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173Caractérisation des formes de contractualisation dans la filière anacarde au Bénin.
CARACTERISATION DES FORMES DECONTRACTUALISATION DANS LA FILIERE ANACARDE DANS
LE DEPARTEMENT DES COLLINES AU BENIN
M. GOGOHOUNGA1, I. A. LABIYI2*, A. GOMEZ COAMI3, Y. E. MIASSI2, N. OLLABODE2 ET J. A. YABI1,2
1Ecole Doctorale des Sciences Agronomiques et de l’Eau (EDSAE), Université de Parakou, BP 123 Parakou, Bénin.
2Laboratoire d’Analyses et de Recherches sur les Dynamiques Economique et Sociale (LARDES), Facultéd’Agronomie, Université de Parakou, BP : 123 Parakou, Bénin.
3Département de Géographie et Aménagement du Territoire (DGAT), Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines,Université de Parakou, BP 123 Parakou, Bénin.
*Auteur correspondant : Email : [email protected]
RESUME
Cet article a pour objectif de caractériser les formes de contractualisation dans la filière anacarde au
Bénin. A cet effet, des données ont été collectées auprès de 270 producteurs et 122 acheteurs
(contractants et non contractants) choisis de façon aléatoire et raisonnée. L’analyse statistique des
données a montré que les contrats sont en majorité de nature informelle et sont basés le plus sur
les modèles informels, intermédiaire et multipartites. Associés à ces modèles, les types de contrat
identifiés et les plus pratiqués sont : le contrat d’entretien des vergers signé par les producteurs ; le
contrat de mise en relation directe entre les Organisations de Producteurs (OP) et acheteurs pratiqué
par les acheteurs. En effet, les particuliers (48,4 %) ainsi que les collecteurs (29 %) optent en majorité
pour le modèle informel et les producteurs (66,7 %) pour le modèle de contrat multipartite. Par ailleurs,
les prix du Kg sous contrat (548,87 F CFA/Kg au niveau maillon production et 586,81 FCFA/Kg au niveau
du maillon commercialisation) sont inférieurs aux prix du Kg hors contrat. Ainsi, il est nécessaire
d’étudier les liens d’affaires existants entre les acteurs engagés dans de telles démarches
contractuelles afin d’équilibrer la balance entre les acteurs.
Mots clés : Anacarde, Bénin, contractualisation, formes de contrat, liens d’affaires.
ABSTRACT
CHARACTERIZATION OF CONTRACTUALIZATION FORMS IN CASHEW SECTOR INDEPARTMENT OF COLLINES OF BENIN
The paper aims to characterize forms of contracting in the cashew sector in Collines' Department of
Benin. For this purpose, data were collected through 270 producers and 122 buyers (contractors and
non-contractors) was randomly selected in research area. Statistical analysis has shown that most
contracts are informal and are based mostly on informal, intermediate and multi-stakeholder models.
Associated with these models, the types of contracts identified and most practiced are: the orchard
maintenance contract signed by the producers; direct contact between Producer's Organization and
buyers practiced by buyers in the research area. In fact, individuals (48.4%) and collectors (29%) opt
for the informal model and producers (66.7%) for the multi-party contract model. In addition, contract
Kg prices (548.87 FCFA / kg at production link level and 586.81 FCFA / kg at the level of the marketing
link) are lower than non-contract Kg prices. Thus, it is necessary to study the existing business links
between the actors involved in such contractual procedures in order to balance the relationship
between the actors.
Key words: Benin, business links, cashew, contracting, forms of contract.
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INTRODUCTION
Le secteur agricole est la base de l’économiedans la plupart des pays en voie de dévelop-pement. En effet, au Bénin, ce secteur génèreenviron 70 % des recettes d’exploitation agricoleet représente 38 % du PIB (PNUD, 2015). Parmiles principales filières porteuses du secteuragricole béninois, figure la filière anacarde quiest la deuxième filière d’exportations après lecoton (MAEP, 2017). L’organisation de la filièrefait intervenir plusieurs acteurs parmi lesquelson peut citer : les producteurs, les transforma-teurs, les acheteurs, les fédérations nationaleset associations, les ONG, etc. Selon Miassi etDossa (2018), La filière anacarde représentepour le Bénin une importante source de revenuset est régie par divers contrats agricoles. Plusprécisément dans le centre du pays, plusieurstypes et modèles de contrats agricoles sontdéveloppés autour de la filière anacarde. Cesderniers varient d’une exploitation à une autreen fonction de l’environnement du producteur etdes moyens dont il dispose pour la production.
