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    Les Soires de la rue Saint Lazare

    Introduction louvrage majeur de Gustave de Molinari

    Par Damien Theillier

    Les annes 1840 voient la monte du socialisme en France puis la rvolution de 1848. Gustave de

    Molinari, l'un des principaux conomistes du march libre en France, crit alors un dialogue

    fictif entre un conomiste, un conservateur et un socialiste, pour exposer la folie du collectivisme et

    pour dmontrer comment les lois conomiques et le droit de proprit, bien compris suffisent tablir

    un ordre juste, pacifique et prospre. Les Soires sont galement clbres pour la 11e conversation

    dans laquelle Molinari explique que de nombreux biens publics, y compris la police et les services de

    dfense, pourraient tre fournis volontairement par le march libre.

    Gustave de Molinari est mort en 2012. Il est n Lige le 3 Mars 1819 mais cest en

    France quil a dploy son activit dcrivain. Il a t le principal reprsentant du

    laissez-faire radical au sein de l'cole librale classique en France dans la seconde

    moiti du 19me sicle et au dbut du XXe sicle.

    Disciple et ami de Frdric Bastiat, il devint le second rdacteur en chef du Journal

    des conomistes (1881-1909), la mort de Joseph Garnier, cdant ensuite sa place

    son ami Yves Guyot. Comme Bastiat, Molinari a reconnu sa dette lgard des

    industrialistes , les conomistes Charles Comte et Charles Dunoyer. Comme eux,

    il fut radicalement individualiste et anti-tatiste, luttant contre toutes les formes

    dinterventionnisme conomique. crivain prolifique, il tait capable daffronter ses

    adversaires sur tous les terrains : aussi bien la philosophie que le droit, la morale, la

    religion ou lhistoire.

    La socit, disaient les conomistes du dix-huitime sicle, sorganise en vertu de lois

    naturelles ; ces lois ont pour essence la Justice et lUtilit. Lorsquelles sont

    mconnues, la socit souffre ; lorsquelles sont pleinement respectes, la socit

    jouit dun maximum dabondance, et la justice rgne dans les relations des hommes.

    Le jeu des lois naturelles de la concurrence et de la valeur assure spontanment

    ladaptation de la production aux besoins. Chaque individu cherche satisfaire son

    intrt personnel et obtenir le maximum de rendement avec le minimum defforts.

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    La juxtaposition et la rencontre de ces efforts individuels ralisent spontanment

    lharmonie sociale.

    Mais au XIXe sicle, la misre dont la classe ouvrire a souffert dans la premire

    moiti du XIXe sicle semble avoir t la consquence directe de la libre concurrence

    et du libre contrat. Ds lors, lharmonisation spontane des intrts nest-elle pas

    simplement une utopie sortie du cerveau dconomistes nafs ? Cest pour rpondre

    cette accusation, venue de la gauche comme de la droite, que Gustave de Molinari

    a entrepris dcrire ses fameuses Soires de la rue Saint Lazare.

    Plan de louvrage

    En fait, la vraie question se poser selon Molinari est la suivante : la pauvret a-t-elle

    sa source dans les lois conomiques qui gouvernent la socit ou dans les entraves

    apportes laction de ces lois ? Telle est la question cruciale pose dans la prface

    des Soires de la Rue Saint Lazare.

    A cette question il existe trois rponses possibles selon lui :

    1 Les socialistes rpondent en affirmant que les maux de la socit proviennent

    des imperfections ou des vices des lois naturelles qui gouvernent le monde

    conomique. Les plus timides concluent quil les faut modifier ; les plus audacieux

    sont davis quil faut faire table rase dune organisation radicalement mauvaise et la

    remplacer par une organisation nouvelle.

    La base sur laquelle repose tout ldifice de la socit, cest la proprit ; les socialistes

    sefforcent donc daltrer ou de dtruire le principe de la proprit.

