PANORAMA DE PRESSE
12/02/2018 08h31
CGT
Panorama réalisé avec Pressedd
SOMMAIRE
SYNDICALISME(2 articles)
lundi 12 février 2018Page 6
lundi 12 février 2018Page 7
ACTUALITE SOCIALE(9 articles)
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Martinez chez les postiers (381 mots)
Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez est venu également soutenir lespostiers du centre courrier de Barbazan-D…
Vers la parité des élus du personnel (547 mots)
C'est une bonne nouvelle qu'a annoncée vendredi le ministère du Travail enmatière de parité. Sa direction de la recherche (Dares) …
Les jeunes seront bientôt soumis à l'apprentissage du Medef(945 mots)
Dans le combat qui a fait rage entre organisations patronales et régions surl'apprentissage, ces derniers mois, le gouvern…
Le double jeu du gouvernement (378 mots)
Annoncer des pistes de réformes alors que les négociations sont encore en coursentre syndicats et organisations patronales…
Enfants en danger, Molins pas pressé (395 mots)
Des enfants abandonnés à eux-mêmes dans les rues de Paris ? Voilà qui neconstitue pas une urgence aux yeux du procureur Fr…
L'industrie française sous la menace de l'intégrationeuropéenne (975 mots)
Ce jeudi passé, le pâle fantôme de Sylvie Goulard, ancienne ministre des Armées,hante de fait la rencontre qui a lieu à To…
Malaise à l’hôpital : la parole se libère de manière virale(1025 mots)
Météo très incertaine. Par crainte d’orages imprévisibles sur le front hospitalier,le gouvernement a accéléré son propre t…
lundi 12 février 2018Page 17
lundi 12 février 2018
Page 19
samedi 10 février 2018Page 24
dimanche 11 février2018
Page 25
RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL(1 article)
dimanche 11 au samedi17 février 2018
Page 28
PROTECTION SOCIALE(1 article)
lundi 12 février 2018Page 30
Lettre ouverte aux pouvoirs publics et aux personnelshospitaliers (571 mots)
Nous, patients, médecins, infirmiers, directeurs d’hôpital, sociologues,philosophes, partageons le constat fait par les pe…
Appel citoyen à des états généraux de la santé (1517 mots)
Nous, citoyens, habitants de France, soutenons l’appel lancé le 16 janvier parles mille médecins hospitaliers et cadres de…
Réforme de l’apprentissage : des réglages à tous les étages(523 mots)
Simplifier et attirer : ce sont les grandes lignes de la réforme de l’apprentissagedont le gouvernement a dévoilé vendredi…
« L’hôpital public est en burn-out » (752 mots)
Par Daniel Rosenweg Le Premier ministre présentera mardi, à Eaubonne (Val-d’Oise), la « stratégie de…
Travail : pourquoi les ordonnances patinent (642 mots)
BARRAGE Plusieurs syndicats bloquent, au niveau des branches, la possibilitéofferte aux entreprises d’aménager les règles C’est une réunion décisive q…
Tiers payant, déserts médicaux… l’Assurance maladie a toutprévu (527 mots)
Par Daniel Rosenweg Ne rien lâcher ! Jeudi, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn,et le président de…
MOUVEMENTS SOCIAUX(2 articles)
lundi 12 février 2018 Page 33
lundi 12 février 2018 Page 34
EUROPE ET INTERNATIONAL(2 articles)
dimanche 11 février2018
Page 37
samedi 10 février 2018 Page 38
Une « belle victoire » à l' Holiday Inn de Clichy (493 mots)
Il aura fallu 111 jours de grève aux salariés d'Héméra, un prestataire à qui l'hôtelHoliday Inn de Clichy (Hauts-de-Seine)…
A Tarbes, des centaines de voix pour sauver l'avenir industriel(744 mots)
L'usine Pechiney de Lannemezan, l'entreprise Soulé de Bagnères-de-Bigorre oùon produisait des wagons, le géant Giat Indust…
IG Metall, allié improbable de la BCE (602 mots)
C'est un drôle d'attelage mais qu'importe : la Banque centrale européenne (BCE)peut dire merci à IG Metall, le puissant sy…
En Allemagne, les fonctionnaires veulent aussi " prendre part àla fête " (1069 mots)
Serait-ce le début d'une vague d'augmentation des salaires en Allemagne ?Encouragés par le succès d'IG Metall, qui a obten…
SYNDICALISME
5
BARBAZAN-DEBAT
Martinez chez les postiers
lundi 12 février 2018Édition(s) : Hautes Pyrénées
Page 10381 mots
LOCALE
Le secrétaire général de la CGT
Philippe Martinez est venu égale-
ment soutenir les postiers du centre
courrier de Barbazan-Debat, en grève
illimitée depuis le 1er février, après
un premier mouvement social de
quatre jours en décembre. Une cen-
taine de personnes, élus, habitants et
syndicalistes, se sont rassemblées sur
la place de la commune samedi, à 13
heures. « Malgré 500 nouvelles
constructions, La Poste a supprimé
2,5 postes de travail. Résultat : les
postiers ont des dépassements ho-
raires chaque jour et leur santé phy-
sique et morale est en danger », ex-
plique Angélique Samaran, secrétaire
générale de la CGT PTT. « Ce conflit
est symbolique de ce qui se passe un
peu partout en ce moment, estime
Philippe Martinez. Des technocrates
réorganisent La Poste sur la base
d’un volume moins important de
lettres. Mais les rations et les statis-
tiques ne tiennent pas compte de la
vie des gens, aussi bien des postiers
que des usagers. Ce sont eux qui
désorganisent et ensuite qui rendent
responsables les postiers de la dégra-
dation du service pour justifier une
externalisation des activités. » La di-
rection du groupe La Poste nous
communique : « Confrontée à une
baisse historique récurrente de ses
volumes de courrier à traiter (-6,3 %
dans les Hautes-Pyrénées en 2017),
la direction de La Poste a mis en
place, en novembre dernier, une nou-
velle organisation qui garantit la
qualité du service rendu aux clients
et le respect des 35 heures pour ses
postiers. Au 8e jour d’un préavis de
grève déposé par une organisation
syndicale, 6 des 15 postiers de la pla-
teforme services-courrier-colis de
Barbazan-Debat étaient en grève sa-
medi. Afin de minimiser l’impact de
ce mouvement sur ses clients, la di-
rection a mis en place, dès le 1er fé-
vrier, des mesures de continuité de
service et le courrier a ainsi été nor-
malement distribué sur le secteur
toute la semaine. La Poste souhaite
trouver une issue rapide à ce conflit.
C’est pourquoi elle a, lors des six ren-
contres organisées depuis le dépôt du
préavis, fait des propositions
concrètes sur lesquelles elle attend
des réponses de ses interlocuteurs
».■
par Cyrille Marqué
5D9453858120780B65B51D40E70A418B59B3102BA11456640043FB9Parution : Quotidienne
Diffusion : 140 371 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017
Audience : 742 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 6
Vers la parité des élus du personnelLe poids des femmes parmi les élus titulaires aux comités d'entreprise progresse nettement.
N° 22633lundi 12 février 2018
Page 6547 mots
FRANCE—SYNDICATS
C 'est une bonne nouvelle qu'a
annoncée vendredi le ministère
du Travail en matière de parité. Sa di-
rection de la recherche (Dares) a étu-
dié la féminisation des fonctions
d'élu du personnel entre 2001 et
2012, en se focalisant sur les comités
d'entreprise et les délégations
uniques. En dix ans, la part des
femmes y est passée de 32 % à 40 %.
Et 40 %, c'est 3 points de moins que
la proportion de femmes parmi les
salariés appelés à voter, quand l'écart
était de 8 points en 2001, l'année où
la loi Génisson avait commencé à im-
poser une négociation annuelle sur
l'égalité entre hommes et femmes.
Mais les syndicats doivent se garder
de tout triomphalisme. Il reste en-
core du chemin à parcourir dans les
entreprises. Les femmes « sont pro-
portionnellement plus souvent élues
dans les PME sur des listes non syn-
dicales dans des instances qui dis-
posent de moyens plus limités »,
pointe l'étude du ministère du Tra-
vail. Et il existe de grandes diffé-
rences entre les syndicats. Les plus
égalitaires sont les petites CFTC et
Solidaires. La proportion de femmes
y est même un peu plus élevée que
dans leur corps électoral. Concernant
le syndicat chrétien, il faut cepen-
dant mettre un bémol à ce constat
en rappelant que, lors de son dernier
congrès confédéral, les femmes ont
manifesté à la tribune pour dénoncer
le peu de place qui leur était faite
dans la nouvelle équipe dirigeante.
La CFDT, qui a frôlé pour la première
fois la parité à sa direction en 2014,
est celle sur laquelle le ministère du
Travail constate une parité stricte,
avec près de 42 % de femmes élues
par un corps électoral où elles pèsent
42,3 %. L'Unsa est dans le même cas.
Même s'ils ont eux aussi progressé,
les deux plus mauvais élèves sont
Force ouvrière (36,3 % sur un corps
électoral féminisé à 41,2 %) et la
CGT. La centrale de Philippe Marti-
nez a pourtant installé la parité dans
ses organes de direction confédéraux
depuis de nombreuses années.
Mais elle reste très en retard sur le
terrain, avec 32,6 % d'élues, quand
41,3 % de ses électeurs sont des élec-
trices. Depuis la loi Rebsamen en
2015, le pourcentage de candidates
aux élections professionnelles doit
correspondre à la réalité de l'entre-
prise. Cela « peut se révéler ineffi-
cace, voire engendrer des effets
contradictoires », avertit la Dares.
Risque des «
candidatures de pure
forme »
Parce qu'elle ne porte que sur les
candidatures, elle « n'assure pas des
résultats réellement représentatifs »,
d'autant qu'il est toujours possible
d'exclure des candidates en biffant
leur nom. En outre, la Dares pointe le
risque qu'en cas de difficulté à trou-
ver des candidats d'un des deux sexes
se multiplient des « candidatures de
pure forme » pour éviter l'invalida-
tion de listes. Elle s'interroge enfin
sur les conséquences sur la place
faite aux candidatures féminines
qu'aura la réduction du nombre
d'élus à laquelle va conduire la ré-
cente réforme du Code du travail. ■
par Leïla De Comarmond
Tous droits réservés Les Echos 2018
8D91D3A386E04E0A45691040B103E13755D3422D313D52457E37CB2
Parution : Quotidienne
Diffusion : 128 215 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017
Audience : 633 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 7
ACTUALITE SOCIALE
↑ 8
FORMATION
Les jeunes seront bientôt soumis à l'apprentissage du MedefLa réforme de l'apprentissage, dévoilée vendredi par le gouvernement, fait la part belle aux be-soins des employeurs et dépouille les régions de leurs compétences en la matière.
lundi 12 février 2018Page 4
945 mots
D ans le combat qui a fait rage
entre organisations patronales
et régions sur l'apprentissage, ces
derniers mois, le gouvernement a
clairement tranché en faveur de ces
premières. « Les référentiels d'activi-
té et de compétences des diplômes
seront écrits par les professionnels
de branche. Les règlements d'examen
et les référentiels de formation se-
ront codécidés entre les branches
professionnelles et l'état. Les di-
plômes correspondront ainsi davan-
tage aux besoins en compétences des
entreprises, seront plus rapidement
créés et plus rapidement rénovés », a
détaillé le gouvernement. Ce sont
également les branches qui détermi-
neront le « coût contrat » de chaque
diplôme ou titre professionnel « en
fonction des priorités de recrutement
des entreprises et de la GPEC (ges-
tion prévisionnelle des emplois et
des compétences NDLR) de branche
», a-t-il précisé.
