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CICERON, Tusculanes
Livre I, Tusculanes : XVI La vie après la mort La première conférence des Tusculanes se propose de traiter la question suivante : la mort est-elle un mal ? Après voir admis en principe que la mort est la séparation de l’âme avec le corps, le philosophe cherche à définir la nature de l’âme, immortelle et d’essence divine. Cicéron rédigea les cinq conférences qu’il aurait prononcées dans sa villa de Tusculum au cours de l’été 45, peu après la mort de sa fille Tullia. L’orateur s’adresse au jeune homme qui l’accompagne dans sa promenade, mais dont nous ne saurons pas le nom. Réflexions sur la nature de l’âme : Mais comme l'impression de la nature se borne à nous apprendre l'existence des Dieux, et qu'ensuite, pour découvrir ce qu'ils sont, nous avons besoin de raisonner : aussi le consentement de tous les peuples ne va qu'à nous enseigner l'immortalité des âmes, mais nous ne saurions qu'à l'aide du raisonnement découvrir ce qu'elles sont, et où elles résident. Parce qu'on l'ignorait, on a imaginé des enfers, avec tous ces objets formidables, que vous paraissiez tout à l'heure mépriser si justement. On se persuadait que les cadavres ayant été inhumés, les morts allaient pour toujours vivre sous la terre. C'est ce qui donna lieu à ces grossières erreurs, que les poètes ont bien fortifiées. Une assemblée nombreuse, toute pleine de femmes et d'enfants, ne tient point contre la peur, lorsqu'au théâtre on fait ronfler ces grands vers:
A travers les horreurs de la nuit infernale, J'arrive en ce séjour, par un affreux dédale De rocs entrecoupés, d'antres fuligineux, De profondes forêts et de monts caverneux.
On avait même poussé l'erreur jusqu'à un excès dont il me semble qu'on est revenu aujourd'hui. Car nos anciens croyaient qu'un mort, dont le cadavre avait été brûlé, ne laissait pas de faire dans les enfers ce qu'absolument on ne peut faire qu'avec un corps. Ils ne pouvaient pas comprendre une âme subsistante par elle-‐même, ils lui donnaient une forme, une figure. Et de là toutes ces histoires de morts dans Homère. De là cette Nécromancie de mon ami Appius. De là, dans mon voisinage, ce lac d'Averne:
Où l'art qui commande aux morts, Va, de leurs demeures sombres, Évoquer les pâles Ombres, Vaines images des corps.
Images, qui, à ce qu'on croyait, ne laissaient pas de parler : comme s'il était possible d'articuler sans langue, sans palais, sans gosier, et sans poumons. Autrefois on ne pouvait rien voir mentalement ; on ne connaissait que le témoignage des yeux. Il n'appartient en effet qu'à un esprit sublime, de se dégager des sens, et de se rendre indépendant du préjugé. Les siècles antérieurs à Phérécyde n'ont pas été, apparemment, sans quelques esprits de ce caractère, qui auront bien compris que l'âme était immortelle. Mais de tous ceux dont il nous reste des écrits, Phérécyde est le premier qui l'ait soutenu. Il est ancien, sans doute : car il vivait sous celui de nos rois qui portait même nom que moi. Pythagore, disciple de Phérécyde, appuya fort cette opinion. Il arriva en Italie sous le règne de Tarquin le Superbe ; et ayant ouvert une école dans la grande Grèce, il s'y acquit tant de considération, que durant plusieurs siècles après lui, à moins que d'être pythagoricien, on ne passait point pour savant.
Pour découvrir d’autres textes et documents, visitez l’audioblog de l’auteur :
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