DES VŒUX : POUR QUOI FAIRE ?
Trêve des confiseurs, période des vœux, ce temps est souvent
vécu comme une parenthèse. Un micro-trottoir, sur une chaîne pu-
blique, montrait (s'il en était besoin) que les vœux sont un exercice
imposé auquel on ne croit pas beaucoup, tout comme les bonnes
résolutions. Ces dernières ne sont mises en pratique que quelques
jours, quelques semaines dans le meilleur des cas ! Alors à quoi bon
se prêter à ce jeu dans La Feuille Verte ?
Au milieu de tous ces faux-semblants, voici pourtant que les
vœux d’Ariane Mnouchkine, que nous offre Mediapart (*), apparais-
sent comme un rayon de soleil dans cet univers gris. Mais que nous
souhaite-t-elle ?
D’abord « une fuite périlleuse ». Une fuite face à la « tristesse
gluante […] faite de haine, de méfiance, d’amertume ». Une fuite
aussi devant « les triomphants prophètes de l’échec inévitable » tour-
nés vers le passé.
Son deuxième vœu, c'est l’immense chantier de la démocra-
tie. Non pas seulement celle des urnes, mais la démocratie de tous
les jours. « Déclarons-nous, tous, responsables de tout », dit-elle en
nous incitant à agir partout, à participer à ces innombrables labora-
toires où « des femmes et des hommes trouvent des réponses, imagi-
nent et proposent des solutions », à remettre cent fois le métier sur
l’ouvrage. D’ailleurs, n’est-ce pas ce qu’elle a fait pour que tous les
jours se réinvente le Théâtre du Soleil, qu’elle a créé il y a cinquante
ans ?
La mort de Nelson Mandela et les cérémonies qui l’ont suivie
nous ont offert un retour sur son œuvre, sur sa volonté, sur sa foi en
l’homme. C’est aussi en mettant en place localement des lieux de
réconciliation qu’il a lancé la transformation de la société
sud-africaine sclérosée par l’apartheid.
Alors, nous, écologistes, faisons nôtres ces vœux
d’Ariane Mnouchkine, approprions-nous cette démarche de
Nelson Mandela. En cette période préélectorale, en cette période de
crise, ils peuvent, ils doivent nous servir de guide. Cherchons à agir
partout où c’est possible, appuyons nous sur « ces petits exemples
courageux qui incitent au courage créatif » : ils nous permettront de
mettre en œuvre notre grand projet de conversion écologique de
notre société.
Merci Ariane, merci Madiba !
Meilleurs vœux pour 2014 !
Corinne Tissier et Bernard Lachambre
Cosecrétaires EÉLV Franche Comté
(*) On pourra écouter et lire ces vœux sur Mediapart : http://
www.mediapart.fr/journal/france/311213/les-voeux-d-epopee-d-
ariane-mnouchkine
JANVIER 2014 / n°192 / 1,70 €
Sommaire
2
P 1 : Edito
P 2 : Mon premier Conseil fédéral
P 5 : Motion adoptée par le Conseil fédéral, les 14-15
décembre
P 7 : Vote du budget : quelques explications utiles
P 9 : Madiba : un rêve d’humanité
P 11 : Disparition de Mandela : le déshonneur des diri-
geants israéliens
P 12 : Municipales de Besançon : échos de campagne
P 14 : Science et écologie
P 16 : Allemagne : du charbon à la place du nucléaire
P 18 : Immigration en France : la réalité des nombres
P 19 : Un mois, émois et moi
P 21 : bulletin d’adhésion
Pour éclairer les lanternes : pédagogie et amé-
liorations démocratiques à venir
Les élections des conseillers fédéraux se font à partir
de motions - des textes qui présentent et proposent les
idées et les priorités de leurs auteurs pour le mouvement.
Cette manière de procéder par motions n'est peut-être
pas la meilleure, mais elle est probablement la moins pire.
Un de ses inconvénients est que le jeu des motions fait
s'opposer des personnes au sein du même parti. Mais ce
serait se mentir que de dire que nous avons tous exacte-
ment les mêmes objectifs. Bien sûr, il y a les fondamen-
taux, mais aussi, vraiment, plusieurs sens des priorités et
des manières variées de procéder. Les différentes mo-
tions représentent la diversité des points de vue, mais cet
exercice peut marquer durablement les débats et les dé-
cisions à venir, surtout lorsque la majorité n'est pas très
forte, comme c'est le cas dans ce nouveau Conseil fédé-
ral. Les oppositions peuvent être exacerbées et dange-
reuses pour EÉLV même. Ainsi, lors de ce premier CF, la
conférence des secrétaires régionaux a proposé une amé-
lioration du fonctionnement démocratique, qui consiste-
rait à préparer le travail du CF en région en communi-
quant suffisamment tôt l'ordre du jour. Les Conseils poli-
tiques régionaux (CPR) donneraient alors leur avis aux
conseillers fédéraux.
Mon premier Conseil fédéral
TRANCHE DE VIE DU PARTI ET FEUILLE DE ROUTE LOCALE
Les 14 et 15 décembre, s'est réuni le premier Conseil fédéral (CF) d'EÉLV issu des élections du Congrès régio-
nal décentralisé et du Congrès national (tenu à Caen en novembre). Le Conseil fédéral est en quelque sorte
l’assemblée nationale du parti.
Le Conseil fédéral : débats et textes adoptés
Le samedi matin, plusieurs ateliers se sont tenus afin
de débattre de certaines motions. J'ai participé à celui
portant sur le vote du budget 2014, qui devait avoir lieu le
19 décembre à l'Assemblée nationale.
Pour se resituer dans le contexte, il faut rappeler
que les motions écrites lors de la constitution du nouveau
Conseil fédéral, donc lors des Congrès décentralisés en
régions et lors du Congrès de Caen, reposaient sur un cons-
tat relativement partagé : la participation d’EÉLV au gou-
vernement ne donne pas satisfaction.
En effet, nombre de points négociés avec l'équipe
Hollande ont depuis été balayés ou amenuisés ou repous-
sés dans un futur incertain. La gestion de la « crise » ou le
chantier laissé par le gouvernement précédent font partie
des arguments évoqués quand nous exprimons nos insatis-
factions.
Ainsi, beaucoup de militants demandent que nous
nous démarquions davantage du gouvernement et mon-
trions que nous n'avons oublié ni nos objectifs, ni le point
de vue de notre base militante et électorale. La volonté est
forte d'exister à côté de ce gouvernement, mais la ques-
tion demeure aujourd'hui : en avons-nous les moyens ? Et
sinon, voulons-nous nous les donner, ces moyens ?
La motion sur le budget était empreinte de cet état
d'esprit. Elle demandait au départ à nos députés de voter
contre ce budget d'austérité, qui ne va pas dans le sens de
la transition écologique, ou pas assez. Il s'agissait aussi de
montrer que nous, les écologistes, n'étions pas « fondus »
dans le PS et que nous avions décidé de ne plus tout accep-
ter. Le vote d'un budget est un acte politique fort.
Un débat lors de cet atelier a eu lieu et le risque
d'être remerciés par le gouvernement si nous votions
contre ce budget a été brandi. Par ailleurs, d'autres argu-
ments avancés mettaient en avant le caractère tardif d'un
vote contre alors que des avancées avaient été durement
négociées.
Ainsi, le texte de la motion a évolué et la de-
mande du CF de voter contre le budget s'est transformée
en une demande de ne pas le soutenir et de tout faire
pour infléchir les orientations budgétaires. La plupart des
participants ne souhaitaient pas que les écologistes sor-
tent du gouvernement. Ne pas voter en faveur de ce bud-
get ne signifiait pas quitter le gouvernement, mais mar-
quer notre désaccord au sujet des orientations prises.
Pour cela, une possibilité existait : l’abstention. Selon cer-
tains, le PS n’aurait pas assumé de nous virer du gouver-
nement pour cause d’abstention. Et si les écologistes sor-
taient du gouvernement, c’est bien le PS qui renierait les
questions écologiques, et non EELV.
