 1881, pp. 89 et suivantes.

(2) Ces u0tLS étaient sous la date de 1600. — V. les (Futyrc de Gamendi,

IV, P. 535.

(8) 14., p. 58-1. — L'extrait en question est intitulé : Loca Siellarum verip-

tata a-nuo Chrisfi 1864.

Page 17: Wendelin en Provence

— i!) —

M. Ruelens, à soupçonner quelques-unes des lois de laphysique et de la météorologie, à une époque où ces deux

sciences étaient absolument dans les limbes. Ce n'est là unmince honneur ni polir I^ii. ni pour nos Alpes, qui peuvent

s'enorgueillir de l'observatoire einbryoiiiiaire^6 w05.

Ajoutons, puisque nous sommes en veine de fierté locale,

q'IC Si, (le nos jours.. Pobscrvatoire du

Ventoux ^t (,s té Créé,

c'est sur Pinitiative, de

PAthénée (le Forcalquier et à la

suite d'un vceu 6mané de cette modeste et laborieuse

Société (1).

A côté du Wendelin latinisant et du Wendelin observa-

torien, il nous faut signaler maintenant un troisième

Weildelin, assez inattendu celui-là. Croirait-on que ce

naturel de Ilerch-eil-C^,tilipine s'C^tait si fort attaché à

notre; ville qu'il en étudiait l'histoire avec, passion, au

point que, quarante ans plus tard, il (levait s^y intéresser

encore ? Nos traditions liagiologiques furent plus particu-

lièrement l'objet de ses recherches. Il copia, dans un

Légendaire local, la Vie de saint Mary, notre patron, par

Dynaiiie g^, et peut-être est-ce à lui que I^on doit la conser-

vation de ce texte.

^âlais., tandis qu'il employait si fructueusement ses jour-

nées et ses veilles, ses élèves avaient grandi, et l'heure

sonna de quitter la maison d'Arnaud.

Il voulut, après plusieiirs années dMoignement, revoir

sa famille et sa chère Gampine. Nous iÏétonnerons aucun

(le ceux qui connaissent les mœurs professorales d'alors,

en leur disant que notre précepteur, serrant avec soin ses

économies dans son escarcelle, fit pédestrement l'interiiii-

nable voyage de Forcalquier à Hepch. C ,est lui-mé lrie qui

le raconte dans une lettre de IGItô, où il nous apprend qu'il

passa par Grenoble et Besançon et mesura « assez curieu-

(1) Y. le Jourffll de Forcalquir du 8 d6cembre 1876.

(2)Œuvres de Gaamidil t. VI, P. 460^

Page 18: Wendelin en Provence

— 20 --

sement, avec ses propres pieds, » les cent quarante longues

lieues d'Austrasie qui séparent notre v ille de la sienne. Il

remarque ensuite., comme il Favait fait déjà clans la lettre

de 16218., exhumée par M. Taniizey de Larroque, que les

deux localités sont, à peu (le chose près, sous le ulême

méridien (-I'!.

Après s'être retrempé dans les joies dit foyer, Wendelin

reprit son bilton de voyage et se rendit à Paris. Ce West

pas s^aventurer beaucoup que de l'imaginer frappant, une

lettre d^,\xnaud à laniain, à la porte du conseiller Gillot.

Quoi qu'il en

soit, à Paris.. comme à Forcalquier.. il fut

chargé (.[ lune éducation. Mais admirez la puissance de

travail de cet énergique esprit i A ses heures de loisir, il

suit les co li rs (je J^Uuiversité, si bien qu'au beau jour,

voilà ce géomètre, ce physicien, cet astronome qui soutient

ses thèses i?^ tet)'Oquejv^î'e et devient avocat au

Parle-

ment! peut-être lI , l c nouvelle cirriére allait-elle s'ouvrir

devant lui, lorsque la mort de son père le rappela dans son

pays natal.

Là, ses goûts indécis trouvèrent enfin à se fixer. Il se

fi t d'église, prit les ordres et ti lt ri onjulé curé à, Ilerch

nIè^ Ine. Mais. bien loin de délaisser pour c(^Ia ses vieux et

chers travaux, il ouvrit parmi ses compatriotes une école

de mathématiques et partagea désormais son zèle entre le

ministère pastoral et les leçons scolaires. C'est à travers

ces occupations multiples qWil trouva le temps de publier,

de 1626 à 16li6.. ses divers traités d'astronomie et, en 16119,

un commentaire sur les Lois Saliques. Très suivie aussi fut

sa correspondance avec les principaux ^,avants d'Europe,

(1) (Euvres de Gasseudi, t. 'VI, p. 510. — La Bioyraphie ititWr8tile damique

place le départ de Wenitelin sous la date de 1604. Il nùu.s semble qu'on doit

le fixer au plus tôt à 1606, puisque les distiques liminaires des Joci portent

cette dernière date. D'apra 31. Tamizty du L%rroque, Wendolin serait

demeuré à Forcalquier jusqu'en 1612. (1^tt;-ee de Rirc8c, loc. cit.) A M. Le

Paige, mieux renseigué que nous tous, de fixert à cet égnrd, nos Incertitudes.

