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L'Expérience religieuse fondamentale by Olivier RabutReview by: J. -P. D.Archives de sociologie des religions, 14e Année, No. 27 (Jan. - Jun., 1969), pp. 215-216Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30120500 .

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lancer aux Eglises et aux thbologiens... Assez nombreux sont les hommes de science qui s'apergoivent de mieux en mieux que le slogan d'une science ( neutre )) ou ( non engag~e n'est plus qu'un mythe surann6 > (p. 126). Ceci, comme on le voit, concerne aussi les sciences non-thbologiques des religions, spdcialement la sociologie. Que l'on en juge: c(...les sciences exactes, math~matiques et physiques, ont donna naissance g une philo- sophie bas6e sur le langage et la logique mais cette philosophie analytique se d6ploie en des domaines oh le nao-positivisme, avec son principe strict de v~rification, interdit des 6noncds a portde 6tendue tels qu'en r6clament l'6thique, la m~taphysique et aussi la thbologie. Ainsi done, la theologie pourrait bien devenir, non seulement progressiste, mais moderne et ce nouveau climat de pens~e pourrait voir naitre une meilleure comprehension mutuelle entre les sciences dites (humaines , et les sciences exactes n (p. 127). Nous ne signalerions pas ces extrapolations si elles n'6clairaient d'un jour presque cru les 6bats actuels de la theologie devant les sciences, humaines et autres. Le mariage n'est pas consommn, certes, et - pourquoi ne pas l'avouer ? - nous n'avons pas regu le don de proph~tie. En nous en tenant au present, il fallait signaler ces tentatives de rbduire le proph6tisme a ne plus protester, qu'on pourra relier aux actuels efforts de certains pour cecum~naliser les sciences non-thbologiques des religions a d~faut de les confessionnaliser.

J. S.

214 RIABUT (Olivier).

L'Expsrience religieuse fondamentale. Paris, Casterman, 1969, 189 p.

L'exp~rience religieuse fondamentale, c'est, pour O. R., I'exp~rience chr6tienne. Non pas que, d'emblke, celle-ci soit charg~e de plus de signification que les autres experiences reli- gieuses, ni que ses a corrblats ) ontologiques soient immndiatement adopt~s. S'il opte ainsi pour l'exploration chaleureuse de I'expdrience chr~tienne, c'est a parce que l'auteur la con- nait) (p. 22). Il s'agit, pour lui, de partir du Sdonn6 vicu a de cette experience, B savoir

la transformation de la vie op~rbe par le christianisme (p. 7), en dega de la foi, de son systhme de croyances et de ses constructions doctrinales. Experience v~cue oh semble vibrer une connaissance sans objet connu: donn~e vitale au (a statut 6pisttmologique si particulier (p. 8). Au coeur de cette exp&- rience chr~tienne, ult6rieurement interprdt~e comme ((un passage du Seigneur ), on re- cherche ((le noyau indubitable attest6 par

BULLETIN DES OUVRAGES

les faits ,. Un travail bien mend mettra en 6vidence une s6rie de zones a se succ6dant en d6grad6 , depuis ale fait presque pur ,, c'est-?i-dire le v6cu, jusqu'aux ( interpr6tations ultimes ,.

L'interpr6tation " maximale n (pp. 83-94) aborde l'exp6rience chr6tienne l oh elle est d6js lest6e d'une s6rie d'affirmations dogma- tiques, dont il importe peu de savoir si elles sont vraies ou fausses; toutefois, ( une doctrine compl6tement fausse n'entrainerait pas de r6sultats spirituels d'une telle qualit6 a (p. 89). L'interpr6tation a minimale D (pp. 95- 114) cherche une explication i l'expdrience chr6tienne dans la ligne d'un psychologisme s6duisant et incomplet: s6duisant parce que, de cette manilre, a une explication psycho- logique peut reconnaitre la validit6 de la transformation vitale op6rbe par l'attitude profond6ment religieuse i (p. 101); incomplet parce que l'on risque d'en rester ainsi au seul plan de l'instinct. En fait, il faut transcender ces deux types d'interpr6tation et poser l'exp6rience religieuse comme (l'association de l'inconscient i la mise en oeuvre enfin r6elle de l'ouverture ind6finie de l'esprit, (p. 127).

L'examen exhaustif de l'expirience v~cue amine ainsi l'A. A se demander si elle d~bouche sur des connaissances explicites. Selon lui, i partir de cette experience v~cue en dega des affirmations dogmatiques et des mon- tages conceptuels, on peut assurer qu'( il existe un noyau dur de l'histoire 6vang&- lique... qui r~siste aux objections sensbes, (p. 14) : par exemple ( J~sus a prch6 un certain type d'amour n, affirmation qui laisse intact le probllme de sa divinit ; on peut agalement penser que la croyance is une Source et finalement a un Dieu pensant apparait , comme une option honn~te et raisonnable a (p. 15). Par contre, les dogmes qui explicitent la doctrine catholique constituent une autre source de connaissance ( beaucoup moins sire D (p. 16).