Motions ponctuelles et conseil statutaire
Plusieurs autres motions ont été discutées,
amendées puis votées. Elles sont consultables sur le
site du parti : http://eelv.fr/le-conseil-federal-3/
conseil-federal-des-14-et-15-decembre-2013/
Ce même week-end a eu lieu l'élection des
membres du Conseil statutaire, des membres de la
Commission des finances, des membres du Conseil
d'orientation politique, et on a choisi la composition
de la délégation au Parti Vert Européen. Un bilan du
groupe de l'assemblée nationale a été fait, ainsi que
de celui du Sénat. Pascal Canfin est venu présenter la
loi d'orientation et de programmation pour le déve-
loppement. Emmanuelle Cosse est intervenue et a
lancé un débat de politique générale. Ensuite a eu
lieu un long débat suivi d’un vote pour le scénario
d'investiture aux élections européennes. Pour l'Est,
les personnes retenues sont Sandrine Bélier, un can-
didat d'ouverture, Hannah Clairière, Philippe
Hervieux. Enfin, Julien Bayou a été élu porte-parole.
Un point essentiel : la création d'un co-
mité de liaison de l'ensemble de la gauche
Motion portée par le bureau exécutif, il s'agit
de construire avec des partenaires de gauche, des
associations, des syndicats, des propositions pour un
changement de cap. Ces propositions étayeront
notre refus d'une politique d'austérité, elles matéria-
liseront des orientations budgétaires en accord avec
la transition écologique, la justice sociale et l'avène-
ment d'un modèle de développement plus respec-
tueux des êtres humains et de la nature. Ce comité
de liaison sera lancé fin janvier par le national et de-
vrait se décliner dans les régions.
Pour moi, c'est un choix capital : tisser des liens avec
les acteurs locaux, pour constituer une force de la base,
une force concrète à mettre face au gouvernement. Le
besoin de changement doit être ressenti, il ne doit pas
rester un slogan de campagne. Ce choix est aussi très cou-
rageux car ce comité de liaison et ces comités régionaux
mettront à l'épreuve notre capacité à fédérer, à structu-
rer, à rendre compte. Il s'agira aussi de savoir faire de la
place à cet investissement dans nos organisations locales
et régionales.
Il faut appeler les militants de l'ombre, œuvrant dans
des associations, des collectifs, ou porteurs de connais-
sances dans des domaines chers à la transition écologique
(donc sociale et économique), ou simplement volontaires,
à se mobiliser avec nous pour ce changement de cap : le
changement c’est vraiment maintenant (1).
3
Les suites du Conseil fédéral
Depuis ce conseil fédéral, les sénateurs EÉLV se sont
abstenus lors du vote du budget. Sur 17 députés écolo-
gistes, 14 ont voté pour à l'Assemblée Nationale, 2 se sont
abstenus, 1 a voté contre. Une grande partie du Conseil
fédéral a été déstabilisée par le vote des députés, estimant
que le débat et le vote de la motion correspondante
avaient été balayés. Mais il reste trois enseignements à la
suite de cet événement :
Emmanuelle Cosse a sauvé la face en ne communi-
quant pas publiquement sur la motion (même si nous
avons pu le regretter à un moment) ; cela dit, elle fait le
grand écart entre deux poutres…
Tous les arguments du monde ne pourront pas faire
admettre que ce fonctionnement est normal. Une analyse
partagée devra être faite.
Nos députés n’ont pas ou ne prennent pas les liber-
tés que la majorité du parti souhaiterait vis-à-vis des poli-
tiques du gouvernement.
Ainsi, l'exercice d'EÉLV est difficile en interne et
dans les instances auxquelles nous avons décidé de partici-
per. La question se pose encore et toujours : comment
allons-nous pouvoir continuer à travailler ?
Il me semble que notre parti aura des difficultés à
agir en cohérence avec ses objectifs tant qu'il n'aura pas
un poids suffisant dans la société. C'est pourquoi le travail
local sous forme de comité de liaison est d'autant plus es-
sentiel. Nous ne pouvons pas penser agir uniquement
grâce à nos élus. Leur travail est certes capital, mais à côté
d'eux la responsabilité qui est la nôtre est grande : révéler
la société en mouvement, mettre en relief les initiatives,
les porter le plus haut possible, les faire proliférer.
Notre projet est celui de la construction de la
transition, transition en devenir dans la fédération des
forces locales.
Les circuits courts, l'économie circulaire, le
soutien aux ménages les plus faibles, le développe-
ment des énergies renouvelables, les moyens de faire
baisser nos consommations énergétiques, la réduc-
tion de l'usage des polluants et de nos émissions de
gaz à effet de serre, le développement de l'économie
sociale et solidaire, la sécurité alimentaire, l'équilibre
de nos enfants, sont autant de pistes à investir parmi
tant d'autres.
Alexandra HUNOLD
(1) Note de Gérard Mamet : Malheureusement,
ce n'est pas ce qui se dessine. Lors de ses vœux, présen-
tés le 31 décembre au soir, François Hollande persiste et
signe. Il continue de justifier la politique d'austérité, veut
réduire encore le budget de l'État, des collectivités et de
la Sécurité sociale. Il annonce aussi de nouveaux cadeaux
au patronat avec le « pacte de responsabilité des entre-
prises » et veut « à terme, réduire les impôts », (mais
lesquels puisqu'on vient d'augmenter la TVA, payée par
tous, y compris les plus pauvres ?). Le rappel de la priori-
té à l'emploi devient une rengaine qui sonne creux, dans
la mesure où elle est contradictoire avec l'austérité. Ainsi
Christian Chavagneux, d'Alternatives économiques, es-
time que « la croissance française aurait pu être de
l'ordre de 2,2 à 2,5 % en 2013 sans politique d'austéri-
té ». Combien cela représente-t-il de centaines de milliers
d'emplois perdus ? Le mouvement écolo ne va tout de
même pas considérer que le compte y est avec la petite
phrase du Président sur la transition énergétique !?
4
5
Motion adoptée par le Conseil fédéral d'EÉLV, 14-15 décembre 2013
GOUVERNEMENT : CHANGER ENFIN DE CAP ! POUR SORTIR DES POLITIQUES D’AUSTÉRITÉ, ENGAGER UNE POLITIQUE ÉCOLOGIQUE : ENVIRONNEMENTALE, SOCIALE,
ÉCONOMIQUE ET DÉMOCRATIQUE
Une politique écologique et budgétaire passe
par la promotion d’une société de sobriété équitable-
ment partagée prenant en compte la finitude des res-
sources, le bannissement des techniques nuisant à l’envi-
ronnement et à l’équilibre de la planète, la sauvegarde
de la cohabitation avec les autres espèces vivantes.
L’austérité est sans issue et augmente les inégali-
tés. La fiscalité française reste peu redistributive. Les
impôts progressifs ne pèsent que 8 % des prélèvements
obligatoires ! Le gouvernement comptait taxer l’épargne
concentrée sur les ménages aisés ; il a reculé.
Il aurait fallu mettre en place une réelle fiscalité
écologique pour financer la transition. La contribution
climat énergie à 7 euros la tonne modifiant l’ancienne
assiette de la TICPE (ex-TIPP) en équivalent CO2, et la
baisse de la TVA sur la rénovation thermique restent des
avancées timides.
Ensuite, avec le recul sur la taxe poids lourds, le
retard français sur le fret ferroviaire est confirmé. De
même, la TVA sur les transports en commun de voya-
geurs a été augmentée de 7 à 10 %, au détriment des
classes populaires et de l’empreinte écologique du sec-
teur des transports. Les plus pauvres sont les premières
victimes de la hausse de la TVA. La gauche avait pourtant
promis de ne pas recourir à cet impôt injuste.
Le gouvernement navigue à vue, cédant alterna-
tivement aux intérêts privés les plus conservateurs et à
l’idéologie de rigueur de la Commission européenne. En
privilégiant cette année une baisse des dépenses de
15 milliards d'euros, il prend le risque d’une vraie remise
en cause de la qualité des services publics. En augmen-
tant de 12 milliards la TVA et en baissant de 9 milliards
les prélèvements sur les entreprises (dont le CICE), il
opère un transfert injuste de fiscalité des entreprises
vers les ménages. Les rares marges de manœuvre bud-
gétaires laissées par l’austérité ont été gaspillées pour
financer le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’em-
ploi (CICE), accordé aux entreprises sans critère social ou
environnemental. Et que dire du retrait, sous la pression
de Bercy, de l’amendement du rapporteur socialiste
Christian Eckert prévoyant l’élargissement du champ de
la taxe sur les transactions financières aux transactions
«intra-day» ? Cette mesure créait pourtant une réelle
taxe Tobin prévue par l’accord EÉLV PS et défendue
par le candidat Hollande.
