PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
2
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PALESTINE…
________________________________________________________
Une Histoire Méconnue
Préface
« Palestine… une Histoire Méconnue » regroupe une série d’articles et de recherches sur la
Palestine qui ont pour but de faciliter la compréhension de son histoire et clarifier les racines
du conflit qui oppose le peuple palestinien aux colons juifs et sionistes.
L’auteur — lui-même Palestinien (et donc Sémite) — tentera de mettre en évidence l’aspect
terroriste de l’état juif d’une part et démontrera, de l’autre, que les causes de l’injustice subie
par les Palestiniens se trouvent souvent chez les musulmans qui se préoccupent de l’adoption
des résolutions de l’ONU plus qu’ils ne se préoccupent de l’apprentissage et l’application de
leur religion qui, qu’on le veuille ou non, apporte la seule solution viable pour échapper à ce
qui est un des plus tragiques désastres de notre époque. « Ô vous qui croyez, si vous faites
triompher la cause d’Allah, Il vous fera triompher et raffermira vos pas »
L'Observatoire des Islamologues de France
Hadramawt, Yémen
PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
3
Après d’innombrables massacres subis par le peuple palestinien, le monde médiatique n’ose toujours pas qualifier de terroristes les crimes perpétrés par les sionistes.
Le sioniste Bernard Rougier est enseignant à la chaire Moyen-Orient Méditerranée de Sciences Po.
1. GAZA ___________________________________________________________________
S’il y a les « islamistes »,
ne devrait-il pas y avoir de « judaïstes »?
es massacres de Gaza et l’épuration
ethnique de sa population, décrits par
certains comme le « Gazacauste », ont
profondément touché les peuples du monde entier.
Personne n’aurait pu croire qu’au XXIe siècle une
telle ‘boucherie’ puisse
encore être défendue par
les grandes puissances
du « monde civilisé ».
Personne n’aurait pu
penser que les médias et
les politiciens des plus
grandes « démocraties »
puissent encore
manifester une
indifférence si hautaine
devant le carnage
systématique d’enfants
et femmes dans les
écoles, hôpitaux, parcs,
marchés, mosquées et
sur les plages de Gaza.
Après une occupation
barbare de plus de 66
ans et d’innombrables
massacres subis par le
peuple palestinien, le
monde médiatique n’ose
toujours pas qualifier de
terroristes les crimes
perpétrés par les
sionistes.
Dans l’histoire des nations occupées, les
Palestiniens sont le seul peuple de qui on a exigé
d’assurer la sécurité de son occupant. C’est aussi
le seul peuple indigène que l’on accuse
continûment de terrorisme pour le simple fait de
résister à l’occupation.
D’autre part, les dirigeants de l’état colonial
nommé « Israël » sont les premiers dans l’histoire
à réclamer de la communauté internationale un
soutien massif pour se défendre de ceux qu’ils
occupent brutalement et illégalement. Il y a moins
d’un siècle, personne n’aurait pu imaginer les
nazis exiger des pays occidentaux de faire cesser la
résistance des Européens
contre l’occupation
allemande. En Palestine
pourtant, ce scénario
pétrifiant est une
évidence acceptée par
une partie majeure de
l’opinion publique.
Pour le Moyen-Orient, le
sionisme est aujourd’hui
ce qu’était, au siècle
passé, le nazisme pour
l’Europe, la seule
différence étant que,
cette fois-ci, les États-
Unis et la communauté
internationale ont choisi
de venir en aide à
l’occupant et aux
criminels de guerre.
La perception brouillée
d’une réalité inversée,
où l’occupant est
victime de résistants
sous occupation, s’est
formée à travers une campagne médiatique où les
musulmans, contre leur gré, sont devenus les
détenteurs uniques du copyright des termes liés au
terrorisme.
Les « experts » du Moyen-Orient portent une
responsabilité majeure dans cette perversion
terminologique du fait qu’ils partagent souvent les
mêmes convictions sionistes que les soldats du
L
PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
4
Gilles Kepel mène depuis plusieurs décennies une croisade idéologique contre la gouvernance islamique des pays musulmans dans laquelle il a réussi à déshumaniser les musulmans.
Tsahal. Prenons les exemples de Gilles Kepel et
Bernard Rougier1, pour ne citer qu’eux.
Lorsqu’il s’agit d’analyser et commenter les
attentats perpétrés par les musulmans contre
l’occupant juif ou occidental,
ils publient, avec la plus
grande ferveur, de multiples
livres volumineux détaillant le
danger imminent des méchants
barbus qui ne souhaitent plus
s’agenouiller devant
l’hégémonie politique,
militaire et culturelle des
Yankees. Toute aspiration à un
état musulman indépendant de
l’influence occidentale et toute
volonté d’abolir les
constitutions importées dans
les pays musulmans sont
systématiquement condamnées
et diabolisées par l’expression
« islamisme ».
Or, quand il s’agit de juifs qui bombardent une
population civile palestinienne emprisonnée dans
un camp de concentration, les deux professeurs —
fidèles au « peuple élu » — refusent de qualifier
les auteurs de ces actes barbares de terroristes, ni
même de « judaïstes » comme ils le font en
permanence pour les « islamistes ». Ces derniers
sont d’ailleurs l’ennemi commun que les
islamologues et les sionistes doivent abattre, coûte
que coûte.
Non, quand il s’agit de crimes perpétrés sur
d’innocents Palestiniens, les perspectives et les
analyses des spécialistes changent curieusement.
