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Dossier d’Intelligence Économique LES ENJEUX DES TRANSFERTS DE TECHNOLOGIE VS L’ESPIONNAGE INDUSTRIEL Léa Bernard Céline Chansigaud Cloé Delestre M2 COSI Année universitaire 2016-2017

Projet intelligence économique : Les enjeux des transferts de technologie et lespionnage industriel

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Dossier d’Intelligence Économique

LES ENJEUX DES TRANSFERTS DE TECHNOLOGIE

VS

L’ESPIONNAGE INDUSTRIEL

Léa Bernard Céline Chansigaud

Cloé Delestre

M2 COSI Année universitaire 2016-2017

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SOMMAIRE

Introduction.......................................................................................................................1

Lestransfertstechnologiques:pourquoiprennent-ilspartàl’IntelligenceÉconomique?...3Qu’estcequ’untransfert?................................................................................................................3Validerladécisiond’untransfertdetechnologie:lesquestionsàseposer?...................................4Quelattenduàterme?......................................................................................................................4

Lesétapesdutransfertdetechnologie...............................................................................5Méthodesdetransferttechnologique...............................................................................................5Lamiseenplaceducontrat...............................................................................................................7Letransfertdetechnologie:arbitragedelastratégie.......................................................................8LaFrancearmel’Indede36Rafale..................................................................................................10

L’espionnageindustriel....................................................................................................11Qu’entendons-nousparespionnageindustriel?.............................................................................11Quellessontlessanctionsapplicables?...........................................................................................12Commentseprotégerdel’espionnageindustriel?.........................................................................13Quelquesaffairesmémorables........................................................................................................14

Conclusion........................................................................................................................15

Bibliographie....................................................................................................................16

Annexes...........................................................................................................................18

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ABSTRACT Les transferts de technologie jouent un rôle déterminant dans le processus d'innovation des

entreprises. Les firmes possédant de telles technologies disposent d'un réel avantage concurrentiel leur

permettant d'acquérir des parts de marché importantes. Ce projet aura donc pour but de retracer les

moyens pour les entreprises de mettre en place des transferts de technologies ainsi que l’arbitrage

réalisé les ayant mené à ce choix. Nous aurons aussi une analyse plus détaillée des dérives pouvant

découler des échecs des transferts de technologie à travers l’espionnage industriel. Il s’agira alors de

voir comment s’en protéger et de retracer deux grandes affaires d’espionnage industriel s’étant

déroulées ces dernières années.

Mots clés : Intelligence économique, Transferts de technologie, Espionnage industriel, Stratégie.

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Introduction

Quel est le point commun entre la société de micro-plasturgie CGTECINJECTION et BUBENDORF

spécialisée en volets roulants solaires et autonomes ? Étonnamment il ne s’agit pas de leur potentiel de

mot compte triple lors d’une partie de Scrabble, mais bel et bien de leur présentation à l’édition 2016

du salon Micronora qui consacrait son habituel Zoom aux transferts de technologie. Présenter des

exemples réussis de transferts de technologie, tel était son objectif. “Nous voulions montrer des

réussites dans des secteurs différents, des régions différentes, pour donner envie aux PME de sauter le

pas”1 argumentait Michel Froehlicher vice-président de Micronora. En effet, il a été démontré que les

transferts de technologie impactaient positivement les entreprises, qu’elles soient réceptrices ou

émettrices, pouvant leur procurer un réel avantage concurrentiel. Du développement d’alliances

stratégiques à l’outil de croissance en passant par l’accès à de nouvelles technologies, il est cependant

nécessaire de prendre en compte les différents risques et limites liés à cette pratique. Il n’est pas rare

de rencontrer des difficultés lors de la négociation d’un contrat ou de se créer un nouveau concurrent à

la place du partenaire tant espéré. L’arbitrage entre les inconvénients et les avantages est donc

primordial et nécessite un certain regard sur la concurrence extérieure.

Quels sont alors les enjeux des transferts de technologie ? Comment se protéger d’une dérive

éventuelle liée à de l’espionnage industriel ?

Pour mieux comprendre l’intérêt de cette méthode, prenons l’exemple de la SNCF qui s’est vue

prendre à son propre jeu.

Le leader international du marché des TGV est aujourd’hui chinois2. Et la France ne peut y croire. En

effet, le ferroviaire fut, pendant longtemps, un des fleurons de l’industrie française avant de se voir

doubler par les asiatiques. Comment les Chinois ont-ils alors fait pour devancer les français ?

La Chine, en 2010, a décidé de relier plus efficacement certaines régions et villages isolés de son large

territoire. Pour ce faire, le gouvernement a décidé d’investir dans les réseaux ferroviaires, moyens plus

rapides que les routes et moins coûteux que l’avion pour se déplacer.

Naturellement, la Chine s’est tourné vers la France pour permettre cette expansion. La France, et plus

particulièrement, la SNCF (détenteur de la technologie TGV) et Alstom (inventeur) ont refusé.

Par la suite, l’entreprise allemande, Deutsche Bahn a vendu, lors d’un transfert technologique les

secrets de son ICE (l'équivalent allemand du TCG français) suite au refus français. Etait-ce par fierté

que les entreprises françaises ont refusé ? Ou par crainte que la Chine ne devienne à son tour leader ?

