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Analyse du système éducatif Séance 5 : Contenus - Programmes - Curricula Formation des M2 et agrégatifs de SES (Ph.Watrelot) 2015-2016

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Analyse du système éducatif

Séance 5 : Contenus - Programmes - Curricula

Formation des M2 et agrégatifs de SES (Ph.Watrelot) 2015-2016

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Séance 1 Jeudi 26/11/15

Introduction et sensibilisationLes acteurs de l’éducation

Batignolles

Séance 2 Mercredi 03/12/15

Gouvernance et politiques Batignolles

Séance 3 Jeudi 10/12/15

Socialisation et valeurs de la République

Batignolles

Séance 4 Jeudi 10/03/16

Égalité, Équité, Inégalités Batignolles

Séance 5 Jeudi 17/03/16

Programmes et curricula Batignolles

Séance 6 Jeudi 12/05/16

Évaluation finale Batignolles

Analyse du système éducatif

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Contenus, programmes, curricula…

• 1) Petite histoire de la construction des savoirs scolaires

• 2) Qu’est-ce qu’une discipline scolaire ?

• 3) La fabrication des programmes

• 4) Bi, inter, pluri, trans… disciplinarité !

• 5) Des programmes aux Curricula…

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1- La construction des savoirs scolaires

Un peu d’histoire…

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Tous les savoirs en usage dans une société ne sont pas transmis par l’École…

Savoirs formels ≠ savoirs informels

Les savoirs scolaires ont toujours été le résultat d’un choix contrôlé par les pouvoirs politiques (ou religieux) qui exercent une tutelle sur les institutions scolaires

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Dans l’antiquité

Athéniens et romains sacralisent la culture générale. Les savoirs enseignés reflètent ce choix : grammaire, philosophie, poésie, rhétorique, droit…Les savoirs scientifiques ou techniques ne sont que très peu enseignés. Au niveau primaire, on en reste aux fondamentaux : lire, écrire, compter, calculer

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Moyen-âge et renaissanceLes universités médiévales ont été le lieu d’une

transformation des modes de transmission du savoir. On passe d’unes transmission orale à une place de plus en plus importante accordée à l’écrit.

La formation repose surtout sur l'étude des textes théologiques et juridiques et les disciplines scientifiques sont, là aussi, peu enseignées.

Le latin joue un rôle de sélection et de distinction dès cette époque.

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Révolution et Empire

Si, pendant la révolution on critique cet usage du latin et le conservatisme des enseignements, Napoléon rétablit et renforce une conception moralisatrice et conservatrice des savoirs et la prédominance du latin

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La 3ème RépubliqueL'école républicaine repose sur la laïcité et les programmes s’en ressentent.Mais elle reprend à son compte la logique d'inculcation des normes et des valeurs. Les leçons de morale sont quotidiennes et sont aussi importantes que l’apprentissage des “fondamentaux”.De nouvelles disciplines deviennent

emblématiques de l'instruction élémentaire de cette époque : l’orthographe et les “poids et mesures”.On a toujours une très faible place des matières scientifiques

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Destiné aux enfants du cours moyen, ce livre est à la fois un manuel de lecture mais aussi un cours d’Histoire et de géographie et une initiation aux sciences naturelles. Il propose aussi à chaque leçon une maxime morale. La dimension patriotique de l'ouvrage est aussi très forte puisque l'on suit deux enfants qui, à la suite de l'annexion de l'Alsace-Lorraine par la Prusse, tentent de retrouver leur oncle en France.

Publié pour la première fois en 1877, "Le Tour de France par deux enfants”. Ce manuel est écrit par Augustine Fouillée sous le pseudonyme de G. Bruno. Il connaîtra plus de 400 rééditions !