Page 19: Wendelin en Provence

— 21 —

int*- quos Poiresc et Gassendi. Par là, il continua jusqu'à

la fin à, nous appartenir et à tourner fréquemment les

yeux vers nous.

Les Petits illt; îî?.oi)-es (le Peiresc, dolit M. T. de Lar-

roque vient dienrichil, sa

bibliothèque peil-escienne, nous

ont conservé d'abondarites traces de cette correspondance

canipliio-provejiçale. De 1626 à 1629, c^est-à-dirc dans le

bref espace de trois ails, 011 y peut relever la mention de

neuf lettres de Peiresc à Wendeliii ou

à son élève Scipion

d'Arnaud, ces dernières transmettant, pour la plupart,

des envois du inaÎtre au ilisciffle (1). Le texte de

ces 'Dis

-sives est., par malheur, perdu, sauf pour une seule, (le

Wendelin, en date du 11 avril 1628, (lue M. T. (le Lar-

roque a intercalée dans son artiole du Jow,nal de

Forcalquie),.

Cette i laportante et curieuse lettre annonce un voyage

iiiiiiiiiient de Weadelin en

Provence, A en juger par les

termes forriiels et chaleureux (le la Promesse quUl fit -à

Peire.^.,c, le curé de Ilerch (]lit tenir parole. A coup sùr,

Forcalquier fut son étape favorite. Toutefois, il n'y re-

trouva point André L'auleur (les Joci était

mort, laissant ses biens et son office de judicature à son

fils ScipionCelui-ci partageait, on

ne Va pas oublié, les

(1) J'^iitx Méi)io,#rrA prtîcit^-,-s, pl). 46, 54, 55, 6J, 612, 63, 66, 72, 73 et 1)0. —

Voir rarticulet que nous avons consacré à cette publicatitin dans le Joiiriml

de F,^rcabp&icr dit 29 décombr4c 1889.

(2)Le

tûstanwiit d'-bidré en

faveur de Scipion d'Arnaud, siour de Lange,

est un date du 22 août 1615, rière Gassaud, notaire à Forcalquier. Ce, testil-

ment contient, entre autres dispositii)u q, im leg q de 600 livres en %vicur

(l ,lsubeftu d ,Arnau (l, fille naturelle du testatour et de Su7anne Saguiii,

Cctte Isabeau devait épouser, en 1634, Charles Mirailliet, fils du niyitaine

André.

Les pro-visiûris (le l'office de lieutenant K^nér&J, ait profit do &-ipion, sur la

déiRis^ii^II çkI,ùroï, Sint titi 12-11615-S,:il-ii^il, fiPr ,'^s livoir

pri^ h^ bmait!t tIt^-^II 1 1111^-t l'atitr..lTiJiVtrL-SiI^'I'Aix

Page 20: Wendelin en Provence

— 2-2 —

goûts délicats de son père (1). Mais., marié dès 1611 à,

Diane d'Aiidiffret-S . , lvabelle., il en avait douze enfants,

et le fardeau de leur éducation semble l'avoir ariiené

et une résolution héroïque, celle de céder à Peiresc sa

riche bibliothèque. Il nous semble difficile d'interpréter

autrement l'allusion de la lettre de '\Vendeliii à cette

« bonne source de Forcalquier » qui.. mèlée à la ^, rivière

regorgeante » (le Peiresc, devait former un - ocléan de

savoir à

(2). Ce projet douloureux fut-il mis à exécution ?

La chose est vraisemblable. Le trésor, toutefois. n'alla

pas tout entier chez Peiresc , car, en IG36, nous retrou-

verons encore à Forcalquier le CodexSi Wendelin revit à Forcalquier,

en la personne (le

Scipion d'Arnaud. le compagnon et h,> collaborateur de sa

jeunesse. celui qu'il se plaisait à nommer * son Arnand » (3).

il eut, d'autre part, l'heur (le rencontrer à Aix deux de ses

plus vaillants émules en astroiioinie : Peirese, d'abord., puis

son insé.parable ami., l'abbé J. C^au]tiei, .

'

prieur de la

Va-

lette 14)-, celui-là même qui avait poussé Gassendi vers

fflaialoglee Doctarvm, 1622) et avant dZtre appelé à pr^îsider la

avait été élu premier consul de Forcalquier peur l'année 161 -L-1 fi 15 ^ il fut, à ce

titre, appelé à faire partie, comme procurenr-joiiit, du l'administration des

trois Etats du pays de Provence.

(1) Nous voyous, dans les Pktim M^?^2oirr8 (pp. 61-62 et 2). Peiresu lui

transmettre on

lui communiquer soit des livres d'érudition, soit des lettres de

Govartius et d'Henri Dupny.

