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Véronique Chocron complété Eric LEGER La montée en puissance des réseaux sociaux et le Big Data vien- nent bousculer la méthode tradi- tionnelle des établissements de cré- dit pour décider d’accorder ou non un prêt. Certes, l’examen de la capa- cité financière de remboursement des emprunteurs reste un modèle dominant en Europe – sur la base de critères tels que le salaire, le nombre d’enfants ou l’âge. Mais des techniques alternatives ou complé- mentaires se développent, parfois surprenantes. Facebook vient ainsi de faire le buzz avec un nouveau brevet, déposé le 4 août dernier, qui, s’il était utilisé, permettrait aux orga- nismes de crédit d’accéder aux amis Facebook d’un client pour évaluer sa solvabilité. Selon les termes de ce brevet, « quand une personne fait une demande de prêt, le prêteur exa- mine les notes de crédit des membres de [son] réseau social. […] Si le score de crédit moyen de ces membres atteint un score minimum, le prêteur continue à traiter la demande de prêt. Sinon, la demande de crédit est reje- tée ». De quoi soulever des questions éthiques et de confidentialité sur le prix de l’amitié selon Facebook. Toutefois, si le réseau social décidait d’activer à l’avenir ces fonctionnali- tés, il reste difficile à ce stade de savoir quels en seraient les contours – l’accord des demandeurs de cré- dits et des amis mis à contribution pourrait être nécessaire. Un autre géant américain de la tech aborde le crédit avec ses pro- pres codes. Amazon propose, en effet, un service de prêts à sa clien- tèle de PME aux Etats-Unis, au Japon, au Royaume-Uni et envi- sage de le lancer dans sept autres pays, dont la France, d’ici à la fin de l’année. Son point fort : une procé- dure simple et des prêts accordés le jour même pour la moitié d’entre eux, grâce notamment à un système de « scoring » original. Le numéro un mondial du commerce électro- nique ne demande pas de détail sur les finances des entreprises qui pas- sent via sa plate-forme et souhaitent souscrire un prêt, mais se contente des informations qu’il possède sur elles. Et pour le remboursement, Amazon Lending prélève directe- ment les mensualités sur les ventes réalisées par ces entreprises. Elargir les critères traditionnels Outre ces poids lourds, plusieurs « fintechs » cherchent à élargir les critères traditionnels d’octroi de crédit, en analysant les comporte- ments des Internautes sur les réseaux sociaux pour leur prêter en direct, ou pour affiner le « sco- ring » des banques traditionnelles, comme le propose Lenddo ou Kre- ditech . Même les géants européens du crédit adaptent leurs méthodes. Ainsi Cetelem (groupe BNP Pari- bas) a-t-il recours au Big Data au Brésil. Partenaire de Submarino, le leader brésilien de l’e-commerce, Cetelem ne demande pas à connaî- tre les revenus des clients, mais déli- vre ses cartes de crédit en se basant sur leurs comportements d’achat. Ce qui n’a pas fait progresser les impayés. n Nouvelles techniques, nouveaux acteurs : Le monde bancaire se redessine au profit du client 3.0 ! Facebook vient de faire le buzz avec un nouveau brevet qui, s’il était utilisé, permettrait aux organismes de crédit d’accéder aux amis Facebook d’un client pour évaluer sa solvabilité. Photo Shutterstock Amazon propose un service de prêts à sa clientèle de PME aux Etats-Unis, au Japon, au Royaume-Uni. Les Echos Mercredi 19 août 2 015 Facebook, Amazon investissent le marché du crédit. Demain Apple (via son Apple Pay) ou Google (via son futur Wallet) ? Certaines fintechs comme Lendix (via le crowdlending), Prêt d’Union (prêt entre particuliers) ou Lemon Way (demain?) veulent participer à "l'aventure". De multiples nouveaux acteurs qui souhaitent proposer des solutions de désintermédiation innovantes au service d'un nouveau client (client 3.0) qui, lui, veut savoir, être acteur de ses choix. Quelles stratégies doivent être adoptées dès à présent par les leaders traditionnels du marché pour ne pas rater cette mutation ? Affiner leurs recours au Big data (Cetelem au Brésil) ? S'associer avec des fintechs ? Qui ressortira vainqueur de cette course au client 3.0 ?