Quoi qu’il en soit, désormais, les chinois sont premiers et ne cessent de rattraper leurs retards

1Le transfert de technologie marche en grand dans les microtechnologies, Usine nouvelle. 2 Grande vitesse : les voies du rapprochement franco-allemand, Slate

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technologiques dans cette industrie en créant des partenariats stratégiques avec leurs concurrents

mondiaux. Très vite, seule la technologie chinoise restera pour notre TGV chéri.

Depuis cet événement, la SNCF et la Deutsche Bahn ont mis au point des accords pour l’exploitation

du marché européen, la France en fournissant la vitesse et l’Allemagne les connaissances du marché.

Maintenant, TGV et ICE desservent 10 villes allemandes au départ de Paris3.

3 L’Allemagne en TGV et ICE, site SNCF

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I. Les transferts technologiques : pourquoi prennent-ils part à l’Intelligence Économique ?

1. Qu’est-cequ’untransfert?

● Un contenu, définissant la nature du processus et déterminant les modalités de transfert. Ainsi

que les composantes complètes du transfert ou supports qu’ils soient matériels ou immatériels

(nature juridique de l’accord : brevets, droits d’utilisation, etc.).

● Deux acteurs ou entités, appelés aussi émetteur et receveur ou propriétaire et acquéreur. Le

transfert permet aux deux entités de gagner en compétitivité sur le court ou moyen terme. Plus

l’industrie sera complexe avec des projets lourds, plus l’avantage compétitif sera long.

● Un résultat une fois le transfert terminé qui entraîne des modifications chez l’émetteur et le

receveur. Pour qu’un transfert soit complété, le récepteur doit être capable de prendre

entièrement possession du nouveau contenu (de pouvoir le créer et le gérer).

Un transfert est donc un processus par lequel la situation d’un récepteur est modifiée en fonction d’un

contenu qu’il a reçu de l'émetteur. Le degré de changement chez le receveur évolue compte tenu de la

nature ou concept des technologies transférées. La durée d’un transfert est variable. Un transfert peut

s’allonger dans le temps tant que le récepteur ne sait pas pleinement gérer cette nouvelle technique.

Les degrés de changement chez le receveur varient également suivant la nature et la complexité de la

nouvelle acquisition.

Les transferts mènent à la construction d’une intelligence collective avec l’échange de compétences

et de spécialités entre entités différentes. L’intelligence collective signifie également un

environnement de plus en plus complexe et compétitif.

« Le transfert technologique est le processus désignant le transfert formel à l’industrie de

découvertes résultant de la recherche universitaire ou privée dans le but de les commercialiser sous la

forme de nouveaux produits et/ou services. » 4

De nombreuses définitions peuvent être utilisées pour décrire le transfert de technologie « Un transfert

de technologie implique un échange d’informations entre deux entités autonomes en fonction d’un

contrat dont les objectifs sont la transmission de systèmes ou sous-systèmes technologiques » Atamer

(1980)5. Atamer a beaucoup travaillé sur le sujet, il a notamment réalisé une typologie rendant compte

des critères du choix de la technologie et du partenaire.

4 Transfert de technologie, site wikipedia 5 Hubert Drouvot et Gérard Verna, Les politiques de développement technologique: L'exemple brésilien, l’Iheal

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Un transfert consiste à vendre une technologie ainsi que le savoir-faire nécessaire à son utilisation.

C’est-à-dire que les éléments techniques et non techniques doivent également être transférés (gestion

et équipe accompagnatrice) sinon, les deux entités risquent une lenteur de mise en place et donc une

perte de revenus.

L’enjeu final est de conserver la compétitivité d’une industrie, soit en émetteur, touchant une rente

régulière permettant la Recherche & Développement, soit en tant que receveur profitant des

connaissances techniques d’une entreprise étrangère. C’est en ce sens qu’un transfert de technologie

représente plus qu’un simple contrat commercial.

2. Validerladécisiond’untransfertdetechnologie:lesquestionsàseposer?6

Certaines interrogations méritent d’être clarifiées, par exemple l’importance du marché en terme de

taille et de maturité du produit ou service transféré. Cette réponse viendra d’une étude de marché

détaillée, au niveau externe et environnement ainsi qu’au niveau interne en insistant sur les forces de

l’entreprise locale recevant le transfert de technologie. L’entreprise émettant les savoirs peut

également mettre en place une étude de marché pour connaître les opportunités possibles via la rente

perçue grâce au transfert. Dans l’étude de marché, il faut bien insister sur les avantages à court, moyen

et long termes.

Ensuite, il est essentiel de connaître les acteurs locaux actifs sur ce marché, afin de mettre en valeur

les opportunités possibles contre les menaces et la force de la concurrence. Certains outils tels que les

matrices de Porter peuvent être utilisées. Enfin, découlant de cette étude, les parts de marché en valeur

et en volume devront être clairement définies.

3. Quelattenduàterme?

La menace de création d’un concurrent à l’échelle internationale est présente. C’est exactement ce

qu’il s’est passé pour la SNCF lorsqu’elle a refusé de vendre la technologie TGV aux Chinois pour

finalement se faire rattraper. Cependant, cette vente aurait permis une rente régulière permettant à la

SNCF d’accentuer ses services R&D. Au lieu de cela, elle a désormais un concurrent important, et pas

plus de moyens financiers.

La question cruciale est donc de se demander : Faut-il donc laisser un concurrent se développer (avec

ou sans le transfert de technologie) ou plutôt se créer un partenaire commercial solide à l’étranger ?

