INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Problématique : À quoi sert la spécialité HGGSP ?
➢ L’exemple du Brexit.
Ateliers sur le Brexit 2h30
Objectifs :
• Travailler en équipe, par groupes de 3 élèves.
• Restituer à l’oral les réponses du groupe.
• Acquérir les connaissances sur le Brexit et saisir la pertinence des disciplines mobilisées par l’HGGSP.
- Atelier 1 : Le regard de l’histoire
- Atelier 2 : Le regard de la géographie
- Atelier 3 : Le regard de la géopolitique
- Atelier 4 : Le regard de la science politique
Présentation de la spécialité HGGSP 1h30
- L’organisation, le programme et les capacités visées
- Les attendus du baccalauréat
- Le grand oral
- Les démarches
- Le matériel et le manuel Nathan
- Réflexions sur les travaux de groupe.
INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
ATELIER 1 : Le regard de l’histoire sur le Brexit
Document 1 : Le Royaume-Uni et l’Europe depuis la Seconde Guerre mondiale
Interrogée par un journaliste du Gardian,
Margaret Thatcher affirme « I want my money
back ».
L’ancienne première ministre britannique, lors du
sommet européen de Dublin en novembre 1979
qui s’est soldé par un échec, veut que son pays
obtienne une participation au budget européen
plus faible. Ce qu’elle obtiendra en 1984.
Document 2 : L’histoire comme compréhension
Comprendre, donc, et non juger. C’est le but de « l’analyse
historique » par quoi débute le vrai travail de l’historien
après les préalables de l’observation et de la critique
historique […]. Marc Bloch [historien français], toujours
soucieux d’éviter toute paresse d’esprit, précise que
« comprendre n’a rien d’une attitude de passivité ».
L’historien « choisit et trie », « ordonne rationnellement
une matière ».
Préface de Jacques Le Goff, Apologie pour l’histoire,
Armand Colin, 1997, 25.
« Le Royaume-Uni et l’Europe », Jochen Gerner, Le 1 Hebdo, 6 mars 2019, p. 5.
INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
1. Document 1 : Les Britanniques ont-ils toujours été opposés à l’Europe ? Pourquoi ?
2. Document 3 : Quelles sont les explications historiques avancées par Ophélie Siméon pour expliquer
le Brexit ?
3. Documents 2 et 3 : À quoi sert l’histoire ? Vous pouvez aussi vous appuyer sur vos connaissances.
Document 3 : L’euroscepticisme, une tradition renouvelée
« Au Royaume-Uni, l’euroscepticisme est à la fois le fruit d’évolutions récentes et de traditions politiques plus anciennes,
remontant au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Dès l’amorce du processus de construction européenne, le
pays avait tenu à garder ses distances. Pour l’expliquer, il convient de dépasser le stéréotype de l’insularité. Certes, cette
méfiance est en partie porteuse d’arguments souverainistes, par ailleurs toujours présents dans le discours
eurosceptique d’aujourd’hui. Contrairement à ses voisins d’Europe continentale, le Royaume-Uni n’a pas subi
l’occupation nazie, ni n’a fait le jeu de la collaboration. Il n’a donc pas ressenti le besoin de se reconstruire via un
partenariat inter-étatique poussé. Au contraire, lors de la période dite du « consensus » (1945-1979), conservateurs et
travaillistes ont partiellement mis leurs différences politiques de côté pour rebâtir le pays, tout en s’appuyant sur des
traditions politiques nationales déjà établies : la poursuite des politiques d’État-providence (welfare state), amorcées
sous les gouvernements libéraux du début du siècle, et la réaffirmation de la souveraineté parlementaire. De fait, la
confiance dans le Parlement de Westminster (à Londres) comme rempart contre les ingérences politiques, qu’elles
viennent du monarque tenté par la tyrannie ou par des puissances extérieures, est au cœur des principes
constitutionnels britanniques depuis le XVIIIe siècle, et demeure depuis lors l’un des piliers de l’identité nationale.
Mais parallèlement à ce discours souverainiste, la méfiance envers l’Europe se nourrit d’arguments internationalistes.
Fort du souvenir de l’Empire, le Royaume-Uni a perçu le marché commun en formation comme un cadre trop étriqué
pour ses ambitions mondiales. D’un point de vue géopolitique, les priorités sont donc allées au renforcement de la
special relationship avec les États-Unis, et au maintien des liens post-coloniaux dans le cadre du Commonwealth. Cet
engagement extra-européen avait en outre l’avantage d’offrir un contrepoids au couple franco-allemand, dont la
puissance ne cessait de s’affirmer.