De nos jours, l’agriculture contractuelle est aucentre des débats actuels concernant lesoptions de développement agricole et lespotentialités de développer le secteur de la petiteproduction familiale (Roy et Roy, 2017). EnAfrique, la contractualisation est encore peudéveloppée et ne pourra l’être davantage que siune plus grande confiance s’instaure entre lesacteurs.
En effet, la mise en œuvre du contrat dans la
filière anacarde se voit comme un moyen
d’intégrer les petits producteurs d’anacarde au
secteur agricole moderne et d’augmenter leurs
revenus. Elle offre de ce fait une solution auxdéfaillances du marché en permettant l’accèsau crédit, aux intrants, à la technologie et engarantissant un débouché pour la production.Egalement, elle contribue au partage ou à laréduction des risques de production (par unemeilleure maîtrise technique) et de marché, entermes de débouchés et de prix (Daoudi et al.,2017). Pour les entreprises, l’agriculturecontractuelle permet de mieux maîtriser(quantitativement, qualitativement et dans letemps) l’approvisionnement en produits agricolesafin d’utiliser au mieux les capacités detransformation, en évitant les risques induits parun approvisionnement sur le marché aucomptant et en réduisant les contraintes d’une
production directe exclusive. Elle est égalementvue comme une alternative aux grandesacquisitions foncières, susceptible de conduireà des situations du type gagnant-gagnant(Vermeulen et Cotula, 2010). La contractua-lisation est importante car elle peut constituerpour le secteur un autre mécanisme degouvernance souvent susceptible d’améliorerl’efficience des chaînes d’approvisionnements.Les améliorations peuvent notamments’expliquer par la modification des motivationsdes participants au marché, par une plus grandecoordination entre les différentes étapes de lachaîne d’approvisionnement, ainsi que par unemeilleure information d’acteurs spécifiques etune meilleure gestion de la qualité et des fluxde produits (Vavra, 2009).
Ainsi, d’après Sexton, (2014), les producteursimpliqués dans des contrats sont issus decontextes très variables (pays en voie dedéveloppement, pays développés, pays de diversrégimes politiques et conditions productives), etsont de tailles différentes. Néanmoins, dans uncontexte général, quel que soit le type ou lemodèle de contrat agricole, certaines étapesrestent indispensables pour la mise en œuvred’un plan de contractualisation. Ces préalablesrestent identiques à ceux soulignés par Boscheret al. (2012). Au prime à bord, tout par del’existence de deux principaux acteurs : d’unvendeur (producteur ou groupement deproducteurs) et d’un acheteur (personne civileou morale). Le vendeur a donc pour mission deproduire les noix d’anacardes qui seront par lasuite collectées et achetées par le deuxièmeacteur. Ces deux acteurs établissent à cet effetun contrat qui peut être écrit ou verbale ; ce quicaractérise la forme du contrat. En fonction dutype et du modèle de contrat, d’autresspécificités peuvent être également relevées.
Dans cette même logique, Royer et Vézina(2012) ont souligné que les contrats peuventprendre plusieurs formes dépendamment ducontrôle que le contractant veut exercer sur leprocessus de production et les caractéristiquesfinales du produit agricole. Plusieurs autresarrangements écrits ou verbaux entre les partiesprenantes spécifient les conditions de vente etles caractéristiques finales des produitsagricoles. Pour cela, l’on se demande quellessont alors les caractéristiques de contratsexistantes principalement dans la chaine devaleur ajoutée noix brutes dans la filière anacardeau Bénin ?
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Cette recherche a pour objectif donc decaractériser les différentes formes decontractualisation existantes dans la filièreanacarde dans le département des collines auBénin.
MATERIEL ET METHODES
Zone de recherche
L’étude a été conduite dans le centre du Béninprécisément dans le département des collines.Le choix de cette zone part du fait que sesconditions agro-écologiques sont trèsfavorables à la culture de l’anacardier (ONS,2004). Au Bénin, la production d’anacarde est
concentrée principalement dans cette zone et
constitue la première et la 2ème culture
d’exportation respectivement (Zinmonse, 2014 ;
Miassi et Dossa, 2018). Certaines communesde ce département ont de très grandespotentialités en matière de la production et de lacommercialisation. Il s’agit entre autres descommunes de Bantè, de Glazoué et de Ouèssè.C’est ce qui a d’ailleurs, donné un coup de forceà l’implantation des usines de transformation desnoix de cajou dans ces zones précisément àSavalou. Les communes et les villages retenussont ceux où l’anacarde occupe une placeimportante dans les systèmes de production.C’est ainsi que les trois (03) communesreprésentatives ont été retenues (Figure 1).