(2)Les nièmes Petitg 31,'nzoirt* nous apprennent que, le

2 novembre précé-

dent, Poiresc avait écrit à Scipion " sur ". q nnanuserits , (p. 63). Cette

indication, rapprochée (le. la

lettre du Il avril, semble limiter à la partie

matinseritc de la eollection Arnaud les prc^jots (Vannexina (le Poîrrsc.

(3) Àr>tn.tiiuni necivii, Ca-tronorarium Toparcham. Œuvres de

Gassendi, t. VI, p. 428.

(4) M. Tamizey do Larroque a publié, dans les M^inoirr* d,-, I'À(Yvl6nie

un fort intéressant recueil (le lettres inédites du

prieur de la Valette, qui a

étéï, depuis, tir^î à part sous en titre - LC8 Corr(n)o?dfla?als (h. Peir"c. —

V. — Jo8eple Galdtier (Aix, ISSI).

Page 21: Wendelin en Provence

M3^l'étude des phénomènes célestes. Wendeliii leur arrivait

pré.c^.ilé du grand renom qu'il s^é.tajl, fait depuis deux ans-,

en établissant le premier, (1,'ttis so i, livre de Lo.-.Pia. la

variation de l^obliqt1ité de On ima gine les

savants colloques de ces trois hommes. Leur amitié en fut

cimentée pour la, vie. Gassendi, par malheur, n'était pas

de lit fête : depuis quelques mois, il avait q uitté 2Ux Pour

Paris. Mais. dés le printemps s1Iivallt^ il 4--i lerc li ait à

rejoitidre wendelin en Flandre, et. n'y pouvant lmrveiiii,,

il entamait oor i^esl)on(la ni -e ave c, Dl i 'l ) . Bientôt aPrès^

tant lui (tue Peires c fo u l-nissaient à l^au[eur (le Lo^-vi ci

dix oit douze observations importantes, en vue d'une

réédition de son livre (2).

Tout à coup une- funèbre nouvelle arrive à Aix, celle de

]a. mort ino.pillée de \Vendelin. PA Gaultier d'écrire à

Peire-sc.janvier IG')-? . * J'ai esté très marri d'entendre

la mort (le ce. brave horaille INI. nostre boit ami

et familier quand il estoit en C(^ 1),LÏS, la précipitation de

laquelle attristera plusieurs braves hommes (le nostre

temps (13). » He(Il'CLIS(- lliellt cette, annonce était., ilWon flous

passe le mot, un canard, Loin d'être mort, Wendelin allait

obtenir d1sabelle d'Autriche, gouvernante des Pays-Bas,

un canonicat dans la collégiale de

C^ündé en Hainaut W.

Nous ne savons sur quel fondement Firmin Guichard a

(1) Œuvres de Gassendi, t. VI, P.,15.

(2) Voir 1(,.q Correipondanti (h— MIL — 0aliriti Xaudé, Par

Tainizey de

Larroque (Paris, 188 -4), P. 8,1.

(3) Ce curieux extrait est (-.mpruntxi au

Jo8^I.Je Gvidtier (le M. de Larroque,

43.

(.t) ^Vcnë[eliu nous apprend (Œuvres de Gassendi, t. VI, p. 42-. 11 qite

ce fut Par un, acte d'initiative toute spontanée qu'j 'sabelle 10) gratilla do cet

honneur. Aussi, après la mort de

Ra bienfaitrice, ilAcora-t-il du titre de Table.8

A-11-r.11iTW4 Ses tablesDéjà, suivant tine légende bien connue, cette

v jjjjiantê priucesse avait donné son noui à la " couleur isabelle _

Page 22: Wendelin en Provence

imiifflukh.^_"

— 24 —

supposé que fil., et, 16,36, un nouveau voyage en

Provence, au cours duquel il aurait pris ïï ^marseilJû. avec

Peiresc et Gassendi, l 'é lévation (lu pffle (1). C'est là uneerreur. Ce qui est vrai, «st qu'en IW5 -Wendelin, quidéjà, aux Solstices d'été (le 159D et de IM4. avail, Iiii-mèrtie

relevé la latitude (le -Marseille, écrivit à Gassendi pol ir leprier de renouveler le plus exacte llie li t quqI se poupl,ait,

du haut de ^ l'acropole ^. cette ol) sel,v ittio li , artIl (le la

comparer avec celle (le Pythéas ^2). Il lui demandait, en

outre, (le se rendre à Forcalquier, pour y copier d 1 impor-

tantes indications (tans Io failieux abaque de Scipion

d'Arnaud (3). Gassendi déféra de grand cœur à ce doublevœu. Il se trausporta d'Aix à Marseille, accompagné (le

Peiresc, le 21 juin IC^DC,. et tous deux. du sommet desnouveaux bâtinients de POratoire., constatèrent que lalatitude (le ce tlC vi lle, était, avec quelque variante, celleque Pythéas avait indiquée (1, ' . Quelques jours plus tard,

Gassendi se disposait et partir d'Aix polir Forcalquier, afind'y consulter le précieux manuscrit, lorsque Peiresc Jugea

plus simple (le l'envoyer prendre (5). Gassendi put à son

(1) sotir"ie-,i Aieinriqueb eler la ville de Digue et -ye e!livirwiA. — IV. — Vie de

Gautivli j Digiip, 184 ô), le. 63.