Ces réticences initiales peuvent donc s’entendre comme un conflit entre des cultures politiques fortement différenciées.
Dans cette perspective, il n’est pas étonnant que l’adhésion du Royaume-Uni à la CEE en 1973 ait été placée sous le
signe de l’intérêt économique plus que sous celui de la coopération politique. Le gouvernement conservateur d’Edward
Heath estimait en effet que le marché commun constituait un cadre favorable à l’exercice du libre-échange. Par
conséquent, la méfiance envers l’Union européenne n’a pas disparu après 1973. Elle a même gagné du terrain, à mesure
que la construction européenne dépassait précisément le simple cadre économique de ses débuts pour affirmer sa
vocation politique supranationale. La politique thatchérienne a eu son influence : la glorification d’un idéalisme néo-
libéral allait de pair avec la volonté de faire cavalier seul face à l’UE. Mais l’euroscepticisme britannique a surtout connu
un regain sans précédent depuis les années 1990 et la ratification du traité de Maastricht, sous le gouvernement de
John Major. Le rejet de la monnaie unique et de Schengen visaient à préserver les intérêts et l’intégrité de la nation face
à l’interférence supposée des bureaucrates bruxellois. Cette période a également confirmé l’évolution du discours
eurosceptique vers la droite de l’échiquier politique. Au sein du parti conservateur tout d’abord, notamment au sein
d’une aile dure qui se veut l’héritière du thatchérisme face au « conservatisme empathique » (compassionate
Conservatism) défendu par le gouvernement de David Cameron. Le succès du UKIP (United Kingdom Independence
Party), parti populiste arrivé en tête des élections européennes de 2014, a quant à lui popularisé un argument jusque-
là marginal dans les cercles eurosceptiques britanniques : la revendication d’un retrait pur et simple de l’UE. Si le parti
s’appuie sur la tradition souverainiste du pays, entre défense de la livre sterling et rejet de la bureaucratie européenne,
il bâtit également sa stratégie sur un contexte social particulièrement tendu, où le spectre de l’étranger est sans cesse
brandi. Depuis la vague d’immigration des travailleurs originaires d’Europe de l’Est amorcée en 2004 avec l’expansion
de l’UE, jusqu’à l’actuelle crise des réfugiés en passant par la récession de 2008, la conjoncture n’a fait que renforcer
l’euroscepticisme des Britanniques. »
« L’euroscepticisme, une tradition renouvelée », [en ligne], La vie des idées, 23 juin 2016 [consulté le 6 septembre 2019]
https://laviedesidees.fr/Brexit-et-euroscepticisme.html
Ophélie Siméon est maîtresse de conférences en Civilisation britannique à l’Université Paris 3 (laboratoire CREC).
INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
ATELIER 2 : Le regard de la géographie sur le Brexit
Document 1 : L’euroscepticisme en Europe en 2012
« L'euroscepticisme menace-t-il l'Europe ? », [en ligne], Le Figaro, 12 mai 2013 [consulté le 6 septembre 2019] http://www.lefigaro.fr/mon-figaro/2013/05/12/10001-20130512ARTFIG00140-l-euroscepticisme-menace-t-il-l-europe.php
Document 2 : Le Brexit divise le Royaume-Uni
« Trois cartes pour expliquer le vote en faveur du Brexit », [en ligne], BFMTV.com, 24 juin 2016 [consulté le 6 septembre 2019] https://www.bfmtv.com/international/trois-cartes-pour-expliquer-le-brexit-995904.html
Document 3 : Une fracture générationnelle
« Londres contre le reste de l'Angleterre, l'Ecosse et le Pays de Galle contre
l'Angleterre. Si la fracture du vote au Brexit est géographique, elle est aussi
démographique. Selon ce sondage réalisé hier à la sortie des urnes par
l'institut YouGov, les écarts sont très importants selon les catégories d'âge.