Une « centralisation » et une « priva-
tisation de politique publique » for-
tement dénoncées par l'Association
des régions de France (ARF) dans un
communiqué. L'association repré-
sentant ces collectivités locales
pointe des risques de « véritables
fractures territoriales dans l'accès à
l'apprentissage entre les zones mé-
tropolitaines et non métropolitaines
», ainsi que la menace de « fragilisa-
tion des CFA interprofessionnels, des
formations transverses » ou encore «
l'absence de moyens pour poursuivre
le développement de l'apprentissage
dans l'enseignement supérieur et la
fonction publique ». Dépossédées de
l'essentiel de leurs prérogatives en la
matière, les régions ne bénéficieront
plus que de 250 millions d'euros de
dotation pour assurer l'égalité au
sein des territoires. Jusqu'à présent,
les régions géraient 1,6 milliard d'eu-
ros au titre de la taxe d'apprentis-
sage. Celles-ci conserveront, en re-
vanche, 180 millions d'euros, corres-
pondant à ce qu'elles reçoivent au-
jourd'hui au titre de la taxe intérieure
de consommation sur les produits
énergétiques (TICPE), pour créer de
nouveaux CFA. Les régions devront
par ailleurs distribuer aux entreprises
les 700 millions d'euros destinés à
une nouvelle aide à l'embauche, fruit
de la fusion des dispositifs de sub-
ventions antérieurs.
Si cette nouvelle architecture semble
bel et bien révolutionnaire, c'est
principalement autour des préoccu-
pations du patronat que gravite cette
réforme. C'est en fonction des be-
soins des entreprises que les centres
de formation des apprentis (CFA)
pourront dispenser ou non certaines
formations, sans avoir besoin pour
autant d'autorisation administrative.
Les employeurs bénéficieront égale-
ment d'assouplissement en termes de
droit du travail. Le temps de travail
des apprentis exerçant sur des chan-
tiers pourra désormais être étendu à
40 heures hebdomadaires. Le contrat
d'apprentissage pourra également
être rompu pour faute grave ou in-
aptitude. Jusqu'ici, une rupture du
contrat de travail ne pouvait s'exer-
cer que d'un commun accord au-delà
de 45 jours ou devait être examinée
par les prud'hommes.
L'embauche d'apprentis pourra éga-
lement se faire tout au long de l'an-
née, épargnant aux entreprises l'obli-
gation de se caler sur le rythme sco-
laire. Le statut d'apprenti pourra par
ailleurs concerner les jeunes jusqu'à
30 ans, contre 26 ans aujourd'hui. En
contrepartie de cette flexibilisation
accrue des apprentis, le gouverne-
ment a annoncé une revalorisation
de la rémunération des apprentis de
30 euros net mensuels, ainsi qu'une
aide au permis de conduire de 500
euros, et l'accès à une prépa appren-
tissage pour les jeunes qui ne pour-
raient pas normalement accéder à
cette filière. Les apprentis pourront
également bénéficier du programme
Erasmus pour se former en partie à
l'étranger. De maigres améliorations
qui ne convainquent pas la CGT. «
C'est une réforme qui a un goût de
retour au contrat première embauche
», a dénoncé Catherine Perret, secré-
taire confédérale de la CGT, qui y voit
une volonté du gouvernement de «
généraliser les contrats précaires ».
La CFDT s'est, de son côté, déclarée
« satisfaite de la revalorisation de la
grille de rémunération et de la prime
au permis de conduire », mais juge
« indispensable de les compléter par
un pack d'aides au logement, au
transport et à l'achat de matériel ».
Le Medef a pour sa part immédiate-
ment salué un plan « pragmatique,
ambitieux et crédible ». « Ainsi, les
branches et les entreprises sont pla-
cées au cœur du système, le cadre ju-
ridique de l'apprentissage est simpli-
fié, les démarches d'apprentissage
sont assouplies, l'organisation est li-
↑ 9
bérée de nombreuses contraintes et
la réactivité est encouragée pour te-
nir compte de l'évolution des besoins
en compétences des entreprises et
des jeunes », précise le syndicat pa-
tronal. « L'entreprise est clairement
replacée au cœur du dispositif de
l'apprentissage, chacun des acteurs
jouant le rôle qui lui appartient », a
également salué la CGPME, qui dé-
fend les intérêts des dirigeants des
petites et moyennes entreprises. Sur
le plan du financement, une nouvelle
cotisation alternance, équivalant à
0,85 % de la masse salariale, sera dé-
sormais prélevée sur toutes les en-
treprises, remplaçant une partie de la
taxe d'apprentissage et la cotisation
formation au titre de la profession-
nalisation. Son produit devrait avoi-
siner les 4 milliards d'euros, a précisé
le ministère du Travail. L'aide aux
entreprises redistribuée par les ré-
gions sera ciblée sur les entreprises
de moins de 250 salariés. ■
par Loan Nguyen
Tous droits réservés L'Humanité 2018
1E9303A086C0390075001BE0970D214A5903202011555E491AAC14A
Parution : Quotidienne
Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017
Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 10
Le double jeu du gouvernementEn livrant ses orientations sur l'apprentissage, sujet en cours de négociation, le gouvernementcherche à court-circuiter la réforme sur la formation professionnelle.
lundi 12 février 2018Page 5
378 mots
A nnoncer des pistes de réformes
alors que les négociations sont
encore en cours entre syndicats et or-
ganisations patronales Telle est la
nouvelle méthode du gouvernement
d'édouard Philippe. Vendredi, le pre-
mier ministre a annoncé les pre-
mières mesures sur l'apprentissage
alors qu'une réunion de négociation
était fixée le même jour sur la forma-
tion professionnelle, avec à l'ordre du
jour l'avenir de l'apprentissage ! Le
gouvernement voudrait faire pres-
sion sur les négociations, pour soute-
nir les propositions patronales no-
tamment, qu'il ne s'y prendrait pas
autrement.
Le syndicat CGT dénonce une « opé-
ration de communication gouverne-
mentale » qui « percute de plein fouet
la liberté de négocier ». « Cela montre
la faiblesse du projet gouvernemen-
tal qui essaye de gagner du temps
pour empêcher que les propositions
syndicales deviennent majoritaires
dans la population », déplore la négo-
ciatrice de la CGT, Catherine Perret.
La synthèse de la concertation sur
l'apprentissage préconise ainsi de le-
ver les « freins réglementaires », en
rendant l'apprentissage « accessible
à tout âge ». Ce qui signifie, de fait,
la sortie de l'apprentissage du champ
de la formation initiale profession-
nelle. Des recommandations qui font
la part belle aux desiderata du patro-
nat. « Quand un adulte veut se for-
mer, il n'a pas besoin d'entrer en ap-
prentissage puisqu'il existe un autre
système : la formation profession-
nelle pour les salariés et les deman-
deurs d'emploi », déclare Michel
Beaugas, négociateur FO. Catherine
Perret est elle aussi très critique : «
Ce qui se joue ici, c'est baisser le sa-
laire et faire de la formation ciblée
sur des tâches au gré des besoins des
entreprises, sans reconnaissance des
qualifications. »
En clair, les besoins pour l'apprentis-
sage, au même titre que ceux pour
la formation professionnelle, ne sont
vus qu'à travers le prisme très res-
treint de l'entreprise. Pour preuve, le
calendrier : ces deux réformes, ainsi
que celle sur l'assurance-chômage,
seront présentées « à peu près à la
même date », dixit édouard Philippe,
que le projet de loi Pacte (plan d'ac-
tion pour la croissance et la transfor-
mation des entreprises), qui sera, lui,
examiné en Conseil des ministres le
18 avril. ■
par Alexandra Chaignon
Tous droits réservés L'Humanité 2018
949E231B8920210D85A91D705606A12850F3902F01ED5679BCDDC07
Parution : Quotidienne
Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017
Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 11
ILS N'ONT PAS HONTE !
Enfants en danger, Molins pas pressé
lundi 12 février 2018Page 24
395 mots
CACTUS
D es enfants abandonnés à eux-
mêmes dans les rues de Paris ?
Voilà qui ne constitue pas une ur-
gence aux yeux du procureur Fran-
çois Molins, pourtant en principe
chargé de mobiliser les autorités
compétentes au titre de ses missions
de protection de l'enfance. Interpellé
jeudi sur la « situation très préoccu-
pante » de 128 mineurs isolés « livrés
à eux-mêmes dans les rues de la capi-
tale, sans abri, par des températures
négatives », par trois avocats du pôle
mineurs non accompagnés du bar-
reau de Paris, le procureur de la Ré-
publique ne s'est pas affolé. « Le par-
quet est très attentif à ces situations
», a-t-il garanti dans sa réponse. Re-
fusant la moindre responsabilité, il a
rappelé que la saisine du parquet doit
être précédée d'une double « évalua-
tion sociale de la minorité et de l'iso-
lement familial du mineur non ac-
compagné », laquelle doit être réali-
sée par le conseil départemental, au-
torité responsable en la matière. « La
réponse n'est pas satisfaisante, elle
ne correspond pas à la réalité pra-
tique ni au droit », a réagi Me Emma-
nuel Daoud, un des signataires de la
lettre. Alors que leur nombre est éva-
lué à plus de 400, les mineurs à la rue
dans la capitale n'ont pas accès au
dispositif du 115, réservé aux adultes.
« Il faut qu'on leur offre un toit,
même un gymnase. Et que le parquet
se mette en rapport avec nous, le pré-
fet de Paris et la Ville, qui fait déjà
énormément pour l'hébergement
d'urgence. Aucun d'entre eux ne doit
rester dehors », a déclaré Me Daoud
au Parisien. Les avocats pointent
aussi les insuffisances de l'organisme
chargé d'évaluer la minorité des en-
fants, qui se contenterait le plus sou-
vent de « contrôles au faciès » au lieu
d'une « évaluation approfondie et
contradictoire ». Alors que la Mairie
de Paris, qui prend déjà en charge 1
400 mineurs isolés et met à disposi-
tion 300 places supplémentaires pour
les cas d'urgence, a promis d'ac-
croître son effort, l'état,lui, par la
voix de son procureur, semble s'ac-
commoder de laisser des enfants à la
rue, à la merci des trafics. ■
par Camille Bauer
Tous droits réservés L'Humanité 2018
529C03568680AB07A55119C0B10961185E338B227196553545EBCC4
Parution : Quotidienne
Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017
Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 12
ARMEMENT
L'industrie française sous la menace de l'intégration européenneTandis que l'exécutif a annoncé un budget de la défense en hausse, des syndicalistes de l'arsenalde Toulon et le député André Chassaigne se prononcent pour un pôle public national de cette in-dustrie comme assurance contre son démantèlement.
lundi 12 février 2018Page 10
975 mots
SOCIAL-ECO
C e jeudi passé, le pâle fantôme de
Sylvie Goulard, ancienne mi-
nistre des Armées, hante de fait la
rencontre qui a lieu à Toulon, au bord
de la célèbre rade. La fine fleur des
responsables CGT varois de l'indus-
trie de défense est là. Il y a aussi l'Un-
sa et la CGC de l'arsenal. Tous en-
tourent le visiteur du jour, invité par
la fédération départementale du PCF
: André Chassaigne, député commu-
niste, président du groupe de la
Gauche démocrate et républicaine
(GDR) à l'Assemblée nationale et
nouveau membre de la commission
de la Défense. En juin 2017, celle qui
vient à peine d'être nommée à l'hôtel
de Brienne dévoile les objectifs du
nouveau pouvoir en déclarant sur le
site Internet du Figaro : « Nous se-
rons obligés de casser certaines rou-
tines, certaines facilités industrielles
aussi. ( ) Si nous voulons faire l'Eu-
rope de la défense, il va y avoir des
restructurations à opérer, faire des
choix de compatibilité et, à terme,
des choix qui pourraient aboutir à
privilégier des consortiums dans les-
quels les Français ne sont pas tou-
jours leaders. »
Le sort d'Alcatel-Lucent, avalé par le
finlandais Nokia, de la branche éner-
gie d'Alstom, absorbée par l'améri-
cain General Electric, la menace qui
pèse sur la branche transport du
même groupe, qui risque de tomber
sous la coupe de l'allemand Siemens,
guettent-ils aussi l'industrie de l'ar-
mement tricolore ? La France va-t-
elle s'accrocher désespérément à son
arme nucléaire comme à un mât de
fortune et laisser partir une bonne
part de son potentiel de défense ?
Déjà, on sait que le nouveau fusil
d'assaut qui doit équiper les forces
françaises sera allemand.