Lorsqu’ils voient les corps d’enfants « islamistes »
se déchiqueter sur les plages de Gaza, des femmes
« opprimées par leur voile » se faire décimer par
des missiles dans un parc, des hommes âgés à la «
barbe fondamentaliste » se faire incinérer sur un lit
d’hôpital ou encore des nourrissons rendre le
dernier souffle dans leur couveuse dû au
1 Enseignant sioniste à la chaire Moyen-Orient Méditerranée
de Sciences Po
bombardement volontaire d’une centrale
électrique, qu’en pensent-ils ? Que disent-ils ?
Rien. Silence radio, comme si l’état juif ne faisait
plus partie du Moyen-Orient, la région de laquelle
ils sont supposés être spécialistes.
Mais à vrai dire, leur attitude
n’a rien d’étonnant. Après
tout, c’est bien Gilles Kepel
qui, depuis plusieurs
décennies, mène une croisade
idéologique contre la
gouvernance islamique des
pays musulmans dans laquelle
il a réussi à déshumaniser les
musulmans qui désirent mettre
fin à la colonisation politique
et économique — voire même
l’occupation — de leur pays.
PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
5
Le prétexte invoqué de la souffrance juive dans la création de l’état juif est fallacieux et contredit toute logique.
2. Le Peuple Palestinien ___________________________________________________________________
Victime Collatérale de la Shoah ?
our justifier la création et l’existence de
l’état sioniste, l’Occident prétexte
inlassablement la souffrance du peuple juif
lors de la Seconde Guerre mondiale.
L’extermination d’un nombre considérable de juifs
est un fait incontestable et personne ne peut nier
les atrocités qui ont eu lieu sous le régime nazi.
Cependant, nul n’est sans savoir que la persécution
sanglante des juifs est une entreprise allemande.
Les Palestiniens eux, n’ont pas été impliqués dans
la Shoah et ont, avant
qu’ils ne se fassent
dérober leurs terres,
toujours assuré la
sécurité de la
communauté juive en
Palestine.
En effet, les juifs n’ont
jamais subi de pogroms
ni même de
discriminations
quelconques dans le
monde musulman. Bien
au contraire, ils y ont
toujours été accueillis et
protégés lorsqu’ils fuyaient les persécutions
antisémites. Voilà pourquoi les Palestiniens se sont
toujours demandé pourquoi ce sont eux qui ont dû
expier l’antisémitisme européen et le génocide
commis par un peuple aux cheveux blonds et aux
yeux clairs avec lequel ils n’ont aucun lien.
Si le sentiment de culpabilité de l’Europe était
sincère, n’aurait-il pas été plus judicieux
d’octroyer une partie de l’Allemagne au peuple
juif ? Manuel Valls, à n’en pas douter, aurait été
ravi d’avoir comme pays voisin l’état auquel il est
éternellement lié.
En appliquant le principe d’offres territoriales pour
compenser la souffrance de peuples persécutés, on
peut aller très loin. Si avec l’holocauste, les juifs
ont réussi à marchander l’annexion de 80 % de la
Palestine, les Gazaouis eux, pourraient au moins
négocier le 19e arrondissement de Paris, non ?
Le prétexte invoqué de la souffrance juive dans la
création de l’état juif est donc fallacieux et
contredit toute logique. Il s’agit d’une évidence
élémentaire qui fut même reconnue par Ben
Gourion, l’homme qui déclara l’indépendance de
l’entité sioniste en 1948:
« Si j’étais un dirigeant arabe, je ne signerais
jamais un accord avec Israël. C'est normal, nous
avons pris leur pays. Il est vrai que c'est la Terre
Promise, mais en quoi cela pourrait-il les
concerner ? Notre dieu
n'est pas le leur. Il y a
eu l'antisémitisme, les
nazis, Hitler, Auschwitz,
mais était-ce leur faute ?
Ils ne voient qu'une
seule chose : nous
sommes venus et nous
avons volé leurs terres.
Pourquoi devraient-ils
accepter cela ? »2
Au sein de la
communauté juive
orthodoxe, la
justification du vol des
terres et des biens en Palestine3 se traduit par une
apologie religieuse. Dans de nombreux passages,
le Talmud4 permet au « peuple élu » de dérober les
non-juifs de leurs biens. Il leur est ainsi devenu
possible de réclamer les terres palestiniennes (« La
propriété d’un non-juif appartient au premier juif
qui la réclame »5), pour se les partager (« Si
plusieurs juifs trompent un non-juif, ils doivent se
partager le bénéfice équitablement »6) et ensuite,
se les approprier à tout jamais (« Si un juif trouve
2 David Ben Gourion cité par Nahum Goldmann dans « Le
Paradoxe Juif » (page 121) 3 Contrairement à la création d’un état juif avant l’arrivée de
leur Messie. 4 Le Talmud, rédigé dans un mélange d'hébreu et d'araméen,
est l’un des livres fondamentaux du judaïsme et constitue le
fondement de la loi juive ou Halakha. 5 Talmud, Babha Bathra 54b
6 Talmud, Choschen Ham 183, 7
P
PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
6
Theodor Herzl fut le fondateur du sionisme et l’inspirateur du terrorisme judaïste.
un bien appartenant à un goy, il n'est pas tenu de
le lui rendre »7).