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Figure 1 : Présentation de la zone de recherche.
Presentation of the study area.
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Echantillonnage et base de données
Les unités d’observation sont les producteurset les acheteurs (les collecteurs, détaillants,semi-grossistes, grossistes, transformateurs).Dans chacune des communes, trois (03)villages ont été sélectionnés sur la base de leurreprésentativité et de leur expérience dans lacontractualisation des liens d’affaires. Danschaque commune, suivant la liste desproducteurs exploitée au niveau du l’Union
Régionale des Producteurs de l’Anacarde, 90
producteurs (contractants ou non) ont été
sélectionnés au moyen d’un échantillonnage
aléatoire à choix raisonné (au moyen de la table
des nombres aléatoires) tandis que tous les
acheteurs l’ont été de façon raisonnée selon leur
disponibilité et concentration et les modèles.
Ainsi, au total 270 producteurs et 122 acheteurs
ont été échantillonnés dans l’ensemble de la
zone de recherche (Tableau 1).
Communes Producteurs Acheteurs
Adhérents Non Adhérents
Total Adhérents Non Adhérents
Total
Bantè 47 43 90 24 19 43
Glazoué 33 57 90 27 12 39
Ouèssè 57 33 90 15 25 40
Ensemble 137 133 270 66 56 122
Tableau 1: Répartition des enquêtés dans la zone de recherche.
Distribution of respondents in the research area.
Les données relatives aux formes et aux typesd’organisations de transactions utilisées dansla zone, à leur fonctionnement (Diversité ; lestypes d’acteurs, le degré de relations entreacteurs), etc, ont été collectées. Les guidesd’entretien structurés et semi-structurés auprèsdes structures d’encadrement (URPA, UCPA,ONG, etc.), des partenaires techniques audéveloppement, des acteurs des anacardesCVA, des personnes ressources, ont été utilisés.
METHODES ET OUTILS D’ANALYSE DEDONNEES
L’ensemble des données a été analysé à l’aidedes statistiques descriptives et des discours(analyse des déclarations des enquêtés) suivantles mécanismes de gouvernance correspondantaux modes d’organisation verticale de la filière(Vavra, 2009). Le traitement et l’analysestatistique des données ont été réalisés à partirdu logiciels SPSS 20.
RESULTATS
Fonctionnement de la contractua-lisation dans la filière anacarde
Dans la zone d’étude, les contrats agricoles fontinteragir un acheteur, un vendeur, et danscertains cas une ou plusieurs entité (s) servantd’intermédiaire entre ces deux acteurs. Danscette région, la FENEPAB (Fédération Nationaledes Producteurs d’Anacarde du Bénin) restel’entité la plus sollicitée compte tenu de samission, sa vision et son expérience dans ledomaine. Le contrat signé entre l’acheteur(personne physique ou morale) et le vendeur(coopérative ou groupement de producteurs) parla FENEPAB contenait des clauses etdéfinissait clairement les modalités decollaboration entre les différentes parties en vuede la vente de noix brutes de cajou au titre de lacampagne de commercialisation.
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A ce titre, la Coopérative des Producteurs
d’Anacarde agit pour le compte des membres
adhérents sur une base volontaire, et décidait
de vendre les noix en système groupé. Les deuxparties s’engageaient à cet effet à respecter lesdispositions légales en matière de commercia-lisation de noix de cajou, à savoir : quantité,qualité, respect du prix planché fixé par l’ÉtatBéninois, paiement des frais de gestion, lesristournes et autres frais. De plus, tel stipulépar le contrat, la vente des produits se fait «Bord champ », c’est-à-dire dans les CoopérativesVillageoises de Producteurs d’Anacarde
(CVPA). Ainsi, les prix de vente négociés par
les deux parties sont fonction de la vente «Bord
champ» (prix du jour). L’organisation del’acheminement des produits jusqu’ à ladestination finale dans le cadre du présentcontrat, étant à la charge de l’acheteur. Il metégalement à la disposition de la Coopérative lesmatériels nécessaires notamment les sacs dejute et autres accessoires (aiguilles, Ficelles,etc.) ainsi que les fonds nécessaires (de manièrepermanente) pouvant faire face à l’opération.