(2)Œuvres de Gassendi, t. VI, p. 427.

(8) M., p. 42S.

(4) Vie de P. Caiwendi, 173 Î, pl). 16C) et suivantes.

(5)Œuvres de Gassentu, t. IV, P. 534. — Ce détail indique ]c g rulatiolis

(Pintitaitd qui Peiresc et les d'Arnaud. Ajoutons que, depuis IL,

mois d'octobre pr6eédent, Sripion d'Arnaud était mort, laissant sa charge et

ses biens à Jean, Palnà de %os fils. Une déflUration du conseil de ville de

Forcalquier, en date du '21 octobre 1635, marque les

regrets que Scipion

laissa après lui. Les ayant fait quelque dépense à ]'occasion de ses

obsèques, le conseil approuve mi g ninwilient cette dépense, ', et quand elle

serait plus grande, puisque ledit feu sieur Lieutenant méritait cela et davan-

tage et que c'est la

dêmière honneur qu'ils lui ont pu ründre ,. — Ln t(,, S-

tament de Scipiun est en

date du 4 du w^nie tnois^ notairu Evinar. Il veut étre

Page 23: Wendelin en Provence

— 25 —

aise transcrire l'extrait qui lui était demandé, et le joindre

au récit des expériences faites à Marseille. Le tout fat

consigné dans trois lettres qu'il adressa à Wendelin,

datées les deux premières d'Aix. et de 1636., la

troisième

de Paris et de 1M. La réunion de ces trois lettres forma

un opuscule qui fut publié à la Ilave en 1656, et réim-

primé deux ans plus tard dans l'édition définitive des

œuvres de notre philosoplie(t).

En cette, même année 1fl , -Wendelin caressa un

grand

projet : celui d^aller à Constantinople, pour éclaircir

certaine difficulté trouvée dans Hipparque, et qu'il

estimait (le grande importance. D'autre part, le cardinal

Bagni, un

'Mécène, voulait l'attirer à Rome, et, en

considération de l'estime que Peiresc professait pour

yillustre bel ge, il lui offrait (le linstaller dans soli propre

palais. Nfais la nature passablement fluctuante de Wen.

delin lui rendait fort difficile une détermination. Il

enseveli dans la (:oucath6drale; lègue 600 livres au chapitre pour une messe

quotidienne IL palitel de saint 'iliry ; 300 aux Cordeliers pour mie messe lielido-

madairc à l'autel de la Vierge; 150 n'lx Rccollots pour l'achat d *une biblin-

thèque qui ne pourra étre transportée hors de leur uinnilstère ; 150 à Péglise

de Cliàteauiieuf-Mii-avail, mis ,^itôt qu'elle sera construitu, pour rachat d'lui

retable ; plus une terre audit Chàtcauneuf, conti2ru(^ à Iléglif4o de Saint-Mary,

petit l'entretien du prétre qui la desservira. Il institue héritière Diano d'Au-

diffret, sa veuve, à charge de passer résignation à Jean d'Armaud, son fils, df^

seR deux offtet-s de lieutenant général et de commissaire examinateur au siège,

et de payer à chacun de ses douze enfants, savoir ; à André, ehaDoinc vicaire

général, 2,400 livres; à Jean, Honoré, Jean-Pierre, Étienne, Gaspar, Fompée,

Scipion, Lucrèco et Marguerite, 1,500 livres à chacun, de mC^me qu'à Claire,

femillu de Martial de Boniface-Astoin, ut à Isabeau, fomme de pierre-Antoine

de Silvestr8-Pierrousset. Il lègue enfin 4,00 liYres à Jean Arnaud, son frère

naturel.

t. IV, pp. 523-536. — L'opuscule est intituld : Propartiù griotiienii ad

Umbrani. Obscrmrec 31aeediœ, aiino MDCXXXVI. Pro 1fendcliai mtu,

Eiji«olcz tres, cunè ùweriig quibuedan& aliie.

Page 24: Wendelin en Provence

- 26 —

délibéra longtemps et, en fIn de compte. il n^aJla ni à

Constantinople, ni à Ronie (1).

Ce. qui," au surplus, l'aurait particulièrement séduit dans

l'un ou Fautre (le ces deux voyages, c^est l'espoir de sta-

tionner en

Provence et d'y retrouver ses bons vieux amis.

Or., les meilleurs d'entre eux étaient en train de dispa-

raître. Déjà, l'année précédente,, Scipion d*Ai-naud était

mort dans toute la

vigueur de sa inaturité (2). L'an d^après,

c'est Peiresc lui-même qui., n'ayant pas 57 ans (il était né,

comme «^Vendelin, en 1580), fut enlevé A la Provence, ou

plutôt à' 1T,11rope. S011 testament léguait à Gassendi ce

qu 5il avait de plus cher., c*est-à-dire ses instruments et ses

livres de cQnt autres volumes à son choix,

et le portrait de notre Wendelin (3). Gassendi voulut payer

à la mémoiro de Pciresc la dette de Fainitié, et, dans ses

loisirs de Digne, il écrivit la vie de cet érudit universel. Le

211 jarivier 16il, il traversait Forcalquier (î), emportant à

Paris le manuscrit de cet ouvrage,arut en septembre,, qui p,

(1)Ces fflails sont tirés du Galrir.1 Xwi(M de 31. de Larroqup, que nous

avonq cité déjà, et où 4n trouvera d'autres indientions encore q ur Wondeliii.

