Actualités pharmaceutiques
• n° 535 • avril 2014 •12
questions de comptoir
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2014.02.002
On vous demande, sachez répondre
C ette rubrique, “questions de comptoir”, est conçue pour vous apporter des éléments de réponse éclairée face aux multiples questions
que vous posent quotidiennement vos patients au comptoir de l’officine, dans le vaste domaine de la santé.
Je ressens des fourmillements au niveau des jambes ainsi qu’un besoin irrépressible de les bouger au moment du coucher depuis que je prends de la paroxétine. De quoi peut-il s’agir ?
F La réponse du pharmacien
Les termes “d’impatiences” et de “tiraille-
ments” sont souvent utilisés par les patients pour
décrire le syndrome des jambes sans repos (SJSR).
Le diagnostic de ce syndrome, essentiellement clinique,
repose sur l’interrogatoire. Quatre critères diagnos-
tiques sont essentiels et doivent être associés pour
évoquer le SJSR avec une sensibilité de 94 % et une
spécificité de 84 %. Le premier critère est un besoin
impérieux de bouger les membres (le plus souvent les
jambes mais les membres supérieurs peuvent égale-
ment être touchés), associé généralement à des sensa-
tions désagréables. La survenue des symptômes en
période de repos, en position assise ou couchée, et en
particulier le soir ou la nuit, caractérise les deux critères
suivants. Enfin, la dernière spécificité de ce syndrome est
l’amélioration totale ou partielle des symptômes par
le mouvement comme la marche ou l’éti-
rement. Dans la grande majorité des cas,
le SJSR est d’origine idiopathique.
Cependant, d’autres causes peuvent être
retrouvées comme une carence martiale, asso-
ciée ou non à une anémie qu’il faudra dépister auto-
matiquement, et différentes pathologies (maladie de
Parkinson, insuffisance rénale chronique, hypo-
thyroïdie…). De nombreux médicaments peuvent pro-
voquer ou aggraver les symptômes d’un SJSR. C’est
principalement le cas des neuroleptiques et des anti-
dépresseurs, en particulier les inhibiteurs sélectifs de la
recapture de la sérotonine (sertraline, paroxétine, fluo-
xétine, citalopram, escitalopram), qui modulent de
manière indirecte la transmission de la dopamine.
L’abus ou la prise régulière d’analgésiques non opiacés
aggrave le risque de SJSR chez les patients sous anti-
dépresseurs. Ce syndrome est également présent
transitoirement dans le cadre d’un sevrage aux
opiacés.
Syndrome des jambes sans repos
Jérémy VONOa,*Docteur en pharmacie
Marine ROUSSINb
Docteur en pharmacie
*Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (J. Vono).
a3 rue Jean Giraudoux, 19290 Sornac, France
b5 rue de Viblac, 87100 Limoges, France
Comment fait-on la différence entre les conjoncti-vites d’origine virale, bactérienne et allergique ?
F La réponse du pharmacien
Des picotements, un larmoiement et une rougeur sont les
symptômes classiques d’une conjonctivite. Cependant, il
existe plusieurs types de conjonctivites qu’il est nécessaire
de bien différencier afin de mettre en place le traitement
adéquat. La plus commune est la conjonctivite virale dont
l’intensité des manifestations varie selon le type de virus
incriminé (adénovirus, herpès simplex ou zoster, Mollus-
cum contagiosum). Elle se manifeste par un larmoiement
séreux abondant, un picotement, une rougeur généralisée
avec hyperhémie de la conjonctive et une lymphadéno-
pathie pré-auriculaire. Le second type est la conjonctivite
bactérienne qui représente seulement deux conjonctivites
sur dix chez les adultes mais qui est beaucoup plus fré-
quente chez les enfants. Dans 80 % des cas, elle est due
aux staphylocoques et peut être associée à une affection
des voies respiratoires supérieures. Contrairement à la
conjonctivite virale, la conjonctivite bacté-
rienne est caractérisée par une exsudation
purulente et importante, qui explique que
les paupières soient collées le
matin au réveil, mais également
par des picotements associés à
une sensation de grains de sable,
une rougeur et l’absence de ganglions.
Enfin, la conjonctivite allergique génère un
picotement plus intense, ainsi qu’une rougeur généralisée
avec sensation de brûlures, larmoiement important et
œdème des paupières. L’atteinte est souvent bilatérale.
