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Quel sens donner à la VIE?

Il arrive un moment dans la vie de chaque homme où il faut retourner pour faire le bilan des années qui se sont écoulées; pour embrasser d'un coup l'ouvrage de toute une vie; le résultat de quelques dizaines d'années d'existence. C'est une expérience souvent très mélancolique où l'on pense aux années qui ont passé si vite, sans se faire remarquer. C'est le temps des souvenirs, des regrets peut-être. C'est le temps où l'on est amené bon gré mal gré à méditer furtivement sur le pourquoi de la vie, l'angoissante incertitude de demain, l'implacable certitude de la mort.

On a connu des peines, des grandes douleurs, des joies aussi. On a côtoyé

beaucoup de monde. On s'est fait des amis et peut-être des ennemis. On a aimé. On a haï, construit et démoli. On a fondé un foyer, élevé une famille. Bref, tout le cortège banal d'événements qui marquent toute vie d'homme, une vie que l'on voudrait aussi longue que possible et où l'on s'est efforcé d'être aussi heureux que possible. SI VIVRE N'ÉTAIT QUE CELA!

C'est ce qu'on peut appeler une description sommaire de la vie. Mais une description n'est pas une explication...

Car on s'est sans doute déjà dit : “Si vivre n'était que cela; si vivre n'avait pas

d'autre objet que celui d'exister jusqu'à l'issue fatale, certains philosophes modernes n'auraient pas tort de dire que l'existence est absurde”. En réalité, il y en a très peu qui s'expriment d'une manière aussi brutale et catégorique. La plupart des savants, la plupart des penseurs cherchent le sens de la vie. N'est-ce pas paradoxal qu'en pleine ère atomique où l'homme s'apprête à explorer les autres planètes, on ne sache pas encore donner de la vie une définition, une explication satisfaisante? Les hommes cherchent. Ils méditent. Il y a, par exemple, Saint-Exupéry qui situe le but de l'homme en dehors de lui-même. Il déclare qu'en “travaillant pour les seuls biens matériels, nous bâtissons nous-mêmes notre prison. Nous nous enfermons, solitaires, avec notre monnaie de cendres qui ne procure rien qui vaille la peine de vivre” (Terre des Hommes). Dans ses méditations, il tire cette conclusion importante : “Ce qui donne un sens à la vie, donne un sens à la mort”. QUE SOMMES-NOUS

Il y a Jean Rostand qui avoue humblement et loyalement son ignorance totale concernant ces problèmes : “Que sommes-nous? Qu'est-ce que l'homme? Que représente-t-il dans l'ensemble des choses? Qu'est-ce qu'une vie humaine? Qu'est-ce qui s'efface de l'univers quand périt un individu? Je n'hésiterai pas à dire que, s'agissant de ces problèmes, j'aurai traversé l'existence dans un état d'incompréhension effarée” (Ce que je crois).

Il y a l'écrivain Charles Morgan qui se dit : “Il me semble qu'on résout le

problème de la vie quand on a découvert ce qui doit prendre le premier rang” (Fontaine).

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Ces quelques citations parmi des centaines d'autres sont une expression à la découverte du mystère qu'il est à ses propres yeux, de l'homme à la recherche d'un but, d'une explication à sa vie. Personne ou presque personne n'ose se prononcer catégoriquement sur ces questions fondamentales. C'est un domaine où l'on tâtonne dans la pénombre d'une ignorance presque totale. NOUS SOMMES DÉPOSITAIRES, RÉGISSEURS

En définitive, qui peut nous expliquer quel est le sens de la vie, sinon celui qui a fait la vie? Qui mieux que le potier sait de quoi est fait le vase et à quel usage il est destiné? Mais ce sont là des explications que l'on dédaigne, dont on se méfie, voire que l'on ridiculise. Elles n'en demeurent pas moins vraies et efficaces pour qui préfère les accepter avec confiance, pour qui daigne accueillir dans sa vie l'intervention du Christ. Le message du Christ au monde est d'abord un message à l'homme en tant qu'individu. Chaque homme a reçu un certain fondamental qui s'appelle TEMPS et TALENT. Le temps, le talent et toutes les formes de dons, de possibilités et de circonstances opportunes qui font partie de la vie de chaque homme constituent ainsi un investissement du Créateur en sa créature. Non seulement en sommes-nous les dépositaires, mais aussi et surtout les régisseurs. C'est-à-dire que nous sommes responsables de ce que Dieu nous a confié.

