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L’opinion des praticiens de l’orientation sur la qualité de la relève en orientation professionnelle Ce qu’ils nous ont dit! Projet de groupes de discussions visant l’arrimage des besoins et des préoccupations des milieux de pratique avec ceux de la formation universitaire de 2 ième cycle en carriérologie Initiative proposée et réalisée par Louis Cournoyer, Ph. D., c.o. Professeur Département d’éducation et pédagogie Université du Québec à Montréal 7 janvier 2010

Enquête auprès des employeurs en développement de carrière - rapport final

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Cournoyer, L. (2010). Enquête auprès des employeurs en développement de carrière. Document inédit. Montréal : Université du Québec à Montréal.

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L’opinion des praticiens de l’orientation sur la qualité

de la relève en orientation professionnelle

Ce qu’ils nous ont dit!

Projet de groupes de discussions visant l’arrimage des besoins et des

préoccupations des milieux de pratique avec ceux de la formation

universitaire de 2ième cycle en carriérologie

Initiative proposée et réalisée par

Louis Cournoyer, Ph. D., c.o.

Professeur

Département d’éducation et pédagogie

Université du Québec à Montréal

7 janvier 2010

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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Sommaire

Introduction ........................................................................................................................................ 4

Le cas de l’orientation en employabilité .................................................................................. 6

Le travail et ses défis ................................................................................................................... 6

Les compétences recherchées ................................................................................................. 8

Les forces et les faiblesses des nouveaux ........................................................................ 10

Les suggestions qu’ils nous adressent … .......................................................................... 11

Le cas de l’orientation en réadaptation professionnelle ................................................. 13

Le travail et ses défis ................................................................................................................ 13

Les compétences recherchées .............................................................................................. 14

Les forces et les faiblesses des nouveaux ........................................................................ 15

Les suggestions qu’ils nous adressent … .......................................................................... 16

Le cas de l’orientation au secondaire ..................................................................................... 17

Le travail et ses défis ................................................................................................................ 17

Les compétences recherchées .............................................................................................. 19

Les forces et les faiblesses des nouveaux ........................................................................ 20

Les suggestions qu’ils nous adressent … .......................................................................... 20

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Le cas l’orientation à l’université .............................................................................................. 22

Le travail et ses défis ................................................................................................................ 22

Les compétences recherchées .............................................................................................. 24

Les forces et les faiblesses des nouveaux ........................................................................ 25

Les suggestions qu’ils nous adressent … .......................................................................... 25

Points de convergence ................................................................................................................ 27

Ce qu’ils nous ont dit sur le travail et ses défis …..................................................... 27

Ce qu’ils nous ont dit sur les compétences recherchées … .................................. 29

Ce qu’ils nous ont dit sur les forces et les faiblesses des finissants et

nouveaux conseillers d’orientation … ........................................................................... 31

Ce qu’ils nous suggèrent … .............................................................................................. 33

Conclusion ....................................................................................................................................... 37

Annexe 1 – La lettre d’invitation .............................................................................................. 39

Annexe 2. Le questionnaire d’enquête. ................................................................................. 41

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Introduction

En septembre 2009, des membres du corps professoral de la section Carriérologie

du département d’éducation et de pédagogie (DEP) de l’Université du Québec à

Montréal ont amorcé un travail de réflexion visant le développement d’un

nouveau programme de maîtrise spécialisé en carriérologie. En parallèle à ces

rencontres, différentes initiatives ont été menées auprès de groupes ciblés

(chargés de cours, diplômés, praticiens) afin d’alimenter leur réflexion.

L’enquête conçue et réalisée par Louis Cournoyer, professeur de counseling à la

section carriérologie du département d’éducation et de pédagogie à l’Université

du Québec à Montréal avait pour objectif général de : identifier des indicateurs

relativement fiables de la réalité de pratique en orientation professionnelle

afin d’alimenter un travail d’élaboration et de développement d’un

programme de maîtrise spécialisé en carriérologie. Les objectifs spécifiques de

l’enquête étaient quant à eux de 1) recenser les propos de professionnels de

l’orientation de différents secteurs de pratique dans la région de Montréal sur les

réalités et les enjeux des services en orientation professionnelle et de 2) discuter

de points de convergence parmi les propos des professionnels de ces différents

secteurs. Ce rapport fait état des résultats d’une enquête menée à l’automne

2009 auprès d’une quarantaine de conseillers d’orientation. L’échantillon de

participants a été sélectionné, de manière ciblée, au sein de quatre secteurs de

pratique pour lesquelles les diplômés du programme actuel de maîtrise en

carriérologie sont les plus sujets à se retrouver une fois sur le marché du travail :

réadaptation professionnelle auprès de personnes handicapées physiquement et

psychologiquement; développement de l’employabilité; orientation de jeunes

inscrits au réseau d’études secondaires; orientation auprès d’étudiants

universitaires.

Le recrutement des participants s’est réalisé auprès d’organisations où il est

possible de retrouver plus de quatre conseillers d’orientation. Dans un premier

temps, un certain nombre de milieux ont été ciblé à partir de la connaissance des

milieux et de certains contacts de la part de la professeure Edwidge Desjardins et

du professeur Louis Cournoyer, tous deux associés à la section carriérologie du

DEP de l’UQAM. Dans un deuxième temps, un certain nombre de milieux ont été

priorisés selon des critères de variété entre les types d’organisation et de

présence d’un nombre supérieur de conseillers d’orientation. Dans un troisième

temps, une lettre a été transmise par courrier électronique aux directions de ces

milieux, ainsi qu’auprès de personnes-ressources ciblées, puis dans un quatrième

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et dernier temps un contact de suivi par téléphone a été réalisé de manière à

valider l’intérêt des milieux pour une participation au projet, ainsi que

l’identification d’une date et d’un lieu de rencontre. La cueillette de données

discursives s’est opérée lors de quatre séances de groupes de discussions ont été

réalisées. La durée de chaque séance varie entre 1h30 et 2h15. Le nombre de

participants à chacun de ces groupes variait de 5 à 16 personnes pour un total de

35 participants, tous impliqués dans l’offre de service de counseling de carrière.

