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Circulation de l'information &

navigation communautaire chez les

enseignants -documentalistes

Loïc Le Roux

CDDP d'Indre et Loirehttp://www.cddp37.ac-orleans-tours.fr

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Enseignant-documentaliste et CDI : une profession et un espace documentaire en

constante mutation Avant d’aborder la question de la navigation communautaire chez les enseignants-documentalistes, il n’est pas inutile de considérer le contexte de cette profession qui ne cesse d’évoluer depuis son « apparition » officielle dans la circulaire du 13 octobre 1952, sur « le rôle de la documentation dans l'enseignement du second degré » (BO n° 37, 16 octobre 1952).

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Facteurs institutionnels :• Loi d’orientation sur l’éducation (10 juillet

1989) : généralisation des centres de documentation et d’information (CDI) « au cœur » de la vie des établissements et institution d’un concours national de recrutement (CAPES).

• Refonte du CAPES Externe en 2001 et modifications successives des épreuves.

• Apparition récente des nouveaux dispositifs pédagogiques au collège (IDD), au lycée (TPE, ECJS) et au lycée professionnel (PPCP, ECJS).

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• Mise en place du brevet informatique et Internet au collège (B2i niveau 2).

Facteurs externes en collèges-lycées :

prégnance générale et diffuse de « la société de l’information » (chat, MSN, blog, SMS, Peer to Peer, iPod …vers une « Génération Napster ».

Constat : les missions de la documentation, le rôle pédagogique du documentaliste et l’espace CDI apparaissent explicitement dans les textes officiels… mais sont confrontés à un usage anarchique des TIC.

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Le changement paradigmatique de la documentation

Il est permis d’établir une sorte de « frontière » dans les rapports à l’information et le fonctionnement des CDI avec l’apparition des technologies numériques en réseau. Cette frontière marque probablement un changement paradigmatique (Fondin, 2003 ; Lahary, 2005) dans la gestion des CDI, dans les modes d’appropriation de l’information et dans la conception faite par l’usager des centres de ressources (SCD-BU, BM ou CDI).

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[Avant IP]

D’un CDI « linéaire » …

Avant l’arrivée des supports en ligne, le CDI était le lieu d’un fonctionnement « linéaire » et traditionnel. Une gestion rationnelle des documents sur support traditionnel (papier) par le biais d’outils performants (thésaurus, classification, normes, etc.), dans un lieu circonscrit et codifié permettait aux élèves d’accéder à une information filtrée, évaluée et classée.

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[pendant IP]

… vers un CDI « hybride »

Avec l’arrivée des réseaux et l’apparition des documents sous format électronique, les caractéristiques territoriales de ce lieu deviennent beaucoup plus floues et la gestion-recherche du document tend parfois vers un mode « non-linéaire » induit notamment par la faible codification sémantique du Web documentaire et son manque (ou son trop plein !) de visibilité chez les usagers.

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Transformation des pratiques

Avec Internet, les pratiques bibliothéconomiques et de recherche documentaire se transforment et doivent s’adapter (?) à « la société de l’information », c’est-à-dire au usagers et aux outils existants.

L’accès à l’information et les représentations du document numérique questionnent les professionnels (RTP Doc - Enssib).

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Il semble néanmoins exister une pratique récurrente dans la profession permettant d’accéder à l’information en ligne de façon pertinente et réactive en tenant compte des contraintes quotidiennes du fonctionnement d’un CDI et qui a pour objectif de diminuer le coût cognitif d’une recherche d’information.

Cette pratique consiste à tenir compte ou à consulter des traces d’usages antérieurs : la navigation sociale.

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Recherche documentaire et navigation sociale

Dans une courte contribution de 1994, Dourish & Chalmers énoncent trois modèles de navigation dans un espace d’information hypertextuel. Ces trois modèles ne s’excluent pas et entrent souvent en interactions.

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1. La navigation spatiale (réalité virtuelle, MuD, etc.). C’est la représentation d’un espace dans un environnement virtuelle. Dans notre cas : Internet comme métaphore d’une cité virtuelle (Dieberger à propos de Lynch).

1. La navigation sémantique.

Concept probablement à redéfinir car il s’agit plutôt de la navigation ou de l’interrogation lexicale du Web.

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3. La navigation sociale : manière de naviguer qui se base sur un style relationnel afin de trouver ou d’exploiter une ou plusieurs informations laissées ou données par des usagers. Elle peut être "directe" (explicite), "indirecte" (implicite), prévue ou fortuite (Svensson) selon la relation que nous pouvons avoir avec autrui. Les frontières entre ces deux formes de navigation sociale peuvent être aussi « interchangeables ».