L'écrivain cité plus haut avait justement remarqué “qu'on résout le problème de la

vie quand on a découvert ce qui doit prendre le premier rang”. L'important est de savoir ce qui mérite d'être placé au premier rang dans la vie. C'est ici où les hommes formulent toutes sortes d'hypothèses, de théories, de suppositions, d'opinions diverses et contradictoires. À cet égard, Salomon dit très justement dans ses Proverbes :

« 12 Telle voie paraît droite à un homme, mais son issue c'est la voie de la mort. »

(Proverbes 14, 12) C'est au sein de cette confusion, de ces tâtonnements, de ces incertitudes humaines

que le Christ intervient pour nous dire, avec l'autorité qui caractérise tous ses déclarations : « 33 Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » (Matthieu 6, 33). C'est-à-dire, inquiétez-vous d'abord de faire ce que votre Créateur. Voilà le sens que doit avoir votre vie. Et, pour illustrer la responsabilité de chaque homme dans la gérance des biens que Dieu lui a confiés, voici l’illustration qu'il utilise :

« 14 Il en sera comme d'un homme qui, partant pour un voyage, appela ses

serviteurs, et leur remit ses biens. 15 Il donna cinq talents à l'un, deux à l'autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit. 16 Aussitôt celui qui avait reçu les cinq talents s'en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents. 17 De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. 18 Celui qui n'en avait reçu qu'un alla faire un creux dans la terre, et cacha l'argent de son maître. 19 Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte. » (Matthieu 25, 14-19)

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Celui à qui avait confié cinq talents en avait gagné cinq autres. De même, les deux talents du second en avaient produit deux supplémentaires. Le maître les accueillit avec honneur, car ils avaient été de « 21 et 23 bon(s) et fidèle(s) serviteur(s) ». (Matthieu 25, 21.23) Cette parabole du Christ est une réponse précise à notre question : “Que sommes-nous venus faire dans ce monde?”. Nous sommes venus pour servir un maître en gérant les biens qu'il nous a confiés dans le temps qu'il nous a alloué. Dans la parabole, le mot « Talent » désigne une grosse somme d'argent équivalent à plusieurs kilos d'or ou d'argent. Chez les Grecs, un talent pesait 26 kg. Dans le cadre de cette parabole, il est tout à fait légitime de donner au mot « talent » une signification moins “financière”, plus morale. C'était là l'intention du Christ. CHACUN SELON SA CAPACITÉ

Comme nous l'avons déjà suggéré, les talents, c'est tout ce qu'un homme a comme aptitudes, comme dons, comme possibilités, comme opportunités. C'est tout ce qu'un homme est, tout ce qu'il a, tout ce qu'il peut faire de constructif, et tout ce qu'il peut devenir. Ce capital est diversement distribué parmi les hommes. Tous ne reçoivent pas la même somme; mais tous sont considérés de la même manière, c'est-à-dire comme des serviteurs. Chacun est chargé de faire fructifier son bien en attendant le retour du maître et pour sa gloire. Ce n'est pas la quantité produite qui importe. C'est l'effort en fonction de ce qu'on a à sa disposition. Il faut noter que l'homme aux deux talents a été honoré du même accueil que l'homme aux cinq talents. En quantité, il a produit moins que l'autre. Mais la qualité, de l'effort est identique, car tous deux ont agi selon le capital dont ils disposaient... « 15 chacun selon sa capacité » comme dit Jésus. Ils ont fidèlement géré leur bien. SI J'ÉTAIS RICHE

Par contre, le serviteur auquel le maître n'avait confié qu'un seul talent, ne s'est pas inquiété de le faire fructifier. Jésus dit qu'il est allé le cacher dans la terre pour le remettre tel quel à son maître dès son retour. Le maître qualifie ce serviteur de « 26 méchant et paresseux » et « 30 inutile » et il donna l'ordre de le jeter dans « 30 les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » (Matthieu 25, 26.30) Paresseux, méchant et inutile parce qu'il n'a pas fait son devoir de serviteur. Il s'est peut-être dépensé en toutes sortes d'activités mais il a négligé l'essentiel – à savoir produire des fruits pour le maître en cultivant la bonté, la joie, la paix, la patience, la serviabilité, la douceur, la maîtrise de soi (Galates 5, 22-23). Il s'est peut-être découragé en sous-estimant les dons qu'il avait reçus. Il a peut-être raisonné comme certains : “Si j'étais riche, je pourrai aider tel ou tel. Si j'étais influent, je ferais tel changement. Si j'étais encore jeune, je me lancerais dans telle entreprise” etc. etc. Que ne ferait-on pas avec des SI? Ce sont les velléitaires, les paresseux, les hypocrites qui parlent de cette manière. L'apôtre Paul a très justement dit :