Le contenu des groupes de discussions portait sur les quatre questions suivantes

auxquelles des relances étaient ensuite formulées auprès des participants de

manière à approfondir, à spécifier ou encore à clarifier le propos :

1. Quels sont vos réalités et vos besoins actuels dans le cadre de votre pratique

professionnelle ?

2. Quelles sont les principales compétences requises et recherchées chez des

finissants de deuxième cycle et chez de nouveaux conseillers en orientation ?

3. Quelles sont les forces et les faiblesses que vous observez chez les finissants

de deuxième cycle et les nouveaux conseillers en orientation ?

4. Quelles seraient vos suggestions pour l’élaboration d’un programme de

maîtrise en carriérologie adapté aux réalités de la pratique professionnelle

actuelle des conseillers d’orientation ?

L’analyse des données de l’enquête n’emprunte pas des procédés suffisamment

rigoureux pour être qualifiée de scientifique. Sans être enregistrés sous format

vidéo ou audio, les propos des participants ont été transcrits sur papier tout au

long de l’entretien. Par la suite, ces transcriptions ont été classées et organisées

selon leur lien avec les quatre questions principales mentionnées plus haut. Enfin,

des regroupements de propos ont été réalisés de manière à relever des rubriques

de contenus.

Le présent rapporte les résultats sous forme de rubriques de propos recueillis

pour les quatre questions principales abordés dans le cadre de séances de

discussion de groupes. Les quatre premières sections du rapport exposent dans

l’ordre 1) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation en développement de

l’employabilité; 2) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation en réadaptation

professionnelle; 3) le cas d’un milieu de pratique de l’orientation au secteur

public d’enseignement secondaire et 4) le cas d’un milieu de pratique de

l’orientation au secteur public d’enseignement universitaire. La dernière partie du

rapport propose une synthèse des propos en faisant ressortir les points de

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convergence des quatre milieux de pratique. En annexe, le lecteur pourra prendre

connaissance du modèle de lettre transmis aux participants lors de la phase de

recrutement, ainsi que le questionnaire d’enquête ayant servi à guider les séances

de discussion.

Le cas de l’orientation en employabilité

Les informations rapportées dans cette section proviennent de cinq conseillères

d’orientation et d’un conseiller en développement de carrière.

Le travail et ses défis

Travailler en employabilité lorsque l’on agit à titre de conseiller d’orientation,

c’est s’ouvrir à une panoplie de clientèles à statut précaires. La majorité des

organismes d’employabilité offrant des services d’orientation travaillent avec des

clientèles ciblées en regard de leur statut économique : chômeurs, assistés

sociaux, personnes sans revenus. Dans le cas des clientèles plus jeunes, ce sont

plus souvent ceux qui ne fréquentent plus l’école qui vont chercher de l’aide dans

ces organismes. En employabilité, les conseillers d’orientation sont plus souvent

appelés à intervenir dans des situations de « ré » orientation que d’orientation

professionnelle. Suite à une série d’échecs et de pertes d’emploi, plusieurs vont

chercher de l’aide pour se réinsérer professionnellement, tout en cherchant un

moyen de traverser les difficultés et les deuils rattachés à des événements

difficiles. Il est également à souligner que les clientèles qui consultent en

orientation dans les organismes d’employabilté n’en sont souvent pas à leur

première expérience de ce type de rencontre. À l’école secondaire le plus

souvent, ils ont souvent déjà rencontré un conseiller d’orientation par le passé.

Certains l’ont parfois même fait au sein d'autres organismes, parfois le même de

façon à poursuivre une démarche en raison d’une rupture professionnelle. De

plus, il est de plus en plus fréquent travailler avec des personnes très limitées au

plan de la scolarité, soit dont la dernière année de fréquentation scolaire relève

du secondaire 1 ou 2.

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La question des besoins financiers des clients occupe une place très importante

au sein de ce type de relation d’aide. Le choix d’une carrière n’est pas tant un

enjeu d’intérêts, de valeurs et de perspective pour le reste de sa vie qu’un besoin

de survie économique à plus court terme, fortement influencé par des enjeux de

confiance et d’estime de soi, d’influences du réseau social, ainsi que de facteurs

de réalité tels que le rôle parental, voir monoparental. Emploi Québec, en tant

qu’institution gouvernementale, ressource en matière d’aide économique et de

mesures d’aide à l’emploi joue un rôle important dans l’environnement de travail

ces professionnels de l’orientation. Cela déterminera grandement les types

d’intervention de référence des conseiller, dont à titre d’exemple : alternative

jeunesse, bilan de compétences, recherche d’emploi, programmes et mesures

gouvernementales diverses). De plus, Emploi Québec constitue généralement le

principal bailleur de fonds des services rendus par ces organismes et de leur

fonctionnement budgétaire.