Pour les syndicalistes CGT, Richard
Romeo, secrétaire de la CGT Naval
Group, l'entreprise désormais de
droit privé qui a succédé à la Direc-
tion des chantiers navals et des ser-
vices (DCNS), Didier Quattropani, cé-
gétiste du service des infrastructures
de défense, ou Robien Magne, des
ateliers d'entretien aéronautique de
Cuers, petite ville proche de Toulon,
la réplique passe d'abord par une re-
constitution des centres de forma-
tion des ouvriers d'état et l'embauche
de jeunes. « Il y a un gros trou d'air
dans le personnel, la moyenne d'âge
est de 51 ans. Nos entreprises ont du
mal à recruter des personnels quali-
fiés », explique Didier Quattropani.
Encore faut-il que ces jeunes soient
formés aux métiers spécifiques des
industries de défense. « La soudure
d'une pièce de sous-marin nucléaire
ne s'improvise pas », confie Richard
Roméo, de Naval Group. Les gouver-
nants prennent prétexte de ce « trou
d'air » qu'ils ont provoqué pour ré-
duire le rôle du public. Martine Au-
tuoro, de l'Unsa défense, renchérit : «
On nous déshabille, et comme le tra-
vail n'est pas fait comme il devrait
l'être, on externalise, on privatise.
Toutes les catégories de salariés, quel
que soit leur statut, sont touchées,
mais les ouvriers d'état le sont parti-
culièrement. »
La mise en garde des syndicalistes est
d'autant plus justifiée que le proces-
sus de privatisation et d'externalisa-
tion des activités engagé par les gou-
vernements successifs nourrit bien
des contradictions et des gâchis. Le
Dixmude, bâtiment de la Marine na-
tionale sur lequel le président Ma-
cron a présenté ses vœux aux armées,
en a fait les frais récemment. L'en-
tretien de ses moteurs à propulsion
a été confié à l'entreprise française
Sud Moteurs. Celle-ci s'est dépêchée
de sous-traiter l'opération à une en-
treprise grecque qui, elle, a embau-
ché à bon compte des salariés rou-
mains. Quelles garanties de qualité
peut apporter cette internationale de
l'exploitation humaine ? Aussi, la
deuxième assurance contre le dé-
mantèlement est-elle, pour les syn-
dicalistes CGT et le député commu-
niste, la constitution d'un pôle public
national de l'industrie de défense.
Mais comment arriver à compenser le
retard pris par les forces armées fran-
çaises en matière d'équipements, de
logistique, de formation des person-
nels ? Pour André Chassaigne, « il y
a un choix à faire et une méthode à
adopter. Le choix porte sur le besoin
de maintenir notre force de dissua-
sion nucléaire, qui consomme envi-
ron 10 % du budget de la défense et,
au sein de celui-ci, près du quart des
↑ 13
dépenses d'équipement. Le fait que
la France s'accroche'' à la dissuasion
nucléaire participe à une course aux
armements au niveau mondial. J'ai-
merais qu'elle rejoigne les 122 pays
qui, au sein de l'ONU, ont signé un
texte en faveur du désarmement nu-
cléaire. Il y a donc une partie du bud-
get que l'on pourrait utiliser pour
mettre à niveau notre armement
conventionnel qui, dans de nom-
breux domaines, en a bien besoin. En
second lieu, la méthode qui vise à dé-
finir, à la demande de l'Otan, une
sorte de règle d'or'' consistant à
consacrer 2 % de son PIB à la défense
sans tenir compte des possibilités du
pays, n'est pas la bonne. Je ne suis
pas opposé à une augmentation de
ce budget, encore faut-il savoir pour
quoi ».
Le député s'interroge aussi sur le rôle
assigné à notre industrie d'armement
: est-il de « construire des avions, des
navires, afin de les vendre à des pays
pour faire rentrer de l'argent sans
considération de l'usage qu'ils en fe-
ront » ? Au final, il s'agit bien de sé-
curiser tous les peuples. ■
par Pierre Ivorra
Tous droits réservés L'Humanité 2018
F89623A48F806C0AA5141F00B300017353C3552241575E005BE75BF
Parution : Quotidienne
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Malaise à l’hôpital : la parole se libère de manière virale
Ce mardi, le Premier ministre doit annoncer un plan afin de modifier «l’offre de soins».Cette initiative intervient alors que pétitions et appels se multiplient au sein d’un secteurpublic qui exprime ses inquiétudes de manière aussi inédite que massive.
N° 11419lundi 12 février 2018Édition(s) : Principale
Pages 16-181025 mots
FRANCE
M étéo très incertaine. Par
crainte d’orages imprévisibles
sur le front hospitalier, le gouverne-
ment a accéléré son propre tempo. Ce
mardi matin, à l’occasion d’une visite
à l’hôpital d’Eaubonne (Val-d’Oise),
c’est Edouard Philippe en personne,
accompagné de la ministre de la San-
té Agnès Buzyn, qui va dévoiler «le
plan de transformation de l’offre de
soins» avec l’annonce, entre autres,
d’une série de groupes de travail pour
baliser«les changements indispen-
sables».
A priori, pas de mesures chocs
mais l’ouverture de chantiers. Cela
suffira-t-il, tant la situation est au-
jourd’hui à vif, prête à déborder ? A
l’image de cette explosion de mots,
de textes, d’appels et de pétitions
(lire aussi pages 18-19) qui surgissent
depuis quelques semaines, dans le
monde hospitalier. Jamais on n’a au-
tant parlé, pétitionné, écrit. Les té-
moignages se multiplient sur les ré-
seaux sociaux (lire ci-contre). «La si-
tuation est particulière, je n’ai jamais
ressenti un tel climat. Tout le monde
se plaint. Et à juste titre», note un di-
recteur d’un grand CHU de province,
d’ordinaire mesuré. Le mouvement a
de fait pris de l’ampleur et de la vi-
gueur depuis que la ministre de la
Santé elle-même a déclaré en dé-
cembre dans Libération que l’on était
arrivé «au bout d’une histoire et d’un
système». Précisant même : «On a fait
croire à l’hôpital public qu’il devait se
concentrer sur des activités rentables,
qu’il devait se sentir une âme d’entre-
prise. Cette logique est arrivée à son
terme.» Avec cette reconnaissance
des pouvoirs publics que cela ne de-
vait plus durer, le couvercle a sauté.
Et a entraîné un déluge de prises de
parole. «Ce qui se passe est une
chance. Les acteurs de santé sont épui-
sés, mais ils n’ont pas encore perdu
l’envie de s’engager», analyse ce chef
de service d’orthopédie parisien.
«Maillon»
Reprenons le fil. Le 16 janvier, Libé-
ration publiait l’appel inédit de mille
médecins hospitaliers autour du pro-
fesseur André Grimaldi, dénonçant
«ce toujours plus avec toujours moins
qui entraîne une dégradation des
conditions de travail, provoquant épui-
sement et démotivation des soignants
et, en conséquence, une baisse de la
qualité des soins». Les signataires
vont être reçus la semaine prochaine
par la ministre.
Un mois plus tard, dans le prolonge-
ment direct arrive un «Appel citoyen
à des états généraux de la santé» (lire
page 18). Comme un étage supplé-
mentaire à une fusée qui ne demande
qu’à décoller. La démarche est sin-
gulière : à l’origine, une économiste
de la santé, Fabienne Orsi, et une ju-
riste, Alima El Bajnouni, qui travaille
dans une association à Marseille pour
l’accès aux droits. «Il y a une urgence
de réappropriation des questions de
santé, nous explique Fabienne Orsi.
On ne veut pas faire de l’"hospitalo-
centrisme", mais l’hôpital public est le
maillon central, c’est le lieu où s’ex-
prime la médecine de pointe, c’est aussi
le maillon le plus sociabilisé, et c’est
enfin le lieu des dysfonctionnements les
plus visibles avec un impact direct pour
les plus fragiles. C’est pour cela que
l’on a lancé un appel aux citoyens, et
pas seulement aux professionnels de
la santé.»
Et il a vite trouvé de l’écho. Des Prix
Nobel ont signé, comme Françoise
Barré-Sinoussi, une flopée d’écono-
mistes de la santé, mais aussi des res-
ponsables du monde associatif,
comme le directeur d’Aides ou de
France-Association Santé, ou encore
Arnaud de Broca, de la Fédération
nationale des accidentés de la vie,
des juristes, des artistes, des retrai-
tés, etc. Des signataires aussi variés
que les usagers de la santé. «L’idée est
de faire une assemblée des signataires,
puis des états généraux», explique Fa-
bienne Orsi.
Bouillonnement
Au même moment, un autre appel
s’est construit, plus interne mais tout
à fait singulier. Il tourne autour de la
gouvernance dans les hôpitaux. Lan-
cé par le professeur Rémi Salomon,
membre de la commission médicale
des hôpitaux de Paris et responsable
de celle concernant la qualité des
soins, ce médecin a fait alliance avec
Edouard Couty, ancien directeur des
hôpitaux et personnage important de
la politique hospitalière. «Il faut sor-
tir des conflits administratifs-méde-
↑ 15
cins», insiste le professeur Salomon,
qui prône un nouveau pacte de
confiance entre toutes les personnes
travaillant à l’hôpital : il «doit être le
plus beau et le plus efficace des services
publics». Un nombre important de di-
recteurs d’hôpital ont signé ce texte
(lire page ci-contre), ce qui est raris-
sime, ces derniers étant d’ordinaire
d’une extrême prudence, tenus au
devoir de réserve. Mais aussi des
cadres de santé, des responsables
médicaux, etc.
Ce bouillonnement est inédit, à
l’image de ce qui est en train de se
passer. Selon le rapport publié la se-
maine dernière par la Cour
des comptes, un tiers des établisse-
ments publics de santé étaient en-
core «en situation d’endettement ex-
cessif» en 2015 - et cela s’est vraisem-
blablement aggravé. «Le nombre
d’hôpitaux publics concernés demeure
très important», déplore la Cour des
comptes, qui en a recensé 319 et,
parmi eux, certains fleurons hospi-
taliers, comme les Hospices civils de
Lyon (HCL), l’Assistance publique -
Hôpitaux de Marseille (AP-HM) ou le
CHU de Nice.
«Actes inutiles»
Quel est le plan du gouvernement ?
Jusqu’à présent, la ministre de la
Santé a parlé plutôt habilement, re-
connaissant donc la profondeur de la
crise et renouant au passage le dia-
logue avec des professions de santé.
Mais cela s’est arrêté là. Aucune me-
sure, juste des mots et des inten-
tions. Agnès Buzyn a annoncé qu’il
n’y aurait aucune réduction d’effec-
tifs dans la fonction publique hospi-
talière. Certes, mais sa prédéces-
seure, Marisol Touraine, avait dit la
même chose, tout en faisant l’in-
verse. «De l’argent, il y en a. On dé-
pense beaucoup pour la santé, près
de 11 % du PIB, et la moitié va à l’hô-
pital, constate un haut fonctionnaire.
Le problème, c’est la répartition. Nous
avons trop d’hôpitaux dispersés. On
dépense pour des actes inutiles, des
services sont inutiles. Il faut aller beau-
coup plus loin dans les regroupements
hospitaliers.»
Selon Matignon, des groupes de ré-
flexion vont être lancés sur des
thèmes aussi variés que les res-
sources humaines et les conditions
de travail, le numérique, la perti-
nence des soins, l’organisation in-
terne, mais aussi le financement, en
mélangeant médecine de ville et hô-
pital. «Pourquoi pas, si le gouverne-
ment sait où il veut aller. Mais sans an-
nonce forte et précise, tout peut déra-
per», prévient un ancien syndicaliste
hospitalier. «L’hôpital a besoin qu’on
l’écoute, poursuit un des signataires
de ces appels. Les usagers doivent
trouver une place dans les directions
des établissements, et bien sûr le per-
sonnel a besoin d’être valorisé et non
épuisé. L’hôpital a besoin de démocra-
tie.»■
par Eric Favereau
Tous droits réservés Libération 2018
5b9b03918b30a203f5c417e0e108b1c451131322a18b5f9b5d7f995
Parution : Quotidienne
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Lettre ouverte aux pouvoirs publics et aux personnels hospitaliers
Dans le cadre de la réforme de l’hôpital, il est nécessaire de redonner confianceaux professionnels, de restaurer le dialogue et d’inclure davantage les patients dansl’organisation des soins.