L’Occident ne peut, bien entendu, accepter ce type
de convictions talmudiques comme une
revendication légitime pour la colonisation de la
Palestine. Pour faire admettre le bien-fondé de leur
État voyou, les sionistes
préfèrent donc rappeler au
monde les atrocités qu’ils ont
subies sous l’occupation
nazie. Ils se servent de la
Shoah, comme d’un petit
bâton magique, pour réduire
au silence toute personne qui
s’oppose au massacre du
peuple palestinien et à
l’annexion de leurs terres.
Or, l’histoire démontre que la
création de l’état juif n’est
pas un résultat direct, ni
même une conséquence de
l’holocauste, mais bien le
produit de la politique
coloniale du 19e siècle. La
première colonie juive fut
établie en 1878, Hitler ne
naîtra qu’en 1889. Quand les
sionistes jetèrent les fondements de ce qu’ils
allaient plus tard appeler « Israël », le führer
allemand n’avait pas encore fait sa première
communion.
En 1897, Theodor Herzl8 déclare que l’unique
solution pour résoudre l’antisémitisme est de
coloniser la Palestine9 pour y instaurer un état
purement juif10
. Pour Herzl, l’état sioniste devait
7 Talmud, Baba Mezia 24a
8 Fondateur du sionisme et inspirateur du terrorisme judaïste,
Theodor Herzl est l'auteur de « L'État des Juifs », un ouvrage
raciste et islamophobe (voire anti judaïque) qui prône le vol
des terres palestiniennes et l’exode de son peuple. 9 Auparavant, il envisageait un état juif en Argentine et en
Ouganda 10
Voir Protocole du premier congrès sioniste tenu à Basel en
1897 dans I. Cohen, « Le Mouvement Sioniste, Paris », 1946,
p.70-71
s’établir entre le Nil égyptien et l’Euphrate11
. Il
aspirait à l’établissement d’un état raciste et
islamophobe dans lequel il ne fallait pas offrir
d’emplois à la population locale autre que « la
chasse aux serpents » et l’assèchement des
marais12
. Après ça, dit-il, les indigènes de la
Palestine « doivent être expulsés discrètement au-
delà des frontières du nouvel
état juif »13
.
En 1901, lors du cinquième
congrès sioniste, les sionistes
créent le « Fonds National
Juif » qui avait pour mission
d’acquérir des terres en
Palestine et de les déclarer
« propriété éternelle et
inaliénable du peuple juif ».
La volonté juive de détruire
la Palestine se concrétise
avec l’engloutissement de
milliards de « sio-dollars ».
En 1903, le projet sioniste de
transformer la Palestine en
état exclusivement juif, qui
entretient des liens puissants
avec l’Occident, prend
clairement forme lors du
sixième congrès sioniste. Lors de cette assemblée,
Franz Oppenheimer définit les objectifs de
l’intégrisme sioniste: « Nous couvrirons la
Palestine d’un réseau de colonies », une parole
impudente qui fut prononcée quatre décennies
avant la Shoah.
Quant à l’immigration sioniste, celle-ci débuta en
188214
, c’est-à-dire 60 ans avant la Shoah. Les
colons juifs achètent des terres sur les côtes
palestiniennes et commencent à développer une
structure d’état. « L’Organisation Mondiale
11
T. Herzl, « Gesammelte Zionistische Werke», Tel Aviv,
1934. 12
Ibid, V II, p.98 et p.108-109 13
Ibid p.98 14
Un an avant, en 1881, le baron et banquier juif Edmond de
Rothschild (né à Boulogne-Billancourt) se met à acheter des
terres en Palestine et finance le premier établissement
sioniste.
PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
7
Sioniste », fondée en 1897 par Herzl, se met à
ramasser des fonds dans les quatre coins du
monde. Il s’agit d’une collecte internationale que
la mafia sioniste assure jusqu’à nos jours.
Le 24 juin 1891, un demi-siècle avant
l’holocauste, un groupe de notables palestiniens à
Jérusalem exige du gouvernement à Istanbul
l’arrêt de la vente des terres palestiniennes aux
juifs russes et l’arrêt de l’immigration de ce
groupe15
. Lorsque se manifestent les premiers
signes de l’opposition palestinienne, il est trop
tard, le venin sioniste s’est déjà largement répandu
dans les veines de la terre de Palestine.
Face à la résistance palestinienne, les colons juifs
réagissent par la violence et commettent de
multiples massacres et attentats terroristes, une
approche qui, jusqu’à ce jour, n’a pas changé. En
1907, ils établissent leur première milice fasciste
« Bar Giora » qui, en 1909, prendra le nom de
« Hashomer ». Ce fut le début du terrorisme
sioniste sous lequel périront plusieurs dizaines de
milliers de Palestiniens. La Shoah n’aura lieu que
trente ans plus tard16
.
15
O. Carré, « Le Mouvement National Palestinien », p.18 16
Cet article est partiellement basé sur une recherche de
l’historien Lucas Catherine dans son livre « De Israël
lobby »
PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
8
Dans le conflit qui oppose la Palestine aux sionistes, la culpabilité britannique est souvent oubliée devant les images des bombardements sur le peuple palestinien.
3. Prophétie d’une
Conquête de la Palestine ___________________________________________________________________
Le Festin Colonial de 1916
a cruauté de la politique coloniale menée
par la Grande-Bretagne au Moyen-Orient
fut telle que plusieurs historiens qualifièrent
les Anglais de « bourreaux masqués de la
Palestine ». La culpabilité britannique, pourtant
évidente, est souvent oubliée devant les images
d’avions de chasse bombardant des écoles où se
réfugient femmes et enfants palestiniens.