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La 5ème République« Il s'agit que l’enseignement […] réponde aux conditions de l'époque, qui sont utilitaires et techniques »Général de Gaulle

dans ses mémoiresInversion de la hiérarchie des disciplines (les

maths deviennent l’outil de sélection)Développement de l’enseignement

professionnel et techniqueArrivée de nouvelles disciplines (dont les SES…)

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Aujourd’huiLes programmes doivent répondre à une demande sociale de plus en plus complexe et diversifiée.On assiste aussi à une déconnexion entre disciplines et programmes d’enseignement…

“Enseignement à…”

Interdisciplinarité

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Pour Isabelle Harlé l’introduction des nouveaux types d’enseignements (technologie, matières artistiques, infor- matique, éducation civique...) à côté des disciplines « nobles » traditionnelles a favorisé l’évolution des modèles explicatifs : la référence aux savoirs savants, qui va de soi dans le cas de certaines disciplines comme les mathématiques, a été complétée par la référence à des pratiques sociales qui ne font pas nécessairement l’objet d’une formalisation de type académique à l’université

I. Harlé analyse trois champs disciplinaires : 1. « la réforme des mathématiques modernes » (pp 47-76) ; 2. les « sciences économiques et sociales : une discipline jeune, qui fait débat » (pp 77-103) ; 3. et « la scolarisation des pratiques et des savoirs techniques » : la technologie (pp 105-135).

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Aujourd’huiLa hiérarchie des savoirs existe toujours (contrairement aux discours) et même plus que jamais…

Elle s’exprime aujourd’hui dans les horaires, dans la hiérarchie des disciplines et dans les coefficients au bac…

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Histoire récente…

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• Création du conseil national des programmes

• orientation : choix des familles

• Des “instituteurs” aux “professeurs des écoles”

• “revalo”

La loi JospinLoi no 89-486 du 10 juillet 1989 d'orientation sur l'éducation

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La loi “Fillon”

• socle commun

• maintien du collège unique (jusqu’en 3e)

• évolution des instances (conseil pédagogique, démocratie lycéenne,…)

Loi n° 2005-380 du 23 avril 2005

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La loi Fillon : 89 articles

La loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école (23 avril 2005) comporte 89 articles .Parmi ceux ci l'article 9 définit le "socle commun" (sujet suivant) mais il y a aussi d'autres articles sur lesquels on peut s'attarder...

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Liberté pédagogiqueArt 48

“La liberté pédagogique de l’enseignant s’exerce dans le respect des programmes et des instructions du ministre chargé de l’éducation nationale et dans le cadre du projet d’école ou d’établissement avec le conseil et sous le contrôle des membres des corps d’inspection.”

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Le socle commun

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La mise en place du socle commun de connaissances et de compétences s’appuie sur les recommandations du Parlement Européen et du Conseil de l’Union Européenne, adoptées le 18/12/2006 qui, tenant compte de l’évolution de notre société en perpétuelle mutation, a estimé que c’est grâce à l’acquisition de compétences clés que les jeunes européens pourront s’adapter aux différentes évolutions du travail, de l’information et de la citoyenneté.

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Mais le socle commun s'inscrit aussi dans

l'histoire•Des références anciennes qui font écho à la notion de socle •1792 :décret sur l'organisation générale de l'instruction publique Condorcet.•Lois Ferry de 1881 et 1882 :•"Il ne s'agit pas d'embrasser tout ce qu'il est possible de savoir, mais de bien apprendre ce qu'il n'est pas permis d'ignorer". Jules Ferry

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Une histoire plus récente1959: instauration de la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans

1975 : La réforme Haby, création du collège unique avec annonce de la nécessité de définir un savoir commun ou savoir minimal De 1975 à 2005 : 30 années de débat avec publication de nombreux rapports :

•rapport Lesourne en 87 « éducation et société de demain », •Bourdieu/Gros en 89 « principes pour une réflexion sur les contenus d’enseignement », livre blanc collège Bouchez en 93, •rapport Fauroux « pour l’école » en 96, •rapport du conseil Education du conseil européen en 2001 « objectifs concrets futurs des systèmes d’éducation et de formation », •rapport de la commission Thélot en 2004.

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Des "socles" dans le monde

•Approches intégratives en Belgique : décret « mission » avec mise en place des « socles de compétences », mise en cohérence des programmes et construction d’outils d’évaluation (cf. travaux de Bernard REY).•Articulation compétences/domaines disciplinaires au Québec avec la réforme du « renouveau pédagogique : évaluer pour mieux enseigner, être évalué pour mieux apprendre » qui place l’évaluation des compétences comme élément central du nouveau dispositif d’apprentissage. •Dossier d’évaluation au centre des réformes en Suisse romande : évolution de structures de l’école et de la politique d’évaluation du travail des élèves avec réflexion sur les curricula (plan cadre romand PECARO). L’évaluation est axée sur les objectifs d’apprentissage fixés, elle est transparente et globale avec un axe fort autour sa dimension régulatrice.