Les conseillers rencontrés notent que la lourdeur des problématiques de leur

clientèle s’alourdit année après année. Tout d’abord, la clientèle immigrante y est

toujours plus nombreuse et toujours plus diversifiée au plan de la culture et de

l’origine. Entre autres, plusieurs des immigrants fréquentant l’organisme de ces

conseillers ne peuvent communiquer en anglais, ce qui sur l’île de Montréal

constitue un frein sérieux à l’emploi (la maîtrise de la langue française peut sans

aucun doute constituer aussi un problème sérieux d’organismes situés à l’ouest

de l’île). Une autre réalité propre aux immigrants avec laquelle il importe de

composer se rapporte au sentiment de frustration et de tromperie dont ils se

sentent victimes. Il est de fait de plus en plus public que la promotion de

l’immigration au Canada dans les pays étrangers se fait le plus souvent sous le

thème de pénuries sérieuses de main-d’œuvre. Or, une fois arrivés en sol

canadien, les immigrants réaliseront que pénuries ou pas, l’accès à des emplois

qualifiés et la reconnaissance de leurs expériences scolaires et professionnelles

n’est que peu, voir pas du tout reconnue. À cela s’accompagne souvent la

présence de comportement de procrastination, de déprime, de peur, de passivité,

de difficulté à se mobiliser et de se projeter positivement dans l’avenir. Une autre

clientèle de plus en plus croissante dans les organismes d’employabilité est celle

des personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale. La dépression,

les troubles bipolaires, les troubles limites ne sont que quelques-unes des

problématiques auxquelles l’intervention des conseillers doit tenir compte.

Notons également que ces situations s’accompagnent parfois d’une lourde

médication, de consommations de drogues, ainsi que de plus en plus de

dépendance au jeu. Finalement, les clientèles sont aussi de plus en plus âgées.

L’instabilité économique et de l’emploi contribuent à rehausser le nombre de

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personnes de 40 ou de 50 ans ou plus qui doivent se réinsérer

professionnellement.

Les conseillers notent l’importance de faire appel à des modèles d’intervention

plus globaux sur le plan des dimensions personnelles et sociales. Tels que

l’indiquent les conseillers rencontrés, il importe de prendre en compte toutes ces

problématiques n’ont pas à l’unité, mais assez souvent comme interreliées. Par

exemple, la perte d’un emploi peut activer certaines fragilités au plan de l’estime

et de la confiance en soi, ce qui ensuite peut avoir des incidences sur les relations

avec soi-même et avec les personnes de l’entourage, ce qui à nouveau peut

mener à des difficultés conjugales, parentales, sur fond de difficultés de plus en

plus importantes au plan économique. Dans certains cas, cela va également jouer

sur le plan de difficultés personnelles, telles que la faillite, la consommation

d’alcool et de drogues, de jeu, de déprime, de dépression, d’anxiété et

d’expression accrue de symptômes dysfonctionnels au plan psychologique.

L’ensemble des éléments composant de telles problématiques pourrait être

changé dans leur ordre, de manière à illustrer que les conseillers d’orientation

doivent travailler avec une circularité de problèmes débordant la stricte

réinsertion professionnelle. C’est pourquoi il semble y exister une tension

paradoxale entre une demande pour des services d’orientation de plus en plus

courts dans leur durée et la nécessité de travailler avec des problématiques de

plus en plus complexes. De l’avis des conseillers rencontrés, il faut que les

services d’accompagnent puissent se permettre de dépasser le cadre classique de

trois à quatre rencontres prévu pour des personnes plus stables et plus aptes à

intégrer un emploi ou de poursuivre une formation. Donc, autant il est jugé

souhaitable d’envisager des interventions à plus long terme, autant il est jugé

important de devoir rencontrer certains clients sur la base de deux rencontres ou

plus par semaine, du moins à quelques périodes. L’enjeu de l’orientation en

employabilité n’est ainsi pas tant la capacité de prendre une décision ou de faire

un choix, mais de développer la capacité de mobilisation de la personne.

Les compétences recherchées

Les conseillers rencontrés laissent clairement comprendre qu’avant d’intervenir

auprès d’une autre personne, le conseiller d’orientation doit pouvoir être outillé

pour bien intervenir auprès de lui-même. Ainsi, la connaissance de soi constitue

la compétence la plus importante selon eux parmi toutes celles que devrait

posséder un finissant de deuxième cycle ou un jeune conseiller d’orientation. Il ne

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s’agit pas ici de se connaître au plan de ses intérêts, de ses valeurs ou de ses

aptitudes, mais de pouvoir gérer son propre fonctionnement psychologique. À

cet égard, il peut s’agir de pouvoir contrôler son impulsivité en situation de

confrontation ou de critiques dirigées vers l’intervenant ou encore d’asseoir un

jugement professionnel pouvant départager ses croyances, ses préjugés ou ses

propres valeurs lorsque vient le temps d’évaluer la situation d’autrui. Cela

renvoie ici à l’importance de l’ouverture de soi, la capacité de pouvoir demeurer

empathique face à la situation de l’autre, à pouvoir clairement reconnaître ce qui

nous appartient de ce qui plus objectivement se joue dans la situation du client.

En lien avec cette connaissance de soi « appliquée », les conseillers rencontrés

nomment également l’importance de bien doser son investissement personnel,

soit de pouvoir autant s’engager personnellement dans une relation d’aide

empathique, mais également de pouvoir éviter l’enlisement ou l’épuisement dans

des problématiques mal évaluées et gérées. « Il faut de l’équilibre personnel et de

la solidité entre les deux oreilles » nommera l’une des conseillères d’orientation

rencontrées. En plus de se connaître, les professionnels rencontrés nomment

l’importance de pouvoir s’affirmer avec confiance et conviction face aux clients,

aux collègues, ainsi qu’à d’autres intervenants. C’est donc une question selon eux

d’être capable d’affirmer ses propres besoins et ses propres sentiments aux

clients ou à d’autres, de se maintenir dans une attitude authentique et

empathique, ainsi que de reconnaître et s’assumer son expertise, soit autant

reconnaître ses limites, que de réellement se positionner comme professionnel.

Pour eux, l’engagement personnel requis dans un processus d’orientation repose

sur la capacité de s’engager, de s’impliquer, de s’affirmer, de confronter et de ses

confronter soi-même dans tous les aspects de sa vie personnelle et

professionnelle. Critique et autonome, le conseiller d’orientation s’avère ainsi être

un praticien réflexif et rigoureux.