Pour concevoir les crimes de la Grande-Bretagne
envers le peuple palestinien, on est amené à
s’interroger sur la collaboration dévastatrice des
Britanniques avec les sionistes et, pour cela, il est
impératif de relire certains passages de l’histoire
de la Palestine que l’Occident semble vouloir jeter
aux oubliettes.
Par ailleurs, les erreurs du passé que les
Palestiniens n’ont cessé
de reproduire dans leur
lutte pour
l’indépendance doivent
servir de leçon pour la
communauté musulmane
qui, dans plusieurs sens,
se trouve dans un
embarras humiliant et
semblable à celui du
peuple palestinien.
Mais d’abord, un petit
retour dans le passé. Au
début du XXe siècle, les
sionistes cherchaient à
atteindre leurs objectifs
colonialistes en bénéficiant du soutien des grandes
puissances qui dirigeaient — ou qui voulaient
coloniser — le Moyen-Orient : d’abord auprès de
l’Empire ottoman (dont la Palestine devint une
province en 1516), ensuite l’Allemagne, la France
et la Grande-Bretagne.
Les sionistes n’obtiennent presque rien des
Ottomans, mais exploitent pleinement le déclin de
leur empire ainsi que la volonté farouche des
puissances coloniales de se répartir le monde
arabe. Les Anglais voulaient, coûte que coûte,
coloniser la Palestine qui fut d’une importance
stratégique majeure vu sa proximité du canal de
Suez, la voie la plus courte vers l’Inde britannique.
La Palestine représentait également une plaque
tournante entre trois continents (l’Europe, l’Asie et
l’Afrique), mais c’était avant tout le pays qui
gérait l’arrivée du pétrole venant de l’Iraq du
Nord. Eh oui, les raisons de la colonisation
anglaise d’antan sont identiques à celles des
Américains aujourd’hui, la seule différence étant
que ces derniers ont astucieusement remplacé le
mot « colonisation » par l’expression « lutte contre
le terrorisme ».
En 1915, alors que la Palestine fut encore un pays
arabe sous tutelle
ottomane, les Anglais
promettent un « Grand
État Arabe »
indépendant aux
dirigeants des
mouvements
nationalistes arabes.
Bien entendu, la Grande-
Bretagne n’a pas tenu
son engagement et a
massivement soutenu
l’immigration sioniste.
Dans les vingt ans de
domination anglaise (de
1920 à 1939), les
sionistes acquièrent plus de terres que durant les
quatre décennies avant la Première Guerre
mondiale17
. « Et ceux qui n’ont pas cru sont alliés
les uns des autres. Si vous n’agissez pas ainsi [en
rompant les liens avec les ennemis infidèles], il y
aura discorde sur terre et grand désordre. » (al-
Anfal 73)
17
Lucas Catherine, « De Israël lobby »
L
PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
9
Sans rencontrer de résistance, les Chasseurs d’Afrique envahissent la ville palestinienne d’Anabta sous le commandement du général anglais Edmund Allenby.
Durant cette même guerre, avant le démantèlement
de l’Empire ottoman, l’Angleterre et la France se
permettent déjà de négocier orgueilleusement le
partage du Moyen-Orient lors des accords Sykes-
Picot, signés en 1916 avec la bénédiction de la
Russie impériale. Les nations colonisatrices
choisissent chacune une part d’un grand gâteau
arabe qui ne leur appartient nullement.
Treize siècles avant ce partage du monde arabe, le
Prophète Mohammed avait averti les gens de sa
communauté de ce qui allait un jour leur arriver :
« Les nations (ennemies) d’horizons divers18
ne
tarderont pas à s’inviter chez vous comme on
invite les gens à manger autour d’un diner. »19
Cette célèbre prophétie
s’est accomplie plus d’une
fois à l’époque
contemporaine où les
grandes puissances
coloniales et impérialistes
se sont invitées dans les
pays musulmans pour y
piller de nombreuses
richesses, dont le pétrole20
.
Le Prophète prédit la
façon par laquelle les
conquêtes modernes
allaient être entreprises en
décrivant un diner
organisé auquel
participeront des invités venus d’horizons divers21
.
Lors de la préparation de la conquête du monde
arabe par les grandes puissances en 1916, la
France se considère en droit de s’approprier la
18
L’ajout « d’horizon divers » ne fait pas partie du hadith
rapporté par Abu Dâwud, mais d’une autre version du même
hadith rapporté dans « Sahîh al-Jâm’i » (no 8183) 19
Hadith rapporté, entre autres, par Abu Dâwud dans son
« Sunan » (no 4297), Ibn Asâkir dans « Târîgh Dimachq »
(2/97) et rendu authentique par Sheikh al-Albany dans
« Sahîh Abi Dâwud » (3/25) et « Silsilat al-Ahâdith al-
Sahîha » (no 958) 20
Mohammed Ibn Omar Bazmoul « Fadl ‘Ittiba al-Sunna »,
p.25 21
‘Abdel Muhsin al-Abbâd « Sharh Sunan Abi Dâwud »
(no 4297)
Syrie et le Liban – on comprend pourquoi le
poison laïc y est omniprésent — alors que la
Grande-Bretagne s’attribue l’Égypte, la Jordanie,
l’Iraq, la péninsule arabique et… la Palestine.