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Le rapport du Collège de France remis par Pierre Bourdieu en 1985, préconise dans son chapitre intitulé « L’unité dans et par le pluralisme » :Des programmes nationaux devraient définir le minimum culturel commun, c’est-à-dire le noyau de savoirs et de savoir-faire fondamentaux et obligatoires que tous les citoyens doivent posséder. Cette formation élémentaire ne devrait pas être conçue comme une sorte de formation achevée et terminale mais comme le point de départ d’une formation permanente. Elle devrait donc mettre l’accent sur les savoirs fondamentaux qui sont la condition de l’acquisition de tous les autres savoirs et sur la disposition à acquérir des savoirs (adaptabilité intellectuelle, ouverture de l’esprit, etc.).

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Deux textes de référence

•Cadre européen : le cadre européen de référence de 2004 qui définit « des compétences clés pour l’apprentissage tout au long de la vie qui devraient être transférables et donc applicables à diverses situations et contextes, et multi fonctionnelles : en ce sens qu’elles puissent être utilisées pour atteindre plusieurs objectifs, résoudre des problèmes de genre divers et pour accomplir des tâches différentes ». •Cadre français : la loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’École du 23 avril 2005. Elle fait suite aux recommandations du Haut Conseil pour l’Éducation et elle institue un socle commun pour la scolarité obligatoire.

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Un contexte européen

•Proposition de recommandation du Parlement européen et du Conseil de l'Union européenne en matière de « compétences clés pour l'éducation et l'apprentissage tout au long de la vie» [10/11/2005]

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8 compétences clés

(propositions européennes)• Communication dans la langue maternelle

• Communication dans une langue étrangère

• Culture mathématique et compétences de base en sciences et technologie

• Culture numérique

• Apprendre à apprendre

• Compétences interpersonnelles, interculturelles et compétences sociales et civiques

• Esprit d’entreprise

• Sensibilité culturelle

Remplacé par “Autonomie et

initiative”

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Le socle commun en France•Décret n° 2006-830 du 11

juillet 2006 relatif au socle commun de connaissances et de compétences et modifiant le code de l'éducation

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• « la scolarité obligatoire doit au moins garantir à chaque élève les moyens nécessaires à l'acquisition d'un socle commun constitué d'un ensemble de connaissances et de compétences qu'il est indispensable de maîtriser pour accomplir avec succès sa scolarité, poursuivre sa formation, construire son avenir personnel et professionnel et réussir sa vie en société ».

Loi n°2005-380 du 23 avril 2005 d’orientation

et de programme pour l’avenir de l’école

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Les 7 compétences du socle

•1 maîtrise de la langue française•2 pratique d’une langue vivante étrangère•3 compétences de base en mathématiques et

culture scientifique et technologique•4 maîtrise des techniques usuelles

d’information et de communication•5 culture humaniste•6 compétences sociales et civiques•7 autonomie et initiative

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Concertation durant l'été 2012

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25 juin 2013

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“Socle commun de connaissances, de compétences et de culture”

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2- Qu’est-ce qu’une discipline scolaire ?

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« Une discipline scolaire est une construction sociale organisant un ensemble de contenus, de dispositifs, de pratiques, d'outils ... articulés à des finalités éducatives, en vue de leur enseignement et de leur apprentissage à l’école »

Dictionnaire des concepts fondamentaux des didactiquesYves Reuter, Cora Cohen-Azria, Bertrand Daunay, Isabelle Delcambre,De Boeck Supérieur 2013

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Discipline scolaire...

Le mot discipline désignait au départ la gymnastique intellectuelle, la faculté de penser (comme on dit «la discipline de l’esprit ») avant de désigner des parties du savoir. Il y a au départ cette volonté de discipliner l’esprit, d’imposer des règles et des méthodes. Le même mot étant utilisé pour la science comme pour l’école, on a l’impression que les disciplines scolaires viennent directement des savoirs universitaires selon des procédures de vulgarisation simples. Or, il n’en est rien. Un chercheur québécois, Yves Lenoir, propose une distinction lexicale clarificatrice qui opposerait les “disciplines” (scientifiques) et les “matières” (scolaires)

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De la discipline universitaire à la

discipline scolaire ?Une discipline scolaire se définit parfois comme une version allégée et simplifiée d’une discipline enseignée à l’université. Dans la mesure où le système éducatif s’est construit par le haut, une bonne partie des disciplines de l’enseignement secondaire long sont en effet conçues comme préparation à des enseignements universitaires.