    2 Les conservateurs dfendent la proprit ; mais ils la dfendent mal, selon

    Molinari. Ils sont naturellement partisans du statu quo. Pour eux tout changement est

    mauvais. Ils font davantage confiance aux coutumes quaux thories. A lexemple

    de ces chrtiens ignorants et sauvages qui proscrivaient jadis les hrtiques au lieu de

    les rfuter, ils invoquent la loi, de prfrence la science, pour avoir raison des

    aberrations du socialisme .

    3 Les conomistes reconnaissent la proprit comme la base de lorganisation

    naturelle de la socit. Cest pourquoi les souffrances de la socit, bien loin davoir

    leur origine dans le principe de la proprit, proviennent au contraire, datteintes

    portes ce principe. Do il faut conclure que la solution du problme de

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    lamlioration du sort des classes laborieuses consiste affranchir la proprit de

    toute entrave directe ou indirecte.

    Molinari entend dfendre la thse des conomistes et suivre la voie quils ont trace.

    En effet, tous les conomistes ont dfendu la proprit, et lconomie nest dabord

    que la dmonstration des lois naturelles qui ont la proprit pour base. De Quesnay

    J.-B. Say, en passant par Turgot, Adam Smith et leurs disciples : Charles Dunoyer,

    Michel Chevalier, Frdric Bastiat, Joseph Garnier, etc., tous ont pass leur vie

    observer ces lois et les dmontrer.

    La prface du livre donne le ton :

    Reconnaissant, dit lauteur, avec tous les conomistes, la proprit comme la

    base de lorganisation naturelle de la socit, jai recherche si le mal dnonc

    par les socialistes, et que nul, moins dtre aveugle ou de mauvaise foi, ne

    saurait nier, jai recherch si ce mal provient, oui ou non, de la proprit.

    Le rsultat de mes tudes et de mes recherches a t que les souffrances de la

    socit, bien loin davoir leur origine dans le principe de la proprit,

    proviennent au contraire, datteintes directement ou indirectement portes ce

    principe. Do jai conclu que lamlioration du sort des classes laborieuses

    rside dans laffranchissement pur et simple de la proprit.

    Dans la premire soire, il pose les termes du problme social. Il tablit que la socit

    est gouverne par des lois immuables, que lon ne viole pas impunment. La premire

    de ces lois, celle dont toutes les autres drivent, est le droit de proprit, base de

    lorganisation naturelle de la socit.

    Dans les soires suivantes, il passe successivement en revue les atteintes la proprit

    et sattache faire ressortir les effets pervers qui en drivent. Chemin faisant, il rfute,

    mesure quelles se prsentent devant lui, les doctrines opposes des deux

    adversaires quil sest donns.

    Le socle du droit de proprit

    Aprs John Locke, Molinari, comme nombre de libraux franais, situe l'origine de

    la proprit dans le prolongement de la personne humaine. La proprit, explique-

    t-il, mane d'un instinct naturel dont l'espce humaine tout entire est pourvue. Cet

    instinct rvle l'homme avant tout raisonnement qu'il est le matre de sa personne

    et qu'il peut disposer son gr de toutes les virtualits qui composent son tre. On

    comprend ds lors la distinction opre par lauteur entre la proprit intrieure et la

    proprit extrieure. La premire est le droit pour chacun de disposer librement de ses

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    facults physiques, morales et intellectuelles comme du corps qui leur sert de support.

    Chacun est propritaire de sa propre personne. La seconde, qui est un prolongement

    de la premire, concerne les fruits du travail. Ce que jai produit avec mes propres

    facults mappartient de droit

    La proprit n'est donc par une cration de la socit. Elle est un droit naturel que la

    socit a prcisment pour but de reconnatre, de proclamer et de protger : La

    socit n'a pas institu la proprit ; c'est bien plutt la proprit qui a institu la

    socit.

