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Hasard Moral Et DéBâCle FinancièRe

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Page 1: Hasard Moral Et DéBâCle FinancièRe

Hasardmoralet débâclefinancièreDidierMarteau

, professeur à l

'

ESCP,

conseillerAonFrance

AuXVIII`siècle

, déjà ,

AdamSmithdéfinissait le termedehasardmoralpar « la

dispositiondecertainsagentséconomiques à maximiserleurutilitéindépendammentdesconséquences négativesdeleuractionsurlesautresagents »

.Lesmarchés

financiers ontlaissésedéveloppersanscontrôle

, depuisunevingtaine d

'

années,

dessituations et

comportementsdehasardmoral, quisont

probablement l

'

explicationla plussérieusede la crisefinancière

.Et

l

' onpeut s' étonnerque le termesoitabsentdudiagnostic formulépar le Gu ) lorsde la réuniondu

2 avril,

laissantsupposerque le

régulateur n' a pas la volonté d

'

intervenirpouraméliorerlespratiquesdegouvernancedanscedomaine.

Lesopérations detitrisation, qui

ontpermisauxbanquesaméricainesdetransférer8o%%deleurportefeuilledecréditssubprimesauprès

d

' investisseurspeuinformés,

maisdisposant d

' uneépargneimportante liéeaudéficitde la balancedespaiements américaine

,

sont la

première illustrationévidente d

' unesituationdehasardmoral

:les

banquesontallouécescréditsensachantque le risquedenon-remboursement seraitsupportépar

d

' autresacteurs,

aucunestructureinternationale derégulationnecontrôlant le volumedescréditstitrisés

,

disséminésdansdesportefeuillesgéographiquement et

sectoriellement dispersés.Latitrisation gomme l

'

originemêmedumot « crédit » credereoucroire

,

endéconnectant la

décision d

' octroiduportagedurisque.Labanquedevientun« courtierenrisque »

, perdsafonctionoriginelle

,

désormais rempliepar l

'

investisseur, quinedisposepourtant ni de

la compétence ni de l

' informationindispensables à l

' évaluation . LeG20recommandeunrenforcementdesfondspropresallouésparlesbanques à la couverturedesrisquessurlesopérationsdetitrisation .

Mais il n'

y

a aucundébatsur le

principemêmede la titrisation,

ni

doncsur le danger , évoquéparAdamSmith

,

d

' unprocessusdedécisionconduisant à uneprisederisqueexcessive . Lesracinesde la

crisenesontpastouchées.Nepeut-onpasnonplus s'

interrogersur le processusdefabrication desnormescomptables ,

élaborées pardesorganismesdedroitprivé

,

le FASB(

Financial AccountingStandardsBoard

)

et l

'

IASB(

International AccountingStandards

Board)

,

dont l

'

indépendancevis-à-visdesbanquesanglosaxonnes sembletrèsrelative ?

Estil normalque le modedereprésentation comptablede l

' activitééconomiqueéchappe à la sphèrede la

responsabilité publique ?

Enobligeant lesbanques ,

aucoeurde la crise

,

à valorisertoutleurportefeuille d

' actifsdecréditsur la basedesquelquesprixdemarchécotéssurdesmarchésdevenus illiquides ,

l

'

applicationdesnormes IFRS

(

InternationalFinancialReportingStandards

)

a entraînédespertescomptables massives et

surévaluées,

réduit lesfondspropresdesbanques d

' unmontantéquivalent , obligeantcesdernières

,

soumisesauratiodesolvabilitédit« Bâle II

»

,

soit à serecapitaliser ,

soit à céderunepartiedeleurportefeuille risqué ,

accélérant la baissedumarché

etlespertescomptables

selonunmécanismeprocycliqueauxeffetscatastrophiques.

AttachementviscéralMaisencréantde la volatilité

dans lesrésultatsdetrading ,

lesnormescomptablespermettentaussiauxbanquesanglosaxonnesdepérenniserunsystèmederémunérationdesopérateurs et dumanagementdont la

partvariableestdominante. L

'

attachement viscéraldecesbanques à

la valorisationauprixdemarchén' illustre-t-ilpasaussiunesituationdehasardmoral

,

danslaquelle lesdécisions relatives à la

valorisation comptabledesportefeuilles sontprisesindépendamment deleursconséquencesnégatives sur l

'

équilibremacroéconomique

?

Lespratiquesdécrites,

il

y

a plusdetroissiècles

, parAdamSmith,

dontonoublieparfoisqu' il futprofesseurdephilosophiemorale

,

trouvent aujourd' huiune

incroyablerésonancesurlesmarchésfinanciers . Elles s' appliquent à la

décision d

' octroidecrédit,

auxopérations detitrisation

, quireposentsuruneasymétrieévidente d

'

information entre le « structureur »

et l

' investisseur,

aumodedevalorisation comptabledesportefeuilles

,

maisaussiauxactivitésd

' évaluation,

voiredecertificationdescomptes.

Il sembleque le Gu ) n' aitpaspristoute la mesuredesenjeuxd

' uneréhabilitationdespratiquesdebonnegouvernancedanscesdomaines

, quiseraitpourtantl

' unedesdécisions lesplusefficacespourprotéger l

' avenir . "

N° et date de parution : 20027 - 16/06/2009Diffusion : 467574Périodicité : HebdomadaireLEMONDEECONOM_20027_3_10.pdfSite Web : http://www.lemonde.fr

Page : 3Taille : 80 %266 cm2

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