N° 11419lundi 12 février 2018Édition(s) : Principale
Page 19571 mots
FRANCE
N ous, patients, médecins,
infirmiers, directeurs d’hôpi-
tal, sociologues, philosophes, parta-
geons le constat fait par les person-
nels sur la dégradation des condi-
tions de travail et d’accueil des pa-
tients à l’hôpital.
A l’heure du développement des par-
cours à l’intérieur et hors de l’hôpi-
tal, une réforme du mode de finance-
ment de l’hôpital est nécessaire, mais
il faut également en repenser la gou-
vernance et y interroger les pratiques
de management pour définir tous en-
semble les objectifs fondés sur les va-
leurs du service public hospitalier.
Faire confiance à l’intelligence col-
lective
Après les lois HPST («hôpital, pa-
tients, santé et territoires») et de mo-
dernisation de notre système, le sen-
timent qui prévaut actuellement est
celui d’un cloisonnement entre les
catégories professionnelles - infir-
miers, aides-soignants, cadres, mé-
decins et directions - mettant à mal
une discussion collective. Il est né-
cessaire pour redonner la confiance à
tous les professionnels des hôpitaux
de les faire participer le plus large-
ment possible au fonctionnement
des services et à l’élaboration du pro-
jet d’établissement.
Restaurer des espaces de dialogue -
par exemple dans les conseils de ser-
vice et de pôle - et des staffs pluri-
professionnels permettra de donner
la parole à chacun et de recréer une
solide dynamique d’équipe. La recon-
naissance réciproque des membres
de l’équipe, la possibilité de réfléchir
ensemble au travail de tous et de cha-
cun sont des conditions essentielles
pour redonner du sens au travail. Il
importe de prendre acte de cette in-
telligence collective à tous les ni-
veaux de l’organisation et de se sou-
venir qu’il n’y a pas meilleur expert
du travail que celui qui le fait. Même
si la charge est importante, des soi-
gnants qui se sentent acteurs de l’or-
ganisation de leur travail et qui
peuvent contribuer à la définir s’in-
vestiront davantage. Non seulement
la qualité et la sécurité des soins s’en
trouveront améliorées, mais l’effica-
cité économique en sera augmentée.
Cette organisation doit être accom-
pagnée par la direction de l’établisse-
ment et par le président de la com-
mission médicale d’établissement.
Elle est partie intégrante de la ré-
flexion du plan stratégique des éta-
blissements de santé.
Construire avec les patients
Une enquête récente indique que la
confiance des Français dans l’hôpital
public est toujours grande, même si
elle s’est érodée ces dernières an-
nées. La collaboration entre patients
et soignants est également un moyen
indispensable pour faire vivre la dé-
mocratie en santé et retrouver cette
confiance. De par leurs expériences,
les patients sont des observateurs
pertinents de ce qui fonctionne bien
ou mal dans l’organisation d’un ser-
vice ou d’un établissement. Réunis-
sons les conditions pour qu’ils soient
acteurs à part entière de l’organisa-
tion des soins à l’hôpital. Au-delà de
la pertinence d’un soin et de la sa-
tisfaction d’un patient, il est évident
que la qualité des soins est autant
liée à la participation des patients à
la vie hospitalière qu’à la qualité de
vie au travail des personnels de san-
té, toutes catégories confondues.
Le malaise des soignants est réel. Il
est maintenant urgent de donner à
tous les acteurs de l’hôpital les
moyens d’agir collectivement sur
l’organisation des soins pour redon-
ner du sens à leur travail et d’associer
concrètement les patients à cette dé-
marche.
Tribune signée, entre autres, par
Alain-Michel Ceretti (président de
France Assos Santé), Marie Citrini
(représentante des usagers des hôpi-
taux de Paris), François Cré-
mieux (directeur du groupe hospita-
lier Paris Nord Val-de-Seine, AP-HP),
Bernard Dupont (directeur du CHU
de Nancy), Véronique Ghadi (Haute
Autorité de santé), Etienne Minvielle
(chaire de management des organisa-
tions en santé de l’Ecole des hautes
études en santé publique), Rémi Sa-
lomon (médecin, CHU Necker, AP-
HP), Didier Sicard (médecin, ancien
président du Comité national
d’éthique), Edouard Couty (média-
teur national, conseiller maître ho-
noraire à la Cour des comptes)… ■
↑ 17
Tous droits réservés Libération 2018
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Appel citoyen à des états généraux de la santé
Plusieurs centaines de signataires refusent de voir se déliter les principes humanistesdu système français et réclament une consultation nationale pour le préserver.
N° 11419lundi 12 février 2018Édition(s) : Principale
Page 181517 mots
FRANCE
N ous, citoyens, habitants de
France, soutenons l’appel lan-
cé le 16 janvier par les mille méde-
cins hospitaliers et cadres de santé
dans les pages deLibération.
La dégradation des conditions de tra-
vail des personnels hospitaliers a un
impact sur nos vies, dans leurs mo-
ments les plus délicats, lorsque nous
sommes le plus fragile : accidentés,
frappés par la maladie, grabataires,
en fin de vie…
La qualité des soins et l’attention
dont nous avons besoin sont de plus
en plus menacées, malgré le dévoue-
ment et l’humanité des personnes à
qui nous confions nos vies, nous lais-
sant souvent, nous et nos proches,
dans de terribles détresses.
La souffrance au travail des méde-
cins, infirmiers, aides-soignants et
du personnel paramédical nous
concerne tous, alors que les cris
d’alarme ne cessent de se multiplier
dans tous les secteurs : urgences, pé-
diatrie, gériatrie…
Début novembre, le suicide
d’un neurochirurgien sur son lieu de
travail, dans un bloc opératoire du
centre hospitalier universitaire de
Grenoble, a conduit la ministre des
Solidarités et de la Santé à comman-
der un rapport sur les conditions
de travail dans cet hôpital. Ce rap-
port met en évidence des services
sous tension, des situations de
conflit, de maltraitance et de souf-
france au travail liées aux modes de
gestion et de réorganisation des ser-
vices imposés par le haut, sous pres-
sion budgétaire et sans concertation.
Nous sommes attachés à l’hôpital
public et à notre système social de
santé, qui nous garantit l’accès aux
avancées médicales de pointe. Pour-
tant, certains services de soins sont
vétustes, frôlant l’insalubrité, y com-
pris dans certains hôpitaux
des plus grandes villes de France.
Cette situation est indigne de notre
histoire collective. Notre système so-
cial de santé est notre bien commun.
Son devenir ne peut se décider sans
nous.
Nous refusons de voir ces principes
humanistes de solidarité et d’accès
pour tous se déliter en raison de lo-
giques de rentabilité, de tarifications
et d’organisations dogmatiques et in-
adaptées. Nous ne pensons pas
qu’il existe une solution simple mais
nous sommes persuadés que la sau-
vegarde de notre système de santé
relève d’un choix de société qui né-
cessite un grand débat national.
L’hôpital est le lieu à partir duquel
l’ensemble de notre système de santé
peut être repensé : son organisation,
son financement, son mode de gou-
vernance, la place et le lien avec la
médecine de ville, la santé commu-
nautaire, les établissements d’héber-
gement pour personnes âgées dépen-
dantes (Ehpad), qui sont aussi des
lieux de grande souffrance humaine.
C’est pourquoi nous appelons à l’or-
ganisation d’états généraux de la
santé dans toutes ses dimensions
et sur l’ensemble du territoire natio-
nal. Ce grand débat démocratique
est impératif et urgent.
Premiers signataires par ordre alpha-
bétique :
Philippe Abecassis, CEPN, Université
Paris 13 - Économiste Atterré
Guillaume Abrial, animateur social
Marian Adreani, Photographe
Akhénaton, I AM
Yeter Akyaz, Mère de famille et indé-
pendante
Thémis Apostolidis, professeur de
psychologie sociale de la santé, Aix-
Marseille Université
Claude Alphandéry, président du La-
boratoire de l’Economie Sociale et
Solidaire
Frédéric André, menuisier retraité,
ATTAC
Francis Ascione, retraité
Anne Attané, anthropologue, IRD
Océane Auriol, citoyenne
Benoît Babinet, consultant
Gabriella Bacheto, cuisinière
Marie-Hélène Bacqué, sociologue et
↑ 19
urbaniste, Université Nanterre Paris
Ouest
Ludivine Bantigny, historienne, uni-
versité de Rouen
Françoise Barré-Sinoussi, Prix Nobel
de médecine
Philippe Batifoulier, économiste,
Professeur des universités, Universi-
té Paris 13, Sorbonne Paris Cité
Anne Beaumond, comédienne
Alain Beaupin, Médecin-directeur,
Centre de santé Richerand, Paris
Mathieu Bellahsen, psychiatre chef
de pôle de psychiatrie adulte en ban-
lieue
Sarah Benillouche, Cinéaste
Mathilde Béraud Saillet, kinésithéra-
peute
Gérard Bertre, chef d’entreprise
Emmanuelle Bidou, réalisatrice
Laure Billot, juriste
Francine Bilocq, citoyenne
Caroline Bisacrrat, éducatrice
Loïc Blondiaux, professeur de
Sciences politique, Paris I
Frédéric Boccara, Économiste,
Membre du Conseil économique so-
cial et environnemental
David Gabriel Bodinier, activiste
Bruno Boidin, économiste, Maitre de
conférences, Université de Lille `
Lucie Bondoux, citoyenne
Anne Bonvalet, Assistante mater-
nelle
Elsa Bonal, Psychosociologue inter-
venante
Yannic Bosc, historien, Université de
Rouen
Jean Claude Boual Président du Col-
lectif des associations citoyennes
Anne Boucart, citoyenne
Vincent Bourdeau, Enseignant-cher-
cheur en philosophie, Université de
Bourgogne Franche-Comté
Pascale Briantais, Attac, Nantes
Christian Briard, retraité, Ile de la
Réunion
Raphael Briot, Maître de Conférences
des Universités, Praticien Hospita-
lier, SAMU 38, CHU Grenoble Alpes
Agathe Brosset, ATTAC, Nantes
François Buton, directeur de re-
cherche en science politique au CNRS
Mireille Bruyere économiste Univer-
sité de Toulouse 2
Julia Cagé, département d’économie,
Sciences Po, Paris
Aurélia Caillarec, ATTAC44
Pierre-Alain Cardona, directeur de
l’Agence Régionale de Développe-
ment Local
Hervé Castanet, professeur des Uni-
versités, psychanalyste
Manuel Cerutti, consultant en orga-
nisation
Aurore Chaigneau, professeure de
droit privé, Université de Paris-Nan-
terre
Nasser Chebbi, éducateur sportif et
beatboxeur
Eva Chevaler, ethnologue
Nicole chevrier, retraitée
Valérie Chigot, radiologue citoyenne
Chloélie Cholot Louis, Éclairagiste
Geneviève Ciron, professionnelle de
santé de l’hôpital public
Gilles Clément, photographe
Bernard Colas, Saint Denis de la
Réunion
Patricia Coller, co-présidente du
Mouvement pour l’Economie Soli-
daire
Josette Combes, co-présidente du
Mouvement pour l’Economie Soli-
daire
Léonard Conty, Professeur de philo-
sophie
Benjamin Coriat, économiste, pro-
fesseur des universités, Université
Paris 13, Sorbonne Paris Cité
Thierry Correloup, Fonctionnaire
Émilie Counil, Enseignante-Cher-
cheuse, École des hautes études en
santé publique, Saint-Denis
Gaëlle Coustillier, ingénieur de re-
cherche
Javiera Coussieu, Formatrice
Thomas Coutrot, économiste
Camille Crespo, Animateur culturel
Jean Cristofol, Hôtel du Nord
Hervé Dafalvard, économiste, Uni-
versité Paris-Est, Marne la Vallée
Ambroise Dalecky, chercheur IRD
↑ 20
Eric Delamotte, Photographe
Ilona Delouette, doctorante en éco-
nomie, Université de Lille, Labora-
toire CLERSE.