    Cest pourquoi, selon Molinari, seul laffranchissement complet de la proprit

    lgard de toutes ses entraves lgales et artificielles peut sauver la socit :

    Jaffirme que les misres et les iniquits dont lhumanit na cess de souffrir

    ne viennent point de la proprit ; jaffirme quelles viennent dinfractions

    particulires ou gnrales, temporaires ou permanentes, lgales ou illgales,

    commises au principe de proprit. Jaffirme que si la proprit avait t, ds

    lorigine du monde, religieusement respecte, lhumanit aurait constamment

    joui du maximum de bien-tre que comportait, chaque poque, ltat

    davancement des arts et des sciences, comme aussi dune entire justice

    (Premire soire, p. 39).

    Les atteintes au droit de proprit

    Quest-ce que lesclavage ? Cest une privation de la proprit intrieure et/ou

    extrieure. Or, rappelle Molinari, toute atteinte porte la proprit intrieure ou

    extrieure, est contraire lUtilit aussi bien qu la Justice (Premire soire, p. 43).

    Quelles sont alors les formes modernes de lesclavage ? Il y a esclavage chaque fois

    que l'Etat rglemente les changes, taxe les produits, bloque les prix et les salaires,

    lve des barrires et des douanes, lgifre sur l'hritage, fixe les taux d'intrt, dcide

    de la monnaie, organise le crdit, s'immisce dans les relations prives, la famille,

    lducation et la religion.

    Dans sa Troisime soire, Molinari voque les expropriations, toujours ralises au

    nom de lintrt public, les lois sur les mines. Dans la Quatrime soire, il aborde les

    lois sur lhritage, puis sur lexploitation agricole, dans la Cinquime, le prt intrt,

    dans la Sixime, le code du travail, dans la Septime le commerce international etc.

    Or cette usurpation abusive des forts sur la proprit des faibles est lorigine dune

    lutte qui traverse toute lhistoire humaine :

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    Ds l'origine des socits, une lutte incessante s'est tablie entre les

    oppresseurs et les opprims, les spoliateurs et les spolis; ds l'origine des

    socits, l'humanit a tendu constamment vers l'affranchissement de la

    proprit. L'histoire est pleine de cette grande lutte ! D'un ct, vous voyez les

    oppresseurs dfendant les privilges qu'ils se sont attribus sur la proprit

    d'autrui; de l'autre, les opprims rclamant la suppression de ces privilges

    iniques et odieux. La lutte dure encore, et elle ne cessera que lorsque la proprit

    sera pleinement affranchie.

    Ainsi la fameuse devise des Physiocrates laissez-faire, laissez-passer , est un appel

    limiter la sphre publique pour donner davantage de libert la sphre prive mais

    aussi pour affranchir la proprit des lois injustes qui lentravent. Cest un appel aux

    autorits laisser les producteurs sorganiser eux-mmes selon la loi de loffre et de

    la demande, pour produire et changer de faon plus efficace et moindre cot. Cest

    galement un appel la justice entendue comme le fait de ne pas traiter les individus

    comme des esclaves, sous quelque forme que ce soit.

    Le gouvernement libre

    Cest dans sa Onzime Soire , trs controverse, que Molinari aborde le rle du

    gouvernement. Et ce dernier propose daller bien au-del de la dfense dun tat

    minimum. Il propose en effet l'abolition pure et simple du monopole de la scurit

    pour le remplacer par un systme de concurrence entre des compagnies prives de

    protection des citoyens. Pendant longtemps, les conomistes ont refus de soccuper

    non seulement du gouvernement, mais encore de toutes les fonctions purement

    immatrielles. J.-B. Say a fait entrer, le premier, cette nature de services dans le

    domaine de lconomie politique, en leur appliquant la dnomination commune de

    produits immatriels. En cela, il a rendu la science conomique un service plus

    considrable quon ne suppose :