Cette réponse est apportée via l’étude de marché et les recherches sur la compétition.

6 “Guide du transfert international”, ARITT Centre

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II. Les étapes du transfert de technologie Les grandes étapes du processus de transfert technologique7

1. Bilan : stratégie, technologie et innovation commerciale 2. Décision de croissance par transfert technologique 3. Objectifs et compétences 4. Quoi et comment transférer ? 5. Formalisation - planification - évaluation 6. Marketing technologique - valorisation 7. Sélection de partenaires potentiels 8. Négociations et accords 9. Mise en œuvre de l’accord 10. Suivi et indicateurs

1. Méthodesdetransferttechnologique

● La veille technologique est la phase amont du transfert, celle qui permet de décider la méthode

utilisée entre deux entités.

● Le siphonage technologique consiste à déterrer les projets somnolents dans les laboratoires de

recherche, les universités, qui n'ont pas trouvé de débouchés industriels, pour les promouvoir

à fin de créations d'entreprises.8

● La diffusion des connaissances9

● La coopération bénévole

● Le recrutement des chercheurs, parfois chez les concurrents. Cette action s’effectue au sein

d’entreprises en quête de R&D innovantes.

Savoir transférer sa technologie : L’importance de la Propriété Intellectuelle

La détention d’un titre de propriété intellectuelle confère à son détenteur un monopole d’exploitation. Ces droits sont transférés lors d’une acquisition de technologie. Cependant, ils ne peuvent être revendus par l’acheteur ou le bailleur.

Les droits de propriété intellectuelle

● La marque est un signe distinctif qui, apposée sur un produit ou accompagnant un service,

permet de l’identifier et de le distinguer des produits ou services concurrents.

● Le brevet est un titre qui protège les inventions de nature technique.

7 http://www.innovhera.be/images/sitefr/edit/annexe%2011%20-%2002.pdf 8 Transfert de technologie, site Wikipédia. 9 Recherche et innovation en France, site du sénat

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● Le dessin ou modèle est un titre permettant de protéger l’apparence d’un produit à deux ou

trois dimensions.

● Le droit d’auteur est une protection acquise sans formalité sur toute création relevant d’une

« œuvre de l’esprit ».

Le savoir-faire est un ensemble de connaissances pratiques ou techniques non brevetées ayant un

caractère secret (non directement accessible au public), substantiel (ayant une utilité économique dès

sa possession), identifié et transmissible (qui peut être reproduit par un tiers).

C’est un élément incorporel ayant une valeur économique pour lequel la loi n’a pas défini de droits de

propriété industrielle. Le savoir-faire peut être exploité de manière secrète et être communiqué à un

tiers dans le cadre d’un transfert de technologie. Il peut être de nature technique, commercial,

organisationnel, etc. et est propre à une organisation ou entreprise.

Enfin, même sans détenir de brevets, une entreprise peut effectuer des transferts de technologie. En

effet, le savoir-faire et l’intérêt économique d’une activité ont de la valeur et permettent des

transferts.

Eléments pouvant faire l’objet d’un transfert10

Une technologie contient des informations sur des sujets touchant toutes les problématiques d’entreprise.

En effet, les technologies comportent des informations sur les méthodes de production, les techniques de

vente, les politiques marketing, la gestion du personnel, etc.

Transférer sa technologie, c’est donc transmettre au licencié tous ces éléments afin qu’il puisse

pleinement produire et gérer ces nouvelles connaissances. Il faudra alors transmettre « des bibles

techniques » au licencié, ou acheteur afin que le transfert soit pleinement complété.

Il faut pour écrire ces « bibles » lister les éléments couverts par le droit intellectuel et ceux relevant du

savoir-faire. Le savoir-faire sera expliqué en détail, et décomposé en connaissances élémentaires tandis

que les droits de propriété intellectuelles doivent contenir les numéros et les dates de brevets, marques,

dessins, etc.

Eléments à ne pas transférer11

Si le bailleur décide de ne pas transférer l’ensemble de sa technologie (aux niveaux techniques ou savoir-

faire), il doit cependant être en mesure de lui fournir les éléments, matériaux ou connaissances, non

transférés.

10 “Guide du transfert international”, ARITT Centre 11 “Guide du transfert international”, ARITT Centre

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2. Lamiseenplaceducontrat

Pour réaliser une opération de transferts technologiques on a besoin de réaliser un contrat qui

déterminera la nature du transfert, ce qu’il contiendra et pourra aussi déterminer sa durée pendant

laquelle il sera effectif (par exemple dans le cas d’une licence on va devoir renouveler le contrat tous

les ans). Il fixe les règles applicables tout au long de la collaboration, en prévoyant entre autres

l’évolution éventuelle de ces règles selon les modifications du contexte technico-économique des deux

partenaires12.

Il permet de protéger les entreprises mais plus particulièrement la technologie transférée. Le

gouvernement israélien a par exemple préféré mettre en place des contrats de transfert de technologie

afin d’éviter les fuites de connaissance. C’est pour eux un moyen d’avoir un contrôle sur qui a accès

aux technologies des entreprises et comment ils les utilisent. 13 Israël est l’un des pays les plus

innovant ces dernières années, c’est pourquoi la France développe de plus en plus de partenariats avec

eux.