L’orientation est une relation d’aide où l’on communiquer oralement, mais aussi

de manière écrite. À cet égard, les conseillers rencontrés notent l’importance de

posséder des compétences en matière de rédaction. Tant dans leurs rapports que

dans leurs courriels, ils doivent être conscients de l’image qu’ils projettent de leur

professionnalisme par la qualité de leur écrit, de la précision de leur vocabulaire,

de leur capacité à synthétiser une panoplie d’informations sur la personne sous

une forme claire et concise. Les personnes rencontrées nomment également

l’importance d’être stratégique lorsque l’on communique, soit de penser aux

objectifs et aux impacts de ses communications. En termes de connaissances et

de maîtrise de conceptions et de théories, les conseillers d’orientation doivent

intégrer les théories du counseling, du développement de carrière et du

développement humain à leurs pratiques. Les personnes rencontrées nomment

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également l’importance de pouvoir se doter de connaissances plus étendues et

plus pratiques en matière du fonctionnement psychologique de la personne,

notamment en ce qui concerne des enjeux de blocage, de pathologies et de

mécanismes de défense. Enfin, une bonne connaissance des programmes

d’études et des mesures gouvernementales pour les personnes immigrantes,

faiblement scolarisées ou à la recherche d’emploi est souhaitable.

Les forces et les faiblesses des nouveaux

En ce qui concerne les stagiaires de deuxième cycle ou les nouveaux conseillers

d’orientation qui débutent leur pratique professionnelle en employabilité, les

professionnels nomment la maîtrise de compétences relationnelles de base et

spécifiques, mais non avancées, tels que les reflets, les questions ouvertes et les

résumés. Ils observent également de bonnes connaissances au plan théorique,

ainsi que des outils psychométriques et des informations scolaires et

professionnelles. Ces stagiaires et nouveaux c.o. sont vus comme motivés,

ouverts à apprendre, impliqués auprès des collègues, désireux de découvrir de

nouvelles approches et de prendre des risques en intervention.

Sur le plan des limites, il est relevé que bien qu’ils puissent facilement écouter le

client et explorer différents aspects de sa personnalité, il s’avère difficile pour ces

stagiaires et nouveaux professionnels de réussir à mobiliser leur client sur la base

d’une compréhension approfondie de leur dynamique et de leur fonctionnement

psychologique. Une autre dimension notée relève en quelque sorte de la

présence d’angles morts chez ces derniers. Il est question, par exemple, d’un

certain manque d’ouverture d’esprit, voir d’évitement ou de malfaisance à faire

face à des situations émotionnelles plus difficiles. Il est aussi question de

compréhension empathique, soit de remettre en question l’existence d’une

logique universelle, objective, au profit de réalités subjectives propres au client.

Des difficultés sont aussi observées au niveau de l’autocritique, soit de la capacité

à bien évaluer, la qualité et la portée de ses interventions. Enfin, puisqu’ils sont

souvent à la recherche de « recettes » quant à la manière de procéder avec leurs

clients, ils en arrivent à manifester une vision parfois « technique » et « irréaliste »

de l’orientation sur le terrain.

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Les suggestions qu’ils nous adressent …

Les professionnels de l’employabilité rencontrés nous font part de

transformations importantes au plan des clientèles et des problématiques

rencontrées. À ce propos, leur première suggestion porte sur l’importance

d’approfondir davantage au-travers des cours certaines problématiques telles

que les suivantes : transition, indécision, démotivation, anxiété et stress,

engagement, décrochage, procrastination, organisation financière. Selon eux, il

serait avantageux que les sortants de la maîtrise puissent avoir pu déjà

approfondir les réalités de la pratique en employabilité (ex. : précarité, chômage,

dépendance étatique) et certains comportements relatifs aux clients en situation

d’orientation telle que la démotivation, le manque de réalisme, la difficulté à se

projeter, le sens du travail et l’engagement envers soi-même.

Le rôle de l’université est de former des professionnels réflexifs, c'est-à-dire qui

possèdent les outils pour élever leur sens critique et pouvoir affirmer leur identité

professionnelle. Selon les personnes rencontrées, l’évaluation actuelle des savoirs

porte surtout sur des connaissances, alors qu’elle devrait plutôt porter sur des

compétences développées, mobilisées et confrontées. La confrontation au milieu

du travail demeure, selon eux, la clé d’apprentissages efficaces. Ils invitent les

responsables de la formation universitaire à considérer chaque milieu de pratique

comme porteur d’une expertise auquel les étudiants gagneraient à acquérir et à

s’adapter. Concrètement, ils proposent davantage de stages, notamment

l’inclusion d’un stage de mi-formation à la maîtrise.

De plus, un effort accru doit être mis afin de miser autant sur le développent

personnel que professionnel des étudiants. Des mesures doivent être mises en

place pour amener ces derniers à se confronter à eux-mêmes au-travers de

relations avec d’autres, qu’il s’agisse de collègues d’études ou de client. Pour

l’instant, il y a dans la formation trop de cas fictifs nécessitant des extrapolations

de l’étudiant plutôt que des applications pratiques directes. Une absence de

soutien et d’encadrement est également remarquée. Toujours de l’avis de ces

professionnels, les étudiants sont souvent confrontés à l’essai de comportements

professionnels impliquant de fortes retombées affectives. Toutefois, une fois que

le professeur ou le chargé de cours leur fait vivre ces expériences, personne ne

semble là par la suite pour aider la personne à se ramasser au plan émotif.