Avec d'un côté des jeunes électeurs largement favorables au maintien et des
personnes âgées qui ont plébiscité la sortie de l'UE. Voilà comment se
répartissent les votes :
18-24 ans : 75% en faveur du maintien
25-49 ans : 56% en faveur du maintien
50-64 ans : 44% en faveur du maintien
65 ans et plus : 39% en faveur du maintien »
« Brexit : les personnes âgées ont voté la sortie, les jeunes le maintien », [en ligne],
BFMTV.com, 24 juin 2016 [consulté le 6 septembre 2019]
https://www.bfmtv.com/international/les-jeunes-ont-vote-le-maintien-les-
personnes-agees-la-sortie-995684.html
Document 4 : À quoi sert la géographie ?
« Les cartes inspirent confiance, et c’est bien là tout le problème.
Le crédit qui leur est apporté est très supérieur à celui dont
bénéficient un texte ou un tableau statistique. Seule la
photographie pourrait bénéficier d’une crédulité équivalente.
Pourtant, comme tous les médias, la cartographie est une
construction qui a un ou des auteurs, qui utilise des sources, qui
s’exprime par un langage. La carte, surtout la plus élémentaire,
est le résultat d’un nombre considérable de choix de la part des
cartographes ; conscients ou inconscients. Toute simplification,
toute traduction graphique est toujours quelque peu une
trahison : « une carte doit déformer la réalité » affirme d’emblée
Mark Monmonier. Or, comme la carte est une écriture technique,
les sources de déformations sont presque innombrables :
projection, généralisation, usage des variables visuelles, la pire
étant sans doute les couleurs séductrices. »
Christian Grataloup, préface à l’édition française de Mark Monmonier,
Comment faire mentir les cartes, Autrement, 2019
« Les géographes ont pu apporter d’utiles contributions, tout
comme les chercheurs d’autres sciences naturelles et sociales. En
effet leurs travaux sont largement orientés par les mutations du
monde contemporain, qu’ils observent à différentes échelles
(l’ensemble de la planète, un continent, un État, une
agglomération urbaine, une vallée de montagne…). »
Robert Marconis, Introduction à la géographie, Armand Colin,
2000, p. 14.
1. Documents 1, 2 et 3 : Dans quelle mesure les documents 2 et 3
nuancent-ils les informations du doc. 1 ? Qu’en déduisez-vous sur
l’usage des cartes ?
2. Document 4 : Selon Christian Grataloup, quelles sont les limites
des cartes ?
3. Document 4 : À quoi sert la géographie ?
INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
ATELIER 3 : Le regard de la géopolitique sur le Brexit
Document 1 : Le Royaume-Uni veut renforcer, avec le
Brexit, ses relations avec les pays du Commonwealth
"A Global Britain" [Une Grande-Bretagne mondiale]… Le mot est sur toutes
les lèvres, à commencer par celles de la Première Ministre britannique
Theresa May et de son secrétaire d'État aux Affaires étrangères Boris
Johnson. Soucieux de contrebalancer la perte de l'accès au marché unique
européen dans le cadre de la sortie de l'Union européenne (UE), les
dirigeants britanniques vantent les mérites […] du Commonwealth,
l'organisation intergouvernementale rassemblant 52 États pour la plupart
anciens territoires de l'Empire britannique.
Dans le discours de Lancaster House du 17 janvier où elle a détaillé sa
feuille de route pour le Brexit, Theresa May a fait du pouvoir de signer ses
propres accords commerciaux et douaniers avec le reste du monde une
ligne rouge de la sortie de l'UE. C'est la logique du "Hard Brexit" : pas
question de brader ce droit en échange de la conservation de l'accès au
marché commun. Pour illustrer son propos, elle évoque déjà des
discussions pour des relations rapprochées avec la Nouvelle-Zélande et
l'Inde.
« Brexit : au Royaume-Uni, remplacer l’UE par le Commonwealth ? Pas si simple »,
[en ligne], France24.com, 8 mars 2017 [consulté le 6 septembre 2019]
https://www.france24.com/fr/20170211-ue-royaume-uni-commonwealth-brexit-
remplacer-pas-simple-marche-unique-libre-echange
Document 4 : Le problème de la frontière irlandaise
« Dans le cas d’une sortie sans accord du Royaume-Uni de l’UE, les 500
kilomètres qui séparent la province britannique d’Irlande du Nord de la
République d’Irlande pourraient redevenir une frontière physique. Londres
ayant décidé de sortir du marché unique et de l’union douanière, synonymes
de liberté de circulation et de normes et droits de douane communs, des
contrôles aux frontières seront nécessaires.