On a des contrats qui peuvent varier en fonction du niveau d’engagement des deux parties. Le plus

commun est la cession de licence qui donne des droits d’exploitation industrielle et commerciale à un

licencié même si l’utilisation de la technologie reste toutefois limitée14. On peut avoir des contrats

d’investissement direct par création de filiale ou par coentreprise (joint-venture). Dans ce dernier cas

on assiste à un vrai partage de connaissances, c’est la forme la plus complète des accords de

coopérations entre entreprises puisqu’elle implique la création d’une structure permanente avec la

mise en commun de moyens financiers, physiques et humains.

On a aussi les contrats dit clé en main (il consiste en la livraison par le fournisseur d’une usine

complète prête à fonctionner et comprend aussi bien l’étude de génie civil que l’agencement des

locaux ou la fourniture et le montage du matériel), le produit en main ou encore les contrats dérivés

(d'ingénierie, de formation, d’organisation etc.).15

L’acquéreur peut aussi prévoir dans le contrat formalisant le transfert une clause de garantie le

protégeant en cas de remise en cause du droit de propriété intellectuelle.

12 “Guide du transfert international, ARITT Centre. 2011 13 Le transfert de technologies France -Israël : un véritable levier de croissance, Le journal du net. 14 Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) 15 http://books.openedition.org/iheal/1657?lang=fr

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3. Letransfertdetechnologie:arbitragedelastratégie Pourquoi une entreprise aurait-elle intérêt à transférer l’une de ses technologies ? Les raisons sont

nombreuses : bloquer un concurrent en acquérant une nouvelle technologie à laquelle il n’a pas accès,

ou tout simplement pour régulariser une violation de droit, ou encore pour se développer sur le long

terme, etc.

Il s’agit, en fait, d’un arbitrage avec les autres stratégies possibles pour une entreprise. Il convient de

distinguer l’arbitrage fait par une entreprise émettrice de technologie ou réceptrice.

L'entreprise émettrice pourra s’implanter plus facilement sur un nouveau marché en réalisant un

transfert de technologie plutôt qu’en exportant. Les produits fabriqués localement sous licence

présentent une plus grande compétitivité que les produits importés.16 De la sorte, un transfert de

technologie permet presque toujours d’atteindre une part de marché très supérieure à celle accessible

par l’exportation traditionnelle. En effet, les coûts d’implantation seront moins importants et la

possibilité de réaliser un partenariat avec une entreprise déjà installée sur le marché permet de

bénéficier de son expérience, et même de ses propres partenaires.

L’entreprise émettrice a généralement un pouvoir de négociation plus important que l’entreprise

réceptrice car c’est cette première qui possède la technologie et choisit alors comment celle-ci va être

transférée. Mais surtout elle possède les connaissances suffisantes pour pouvoir l’utiliser de façon

optimale. Enfin elle maintient son avance technologique grâce aux revenus réguliers des licences liées

aux transferts de technologie. Cette rente régulière permet de financer la R&D qui permettra d’avoir

de nouvelles technologies à transférer et on se retrouve alors dans un cercle vertueux.

Elle reste cependant limitée dans ses choix de technologies à transférer c’est le cas dans les industries

à données sensibles comme la défense17. L’Etat se doit d’intervenir et doit donner son accord pour que

le transfert ait lieu comme dans le cas de la vente de Rafale à l’Inde, qui est détaillée plus loin.

Le risque que l'accord ne soit pas respecté est important : le partenaire peut décider de ne plus payer

les redevances soit parce qu'il estime que cela ne lui rapporte plus ou en raison de quelques

modifications apportées à la technologie.18 L’entreprise émettrice peut alors avoir recours à la justice

mais cela prend du temps et demande des ressources financières importantes ce qui explique que

l’entreprise peut ne pas toujours avoir intérêt à se lancer dans ce genre de procédures.

Enfin transférer une technologie revient à donner accès à un avantage concurrentiel à une autre

entreprise et cela peut se retourner contre soi.19 Dans les années 1980, pour vendre à Pékin des

locomotives Diesel, Alstom avait accepté de transférer son savoir-faire. Le résultat ne se fit pas

16 “Guide du transfert international, ARITT Centre. 2011 17 Warusfel B., La prolifération des technologies sensibles vers le sud : menaces et perspectives de contrôle, Culture et conflits. 18 Atamer T. (1983), Le processus d'acquisition technologique par les entreprises d'un pays semi-industrialisé, Revue d'économie industrielle, 26 (1) : 24-33. 19 Transfert de technologie. Pour s’implanter en Chine il faut mettre le prix, The Wall Street journal.

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attendre: Alstom ne vendit plus aucune locomotive en Asie, la Chine lui soufflant tous les marchés à

des prix sur lesquels le français ne pouvait s’aligner20.

On devra donc arbitrer entre laisser un concurrent se développer (que cela soit avec ou sans le transfert

de technologie) ou plutôt se créer un partenaire commercial solide à l’étranger

Du point de vue de la firme réceptrice le principal avantage est d’avoir accès à une nouvelle

technologie sans avoir à financer de la R&D mais surtout qu’elle n’aurait pas pu développer seule.21

Permettant alors d’avoir une position concurrentielle améliorée par rapport aux autres entreprises sur

le marché. Mais cela peut aussi permettre l’innovation en permettant d’avoir de nouvelles idées22. La

firme réceptrice reste la plus contrainte des deux de par son faible pouvoir de négociation.