Transposition didactique

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Lorsqu’en 1975, Michel Verret, dans son ouvrage Le Temps des études, crée le concept de transposition didactique, il fabrique un outil sociologique pour expliquer comment se conçoivent et se mettent en place les programmes et comment un savoir théorique (savant) est transformé en savoir universitaire (puis scolaire). Cette idée est reprise par Yves Chevallard en 1985 dans son ouvrage La Transposition didactique et il l’applique à la didactique des mathématiques

Transposition didactique ?

objet de savoir ➜ objet à enseigner ➜ objet d’enseignement

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De la discipline universitaire à la

discipline scolaire ?Mais les disciplines universitaires sont aussi des disciplines d’enseignement. Chacune constitue un champ de savoir et d’études développé dans l’université sous l’angle de la recherche, au sens large, mais elle tient son unité institutionnelle du fait qu’elle fait l’objet d’un enseignement cohérent, aboutissant à un ou plusieurs titres académiques et avec des institutions qui les délimitent. les savoirs universitaires

sont eux aussi des constructions et sont en évolution et recomposition

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Jacques George, en se référant aux concours d’agrégation, rappelle que les Sciences ne se sont séparées des Mathématiques qu’en 1830, l’Histoire et la Philosophie des Lettres en 1848. Il faut attendre 1843 pour que l’Histoire soit séparée de la Géographie. En 1959, on distingue lettres modernes et lettres classiques.

De la discipline universitaire à la

discipline scolaire ?

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De la discipline universitaire à la

discipline scolaire ?Certaines disciplines ont été scolaires avant d’être universitaires : la grammaire, la technologie, la géographie, l’éducation physique, les arts, la musique ont été des disciplines scolaires avant de devenir des disciplines universitaires.

Il existe aussi des disciplines scolaires sans équivalent direct dans le monde universitaire.

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A. Chervel, La culture scolaire. Une approche historique, Paris, Belin, 1998, p. 5-6.

André Chervel dans ses travaux sur l’histoire des disciplines scolaires montre que celles ci sont des constructions qui répondent à une diversité de logiques et aux impératifs de chaque époque. Les disciplines sont donc des ensembles flous et mouvants.

Il montre aussi que celles ci sont autonomes et ont leur logique propre face aux disciplines universitaires.

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une discipline scolaire est une forme historique plus ou moins reliée à des pratiques et à des savoirs de référence,

Les disciplines scolaires ne sont pas des disciplines universitaires

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Reconnaître à une discipline d’enseignement des finalités plurielles, c’est accepter :

1 qu’elle soit un construit historique, le produit de luttes de pouvoirs, de coups de force, de décisions, donc de compromis, brefs un produit collectif qui, en général, cristallise, même en les déniant, les contradictions indépassables d’une époque et d’une institution ;

2 que ce construit collectif, les individus se l’approprient selon des modalités et à des degrés divers ; même la discipline la plus codifiée reste une auberge espagnole ;

3 que les processus de construction collective et d’appropriation individuelle ne sont jamais achevés et se poursuivent tout au long de la carrière professionnelle d’un enseignant ou d’une génération.Le rôle de la formation des enseignants dans la construction d’une discipline scolaire :

transposition et alternancePhilippe Perrenoud Université de Genève 1996

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Du savoir savant au savoir scolaire

Du savoir savant au savoir scolaire, il y a un double processus selon Michel Develay :– processus d’axiologisation, ou réflexion sur les valeurs ;– processus de didactisation, reconstruction programmatique des savoirs.

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Disciplines

Contenus d’enseignement

Horaires

Formes d’évaluation cadrées

Activités classiques (rédaction, problème, version,…)

Concours

Corps d’inspection

Manuels

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Une dimension identitaire…

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3-La fabrication des programmes

scolaires

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Un peu d’histoire➜1989La décision de renouveler ou de créer un programme

relève du ministre de l'Éducation nationale. Jusqu'en 1989, la conception des programmes appartenait uniquement à l'Inspection générale. La loi d'orientation de 1989 tente de briser ce «monopole». La réflexion sur les orientations générales releve alors du Conseil national des programmes (CNP). Pour chaque discipline, un groupe d'experts est chargé du travail scientifique et didactique et de la rédaction du projet. Celui-ci est ensuite soumis au CNP. Le texte passe devant le Conseil supérieur de l'éducation (CSE), puis il est soumis à la signature du ministre et publié au Bulletin officiel de l'éducation nationale (BOEN).