De nombreuses niches fiscales anti-
écologiques persistent et encouragent ainsi la con-
sommation de kérosène ou de diesel. Quant aux
bureaux vides, ils ne sont toujours pas taxés malgré
les promesses. Ce n’est pas un hasard si le ministère
de l’Écologie voit son budget diminuer de 6 % ; la
transition écologique reste dans les cartons et le
projet de loi-cadre sur la transition énergétique a
été repoussé à fin 2014.
Ces choix budgétaires sont politiques. Ils
jouent un rôle central dans la montée de la défiance
à l’égard du gouvernement, des partis de la majorité
et de manière plus générale de la politique et expli-
quent en partie le développement de manifestations
populistes et corporatistes manipulées par le MEDEF
et la FNSEA. Les conséquences seront électorales
demain ; la montée du vote Front national sera
nette ; si les élections municipales, où les situations
locales sont très diverses, relativiseront le recul du
Parti socialiste, les élections européennes le souli-
gneront au contraire nettement.
Le Conseil fédéral d’EÉLV demande donc
une véritable réorientation des politiques actuelle-
ment menées par le gouvernement. Il appelle à l’af-
firmation forte, par la majorité gouvernementale,
d’un cap politique et économique faisant de la tran-
sition écologique le pivot d’une sortie de l’austérité
et de la crise. La transition énergétique, la préserva-
tion de l’environnement, la réduction des émissions
de GES, la lutte contre la précarité, le partage équi-
table du travail, l’accès à la santé pour tous, la pré-
servation des mécanismes de solidarité, la démocra-
tisation de l’éducation et de la formation, la remise à
plat de la fiscalité et des outils de soutien aux entre-
prises doivent devenir des priorités politiques et
faire l’objet de décisions concrètes rapidement ;
Le Conseil fédéral d'EÉLV confirme l’orien-
tation des écologistes s’impliquant, en France et en
Europe, pour mettre en œuvre « l’écologie des solu-
tions », exigeantes environnementalement, justes
socialement et efficaces économiquement :
6
∙ en mettant en œuvre rapidement des me-
sures environnementales dans la politique économique
et financière de notre pays ;
∙ en engageant la transition énergétique,
étape indispensable pour parvenir à sortir du nucléaire
et de notre dépendance aux énergies fossiles, qui porte
les potentialités de développement d’activités nouvelles
et le potentiel d’emplois sans lequel il ne pourra y avoir
de redressement de notre économie et de nos finances
publiques ; ∙ en allant au bout de la lutte contre
l’évasion fiscale et les paradis fiscaux, en France et en
Europe : il y a là une exigence de réussite pour desserrer
l’étreinte des taux sur la baisse des dépenses publiques ;
∙ en mettant en œuvre une réforme fiscale
de grande ampleur en France et en portant l’harmonisa-
tion fiscale en Europe ;
∙ en œuvrant pour la mise en place d’un
Pacte social d’urgence pour l’Europe, qui vise à défendre
les investissements sociaux, l’emploi des jeunes, des sa-
laires décents, un accès universel à la santé et à un loge-
ment abordable ;
∙ en engageant un grand programme euro-
péen d’investissement dans la transition écologique ;
∙ en réorientant l’agriculture pour préserver
la santé et l’environnement et influer dans ce sens sur la
mise en œuvre de la PAC et sur la future loi d’avenir agri-
cole ;
∙ en faisant de l’Europe le moteur d’une
autre mondialisation, en engageant la définition et la
mise en œuvre de normes sociales et environnemen-
tales ;
∙ en œuvrant à la relocalisation des activités,
en revenant sur la baisse massive des dotations aux col-
lectivités territoriales et en leur redonnant davantage
d’autonomie financière.
Le Conseil fédéral d'EÉLV
- désapprouve la politique économique et budgé-
taire actuelle et réaffirme la nécessité d’un changement
de cap tel qu’il l’avait demandé en mai 2013 ;
- considère comme indispensable, dans le souci de
mettre en cohérence notre discours politique et l’engage-
ment de nos éluEs, que les parlementaires ne soutiennent
pas les orientations budgétaires et fiscales actuelles et
mettent tout en œuvre pour les modifier afin de traduire
dans ces orientations les impératifs écologiques et so-
ciaux ;
- estime que l’alliance avec le PS ne peut con-
traindre les parlementaires écologistes à renoncer à expri-
mer, défendre et assumer nos idées ;
- invite les forces politiques écologistes et de
gauche, les mouvements associatifs, les syndicats, les
ONG, à ouvrir le débat autour de ce changement de cap à
travers des rencontres locales, régionales et nationales et
la mise en place d’un comité de liaison national et, pro-
gressivement, de comités de liaison à tous les niveaux ;
- mandate le Bureau exécutif et les Secrétariats ré-
gionaux pour prendre les contacts nécessaires et lui
rendre compte régulièrement lors des prochaines réunions
du Conseil fédéral ;
- mandate le Bureau exécutif, en lien avec les
groupes parlementaires, pour élaborer des orientations
budgétaires alternatives permettant la transition écolo-
gique ;
- invite l’ensemble des adhérent(e)s à s’investir for-
tement dans cette dynamique pour construire le rapport
de force indispensable à un réel changement de cap.
Pour : 56 ; Contre : 4 ; Blancs : 37 ; Nppv : 24
Les tribulations de La Feuille Verte
Même si elle est (pour des raisons qui ne sont qu'en
partie explicables) arrivée particulièrement tard dans les
boîtes aux lettres (sans compter qu'elle a été mise en ligne
encore plus tard !), La Feuille Verte de décembre est parve-
nue chez ses lecteurs avant que les cerveaux ne soient trop
embrumés sous l'effet des excès engendrés par ce qu'on
s'obstine à appeler les « fêtes ». Du coup, lesdits lecteurs,
même les moins attentifs, n'auront pu manquer de remar-
quer deux bizarreries venues perturber la lecture de deux
(bas de) pages.
Tout en bas, donc, de la seconde colonne de la
page 8, il aurait fallu pouvoir lire : « … et j'ai la prétention
du colibri. » Et tout en bas de la première colonne de la
page 27, l'Échotidien du 22.11 se terminait par : « Quand
on n'aura plus de panem, il nous restera toujours les
circenses. »
Nos plus plates (mais néanmoins sincères) ex-
cuses accompagnent donc nos meilleurs vœux pour une
nouvelle et féconde année feuillevertesque.
Le Comité de lecture de La Feuille Verte
7
Vote du budget
QUELQUES EXPLICATIONS UTILES
Nombre de gens se sont interrogés sur le vote
des parlementaires écologistes concernant le Projet de
Loi de Finances (PLF), notamment à la suite de l'adop-
tion, sensiblement au même moment, par le Conseil
fédéral d'EÉLV, d'une motion appelant les parlementaires
à ne pas soutenir les orientations budgétaires du gouver-
nement.
Sur le fond, rappelons tout d'abord que le
groupe écologiste partage et défend, dans l'hémicycle et
en dehors, l'idée que la sortie de la crise viendra des
investissements et du soutien à la transition écologique,
seule manière de créer des emplois et de développer un
nouveau modèle économique. Pour autant, nous ne né-
gligeons pas la nécessité de réduire les déficits et la dette
par une réforme fiscale (déjà 50 milliards d’impôts nou-
veaux sur les budgets 2013-2014 et le budget rectificatif
de 2012), et surtout par la lutte contre la fraude et l’éva-
sion fiscale pour restaurer l’assiette fiscale. Le PLF 2014
comportait comme grandes dispositions :
- La revalorisation du barème de l'impôt en fonc-
tion de l'inflation et l'augmentation de la décote et
autres exonérations pour les ménages les plus modestes.
- L'abaissement du plafond du quotient familial
impactant les familles aisées (seuls 13 % des foyers fis-
caux ayant des enfants mineurs à charge ou des majeurs
rattachés seront concernés par la mesure).
- Une taxe exceptionnelle de 50 % sur la part des
rémunérations versées par les entreprises en 2013 et
2014 se situant au-delà de 1 million d’euros.
- Un meilleur contrôle fiscal des prix de transfert
des grandes entreprises pour limiter leur optimisation
fiscale. (Cela complète les dispositions de la loi Fraude
qui a déjà fait revenir 9 000 ménages pour une recette
d’un milliard d’euros.)
- La fiscalisation à l’impôt sur le revenu des ma-
jorations des retraites des personnes ayant eu plus de
trois enfants.
- L'augmentation progressive de la TICPE (1) sur
la période 2014-2016 en fonction du contenu carbone
des produits. C’est le point de départ de la fiscalité éco-
logique.
- Concernant les agrocarburants, une baisse de
la défiscalisation en 2014 et 2015 et la fin de la niche le
1er janvier 2016 (au lieu de 2015).