Au cours de la campagne, la Coopérativedécidait de vendre les noix de ses membres àla l’acheteur convenablement au volume fixépréalablement. Notifions que cette quantité denoix d’anacarde était susceptible d’augmenter.Quant au prix d’achat du kilogramme de noix, ilétait préalablement fixé en tenant compte duprix du jour. Ce prix peut être revu à la hausseou à la baisse suivant les réalités du marché.Le montant relatif à l’achat des noix était versépar tranche dans le compte de la Coopérative.Les versements étaient faits sur la base desjustifications de l’évolution des achats. L’accorddes deux parties portait sur les frais decommercialisation tels que : les frais desupervision, de communication et de gestion ducontrat et les ristournes aux producteurs.Lesdites ristournes sont payées aux producteursdans la période de juin - juillet.
La coopérative quant à elle veille au respect dela quantité et de la qualité des noix, au paiementdes producteurs et à la livraison à temps desnoix à l’acheteur. En cas de litige, les deuxparties devront recourir d’abord à un règlementà l’amiable. Dans le cas échéant, la juridiction
compétente peut être saisie.
Formes et types d’organisation detransactions dans la zone de recherche
Types et modèles de contrat dans la chaine devaleur noix brutes d’anacarde
La contractualisation entre les acteurs desmaillons production et commercialisation de lafilière anacarde de la chaine de valeur ajoutéenoix brutes se faisait sous plusieurs types decontrats dans divers modèles.
L’analyse du tableau 2 montre que dans la zonede recherche, le contrat d’entretien des vergersétait le plus utilisé sous les modèles informel(96,8 %), intermédiaire (100 %), multipartite (96%) et Centralisé (100 %) dans le maillonproduction. S’en est suivi le contrat d’entretiendes vergers qui était pratiqué par la majorité desproducteurs, pratiquement sous tous lesmodèles. Par contre, dans le maillon commer-cialisation, le contrat de mise en relation directeentre Organisations Professionnelles (OP) etacheteurs était le plus pratiqué sous le modèlecentralisé (72,7 %).
Toutefois, la majorité des producteurs optaientpour le modèle multipartite qui était est plusutilisé dans le maillon production (96 %) quedans le maillon commercialisation (91,7).
Par ailleurs, une analogie faite entre les différentstypes de contrats et les acteurs a permisd’évaluer les différents degrés de relations.
Ainsi, les producteurs (66,7 %) au niveau dumaillon production optaient en majorité pour lemodèle informel et les particuliers (48,4 %) ainsique les collecteurs (29 %) au niveau de mailloncommercialisation qui optaient en majorité pourle modèle de contrat multipartite (Tableau 2).On note donc une forte implication desparticuliers et collecteurs dans le modèleinformel avec les producteurs. Ceci implique desengagements verbaux car les petits producteurssont plus réticents à tout engagement écrit etsigné surtout avec les empreintes digitales enmilieu paysan. Les producteurs bénéficiaires dece type de crédit informel sont pour la plupartdes petits producteurs d’anacarde dont leursuperficie varie entre 0,12 ha et 4 ha.
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Formalisation des contrats et services
Tous les producteurs opérant dans les modèlesmultipartite et centralisé avaient signé leurcontrat formellement contre une minorité pourles modèles informel (32,3 %) et intermédiaire(8,6 %) au cours de la campagne anacarde2017-2018. Au sein du maillon commer-cialisation, très peu (16,7 %) des acheteursopérant dans le modèle informel formalisait leurcontrat avec les partenaires contractants.
La forte formalisation des contrats par lesproducteurs et les acheteurs opérant dans lesmultipartite et centralisé était relative au fait queles producteurs signaient les contrats engroupement avec les partenaires parl’intermédiaire des structures qui lesaccompagnent techniquement et financière-ment. Ces structures (UCPA, FENAPAT,FENAPAB, URPA, DEDRAS-ONG, FIDA-ONG,BeninCajù, etc.) étaient enregistréesofficiellement sous des numéros IFU formalisentles contrats avec les partenaires d’achats quifournissent aux producteurs qu’ils encadraientde divers services de toutes natures (formation,appuis techniques et financiers, conseil dans la
gestion des ressources productives etfinancières, etc.).
Prix de noix dans les transactions
Les prix de vente du kilogramme de noix souscontrat et hors contrat ont été relevés aussi bienau niveau du maillon production que du mailloncommercialisation. Il ressort de l’analyse dutableau 3 que le prix de vente moyen dukilogramme de noix sous contrat était de 548,87F CFA dans la zone de recherche avec unedisparité entre les localités (p > 0,05) contre656,45 F CFA hors contrat.