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Un peu d’histoire1989➜ 2005

Le Conseil national des programmes (CNP) a longtemps été présidé par Luc Ferry (1992-2002)

Il a été supprimé par la loi d’orientation et de programme pour l’École (dite “Loi Fillon”) en 2005.

Il a été remplacé par le Haut conseil de l’Éducation doté d’une compétence consultative sur le socle des savoirs indispensables, les programmes et l’évaluation des résultats.

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Le Haut Conseil de l'éducation était composé de neuf membres désignés pour six ans. Trois de ses membres étaient désignés par le Président de la République, deux par le président de l'Assemblée nationale, deux par le président du Sénat et deux par le président du Conseil économique et social en dehors des membres de ces assemblées. Le président du haut conseil était désigné par le Président de la République parmi ses membres

Son avis n’était que consultatif sur les programmes dont la confection lui échappait. Les programmes de 2008 pour le Primaire ont été élaborés de manière très opaque

Un peu d’histoire2005➜ 2013

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Élaboration des programmes

Entre 2005 et 2013

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Le Conseil supérieur de l'éducation est composé de 48 membres représentant les enseignants, les enseignants-chercheurs et autres personnels de l'enseignement public ainsi que les établissements d'enseignement privés et leurs personnels, de 19 membres représentant les usagers (associations de parents d'élèves, associations familiales) et 30 membres représentant les collectivités territoriales, les associations périscolaires et les grands intérêts culturels, éducatifs, sociaux et économiques. associations

Le Conseil supérieur de l'éducation

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- Le Conseil supérieur de l'éducation donne des avis:o Sur les objectifs et le fonctionnement du service public de l'éducation;

o Sur les règlements relatifs aux programmes, aux examens, à la délivrance des diplômes et à la scolarité;

o Sur les questions intéressant les établissements privés d'enseignement primaire, secondaire et technique;

o Sur les questions d'ordre statutaire intéressant les personnels des établissements d'enseignement privés sous contrat;

o Sur toutes les questions d'intérêt national concernant l'enseignement ou l'éducation, quel que soit le département ministériel intéressé;

o Sur toutes questions dont il est saisi par le ministre chargé de l'éducation

Le Conseil supérieur de l'éducation

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La loi de refondation de l’École votée en juillet 2013 institue le Conseil Supérieur des Programmes (ainsi qu’un Conseil national d’évaluation du système scolaire et un Conseil National de l’innovation et de la réussite éducative)

Un peu d’histoire2013 ➜ ?

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Alain Boissinotavait démissionné le 10 juin 2014

Michel Lussault nommé le 26 septembre 2014

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Après avis (consultatif) du CSE, le nouveau programme est publié au Bulletin Officiel de l'Éducation nationale. Les programmes doivent être publiés 12 mois avant leur application afin de laisser le temps aux enseignants de se former, et aux éditeurs de réaliser les manuels correspondants.

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4- Bi, inter, pluri, trans…

disciplinarité !

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Interdisciplinarité : une vieille histoire…

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10%Parcours diversifiés

Travaux croisésIDD

T.P.E.

E.P.I.Etc…

Éducations à… Histoire des artsPPCP

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Pluridisciplinarité : disciplines “côte à côte” avec un même centre d’intérêt

Interdisciplinarité : “convergence” comment les disciplines contribuent à un but commun

Trans-disciplinarité : “à travers et au delà” les disciplines.

Une discipline scolaire est une construction qui a sa logique propre et ne correspond pas forcément à une discipline universitaire.