- L'augmentation du malus auto et l'ajout d'un
seuil bas à 130 g au lieu de 135.
- Le doublement de la surtaxe sur l'impôt
sur les sociétés concernant les entreprises de plus
de 250 millions d'euros de chiffre d'affaire.
En ce qui concerne les dépenses, ce
budget contient une économie de 15 milliards d'eu-
ros (9 pour l’État, dont 1,5 sur les dotations aux col-
lectivités territoriales, et 6 pour la Sécurité sociale).
Il comporte également une augmentation (minime)
du RSA, et la revalorisation des bourses que tou-
chent 600 000 étudiants. Un budget en hausse pour
les politiques de l'emploi, et stable pour l'ESS (2) et
la sécurité alimentaire.
Sur les dépenses, nous n'avons pas voté
trois budgets : celui de la défense (défense nu-
cléaire), celui de l'enseignement supérieur et de la
recherche (une part importante est consacrée à la
recherche nucléaire) et celui de l'immigration (non-
respect de l'engagement de fermer des centres de
rétention).
Le CICE (3) et la hausse de la TVA intermé-
diaire ne figuraient pas dans ce PLF mais ont été
intégrés par amendements gouvernementaux (sur
lesquels nous avons voté contre ou nous sommes
abstenus) dans la loi de finances rectificative 2012,
adoptée il y a un an. Pourtant, nous avons continué
à défendre la non-augmentation de la TVA et l'orien-
tation des aides aux entreprises vers les PME/TPE
(4) et l'ESS pendant toute l'étude du budget.
8
Voyons maintenant ce que nous avons ob-
tenu.
1) En amont de la présentation du projet de loi
de finances:
La TVA réduite pour la construction et la
rénovation des logements sociaux.
Une hausse du budget consacré au loge-
ment et à l'égalité des territoires.
L'instauration d'une contribution climat
énergie, dont l’intégration dans la loi de finances s’est
faite deux ans plus tôt que prévu sous la pression des
écologistes.
2) Pendant le débat parlementaire :
La TVA réduite pour la rénovation ther-
mique des logements.
La TVA réduite pour les travaux induits par
les travaux de rénovation énergétique des logements.
La TVA réduite pour les ciné-clubs
(structures associatives).
La TVA réduite pour les logements-foyers
et structures d'hébergement d'urgence.
La suppression de l'article mettant fin à la
déduction d'impôt pour les enfants scolarisés.
Le renforcement du régime d'abus de droit
pour renforcer la lutte contre la fraude : l’abus de droit
n’est plus considéré comme tout acte ayant pour but
exclusif de minorer son imposition, mais comme but
principal.
L'exclusion des terrains utilisés pour des
besoins agricoles (y compris les terres en jachère) de la
majoration obligatoire de la taxe foncière afin de limiter
l'artificialisation des sols.
La TVA à taux plein pour certains engrais et
produits assimilables (au lieu de la TVA intermédiaire).
Sur la forme, soulignons que le vote du
budget est considéré comme un vote de confiance en-
vers le gouvernement. Une abstention du groupe à
l'assemblée serait donc considérée par nos partenaires
(mais aussi par l'ensemble de la presse et de l’opinion)
comme un acte de rejet de la politique gouvernemen-
tale. Cela ouvrirait une crise gouvernementale qui se
traduirait par la sortie d'EÉLV du gouvernement et des
groupes parlementaires de la majorité.
Le vote de la première partie (recettes) en pre-
mière lecture a eu lieu le 22 octobre 2013 à l'Assemblée
nationale. Le groupe écologiste s'est prononcé pour.
Le vote de la deuxième partie (dépenses) a eu
lieu le 19 novembre 2013 à l'Assemblée nationale. Le
groupe s'est prononcé pour.
Le vote de la première partie a eu lieu le
27 novembre 2013 au Sénat. Le PLF a été rejeté. Ce
rejet étant assuré par une alliance entre l'UMP et le
Front de Gauche, nous disposions d'une plus grande
liberté de vote. Le groupe écologiste s'est abstenu.
Le vote du PLF en deuxième lecture a eu
lieu le 13 décembre 2013 à l'Assemblée.
Ainsi, lorsque la motion du Conseil fé-
déral d'EÉLV a été adoptée le week-end des
14-15 décembre, il ne restait plus que le vote en
lecture définitive sur la loi de finances. Au cours de
la lecture définitive, on ne peut plus déposer
d'amendements et donc modifier ce projet de loi de
finances.
Alors que le travail sur le PLF 2014 se ter-
mine, dès la rentrée nous travaillerons sur le budget
2015 afin de peser en amont sur les choix du gou-
vernement en matière de réforme de la fiscalité, de
lutte contre l’évasion fiscale, de réduction des dé-
penses publiques, de résorption des déficits et de la
dette. Nous continuerons à porter nos propositions,
notamment en matière de suppression des niches
fiscales et de fusion de l'impôt sur le revenu et de la
CSG.
Éric Alauzet
Député du Doubs
(1) Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques. (2) Économie solidaire et sociale. (3) Crédit d'impôt compétitivité emploi. (4) Petites et moyennes entreprises / Très petites entre-prises.
9
UN RÊVE D'HUMANITÉ
Madiba
Je ne vénère pas les grands
hommes, ceux qui se sont inventé un
destin céleste : bondir sur les chevaux
de l'Histoire et, le glaive à la main, gui-
der le peuple vers des horizons prodi-
gieux, puis régner en despote éclairé,
adulé, statufié, pour finir embaumé
dans la légende.
Certes, ils ont su parfois
porter, voire incarner les rêves d'une
nation, mais n'ont que rarement su
éviter l'appropriation plus ou moins
répressive du pouvoir.
Pourtant, il est pour moi des hommes qui
suscitent un immense respect, dont le souvenir demeu-
rera un point lumineux dans les mémoires, non parce
qu'ils furent des grands hommes, mais tout simplement,
si simplement, des hommes porteurs jusqu'à l'incandes-
cence d'un rêve d'humanité.
Madiba est de ceux-là.
Si la mort de Nelson Mandela provoque
une telle émotion, n'est-ce pas parce que nous ressen-
tons intuitivement qu'il ne fut pas un homme de pouvoir,
mais un homme révolté au sens de Camus, un homme
qui dit non à un ordre qui l'oppresse et qui sait qu'il ne
peut renverser durablement cet ordre, atteindre un idéal
de liberté, sans la justice ? Il sait que cette justice n'est
pas la vengeance qui conduit à la terreur et à la suspen-
sion de la liberté. Il sait qu'il ne peut remplacer une do-
mination par une autre, il sait qu'il se doit de rechercher
dans l'autre ce que - au-delà de ce que l’apartheid a éri-
gé comme différence radicale, insurmontable, insuppor-
table - il y a de lui-même.
« L’esclave dressé contre son maître ne se
préoccupe pas, remarquons-le, de nier ce maître en tant
qu'être. Il le nie en tant que maître. Il nie qu'il ait le droit
de le nier, lui, esclave, en tant qu'exigence. Le maître est
déjà déchu dans la mesure même où il ne répond pas à
une exigence qu'il néglige. Si les hommes ne peuvent pas
se référer à une valeur commune, reconnue par tous en
chacun, alors l'homme est incompréhensible à
l'homme. » (1)
Il ne s'agit pas de vaincre, si ce n'est
vaincre la peur, la sienne comme celle de l'oppresseur. Il
s'agit de rendre libre.
Je me souviens du moment
de la libération de Mandela.
Comme pour d'autres, une partie de
mon engagement militant était liée à
la question de l'apartheid (boycott
des oranges Oustpan) et nourrie par
la lecture d'André Bink (2), après le
massacre de Soweto en 1976 et
l'assassinat de Steve Biko en 1977.
Alors j'ai guetté devant la télévision
cet instant où la chanson de Johnny
Clegg,
Asimbonanga (« Nous ne l'avons pas
vu ») prit un autre sens. Il avançait, impressionnant de
maîtrise, de tranquillité, le poing tendu, non comme un
défi mais pour dire combien vingt-sept années d'empri-
sonnement n'avaient en rien entamé sa détermination,
sa révolte, et que la nation arc-en-ciel allait advenir. Je
pouvais croire (même de loin, même modestement) que
j'avais contribué à ce moment.