Dr Mady Denantes, Maison de Santé
Pyrénées-Belleville
Damien Daufresne, Photographe
Noemie Deux, Citoyenne
Marc Dixneuf, Directeur Général de
AIDES
Yves Doazan, ingénieur de re-
cherche, CNRS
Jean-Paul Domin, économiste, Uni-
versité de Reims Champagne-Ar-
denne
Elisabeth Dorier, Géographe, Profes-
seure des universités
Victor Duchesne, doctorant en éco-
nomie de la santé, Université Paris 13
Marie Dulaurier, consultante
Noémie Dumont, psychologue
Manon Durieux, militante
Pierre Duval, Musicien
Alima El Bajnouni, juriste, B.A.BA-
LEX
Sanae El Bajnouni, photographe
Nelly Flecher, réalisatrice sonore
Laurence Fleury, ingénieure de re-
cherche
André Fortin, magistrat E.R.
Daniel Foucault, dentiste E.R.
Jean-Marc Foucault, médecin géné-
raliste
Martine Fourier, Prisme et Cerise
Sébastien Franco, commercial
Anne Fretel, Maître de Conférences
en économie, Université Lille - Clersé
Ludovic Frobert, économiste, direc-
teur de recherche au CNRS
Jérôme Fromageau, Doyen honoraire,
Historien du droit de l’environne-
ment et de la santé.
Hélène Froment Jacquet, Brouettes &
Cie collectif habitants Marseille
Anne Furic, Membre d’ATTAC
Maryse Gadreau, professeur émérite
à l’université de Bourgogne Franche
Comté
Jacqueline Galangau, retraitée de
l’éducation nationale
Xavier Gannac, éducateur spécialisé
Daphné Gaspari, psychologue
Didier Génin, chercheur à l’IRD
Anne Gervais, Hépatologue, hôpital
Bichat
Fabien Girard, Université Grenoble
Alpes, MFO
Roland Gori, psychanalyste, profes-
seur honoraire des universités
Mailla Gracia, art-thérapeute et ar-
tiste plasticienne
Caroline Gras, Avocate
André Grimaldi,diabétologue, C.H.U.
Pitié-Salpêtrière
Mathieu Gros, économiste/consul-
tant-formateur
Philippe Guillaume, Journaliste, scé-
nariste, membre des économistes at-
terrés
Magali Guyon, gérante de Fiat lux
production
Cédric Hamon, directeur de la cou-
veuse d’entreprises solidaires Inter-
made
Pascal Handschumacher, chercheur
géographe de la santé et aidant
Guillaume Hardy, Espace Associatif,
Quimper Cornouaille
Eric Hazan, éditeur et écrivain
Josette Hebert, Présidente de l’Insti-
tut de Recherche, d’Information, et
d’Education de la Santé
Thomas Hélie, Maître de conférences
en science politique, Université de
Reims
Hervé Hernandez, formateur profes-
sionnel pour adultes
Cedric Herrou, Agriculteur
Tanguy Hoanen, L’escargot Migra-
teur, Bretagne
I AM
Michel Isnel, Le management des
liens
Sabina Issehnane, université rennes
2
Robin Jacquet, sculpteur, plasticien
Manola Jeanson, coiffeuse/barbière
Esther Jeffers, économiste
Luc Joulé, cinéaste
Sébastien Jousse, cinéaste
Brigitte Jouve, infirmière
↑ 21
Annie Juan, Présidente sos fonction-
naire victime
Leslie Kaplan, écrivaine
Samuel Karpienia, Musicien
Michel Kazatchkine, Centre sur la
santé mondiale, Institut des Hautes
Etudes en Affaires internationales et
Développement, Genève.
Cécile Kohen, coordinatrice du col-
lectif ETC
Gaëlle Krikorian, sociologue à l’IRIS
Agnès Labrousse, Maitre de confé-
rences en économie
Patrick Lacoste, responsable associa-
tif, urbaniste
Thierry Lagarde, kinésithérapeute à
l’hôpital Purpan, Toulouse.
Corinne Lambesc, citoyenne
Catherine Lapierre, édition de l’ency-
clopédie du développement durable
Pr Thierry Lang, Faculté de Médecine
et CHU Toulouse-Purpan
Bruno Lasnier, président de B.A.BA-
LEX
Luc Lavault, Réalisateur
Anna Lebovits , élève comédienne,
Cours Florent
Léo Lebrun, Conseiller d’éducation
populaire et syndicaliste
Philippe Légé, économiste, Universi-
té de Picardie
Sylvaine Lemeilleur, chercheuse en
économie, CIRAD
Julien Lescaux, citoyen
Yvan Le Goff, citoyen
Etienne Le Roy, professeur Universi-
té Panthéon-Sorbonne
Thomas Lippens, percussionniste
Benoît Lootvoet, directeur de re-
cherche à l’IRD
Carole Lorthiois, vidéaste
Françoise Luc, citoyenne
Julien Lusson, expert santé-travail
Jerôme Mateo, coordinateur radio
Grenouille Marseille
Antoine Math, économiste, cher-
cheur à l’Institut de recherches éco-
nomiques et sociales (IRES)
Mohamed Mechmache, co-président
de la coordination Nationale Pas
Sans Nous
Dominique Méda, Directrice de l’Iris-
so, Université Paris Dauphine
Didier Ménard, médecin généraliste
Magali Menghini, juriste
Marc Morand, antiquaire
Alain Morel, directeur Général de
l’association Oppelia
Fatima Mostefaoui, co-présidente de
la coordination Nationale Pas Sans
Nous
Léonard Moulin, économiste, cher-
cheur à l’Ined
Violaine Moulle, animatrice cultu-
relle
Laurent Mucchielli, sociologue, di-
recteur de recherche au CNRS
Lucile Mulliez, L’escargot Migrateur
Sandrine Musso anthropologue, Aix-
Marseille Université/ Centre Norbert
Elias
Bernard Nicolet, retraité
Henry Noguès, économiste
Heitor O’Dwyer de Macedo, psycha-
nalyste
Roxane Olivier, professeure de Yoga
Ismaël Omarjee, Maître de confé-
rences en droit, l’Université Paris
Nanterre
Fred Ortuno, coordinateur associatif
Fabienne Orsi, économiste, cher-
cheuse à l’IRD
Philippe Oswald, consultant en orga-
nisation
Fatoumata Ouattara-Traoré, Anthro-
pologue à l’IRD
Hugo Panabières, éducateur spéciali-
sé
Sylvaine Panabières, Professeur des
écoles
Corine Pelluchon, Philosophe, Pro-
fesseur à l’université Paris-Est-
Marne-La-Vallée
Evelyne Perrin, Stop souffrance au
travail
Delphine Perrin, juriste, chargée de
recherche à l’IRD
Gilles Perret, réalisateur
Jean-Marc Perigot, chorégraphe
Florence Perrot, retraitée de la fonc-
tion publique
Thomas Perroud, Université Pan-
théon-Assas (CERSA)
↑ 22
Frédéric Pierru, chercheur en
sciences sociales et politiques au
CNRS
Monique Pineau, infirmière
Lucie Plessis, dessinatrice
Christel Protière, chercheure IN-
SERM et psychologue clinicienne
Philippe Pujol, journaliste (prix Al-
bert Londres 2014)
Brigitte Punturo, citoyenne
Franck Pupunat, animateur du Mou-
vement Utopia
Emmanuelle Queroy, Agence Régio-
nale des arts du spectacle, PACA
Jean Queyroy, Greta
Christelle Rabier, historienne, maî-
tresse de conférences EHESS
Olivier Rancher, entrepreneur/pho-
tographe
Virginie Reveau-Peiffer, consultante
Nadine Richez-Battesti, LEST-CNRS,
Aix-Marseille Université
Christine Robles, Maitre de Confé-
rences en Ecologie, Aix-Marseille
Université.
Sylvie Roquain, juriste B.A.BALEX
Juliette Rouchier, directrice de re-
cherche au CNRS
Chantal Rouet, Citoyenne
Perrine Roux, chercheuse, INSERM
Michèle Rubirola, Médecin respon-
sable adjoint centre de santé, caisse
primaire des Bouches du Rhône
Thierry Ruf, directeur de recherche à
l’IRD
Laura Ruf, Institutrice
Jean- Louis Ruf, Musicien
Marylin Sahnouni, militante associa-
tive
Julie de Savigny, animatrice
Esther Sellam, infirmière
Ismaël Sene, Sciences Citoyennes
Marie-Ange Singla, infirmière
Yves Sintomer, professeur de
sciences politiques, Paris VIII
Nicole Smolski, praticien hospitalier,
syndicaliste
Alfred Spira, épidémiologiste,
membre de l’Académie nationale de
médecine
Bruno Spire, directeur de recherche
INSERM, président d’honneur de
AIDES
Henri Sterdyniak, co-animateur des
Economistes Atterrés
Bernard Stiegler, philosophe, univer-
sitaire
Frédéric Sultan, Remix the commons
Marie Suzan, INSERM
Florence Thune, directrice générale
Sidaction
Juliette Trani, citoyenne
Nicky Tremblay, co-présidente de la
coordination Nationale Pas Sans
Nous
Aurélie Trouvé, porte-parole d’AT-
TAC
Marie Anna Tsagouris, Responsable
Formation
Sarah Vanuxem, juriste, maitre de
conférences, Université Nice-Sophia
Antipolis
Corinne Vercher-Chaptal, Profes-
seure en Sciences de Gestion, Univer-
sité Paris 13, CEPN.
Patrick Vittet, citoyen
Patrick Viveret, philosophe
Alain Vrignon, Nantes
Pauline Willerval, Musicienne
Jean-Pierre Worms, sociologue, ad-
ministrateur de la FONDA, co-fonda-
teur du collectif «Pouvoir d’agir»
Jean-Benoît Zimmermann, écono-
miste, Directeur de Recherche
CNRS■
Tous droits réservés Libération 2018
bf9a73a486c0650d95e215600107c1ff54d38224f10358dce68d1e0
Parution : Quotidienne
Diffusion : 75 824 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017
Audience : 961 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 23
Réforme de l’apprentissage : des réglages à tous les étages
Age d’entrée maximal repoussé à 30 ans, garantie de financement des contrats, plus grandpouvoir donné aux entreprises… L’exécutif s’attaque au secteur de l’alternance.
N° 11418samedi 10 février 2018Édition(s) : Principale
Page 18523 mots
EXPRESSO
S implifier et attirer : ce sont les
grandes lignes de la réforme de
l’apprentissage dont le gouverne-
ment a dévoilé vendredi matin le
contenu, après plusieurs semaines de
concertation avec les différents ac-
teurs de la filière (régions, parte-
naires sociaux, Education natio-
nale…). Une vingtaine de mesures
ont ainsi été dévoilées par le Premier
ministre, entouré pour l’occasion de
la ministre du Travail et de celui de
l’Education nationale.
Et tout d’abord en direction des bé-
néficiaires. Jusqu’ici fixé à 26 ans,
l’âge limite pour entrer en apprentis-
sage a été repoussé à 30 ans. Une dé-
cision timide, alors que la suppres-
sion de tout plafond avait été envisa-
gée. Par ailleurs, «tout contrat en al-
ternance sera financé», assure le mi-
nistère. Cela signifie qu’un jeune qui
trouve une entreprise acceptant de
l’accueillir en apprentissage aura un
droit garanti au financement de son
contrat. Côté salaire, pour les
16-20 ans, la rémunération augmen-
tera de 30 euros net par mois. Ceux
de moins de 18 ans percevront aussi
une aide de 500 euros pour passer le
permis de conduire.
«Prérequis». A destination de ceux
qui ne «disposent pas des connais-
sances et des compétences requises»,
le gouvernement envisage la création
d’une prépa apprentissage afin de
fournir les «prérequis nécessaires,
s’agissant notamment des savoirs de
base et du savoir-être». Et une fois en
apprentissage, si le contrat de travail
est interrompu en cours d’année, les
jeunes pourront quand même pro-
longer de six mois leur formation en
centre de formation des apprentis
(CFA). Enfin, le nombre de places en
Erasmus apprentissage sera doublé,
pour atteindre 15 000 par an et pour
des échanges pouvant durer plu-
sieurs mois.