Une fois l’invitation au festin colonial lancée, des
colons issus des quatre coins du monde envahiront
les terres musulmanes sans qu’il n’y ait de réelles
objections ou de contestations locales. Ils
accapareront les richesses et acquerront de
nombreuses possessions dans les pays en question
sans fatigue et sans subir de préjudice. C’est ainsi
qu’ils réussiront à diviser les musulmans et leurs
terres tout en bénéficiant d’une amnistie quasi
générale.
La description des musulmans à cette époque,
donnée par le Messager ,
fut d’une précision
remarquable22
. Ils furent
comparés à des morceaux
de nourriture du fait qu’ils
n’offraient aucune
résistance au moment de se
faire dévorer23
. Le monde
vit les grandes nations se
partager un diner copieux
en toute tranquillité, sans
être dérangées.
En octobre 1917, les
troupes britanniques
assaillent l’autorité turque
en Palestine et remportent une victoire décisive qui
mène à la capitulation de l’Empire ottoman. Après
avoir conquis Jérusalem le 9 décembre 1917,
l’armée britannique s’empare des autres villes
palestiniennes par petites bouchées. Ils furent
22
Les savants ont expliqué que ce hadith ne réfère pas
uniquement aux conquêtes modernes, mais à celles de toutes
les époques - passées, contemporaines ou futures - dans
lesquelles les grandes puissances, ennemies à l’Islam,
conquièrent les pays musulmans suite à leur faiblesse et leur
abandon de la religion. Voir ‘Abdel Muhsin al-Abbâd
« Sharh Sunan Abi Dâwud » (no 4297) 23
Mohammed Shams al-Haq al-‘Athim Abâdi Abu al-
Tayyib « Awn al-Ma’bûd Sharh Sunan Abi Dâwud » 11/272
PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
10
Le 11 décembre 1917, le général Edmund Allenby et ses officiers pénètrent la ville de Jérusalem en traversant la Porte de Jaffa à pied.
assistés par les troupes coloniales d’autres nations
qui rejoignent le « repas des conquérants »24
.
La ville de Naplouse est conquise par la cavalerie
australienne, Haïfa tombe le 23 septembre 1918
dans les mains des troupes indiennes et, quelques
jours plus tard, les Chasseurs d’Afrique
« français » envahissent la ville d’Anabta sous le
commandement du général anglais Edmund
Allenby.
Une fois entrés dans les
villes palestiniennes, les
envahisseurs y
découvrent un peuple
docile et soumis à leur
politique coloniale, une
population qui, prête à se
faire manger, ne
manifestait aucune
opposition25
.
Le 11 décembre 1917, le
général Edmund Allenby
et ses officiers — français, italiens et anglais —
pénètrent la ville de Jérusalem en traversant la
Porte de Jaffa… à pied ! Allenby s’adresse ensuite
aux habitants de Jérusalem : « La victoire des
troupes sur les Turcs, sous mon commandement, a
abouti à l’occupation de votre ville par mes forces.
C’est pourquoi je décrète la loi martiale dans
votre ville... »26
C’est ici qu’on aurait pu s’attendre à ce qu’une
première Intifada éclate, mais non. Dans son
rapport officiel de la conquête de Jérusalem,
Allenby fait part de l’admirable docilité du peuple
conquis : « Je suis entré dans la ville (de
24
Un peu comme les pays de l’OTAN aujourd’hui qui, de
façon similaire, lancent des invitations entre eux pour
envahir les pays musulmans. 25
Une opposition palestinienne (très médiocre) au mandat
britannique aura lieu en 1918 par la fondation de l’« Union
des Associations Islamo-Chrétiennes » qui, très poliment,
demandera aux pays occidentaux de ne pas faire de leur
patrie un foyer national juif. 26
Source Records of the Great War, Vol. V, ed. Charles
Francis Horne, National Alumni 1923.
Jérusalem) à midi le 11 décembre… La population
m’a bien accueilli. »27
Comme un touriste belge qui se balade sur les
côtes espagnoles, le général britannique conquit la
capitale de la Palestine à pied, impose la loi
martiale et informe ses habitants qu’ils sont sous
occupation. La population locale, elle, ne trouve
rien de mieux à faire que de « bien l’accueillir ».
Naïvement, les
Palestiniens attendaient
l’indépendance promise
par les Britanniques en
1915. Petit à petit, leurs
utopies vont s’effondrer
devant l’appétit insatiable
des Anglais et, plus tard,
des sionistes voraces qui,
eux aussi, allaient
s’inviter au grand diner…
27
Ibid
PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
11
En novembre 1917, le ministre britannique Arthur Balfour commet une des escroqueries les plus grotesques du XXe siècle
4. Pourquoi la Oumma n’a pas pu
secourir la Palestine… __________________________________________________________
n an après le partage du monde arabe signé
en 1916 lors des accords de Sykes-Picot28,
les Anglais invitent les sionistes au diner
colonial. Le 2 novembre 1917, le ministre
britannique Arthur Balfour commet une des
escroqueries les plus grotesques du XXe siècle. Dans
une déclaration portant son nom, il promet que la
grande Bretagne assistera les sionistes dans la
création d’un foyer national juif en Palestine. La
promesse du « Grand état Arabe » indépendant faite
par les Anglais aux Arabes en 1915 semble
entretemps être oubliée.