Rassurez-vous, je ne vais pas céder à l'indé-
cence, que dénonce avec force Breyten Breytenbach (3),
du « cortège de crocodiles », des « pleureuses de cir-
constance », des « vautours qui s'étripent déjà pour
s'emparer des lambeaux d'autorité morale du dé-
funt »(4). Mais ce souvenir lointain, rêvé, réinventé
comme tous les souvenirs, ne serait-il pas porté par la
voix tout à la fois douce et forte qui s'est tue : qu'as-tu
fait de ta révolte ?
Que reste-t-il de notre révolte ? Seulement
une envie de pouvoir ?
Que reste-t-il de la révolte de tous ceux qui fu-
rent écrasés par un régime ignoble, lequel a trop long-
temps bénéficié du silence complice de nos pays démo-
cratiques, dans une Afrique du Sud aujourd'hui en proie
à une violence inimaginable (5), une Afrique du Sud où
se creusent les inégalités, où les pâles successeurs de
Mandela dilapident un héritage qui ne leur appartient
pas ?
À l'heure du deuil, du chagrin et de la fierté que
partagent ensemble les habitants de ce pays, à l'heure
où cette unité si douloureusement conquise s'exprime, à
l'heure de célébrer une vie, pour ne pas céder à la nos-
talgie ou au mythe, ne faut-il pas faire résonner cette
question, celle d'une fidélité à une certaine idée de nous
-mêmes et du rapport aux autres ?
10
Et si le plus sincère des hommages était non pas
de figer un homme dans le marbre d'une statue rehaus-
sée d'or, mais de garder en soi cette lancinante cons-
cience du prix de la liberté, de la sienne et de celle d'au-
trui ?
Des larmes coulent en moi, une émotion
m'étreint. Je pleure un homme dont le temps et les
épreuves ont laissé le visage sans rancœur, sans colère.
Je pleure un homme au sourire désarmant de bienveil-
lance. Je pleure un homme dont le souvenir n'appelle
aucune dévotion béate, aucune admiration grandilo-
quente ; je pleure un homme dont le souffle d'humanité
ne s’éteint pas avec sa mort, mais dont je sais la force et
la fragilité dans un monde incertain et trop souvent bar-
bare.
Hamba kalhe, Nkos (6).
Michel Boutanquoi
(1) Albert Camus, L'homme révolté, Paris, Galli-
mard, 1951
(2) André Brink, Au plus noir de la nuit, Paris,
Stock, 1976
(3) Libération des 7 et 8 décembre 2013,
p. 22.
(4) Entendre Mugabe, abominable dictateur du
Zimbabwe, accroché au pouvoir depuis plus de trente
ans, se fendre d'un hommage confine à la pire des igno-
minies. De même pour quelques princes ou princesses
bien de chez nous, qui nous ont servi leur dégoulinante
émotion, de radio en radio, de plateau télé en plateau
télé, pour narrer des souvenirs qui réduisent la ren-
contre avec cet homme à un moment de dégustation de
guimauve.
(5) Dans son roman Zulu (Folio), Caryl Férey en
donne une description saisissante d'effroi.
(6) Ainsi Breyten Breytenbach conclut-il son hom-
mage : Repose en paix, seigneur. Le terme me semble
désigner ici la noblesse d'un homme.
Invictus
Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux, quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière.
Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré.
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé.
En ce lieu de colère et de pleurs
Se profile l’ombre de la mort,
Et je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur.
Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.
Poème de William Ernest Henley, dont on dit qu'il
fut le poème préféré de Mandela (repris dans le film de
Clint Eastwood).
11
Benyamin Netanyahou ne s'est pas rendu en
Afrique du Sud pour l'hommage planétaire à Nelson
Mandela. Officiellement, le gouvernement israélien a
évoqué des problèmes de budget, ce qui paraît particu-
lièrement mesquin. Les raisons de cette absence sont
ailleurs et transparaissaient assez clairement dans les
propos des commentateurs de la chaîne israélienne de
propagande en français i24news, ceux-ci « rappelant »
que l'ANC était une organisation terroriste prônant la
violence et que la situation des Palestiniens n'a rien à
voir avec l'apartheid puisque Israël est un pays démocra-
tique. Pourtant, nous n'avons pas oublié qu'Israël a colla-
boré très étroitement avec le régime sud-africain de
l'apartheid, y compris au niveau militaire, et qu'il a été
un de ses principaux soutiens en refusant de s'associer
aux mesures internationales de boycott.
Voici des extraits de la lettre écrite en mars 2001
par Nelson Mandela au journaliste du New York Times
Thomas Freedman :
« Le conflit palestino-israélien n’est pas seule-
ment un problème d’occupation militaire et Israël n’est
pas un pays qui a été créé « normalement » et qui s’est
mis à occuper un autre pays en 1967. Les Palestiniens ne
luttent pas pour un « État » mais pour la liberté, la libéra-
tion et l’égalité, exactement comme nous avons lutté
pour la liberté en Afrique du Sud. »
« Pour l’occupation israélienne de la Cisjordanie
et de Gaza, il y a un facteur supplémentaire à prendre en
compte. Les prétendues « Zones autonomes palesti-
niennes » sont des Bantoustans. Ce sont des entités res-
treintes au sein de la structure de pouvoir du système
israélien d’apartheid. »
« L’apartheid est un crime contre l’humani-
té. Israël a privé des millions de Palestiniens de leur
liberté et de leur propriété. Il perpétue un système
de discrimination raciale et d’inégalité. Il a systéma-
tiquement incarcéré et torturé des milliers de
Palestiniens, en violation du droit international. Il a
déclenché une guerre contre une population civile et
en particulier contre des enfants. Les réponses de
l’Afrique du Sud en matière de violation des droits
humains provenant des politiques de déportation et
des politiques d’apartheid ont mis en lumière ce que
la société israélienne doit nécessairement accomplir
avant que l’on puisse parler d’une paix juste et du-
rable au Proche-Orient et de la fin de la politique
d’apartheid. »
À juste titre, Nelson Mandela faisait de
nombreux parallèles entre la situation en Afrique du
Sud du temps de l'apartheid et le conflit israélo-
palestinien. Et c'est cette vérité que n'ont jamais
supportée les dirigeants israéliens.
Gérard Mamet
Disparition de Mandela
LE DÉSHONNEUR DES DIRIGEANTS ISRAÉLIENS
Arrivée de Nelson Mandela en octobre
1999 à Gaza
12
Un choix
Le groupe local EÉLV de Besançon a donc décidé de
participer aux élections municipales de 2014 dans le cadre
d'une liste d'alliance avec le PS et le PC (lequel se dé-
marque du Front de gauche), conduite par le maire sortant
Jean-Louis Fousseret.
Les discussions avaient été entamées en mars der-
nier lors d'un forum et se sont poursuivies les mois sui-
vants. Nous avons rencontré des représentants du PS et,
séparément, des organisations du Front de Gauche (1).
Différentes assemblées générales ont jalonné ce travail
d'élaboration. Celle du 5 novembre a voté pour une liste
d'union sur la base de l'accord programmatique négocié
avec le PS, celle du 3 décembre a validé la liste des candi-
dats (2).
C'est donc au terme d'un processus au cours duquel
différentes hypothèses ont été examinées que les déci-
sions ont été prises : des décisions pragmatiques, dans un
contexte local fragilisé par les déceptions sur le plan natio-
nal, avec le souci de poursuivre, d'amplifier une action et
des politiques locales que d'aucuns sont prêts à qualifier
de droite pour mieux marquer leur ancrage à gauche.
En toute autonomie
Avons-nous décidé sous la pression de Jean-Vincent
Placé, comme un encart dans L'Est républicain le laissait à
penser (3), histoire de minimiser le rôle d'Éric Alauzet qui,
au sein du groupe, s'exprime comme les autres ? Intention-
nelle ou non, volonté de discrédit ou non, cette
« information » nous fit quelque peu passer pour des gui-
gnols, mais on peut rassurer les lecteurs de La Feuille Verte
et le journaliste de L'Est : le groupe local pense par lui-
même et décide en toute autonomie.