Elle aura besoin de compétences spécifiques pour mettre en place la technologie, ce qui engendra

quand même des coûts. L’accompagnement dans la mise en place de la technologie peut rester

superficielle, on peut aussi rencontrer des situations dans lesquelles l’entreprise réceptrice n’a pas les

infrastructures suffisantes pour utiliser la technologie correctement ou même des coûts pour s'adapter

peuvent devenir nécessaires.

Le risque de payer trop cher sans avoir la contrepartie espérée est important. De plus, le transfert est

coûteux en terme de temps, la négociation peut en effet prendre plusieurs années. Et ce temps engagé

aurait pu être utilisé autrement.

Le transfert technologique le moins risqué reste l’obtention de brevets notamment auprès de centres de

recherche comme l’Inserm qui avait donné les droits exclusifs sur quatre brevets à Stiliss, une société

spécialisée dans le développement de biomatériaux, permettant le développement de nouvelles

technologies et qui avait mené à des innovations23. Cet exemple permet aussi de voir l’intérêt de

travailler avec un centre de recherche puisque le processus de transfert est simplifié comparé à une

autre entreprise.

De plus en plus, on comprend que les transferts de technologie sont de véritables enjeux pour les

entreprises, c’est pourquoi il existe des sociétés pour aider dans les transferts de technologies. C’est

le cas des sociétés d’accélération du transfert de technologie (SATT) qui assurent le relais entre les

laboratoires de recherche et les entreprises et financent les phases de maturation des projets et de

preuve de concept.24

20 Grande vitesse : les voies du rapprochement franco-allemand, Slate 21 http://www.invention-europe.com/Article90.htm 22Sanofi et l’armée américaine s’associent pour développer un vaccin contre le virus Zika, L’usine nouvelle 23Biomatériaux : transfert technologique entre l'Inserm et une société corrézienne, Le Parisien 24 Les SATT, site Enseignement supérieur de la recherche.

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4. LaFrancearmel’Indede36Rafale

Le 23 septembre dernier, la France a officialisé la signature d’un contrat d’un montant de près de 8

milliards d’euros avec l’Inde en vendant 36 chasseurs Rafale25. Cet accord met fin à neuf ans de

longues négociations entre les deux pays. La durée de ces négociations s’explique notamment par le

nombre de parties prenantes, car en plus des différentes entreprises prenant part à la réalisation d’un

Rafale (Dassault, Thalès et Safran), l’Etat français a son mot à dire car il s’agit de donner un avantage

stratégique militaire à un autre pays (l’Inde est la quatrième puissance aérienne mondiale).26

Cet accord avait été compromis en 2014 et concernait initialement 126 chasseurs Rafale avant une

reprise des négociations où un transfert de technologie était en jeu27. Cette fois-ci le contrat

s’accompagne donc d'un transfert de technologie à hauteur de 50% du montant de ce dernier, une

formation des pilotes, une maintenance ainsi que de l’armement (MBDA, Sagem). Ce n’est pas le

premier transfert de technologie avec le Rafale, en effet, le contrat avec l’Egypte prévoit la formation

de pilotes égyptiens.28

L’intérêt de ce contrat est tout d’abord de stimuler l’industrie militaire, en effet, la production de ces

Rafale s’effectuera en France et contribuera à la création de 7000 emplois en France et impactera

positivement 500 PME.

Cet accord aurait pu ne jamais voir le jour et l’Inde aurait pu faire le choix d’obtenir cette technologie

de façon illégale à travers l’espionnage industriel. Même si, comme nous le verrons dans la prochaine

partie, ce n’est pas chose aisée de voler des informations et de les utiliser. Dans le cas de l’Inde il

aurait été difficile d'accéder aux technologies tant elles sont protégées (mais n’oublions pas que le

risque zéro n’existe pas).

Dans la prochaine partie sera donc développé l’espionnage industriel, ses pratiques, sanctions et

comment s’en prémunir.

25Entretien avec Philippe Plouvier, expert des questions de défense pour le Boston Consulting Group, L’usine nouvelle 26 Vente du Rafale à l’Inde : les coulisses d’une exceptionnelle négociation, site Capital 27 Les Rafale vendus à l'Inde seront bien fabriqués en France, Europe 1 28 Comment la vente de Rafale à l’Egypte a-t-elle était organisé ? Le Monde.

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III. L’espionnage industriel

« Nos principaux partenaires sont aussi nos premiers prédateurs » argumentait le député socialiste

Jean-Jacques Urvoas à la suite d’un rapport remis à François Hollande en 2014, rédigé par celui qui

présidait alors la Délégation Parlementaire au Renseignement (DPR)29. Un constat sans appel

démontrant que toute industrie possédant une technologie ou un savoir-faire innovant pouvait être une

cible potentielle. En effet, en matière d’intelligence économique, l’espionnage industriel est devenu un

véritable fléau pour les entreprises touchées puisqu’il est bien souvent employé pour dérober des

années de recherches, s’accaparer des parts de marché convoitées ou lorsque l’on souhaite racheter un

concurrent30. Cette méthode qualifiée d’immorale et de répréhensible est souvent définie comme étant

l’espionnage qui vise le commerce par opposition à celui, plus habituel, qui vise la sécurité nationale

et peut être effectué par un gouvernement ou une entreprise31. Ces démarches illégales incluent

notamment les pots de vin, le chantage et la surveillance électronique. La différence avec un transfert

de technologie est alors mise en évidence à travers l’introduction de la notion d’illégalité. En effet,

pénalement condamnable depuis peu, l’espionnage industriel vise avant tout à déstabiliser l’entreprise

rivale et à récupérer un avantage compétitif pouvant être déterminant.