Au niveau du maillon commercialisation, le prixd’achat du kilogramme de noix était de 586,81F CFA sous contrat et de 620,26 F CFA horscontrat (lors de la cession du produit). Toutefois,il n’y avait pas une différence de moyennestatistiquement significative entre ces différenteszones d’études (p > 0,10).
Les résultats montrent que cela soit au niveauproducteur qu’acheteur, le prix de transactionétait faible sous contrat, ce qui pénalisait lesproducteurs (Tableau 3).
Types de contrat Maillons Modèles de contrat (%)
Informel Intermédiaire Multipartite Centralisé
Entretien des vergers Production 96,8 100 96 100
Commercialisation 38,9 19,4 58,3 54,5
Intermédiation commerciale
Production 3,2 8,6 4 25
Commercialisation 61,1 61,1 91,7 81,8
Fourniture d’intrants Production 0 0 0 0
Commercialisation 0 2,8 0 9,1
Pré-collecte Production 29 44,8 44 75
Commercialisation 22,2 13,9 33,3 27,3
Mise en relation directe OP acheteur
Production 6,5 0 2 0
Commercialisation 55,6 41,7 50 72,7
Tableau 2 : Répartition des producteurs et acheteurs en fonction du type de contrat selon le modèle decontrat.
Distribution of producers and buyers by type of contract according to the contract template.
Source : Résultats d’enquête, 2018.
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Cartographie des relations d’affairesdans la filière anacarde
Relations d’affaires entre les acteurs de lacontractualisation
La figure 2 présente la cartographie des acteursimpliqués dans les modèles de contractua-lisations identifiés dans la chaine de valeur noixbrutes de la filière anacarde au Centre-Bénin. Il
en ressort que plusieurs acteurs opéraient, soit
directement ou indirectement dans chacun des
modèles. Le rôle que jouaient les acteurs des
maillons de production et commercialisation
dans la contractualisation au sein de la filière
anacarde permettaient de les scinder en quatre(04) drands modèles : modèle informel, modèle
intermédiaire, modèle multipartite et modèlecentralisé (Figure 2).
Paramètres (FCFA/Kg)
Maillons Communes Ensemble Test ANOVA
Bantè Glazoué Ouèssè
Prix du kg dans le contrat à la vente
Production 473,75 525,00 548,87 548,87 F = 2,078 ;
ddl = 30 ; p = 0,144
Commercialisation 619,44 553,00 604,00 586,81 F = 1,748 ;
ddl = 57 ; p = 0,184
Prix du kg sur le marché lors de la cession du produit
Production 743,75 541,67 655,88 656,45 F = 4,183 ;
ddl = 30 ; p = 0,026
Commercialisation 613,89 616,00 635,00 620,26 F = 0,201 ;
ddl = 57 ; p = 0,818
Tableau 3 : Prix de vente unitaire des noix d’anacarde au niveau des maillons production etcommercialisation.
Unit selling price of cashew nuts at the level of production and marketing links.
Source : Résultats d’enquête, 2018
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DESCRIPTION DES MODELES
Modèle informel
Les acteurs intervenant dans ce modèle sontles producteurs et les acheteurs (transfor-mateurs, grossistes, semi-grossistes,détaillants, collecteurs). Ici, les producteurs(bénéficiaires) sont directement en contact avecl’une des catégories d’acheteurs (fournisseurs).Les deux parties s’entendent sur les modalitésdu type de contrat (entretien des verges, pré-collecte, etc.) qui lui convient. Les négociationsse font de gré à gré (tête à tête) sansl’intervention d’une tierce personne pour définirle prix de kilogramme. Les acheteursremettaient les sacs de jutes aux producteurssur lesquels leur nom est mentionné en guisede garantir pour la récupération du produit aumoment opportun. Les acheteurs fournissaientaux producteurs des crédits d’entretiens desvergers et de pré-collecte car pendant cespériodes les producteurs ont plus besoin de
l’argent pour assurer ces opérations. Les
techniques d’entretien des plantations et de pré-
collecte sont souvent sur le contrôle de
l’acheteur. Le prix du kg dans ce modèle varie
entre 150 F CFA et 200 F CFA au centre duBénin. Généralement, pour la plupart du temps,ce modèle entraine des conflits entre les partiescar les producteurs n’arrivent pas à respecterles clauses du dit contrat. Le contrat de cemodèle est verbal sans témoins et il est le plusrépandu dans la zone de recherche.