T. pli. 8,3-84, 90 et 9 12. — Il e^t beaucoup question aussi, dans cet intéressant

recued, do notre compatriote Gaffarûl.

(2) P. Guiriiid était probiiblement mort, lui aussi, et depuis longtemps

Car VOUS lie rOn"ntl'^111-R, JAR-3é 1606, au(.^uiie trace do cet écrivain, si 4-'o nicqI.,

dans le Jard.ia de» ^lti^Aei (Paris, 1642), la reproduction d'une de ses pièces des

Joci. Encore son

nom défigure prouve-t-il que l *auteur ne fut pour rien dans

cette exhumation :de Guiraudim, p. 152.

(3)Le P. BouKf.r4,,I, dans la Vie de R précitée, fixe au 14 juin 16.17

la mort de Poiresc. Cette date est orroii^,c. Il faut la reporter au 21-1.

y. Gassendi, Viriq ill1e*1K^q X.-C. F. (le Iltii-C')C senaforiw aqu.--7kq is Vifct (paris,

1641), pli. 385-394, et Doci^i?u-nM in4dim utir Gafflewdi, par T. do Larroque

(Paris, 1877), p. 17. On lit dans coq deux ouvrages d'attatha^it q détails sur

la maladie de Peirerc, qui mourut dans lus bras dévoués du Gassendi, et sur

ses di ,,pisitions tnstanientaire.3.

(4) Son passage à Mane fut marqué par un

épisode etirici-Lx, que. lui-nième

raconte dam une lettre ait couite V. Œuvres de

Gassendi, t. VI,

p. 1012, et Vie de P. 9(mendi, p. 101.

11zl-

k- -

Page 25: Wendelin en Provence

-27 —

chez Cramoisy. Le nom de Wendelin y figure avec lion-

neur (1).

Passons., sans nous y arrêter, sur la correspondance

purement astronomi que de Mendelin avec Gassendi, et

arrivons à l'année 16113., marquée par une lettre très for-

calquienne :

il vient de paraître ici.— écrit Wendelin d'Anvers, — le

mois de janvier de la Vie des Saints (g). il s^y trouve celle

de saint 1lary., abbé (le Bodane, aiijoiird^liui Boscodon, dont

les Foliques sont conservées à Forcalquier, et dont la vie.,

écrite en assez bon style par Dynanic, se trouve également

en cette ville., dans iiii Légendaire. J'en avais fitit une copie,

qui était demeurée là-bas, et j^avais pl-ié mon Arnaud, le

bienheureux défant. do nie l'envoyer. Sa mort survenant,

ma lettre s^est-clle , égarée ? je pignorc. Ce que je sais. c'estt^ZD

que la chose est digne de vos soins., car elle intéresse

i1iistoire de France, à la date (te Je suis Plus

incité à réclamer ce mantiscrit. que ma

signature s^Y

trouve pour me servir de caution et vous permettra de nie

tirer de peine (3). »

A quoi Gassendi répond en 16 11L, et un peu à côté de la

question, que le Lègendaire de Forcalquier est ent.re les

mains (je pévêque, de Sisteron.. lequel est absent I li) , et

qu'en attendant de pouvoir obtenir de ce prélat, par l'en-

tremise du baron (le Rians, neveu de Peirese, et de

M. Decormis, une copie de Dynanie, il envoie à Wendelin

(1) Dochia maganue Godefridun Irt-ndéliu"8, filincanOw't", et demi

jkimnÉutey)è in Pror^neia exigeret, Peireekio charw ( Viris fflustriw vita, p. 316.).

(1xassendi, àaw une lettre do 1643, semble S'^,tnulier (lu silence de

WOndclin

au sujot do cet Ouvra,-A. Y. le t. IV de m Œuvres, P. 536.

(2) C^e .qt le proinier volume des Àcta Saiictorum de Jean Bolland.

(3) Œuvres ao Gassendi, t. VI, 1). 460.

(4) il s'agit ici de Tous.,;itiuL di! Chindèves.

Page 26: Wendelin en Provence

— ;.18 -_

un extrait d'un vieux. Bréviaire. (1). — Puis, soucieux desgloires (le son église, le prévôt de Digne annonce à son

am i qu'il se propose d'écrire tout ce qu'il a recueilli sur les

anciens évêques de cette ville, dont assurément «^%.,endeliI1

se rappelle avoir vu jadis les reliques. Il lui enverra cetravail, pour le communiquer à Bollandus, qui pourra

ainsi , S ' il le juge à propos, faire dans son œuvre A atlau-tienne » une place 'aux saints dignois (2).