Qu’encourt alors une entreprise prenant le risque d’espionner son concurrent ? Comment ce même

concurrent peut-il se prémunir de ce danger ?

1. Qu’entendons-nousparespionnageindustriel?

Avec l’avènement de la mondialisation et le développement grandissant des nouvelles technologies,

l’espionnage industriel s’est fortement développé et rares sont les sociétés qui y échappent. On

observe cependant que la nature de cette pratique a évolué. En effet, finies les fouilles dans les

poubelles des adversaires pour en récupérer le moindre renseignement puisque l’espionnage industriel

sévit à présent majoritairement sous forme de piratage informatique et d’écoutes. L’ampleur est telle

qu’il aurait fait perdre, selon les estimations, environs 46 milliards d’euros aux entreprises françaises

en 201332. L’objectif de l’espionnage est donc de récupérer des renseignements de manière totalement

illégale et clandestine et découvrir ainsi les secrets d’un concurrent industriel en matière de

conception, de fabrication ou de production.

Pour ne pas faire de confusion entre l’espionnage industriel et d’autres pratiques largement répandues,

il faut faire la distinction entre les nombreuses classifications existantes de l’information. En matière

d’intelligence économique il est souvent fait référence à l’information dite blanche, grise ou noire.

29 Les entreprises françaises face au défi de l’espionnage industriel, L’Express 30 Ce fut notamment le cas lorsque l’indien Mittal a racheté le géant de l’acier français Arcelor en 2006. 31 L’espionnage industriel, site Wikipédia. 32 Espionnage industriel : un manque à gagner de 46 milliards d’euros, France TV Info

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La première est facilement accessible par tous, ne possède que très peu de valeur ajoutée, nécessite un

tri ainsi qu’un traitement important et est utilisée dans le cadre d’une veille, d’une bibliométrie ou du

datamining. La seconde, dite grise, est une information à forte valeur, souvent informelle et

difficilement accessible. Elle s’obtient principalement dans le contexte de l’intelligence économique

lors de salons ou d’indiscrétions. Pour finir, l’information noire est celle qui relève de l’espionnage

industriel. Elle est bien souvent décisive pour l’entreprise et ne peut être acquise que de façon

illégale33.

L’illégalité est donc un terme récurrent lorsque l’on désire parler d’espionnage industriel et nécessite

alors l’intervention de la justice pour en limiter sa propagation.

2. Quellessontlessanctionsapplicables? Pour évoquer l’espionnage industriel, certains n’hésitent pas à employer des termes forts et accablants

tant sa conséquence reste néfaste pour la pérennité d’une entreprise34. Alors qu’une affaire

d’espionnage industriel supposée éclate chez Renault en janvier 201135, le ministre de l’industrie Éric

Besson la désigne par exemple de “guerre économique” pour en démontrer l’ampleur. La nécessité

d’instaurer des sanctions rigides et dissuasives passe donc au premier plan. C’est suite à cette affaire

rocambolesque que le député UMP du Tarn, Bernard Carayon dépose le 12 janvier 2011 la proposition

de loi numéro 1754 sur le secret des affaires dans l’objectif de concevoir que l’atteinte aux

informations économiques protégées représente un délit36. Le dispositif de ce projet de loi prévoit dans

son article premier une peine à hauteur de trois ans d’emprisonnement et de 375 000 euros,

précisant cependant qu’il s’agira du double si le fautif a agi dans le but de nuire à l’entreprise, ou en a

tiré un bénéfice personnel. Il faut néanmoins noter que sont qualifiées d’informations économiques

protégées “les informations ne constituant pas des connaissances générales librement accessibles par

le public, ayant, directement ou indirectement, une valeur économique pour l’entreprise, et pour la

protection desquelles leur détenteur légitime a mis en œuvre des mesures en vue de les tenir

secrètes”37.

Il existe plusieurs chefs d’accusation tels que l’abus de confiance, le vol, le recel ou la violation du

secret professionnel lorsque les affaires ressemblant de près ou de loin à de l’espionnage industriel

sont portées devant les tribunaux38. La protection des emplois, des technologies sensibles ou

innovantes et des investissements parfois considérables représente l’ambition première pouvant être

évoquée lors de la condamnation. En effet il est facile d’imaginer les lourdes pertes qu’encourt 33 Intelligence stratégique : information blanche, grise et noire. EASI 34 Se défendre contre l’espionnage industriel. 35 De l’espionnage à la manipulation : l’affaire qui embarrasse Renault, Le Monde 36 La proposition de la loi sur l’intelligence économique est déposée, Le Figaro 37 www.juritravail.com 38 L’espionnage économique désormais sanctionné au pénal, l’Express

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l’entreprise victime lorsqu’elle perd son avantage concurrentiel, pouvant l’amener à devoir licencier

ou, dans la pire des conjonctures, devoir cesser toute activité.

La question de la protection des informations et des technologies sensibles passe alors au premier

plan dans un contexte où la mondialisation s’accentue et que les systèmes d’informations jouent un

rôle de plus en plus structurant.