Or, ce retour à une frontière entre les deux pays fragiliserait les accords de
paix du Vendredi saint, qui mirent fin, en 1998, à trente ans de conflit armé
entre nationalistes et unionistes en Irlande du Nord. Les habitants et les
entreprises des deux côtés souhaitent garder une frontière aussi invisible que
possible, au moment où 31 % des exportations nord-irlandaises allaient en
Irlande en 2016 et que près de 30 000 personnes passent quotidiennement
de l’autre côté. »
« Qu’est-ce que le backstop irlandais ? », [en ligne], Le Monde, 30 janvier 2019
[consulté le 6 septembre 2019]
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/01/30/qu-est-ce-que-le-
backstop-irlandais-au-c-ur-du-rejet-de-l-accord-sur-le-brexit_5416730_3210.html
Document 3 : Donald Trump soutient le Brexit
« Donald Trump se réjouit de la perspective du Brexit, censé intervenir
fin octobre. "Je pense que nous aurons un fantastique et grand accord
commercial avec le Royaume-Uni. Nous devrions faire beaucoup plus
affaire avec le Royaume-Uni que ce que nous faisons" actuellement, a
déclaré M. Trump avant de se rendre dans le New Hampshire, pour un
meeting de campagne. "Nous aurons une relation fantastique avec le
Royaume-Uni et un super accord commercial. Ça avance rapidement",
a ajouté, confiant, le dirigeant républicain, qui affiche régulièrement
sa proximité avec Boris Johnson. Le locataire de la Maison Blanche
s'est d'ailleurs entretenu mercredi avec le nouveau Premier ministre
britannique. "Nous nous apprécions beaucoup l'un l'autre", a-t-il dit
aux journalistes.
La semaine dernière, le chef de la diplomatie britannique, Dominic
Raab, avait dit espérer la conclusion d'un accord commercial
"ambitieux" avec les Etats-Unis, "dès que possible", après le Brexit. Le
chef de la diplomatie britannique s'était déclaré "ravi" de sa rencontre
avec Donald Trump à Washington. Dans la capitale américaine, le
ministre des Affaires étrangères avait réaffirmé que Londres était
"absolument résolu et déterminé à quitter l'UE d'ici la fin octobre",
estimant qu'un Brexit sans accord serait la responsabilité des
partenaires européens. »
« Donald Trump fait miroiter un fantastique et grand accord commercial avec
le Royaume-Uni », [en ligne], Capital.fr, 16 août 2019 [consulté le 6
septembre 2019]
https://www.capital.fr/economie-politique/commerce-trump-vante-la-
perspective-dun-accord-fantastique-avec-londres-apres-le-brexit-1347549
1. Documents 1 et 2 : Pour les partisans du Brexit au
Royaume-Uni, quels intérêts géopolitiques soutiennent
leur volonté de sortir du marché commun européen ?
2. Document 3 : Quelle est la position du président
américain sur la situation britannique ? D’après vos
connaissances tirées de l’actualité, comment l’expliquez-
vous ?
3. Documents 4 et 5 : Dans quelle mesure le document 4
est-il un sujet de géopolitique ?
Document 2 : Le Commonwealth, un enjeu pour Londres
« Mais à quoi sert vraiment le Commonwealth ?, [en ligne], Francetv.info.fr,
5 août 2014 [consulté le 6 septembre 2019]
https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/zimbabwe/mais-a-quoi-sert-
vraiment-le-commonwealth_3068131.html
Document 5 : Qu’est-ce que la géopolitique ?
« Le terme de géopolitique désigne tout ce qui concerne les rivalités de
pouvoir ou d’influence sur des territoires et donc sur les populations qui y
vivent : rivalités entre des pouvoirs politiques de toutes sortes, et pas
seulement entre des États, mais aussi entre des mouvements politiques, des
groupes armés plus ou moins clandestins ; rivalités pour le contrôle ou la
domination de territoires qu’ils soient de grande ou de petite taille […]. »
Yves Lacoste, Atlas géopolitique, Larousse, 2013.
INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
ATELIER 4 : Le regard de la science politique sur le Brexit
Document 1 : Les réseaux sociaux et leur manipulation, un nouvel « art de la guerre » en politique
« Décrit comme impétueux et reconnu pour son franc-parler, Dominic Cummings a joué un rôle considéré comme décisif en décidant de
mener une campagne basée sur les réseaux sociaux et la collecte de données personnelles plutôt que sur de traditionnels meetings politiques
lors de la campagne pour le Brexit. C'est aussi lui qui a inventé le slogan Take back control ("reprenez le contrôle"), trois mots qui ont touché
les électeurs eurosceptiques au coeur.