Quelques llois Plus tard , Wendelin promet (Fécrire

bientôt à ses amis (le Provence, et tout d'abord à Jean

d'Arnaud, qu'en méwoire de Scipion son père il appelle

son 4 Posthume , (3).

Dans la lettre qui suit, il intercale, en effet, un pli pour

l'héritier des d^Arnaud (4). Puis il invite Gassendi à publier

(1)On trouvera cet û1trait, ainsi que le texte de Dynarne, dans Ililist,ei'rc

de Si-yieron, d'Ell. de Laplane, t. 1, p. 444. — V. également lu propre du diocèse

de Sisteron de .111gr Lafitau : Ojicia divitui in dicucelli Sielut-icenei recitanda

(Avignon, 1750), pp. 25-24.

(2)Œuvres de Gassendi, t. VI, pp^ 189 -190.

(3) Arwe4dulit ùlq)riJnl^ nimint, ut ita 10quar, î)OAMU»IU»I. — Id., 1, P. 484.

(4) S(41zitu Qui" iM Provi-i'n tllew, «c nolitinatim

Zircu- Vallid tOI)arc7utni , ad 9 ient litei-«m i«anfeci, sed ê% te le,,Ienelaft, prœbenda",

dMiiiand«e, ciint imeriptign.5 (tri Illuln tu acirc*. — M., p. 498.

Cette dernière recommandation prouve ([lie Wendolin ignorait si jean

d'Arnaud avait hérité ou 'Leu de-R fonctions paternelles. Extrayons, à ce sujet,

quelques ligues de l'ouvrage déjà cité de l'abbé de Piolle - — " Scipion

d'Arnaud a exercé longtemps sa charge. de lieutenant avec nue doctrint et

une probité singulière; Jean (PArnaud, digne siiocesseur de ce grand homiue,

cxcree cette cha rge à présent avec tant d*admiration que, sans flatterie, il a

yantaqs6 dans soi toutes les

vertus et ]O R bulles qualités de ses ancétres. , —

Vie dP saild MarY, P. 38. — Noua conipIétfrous les indications de Piolle, en

ajoutant que (; ft sPar d'Arnaud, fils (le Jean, continua cette ligriée de inagis-

trats. Docteur ès droits en 1661, il fut lieutenant général au siège de For-

calquier de 1661 à 1 îO6. Il fat, père d'Anne d 11rnalid. (1605-1748), qui épousa,

en IM5, André de GlLffarCI, j1lg(^ de Salon et du bailliage de Manosque.

Geneviève de

GaffarOI, né

e de ce mariage, porte, en 1705, chez les T"tani^re-

Miravail, l'héritage des d'Arnaud. L'lutour de ces ligues, petit-fils d'une

Page 27: Wendelin en Provence

— 29 —

c les vies (le saint Mary, saint Donat et autres saints

provenç,aux, sur lesquels il existe de si précieux docu-

ments dans le manuscrit forcalquien (lui est aux mains

de, l'évêque (le Sisteron P. Et il conjure le grand alpin,

a qui a déjà tant fait pour sa patrie, (le faire encore cela,

car rien lie le mérite davantage * (1).

Il Y a, W6st-ce Pas ? quelque chose d'émouvant, à voir,après

un éloignement de quarante alinées, le bon curé de

Hewoli i rarder un si fidèle attachement zt Forcalquier et

déployer un zèle si jaloux pour la conservation de nos

vieux textes. Par contre, la vérité nous oblige à confesserque Gassendi., notre ancien théologal, tout à son clocher

de Digne (2), fit la

sourde oreille à l^apl)eI chaleureux de

Wendelin. Il n'en est pas mènie question dans sa réponse,

de février lffl.

Cette réponse n'en est pas moins intéressante. Le philo-

sophe raconte qu'en transmettant à Jean d'Arnaud la

Testanière-Miravail, posMe dans sa bibliothèque quelques épaves de la

collection amaldienne.

(1) Œuvres de Gassendi, t. VI, p. 496. Tandig que nous corrigeons les

épreuves de ce travail, nous recevons de M. lIenri Ouiotit de savantes

recherches sur le4 Manuerrit« ee lee Litire* annotée (te ^^ 'tebri de Prirege (Toulouse,

1889). Quel n'est pas notre joyeux étonneniont d'y voir (p. 8, no 6) (,ne 10

Legetèdc&rium E«.i^iœ. signalé par weifflulin à

Ga.^soudi, et sur lequel Gassendi né. pot muttre la main, avait éW sauvé par

Peirese et qu'il est conservé aujourd'hui A la

bibliothèque nationale, sous le

numéro 808 dos Araidu8crirg Wijw. Voilà, pour notre histoire locale, une sourcé

précieuse (lui réapparalt tout à coup. Pei rcsc^ et, après lu4 M. Ouiunt ont droit

à toute notre gratitude. — Le niCme travail nous révèle encore (p. 14, il , 100)

que le martyrologe d'Ailon, ou plutôt POI,*uaire forcalquien, publié par 31. J.