Michel Develay

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► La « monodisciplinarité » met en œuvre une seule discipline pour analyser un problème ou examiner une question, ce qui n’exclut pas que des approches variées soient utilisées.exemple : dans un cours de langue vivante, étude d’un article de journal, exercices de grammaire, mise en scène d’un extrait théâtral... ► La « pluridisciplinarité » fait travailler deux disciplines différentes sur un thème commun. Les compétences et les savoirs ne sont pas les mêmes dans les deux disciplines.exemple : en 6e, travail simultané sur l’histoire de l’Antiquité en HG et de lecture des textes fondateurs en français. ► L’ « interdisciplinarité » cherche à construire une représentation commune en confrontant les représentations de chaque discipline.exemple : comparer l’image du chevalier dans les textes historiques avec celle des textes littéraires ou celle des représentations actuelles (cinéma par exemple).. ► La « transdisciplinarité »cherche à unifier tous les savoirs disciplinaires pour construire une culture – elle concerne surtout l’enseignement supérieur. ► La « transversalité » cherche à faire acquérir les mêmes compétences dans des disciplines variées et surtout à permettre le réinvestissement de ces compétences d’une discipline à l’autre. exemple : sélectionner une valeur dans un tableau statistique et sélectionner un argument dans un article, comparer, résumer...

Définitions

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La transdisciplinarité est d'abord une posture scientifique et intellectuelle. Elle a pour objectif la compréhension de la complexité du monde moderne et du présent. Le mot transdisciplinarité a été inventé par Jean Piaget, en 1970.Il est repris aujourd'hui par Edgar Morin.

Pluri-inter-trans...

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Transversalité...Mais sur un plan pédagogique, l'approche transdisciplinaire peut avoir un sens plus modeste : souvent la mise en œuvre d'un travail commun engendre une complexité qui dépasse les cadres disciplinaires et implique le renforcement et/ou l'acquisition de compétences communes (transversales) aux disciplines associées. C'est donc là l'occasion d'utiliser les spécificités de chacune de ces disciplines pour atteindre ces objectifs communs (compétences “transversales”).

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Peut-on vraiment parler de compétences transversales ?

Problématiser en Français et en Histoire géographie est-ce la même chose ?

Peut-il y avoir des compétences transversales “hors-sol” ?

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Pourquoi l’interdisciplinarité ?

Motivation (“centre d’intérêt)

Sens(plusieurs éclairages)

Culture(épistémologie & culture)

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L'interdisciplinarité est donc une démarche pédagogique qui est fondée sur le décloisonnement des disciplines.

Les disciplines associées, tout en gardant leurs spécificités, participent à un projet collectif en y apportant leurs savoirs et leurs méthodes. Elles collaborent et échangent entre elles pour répondre aux besoins de l'action et de la compréhension. L'interdisciplinarité est au service des disciplines dans un souci de retombée ou d'utilité directe à court ou moyen terme dans la discipline.

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L'interdisciplinarité suppose un dialogue et l'échange de connaissances, d'analyses, de méthodes entre deux ou plusieurs disciplines. Elle implique qu'il y ait des interactions et un enrichissement mutuel entre plusieurs spécialistes.Sur le plan pédagogique, cela peut prendre plusieurs formes, mais il s'agit le plus souvent de construire une représentation commune en confrontant les représentations de chaque discipline pour rendre compte d'un objet complexe

Interdisciplinarité ?

...ça ne vous rappelle rien ?

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❝C’est ce qui fait dire à Latour (1985) qu’on ne voit pas le monde à l’œil nu mais à l’« oeil habillé », et que les faits sont des interprétations du monde qu’on ne remet plus en question, souvent parce qu’on a oublié par quel type de découpage ils ont été construits. Mais est-ce bien là le vécu scolaire premier des élèves ? Combien de fois ont-ils réalisé que chaque discipline leur ouvre une facette du « réel », inaccessible sans les concepts adéquats ? Ils n’en retiennent souvent que des bribes de jargon ésotérique, entendu comme un procédé distinctif. ❞

Jean Pierre Astolfi “Les paradoxes nécessaires de l’interdisciplinarité scolaire”

In Yves Lenoir, Bernard Rey et Ivani Fazenda (dir.) Les fondements de l'interdisciplinarité dans la formation à l'enseignement Sherbrooke, Éditions du CRP, 2001.

Président du CRAP de 1978 à 1980, rédacteur en chef des Cahiers Pédagogiques de 1981 à 1984, membre du comité de rédaction de la revue de 1972 à 2000,

Jean Pierre Astolfi(1943-2009)

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3 figures de l’interdisciplinarité à l’École (selon Astolfi)• Figure motivationnelle de la pluridisciplinarité• Figure fonctionnelle de l’interdisciplinarité• Figure épistémologique de la transdisciplinarité

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La lettre de l’éducation du 23 mars 2015

«Comment moi, enseignant de ma discipline, (et fier de l’être) puis-je contribuer à construire des compétences en partie spécifiques et en partie partagées avec d’autres disciplines ?»