« 12 La bonne volonté, lorsqu'elle existe, est agréable en raison de ce qu'elle peut avoir à sa disposition, et non de ce qu'elle n'a pas. » (2 Corinthiens 8, 12)

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C'est là une des caractéristiques majeures du message chrétien : “Fais ce que tu peux avec ce que tu as”. Pauvre ou riche; influent ou obscur; doué ou ordinaire, chacun doit faire usage de ce qu'il a et de ce qu'il est dans une direction précise :

« 13 Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui

rendra-t-on? Il ne sert plus qu'à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. 14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée; 15 et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. 16 Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 5, 13-16)

« 7 Ne vous trompez pas : on ne se moque pas de Dieu. Ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi. 8 Celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption; mais celui qui sème pour l'Esprit moissonnera de l'Esprit la vie éternelle.9 Ne nous lassons pas de faire le bien; car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas. 10 Ainsi donc, pendant que nous en avons l'occasion, pratiquons le bien envers tous, et surtout envers les frères en la foi. » (Galates 6, 7-10)

« 2 Affectionnez-vous aux choses d'en haut, et non à celles qui sont sur la terre. 3 Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu... 17 Et quoique vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père. » (Colossiens 3, 2.17)

Le sel de la terre est un agent de conservation. L'homme doit par sa vie, par ses

biens, par ses aptitudes, contribuer à endiguer la corruption qui menace d'engloutir le monde... au lieu de contribuer à cette corruption par sa défection.

La lumière du monde est un agent de vie, d'harmonie et d'intelligence, car elle

dissipe les ténèbres de l'ignorance; elle est un point de repaire pour les désorientés; une direction pour les égarés; elle éclaire le chemin des hommes en leur rendant conscience de leur âme et de leur responsabilité à l'égard de Dieu.

— Voilà ce que doit tout homme. — Voilà le sens de la vie. — Voilà la tâche confiée à chaque homme.

Tout autre sens, c'est-à-dire toute autre signification, toute autre direction,

conduirait à l'échec. C'est pour cette raison que le Nouveau Testament abonde en recommandations précises indiquant sans cesse le sens unique de la vie où l'homme doit s'efforcer de canaliser ses efforts, ses actes, ses pensées et ses actions. DEUX SORTES D'HOMMES

Devant Dieu, il n'y a pas de hiérarchie sociale. Il n'y a que des serviteurs. Certains ont reçu beaucoup et à d'autres on a confié peu de choses. Mais cette diversité dans la

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répartition n'implique pas injustice, car il est dit : « 48 On demandera beaucoup à qui l'on a beaucoup donné, et on exigera

davantage de celui à qui l'on a beaucoup confié. » (Luc 12, 48) Aux yeux de Dieu, il n'y a que deux sortes d'hommes :

— Les bons et les mauvais serviteurs; — Les gérants fidèles et els gérants paresseux.

Heureux l'homme qui a ainsi résolu le problème de sa vie en découvrant que son

rôle primordial est de servir Dieu dans sa famille, dans son travail, par son savoir, par son intelligence, par son énergie, par sa vie.

Heureux et sage celui qui, en notre 21e siècle trépidant, où l'homme passe son

temps à courir après le temps, à gémir qu'il n'a pas le temps, peut ainsi prier : “Seigneur, je ne te demande pas ce soir, le temps de faire ceci, et puis encore cela;

je te demande la grâce de faire consciencieusement, dans le temps que tu me donnes, ce que tu veux que je fasse.” (Michel Quoist - “Prières”)

« 14 Car, qu'est-ce que votre vie? Vous êtes une vapeur qui paraît pour un peu de

temps, et qui ensuite disparaît. » (Jacques 4, 14) « 25 Mais la parole de Dieu demeure éternellement. » (I Pierre 1, 25)

L'auteur : M. RICHARD ANDREJEWSKI Copier en forme de Word par M. Denis Tarko

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