Roman et notre société, faisait également partie des manuscrits peire^ciens,

avant d'appartenir à la Nationale. Autre dotte de quo, nous

devon

s acquitter envers la mémoire de Poiresc, sans trop nous demander

comment ces deux précieux ouvrages avaient passé, des archives (Io notre

chapitre dans la librairi, du grand Collectionneur.

(2) Il préparait saVinieiwis, qui parut en 1654.

Page 28: Wendelin en Provence

— 30 —

lettre, de Wendelin, il y a ajouté quelques vers., pour le

saluer et lui dire combien doit lui ètre précieuse l'affec

tion (lu vieil jjjji Lie soli père (1). Il est fite he kt.,^ (tue

Gassendi n'ait pas joi nt il sa

lettre une copie des vers

quiii av ilit envoyés it Forcalquier. Nous aurions d^autant

^té plus curieux de les posséder que, dans lus six

énormes tomes de ses œuvres, il n'y a pas, croyons-

nous. d'autres vers que ceux qu ,il écrivit sur la mort de

Schirckard (2).

Cest, en cette même année que M7e tidelin écrivit sa

dissertation sur la « PlU ie rouge »., OÙ il évoque ses sou-

venirs (le Lure 3). Gassendi en rit donner aussitôt une

detixièii -te édition et une traduction française (11).

Depuis plusieurs années, Wendelin liroje.tZeIlt de donner

une édition définitive de Loâ,, ia, et -, comme la plus

grande partie de sa dissertation reposait sur les obser-

vations faites à Marseille par Pythéas et Gassendi, il

voulait dédier son a-iivre aux magistrats et au peuple

marseillais. Gassendi avait demandé au comte d'Alais

d'intervenir à cet effet auprès (les consuls : « Wendeliii,

lui disait-il., n'a d'autre intention que (le faire lionnetir à

leur ville, et il leur demande ni qu'on l'indemnise (le sa

dépense., ni qu'on le récompense aucunenient. Je vais

Pencourager, sachant que vous êtes toujours porté à étre

de bien. et que Wen-agréable aux savants et aux gens

delin est sans conteste un des plus gens (le bien et (les

plus savants hommes de notre temps. » Sur quoi. deAlais

(1)pow illfÀs (iiitTas) aevejow, deati^iari statini pas per ni, voluieti (d îLo&ile7li

Arnatuium tramidi, con8cril^eie unà versilais pauc;&, qiL.ibu8 et dicerciii solutene, et

quanti deberet tuum illuni afferitiiib diieLre, fitecre?fi 1)crRpeclu»l... Ccctc?*Ill^e ex

Arnaitde quident nihil (fecelti li ttute""$- — (Euvres do Garsend', t- VI, P' 213- —

V. aus3 j, p. 14, un autre salut que Gassendi envOic de Paris à Jean d'irnaud-

(2) id., pp. 84-85.

(3) De Pluvin i^ttrjmrtâ brt4.cllen4i (Bruleiks, 1646).

(4) Œuvres de Gassendi, t. VI, P. 26C^.

Page 29: Wendelin en Provence

MaMad

— 31 —

avait promis son patronage en faveur de notre Irénée (1).

Celui-ci se mit aussitôt à l'œuvre, et, tout d'abord, il

son(rea a illustrer son volume (lu portrait (les deux grands

astronomes provençaux., Ilythéas et

Gassendi. De là, (,il le

devine.

'

une lutte des plus touchantes entre la modestie de

ce dernier et Finsistance de son ami ( 2) . Gassendi se laissa

fl6chir ^-3) ; mais la victoire de Wendclin fut toute plato-

nique : l'édition qu'il projetait lie vit jamais le jour. ilfaut

le regretter pour la bibliographie provençale, et aussi

pour notre Belge, dont le nom

serait plus faillilier ^^j nos

collect iorilleurs.

Un vrai

deuil vint, sur ces entrefaites, attrister nos deux

amis. Le prieur Gaultier inourut en 161ê.. et c-^cst en termes

éloquents et désolés que Gassendi en

donna la nouvelle à

Wendelin 1,4).

Nous trouvons, dans une lettre de

1M.. une nouvelle et

dernière mention du manuscrit astronomique d'Arnaud. Il

fut (Yun grand secours à Wendelin., pour compléter les

indications de Jean de Liniers (5^.

Le 9 juin

16752, Gassendi écrit de Paris à Ilerch (G» sa

(1) M., pp. 213 et

(2) M., pp. 213-244 et P-2. Lm lettres d1gne.^ de mémoire échangLes à ce

propos ont été r q i-tic-1](I ment traduites dans les ouvrages prévité.q do

Firmin Colichard, p. 121, et de Bougerel, p. 90.

(3) lel. p. 1260 (lettre de décembre 1646). Ce dénouement a échappé à

BouKerel et à Guichard.