La Déclaration de Balfour
peut être considérée comme
une escroquerie
internationale pour plusieurs
raisons. En 1917, année où
le contrat fut signé, la
Palestine ne contenait que
7% de juifs29. Or, ce n’est
qu’en 1922, que la Grande-
Bretagne obtiendra
officiellement son mandat
de la Ligue des Nations30
sous le prétexte fallacieux
de « préparer la population
locale à l’indépendance ».
Concrètement, cela signifie que les Britanniques
n’ont commencé à diriger la Palestine, de manière
officielle, que cinq ans après que Balfour offrit en
cadeau le pays aux sionistes. La question se pose
souvent en Palestine ; de quel droit la Grande-
Bretagne a-t-elle pu promettre et octroyer un pays,
qui ne lui appartenait pas et sur lequel elle n’avait
28 Voir la première partie de « Prophétie d’une Conquête de la
Palestine » 29 Journal of Palestine Studies, Vol. 1, n° 4 (1974), p.36 30 En 1920, les Anglais reprennent l’administration de la Palestine
des Ottomans, mais sans obtenir de mandat.
aucune autorité légale31, à une petite minorité de
juifs en Palestine ?
En Occident, la Déclaration de Balfour sert de motif
pour justifier la légitimité de l’État juif. Les experts
du Moyen-Orient ne cessent de rappeler que les
Britanniques ont offert la Palestine suivant une
promesse solennelle faite au peuple juif en 1917.
Mais cette promesse, en quoi rend elle légitime la
création d’un état par un peuple étranger sur la terre
d’un peuple indigène ? Les Français, accepteraient-
ils qu’une nation arabe fasse une donation de la
moitié de leur pays aux Kurdes parce que ces
derniers se sont fait
persécuter sur un autre
continent ? Si leur réponse
est non, qu’ils se posent
alors la question de quel
droit la communauté
internationale exige des
Palestiniens d’accepter le
« don généreux » de leurs
terres par des Anglais à un
peuple avec lequel ils n’ont
rien à voir.
Au-delà de cette tromperie
Anglaise, il est important
pour le musulman de cerner les causes de la tragédie
palestinienne et de reconnaitre que c’est avant tout la
condition affligeante de leur Oumma qui a rendu
possible ce scenario cauchemardesque.
Jusqu’à ce jour, le monde musulman n’a jamais
réellement pris conscience de l’humiliation subie à
l’époque coloniale. Cette inculture est avant tout due
au manque de connaissances de la croyance et de
31 Islamiquement parlant, la Ligue des Nations n’est nullement
reconnue du fait qu’il s’agit d’une institution qui oppose et combat
les lois et valeurs musulmanes. C’est également le cas pour le
mandat britannique et les lois internationales de l’ONU qui
constituent également une série d’escroqueries internationales par
lesquelles se sont fait duper les musulmans.
U
PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
12
Le partage du monde arabe signé lors des accords de Sykes-Picot en 1916 semble avoir été prédit 13 siècles auparavant par le Prophète Mohammed
l’histoire islamique, deux éléments indispensables
pour tout peuple musulman qui désire un jour
retrouver la puissance, la gloire et l’honneur avec
lequel brillait, dans un passé pas si lointain, la
Oumma.
Pour comprendre les causes des défaites musulmanes
aux mains des colons impérialistes, il nous faut
analyser la seconde partie du hadith dans lequel le
Prophète prédit les conquêtes des puissances
mondiales et leur partage du monde musulman :
« Les nations ennemies)
d’horizons divers ne
tarderont pas à s’inviter
chez vous comme on invite
les gens à manger autour
d’un diner. » Touché par
cette parole, un des
compagnons demanda :
« Serait-ce dû au fait que ce
jour-là nous serions peu
nombreux ? » Le Messager
répondit : « Au contraire,
(ce jour-là) vous serez très
nombreux, mais vous serez
à l’image de l’écume des
flots ; Allah retirera des
cœurs de vos ennemis la peur qu’ils éprouvent
envers vous et Il placera dans vos cœurs la
faiblesse. » Un compagnon demanda : « Ô
Messager, quelle est cette faiblesse ? » Il dit :
« L’amour de ce bas monde et la répulsion pour la
mort »32.
Bien que cette description des musulmans fût
pratiquement inconcevable à l’époque du Prophète
, il s’agit bel et bien d’un récit détaillé de la
communauté musulmane d’aujourd’hui qui se trouve
dans une situation lamentable comme elle ne l’a
jamais été auparavant.
Le Messager avait prédit que les musulmans
seraient nombreux lors de la conquête de leurs terres,
mais que ce grand nombre ne leur serait d’aucune
utilité. Le peuple juif - qui à l’époque ne dépassait
pas les quinze millions - réussit à instaurer un état
32 Hadith rapporté, entre autres, par Abu Dâwud dans son « Sunan »
(no 4297), Ibn Asâkir dans « âr gh Dimachq » (2/97) et rendu
authentique par Sheikh al-Albany dans « Sah h Abi Dâwud » (3/25)
et « Silsilat al-Ahâdith al- Sah ha » (no 958)
colonial au sein du monde arabe sur une terre
appartenant aux musulmans qui eux, étaient plus
d’un milliard.
La création de l’état sioniste tout comme les
invasions néo coloniales contemporaines des troupes
américaines dans les pays musulmans démontrent la
véracité de ce hadith prophétique; le grand nombre
des membres de cette Oumma n’aura aucun poids
tant qu’ils abolissent la manifestation de leur religion
et refusent de mettre en pratique ses obligations33.