Ce dernier point ouvre sur une autre catégorie de suggestions proposées, soit

celle relative à l’encadrement des étudiants au cours de leur formation. Ils invitent

le milieu universitaire à envisager une méthode de type « tutorat » où les

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étudiants seraient rencontrés à l’occasion, tout au long de leurs études de

maîtrise, par un professeur attitré à eux, avec qui il pourraient parler de ses

études. Dans le même ordre d’idée, la création d’occasions accrues de

supervision, de mentorat et de coaching individuel par des professionnels

permettrait des rétroactions claires, précises et pertinentes sur leurs

apprentissages développés et à développer. De manière à concilier formation et

pratique, des occasions accrues de dialogue entre professeurs d’université et

intervenants des milieux de pratiques sont souhaitées. À l’instar de la démarche

de cette enquête auprès des milieux, les intervenants rencontrés y voient des

occasions potentielles pour le développement de partenariat en recherche, de

même que d’échanges d’offres de formation continue d’une part et d’autre :

conférence de praticiens donnés en classe, présentations de professeurs aux

praticiens au niveau des nouvelles approches en orientation, offre mutuelle de

formation continue et de ressourcement professionnel.

La capacité de rédaction des étudiants et des nouveaux conseillers est remarquée

au plan des points à développer et des suggestions sont amenées à cet égard par

les praticiens. La formation universitaire devrait, selon eux, mieux outiller les

étudiants à la rédaction et à la recherche documentaire pour qu’ils puissent ainsi

intégrer la pratique en étant plus habiletés à rédiger des rapports d’évaluation,

faire de la rédaction de projets, produire des notes évolutives, communiquer au

plan interprofessionnel. Le travail devrait plus précisément porter sur le

vocabulaire, la syntaxe, la composition, ainsi que des exercices de synthèse.

La psychométrie figure également parmi les recommandations fournies par les

praticiens rencontrés. Compte tenu de la durée de la formation, il serait

important selon eux de couvrir prioritairement les instruments les plus utilisés

actuellement et de s’ouvrir à ceux qui arrivent sur le marché. Le jugement

professionnel des futurs conseillers d’orientation devrait également être

développé par des exercices de croisement de tests entre eux de manière à mieux

saisir ceux pouvant être utilisés en complémentarité ou le mieux adapté à

certaines situations problématiques. Enfin, il est important pour eux de maintenir

le développement d’un jugement critique au plan du choix des instruments en

regard d’une situation d’intervention donnée : valeur, efficacité, limites, analyse

critique.

En ce qui à trait aux exigences universitaires au plan de la formation à la

recherche, les praticiens sont d’avis qu’il y aurait intérêt de s’assurer de rendre

celle-ci intéressante pour l’avancement des compétences pratiques de l’étudiant.

Selon leur expérience, les étudiants sont souvent perdus quant au choix d’un

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sujet de rapport d’activités dirigées, mais aussi sur l’ampleur et l’investissement

requis pour un tel travail. Le choix d’un directeur n’est également pas aisé. Ils

relèvent aussi l’impression qu’il apparaît passablement difficile pour un étudiant

de choisir un projet de recherche bien à lui, car en s’éloignant des intérêts de

recherche du professeur, ceux-ci pourraient alors ne pas vouloir les encadrer. Afin

d’éviter le phénomène de choix « par défaut » d’un projet et d’un directeur de la

quête d’un sujet permettant à l’étudiant d’approfondir des compétences

pratiques en vue de mieux le préparer à sa carrière d’intervenant. À ce propos, il

est fait mention de la recherche-action en milieu de travail comme source

d’approfondissement des connaissances et de développement de projets

pratiques. Enfin, les conseillers rencontrés jugent que le baccalauréat est trop

multidisciplinaire. Il ne permettrait pas aux étudiants d’approfondir leurs intérêts

pouvant les guider à poursuivre des études supérieures et à se spécialiser sur le

plan de la pratique.

Le cas de l’orientation en réadaptation

professionnelle

Les informations rapportées dans cette section proviennent de quatre conseillers

d’orientation et d’un finissant-stagiaire de deuxième cycle en orientation.

Le travail et ses défis

Travailler en réadaptation professionnelle implique de travailler surtout sur

l’adaptation (ou la réadaptation) au travail d’une personne que sur son

orientation à proprement dite. En plus de travailler auprès de personnes

présentant une déficience physique, neurologique, sensorielle, auditive,

intellectuelle ou psychique, les professionnels rencontrés soutiennent que

chacune présente sa propre réalité subjective, ses propres enjeux

d’accompagnement. Ainsi, un même diagnostic médical peut non seulement

comporter différentes limitations physiques, mais aussi différents enjeux

psychologiques rattachés. À cela s’ajoute l’accompagnement en gestion de deuils

dans le cas d’accidents ou de déclenchement récent de troubles ou de difficultés.

L’orientation en réadaptation professionnelle comporte une dimension médicale

du travail. Les conseillers d’orientation doivent composer avec un diagnostic

médical provenant de différents spécialistes de la santé physique et

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psychologique. Pour se faire, ils doivent connaître et intégrer continuellement et

rapidement des connaissances en matière de santé mentale et physique

(déficience intellectuelle, motrice, sensorielle). Ils doivent également saisir les

filtres subjectifs et pathologiques lorsqu’ils sont en relation avec leurs clients, tout

comme ils doivent pouvoir déceler et gérer rapidement certains symptômes

émanent en cours de processus.

Les conseillers d’orientation en réadaptation professionnels travaillent également

en partenariat avec des agents d’aide socioéconomique d’Emploi Québec,

lesquels sont à la source des références de clientèles, que du droit de regard et

d’acceptation d’un projet professionnel impliquant une mesure d’aide

gouvernementale. Par conséquent, ils doivent parfois faire usage de stratégies de

communication pour faire valoir leurs résultats. Enfin, les professionnels

rencontrés travaillent dans plus d’un point de service. Ils n’ont souvent pas de

bureau fixe, attitré.