Mais Cummings est surtout connu pour être derrière la fake news la plus emblématique de cette campagne. Selon lui, le Royaume-Uni
économiserait 350 millions de livres par semaine en quittant l'Union européenne et pourrait, en cas de Brexit, les affecter à la Sécurité sociale.
Ce chiffre était faux, mais médiatisé par Boris Johnson (déjà lui) et imprimé en gros caractère sur un autocar rouge qui sillonnait le pays, il a
peut-être fait basculer le scrutin. »
« Dominic Cummings, le conseiller très controversé de Boris Johnson », [en ligne], JDD.fr, 25 juillet 2019 [consulté le 6 septembre 2019]
https://www.lejdd.fr/International/Europe/royaume-uni-5-choses-a-savoir-sur-dominic-cummings-le-conseiller-tres-controverse-de-boris-johnson-3911462
Document 2 : L’instrumentalisation de l’euroscepticisme
« Il n’est guère étonnant que le Brexit soit le lieu privilégié de stratégies électoralistes élaborées, visant à la (re)conquête du champ politique.
L’instrumentalisation de l’euroscepticisme est donc visible dans le contenu des débats, en particulier avec la cristallisation autour de la question des
migrants et du terrorisme islamiste. On peut aller plus loin cependant, et arguer que l’idée même du référendum est affaire d’instrumentalisation. Le
scrutin du 23 juin 2016 n’est en effet pas le fruit d’une volonté populaire, mais le résultat d’une promesse faite par David Cameron lors des élections
générales de 2015 à l’aile droite des Conservateurs [principal parti de droite contemporain]. On se retrouve donc dans une situation paradoxale : un
premier ministre pro-européen qui organise un référendum sur le retrait de l’UE. C’est le résultat d’une double pression, exercée à la fois par un parti
dont Cameron veut conserver la tête, et par la crainte de voir le vote conservateur se reporter sur le UKIP [UK Independence Party est un mouvement
politique antieuropéen et xénophobe], comme cela a été le cas lors des dernières élections européennes.
L’utilisation de l’euroscepticisme à des fins stratégiques est également à l’ordre du jour chez les travaillistes [principal parti de gauche]. Au printemps
2016, Jeremy Corbyn a surpris la classe politique en se déclarant opposé au Brexit, propulsant son parti dans le camp du stay. À une condition seulement
: que le Labour s’engage fermement dans la réforme des institutions européennes, en partenariat avec les autres groupes parlementaires socialistes de
l’Union. Il s’agit de préparer l’avènement d’une Europe plus sociale, là où les conservateurs pro-UE, David Cameron et George Osborne en tête, souhaitent
le maintien du consensus libéral, porté par le renforcement des mesures d’austérité et des politiques sécuritaires en matière d’immigration et d’accueil
des réfugiés. En se faisant le champion d’un euroscepticisme réformiste, qui ne réclamerait pas nécessairement le retrait de l’UE, Jeremy Corbyn poursuit
deux buts politiques précis. Il s’agit premièrement de gagner en légitimité au sein de son parti, dans la mesure où ses prises de position n’ont jamais fait
l’unanimité, en particulier auprès des nostalgiques du New Labour plus modéré. Deuxièmement, il souhaite affirmer son statut de chef de l’opposition. »
« L’euroscepticisme, une tradition renouvelée », [en ligne], La vie des idées, 23 juin 2016 [consulté le 6 septembre 2019]
https://laviedesidees.fr/Brexit-et-euroscepticisme.html
1. Documents 1 et 2 : Pourquoi peut-on parler d’une instrumentalisation des
enjeux européens par les partis politiques britanniques ?
2. Document 3 : Pourquoi les sondages sont-ils un outil des sciences
politiques ?