3. Commentseprotégerdel’espionnageindustriel?

Vols de données, escroqueries financières, sabotages, écoutes … Toutes les entreprises sont désormais

concernées et il est primordial de s’en protéger. Avant même d’évoquer tout moyen pouvant sécuriser

ses informations de manière interne, il est capital de suggérer l’idée de sensibilisation humaine. En

effet, la sûreté des machines est vaine si l’Homme ne sait faire attention aux moindres détails. L’appel

à un partenaire pour évoquer les clauses d’un contrat ne peut, par exemple, être fait lors d’un voyage

d’affaires, au sein même d’un moyen de transport quelconque. La personne assise à côté de vous

pourrait très bien être l’employé d’une entreprise concurrente. Il faut donc d’abord informer ses

équipes et les sensibiliser à cette notion d’espionnage industriel. Par la suite, il existe plusieurs

moyens de s’assurer de l’optimisation de ses moyens de sécurité au sein de son entreprise39, même si

le risque zéro n’est jamais envisageable.

Tout d’abord il faut penser à protéger sa documentation interne, c’est à dire pouvoir anticiper et

prendre conscience des risques éventuels liés à la circulation des documents stratégiques dans

l’entreprise. Si des documents confidentiels flânent d’étages en étages, il est fort probable qu’une

personne aux intentions malveillantes y ait accès. Pour s’assurer du silence de ses partenaires lors d’un

échange, il est également possible de mettre en place une clause de confidentialité dans le contrat pour

protéger les points stratégiques d’un projet. Elle apparaît également lorsque l’on désire délimiter

l’activité des stagiaires, les empêchant ainsi d’avoir accès aux informations confidentielles d’une

société. Il n’est pas rare de constater des faits mêlant des étudiants à de grosses sociétés pour des

affaires d’espionnage industriel. En 2007, par exemple, une étudiante chinoise soupçonnée d’en faire

l’activité au détriment de l’équipementier Valeo avait été condamnée à un an de prison dont deux

mois ferme pour “abus de confiance”.40

Il ne faut pas oublier que protéger ses données sur le réseau est sûrement le point le plus essentiel

pour une société, ce qui nécessite alors de verrouiller ses systèmes d’information. Il faut sécuriser ses

informations sur les ordinateurs en utilisant des logiciels antivirus ou anti-intrusion et les données

confidentielles doivent être traitées, dans la mesure du possible, sur des ordinateurs non connectés au

39 Espionnage : 10 conseils pour protéger son entreprise, Challenges 40 Soupçonnée d’espionnage industriel, une étudiante chinoise est finalement condamnée pour “abus de confiance”, Le Monde.

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réseau. D’autres mesures peuvent entrer en jeu comme sécuriser l’informatique en interne, c’est à dire

s’assurer de savoir combien de personnes dans l’entreprise disposent du mot de passe administrateur

permettant d’accéder au système central de gestion des droits d’accès, ou distinguer les profils

d’utilisateurs. Enfin, il est indispensable de choisir des mots de passe n’évoquant rien et de les

renouveler régulièrement. Pour finir, sécuriser ses locaux est également essentiel. On pense souvent

aux badges ou aux portes sécurisées mais le risque peut également venir des visiteurs extérieurs lors,

par exemple, d’une sous-traitance ou d’une visite d’entreprise41.

Ces mesures permettent donc de minimiser au maximum les risques d’être victime d’espionnage

industriel, même s’il est impossible de les effacer complètement. Certaines grosses entreprises en ont

par ailleurs fait les frais.

4. Quelquesaffairesmémorables

L’une des affaires les plus marquantes de l’histoire de l’espionnage industriel du XXe siècle en France

est celle du Concorde42. En Décembre 1965, quatre ans avant le premier vol de l’avion supersonique,

la police arrête Sergueï Pavlov, directeur du bureau parisien Aeroflot. Il disposait en effet dans ses

bagages des plans détaillés des freins, du train d’atterrissage et de la cellule de l’avion franco-

britannique. A l’époque, les Russes développaient le Tupolev TU-144. La ressemblance entre les deux

est tellement flagrante que la presse internationale le surnomme Concordski. Malheureusement, n’est

pas Concorde qui veut, puisqu’il s’écrasera lors de sa présentation au salon du Bourget en 1973.

Michelin a, lui aussi, réussi à déjouer un vaste transfert de technologie. Un ancien cadre du numéro un

mondial du pneumatique, approche en juillet 2007 son principal concurrent, le japonais Bridgestone.

Mais les informations qu’il propose sont tellement importantes et nombreuses que la firme japonaise

alerte Michelin et l’aide à arrêter la taupe. Ce dernier exemple met en évidence que certaines sociétés

ont un plus grand intérêt à conserver leur image de marque plutôt que de subtiliser des renseignements

au détriment d’un concurrent, les conséquences étant désastreuses si l’affaire éclate au grand jour.43

41 Toutes ces méthodes viennent du même article, cf. note de bas de page 36 42 Du Concorde à Renault, 14 affaires d’espionnage industriel, Usine Nouvelle 43Un ex-cadre de Michelin jugé pour espionnage industriel, Libération