Histoire de cumul
Que sur la liste des candidats figure Éric Alauzet a
suscité nombre de commentaires. Précisons qu'Éric sera
en 39e place sur 55 (la 9e et sans doute dernière éli-
gible pour EÉLV), qu'il ne fera pas partie de l'exécutif et
que sa candidature a été validée par le groupe. Des
exégèses n'ont pas manqué de faire référence aux
règles de cumul en vigueur à EÉLV, mais aucune n'a
relevé la contradiction qu'elles contiennent et qui font
le charme de nos textes (soupir). Éric, s'il est élu, démis-
sionnera du Conseil général. Il cumulera alors 5 points
de son mandat de député et 2 comme conseiller muni-
cipal d'une ville de plus de 100 000 habitants, soit
7 points au lieu des 6 autorisés. Or, l'article IV-3 du rè-
glement intérieur autorise « un cumul parlementaire
conseiller municipal non-exécutif hors PLM » sans fixer
de seuil en termes d'habitants ! Suivant le bout de texte
qu'on prend en référence, notre choix est ou non con-
forme. Pour le groupe, la présence d'Éric a été jugée
suffisamment utile et son expérience nécessaire.
Petite tragédie
Dans les petites choses amusantes de ce dé-
but de campagne, on ne peut pas ne pas relever les
mésaventures de notre ex-compagnon de route Didier
Gendraud. En 2008, élu sous l'étiquette des Verts, il
accéda à un poste de maire adjoint. Plus tard, juste
après les sénatoriales, en 2009, il démissionna du
groupe pour rejoindre la « société civile » (avant de
rallier le PS !) en fustigeant le « dogmatisme » des
Verts. Notons qu'il n’eut pas l'élégance de démissionner
de son poste d'adjoint qu'il devait à ces affreux écolo-
gistes. Pour 2014, il se voyait sur la liste du PS, mais
patatras ! voilà que sa candidature n'a pas été retenue.
Malgré quelques ruades médiatiques (comment peut-
on m'écarter ainsi, moi qui suis forcément incontour-
nable ?), la liste sans son nom a été approuvée par les
militants du PS. Blessé, offensé, trahi pense-t-il, Didier
Gendraud a décidé de partir à la bataille avec quelques
autres recalés. S''en prenant une nouvelle fois au
« dogmatisme » des Verts (comique de répétition), il
estime « faire les frais de l'accord Verts-PS » et brandit
Municipales à Besançon
ÉCHOS DE CAMPAGNE
13
désormais l’étendard du changement - lui qui voulait se
chauffer au feu de la continuité (4). On sourit à la fois de
se voir attribuer tant de pouvoir sur les décisions internes
du PS (5) et du spectacle de boulevard assez pathétique
qui nous est offert - pour la tragédie il faudrait un peu plus
de talent.
Une bataille difficile
Nous savons que le choix de poursuivre un enraci-
nement local nous sera reproché par tous les électeurs
profondément déçus par la politique gouvernementale à
laquelle EÉLV est associé. Comment ne pas les com-
prendre quand le préfet de Loire-Atlantique publie des
arrêtés autorisant les travaux à Notre-Dame-des-Landes ?
Provocation ? Inconscience des retombées politiques en
ce début de campagne ? Énième manière de dire combien
on se fout des écologistes ?
Mais le plan national est une chose, le plan local en
est un autre, même s'il n'est pas sans lien à travers les
effets de la baisse de la contribution de l'État aux collecti-
vités territoriales. Et sur le plan local, le bilan de la pré-
sence d'EÉLV au sein de la municipalité est positif ce qui
ne veut pas dire que tout l'est (6).
Nous n'avons renoncé en rien à notre liberté
de parole et d'appréciation ; notre objectif, par le
bief de cette alliance, est bel et bien de conserver à
gauche la ville de Besançon dans un contexte difficile
et morose.
Michel Boutanquoi
(1) Il n' a pas été possible de rencontrer le Front de
Gauche en tant que tel. Avec ses différentes composantes,
nous avons fait un constat de convergences, mais aussi
d'une divergence assez radicale : nous ne pensons pas que,
pour les élections municipales, l'enjeu national prime sur
les enjeux locaux.
(2) Anne Vignot, Cyril Devesa qui mènent le
groupe, Pauline Jeannin, Claudine Caulet (qui ne sont pas
adhérents d'EÉLV, Pauline est coopératrice), Françoise
Presse, Catherine Thiébaut ; Rémi Sthal et Gerard Van
Helle (qui ne sont pas adhérents), Anthony Poulin, Éric
Alauzet.
Les éléments du programme feront l'objet d'une
communication précise lors de la campagne, ce qui nous
oblige à une certaine réserve aujourd'hui.
(3) À ce jour, il n'a pas été possible de savoir ce
que JVP avait véritablement déclaré, d'obtenir la moindre
information de sa part malgré plusieurs demandes.
(4) Cf. La Presse Bisontine n°150.
(5) Même dans nos rêves les plus fous, nous
n'osons l'imaginer.
(6) http://franchecomte.eelv.fr/2013/01/03/
besancon-2008-2012-le-bilan-des-elus-eelv/
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1. Boissons énergisantes : un cocktail ex-
plosif
Les boissons énergisantes sont très à la
mode chez les jeunes. Elles contiennent des substances
qui n'ont rien d'anodin : caféine, guarana, taurine, qui
sont des excitants du système nerveux. Les risques
sont : énervements, angoisses, vertiges et peuvent aller
jusqu'à des troubles du rythme cardiaque. Elles con-
tiennent aussi beaucoup de sucre, jusqu'à l'équivalent
de 9 morceaux par canette de 25 cl. Pris avant l'effort,
ce type de boisson peut entraîner une hypoglycémie de
réaction, et pendant l'effort accélérer la déshydrata-
tion. (Valeurs Mutualistes n° 287, magazine de la
MGEN, novembre/décembre 2013, pp. 30-31)
Commentaire : Il ne faut pas confondre bois-
sons énergisantes et boissons énergétiques. Ces der-
nières contiennent de l'eau, des sels minéraux et du
sucre en quantité limitée, mais pas d'excitants. Il est
prouvé que les boissons énergisantes n'améliorent pas
les performances, tout au plus retardent-elles le seuil
de l'endormissement. Elles sont un marché très juteux
pour les fabricants, qui jouent sur des slogans publici-
taires accrocheurs. (En 2012, le chiffre d'affaire de
Red Bull a approché les 5 milliards d'euros). L'Agence
nationale de Sécurité sanitaire (Anses) est en train
d'étudier d'un peu plus près les risques.
2. Le taux de recyclage du plastique doit
doubler en cinq ans
En France, le taux de recyclage global des
emballages est de 67 %. Mais les disparités sont impor-
tantes : 80 % pour le verre, 55 % pour le carton et seu-
-lement 22 % pour le plastique. On sait assez bien recy-
cler les bouteilles et les flacons en plastique et pour
eux, on peut viser les 100 %. C'est plus compliqué pour
les barquettes, les pots et les sacs et il faudrait dévelop-
per de nouvelles techniques de tri et de recyclage et
améliorer, dans la conception, la recyclabilité des em-
ballages. (Les dossiers de la Recherche n° 7, décembre
2013 - janvier 2014, pp. 96- 97)
Commentaire : En plus du ramassage, du tri et
du recyclage des matières plastiques, il y a trois autres
enjeux :
- Changer de matière première pour la produc-
tion des plastiques et passer du pétrole à de la bio-
masse végétale qui, elle, est renouvelable. Le Brésil
fabrique déjà des bioplastiques à partir de la bagasse,
résidu fibreux de la canne à sucre.
- Rechercher la neutralité chimique des embal-
lages en éliminant les substances chimiques dange-
reuses qui diffusent des contenants vers les contenus.
Les techniques d'aujourd'hui permettent de détecter
des quantités infinitésimales de substances.
- Continuer de réduire la quantité d'emballages
à la source. Le tonnage annuel des emballages a dimi-
nué de 10 % entre 1994 et 2009. Il faut intensifier l'ef-
fort.
3. Comment refroidir de façon durable ?
Depuis son invention il y a 150 ans, la produc-
tion de froid s'est imposée dans des secteurs variés :
conservation des aliments et des médicaments, liqué-
faction du gaz naturel, climatisation, etc. Un système
14
Science et écologie
RED BULL, RECYCLAGE DES PLASTIQUES,
FROID DURABLE ET VIE PRIVÉE
La science pour éclairer les choix de l'écologie politique.
La réflexion politique pour développer la critique de la science.
frigorifique fonctionne avec un fluide frigogène (1) au
cours d'un cycle de compression et de détente. C'est au
cours de la détente que le froid est produit. On estime
que la production de froid consomme 15 % de l'électricité
mondiale. Mais les fluides frigogènes posent d'autres
problèmes environnementaux. A partir de 1987, on a
abandonné les CFC (2), responsables du trou dans la
couche d'ozone, pour les remplacer par des HFC (3). Si les
HFC n'ont pas d'impact sur la couche d'ozone, ce sont de
puissants gaz à effet de serre. Ils pourraient représenter
7 % de l'effet de serre en 2050, en plus de l'effet lié à la
production de l'électricité du froid. (Pour la Science
n° 434, décembre 2013, pp. 17-18)
Commentaire : Les solutions sont connues et il
faut qu'elles soient développées rapidement :
- Production de l'électricité du froid à partir
d'énergies renouvelables et meilleure isolation.