3. Documents 4 : À quoi sert la science politique ?
Dominic Cummings, JDD.fr
Document 3 : Le sondage, un outil des sciences politiques
Selon ce sondage réalisé hier à la sortie des urnes par l'institut YouGov, les écarts
sont très importants selon les catégories d'âge. Avec d'un côté des jeunes
électeurs largement favorables au maintien et des personnes âgées qui ont
plébiscité la sortie de l'UE. Voilà comment se répartissent les votes :
18-24 ans : 75% en faveur du maintien
25-49 ans : 56% en faveur du maintien
50-64 ans : 44% en faveur du maintien
65 ans et plus : 39% en faveur du maintien »
« Brexit : les personnes âgées ont voté la sortie, les jeunes le maintien », [en ligne],
BFMTV.com, 24 juin 2016 [consulté le 6 septembre 2019]
https://www.bfmtv.com/international/les-jeunes-ont-vote-le-maintien-les-personnes-
agees-la-sortie-995684.html
Document 4 : Une science plurielle
La science politique s'appuie sur la sociologie (comportements),
la science administrative (règlements) les relations
internationales (rapports de force et effets du droit) à partir
d'enquêtes de terrain, et en utilisant les méthodes des sciences
sociales (histoire, droit, sociologie), la science politique veut
comprendre les logiques sociales et culturelle à l'oeuvre dans les
comportements politiques.
D’après un entretien avec la politologue Catherine Wihtol de Wenden,
manuel scolaire de la première de spécialité HGGSP, Hatier, 2019, p. 18
Jacques Lagroye, Sociologie politique, Presses de la FNSP, 2002.
INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
FICHE-MÉTHODE JE SAIS PRENDRE DES NOTES EN CLASSE
Quelques principes de la prise de notes en classe
PRINCIPES OBJECTIFS
Être attentif
Se concentrer pour bien comprendre. Souvent, l’enseignant répète les idées importantes.
Écrire vite
Utiliser des abréviations et symboles (cf. tableau). Supprimer articles, déterminants, verbes inutiles.
Hiérarchiser les informations Distinguer l’accessoire (anecdote) des idées structurantes et des mots-clés
Reprendre ses notes et les organiser pendant ou après les cours
Pour mieux apprendre. Les notes doivent être claires, utiles.
LES ABRÉVIATIONS ET SYMBOLES
- Parmi les plus connus :
augmentation diminution
conséquence = ≠ égal /différent
lié à ! attention
+ plus/et - moins
/ divisé/par évolution
X multiplié appartient à
> supérieur < inférieur
m̂ même intro. introduction
rq remarque int. intérêt
pr pour ds dans
hô ♂ homme fê ♀ femme
nbre nombre tt tout
1er, 2nd premier, second… un, deux 1, 2…
- Certains mots se terminant par -ement ou -tion peuvent s'abréger très facilement :
gvt gouvernement révol° révolution
- Les mots coupés doivent être accompagnés par un point :
éco. économie ex. exemple
pol. politique phén. Phénomène
INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
GRILLE DES CAPACITÉS (évaluation diagnostique)
Classe de première spécialité HGGSP Atelier :
Nom : ……………………………….
Capacité principale ciblée :
« Développer une expression orale construite et argumentée »
Élément signifiant Maîtrise insuffisante
Maîtrise fragile
Maîtrise satisfaisante
Très bonne Maîtrise
S’exprimer à l’oral Capacité d’une prise de parole continue et libre (sans prise de notes)
Maîtriser les énoncés oraux Reformulation, qualité de la syntaxe et richesse du vocabulaire
Coopérer et réaliser un travail en groupe Définir et partager les tâches dans un groupe
S’exprimer en utiliser le langage du corps Mobiliser des techniques vocales et corporelles
Conseils du professeur
INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
CORRECTION
ATELIER 1 : Le regard de l’histoire sur le Brexit
1. Document 1 : Les Britanniques ont-ils toujours été opposés à l’Europe ? Pourquoi ?
Après la Seconde Guerre mondiale, qui a meurtri l’Europe et le Royaume-Uni et tandis que le
monde entre progressivement dans la Guerre froide, les Britanniques ont soutenu l’idée de
créer des « États-Unis d’Europe ». Alliés de Washington (« relation spéciale ») et appuyés sur
le Commonwealth (ex-empire colonial), ils vont dans un premier temps s’abstenir d’y
participer mais soucieux de ne pas s’isoler et voulant profiter de la croissance des six pays
membres, ils vont demander d’entrer dans la Communauté économique européenne dans les
années 1960 mais sans succès (veto de De Gaulle pour qui le RU = « cheval de Troie » des
Américains).
À leur entrée en 1973 (premier élargissement de la CEE !), ils vont freiner l’intégration
politique et vont alors chercher à imposer leur vision néo-libérale de la construction
économique et à diminuer leur participation au budget européen (Margaret Thatcher : « I
want my money back »).
2. Document 3 : Quelles sont les explications historiques avancées par Ophélie Siméon pour
expliquer le Brexit ?