Les compétences recherchées

En raison de la nature spécifique et spécialisée du travail de conseiller

d’orientation en réadaptation professionnelle, certaines capacités d’adaptation

aux individus et au contexte de travail sont essentielles. Tout d’abord, les

conseillers d’orientation rencontrés rapportent l’importance de pouvoir réaliser

une « lecture rapide du client », soit de pouvoir rapidement déceler ses forces,

ses faiblesses, sa dynamique et ses traits de personnalité particuliers de manière à

procéder à bien saisir sa situation, à déterminer les stratégies d’intervention et les

outils d’évaluation qui convient, ainsi qu’à adapter sa communication. En autre, il

doit savoir faire preuve de synthèse et de concision lors de la rédaction de

rapports, tout comme il doit parfois maîtriser la langue afin de pouvoir « vendre »

les atouts de ses clients.

Le contexte de travail des conseillers d’orientation en réadaptation

professionnelle implique souvent des enjeux financiers et légaux. Cela fait en

sorte que leur conclusion de rapports d’orientation peut être sujette à des

controverses, des désaccords et parfois même à des convocations au tribunal

administratif chargé de telles questions. Par conséquent, ils doivent organiser et

mener leur travail de manière consciencieuse et rigoureuse, en toute conscience

de leurs responsabilités. Ils doivent également être capables de manifester une

affirmation de soi professionnelle : assumer ses actes, pouvoir affirmer un

diagnostic sans tergiverser, défendre son approche et ses interventions, pouvoir

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communiquer des résultats, même négatifs, à un client sans crainte des

sentiments que l’on peut être alors appelés à gérer. Autrement dit, il doit pouvoir

assumer un rôle d’expert, de professionnel, se comporter rapidement en senior.

Malgré tout, il doit pouvoir garder et savoir exprimer son humour, de manière à

pouvoir dédramatiser et enlever la pression de son travail.

Tout en possédant des connaissances propres aux réalités subjectives propres

aux situations individuelles qu’il peut rencontrer, le conseiller d’orientation en

réadaptation professionnelle doit se montrer ouvert aux différences et aux

changements, assumer une attitude de non-jugement, ainsi que de ne pas

craindre situations inconnues. En fait, sa curiosité devrait le motiver et l’amener à

s’intéresser à chaque personne d’une manière unique. En raison de facteurs et

d’enjeux médicaux, dont le rôle des médicaments qu’il doit connaître, le

conseiller d’orientation en réadaptation est certes l’un des plus « investigateurs »

selon la typologie de Holland. Pour développer de solides connaissances,

notamment en santé mentale, il doit manifester une certaine aisance à apprendre,

à s’intéresser autant aux connaissances de la psychologie que de la biologie

humaine, car doit savoir lire des dossiers médicaux à propos de ses clients.

Les forces et les faiblesses des nouveaux

Les cinq conseillers rencontrés considèrent tout d’abord que tant les finissants de

deuxième cycle que les nouveaux conseillers d’orientation qui insèrent leur milieu

sont généralement conscients des problématiques propres au milieu de la santé

mentale et physique. Leurs compétences théoriques et leurs expériences de vie

personnelle et professionnelle antérieures s’avèrent des atouts d’intégration

importants. Les diplômés et les nouveaux professionnels de l’orientation se

voient de plus reconnaître un enthousiasme, une motivation, une ouverture

d’esprit et une capacité d’autonomie leur permettant de faire face aux défis et

aux apprentissages. Enfin, on reconnaît d’eux l’importance qu’ils accordent à des

enjeux d’ordre éthique et à leurs connaissances déontologiques.

Certaines faiblesses sont toutefois rapportées à leur égard en ce qui à trait

notamment à leurs craintes et à leur doute sur eux-mêmes lorsqu’ils sont mis en

contact avec des situations et des clientèles nouvelles et inconnues. Cette fragilité

au plan de la confiance en soi pourrait s’associer, selon les c.o. du milieu

rencontré, au faible nombre d’heures de pratique précédant leur entrée en

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emploi. Une dernière faiblesse relevée est leur difficulté à gérer des situations

d’impasses décisionnelles et relationnelles avec leurs clients.

Les suggestions qu’ils nous adressent …

« De la pratique, de la pratique, de la pratique ! », voilà ce qui vient initialement

en tête des c.o. de ce milieu de réadaptation professionnelle lorsque vient le

temps de suggérer des voies de développement possible de la formation en

carriérologie. Plus spécifiquement, la discussion fait ressortir, entre autres,

l’importance d’expérimenter l’intervention en classe et en dehors, à favoriser des

apprentissages dynamiques et des mises en pratique. Pour eux, la maîtrise doit

être le lieu d’apprentissages expérientiels. Les cours de counseling doivent

favoriser l’acquisition de modèles et des cadres concrets et détaillés

d’intervention « en orientation », que ce soit par des études de cas, le

développement d’un cadre théorique ou conceptuel personnel à ses

interventions ou encore à l’exploration de différents milieux de travail. La maîtrise

doit être un moyen pour développer une rigueur, une discipline et un

professionnalisme permettant de distinguer clairement la compétence d’un

bachelier à celle d’un titulaire d’une maîtrise. En lien à ce qui est mentionné lors

des paragraphes précédents, il faut créer des situations d’impasses relationnelles

obligeant les étudiants à vivre de telles tensions et à composer personnellement

avec celles-ci. Enfin, les milieux de pratique doivent participer activement au

développement de la qualité de la formation, ainsi que de la supervision

d’étudiants en contexte de réalisation de processus d’orientation complets au

sein d’un service d’orientation.

En ce qui concerne les professeurs et les chargés de cours, il leur est fortement

recommandé d’apprendre à se mouiller davantage en situation de formation

pratique. Les c.o. rencontrés nomment l’importance de pouvoir apprendre du

modelage d’interventions de professeurs et de chargés de cours réalisés devant

eux et non seulement de proposer des occasions d’apprentissages par les pairs.