( .1) M., p. 2i7. — J. Gaultier ne mourut ni Io 5 décembre, comme l'a (^ru

Bougerel, p. 10-1, ni le

premier do ce mois, roinine on peut Io liro dans le

Dictionnaire d^Achard, mais bien le ^> septembre, ainsi qne G^assùj jdi nous

l'apprend dans sa lettre à Wendelin (lu 1 1, novembre. Oà ( 1 a.qsendi se trompe,

(-, *P^st quand. il donne au prieur th, la Valette moins de 80 ans. Né en 1,56j',

Gaultier t-iu,^hait à sa 83e année.

(à) 11, P. 512.

(6) Wendelin avait Kecmment échang6 son canonicat de Condé contre un

parc-il titre à la cathédrale de Tournay; mais ni Pun ni l'autre de ces bénéfices

ne l'obligeait à résidence, et il continuait à régir la paroisse de Horeb.

Page 30: Wendelin en Provence

dernière lettre. Il apprend que )Nendelin a remis, depuis

quelques années, à jean Bollind les vies des * (toux oit

trois » saints évêques de Digne. qu'il l'avait prié (te lui

communiquer, et il l'en remercie (lu meilleur cœur (1).

Cette lettre semble avoir échappé à l'attention clos bio-

graphes de Gassendi : aucun n'a signalé sa collaboration à

l'œuvre des Bollandistes. La chose valait pourtant ID,

peine d'être relevée.

Deux ails plus tard, ou

le sait, Crassondi mourait à

61 ans ; et de ce groupe d'inséparables que nous venons

de suivre 1 travers un demi-siècle, U`endelin demeurait

l'unique survivant. Le travail consokt, ses derniers jours.

Il mourut octogénaire, en 1660, doyen du chapitre de

Rothriac. Cet « esprit universel D (2^ laissait de nombreux

rnanuscrits, dont oit devine l'importance. C'est au milieu

de ces richesses que M. C. Le Paige va

puiser les

éléments de la publication magistrale qu'il nous prépare.

Il trouvera sans doute encore un ample secours (laits les

dépôts publics de Belgique et de Provence, comme aussi

dans los cartons des Charles Ruelons, (les Tainizey (le

Larroque, (les Paul Arbaud et, autres princes de la

bibliophilie. Wendelin, gràce à lui, sera restitué tout

entier à ses compatriotes (8).

la., P. 325.

Bic,.qr^iAie univernelleDe son côté, M. Le Paige qualifie Weil-

dolinle savant le plus eneyelop^(U(ille qu'U Y OÙt en Belgique à cette

^p,1quc(puif8 ItéiloirE4, précims, pp. 61-62.)

(3) Notre excellent ami Hipp. f^uil1ibert nous signale, à titre de curiosité, Un

ouvrage de propagande biblique, intitulé lest,leliib, récit AiNtoriqiie en New prin-

cilmu.c iit,.icteitte, par César Malaii (Se édition, Toulot^ qe, 1870). Le héros de ce

r6dt appartient à une famille des bords de l'Arve, et l^on est tout d'aboril

tentd de se, demander s'il appartient à quelque branthe (les Wendelin de.

Campine, qui se serait ramifiée ju Rqu'en Savo ie. Mai s t-i l i t indique que Yauteur

a donuù aux personnages de smi rtitiftti pseudo-historique des nouis de

fantaisie.

Page 31: Wendelin en Provence

-mum

qWUZM

^I

En attendant quo INI. Le Paige nous donne son Godep,oy,

on nous pardonnera ces notes incomplètes sur notre

iî,ént5e. Nous serions heureux si elles appelaient l'atten-

tion sur cette illustration presque forcalquienne et si

surtout elles pouvaient provoquer une plus durable com-

1-némorati,ai de son passage parmi nous. Une inscription

placée ait soiiiii)(,,t de Lure, et qui rappellerait que là fut

inauguré par un Belge^ hôte de la Provence, le premier

essai d'observatoire français J), serait, nous semble-t-il,

un hommage digne de la Belgique et (le lit France. deux

nations qui, (le par la race., n'en font

qu'une.

Porchères, MI).

(1) Mftleor adepuig le i ql^e^êmbrA 18 ,21, d^appartenir aux desceii-

dants des d'Arnaud, qui déjà, le 26 septembre 1729, avaient vendu Cilàt^3au-

iietif-Miravail et niais les propri^tiiireS actuels dit

terrain, désormais

historique, oit Wendolin posa les basus de la

suience observatüriûiiIIe^ seraient

heureux, noœî WeLL doutons pas, de se prêter à cettil wandestatiOn de

la science et du patriotisme.

Ajoutons que Théodore Aubanel a jeté, lui au^si, nu reflet de son génie

sur Malvor, qu'il a eliaiiW dans un

de ses plus magnifiques po^mûs, La Miozi-

yt-aj io enti.e4lubt>rtul XXIII. Ce souvoidr autoriserait à compléter Pinscription

latine ou frtwçai.,su proposée, par un dist[quo ou un quatrain en notre

vieille langue provençale, qui fut assurément familière à Wendefin,

3