- Tradition de souverainisme liée à l’insularité du territoire et ancienne puissance maritime et
impériale (tropisme océanique plutôt que continental)
- Privilégier des rapports intergouvernementaux plutôt que supranationaux (décisions à
Bruxelles)
- Méfiance par rapport à la bureaucratie européenne dont les décisions remettraient en
question les pouvoirs du Parlement, au cœur de l’identité britannique
- Croyance que l’UE freine les ambitions mondiales du RU (« relations spéciales » avec les
États-Unis, Commonwealth).
- Sentiment xénophobe (contre les étrangers) soutenu par les partisans radicaux du Brexit
3. Documents 2 et 3 : À quoi sert l’histoire ? Vous pouvez aussi vous appuyer sur vos
connaissances.
L’histoire permet de mieux comprendre le présent en identifiant dans le passé les MULTIPLES
causes des événements contemporains, toujours complexes et en leur donnant du sens en
identifiant ruptures et continuités. C’est une discipline scientifique qui suppose une méthode
rigoureuse d’observation et d’analyse, appuyée sur l’usage de sources variées et vérifiées.
INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
ATELIER 2 : Le regard de la géographie sur le Brexit
1. Documents 1, 2 et 3 : Dans quelle mesure les documents 2 et 3 nuancent-ils les informations
du doc. 1 au sujet du Royaume-Uni ? Qu’en déduisez-vous sur l’usage des cartes ?
Le document 1 montre que le Royaume-Uni est gagné par un euroscepticisme fort, l’un des
plus importants de l’Union européenne selon un sondage publié dans Le Figaro en 2012. Plus
de 60 % des Britanniques s’affirment en effet eurosceptiques et le « sentiment de défiance »
a augmenté de 12 points depuis la crise économique de 2008.
Cependant, le document 2 montre, après le référendum de juin 2016 la division des nations
du Royaume-Uni. Si l’Angleterre et le pays de Galles ont voté pour le Brexit, l’Irlande du Nord,
l’Écosse et les grandes métropoles comme Londres ont choisi le remain ! Par ailleurs, le
document 3 indique une rupture générationnelle : ce sont les plus âgés qui ont choisi le Brexit.
Il faut donc affiner l’analyse des cartes en les croisant à d’autres documents pour en compléter
les informations et les nuancer.
2. Document 4 : Selon Christian Grataloup, quelles sont les limites des cartes ?
Les cartes sont des choix. Elles sélectionnent certaines données, ont parfois des intentions,
simplifient pour être lisibles et faire passer des messages. Si les choix sont nécessaires, ils
doivent être pris en considération par les utilisateurs pour ne pas mal interpréter les cartes.
3. Document 4 : À quoi sert la géographie ?
La géographie permet de comprendre les logiques d’organisation de l’espace étudié à
différentes échelles et l’influence des acteurs sur les territoires. Comme l’histoire, elle aide à
comprendre les enjeux du présent. C’est une discipline scientifique qui suppose une méthode
rigoureuse d’observation et d’analyse.
INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
ATELIER 3 : Le regard de la géopolitique sur le Brexit
1. Documents 1 et 2 : Pour les partisans du Brexit au Royaume-Uni, quels intérêts
géopolitiques soutiennent leur volonté de sortir du marché commun européen ?
Depuis au moins les années 1990, les opposants à l’Union européenne soutiennent que le
Royaume-Uni, s’il sortait du marché commun, renforcerait ses relations économiques avec les
États-Unis et les pays du Commonwealth freinées actuellement, selon eux, par Bruxelles et
ses règlements. C’est la croyance dans le « Global Britain ».
2. Document 3 : Quelle est la position du président américain sur la situation britannique ?
D’après vos connaissances tirées de l’actualité, comment l’expliquez-vous ?
D. Trump soutient le Brexit :
1. Par méfiance pour le marché économique européen, rival de l’économie américaine.
2. Par rapprochement idéologique avec les partisans du Brexit : populisme, critique des
bureaucrates (Washington, Bruxelles), refus de l’immigration… D. Trump considère que la
victoire du Brexit en 2016 a permis de dynamiser sa campagne électorale.
3. Documents 4 et 5 : Dans quelle mesure le document 4 est-il un sujet de géopolitique ?
Le Brexit sans accord rétablirait forcément le contrôle aux frontières entre les deux Irlandes
(Irlande du Nord qui appartient au RU et la République d’Irlande, indépendante).