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5- Des programmes aux curricula…

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Curriculum néo-zélandaispour l'ensemble de la scolarité

obligatoire

Logique curriculaire ? En général, le curriculum renvoie d’abord à l’idée de plan et d’organisation, de construction intellectuelle qui englobe tout le processus d’enseignement-apprentissage : intentions, contenus, organisations, méthodes, environnement, évaluation... (Audigier, Crahay & Dolz, 2006).Des chercheurs belges proposent une définition voisine : « un curriculum consiste en un plan d’action. Il s’inspire des valeurs qu’une société souhaite promouvoir ; ces valeurs s’expriment dans les finalités assignées à l’ensemble du système d’éducation » (Demeuse, Strauven & Roegiers, 2006, p. 11).

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Ils développent une conception large du curriculum, considéré comme une vision d’ensemble des directives pédagogiques comprenant :– les apprentissages à installer ;– les stratégies pédagogiques et les processus didactiques à mettre en œuvre ;– les supports didactiques ou les aides pédagogiques (dont les documents et manuels scolaires) ;– les contenus-matières ou contenus disciplinaires ;– les résultats attendus et les modalités d’évaluation ;– les modalités de gestion du curriculum.

Le curriculum s’organise donc autour de trois pôles : les apprentissages visés, les processus didactiques mis en œuvre pour les atteindre et les situations d’évaluation.

Dossier d’actualité de la VST, n° 53 – avril 2010

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La plupart des chercheurs en éducation s’attachent aujourd’hui à distinguer analytiquement le curriculum officiel, prescrit ou recommandé au niveau du pays ou de la région, le curriculum effective- ment enseigné dans l’école et la classe, et enfin le curriculum acquis par les élèves, quel que soit le moyen par lequel on estime le mesurer.

Prescrit / réel ?

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Lorsqu’on regarde les évolutions dans la plupart des pays européens, on peut être surpris par le paradoxe apparent qui combine une montée en puissance de l’autonomie des établissements scolaires avec la multiplication de normes nationales ou centrales qui fixent les acquisitions scolaires souhaitées à chaque grande étape clé de la scolarité, à travers par exemple des examens nationaux, des batteries de tests standardisés ou d’autres formes de contrôles externes.

Logique curriculaire ?

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Michael Young identifie trois tendances principales dans les politiques européennes et internationales : •l’introduction de cadres nationaux de qualifications ; •la réorientation vers les acquis de l’apprentissage ; • le passage d’un cursus articulé sur des sujets disciplinaires à un curriculum générique. Il relève plusieurs aspects de cette part croissante des

compétences génériques dans les curricula nationaux : • la réduction du contenu disciplinaire des curricula ; •  l’augmentation des choix à la libre disposition des élèves ; • la promotion des thèmes trans-disciplinaires (ex. éducation à la citoyenneté) • les curricula à la carte ; • le brouillage des frontières entre savoirs scolaires et savoirs non scolaires (introduction de sujets tels que l’environnement ou le Sida) ; • la prise en compte des expériences extra-scolaires ; • la confection de sujets d’examen en termes de moins en moins scolaires.

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Bibliographie

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Jean Claude ForquinEcole et cultureEd De Boeck 1996

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André Chervel La culture scolaireEd Belin 1998

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ESF Editeur 2010

La saveur des savoirs Disciplines et plaisir d'apprendre

Jean-Pierre Astolfi

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La fabrique des savoirs scolaires.- Isabelle Harlé La Dispute.collection "L’enjeu scolaire"- 2010.

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Cahiers Pédagogiques N° 507 Questions aux programmesSeptembre 2013

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Jérôme Deauvieau et Jean-Pierre Terrail, Les sociologues, l’école et la transmission des savoirs. Présentation et choix de textes, La Dispute 2007,

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“Ce que l'école devrait enseignerPour une révolution de la politique scolaire en France”Roger-François GauthierDunod 2014

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« Contenus et programmes scolaires : comment lire les réformes curriculaires ? »Olivier ReyDossier d'actualité de la VST, n° 53, avril 2010

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. Eduquer au-delà des frontières disciplinaires . Catherine Reverdy Dossier de veille de l'IFÉ, n°100 2015