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Conclusion Une plus grande maîtrise des transferts de technologie à l’international offre non seulement des garanties de succès aux entreprises pour accéder à de nouveaux marchés et être plus compétitives, mais permet aussi aux organisations d’accélérer leur internationalisation, dessein nécessaire pour continuer à faire rayonner le savoir-faire de pointe dans le monde. Il faut insister sur l’importance du transfert qui représente plus qu’un simple contrat commercial. En effet, les transferts de technologie, qu’ils soient matériels ou immatériels sont de véritables opportunités de création de liens entre deux entités, et permettent une collaboration sur la durée, à moyen ou long terme. Ils participent donc pleinement à la stratégie d’une entreprise afin d’accomplir sa mission tout en élargissant sa vision à l’international. Dans le cas d’un transfert de technologie, les deux entités peuvent pleinement profiter des opportunités liées à ce contrat ; au niveau compétitif et au niveau Recherche & Développement. Cependant, il est nécessaire de ne pas confondre les transferts de technologie, partie intégrante de l’Intelligence Économique qu’une organisation peut mettre en place, avec l’espionnage industriel. Tandis que le premier s'acquiert par la coopération au sein d’un contrat réglementé, le second est illégal. En effet, certaines entreprises, désireuses de s’approprier le savoir d’autres n’hésitent pas à mettre en place des stratagèmes de “vol” de connaissances, qui sont, si repérés, punis par la loi. Enfin, les décisions liées aux transferts de technologie sont des arbitrages inhérents à la stratégie d’entreprise et doivent donc être réfléchies et appuyées par des études avant de décider de la trajectoire.

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- Soupçonnée d’espionnage industriel, une étudiante chinoise est finalement condamnée pour “abus de confiance”, Le Monde : http://www.lemonde.fr/societe/article/2007/12/18/soupconnee-d-espionnage-industriel-une-etudiante-chinoise-est-finalement-condamnee-pour-abus-de-confiance_991249_3224.html

- Le transfert de technologie marche en grand dans les microtechnologies, Usine nouvelle : http://www.usinenouvelle.com/article/le-transfert-de-technologie-marche-en-grand-dans-les-microtechnologies.N445797

- Espionnage industriel : un manque à gagner de 46 milliards d’euros, France TV Info : http://www.francetvinfo.fr/economie/espionnage-industriel-un-manque-a-gagner-de-46-milliards-d-euros_1706537.html

- Intelligence stratégique : information blanche, grise et noire, EASI : https://www.easi-ie.com/2012/05/02/information-blanche-grise-noire/

- La proposition du loi sur l’intelligence économique est déposée, Le Figaro : http://blog.lefigaro.fr/crequy/2011/01/la-proposition-de-loi-sur-lintelligence-economique-est-deposee.html

- Espionnage : 10 conseils pour protéger son entreprise, Challenges : http://www.challenges.fr/economie/10-conseils-pour-eviter-l-espionnage-de-son-entreprise_9460

- Du Concorde à Renault, 14 affaires d’espionnage industriel, Usine nouvelle : http://www.usinenouvelle.com/article/du-concorde-a-renault-14-affaires-d-espionnage-industriel.N144468

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Annexes Tableau n°1 : Arbitrage de la firme émettrice de la technologie

Avantages Inconvénients

Marge de négociation importante : l'entreprise émettrice possède les connaissances nécessaires à la bonne utilisation de la technologie.

Négociation du contrat : temps de négociation important, selon les secteurs on a besoin de l’accord de l’Etat (défense etc.)

Outil de croissance : implantation plus facile sur le nouveau marché que par l’exportation traditionnelle (moins de coûts d’implantation)

Création d’un concurrent : peut se faire “dépasser” après par l’entreprise réceptrice si elle arrive à adapter la technologie.

Développement d’alliances stratégiques : mise en place de partenariats avec l’entreprise réceptrice déjà implantée sur le marché permettant de bénéficier de son expérience.

Non-respect de l’accord (pour diverses raisons): recours au système judiciaire coûteux en terme de ressources humaines, financières et de temps.

Innovations : accès à des compétences complémentaires dans le cas de la coopération, peut permettre d’avoir de nouvelles idées.

Difficultés à contrôler l’accord : Le partenaire peut réaliser plus de ventes que ce qu'il déclare, de façon à payer moins de redevances.

Rentes : revenus des transferts technologiques permettant de financer d’autres technologies (cercle vertueux).

La mise en place du transfert : coûteux, difficile et long à réaliser, risqué.

Tableau n°2 : Arbitrage de la firme réceptrice de la technologie

Avantages Inconvénients

Accès à de nouvelles technologies : technologies qu’elle n’aurait pas pu développer seule (peu de coûts de développement).

Faiblesse du pouvoir de négociation : l’entreprise réceptrice

Amélioration de la position concurrentielle : l’entreprise peut mettre en place une technologie à laquelle les autres entreprises sur le marché n’auront pas accès.

Besoin de compétences spécifiques : pour mettre en place la technologie (dépend du contrat / si pas d’accompagnement)

Innovations : accès à des compétences complémentaires dans le cas de la coopération, peut permettre d’avoir de nouvelles idées.

Dépend du contrat : maintenance de la technologie ou non / contrat clé en main pas d’assurance que la technologie sera effectivement transférée.

La mise en place du transfert : coûteux, difficile et long à réaliser, risqué.

Risque de payer trop cher : sans avoir la contrepartie espérée.

Ces deux tableaux ont été réalisé à partir de la partie II 3) (Synthèse)

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Graphique n°1 : Marché du Rafale.44

Graphique n°2 : Quelques informations sur le Rafale 45

44http://www.leparisien.fr/international/rafale-le-contrat-avec-le-qatar-pour-la-vente-de-24-chasseurs-est-effectif-17-12-2015-5381257 45 http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150410.AFP4457/l-inde-commande-36-rafale-a-la-france-modi.html