Modèle intermédiaire
A ce niveau, les principaux acteurs impliquéssont les producteurs, les collecteurs, lesdétaillants, les semi-grossistes, les grossistes,les groupements des producteurs et lesstructures d’accompagnement. Au sein de cemodèle, l’acheteur sous-traitait avec une tiercepersonne physique ou morale (collecteur,courtier ou responsable des groupements deproducteurs) qui signe de manière formelle ou
Modèle intermédiaire ; Modèle informel ; Modèle centralisé ; Modèle Multipartite ;
Relations interdépendance
Figure 2 : Cartographie des relations d’affaires dans la chaine de valeur ajoutée noix brutes.
Mapping of business relationships in the Value Chain of cashewnuts.
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informelle des contrats avec les producteurs. Lescourtiers sont les structures d’appuis techniquestelles que BeninCajù, DEDRAS-ONG, GIZ, SNV,URPA, FENAPAB, FENAPAT qui fournissaientaux producteurs ou groupements desproducteurs des services comme des formationssur les bonnes pratiques de la production ou del’entretiens des plantations (Pare-feu, éclaircis,élagage, etc.), la gestion des stocks, l’accèsaux marché, etc. qui sont parfois intégrés parles acheteurs contre paiement des frais deservice) afin de leur garantir la vente des noix decajou à la fin de la campagne. Les acheteursétaient les premiers intermédiaires entre lesproducteurs et les exportateurs avec lesquelsils avaient des relations solides. Les collecteurset les détaillants sont des intermédiaires dedeuxième niveau allant de village à village pourle compte des acheteurs avec des relationsd’affaires souvent moins solides.
Modèle multipartite
Ce modèle vient en deuxième place dans la zonede recherche. Il implique les acteurs tels queles producteurs, les IMF (PADME, BETHESDA,CLCAM,) et les structures (PADA-ONG, FADA-ONG, UFA, URPA, GIZ, UCPA). Les structuresfournissent aux producteurs de services(vulgarisation, formation, crédits, intrants oulogistique). Ici, les producteurs obtiennent decrédit de la part de ces IMF soit individuellementou collectivement par le biais des structures quiles appuient. Les structures d’appui négocientauprès de ces IMF pour leurs producteurs oucoopératives des prêts qui varient parfois d’ungroupement ou d’un producteur à un autre. Lepaiement se fait suivant les échelonnements etdu taux d’intérêt de chaque IMF. Dans cesystème, les producteurs stockent les produitsdans un magasin afin de procéder à la ventegroupée pour ceux qui ont obtenu le prêt encoopérative. Les ristournes sont retournées auxproducteurs après la soustraction du montantcontracté avec le taux d’intérêt. Les structuresd’accompagnement négocient avec l’acheteuret décident de la vente des produits en fonctiondu prix qui permettrait aux producteurs derembourser le prêt contracté avec de réserve.
Ce modèle vise à regrouper l’offre desproducteurs et à réduire les coûts de transaction,pour l’accès au crédit comme pour la négociationavec l’acheteur (accès aux marchés). Le créditest accordé au collectif, mais chaque producteurreste individuellement responsable duremboursement.
Modèle centralisé
Dans ce modèle, les acheteurs se focalisentplus sur la qualité et la quantité du produit quileur seront livrés. Ils misent plus sur le KOR duproduit et les accords avec les producteurs sontdéfinis avant le démarrage des campagnes et ilest plus formel. Ici, l’acheteur traite avec toutesles catégories de producteurs avec les structuresd’appuis techniques et financiers. La relation oule lien d’affaires entre les producteurs et lesacheteurs est strictement verticale car lesproduits subissent un contrôle minutieux, parfoispar le personnel même de l’acheteur. Très peudes producteurs et peu des commerçants sesont engagés dans ce modèle. De même, lesstructures d’appuis techniques et cellesfinancières sont en lien étroit avec lesproducteurs et les acheteurs avec l’implicationde l’Etat béninois. Dans ce modèle, toutesparties prenantes paient de taxes à l’Etat et celaentassent tous les acteurs opérant sous cemodèle à divers niveaux.