Pour le psycho-sociologue, I'entreprise d'O. R. est i la fois fascinante et inqui6tante. Fascinante: il y a quelque chose d'envoftant dans cette tentative de partir du presque-rien (l'exp~rience v~cue) pour reconstruire le presque-tout (la croyance i une Source et i une rbvilation nodale), i la force du poignet, du verbe, de l'blan et de la conviction brilante. A moins que l'A. n'interprite cette 6popte comme le passage du presque-tout (l'intense vibration de la transformation interne) au presque-rien (la fragilit6 et I'incertitude des systhmes doctrinaux). Il y a quelque chose de touchant dans cette volont6 de rester dans le domaine du v~cu tout en essayant d'6tablir

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

les a corrblats n qui le lestent. I1 y a quelque chose de grisant dans ces aventures de l'esprit dont rien ne peut faire d6vier la trajectoire. Inquiftante: car, nous l'avouons, nous ne comprenons pas toujours trbs bien ce que l'on fait, comment on le fait et ce qu'on veut faire. Nous ne voyons pas comment, A partir de l'exp6rience v6cue, on pourra r6cuperer quoi que ce soit de ses 6ventuels r6pondants ontologiques et de ses 6ventuels d6ploiements sociologiques. Comment, d'ailleurs, situer I'exp6rience religieuse chr6tienne par rapport aux autres exp6riences religieuses sans recourir i des critbres 6thologiques qui n'ont rien d'im- manent ? Comment, dles lors que l'on aurait utilisi ces critlres comme r~v6lateurs de l'expdrience chr~tienne, les laisser i l'ext~rieur de l'6tude 6pist~mologique ? Comment, m~me, caractIriser l'exp religieuse par rapport i d'autres expbriences affectives sans recourir is nouveau is des critres de ce genre ?

Fascinante et inqui~tante: lorsqu'on se souviendra que, pour Otto, ii s'agit pr~cis&- ment de deux paramltres du sacr6, on sera fort tente de dire qu'avec ce livre d'O.R. nous restons dans le genre triomphal mais incertain de la litt6rature sacr6e.

J.-P. D.

215 RAMSEY (Arthur Michael).

R6cents D6veloppements de la th6ologie anglicane. De Gore d Temple (1889-1939). Paris, Desclbe et Cie, 1967, 293 p.

((Je ne propose rien, je n'impose rien, j'expose ): onze conferences, d'ohi est banni tout appareil d'crudition mais qui reposent sur une forte connaissance du sujet, par l'actuel archev~que de Cantorbdry, qui suit dans ses mCandres le d~roulement d'un demi- silcle de theologie anglicane. Une theologie insulaire, imprfgnfe traditionnellement de platonisme, peu marquee jusqu'L 1930 par les courants continentaux (sinon au temps du modernisme, oh IHarnack et Loisy eurent chacun leurs adeptes), communiquant ais&- ment, en revanche, avec l'ex~ghse 6cossaise ou non-conformiste, soucieuse de spiritualit6 et de via media i travers m~me ses agitations internes. ( Un anglican varitable, pas mbme un anglo-catholique, ne pourrait avoir d'h6si- tation sur les principes les plus importants de la R6forme... Mais les anglicans les plus f6conds de notre 6poque s'int6r6sshrent peu aux cat6- gories de la R6forme n, pr6f6rant retourner aux sources plut6t que privil6gier les thdolo- giens de la pkriode l61isab6thaine. Mais au- jourd'hui, si l'anglicanisme a diminub son isolement dans le monde thtologique, un autre

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isolement devient 6vident, face i la nouvelle culture technologique : (( et par rapport i elle, le langage de la religion a peu de sens ,.

E. P.

216 RAVITCH (Norman). Sword and Mitre. Government and Epis- copate in France and England in the Age of Aristocracy. La Haye-Paris, Mouton and Co, 1966, 246 p.

Ce travail de premiere main, mettant les archives amplement s contribution, apporte des prpcisions interessantes sur le recrutement social de l'6piscopat, en France et en Angle- terre au cours du XVIIIe sicle. La conclusion sort des faits eux-mdmes, sans interpr~tation inutile: en France, dans la p~riode djis dite, l'ipiscopat est une sous-caste de l'aristo- cratie titr~e. De 1682 is 1790, 87 % de ses membres ont t des nobles. La politique royale et ses prtjugns semblent responsables de cet 6tat de choses.

En Angleterre, de 1660 s 1882, 24 % des 6vdques (anglicans) 6taient des fils de clergy- men d'origines sociales varikes. Le gouverne- ment anglais nommait les 6v~ques pour des raisons politiques et non selon des pr~jug~s sociaux. Aussi l'6piscopat 6tait-il plus int~gr6 is la vie nationale dans son ensemble.

J. S.

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Religion, 6rudition et critique is la fin du XVIIe sicle et au d6but du XVIIIe si~cle. Paris, P.U.F., 1968, 232 p. (Biblioth que des Centres d'Etudes supurieures spucialisus).

Actes d'un des colloques annuels du Centre d'Histoire des Religions de l'Universit6 de Strasbourg, dont on ne nous dit rien, ni la date nile programme, ni mime le titre qui dut 6tre celui que le present volume a retenu. Huit communications trus brudites: l'hagio- graphie et les Bollandistes (Baudoin de Gaif- fier),l'histoire ecclusiastique et Le Nain de Tillemont (Bruno Neveu), la critique biblique et Jean Le Clere (Rend Voeltzel), trois exposes sur Bayle (Elisabeth Labrousse, Jacques Sol6), deux autour de Spinoza (Paul Auvray, Roger Zuber). Ni introduction ni vue d'ensemble conclusive.

E. P.

218 RICHARD (Michel). La Vie quotidienne des Protestants sous

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