Nouvelles techniques, nouveaux acteurs : Le monde bancaire se redessine

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Page 1: Nouvelles techniques, nouveaux acteurs : Le monde bancaire se redessine

Véronique Chocroncomplété Eric LEGER

La montée en puissance desréseaux sociaux et le Big Data vien-nent bousculer la méthode tradi-tionnelle des établissements de cré-dit pour décider d’accorder ou nonun prêt. Certes, l’examen de la capa-cité financière de remboursementdes emprunteurs reste un modèledominant en Europe – sur la basede critères tels que le salaire, lenombre d’enfants ou l’âge. Mais destechniques alternatives ou complé-mentaires se développent, parfoissurprenantes.

Facebook vient ainsi de faire lebuzz avec un nouveau brevet,déposé le 4 août dernier, qui, s’ilétait utilisé, permettrait aux orga-nismesdecréditd’accéderauxamisFacebook d’un client pour évaluersa solvabilité. Selon les termes de cebrevet, « quand une personne faitune demande de prêt, le prêteur exa-mine les notes de crédit des membresde [son] réseau social. […] Si le scorede crédit moyen de ces membresatteintunscoreminimum,leprêteurcontinueàtraiterlademandedeprêt.Sinon, la demande de crédit est reje-tée ».Dequoisouleverdesquestionséthiques et de confidentialité surle prix de l’amitié selon Facebook.Toutefois,sileréseausocialdécidaitd’activer à l’avenir ces fonctionnali-tés, il reste difficile à ce stade desavoirquelsenseraientlescontours– l’accord des demandeurs de cré-dits et des amis mis à contributionpourrait être nécessaire.

Un autre géant américain de latech aborde le crédit avec ses pro-pres codes. Amazon propose, en

effet, un service de prêts à sa clien-tèle de PME aux Etats-Unis, auJapon, au Royaume-Uni et envi-sage de le lancer dans sept autrespays, dont la France, d’ici à la fin del’année. Son point fort : une procé-dure simple et des prêts accordés lejour même pour la moitié d’entreeux,grâcenotammentàunsystème

de « scoring » original. Le numéroun mondial du commerce électro-nique ne demande pas de détail surles finances des entreprises qui pas-sentviasaplate-formeetsouhaitentsouscrire un prêt, mais se contentedes informations qu’il possède surelles. Et pour le remboursement,Amazon Lending prélève directe-ment les mensualités sur les ventesréalisées par ces entreprises.

Elargir les critèrestraditionnelsOutre ces poids lourds, plusieurs« fintechs » cherchent à élargir lescritères traditionnels d’octroi decrédit, en analysant les comporte-

ments des Internautes sur les réseaux sociaux pour leur prêter en direct, ou pour affiner le « sco-ring » des banques traditionnelles, comme le propose Lenddo ou Kre-ditech .

Même les géants européens ducrédit adaptent leurs méthodes.Ainsi Cetelem (groupe BNP Pari-bas) a-t-il recours au Big Data auBrésil. Partenaire de Submarino, leleader brésilien de l’e-commerce,Cetelem ne demande pas à connaî-trelesrevenusdesclients,maisdéli-vre ses cartes de crédit en se basantsur leurs comportements d’achat.Ce qui n’a pas fait progresser lesimpayés. n

Nouvelles techniques, nouveaux acteurs :Le monde bancaire se redessineau profit du client 3.0 !

Facebook vient de faire le buzz avec un nouveau brevet qui, s’il était utilisé, permettrait aux organismesde crédit d’accéder aux amis Facebook d’un client pour évaluer sa solvabilité. Photo Shutterstock

Amazon propose unservice de prêts à saclientèle de PME auxEtats-Unis, au Japon,au Royaume-Uni.

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Echos

Mercredi

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août 2 015

Facebook, Amazon investissent le marché du crédit.Demain Apple (via son Apple Pay) ou Google (via son futur Wallet) ?Certaines fintechs comme Lendix (via le crowdlending), Prêt d’Union (prêt entre particuliers) ou Lemon Way (demain?) veulent participer à "l'aventure".De multiples nouveaux acteurs qui souhaitent proposer des solutions de désintermédiation innovantes au service d'un nouveau client (client 3.0) qui, lui, veut savoir, être acteur de ses choix.Quelles stratégies doivent être adoptées dès à présent par les leaders traditionnels du marché pour ne pas rater cette mutation ?Affiner leurs recours au Big data (Cetelem au Brésil) ? S'associer avec des fintechs ?Qui ressortira vainqueur de cette course au client 3.0 ?

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