- Développement de systèmes intégrés produisant
en même temps de la chaleur et du froid.
- Limitation des fuites et récupération ou destruc-
tion des fluides frigogènes.
- Remplacement progressif des HFC par des subs-
tances sans effet de serre, tels l'ammoniac et les hydro-
carbures.
4. Une vie privée est-elle encore possible ?
Le système de guidage GPS et le téléphone por-
table permettent la géolocalisation (4), le premier à partir
des satellites et le second à partir des antennes-relais.
Les opérateurs disent qu'ils n'enregistrent dans les bases
de données que des informations anonymes. Pourtant
des chercheurs ont montré qu'avec très peu d'informa-
tions même anonymes, par des recoupements judicieux,
ils pouvaient casser l'anonymat et retrouver les identités.
Dans le cas des banques, la confidentialité est encore
plus problématique ; elles ont beaucoup d'informations
que les usagers donnent involontairement et en con-
fiance : salaire, allocations familiales, cotisation à un syn-
dicat, facture de restaurant, etc. Autre exemple : la ré-
forme du système de santé anglais prévoit la récupéra-
tion centralisée de toutes les données concernant les
patients. Il y a donc des quantités phénoménales de
données qui circulent sur le web à propos de chaque
utilisateur d'internet et les systèmes de protection sont
faillibles. (La Recherche n°482, décembre 2013, pp. 38-
42)
Commentaire : Généralement, les serveurs
gardent beaucoup d'informations confidentielles. Les
premiers ennuis subis par l'utilisateur d'internet vien-
nent des annonceurs, qui rachètent ou récupèrent de
manière plus ou moins légale des données personnelles.
Les entreprises peuvent ainsi cibler leur marketing en
fonction du profil de chaque consommateur. Mais le
lanceur d'alerte Edward Snowden a révélé aussi que,
sous prétexte de lutte contre le terrorisme, des millions
de personnes pouvaient être épiées, écoutées, espion-
nées, en toute illégalité, par la NSA (5) à travers le
monde entier, y compris les chefs d'État de pays
« amis ». Le premier objectif est l'espionnage écono-
mique, permettant aux entreprises américaines d'avoir
un énorme avantage concurrentiel grâce aux informa-
tions techniques collectées et à la connaissance de l'état
d'esprit des adversaires. Mais il y a un danger plus grave
encore, qui menace la démocratie elle-même. Par l'ana-
lyse des données personnelles des citoyens, un gouver-
nement ou un groupe social malveillant peut disposer
d'une connaissance extrêmement précise, à la fois indivi-
duelle et collective, de la population et de son état d'es-
prit. À partir de ces renseignements, il peut procéder à
des manipulations à grande échelle. La gestion des don-
nées personnelles devrait donc être strictement enca-
drée afin d'empêcher toutes les formes d'indiscrétion et
de malversation. Est-ce encore possible ?
Gérard Mamet
(1) Qui produit du froid.
(2) Chlorofluorocarbures.
(3) Hydrofluorocarbures.
(4) Procédé qui permet de positionner un objet ou une personne sur un plan ou une carte à l'aide de ses coordon-nées géographiques.
(5) National Security Agency : Agence de la Sécurité natio-nale américaine, responsable de la collecte du renseigne-ment d'origine électromagnétique (téléphone, internet...).
15
16
Le 9 juin 2011, la Chancelière Angela Merkel an-
nonçait une accélération du processus d’arrêt des cen-
trales nucléaires allemandes, précisant que l’accident de
Fukushima l’avait fait changer d’avis sur une éventuelle
reprise du nucléaire dans son pays. L’Allemagne a ainsi
fermé rapidement 8 de ses 17 réacteurs, en attendant
l’arrêt de la totalité avant 2022.
Cette annonce a aussitôt déclenché en France une
rumeur tenace : « Les Allemands vont produire leur élec-
tricité à partir du charbon dont regorge encore leur sous-
sol et rejeter ainsi plus de gaz à effet de serre. » Des jour-
naux et émissions de TV ont annoncé la disparition de
villages entiers à cause de l’extension des mines de lignite
à ciel ouvert, en Allemagne. On peut se demander quel
lobby avait intérêt à orchestrer une telle campagne mé-
diatique en France…
Qu’en est-il réellement de l’autre côté du
Rhin en matière de production d’électricité ? D’après les
données du ministère allemand de l’Économie et de la
Technologie (voir tableau), entre 2010 et 2012, on cons-
tate que l’Allemagne :
- produit moins d’électricité nucléaire
(- 29,58 %),
- consomme de moins en moins d’électricité
(- 2,65 %),
- produit beaucoup plus d’énergie renouve-
lable (+ 30,68 %)
- malgré une augmentation de 4,98 %
d’électricité à partir du charbon (lignite), produit moins
d’électricité à partir des énergies fossiles prises dans
leur ensemble (charbon, pétrole, gaz, etc.).
Cette augmentation passagère de la consomma-
tion de charbon, pour produire de l’électricité (en mil-
lions de tonnes équivalents pétrole : de 76 Mtep en
2011 à 79 Mtep en 2012, soit 3,95 %), est due au fait
que les industriels ont voulu profiter de l’effondrement
des cours de cette matière, dû à la concurrence des
énergies renouvelables (effet paradoxal) et à la produc-
tion de gaz de schiste au niveau mondial. Mais les éner-
géticiens allemands prévoient d’arrêter une trentaine
de centrales électriques conventionnelles (charbon,
gaz) à l’avenir (d’après Jochem Homann, président de
l’Agence des réseaux). En août, RWE, numéro deux alle-
mand du secteur, avait annoncé la fermeture de plu-
sieurs centrales, et son grand concurrent EON prévoyait
de faire de même. Enfin, l’on sait que le charbon n’est
pas utilisé seulement pour produire de l’électricité,
mais aussi, notamment, dans la production directe de
chaleur dans l’industrie ou certaines chaufferies collec-
tives, et cela partout dans le monde.
Allemagne
DU CHARBON À LA PLACE DU NUCLÉAIRE ?
17
Avec l’augmentation de la production d’électricité
renouvelable (solaire et éolienne), les quelques cen-
trales conventionnelles restantes, et plus particulière-
ment celles fonctionnant au gaz (pour des raisons de
mise en service rapide), seront utilisées seulement à la
marge, comme filet de sécurité pour les jours où le vent
ne souffle pas et où le soleil ne brille pas.
Ce développement des énergies renouvelables
est tel que l’Allemagne exporte maintenant plus d’élec-
tricité (+ 25,98 % en 2 ans), notamment vers la France,
qu’elle n’en importe.
L'électricité est plus chère en Allemagne. En re-
vanche, les ménages allemands consomment beaucoup
moins qu'en France (25 % de moins, hors chauffage élec-
trique).
Avec son parc nucléaire imposant, épée de
Damoclès au-dessus de la planète entière, la France n’a
donc pas vraiment de crédibilité pour montrer du doigt
sa voisine l’Allemagne, qui projette de sortir du nucléaire
pour des énergies renouvelables et non polluantes.
Patrick Bourque
Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comté
(14, rue de la République, 25000 Besançon)
Directeur de publication : Gérard Roy
Comité de lecture : Michel Boutanquoi, Gérard Mamet,
Gérard Roy, Suzy Antoine
CPPAP: 0518 P 11003
Maquette : Corinne Salvi Mise en page : Suzy Antoine
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Dans un article paru dans Alternatives Écono-
miques de décembre 2013 (1), le démographe François
Héran nous explique les raisons de la relative stabilité des
flux migratoires et de la quasi-impossibilité qu'ils dimi-
nuent.
Les statistiques parlent d'elles-mêmes
Il y a chaque année en France un peu moins
de 200 000 premiers titres de séjour accordés à des
étrangers et ce nombre est à peu près stable depuis
10 ans. Quand on analyse les motifs des demandes, on
obtient la répartition suivante (chiffres arrondis) :
- étudiants : 60 000.
- conjoints de Français : 50 000.
- regroupement familial : 35 000
- réfugiés : 18 000
- migrants économiques non saisonniers : 16 000
- divers : 12 000
Réduire le nombre d'étudiants étrangers condui-
rait à diminuer l'influence de la France et son rayonne-
ment culturel dans le monde et à renier la francophonie.