Ces derniers doivent également manifester un souffle de dynamisme contagieux,

que ce soit par leur implication et leur intérêt dans le domaine de l’orientation, au

sein du programme d’études, au-travers de la communauté étudiante, ainsi que

par le fait de parler de leurs travaux de recherche. Au niveau de la recherche, les

conseillers d’orientations rencontrées proposent de trouver des moyens de

rendre les travaux d’essais « plus pratiques », que ce soit en l’intégrant au stage

de manière à ce que la problématique débute le premier jour de stage (ex. : quel

est le problème dans ce milieu, cette clientèle, etc. ?) ou en donnant plus de sens

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aux connaissances scientifiques par des rétroactions directes et des liens avec

l’exercice de la pratique. Également, il serait avantageux de définir le cadre de

l’essai : nombre de pages, contenu, etc. Enfin, puisque la psychométrie occupe

une place importante dans le secteur de la réadaptation professionnelle, il serait

souhaitable que la formation de maîtrise en carriérologie puisse toucher un

éventail de tests adapté aux différentes possibilités de clientèles (ex. :

connaissance et application du WAIS, NEO, EG, ABAS, Hooper, Raven, JVIS). De

plus, l’accent doit davantage être mis sur l’interprétation des tests et de mises en

situation portant sur des interprétations de résultats de tests « pas l’fun » pour le

client, de manière à amener l’étudiant à assumer sa position, à développer ses

habiletés à utiliser les bons mots.

En terminant, les conseillers d’orientation en réadaptation professionnelle jugent

important de maintenir une offre de cours de soir de manière à favoriser la

participation de professionnels en emploi. Ils souhaiteraient toutefois de

considérer la mise en place d’un tronc commun de formation plus restreint de

manière à permettre ensuite à chaque étudiant de choisir un type d’intervention

ou de clientèle cible qui sera davantage approfondie en fonction des intérêts de

chacun (clientèle jeune ou femme non traditionnelle ou 40 ans et +, etc.)

Le cas de l’orientation au secondaire

Les informations rapportées dans cette section proviennent de seize conseillers

d’orientation et d’une conseillère en formation.

Le travail et ses défis

Travailler en orientation à l’ordre d’enseignement secondaire implique, hormis

l’éducation aux adultes, de travailler avec une clientèle d’adolescents. Tel que le

soulignent les professionnels rencontrés, les élèves se connaissent peu à cet âge

et ils n’ont pas fait beaucoup jusque-là d’expérimentation du monde du travail.

C'est pourquoi ces jeunes présentent souvent de sérieuses difficultés à se

projeter dans l’avenir, dans un emploi. Leurs idéaux sont souvent élevés, voir

erronées par rapport aux réalités du marché du travail (ex : salaire de

40 000$/annuel = insuffisant), sinon stéréotypés sur le plan des professions

envisagées (médecin, avocat, psychologue). De l’avis de la majorité des

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conseillers d’orientation de ce milieu, la connaissance de soi et des études des

jeunes au secondaire est de plus en plus faible. Depuis la disparition du cours

d’éducation au choix de carrière, les informations relatives à l’admission au

cégep, aux programmes d’études, aux contingentements, ainsi que sur les

professions sont plus difficilement rendues. Depuis l’élimination de ce cours du

curriculum, les élèves arrivent, selon eux, à la fin de leurs études avec un gros

manque de connaissances de soi et des possibilités de carrières accessibles. Il est

question depuis d’approche orientante (AO) et de projet personnel d’orientation

(PPO), mais cela leur semble insuffisant pour bien préparé les jeunes vers des

choix post secondaires éclairés.

Le contexte de travail des conseillers d’orientation au secondaire engendre

également des particularités au niveau de leurs tâches et de leurs responsabilités.

Tout d’abord, ils travaillent dans une institution sociale, celle de l’éducation. Ils

doivent donc prendre connaissance et gérer tous les changements découlant de

décisions ministérielles comme c’est actuellement le cas avec le renouveau

pédagogique. Plus concrètement, cela implique d’abord de gérer la confusion

générale des élèves, des parents, voire même de collègues par rapport aux

changements apportés au niveau de préalables, de modalités d’évaluation des

apprentissages, etc. Les conseillers d’orientation du secondaire travaillent bien

plus souvent en groupe, en comité ou encore sur des fonctions d’encadrement

administratif qu’en rencontre de counseling individuel. Ils réalisent des suivis au

sein de différentes activités pédagogiques de l’institution, ils procèdent à des

rencontres massives d’élèves lors des périodes de choix de cours, ils gèrent et

organisent des quantités importantes d’informations sur les établissements

collégiaux et universitaires, ainsi qu’ils doivent s’occuper de tâches d’inscription

et de classement des élèves, tout en maintenant des liens de travail avec les

enseignants et les membres de la direction. Enfin, un aveu de l’ensemble des

professionnels participant à l’enquête est qu’ils manquent de temps pour faire

tout ce qu’ils aimeraient faire. Également, nombre d’entre eux doivent offrir leurs

services dans plus d’une institution afin de compléter un horaire à temps plein. La

gestion de temps, mais aussi de stress est importante.

Enfin, l’une des particularités de l’orientation auprès d’élèves du secondaire est

que leurs parents jouent généralement un rôle omniprésent dans leur vie scolaire

et personnelle. Au quotidien, cela amène les conseillers d’orientation à tenir

compte du rôle d’influence des parents sur le choix des élèves. C’est entre autre

le cas où le parent souhaite voir son enfant poursuivre des études universitaires,

puisqu’il en a les capacités, alors que ses intérêts le guide davantage vers une

formation technique au collégial ou une formation professionnelle. En raison de

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la réalité pluriethnique qui prévaut sur l’Île de Montréal et de plus en plus partout

ailleurs au Québec, il faut tenir compte de l’influence à la fois culturelle et

parentale. Les conseillers rencontrés observent notamment la pression familiale

portée par le jeune immigrant à ce dont il poursuive des études supérieures

pouvant faire honneur à la famille proche et éloignée. En regard du dogme d’un

choix professionnel éclairé passant par l’actualisation de soi, le réalisme veut plus

souvent d’accompagner ces jeunes à naviguer entre leur idéal (ou du moins, celui

des parents) et les obstacles vécus dans la réalité (ex : échec en math). De l’avis

de plusieurs des professionnels présents, c’est souvent tenter de trouver des

solutions miracles que d’identifier un cheminement intéressant et réaliste avec un

élève qui, il ne faut pas l’oublier, est dans une période de changement et de

bouleversement importants au plan identitaire.