MECANISMES DE GOUVERNANCE CORRES-PONDANT AUX MODES D’ORGANISATIONVERTICALE DE LA FILIERE
L’agriculture contractuelle représente une formed’intégration verticale des filières agricoles quiconfère à une entreprise un contrôle plus étroitsur le processus de production, mais égalementsur la quantité, la qualité, les caractéristiqueset le calendrier de ce qui est produit (Prowse,2013). En partant des analyses précédemmentet des discours des producteurs, lesmécanismes de gouvernance correspondant auxmodes d’organisation verticale de la filièreanacarde sont adaptés à ceux de Vavra (2009)et peuvent être présentés comme suit (Tableau4).
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DISCUSSION
La contractualisation dans la filière anacarde auBénin s’inscrit dans une vision modernisted’intégration verticale des systèmes agro-alimentaires qui tend à supplanter l’approchetraditionnelle dans laquelle le producteur quis’engageait dans ses activités culturales nesavait pas à l’avance combien produire, à quivendre et à quel prix (Rehber, 2007 ; David-Benzet Seck, 2018).
En effet, plusieurs modèles, formes et types decontrat sont pratiqués au centre du Bénin entreles acteurs des maillons production etcommercialisation de la filière anacarde. Lesmodèles les plus adoptés sont les modèlesinformel, multipartite, centralisé et intermédiaire.Ceci confirme les résultats de Vavra (2009), deProwse (2013), El Akra (2013), de Will (2014)et Rehber (2007) ; David-Benz et Seck (2018)selon lesquels ces modèles sont les plus utilisésdans la contractualisation agricole. Eaton etShepherd (2001) avaient trouvé que le modèleintermédiaire fait interagir un acheteur sous-traitant et l’ensemble des producteurs. Ainsi,l’acheteur sous-traite avec un intermédiaire(collecteur, courtier ou organisation paysanne)qui passe de manière formelle ou informelle descontrats avec les producteurs (combinaison desmodèles centralisés/informels). Ici, l’intermé-diaire rend des services intégrés (généralementen passant des services fournis par lesacheteurs contre paiement des frais de service)et achète la récolte. Notifions que laprépondérance de ce modèle dans la zone derecherche s’explique par le fait qu’il existe unsystème de motivations adéquat et desmécanismes de contrôle qui garantissent laréussite de ce modèle. Alors, pour Prowse(2013), le modèle centralisé est utilisé pour lesdenrées de qualité très variable, dont laproduction est techniquement difficile et dont leprix au kg est élevé. Ces dispositifs tendent àfournir l’ensemble des intrants et à desservir àla fois les marchés urbains nationaux et lesmarchés d’exportation.
Par ailleurs, un nombre important de producteursbasent leur contrat sur un système d’entretiendes plantations d’anacarde en relation avec lemodèle informel. Ainsi, ils reçoivent de la partde l’acheteur des appuis techniques et /oufinanciers pour l’entretien de leur plantation.D’après Bijman (2008), les paysans souffrentd’une part d’un manque de connaissances sur
les techniques de production. Ils ont égalementun accès limité aux intrants de production(Kpenavoun Chogou et al., 2009) et ont un accèslimité au crédit agricole (INSAE, 2009). Lescommerçants quant à eux axent beaucoup plusleur contrat sur les modèles intermédiaire etmultipartite, ce qui corrobore les résultats issusde cette recherche. Par ces approches, lescommerçants sont très peu en contact avec lesproducteurs d’anacarde et font appel à une ouplus autre(s) entité(s) (personne physique oumorale) pour suivre et conclure le contrat avecles producteurs. Ils développent ainsi l’approchedu « faire-faire »; ce qui leur permet d’atteindrele plus de producteur d’anacarde possible enfonction de leur demande. De plus, cela leurpermet d’atteindre leur objectif de façon efficaceet efficient. C’est dans cette optique que Rehber(2007) le caractérise comme étant unarrangement pour une période donnée, entre unproducteur et une entreprise et qui est élaboréverbalement ou par écrit, avant que la productionne commence. Ainsi, l’acheteur fournit parfoisdes ressources, spécifie des modes deproduction et les conditions d’achat. Lorsque lecontrat est écrit, il est signé collectivement ouindividuellement. Collectivement lorsque qu’unresponsable de groupement signe au nom detous les autres producteurs, et individuellementlorsque le producteur signe lui-même son contratavec l’acheteur.