Depuis plusieurs siècles
maintenant, les musulmans
sont à l’image de l’écume
des flots qui, vide de
courage, se fait porter par
les vagues34. Peu importe la
direction que prennent ces
vagues, l’écume les suivra
toujours. Souvent illettrés et
incultes lorsqu’il s’agit des
sciences islamiques, les
masses musulmanes suivent
aveuglement l’Occident tout
en négligeant les préceptes,
les principes et surtout
l’étude de leur religion35.
L’histoire a prouvé que c’est ce type de négligences
qui - jusqu’à ce jour d’ailleurs - permet aux ennemis
impérialistes d’envahir les pays musulmans. C’est ce
même éloignement de l’Islam qui a permis aux
Occidentaux d’imposer un grand nombre de
dictateurs laïcs dans le monde musulman qui
maitrisent mieux la constitution française que les
jugements du Coran. C’est cette négligence de
l’Islam par de nombreux gouverneurs et gouvernés
musulmans, qui a fait d’eux une proie facile pour
leurs ennemis. Les Arabes ne cessent de
commémorer la Nakba palestinienne, mais ne
conçoivent pas la Nakba de la communauté
musulmane, une catastrophe majeure et répandue
bien au-delà du Moyen-Orient que la plupart des
33 ‘Abdel Muhsin al-Abbâd « Sharh Sunan Abi Dâwud » (no 4297) 34 Mohammed Shams al-Haq al-‘Athim Abâdi Abu al-Tayyib «
Awn al-Ma’bûd Sharh Sunan Abi Dâwud » 11/272 35 C’est surtout dû au délaissement de l’apprentissage de la
croyance islamique (‘Aqida) que les musulmans se trouvent dans
leur situation actuelle. La ‘Aqida est l’arme la plus forte des
musulmans et constitue leur défense principale contre tout ennemi.
PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
13
Les Arabes ne cessent de commémorer la Nakba palestinienne, mais ne conçoivent pas la Nakba de la communauté musulmane.
musulmans sont incapables de percevoir dû à leur
propre vacuité religieuse et intellectuelle.
Pour comprendre la place que prend l’Islam chez un
peuple à une époque quelconque, il ne faut pas
regarder l’affluence devant les portes des mosquées
ni écouter le chahut qui résonne lors du pèlerinage.
Non, pour comprendre la force d’un peuple
musulman, il faut observer
l’union que forment ses
citoyens contre les ennemis
de la sharia36.
Cette unité contre les
ennemis de la législation
islamique fut presque
inexistante à l’époque de
Balfour37. Certes, les
Palestiniens se sont opposés
au Mandat britannique et à la
colonisation sioniste, mais il
s’agissait d’une opposition
stérile et peu structurée dans laquelle les Ottomans
n’ont pas suffisamment secouru leurs frères
palestiniens.
En 1910, le gouverneur de Nazareth adressa une
plainte aux autorités turques dans laquelle il
mentionne que « les sionistes ont leur propre
étendard et trompent l’administration turque quant à
leurs véritables intentions ». Les tentatives de fonder
des journaux anti sionistes38 n’aboutissent à rien dû
au fait que l’Empire Ottoman, noyé dans des
croyances soufistes39 et laïcistes40, ne défendait plus
que ses propres intérêts.
36 Sheikh Abul Wafâ Ibn ‘Aqil, « al-Dorar al-Saniyya », Vol.8,
p.299 37 À cette époque ces ennemis étaient les nations colonisatrices et la
Ligue des Nations. Aujourd’hui ce sont les nations impérialistes
occidentales, l’ONU, l’OTAN etc. 38 Le premier journal anti sioniste (al-Karmal) apparait à Haïfa en
1908. 39 Le 2e sultan de la dynastie ottomane Orhan (1326-1359) fut déjà
un fervent pratiquant du bektashisme, une secte polythéiste où sont
adorés les « saints » et qui se présente comme un ordre ésotérique
(batinite) qui mélange la doctrine du Wahdatul-wujûd à celle du
chiisme. La secte est aujourd’hui connue pour sa « Samā », une
cérémonie polythéiste classée au patrimoine culturel immatériel de
l’humanité par l’organisation internationale de la promotion du
polythéisme UNESCO. Le bektashisme, toujours selon l’UNESCO,
fait preuve de « modernité précoce ». 40 Le 7e sultan Mehmed II Fatih (1451-1481) fut le premier à jeter
les fondations du droit civil et à abolir les ‘hudûd’. Le dixième
sultan Sulaymân Ier (1520-1566) fut le premier à imposer les lois
La révolte palestinienne contre l’escroquerie
britannique ne fut que très peu basée sur des
principes islamiques, mais plutôt sur du nationalisme
arabe. En 1918, les Palestiniens fondèrent à
Jérusalem l’« Union des Associations Islamo-
Chrétiennes » qui lança un appel à la « Conférence
de Paix » qui avait lieu à Paris pour répartir le monde
après la Première Guerre mondiale :
« L’ensemble des habitants
de la Palestine, qu’ils se
trouvent à Jérusalem,
Naplouse ou Akka,
musulmans et chrétiens, se
sont réunis dans une
assemblée pour choisir leurs
représentants… Nous avons
décidé de faire une
protestation urgente contre
le projet d’offrir notre patrie
comme foyer national juif
aux sionistes en leur
permettant de coloniser notre terre. Nous nous
opposons fermement à cette décision qui fut prise
sans notre savoir et consentement. »41
À nouveau, la naïveté arabe doublée d’une absence
du désaveu musulman envers l’ennemi (al-Barâ’a)
empêchent les Palestiniens de voir clair dans les
ruses anglaises. Dans une tentative désespérée de
faire entendre leur voix, ils vont jusqu’à calquer les
modes d’administration occidentale et mettre de côté
les voies légiférées que leur offrait l’Islam.