Deuxième volet de la réforme : les
entreprises. Les aides à l’embauche,
seront unifiées en une seule.
D’un montant supérieur à 6 000 eu-
ros pour deux ans, elle sera ciblée sur
les TPE-PME et sur les niveaux bac et
pré-bac. L’objectif du gouvernement
étant, dans les boîtes de moins
de 250 salariés, que «le reste à charge
mensuel d’un jeune soit de 65 euros
par mois la première année et
de 424 euros la seconde». Les entre-
prises pourront embaucher des ap-
prentis tout au long de l’année, et
non plus uniquement sur les quatre
premiers mois. Autre aménagement,
sur le plan du droit cette fois : dans
les secteurs tel le BTP, le temps de
travail maximum pour les mineurs
sera porté à quarante heures, avec
paiement d’heures supp entre trente-
cinq et quarante heures.
Dernier volet : le financement et la
gestion du système. Une seule cotisa-
tion «alternance» à la charge des en-
treprises est instaurée, dont le taux
devra encore être fixé par les parte-
naires sociaux. Elle devrait générer
près de 4 milliards d’euros.
Schémas. Les CFA, eux, seront fi-
nancés en fonction du nombre de
contrats, donc d’apprentis accueillis.
Plus globalement, le pouvoir glisse
des régions aux branches profession-
nelles, ces dernières récupérant l’es-
sentiel du financement, et donc des
prérogatives sur l’ouverture ou le dé-
veloppement des CFA. Elles détermi-
neront aussi le coût de chaque
contrat ouvrant droit au financement
des CFA et coécriront le contenu des
diplômes professionnels avec l’Etat.
Les régions conserveront une partie
minoritaire du financement, destiné
notamment à assurer un équilibre
des formations sur le territoire, au-
delà des besoins stricts des entre-
prises. Elles élaboreront aussi des
schémas régionaux des formations
par alternance, rassemblant les
conventions d’objectifs et de moyens
signés avec les branches profession-
nelles. ■
par Luc Peillon
Tous droits réservés Libération 2018
929a13fa8340a40ee5ed1aa06900111554038027d1c25574b30f22f
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« L’hôpital public est en burn-out »
Santé Pour calmer la colère, Edouard Philippe présentera mardi un plan pourl’hôpital. Le président de la Fédération hospitalière de France, FrédéricValletoux, met en garde : il veut du concret car « l’hôpital est à l’os ».
dimanche 11 février 2018Édition(s) : Paris, Oise, Edition Principale
Pages 6-7752 mots
ECONOMIE—ECONOMIE
P ar Daniel Rosenweg
Le Premier ministre présentera mar-
di, à Eaubonne (Val-d’Oise), la « stra-
tégie de transformation de l’offre de
soins » du gouvernement. Ces an-
nonces sont cruciales pour l’avenir
de l’hôpital et visent à calmer l’exas-
pération qui gagne les établisse-
ments de santé privés et publics. Sur
Twitter, le hashtag #BalanceTonHos-
to fait un tabac, et les grèves se mul-
tiplient à Lyon, Amiens, Tou-
louse, etc. Car les économies de
1,6 Md€ réclamées cette année en-
core à l’hôpital passent mal. Selon
nos informations, la situation est si
tendue que les quatre fédérations du
secteur (FHF, pour l’hôpital public,
FHP pour le privé, Fehap pour le pri-
vé non lucratif et Unicancer) ont
alerté par écrit le 1 er février leur mi-
nistre de tutelle, Agnès Buzyn : « Les
mesures de diminutions tarifaires
successives dépassent désormais les
capacités d’adaptation de nos struc-
tures de soins », écrivent-ils, avant
de menacer de boycotter les pro-
chaines réunions de travail sur la
stratégie nationale de santé. La ré-
ponse d’Edouard Philippe tombera
mardi, ce sera un plan pour l’hôpital.
Président de la FHF (1 100 hôpitaux
publics) et maire LR de Fontaine-
bleau (Seine-et-Marne), Frédéric
Valletoux prévient : « L’hôpital est à
l’os. »
Les mouvements de protestation
se multiplient dans les hôpitaux
publics. Pourquoi ?
Frédéric Valletoux. Nos établisse-
ments sont dans un état de tension
extrême. Les revendications portent
moins sur les salaires que sur les
fortes pressions dans le travail liées
aux économies demandées aux hôpi-
taux : 3 Mds€ en trois ans. Pour la
première fois on voit les établisse-
ments pour personnes âgées dépen-
dantes touchés par des grèves ! Les
personnels sont épuisés. Les remon-
tées de terrain font état d’une hausse
de l’absentéisme, ça craque un peu
partout. L’hôpital est en burn-out !
Qu’attendez-vous d’Edouard Phi-
lippe, mardi ?
Je l’ai rencontré et lui ai fait part de la
situation : l’hôpital est à l’os, le défi-
cit des hôpitaux publics est passé de
470 M€ en 2016 à 1,4 Md€ en 2017,
et on nous demande encore 1,6 Md€
d’économies en 2018. Nous atten-
dons du Premier ministre des actes
forts sur plusieurs points. D’abord,
l’ouverture d’un grand chantier de
simplification administrative. Les
professionnels de santé n’en peuvent
plus de l’inflation de paperasse. Une
étude interne a montré qu’entre les
injonctions de réorganisation, les
nouveaux protocoles, enquêtes… les
directeurs d’hôpitaux reçoivent
150 circulaires par an. C’est devenu
fou ! La seconde priorité, c’est l’in-
vestissement : 2 Mds€ en 2017, c’est
deux fois moins qu’en 2013. On a pris
du retard sur le renouvellement des
matériels, l’entretien des bâtiments
et leur adaptation au virage ambula-
toire et à la télémédecine. Il faut un
plan de relance de l’investissement.
Faut-il modifier le mode de finan-
cement des hôpitaux ?
Déjà, il faudrait tenir les promesses !
Chaque automne, le Parlement vote
un budget, dont le ministère de la
Santé s’empresse de geler une partie.
En 2017, il a gelé 400 M€, et en oc-
tobre il ne nous a restitué que
150 M€. Le reste a servi à compenser
le dérapage des dépenses en méde-
cine de ville. Ensuite, il faut que les
prévisions de dépenses soient
construites de façon réaliste. Les dis-
cussions sur le budget des hôpitaux
pour 2018 sont parties sur l’hypo-
thèse d’une croissance de l’activité
de 3,1 %. Hausse que le ministère va
compenser par une baisse de nos ta-
rifs. En 2017 il a tablé aussi sur 3 % de
croissance des soins, mais elle n’a été
que de 0,5 %. Cela explique en grande
partie les 1,4 Mds€ de déficit des hô-
pitaux l’an dernier.
Pourquoi cette baisse ? Est-elle
durable ?
On n’a pas encore expliqué ce chiffre
de 0,5 %, mais les remontées du ter-
rain évoquent des renoncements aux
soins liés aux déserts médicaux : il y
a moins de médecins pour envoyer
à l’hôpital. Des directeurs évoquent
aussi des malades chroniques qui se
font moins suivre, pour raisons fi-
nancières. A vérifier quand même.
↑ 25
Faut-il un nouveau plan pour l’hô-
pital ?
Tous les plans qu’on a connus ne
sont que cosmétiques. On a perdu du
temps avec le quinquennat précé-
dent : beaucoup de rapports ont été
rédigés mais Marisol Touraine, l’ex-
ministre, n’a pris aucune décision
pour régler le problème de la perti-
nence des actes, ni celui de notre fi-
nancement. Ni tranché sur la carte
hospitalière : s’il faut fermer des ser-
vices par sécurité, parlons-en, fai-
sons-le, assumons, et surtout expli-
quons. Mais à côté, prenons en
compte les nouveaux besoins des pa-
tients vieillissants dans les territoires
isolés, on y manque de lits de méde-
cine générale, par exemple. Arrêtons
le jacobinisme, faisons confiance aux
idées du terrain. ■
Lyon (Rhône), le 25 janvier.
MaxPPP/PHOTOPQR/« le progrès »/JoelPHILIPPON
Tous droits réservés Le Parisien 2018
279fa36c86006e04b5621dd09f0d413e5ab3ff2431cc5865a28a79f
Parution : Quotidienne
Diffusion : 206 916 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017
Audience : 1 540 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 26
RÉFORME DU CODE DUTRAVAIL
↑ 27
Travail : pourquoi les ordonnances patinentBARRAGE Plusieurs syndicats bloquent, au niveau des branches, la possibilité offerte aux entre-prises d’aménager les règles
N° 3709dimanche 11 au samedi 17 février 2018
Page 10642 mots
ACTUALITÉ POLITIQUE
C’est une réunion décisive qui se
tient, ce jeudi 15 février, entre syndi-
cats et patronat de la chimie. Un sec-
teur où les ordonnances réformant le
Code du travail, signées en sep-
tembre par Emmanuel Macron, em-
poisonnent les discussions depuis
des mois. « C’est la première fois que je
vois ça, confie un membre de l’Union
des industries chimiques (UIC). Nous
sommes tous embêtés, car nous
sommes plutôt favorables au dialogue
social. Mais là, tout est bloqué ! » En
première ligne, la CGT, mais aussi la
CFE-CGC et FO, qui revendiquent de-
puis octobre l’intégration dans le sa-
laire minimum hiérarchique des
primes d’ancienneté, de celles liées
aux conditions et aux rythmes de tra-
vail. Elles demandent aussi le main-
tien des dispositions sur le travail de
nuit et des garanties en cas de ma-
ladie, maternité ou accident. Et, sur-
tout, elles refusent la disparition des
CHSCT (comités d’hygiène, de sécu-
rité et des conditions de travail),
rayés de la carte des instances repré-
sentatives du personnel par les or-
donnances Macron.
Objectif des trois alliés ? Empêcher
les entreprises de déroger, c’est-à-
dire de négocier des accords moins
disants pour les salariés. C’était l’un
des points clés des ordonnances : re-
donner de la souplesse aux em-
ployeurs en leur permettant de défi-
nir des règles mieux adaptées à leurs
besoins. Or, dans les faits, rien ne se
passe comme l’avait prévu le gouver-
nement. Car les opposants aux or-
donnances pratiquent le chantage à
la signature et utilisent le cadre de
la branche pour verrouiller au maxi-
mum la liberté de négociation des
entreprises. Dans la chimie, le 5 jan-
vier, la CGT, FO et la CFE-CGC, majo-
ritaires, ont ainsi fait valoir leur droit
d’opposition sur un accord salarial
signé par la CFDT avec l’UIC le 21 dé-
cembre. « Le front anti-loi El Khomri
voulait protéger le Code du travail. Là,
les syndicats cherchent à protéger les
acquis de la branche », analyse Jean-
Christophe Sciberras, directeur des
relations sociales de Solvay.
« Beaucoup de
possibilités sur le
papier, peu en réalité »
Dans le bâtiment (plus d’un million
de salariés), la refonte des conven-
tions collectives pourrait, elle aussi,
tourner court. Le 14 février, le pa-
tronat proposera aux syndicats de re-
voir tout un tas de dispositifs : dou-
blement du contingent d’heures sup-
plémentaires, redéfinition du travail
de nuit, des indemnités de repas et
de trajet, diminution des majorations
pour les heures supplémentaires et
de nuit... Cela afin d’accroître la
compétitivité du secteur alors qu’il
recourt de plus en plus à des tra-
vailleurs détachés. « Nos garanties
disparaîtront. Ça va être le dumping
social entre entreprises », prédit Serge
Pléchot, secrétaire général de la CGT
Construction. Majoritaire, le syndicat
cherche déjà à constituer des al-
liances pour faire barrage au projet
de la Fédération française du bâti-
ment. « Les ordonnances, c’est beau-
coup de possibilités sur le papier, mais
peu en réalité si les partenaires sociaux
ne sont pas dans le même état d’esprit
», souligne Erwan Jaglin, avocat asso-
cié au cabinet Vivant Chiss.