Actuellement, il y a la libre circulation des marchandises. Cette situation pourrait conduire à
des tensions violentes entre Catholiques (proches de Dublin et europhiles) et Protestants
(proches de Londres et eurosceptiques) en paix depuis les Accords du Vendredi saint en 1998.
La question de la frontière irlandaise est au cœur des rivalités entre l’Union européenne et le
Royaume-Uni. C’est donc bien un sujet géopolitique.
On entend par géopolitique l’étude des enjeux et des rivalités de pouvoir sur les territoires,
par des acteurs variés : étatiques, interétatiques (UE, FMI…), associatifs (ONG…), armés
(groupes terroristes…), économiques (FMN, GAFA…), etc. C’est une discipline scientifique qui
a connu un essor important en France après la création de sa revue Hérodote en 1976 (p. 26).
INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
ATELIER 4 : Le regard de la science politique sur le Brexit
1. Documents 1 et 2 : Pourquoi peut-on parler d’une instrumentalisation des enjeux
européens par les partis politiques britanniques ?
C’est David Cameron, l’ancien Premier ministre britannique, pourtant europhile, qui avait
proposé le referendum pour ou contre le maintien dans l’UE afin de briser son aile droite
europhobe (au sein du parti conservateur) attirée par le mouvement de l’UKIP [UK
Independence Party]. C’était un choix tactique osé et dangereux pour l’avenir de la
construction européenne car le referendum s’est transformé en un vote d’adhésion ou de
rejet à la politique gouvernementale.
Les partisans du Brexit comme Dominic Cummings n’ont pas hésité à véhiculer des fake news
pendant la campagne (sur le coût financier de la participation britannique, « l’invasion »
supposée des populations immigrées des pays de l’Est), en utilisant massivement les réseaux
sociaux et en ciblant les abstentionnistes.
2. Document 3 : Pourquoi les sondages sont-ils un outil des sciences politiques ?
Comme d’autres outils (analyses, enquêtes sociologiques, cartes…), les sondages commandés
par des organisations politiques, des institutions, des médias ou des entreprises permettent
de saisir ou d’affiner la connaissance des opinions et comportements des individus ou des
groupes sociaux.
3. Documents 4 : À quoi sert la science politique ?
C’est une discipline scientifique développée au moins depuis Nicolas Machiavel au XVIe siècle
(qui sépare politique et morale) et qui permet l’étude des phénomènes politiques, en
particulier les relations internationales, les concepts, les régimes et acteurs politiques dans
une approche comparative. Elle fait intervenir la sociologie, le droit, l’histoire ou l’économie.
Pour aller plus loin :
Robert Chaouad, « Le Royaume-Uni et l’Europe : in and out », [en ligne] Revue internationale et
stratégique, Armand Colin, 2013/3 n° 91, pages 151 à 161 [consulté le 7 septembre 2019].
https://www.cairn.inforevue-internationale-et-strategique-2013-3-page-151.htm
Par un spécialiste reconnu : Robert Franck, Être ou ne pas être Européen : Les Britanniques et
l'Europe du XVIIe siècle au Brexit, Belin, 2018.
Un livre iconoclaste sur le sujet : Marc Roche, Le Brexit va réussir, Albin Michel, 2018.
INTRODUCTION : Regards croisés sur le Brexit 4h 08/09/2019 (HGGSP)
CONCLUSION :
« Chaque science, prise isolément, ne figure jamais qu’un fragment de l’universel mouvement
vers la connaissance […]. Pour bien entendre et apprécier ses procédés d’investigation, fût-ce
en apparence les plus particuliers, il serait indispensable de savoir les relier, d’un trait
parfaitement sûr, à l’ensemble des tendances qui se manifestent, au même montent, dans les
autres ordres de discipline ».
Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Armand Colin, 1997, p. 46 [1949].
En intégrant 4 disciplines, le nouvel enseignement de spécialité entend donner aux élèves les
clés complémentaires pour comprendre les grands enjeux du monde contemporain, replacés
dans le temps long (exemple avec l’étude de la démocratie depuis l’antiquité), dans des
espaces géographiques variés et en mettant la lumière sur le jeu des acteurs.
PRÉSENTATION DE LA SPÉCIALITÉ HGGSP 1H30
Lien ICI.
Mourad Haddak, EEMCP2 histoire-géographie, Riyad, Moyen-Orient