Download pdf - Faut-il tout évaluer ?

Transcript
Page 1: Faut-il tout évaluer ?

3S11Rev Mal Respir 2006 ; 23 : 3S11-3S12 © 2006 SPLF, tous droits réservésDoi : 10.1019/200530222

Éditorial

Faut-il tout évaluer ?

B. Housset

l’évidence, la réponse à cette question est négative !C’est probablement une mise en perspective un peu inhabi-tuelle mais peut-être productive de l’évaluation des soins.Tout évaluer engloutirait des ressources considérables et feraitdisparaître les maigres moyens actuellement disponibles. Cequi conduirait ipso facto à réduire l’objet même de l’évaluationà savoir la qualité de la prise en charge de nos patients.

La question est donc : Que faut-il évaluer ? Tout estencore une question d’équilibre ! Quels sont les facteurs criti-ques de cet équilibre ? Les facteurs économiques sont à l’évi-dence prégnants. L’objectif est alors d’adapter les enjeux associésà l’objet de l’évaluation aux ressources et moyens disponibles.

Ces enjeux peuvent bien sûr être économiques mais, etc’est là une dimension essentielle, de nature non financière(bien que peu de chose échappe in fine à la valorisation moné-taire). C’est en effet dans la discussion de ces enjeux que peu-vent intervenir les malades en faisant valoir leur droit à laqualité des soins, à l’excellence de la prise en charge, à la qua-lité de vie. Les professionnels ont bien entendu leur mot àdire quand il s’agit de l’organisation des soins, de l’élaborationde référentiels pragmatiques, réalistes et en accord avec lesdonnées de la science. Ils doivent aussi pouvoir choisir lanature même de l’évaluation de pratiques qu’ils souhaitentvoir mise en œuvre. Deux articles récents, publiés dans le NewEngland Journal of Medicine [1, 2] et assortis d’un éditorial[3], rapportent l’évaluation de la performance des hôpitauxaméricains. À aucun moment il n’est vraiment débattu de lapertinence et des critères de choix des indicateurs utilisés [4].Ces derniers reposent sur des guidelines et un consensus géné-ral implicite sur leur validité et faisabilité. Notons que la priseen charge de la pneumonie est un des sujets utilisés pour cetteévaluation. Expliciter les critères de choix des indicateurs rete-nus pour évaluer les pratiques est une étape essentielle.

Ce dernier point est important dans la perspective d’uneévaluation des pratiques professionnelles. Il est absolument

Service de Pneumologie et Pathologie professionnelle, CHI, Créteil, France.

Correspondance : B. Housset, Service de Pneumologie et Pathologie professionnelle, CHI de Créteil, 40 avenue de Verdun, 94000 Cré[email protected]

Réception version princeps à la Revue : 19.12.2005. Acceptation définitive : 19.12.2005.

À

housset-masrmr00377.fm Page 11 Friday, March 3, 2006 12:04 PM

Page 2: Faut-il tout évaluer ?

B. Housset

Rev Mal Respir 2006 ; 23 : 3S11-3S12 3S12

indispensable que les professionnels eux-mêmes élaborentavec une méthodologie rigoureuse proposée par la HAS [5],les référentiels qui seront appliqués à leur pratique au mieuxpar eux ou à défaut par d’autres. C’est un des facteurs de suc-cès de cette opération dont l’objectif d’amélioration de la qua-lité des soins ne peut être renié par aucun médecin.

Cette série d’articles offre un large panorama de diverschamps d’évaluation :– un exposé sur les méthodes d’évaluation actuellement dispo-nibles et qui peuvent être plus ou moins adaptées à certainessituations ;– une analyse des perspectives d’évolution dans l’appréciationde la performance hospitalière ;– une analyse des actions d’évaluation menées dans divers do-maines de la pathologie pulmonaire qu’il s’agisse d’asthme, deBPCO, de chirurgie thoracique, de cancer bronchique, detroubles respiratoires au cours du sommeil, d’affections respi-ratoires tuberculeuses ou non, nosocomiales ou non ;– enfin, certains actes spécifiques à la Pneumologie tels que lafibroscopie ou les explorations fonctionnelles respiratoires quifont l’objet d’une démarche qualité.

Évaluer ces nombreux sujets, c’est aussi prendre encompte leur évolutivité avec le changement des pratiques, del’environnement démographique et technologique. Cettedimension évolutive constitue un autre facteur de complexité,notamment dans la comparaison historique des actions d’éva-luation.

Merci à Christos Chouaid d’avoir, avec la ténacité qu’onlui connaît, su mener à bien l’édition de ces textes pour les-quels il faut bien sûr remercier aussi les auteurs. Évaluer sespratiques est une démarche essentielle pour tout pneu-mologue ; c’est une démarche initiée il y maintenant plusieursannées et pour laquelle la Pneumologie a été pionnière [6].Il faut conserver cette avance.

L’identification des enjeux de l’évaluation à travers cettesérie d’articles devrait y contribuer.

Références

1 Jha AK, Li Z, Orav EJ, Epstein AM : Care in U.S. Hospitals – thehospital quality alliance program. N Engl J Med 2005 ; 353 : 265-74

2 Williams SC, Schmaltz SP, Morton DJ, Koss RG, Loeb JM : Quality ofcare in u.S. Hospitals as reflected by standardized measures, 2002-2004.N Engl J Med 2005 ; 353 : 255-64

3 Romano PS : Improving the quality of hospital care in america.N Engl J Med 2005 ; 353 : 302-4

4 Robbins RA, Klotz SA : Quality of care in U.S. Hospitals. N Engl JMed 2005 ; 353 : 1860-1.

5 Haute Autorité de Santé : Évaluation des pratiques professionnel-les dans le cadre de l’accréditation. Guide pratique. Juin 2005 ;http://www.anaes.fr/:

6 Sous l’égide de la SPLF : Contribution de la pneumologie à l’accrédi-tation et à la gestion des risques. Mars 1998; http://www.splf.org/s/thotlib/pub/lib/pdf/Accreditation.pdf.

housset-masrmr00377.fm Page 12 Friday, March 3, 2006 12:04 PM


Recommended