Boudées aussi, les ruptures conven-
tionnelles collectives. Après la polé-
mique survenue dans l’entreprise
Pimkie, où la direction a dû renoncer
à les mettre en place, « les DRH ont
été refroidis. Il sera difficile de trouver
une majorité pour signer un accord »,
prévient Olivier Guivarch, secrétaire
général de la CFDT Services. Avec les
ordonnances, le gouvernement avait
fait le pari de la responsabilisation
des acteurs. Pour le moment, c’est
plutôt le statu quo. ■
par Emmanuelle Souffi
Tous droits réservés 2018 Journal du Dimanche
689723f38440d808f5f512809603218c5343562a91ce5b18559098a
Parution : Hebdomadaire
Diffusion : 193 448 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2015
Audience : 1 077 000 lect. (LDP) - © AudiPresse One 2016↑ 28
PROTECTION SOCIALE
↑ 29
Tiers payant, déserts médicaux… l’Assurance maladie a tout prévu
Santé Jeudi sera signée entre l’Etat et la Caisse nationale d’assurance maladieune convention pour cinq ans qui liste les objectifs à atteindre d’ici à 2022. Florilège.
lundi 12 février 2018Édition(s) : Paris, Oise, Seine-et-Marne, Essonne, Val d'Oise…
Pages 5-6527 mots
ECONOMIE—ECONOMIE
P ar Daniel Rosenweg
Ne rien lâcher ! Jeudi, la ministre de
la Santé, Agnès Buzyn, et le président
de la Caisse nationale d’assurance
maladie des travailleurs salariés, la
Cnam-TS, vont signer une nouvelle
« convention d’objectifs et de ges-
tion ». Un document préparé par le
directeur général de la caisse, Nicolas
Revel, et qui liste les priorités de
l’Etat et les mesures à prendre d’ici à
2022. Ce document, que nous avons
pu consulter, prévoit une nouvelle
réduction d’effectifs d’environ
3 600 postes à la Cnam (déjà 10 000
ont été supprimés entre 2014 et
2017). Il prouve aussi le souci du mi-
nistère de la Santé de maintenir à
tout prix l’accès aux soins.
Déploiement du tiers
payant
Si Agnès Buzyn a décrété cet au-
tomne une pause dans le déploie-
ment du tiers payant, devenu « gé-
néralisable », c’est-à-dire basé sur le
volontariat des médecins, elle n’y a
pas renoncé. La convention Etat-
Cnam prévoit même de « poursuivre
le déploiement » vers « toutes les
professions de santé ». Pour y parve-
nir, l’Etat va « mettre à disposition
des outils répondant aux exigences
de fiabilité et de simplicité » avec
l’espoir de « simplifier la généralisa-
tion ». On s’oriente donc vers un tiers
payant choisi et non imposé, comme
avait tenté de le faire l’ex-ministre de
la Santé, Marisol Touraine.
Déserts médicaux :
installations encadrées
« 8,1 % de la population, soit 5,3 mil-
lions de personnes réparties sur
9 000 communes, se trouvent dans
une situation de faible accès aux
soins », constate la convention. Pour
y remédier, l’Etat veut développer les
dispositifs déjà connus d’incitation à
l’installation en zone de pénurie.
Mais il veut aussi mettre en place
« des dispositifs de régulation des
conventionnements » dans les zones
surdotées pour les professions de
santé (infirmières, kinés, sages-
femmes…) présentant « une dyna-
mique démographique importante ».
Sans conventionnement du profes-
sionnel, pas de prise en charge du pa-
tient par l’Assurance maladie. Dis-
suasif ! Professionnels de santé, les
médecins pourraient bien être
concernés. Ce n’est pas dit claire-
ment, mais ce serait alors la fin de la
liberté d’installation.
davantage d’aide pour
l’accès aux soins
L’Assurance maladie veut faire pas-
ser le nombre de bénéficiaires de la
CMU-C et de l’aide à la complémen-
taire santé de 6,6 millions en 2018 à
7,1 millions en 2020. Notamment en
simplifiant les démarches : moins de
justificatifs à fournir, demandes en
ligne… L’avènement d’un reste à
charge zéro en dentaire, optique et
audioprothèses figure également
dans les priorités.
Réduire les
dépassements
d’honoraires
L’Etat envisage de modifier la régle-
mentation sur les contrats « respon-
sables » des complémentaires santé
(95 % du marché) pour agir sur les
remboursements, et dissuader les dé-
passements d’honoraires. Le renfor-
cement des sanctions pour « pratique
tarifaire abusive » est aussi prévu. La
Cnam-TS veut faire passer de 41 %
aujourd’hui à 45 % en 2020 le nombre
d’actes sans dépassements.
Plus d’e-santé
La Cnam va tester en 2018 une « e-
carte Vitale », utilisable sur smart-
phone ou ordinateur. Son déploie-
ment, dès 2019, permettra d’ouvrir
des droits en ligne, d’utiliser des
feuilles de soins électroniques et ser-
vira au déploiement de la téléméde-
cine. Côté Ameli.fr, utilisé par
26 millions d’assurés, un bouquet de
nouveaux services permettra de té-
létransmettre des pièces et justifica-
tifs, de prendre rendez-vous… ■
↑ 30
LP/ Jean Nicholas Guillo
Tous droits réservés Le Parisien 2018
169df3c08830eb0395fd1580e90e219257f3bd2091865777b87cb5b
Parution : Quotidienne
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Audience : 1 540 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 31
MOUVEMENTS SOCIAUX
↑ 32
NETTOYAGE
Une « belle victoire » à l' Holiday Inn de ClichyAprès des mois de lutte, les salariés d'Héméra, sous-traitants de cet hôtel, ont arraché l'amélio-ration des conditions de travail.
lundi 12 février 2018Page 9
493 mots
SOCIAL-ECO
I l aura fallu 111 jours de grève aux
salariés d'Héméra, un prestataire
à qui l'hôtel Holiday Inn de Clichy
(Hauts-de-Seine) sous-traite le net-
toyage, pour sortir la tête haute du
conflit les opposant à leur donneur
d'ordres.
« C'est une belle victoire pour ces
agents de nettoyage, qui ont égale-
ment tenu tête à la multinationale
InterContinental », se satisfait
Claude Lévy, responsable syndical de
la CGT des hôtels de prestige et éco-
nomiques (HPE). Ils ont manifesté, à
plusieurs reprises, devant des hôtels
du groupe britannique de luxe, au-
quel appartient la marque Holiday
Inn.
Les douze gouvernantes, femmes de
chambre, plongeurs et équipiers vont
reprendre le travail aujourd'hui après
avoir validé jeudi soir un protocole
de fin de conflit satisfaisant, assurant
une « égalité de traitement » avec le
personnel de l'hôtel, selon la CGT-
HPE. Ils ont obtenu gain de cause sur
la suppression de la clause de mo-
bilité, le versement d'une prime de
panier de 7,14 euros brut par jour,
l'augmentation des qualifications au
fil des années, la réintégration des
deux gouvernantes dont la mutation
avait provoqué le début de la grève, le
19 octobre dernier.
Le texte prévoit également un plan-
cher de 30 heures de travail au mini-
mum par semaine (sauf si le salarié
ne le souhaite pas), la prise en
compte de l'habillage et du désha-
billage dans le temps de travail ef-
fectif, le rétablissement de deux jours
de repos consécutifs Et une revendi-
cation cruciale a été gagnée : « Le
paiement à l'heure et non plus à la
chambre. » « Le travail à la tâche est
désormais banni dans cet hôtel », se
réjouit Mirabelle Nsang, représen-
tante CNT-Solidarité ouvrière (SO),
qui a soutenu le conflit social de bout
en bout. à cela s'ajoute l'élection d'un
délégué de « proximité » parmi les
agents de nettoyage. Le futur presta-
taire de propreté a désormais l'obli-
gation d'intégrer ces clauses sociales
dans le nouveau contrat de travail.
Seuls bémols : l'accord ne prévoit
rien sur un éventuel treizième mois,
et surtout, les salariés d'Héméra
n'ont pas été intégrés au sein des ef-
fectifs de l'Holiday Inn. Les syndicats
et la direction de l'hôtel négocieront
sur ces sujets avant le 31 août 2019.
Il n'empêche que cette lutte a jeté un
coup de projecteur sur les misères
dans la sous-traitance hôtelière. Pour
Claude Lévy, « ce système d'exploita-
tion ne va pas disparaître avec cette
victoire, mais c'est une importante
avancée pour réveiller les
consciences. Des milliers d'employés
sont victimes de la sous-traitance.
On espère que la mobilisation fera
tache d'huile. » ■
par Lola Ruscio
Tous droits réservés L'Humanité 2018
E79E93A88690BC0F559E16100C01E1F25DF3BF21A16F50E32810344
Parution : Quotidienne
Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017
Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 33
MOBILISATION
A Tarbes, des centaines de voix pour sauver l'avenir industrielSamedi, à l'appel de l'intersyndicale, 700 personnes ont manifesté au chef-lieu des Hautes-Pyré-nées pour sauver des emplois industriels et relancer ce secteur en déliquescence dans le départe-ment.
lundi 12 février 2018Page 8
744 mots
SOCIAL-ECO
L 'usine Pechiney de Lannemezan,
l'entreprise Soulé de Bagnères-
de-Bigorre où on produisait des wa-
gons, le géant Giat Industries à
Tarbes la liste est longue des sites in-
dustriels rayés de la carte de Hautes-
Pyrénées. En moins de trente ans, le
département a perdu le tiers de ses
emplois industriels : les 15 000 cols
bleus recensés en 1990 ne sont plus
aujourd'hui que 10 000. Et deux
autres usines sont désormais sur la
sellette : Vallourec à Tarbes, qui pro-
duit des tubes pour le forage pétro-
lier (1), et Imerys à Beyrède, spéciali-
sée dans les abrasifs.
Pour sauver les 53 emplois de Vallou-
rec et les 30 emplois d'Imerys promis
à la délocalisation, avait lieu samedi
une manifestation dans les rues de
Tarbes. Parmi les 700 personnes qui
ont défilé de l'usine Vallourec à la
préfecture, Philippe Martinez, le se-
crétaire général de la CGT. Cette mo-
bilisation vise également un objectif
plus ambitieux et offensif : la relance
de l'activité industrielle dans les
Hautes-Pyrénées. Il en va de l'avenir
de ce territoire, où le déclin indus-
triel se traduit par un déclin démo-
graphique : un millier d'habitants
perdus entre 2010 et 2015, selon l'In-
see.
Sept organisations syndicales ont ap-
pelé à la manifestation de samedi,
unissant leurs forces pour casser les
politiques de destruction des em-
plois. Elles sont presque toutes là :
CGT, CFDT, CFTC, Solidaires, CFE-
CGC, Unsa, FSU. Seule FO manque à
l'appel. « Les Hautes-Pyrénées ne
veulent pas mourir », lit-on sur la
banderole de tête. Les militants du
PCF, du NPA, de la France insoumise
manifestent eux aussi. Pour François
Dousseau (CGT), le déclin industriel
résulte de décisions politiques : « Il
s'agit maintenant de réorienter l'ar-
gent public vers la réponse aux be-
soins plutôt que vers les dividendes
des actionnaires. Dans les Hautes-
Pyrénées, 20 millions d'euros sont
engloutis en crédit d'impôt compéti-
tivité emploi (Cice) tous les ans. » Se-
lon le syndicaliste, « pour développer
l'emploi industriel, il faut déjà ne pas
voter des lois favorisant les licencie-
ments ou affaiblissant les droits des
salariés ».
Philippe Martinez voit dans les mani-
festants « des salariés qui se battent
pour leurs emplois et pour que les gé-
nérations futures puissent vivre et
travailler ici ». Pour le secrétaire gé-
néral de la CGT, le problème est aussi
politique : « Le déclin de l'industrie
n'est pas inexorable mais tant qu'elle
sera au service de la finance et des
actionnaires, elle n'aura pas d'avenir.
» Il en appelle à « une stratégie in-
dustrielle à long terme, hors des
contraintes de la finance ». Il s'agit
aussi d'« investir dans la recherche »
et de « contrôler l'utilisation de l'ar-
gent public » versé aux entreprises.