Par ailleurs, parmi les types de contrat adoptéspar les acteurs des maillons production etcommercialisation au centre du Bénin, lescontrats basés sur l’intermédiation commerciale(au niveau du maillon production) et sur la pré-collecte (au niveau du maillon commercia-lisation) consomment plus de capitaux etnécessitent d’importants prêts. Ces deux typesde contrat sont les plus rependus en raison desnombreux avantages qu’ils offrent aux différentesparties impliquées. Ils permettent auxproducteurs de demander de la part de l’acheteurun appui quelconque, mais notammenttechnique et/ou financier lors de la signature ducontrat. Selon (Masakure et Henson (2005) etGuo et al., (2015) la stabilité et les connais-sances techniques font partir des raisons lesplus importantes amenant les agriculteurs àtravailler sous contrat avec l’intervention desstructures d’appuis techniques et financières.Les contrats de type « intermédiationcommerciale » permettent donc aux producteursde réaliser d’importants prêts. De plus, il offreaux producteurs un marché garanti et une
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assistance technique (Fafeh, 2009 ; Olomola,2006).
Enfin, dans l’ensemble au cours de la campagne2017-2018, les prix du Kg sous contrat sontinférieurs aux prix du Kg hors contrat qu’il soitau niveau de la production et de la commer-cialisation et ceci n’avantage guère lesproducteurs dans la chaine. Cette différence deprix de vente du Kg entre les contractants et lesnon contractants s’explique par la vente groupéequ’organise les structures aux contractants dansle but d’éviter le bradage des produits par lesproducteurs qu’elles accompagnent d’une partet de faciliter l’accès aux marché et assurer lasolvabilité du fonds contracté tout en mettantun accent particulier sur la vente collective à lafin de la campagne, d’autre part. Ainsi, la ventesous contrat n’a pas été bénéfique pour lescontractants. Fouepe et al. (2016) dans leurétude sur la filière maïs au Cameroun avaientparvenu à la conclusion selon laquelle les OPde maïs trouvent dans la signature de contratsune occasion non seulement de vendre leursproduits à des prix meilleurs, mais aussi deréduire en partie les coûts supplémentaires liésaux ventes individuelles ce qui ne corrobore pasavec notre étude. A cet effet, Ledoux et al. (1997)et Ledoux (2019) trouvaient que la vente souscontrat n’est pas bénéfique lorsque les clausesqui doivent obligatoirement figurer dans le contratde vente, celle relative « au prix ou aux critèreset modalités de détermination du prix »évidemment essentielle ne sont pas biendéfinies. Pour lui, les critères et modalités dedétermination du prix devront désor-mais « prendre en compte » des indicateursrelatifs aux coûts de production agricole et auxprix des produits concernés sur le marché quidevront être élaborés et diffusés par lesinterprofessions car, ces indicateurs devront êtrepris en compte dans le contrat de revente. Deplus, le premier acheteur devra communiquerau producteur « l’évolution des indicateursrelatifs au prix des produits » concernés sur lemarché. Les structures et les OP devraientaméliorer leur pouvoir de négociation et avoir deplus en plus accès à des marchés plus lucratifgrâce aux accords établis lors des contrats. Parailleurs, les acheteurs en ressortent aussigagnant dans la mesure où, cela leur permetd’épargner un travail de collecte à traversplusieurs achats individuels et de gagner ainsidu temps qui peut être réinvesti dans d’autresactivités (Fongang Fouepe et al., 2016).
Toutefois, cette recherche a utilisé une métho-
dologie basée sur une analyse statistiquedescriptive vu les relations purement qualitativeet sociologiques à analyser. En réalité uneanalyse multivariée permettant aussi decaractériser les formes de contractualisation, aupire des cas, pourrait être appliquée sur lesdonnées pour le même objectif dans lesprochaines recherches.
CONCLUSION
La production et la commercialisation des noix
butes d’anacarde sous contrat constituent de
nos jours une niche pour les acteurs de la filière
au Bénin. La contractualisation est un système
qui assure un
acteurs des maillons production et
commercialisation de la chaîne de valeur
anacarde au centre Bénin font appel à plusieursmodèles et types de contrat, mais sont encorelargement basées sur des arrangementsinformels. Dans ces modèles, le producteur restetoujours au bas de l’échelle de la chaine. Parailleurs, une formalisation des engagementsentre les acteurs s’avère plus que nécessaire,pour renforcer la synergie entre les partiesprenantes de la chaîne de valeur et hausser leniveau de compétitivité de la filière anacarde auBénin suite à des fluctuations qu’a connu le prixd’achat du Kg ces deux dernières campagnesagricoles. Avec la mondialisation des relationsd’affaires, ceci constituerait un modèle dansd’autres filières agricoles au Bénin et ailleurs.
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