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Le modèle de navigation sociale de Dourish & Chalmers concerne la manière dont plusieurs personnes peuvent agir les unes à l'égard des autres pour se diriger socialement dans un espace d'information.

  Ce modèle représente un mode d’accès très généraliste qui prend en compte l’avis global des internautes. Concernant notre étude, nous devons préciser ce modèle puisqu’il s’intègre dans un cadre social plus restreint, celui d'une profession.

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La navigation d’une communauté

Cf. : « Des groupes d’individus qui ont une histoire commune, interagissent fortement, partagent des connaissances et rencontrent des problèmes proches, au sein d’une même organisation". Ces communautés [de pratique] "sont caractérisées par trois dimensions : un engagement mutuel, une entreprise commune et un répertoire partagé" (Benghozi)

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Méthodologies et résultats

Deux questionnaires en ligne envoyés aux listes et aux sites académiques de documentation.

Une dizaine d’entretiens semi-directifs (entre 1h30 et 2h) auprès des enseignants-documentalistes en collège, lycée et lycée professionnel.

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Les résultats montrent que les pratiques de recherche documentaire peuvent se construire dans un cadre de navigation qui répond aux critères de la « navigation sociale ».

Or, comme cette pratique est le fait d’une « communauté » d’enseignants et que les sites demeurent des sites professionnels, nous désignons cette navigation comme étant communautaire.

De la navigation sociale vers la navigation communautaire

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Pratiques quotidiennes de navigation communautaire

1. Les listes de discussion et de diffusion (cdi-doc…)

2. Les référentiels de méthodologie (Fadben …)

3. Les sites institutionnels (Scéren, SavoirsCDI, Urfist, CERISE, sites académiques, etc.)

4. Les contenus par filtrages collaboratifs (MémodocNet), signets (Café péda.) , portails …

5. Genèse instrumentale : fils RSS, Blogs …

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Perspectives de recherche

Notre dernière partie consiste à poser comme hypothèse le fait que la navigation communautaire existe dans un environnement professionnel et se régénère par de multiples formes d’interactions. Ces interactions peuvent être décrites à partir d'un modèle proposé par Boullier et Ghitalla (2004).

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Typographie de la navigation communautaire

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Une première stratégie repose sur un « centre de référence » ou une autorité reconnue. Dans le cas de la documentation classique, c’est le fonds du CDI de l’établissement. Pour la documentation en ligne, c’est le cas par exemple de sites comme le Scéren, SavoirsCDI, Educnet ou un gisement reconnu (ex. Les Clionautes). Mais c’est aussi le cas de Google pour 47% des documentalistes répondant à notre enquête (i.e prégnance de la société de l’information).

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La deuxième stratégie s’appuie sur le filtrage des contenus par l’approbation des pairs. C’est une territorialisation de l’information par un réseau professionnel souvent antérieur aux réseaux numériques (CRDP, ADBS, réseaux académiques…).

C'est une « construction communautaire » du Web documentaire (Callimaque, Basécole, portails et signets académiques, MémodocNet ou Educlic/Educasource …).

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La troisième stratégie appelée « cueillette avec traces » accumule les indices par mise en signets ou plus classiquement par constitution de mini-dossier papier sur un thème en ligne. C'est une stratégie plus relativiste prenant en compte l'incertitude du Web. Elle se dote encore de repères (lecture et création de dossiers) mais commence à pratiquer une navigation plus individuelle (vers une émancipation dans la recherche ?).

Genèse instrumentale : les flux RSS / del.icio.us …

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Enfin la quatrième stratégie repose sur l’exploration individuelle du Web en acceptant l’incertitude de cet espace d’information et en n’ayant recours quasiment à aucune aide. C'est un style reposant sur ce que Ghitalla et Boullier nomment le « principe de tangente » où « l'opportunisme » et la sagacité des internautes permettent d'accéder à l'information souhaitée

(Cf. Ertzscheid et Gallezot)

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Notre hypothèse : cette pratique solitaire d’exploration et non de navigation procède d’une émancipation progressive (les étapes précédentes) des enseignants-documentalistes vers une meilleure maîtrise des outils, une meilleure connaissance culturelle du Web, une meilleure représentation de cet espace (space vs place, Dieberger) et une meilleure confiance de soi.

Risque : bien discerner les stratégies dans les usages des moteurs (débutant ou expert).

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Émancipation grâce à la navigation communautaire (?)

La navigation communautaire permettrait d'accélérer les prises de décision et de bénéficier plus facilement d'une information pertinente dans un temps imparti. Il semblerait aussi exister une forme et un sens dans la typologie des navigations communautaires selon les style adoptés par les documentalistes.