« Quiconque veut la puissance glorieuse), qu’il la
cherche auprès d’Allah42, car la puissance tout
entière est à Allah. » (Fâtir 10)
Toutes ces démarches concessionnaires n’ont fait
que d’inspirer le dédain chez les Britanniques. Lors
du démantèlement de l’Empire ottoman, les colons
ne ressentaient plus aucune crainte pour ces
musulmans si faciles à domestiquer. À l’instar des
massacres tatars, ce fut une période d’abaissement et
d’ignominie où « Allah retira la peur des cœurs de
européennes aux musulmans et à les appliquer dans les tribunaux,
raison pour laquelle il fut nommé Sulaymân le Magnifique en
Occident et le Législateur (al‐Qânouni) en Orient. 41 « Watha’iq al Muqâwamah al Filistiniya al-‘Arabiya », Beiroet,
1968, p.3. 42 Ҫ.-a-d. « devenir puissant par l’obéissance à Allah » comme l’a
expliqué Qatâda (Tafsir Ibn Kathîr Vol.6, p.7)
PALESTINE…
UNE HISTOIRE MECONNUE
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Le Prophète avait prédit que les musulmans allaient être nombreux, mais qu’ils seraient à l’image de l’écume des flots qui, vide de courage, se fait porter par les vagues.
l’ennemi et plaça la faiblesse dans les cœurs des
musulmans. »
Sheikh Nâsir al-Din al-Albany explique que cette
faiblesse, qui se traduit par un amour
disproportionné pour cette
vie basse et une répulsion
pour la mort, a poussé les
musulmans à se soumettre à
l’état d’humiliation dans
lequel ils se trouvent et à
l’endurer avec résignation.
Le Muhaddith clarifie que
cette faiblesse a engendré un
abandon du Jihad43 sous
toutes ses formes44 et que la
plupart des musulmans sont
aujourd’hui éprouvés par
cette faiblesse45.
Voici pourquoi, en décembre
1917, le général Edmund
Allenby et ses officiers ont pu entrer Jérusalem,
troisième lieu saint de l’Islam, à pied. À l’exception
de quelques attaques armées en 1920 contre des
colons sionistes à Jérusalem et dans le nord de la
Palestine46, un Jihad structuré et efficace n’a jamais
vu le jour. De manière générale, le monde musulman
fut paralysé par cette faiblesse doctrinale qui, comme
l’expliquent certains érudits, a poussé de nombreux
musulmans à échanger leur religion pour satisfaire
l’ennemi déclaré ou encore pour obtenir des plaisirs
éphémères de la vie-basse47.
À partir de 1925, les Palestiniens créent des partis
politiques pour obtenir une représentation nationale
et ainsi rejeter le mandat et la colonisation sioniste.
Mais en vain. En 1920, les Anglais assistent les
sionistes dans l’établissement d’un gouvernement
juif, la « Jewish Agency », qui décrète des lois pour
faciliter l’acquisition de terres par les sionistes. Les
43 En 1918, un peu avant la capitulation de l’armée turque, le
dernier sultan ottoman Mehmed VI (1861 – 1926) refuse de résister
et abandonne le Jihad. Il se soumet au jeu des forces coloniales afin
d’obtenir des conditions de paix clémentes. Après la prise de
pouvoir par le laïcard Kemal Atatürk, Mehmed VI fuit le pays en
1922 à bord d’un cuirassé britannique pour se réfugier à Malte. Cet
événement marque la fin officielle de l’Empire ottoman. 44 Le Jihad peut se mener par la personne, l’argent, la parole etc. 45 « Majalla al-Tamaddun al-Islâmiy » (n° 4, p.426) 46 Lucas Catherine, « Palestine: dernière colonie? » 47 Mohammed Shams al-Haq al-‘Athim Abâdi Abu al-Tayyib «
Awn al-Ma’bûd Sharh Sunan Abi Dâwud » 11/272
Palestiniens se disent prêts à adopter les constitutions
occidentales, mais doivent faire face à une solide
alliance judéo-chrétienne. « Ô les croyants ! Ne
prenez pas pour alliés les Juifs et les chrétiens ; ils
sont alliés les uns des autres. » (al-Maida 51)
Une des lois décrétées par la
« Jewish Agency » stipulait
que chaque Palestinien qui ne
cultivait pas sa terre durant
plus de 3 ans devrait la céder
au peuple juif. En 1929, les
sionistes avaient déjà saisi plus
de 1000 des 27000 kilomètres
carrés du territoire
palestinien48.
Plus les Palestiniens se plient
aux valeurs occidentales, plus
ils se font abuser, humilier et
voler leurs terres. L’histoire
palestinienne est un exemple
type qui prouve que la participation des musulmans
aux systèmes politiques occidentaux ne servira
jamais leurs intérêts et ne leur apportera aucune
solution durable.
A suivre49
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48 Lucas Catherine, « De Israël Lobby » 49 Pour lire les autres articles dans cette série de recherches sur la
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