    Lindustrie dun mdecin, dit Say, et, si lon veut multiplier les exemples, dun

    administrateur de la chose publique, dun avocat, dun juge, qui sont du mme

    genre, satisfont des besoins tellement ncessaires, que, sans leurs travaux, nulle

    socit ne pourrait subsister. Les fruits de ces travaux ne sont-ils pas rels ? Ils

    sont tellement rels quon se le procure au prix dun autre produit matriel, et

    que, par ces changes rpts, les producteurs de produits immatriels

    acquirent des fortunes. Cest donc tort que le comte de Verri prtend que

    les emplois de princes, de magistrats, de militaires, de prtres, ne tombent pas

    immdiatement dans la sphre des objets dont soccupe lconomie politique.

    (J.-B. SAY. Trait dconomie politique, t. I, chap. XIII.)

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    En matire conomique, dit Molinari, le gouvernement na quune chose faire, cest

    de maintenir le milieu libre , ce qui veut dire que sa mission consiste uniquement

    assurer chacun la conservation de sa proprit [sa personne, sa proprit intrieure

    et extrieure]. (Onzime soire, p. 199)

    Il y a aujourdhui, dans le monde, deux sortes de gouvernements: les uns font

    remonter leur origine un prtendu droit divin. Les autres sont issus de la

    souverainet du peuple Les premiers sont des gouvernements de monopole,

    les seconds sont des gouvernements communistes.

    Or toutes les fonctions du gouvernement doivent tre soumises au jeu des lois de

    lconomie prive et concurrentielle.

    Au nom du principe de la proprit, au nom du droit que je possde de me

    pourvoir moi-mme de scurit, ou den acheter qui bon me semble, je

    demande des gouvernements libres cest--dire, des gouvernements dont je

    puisse, au gr de ma volont individuelle, accepter ou refuser les services.

    Pour ce qui est de la scurit extrieure, limportance de la tche de ltat est destine

    aller en dcroissant puisque la guerre jouera de moins en moins dans lavenir le rle

    utile quelle a jou dans le pass. Pour les services collectifs internes (justice, police,

    clairage et pavage des rues, etc.), lidal serait que ltat sadresst des entreprises

    prives et conclt avec elles des contrats, en mettant autant que possible ces

    entreprises en concurrence les unes avec les autres.

    Molinari est trs conscient du fait que la scurit est une des conditions de l'existence

    de l'individu l'intrieur du groupe. Mais il souligne que le monopole tatique de la

    force est aussi inefficace que despotique. Selon lui, des entreprises prives comme

    les compagnies d'assurance pourraient fournir des services tels que la police et mme

    la scurit nationale un prix plus avantageux, plus efficace et plus moral que ne

    pourrait le faire l'Etat. Do il rsulte quaucun gouvernement ne devrait avoir le

    droit dempcher un autre gouvernement de stablir concurremment avec lui, ou

    obliger les consommateurs de scurit de sadresser exclusivement lui pour cette

    denre . Et cest ce quil appelle la libert de gouvernement .

    On ne gouverne pas bon march, lorsquon na aucune concurrence

    redouter, lorsque les gouverns sont privs du droit de choisir librement leurs

    gouvernants. Accordez un picier la fourniture exclusive dun quartier,

    dfendez aux habitants de ce quartier dacheter aucune denre chez les piciers

    voisins, ou bien encore de sapprovisionner eux-mmes dpiceries, et vous

    verrez quelles dtestables drogues lpicier privilgi finira par dbiter et quel

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    prix! Vous verrez de quelle faon il sengraissera aux dpens des infortuns

    consommateurs, quel faste royal il talera pour la plus grande gloire du

    quartier... Eh bien! ce qui est vrai pour les services les plus infimes ne lest pas

    moins pour les services les plus levs. Le monopole dun gouvernement ne

    saurait valoir mieux que celui dune boutique dpiceries. La production de la

    scurit devient invitablement coteuse et mauvaise lorsquelle est organise en

    monopole.