« Macron fait le choix de casser l'in-
dustrie », accuse Marie-Pierre Vieu,
pour qui « il faut revenir à un état qui
décide d'une stratégie de développe-
ment industriel ». L'eurodéputée PCF
prône la création d'un comité de suivi
de l'emploi industriel dans le dépar-
tement.
Michel Pélieu, président radical du
conseil départemental des Hautes-
Pyrénées, rarement aperçu en mani-
festation, participait au défilé de sa-
medi : « Le tourisme est un moteur
économique qui marche plutôt bien
mais ça ne suffit pas. Nous avons du
mal à attirer des emplois industriels.
Tout se passe sur la métropole tou-
lousaine. Pourtant notre zone aéro-
portuaire, entre Tarbes et Lourdes,
est prête à accueillir des sous-trai-
tants aéronautiques, des pans d'Air-
bus. » Le gouvernement fait-il ce qu'il
faut ici pour l'emploi industriel ? Pe-
tit sourire : « Ce n'est pas démontré.
»
La colère exprimée par la manifes-
tation tarbaise soulève une question
de fond : tandis que les métropoles
grossissent démesurément, rendant
les transports ou le logement de plus
en plus difficiles d'accès, d'autres ter-
ritoires se désertifient. Les politiques
économiques redessinent la carte de
France, aggravant les déséquilibres
territoriaux. La préfète, représen-
tante du gouvernement, organise au-
jourd'hui une table ronde sur l'avenir
de Vallourec. A-t-elle entendu les re-
vendications des Bigourdans ?
↑ 34
(1) L'Humanité, 19 janvier 2018. ■ par Bruno Vincens
Tous droits réservés L'Humanité 2018
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EUROPE ET INTERNATIONAL
↑ 36
TAUX & CHANGES
IG Metall, allié improbable de la BCE
dimanche 11 février 2018Page 32
602 mots
LE MONDE ECO ET ENTREPRISE
C'est un drôle d'attelage mais
qu'importe : la Banque centrale eu-
ropéenne (BCE) peut dire merci à IG
Metall, le puissant syndicat de la mé-
tallurgie allemande. Après des mois
de négociations tendues, le masto-
donte a obtenu une hausse de salaire
de 4,3 % pour les employés du sec-
teur. Une augmentation ayant valeur
de " benchmark " pour des millions de
salariés au sein de la première puis-
sance économique européenne. A
leur tour, les syndicats des services
et des fonctionnaires se mettent en
ordre de bataille, réclamant entre 6
% et 11 % d'augmentation…
Il fut un temps où la BCE suivait d'un
œil suspicieux les revendications
syndicales en matière de rémunéra-
tions. Trop nombreuses, trop éle-
vées, celles-ci risquaient de déclen-
cher une spirale inflationniste, en
poussant les entreprises à augmenter
leurs prix pour compenser la hausse
des coûts salariaux. Une ligne rouge
pour l'institution de Francfort, gar-
dienne intransigeante de la stabilité
des prix, avec un objectif d'inflation
fixé juste en dessous de 2 %.
A cette aune, le résultat obtenu par
IG Metall pourrait sembler excessif.
Etalée sur vingt-sept mois, la hausse
devrait atteindre 3,7 % en 2018 et 4
% en 2019, selon les calculs du ca-
binet d'analyses Oxford Economics.
Mais l'époque n'est plus la même : ce
qui tracasse désormais la BCE n'est
plus un trop-plein d'inflation… mais
sa disparition.
Résumons. La croissance de la zone
euro est robuste. Elle est même au
plus haut depuis une décennie. Les
usines tournent à plein régime. Le
taux de chômage, lui, ne cesse de re-
fluer. Sept millions de nouveaux "
jobs " ont été créés depuis 2013. Cer-
tains pays, comme l'Allemagne et les
Pays-Bas, frôlent le plein-emploi.
Ici et là, en Europe, se profile une pé-
nurie de main-d'œuvre. Pourtant, et
c'est le grand mystère de la reprise,
les salaires frémissent à peine.
Outre-Rhin, en 2017, ils n'ont aug-
menté que de 0,8 % en termes réels.
Dans la zone euro, leur progression
annuelle n'a jamais dépassé 2 % de-
puis 2012.
Révolution numérique, désyndicali-
sation, multiplication des emplois de
mauvaise qualité, poids d'une Alle-
magne pratiquant la modération sa-
lariale depuis plus d'une décennie…
Les tentatives d'explication de cette
anémie sont diverses.
Un effet boule de neige ?
La conséquence ne fait en revanche
guère de doute pour les banquiers
centraux : sans tension sur les rému-
nérations, impossible de faire
converger l'inflation vers 2 %, syno-
nyme d'une économie en bonne san-
té.
La " performance " d'IG Metall va-t-
elle faire boule de neige ? Et per-
mettre à l'institution monétaire de
redevenir plus " faucon " que " co-
lombe " ? Autrement dit, d'envisager
plus sereinement le retrait de ses
soutiens exceptionnels à l'économie
? Encore lui faudra-t-il prendre en
compte d'autres paramètres, tel le
yoyo des Bourses, qui ont plongé ces
derniers jours dans le sillage de Wall
Street. Une secousse déclenchée par
l'annonce, le 2 février… d'une hausse
des salaires plus forte que prévu aux
Etats-Unis (+ 2,9 % en 2017). Il y
a quelques semaines encore, l'Amé-
rique ne cessait elle aussi de s'inter-
roger sur la mystérieuse stagnation
des rémunérations. La voilà qui se
met à craindre un retour de l'infla-
tion. Décidément, les temps
changent.
Marie de Vergès■
par Marie De Vergès
Tous droits réservés Le Monde 2018
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Audience : 2 416 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 37
En Allemagne, les fonctionnaires veulent aussi " prendre part à la fête "
Les syndicats des services et du public réclament de 6 % à 11 % d'augmentation salariale
samedi 10 février 2018Page 24
1069 mots
LE MONDE ECO ET ENTREPRISE
Serait-ce le début d'une vague
d'augmentation des salaires en Alle-
magne ? Encouragés par le succès
d'IG Metall, qui a obtenu, mercredi,
4,3 % d'augmentation pour 3,9 mil-
lions de salariés de l'industrie, les
autres syndicats allemands sont sur
le pied de guerre.
Jeudi 8 février, le syndicat des ser-
vices (Verdi) et ceux des fonction-
naires (DBB), de la police (GdP) et des
personnels d'édu-cation (GEW) ont
demandé entre 6 % et 11 % d'aug-
mentation pour les 2,5 millions de
salariés de l'administration fédérale
et territoriale. Les négociations
doivent -débuter le 26 février.
" Les économistes commencent à être à
court de superlatifs pour décrire l'état
de notre économie. Les salariés des ser-
vices publics voudraient bien aussi
prendre part à la fête ", a lancé Frank
Bsirske, président du syndicat Verdi,
en référence à la bonne santé de l'in-
dustrie et à la faiblesse du chômage
(5,7 %), au plus bas depuis la réuni-
fication. Verdi, qui représente les sa-
lariés des services, compte sur le suc-
cès de cette -négociation pour impo-
ser des augmentations de salaires
dans d'autres secteurs comme la
poste ou les télécommunications, qui
doivent également négocier en 2018
le renouvellement des conventions
collectives. Tous demandent 6 %
d'augmentation.
De combien sera la hausse globale ?
Difficile de l'anticiper tant les négo-
ciations au sein de l'opulente indus-
trie se sont révélées délicates. Le pré-
sident du syn-dicat des fonction-
naires, Ulrich Silberbach, a beaucoup
insisté sur la retenue des serviteurs
de l'Etat ces dernières années.
En raison du " frein à la dette ", ins-
crit depuis 2009 dans la -Constitu-
tion allemande, l'Etat et les collecti-
vités territoriales ont dû réduire leurs
coûts, et parfois augmenter le vo-
lume de travail du personnel en
place. Le syn-dicat chiffre à 200 000
le nombre de travailleurs manquants
actuellement dans le secteur -public,
en particulier dans l'éducation et la
police.
Excédent budgétaire record
" Après toutes les années de renonce-
ment et la charge de travail liée à la
faiblesse des effectifs, les collègues ont
plus que mérité une nette augmenta-
tion. " Cette fois-ci, l'Etat aura du mal
à leur opposer l'argument des restric-
tions budgétaires. L'Allemagne a dé-
gagé l'an dernier un excédent bud-
gétaire record, à 1,2 % du PIB, soit
38,4 milliards d'euros, a précisé
l'institut de statistique Destatis, le 11
janvier dernier.
Pour la quatrième année consécu-
tive, l'Etat, les collectivités locales et
les caisses d'assurance publiques ont
dépensé moins qu'elles n'ont collecté
de recettes fiscales. Les collectivités
locales ont réalisé un excédent his-
torique de presque 10 milliards d'eu-
ros. Le manque de personnel qualifié
est considéré comme une des causes
du retard d'investissement dans les
communes, qui peinent souvent à
dépenser l'argent disponible faute
d'experts.
Les syndicats ne sont pas les seuls à
espérer une nette hausse des rému-
nérations outre-Rhin. " L'Allemagne
n'est pas une île ", a rappelé Christine
Lagarde, la -directrice du Fonds mo-
nétaire -international (FMI), lors
d'une récente visite outre-Rhin.
Comme le président de la Banque
centrale européenne, Mario Draghi,
elle déplore depuis plusieurs années
la retenue salariale qui prévaut tou-
jours en Allemagne.
Jeudi 8 février, Destatis lui a, une
nouvelle fois, donné raison : malgré
une conjoncture au beau fixe et une
croissance continue depuis 2013, les
salaires réels n'ont augmenté que
modérément en 2017, de 0,8 %.
Dans le détail, les salaires nominaux
ont augmenté de 2,5 %, tandis que
l'inflation a progressé de 1,7 %. Or,
les -niveaux de rémunération des sa-
lariés ont un impact sur l'évolution
des prix. Parce que les salaires aug-
mentent peu outre-Rhin, les produits
made in Germany, déjà compétitifs
hors prix, sont encore avantagés à
l'exportation, tandis que la consom-
mation et les importations restent li-
mitées.
Conséquence : l'excédent commer-
cial allemand demeure à un niveau
très élevé. Il a été de 245 milliards
d'euros l'an dernier, a annoncé, jeudi,
Destatis, seulement en légère baisse
par rapport à son niveau record de
2016. Selon l'institut économique
Ifo, l'excédent courant allemand est
le plus élevé du monde. A 257 mil-
liards d'euros, il a dépassé l'an der-
↑ 38
nier celui de la Chine. Au grand dam
du FMI, de la BCE, de la Commission
européenne ou encore de l'adminis-
tration américaine, qui accusent de-
puis des années l'Allemagne d'ali-
menter avec ses excédents les dés-
équilibres macroéconomiques inter-
nationaux.
" La hausse - des salaires - de 0,8 %
l'an dernier est étonnamment faible ",
concède Stefan Müller, de l'institut
économique de Halle. " On ne peut
l'expliquer que par la faiblesse des né-
go-ciations salariales menées jusqu'ici,
qui ont été influencées par l'arrivée
constante de nouveaux entrants sur le
marché du travail comme les femmes et
les étrangers ", explique l'économiste.
Mais cette situation devrait évoluer :
en raison du manque de plus en plus
criant de personnel qualifié dans cer-
tains secteurs, les salariés ont une
position de négociation historique-
ment avantageuse, même là où le de-
gré d'organisation syndicale est
faible. C'est le cas dans les services,
où les entreprises sont souvent de
petite taille. Dans ce secteur, les sa-
laires accusent traditionnellement
un écart important par rapport à ceux
pratiqués dans l'industrie.
" La faiblesse historique du -chômage
est le principal levier de hausse des sa-
laires ", confirme Holger Lesch, de
l'Institut économique de Cologne,
proche du patronat. Même dans les
entreprises non rattachées aux
conventions collectives, les em-
ployeurs sont obligés de prendre en
compte les salaires pratiqués par la
concurrence s'ils veulent rester at-
tractifs, explique-t-il. " La situation
n'a jamais été aussi favorable à une
forte hausse des salaires en Allemagne
", résume Stefan Müller.
Cécile Boutelet■
par Cécile Boutelet
Tous droits réservés Le Monde 2018
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