Et pour empêcher d'épouser qui l'on veut et de vivre en
famille, il faudrait, écrit François Héran, « résilier les con-
ventions internationales et mettre la France au ban des
nations ».
Immigration économique et droit d'asile
Quant au discours récurrent sur la nécessité de
réduire l'immigration pour réduire le chômage, on
comprendra facilement que diviser par deux le
nombre de migrants économiques « n'est d'aucun se-
cours quand on a 3,3 millions de chômeurs » (1). D'au-
tant plus que, dans la plupart des secteurs qui font
appel à une nouvelle main-d'œuvre étrangère, il s'agit
d'emplois dont les Français ne veulent pas.
Il reste les 18 000 réfugiés acceptés chaque an-
née. La France n'est qu'au 10e rang dans l'Union euro-
péenne pour l'accueil des demandeurs d'asile et ne
peut pas prétendre faire preuve d'une grande généro-
sité. Et là, il y a un vrai problème de cohérence poli-
tique. Prenons l'exemple de la question syrienne. D'un
côté les dirigeants français fustigent, à juste titre, le
régime de Bachar El Assad et ses exactions contre sa
population, et de l'autre la France n'accueille que...
500 Syriens, au titre du droit d'asile - dix fois moins
que l'Allemagne et alors que le Liban en accueille plus
d'un million et la Turquie 300 000 !
On voit bien, à la lumière des statistiques, que la
proposition du FN de réduire d'un facteur 10 le
nombre d'entrées, ou même celle de la droite de le
diviser par 2, sont aussi absurdes qu'irréalistes et n'ont
que des objectifs populistes jouant sur un fantasme
d'invasion totalement infondé.
Gérard Mamet
(1) « Nous sommes tous des Français involontaires »,
Alternatives Économiques n° 330, décembre 2013, pp
67-68.
Immigration en France
LA RÉALITE DES NOMBRES
19
Grogne. Selon CSA, les Français ont une vision
négative des partis politiques, des syndicats, du Parle-
ment, du droit de vote des étrangers aux municipales,
de la dépénalisation du cannabis, des 35 heures, du
mariage pour tous et de la fin du service militaire ! Fina-
lement, il n'y a que d'eux-mêmes qu'ils ont une vision
positive, les Français.
Lapsus. Bernard Debré, l'un des protecteurs de
NKM, estime que, quand les listes de cette dernière
seront bouclées, « ça aura une belle gueule ». On sup-
pose qu'il veut dire une sale gueule.
Gestuelle. Le type qui traduisait en langue des
signes les discours prononcés pendant la cérémonie
d'hommage à Mandela était un usurpateur. À n'en pas
croire ses yeux ni ses oreilles !
Vichnou. Jugeant « contre nature » l'homo-
sexualité (un crime selon la Cour suprême indienne), un
membre du parti nationaliste hindou BJP estime : « Si
nos parents avaient été homosexuels, nous ne serions
pas nés. » Ils ne l'ont pas été, hélas !
Fiable ? Il a été chevènementiste, puis socia-
liste, porte-parole de Guérini, puis écolo. Si seuls les
imbéciles ne changent pas d'avis, Karim Zéribi, ex-
footballeur, membre des « Grosses Têtes » de RTL et
star d'EÉLV à Marseille, doit être sacrément intelligent.
Nuance. La socialiste Isabelle Thomas princi-
pale responsable du maintien, par le Parlement euro-
péen, du chalutage en eaux profondes – une « victoire
de la raison », selon elle. Faut dire qu'au PS, elle est
secrétaire nationale à la protection du littoral, pas des
grands fonds.
Ouf ! Le pape François confirme qu'il n'est pas
marxiste. C'est rassurant. Pour Marx.
Bingo ! En association avec Renault et
Dongfeng (l'entreprise chinoise qui aura une usine
commune avec le groupe français), La Feuille Verte
organise un grand concours : le premier lecteur à pro-
poser plus con qu'un 4 x 4 urbain gagnera un 4 x 4
urbain !
Analphabète. Bernard Accoyer (se) demande
ce « qu'apporterait de plus Nadine Morano au Parle-
ment européen », lui reprochant entre autres de ne
pas être bilingue. Faudrait déjà qu'elle apprenne une
langue, la sienne.
Tricolore. Notre Rafale est « le meilleur avion
du monde », et aucun pays n'en veut ! Les étrangers
sont vraiment des cons !
Particules. Au Japon, le diesel est interdit. Au
Danemark et en Suisse, il est inexistant, car fortement
taxé. Aux États-Unis, il est plus cher que l’essence.
Pour le commentaire, voir ci-dessus.
Orthodoxe. Le père de Nadejda Tolokonniko-
va, l'une des Pussy Riot emprisonnées, comptait « lui
faire passer un colis avec dedans une icône de la
Vierge ». Manque de bol, elle est amnistiée ! Papa va
devoir revendre l'icône.
CQFD. Selon Patrick Menucci, Vincent Peillon
« applique tout ce que l'on a toujours dit dans l'opposi-
tion, mais il n'a pas le soutien qu'il mérite ». L'un expli-
quant peut-être l'autre.
UN MOIS, ÉMOIS, ET MOI (1)
Dessin publié avec
l’aimable autorisa-
tion de
Charlie Hebdo
Dessin publié
avec l’aimable
autorisation
de
Charlie Hebdo
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Crash. Accident d'hélicoptère : disparition du pro-
priétaire d'un vignoble bordelais et de son acheteur, un
milliardaire chinois. Boire ou conduire un hélico, il faut
choisir.
Olé ! L'Espagne de Mariano Rajoy inscrit la religion
au programme du bac, supprime l' « éducation pour la
citoyenneté », revient sur le droit à l'avortement, etc.
Faut avouer qu'il y a bien une différence entre la droite
et la gauche. En Espagne, du moins.
Voyou. François Bayrou blessé à une main en es-
sayant d'escalader un grillage pour voir un match de rug-
by. Le monde politique va-t-il encore longtemps tolérer
ce hooligan ?
Lorraine. La Morano fustige le « mépris de nos
traditions » dont aurait fait preuve le président de la
République en ne nous souhaitant pas assez tôt un
« joyeux Noël ». Deux commentaires : 1) Hollande re-
monte brutalement dans mon estime. 2) Il n'y aura donc
personne pour claquer définitivement le clapet de cette
conne ?
Famille. Jang Song-taek, l'oncle du jeune leader
nord-coréen Kim Jong-un, a « avoué ses crimes » avant
d'être condamné et exécuté : il refusait d'emmener son
neveu à Disneyland.
J'enrage. Au Congrès d'EÉLV, une motion
ponctuelle intitulée « La Disparition » (à faire se re-
tourner Perec dans sa tombe) prônait le « genrage »
systématique des textes. Elle a certes été repoussée,
mais près d'un votant sur deux a estimé que le mas-
sacre de la langue française ferait progresser la condi-
tion féminine. Ça fait peur.
Calissons. Maryse Joissains, maire d'Aix-en-
Provence, en garde à vue pour une affaire d'emplois
fictifs, de trafic d'influence et de détournement de
fonds. Après les Balkany, après Guéant et tant
d'autres, les sarkozystes n'ont pas fini de nous plaire.
Piste. L'ex-pilote de F1 Schumacher s'écra-
bouille le crâne en faisant du ski. Même pas foutu de
se tuer au boulot.
Solution ? Sous prétexte de défendre les
troupeaux, José Bové (député européen Vert, rappe-
lons-le !) veut abattre le loup en Suisse. Si on donnait
du Bové aux loups, vous croyez qu'ils le boufferaient ?
Gérard Roy
(1) Euh... finalement... c'était pas une très
bonne idée, les Échotidiens... Ça oblige – si on ne veut
pas tricher – à trouver quelque chose à dire même les
jours où toute inspiration fait défaut, et inversement à
opérer un choix cornélien les jours où les événements
se bousculent. Exit, donc, le très temporaire Éphémé-
ride...
Dessin publié
avec l’aimable
autorisation de
Charlie Hebdo
Encore un peu de Charlie Hebdo ?
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Dans les résolutions de 2014, il est possible, voire souhaitable, de prendre (reprendre) son adhésion à EELV dès le mois de
janvier. Plutôt que de reporter cela à plus tard et d’oublier fatalement, dites-vous qu’il faut le faire dès maintenant.
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Les vœux traditionnels