    Par ailleurs, il explique que parmi les nombreux avantages d'une telle concurrence le

    plus important est la limitation des guerres. La guerre est toujours la consquence

    du contrle tatique de la production de scurit.

    De mme que la guerre est invitable sous un rgime de monopole, la paix

    est invitable sous un rgime de libre gouvernement. Sous ce rgime, les

    gouvernements ne peuvent rien gagner par la guerre ; ils peuvent, au contraire,

    tout perdre. Quel intrt auraient-ils entreprendre une guerre ? serait-ce pour

    augmenter leur clientle ? Mais, les consommateurs de scurit tant libres de

    se faire gouverner leur guise, chapperaient aux conqurants. Si ceux-ci

    voulaient leur imposer leur domination, aprs avoir dtruit le gouvernement

    existant, les opprims rclameraient aussitt le secours de tous les peuples....

    Les guerres de compagnie compagnie ne se feraient dailleurs quautant que

    les actionnaires voudraient en avancer les frais. Or, la guerre ne pouvant plus

    rapporter personne une augmentation de clientle, puisque les

    consommateurs ne se laisseraient plus conqurir, les frais de guerre ne seraient

    videmment plus couverts. Qui donc voudrait encore les avancer ? Je conclus

    de l que la guerre serait matriellement impossible sous ce rgime, car aucune

    guerre ne se peut faire sans une avance de fonds.

    Conservatisme et socialisme

    En conclusion, quest-ce que le socialisme et quest-ce que le conservatisme ? En

    quoi le libralisme, quincarne lconomiste, est-il la seule doctrine raliste et juste

    la fois ?

    Le socialisme, cest dabord une protestation contre les troubles, les dsordres, les

    misres de la socit actuelle. Or ces dsordres et misres sont engendrs par une

    srie dabus. En effet, les lois humaines, en tant quelles violent la proprit ou le

    droit, jettent le trouble dans la socit et engendrent plupart de nos misres.

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    Lconomiste ne cesse de le rpter : il existe une organisation naturelle, fort

    suprieure tout ce que peuvent imaginer de vains utopistes, parfaite dans son

    essence, immuable dans ses lois, bien que perfectible. Vouloir lui substituer une

    organisation artificielle ne peut que semer le trouble et le dsordre des rvolutions.

    Supprimez les abus do ces misres drivent, et le socialisme tombe de lui-mme,

    parce quil a perdu sa raison dtre. Mais le problme des conservateurs, cest quils

    veulent prserver le droit de proprit de nouvelles atteintes, tout en laissant subsister

    par ailleurs les abus du pass : toutes les lois qui le violent ou le restreignent. Au fond,

    ils sont les dfenseurs de lordre tabli et donc du statu quo :

    Les conservateurs, constate Molinari, dfendent la proprit; mais ils la

    dfendent mal. Les conservateurs sont naturellement partisans du statu quo ;

    ils trouvent que le monde va bien comme il va, et ils s'pouvantent la seule

    ide d'y rien changer. Ils vitent, en consquence, de sonder les profondeurs

    de la socit, dans la crainte d'y rencontrer des souffrances qui ncessiteraient

    une rforme quelconque dans les institutions actuelles. D'un autre ct ils

    n'aiment pas les thories, et ils ont peu de foi dans les principes. Ce n'est qu'

    leur corps dfendant qu'ils engagent une discussion sur la proprit; on dirait

    qu'ils redoutent la lumire pour ce principe sacr. A l'exemple de ces chrtiens

    ignorants et sauvages qui proscrivaient jadis les hrtiques au lieu de les rfuter,

    ils invoquent la loi, de prfrence la science, pour avoir raison des aberrations

    du socialisme.

    Au contraire, lconomiste veut rformer lordre actuel, conformment aux saines

    doctrines. Et cest seulement ce prix, nous dit Molinari, que le socialisme cesserait

    dtre un danger, et pourrait mme de disparatre entirement