Les conjonctivites infectieuses peuvent aussi atteindre les
deux yeux mais souvent l’un après l’autre, l’atteinte du
second oeil faisant souvent suite à une auto-inoculation.
Conjonctivites
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Actualités pharmaceutiques
• n° 535 • avril 2014 • 13
questions de comptoir
Mon médecin me conseille de réaliser un dépistage du diabète plus régulièrement car je souffre d’un syndrome métabo-lique. Est-ce bien nécessaire ?
F La réponse du pharmacien
Selon la définition du National Cholesterol
Education Program (NCEP-ATP III), le syn-
drome métabolique est caractérisé par trois des
critères suivants en l’absence d’un diabète établi : un
tour de taille supérieur à 102 cm chez l’homme ou 88 cm
chez la femme, une élévation de la pression artérielle
(systolique ≥ 130 et/ou diastolique ≥ 35), une glycémie
à jeun ≥ 1,10 g/L, des triglycérides ≥ 1,50 g/L, un HDL-
cholestérol < 0,40 g/L chez l’homme et < 0,50 g/L chez
la femme. Un traitement hypolipémiant, antihyperten-
seur ou antidiabétique qualifie automatiquement pour
l’existence du paramètre concerné.
La prévalence du syndrome métabolique progresse
constamment, en particulier chez les femmes, du fait de
l’augmentation de l’obésité et de la sédentarité. Il varie
selon l’âge de 10 à 30 % dans les pays
industrialisés. Sa présence multiplie par
2 à 3 fois le risque cardiovasculaire,
notamment d’infarctus du myocarde ou
d’accident vasculaire cérébral. Il augmente aussi
considérablement (de 12 fois) le risque de diabète.
De ce fait, il est recommandé de pratiquer un dépistage
du diabète au moins tous les 3 ans chez les patients
présentant un syndrome métabolique ou tous les ans en
cas d’hyperglycémie à jeun, même modérée.
La prise en charge repose essentiellement sur des règles
hygiénodiététiques simples consistant en une perte de
poids avec diminution du tour de taille.
Une éducation thérapeutique peut être utile pour, par
exemple, apprendre au patient à réduire la prise de
graisses saturées et à augmenter celle de fibres alimen-
taires. Une activité physique régulière s’avère aussi
nécessaire.
Je voudrais faire une déclaration de pharmaco-vigilance. Comment procéder ?
F La réponse du pharmacien
Depuis le 10 juin 2011, les patients ont la possibilité de
déclarer eux-mêmes un effet indésirable, y compris lors
de la grossesse ou de l’allaitement, à l’occasion d’un
mésusage, d’un abus ou d’une erreur médicamenteuse,
sans passer par un professionnel de santé. L’ouver-
ture du système national de pharmacovigilance aux
patients fait suite à plusieurs expérimentations menées
par l’Agence nationale de sécurité du médicament et
des produits de santé (ANSM) depuis une dizaine d’an-
nées. L’objectif est d’élargir la base de recueil et de
détecter des signaux complémentaires à ceux rappor-
tés par les professionnels de santé mais aussi d’ac-
croître la transparence. La déclaration de l’événement
doit être effectuée le plus précocement possible par le
patient, son représentant ou encore les associations
agréées, auprès de son centre régional de pharmaco-
vigilance (CRPV). Un formulaire de déclaration d’effets
indésirables est téléchargeable sur le site internet de
l’ANSM1. Celui-ci réunit toutes les éléments néces-
saires afin d’aider le patient à remplir sa déclaration sans
omettre une information importante à la détermination
de l’imputabilité du médicament. Il peut
être nécessaire d’y joindre toute copie de
pièce médicale se rapportant à
l’effet indésirable comme des
résultats d’examens ou des
comptes rendus d’hospitalisation.
Afin de juger de la pertinence de la
déclaration, il est important que le patient se
rapproche de son pharmacien ou de son médecin pour
confirmer la survenue de l’effet indésirable.
1 http://ansm.sante.fr
Syndrome métabolique et diabète
Déclaration de pharmacovigilance
Déclaration d’intérêts
L’auteur déclare ne pas avoir
de confl its d’intérêts en relation
avec cet article.
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