En somme, les conseillers du secondaire rencontrés se disent constamment

amenés à concevoir autrement l’orientation. Leur rôle au sein de la mission

éducative, leurs fonctions au sein de l’institution, les tâches de relais

d’information desquels ils sont responsables, ainsi qu’un accroissement de

situations d’élèves dits « à risques » (troubles d’apprentissage; déficit d’attention)

ou influencés par des facteurs culturels parfois divergents fait en sorte qu’ils

cherchent tous les moyens possibles afin de mobiliser les jeunes au regard de

leur présent et de leur avenir.

Les compétences recherchées

En regard des réalités présentées précédemment, les compétences recherchées

porteront grandement sur des habiletés de communication interpersonnelle et

d’énergie personnelle. Tout d’abord, en raison de la nature éducative de leur

fonction, ils doivent posséder de solides connaissances au plan de l’information

scolaire et professionnelle : programmes d’études, professions, sanctions,

exigences, préalables, technologies. Ensuite, ils doivent être des communicateurs

pertinents et crédibles. Tout d’abord, il doit être facile pour eux de créer des liens

avec les élèves et savoir comment déclencher chez eux la préoccupation et la

réflexion personnelle à l’égard de leur avenir. Au-delà des mots, ils doivent savoir

trouver des façons créatives (et parfois très spontanées) de les impliquer sans leur

en mettre trop sur les épaules. Ils doivent également savoir communiquer avec

les parents des élèves en tenant compte de la réalité de ceux-ci, de leurs parcours

personnel et migratoire, des valeurs et des rêves qu’ils portent pour leurs enfants.

Toutefois, en gardant à l’esprit qu’ils participent au développement intégral de

l’élève, ils doivent savoir rassurer et expliquer la notion de choix éclairée pour le

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jeune qui s’oriente. Sans être une exigence formelle, il peut être bienvenu de

posséder la connaissance d’une deuxième langue, voire d’une troisième, de

manière à mieux communiquer, mais également à favoriser l’ouverture sur la

culture de l’autre. Enfin, la communication doit également savoir s’opérer auprès

de collègues. Afin de fournir une place relativement importante à l’orientation à

l’ordre d’enseignement secondaire, les conseillers d’orientation doivent savoir se

montrer dynamique, vif d’esprit, autonome, débrouillard et pouvant s’adapter à

des situations et à des individus de toutes sortes. Ils doivent également posséder

des talents d’organisateur pour des événements spéciaux ou tout simplement

pour le maintien d’un centre d’information scolaire et professionnelle.

Finalement, compte tenu de nouvelles problématiques émergentes telles que les

difficultés d’apprentissage, les déficits d’attention et d’hyperactivité, ainsi que

d’autres troubles de la personnalité qui se manifestent souvent à l’âge des études

secondaires, le conseiller doit apprendre à se former lui-même à différentes

connaissances d’ordre psychologiques de manière à pouvoir accompagner, sinon

référer de manière efficace.

Les forces et les faiblesses des nouveaux

Parmi les principales forces relevées à l’égard des stagiaires de deuxième cycle et

des conseillers d’orientation récemment diplômés, les participants de l’enquête

relèvent les suivantes : créativité dans l’élaboration d’activité de groupe, capacité

d’écoute en contexte de relation d’aide, débrouillardise et adaptation au

changement, curiosité. Du coté des points à améliorer se retrouvent des

dimensions plus techniques, à savoir le manque de renseignements sur la récente

réforme de l’éducation (les parcours, séquences), sur l’approche orientante, sur

les nouvelles modalités d’exigences pour la diplomation, ainsi que sur

changements relatifs aux admissions dans le réseau d’enseignement collégial.

Les suggestions qu’ils nous adressent …

Compte tenu des propos rapportés lors des paragraphes suivants, il n’est pas

surprenant de constater que les premières suggestions rapportées par les

participants relèvent de l’importance d’une meilleure connaissance au système

éducatif. Pour eux, il importe que les universités puissent former les étudiants

universitaires en tenant compte du cadre hautement éducatif et institutionnel du

travail de conseiller d’orientation en scolaire. Cela implique non seulement des

connaissances spécifiques à la relation d’aide selon eux, mais également en au

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niveau plus spécifique du système éducatif, sur la manière de procéder à des

tâches de classement d’étudiants, d’évaluation de parcours scolaire, d’analyse du

rôle des conseillers d’orientation dans le système éducatif québécois. Également,

un appel aux universités est fait en ce qui à trait à l’importante de tenir compte

de la pluralité de tâches auxquelles ces conseillers d’orientation sont confrontés

quotidiennement. Pour eux, il apparaît plus pertinent de former les étudiants

universitaires à pouvoir mener des processus courts d’orientation que de

continuer à se former pour de longs processus qu’ils ne pourront jamais faire

dans les conditions actuelles du système éducatif. En ce sens, les futurs

conseillers d’orientation devraient être mieux formés pour assumer des

interventions et des animations de groupes, car c’est ainsi qu’il pourra rejoindre

le plus d’étudiants et passer le plus de temps auprès d’eux. De plus, la

communication auprès de groupes implique l’aisance à parler devant un groupe,

d’administrer des passations collectives d’outils psychométriques, de concevoir

des programmes d’information et d’éducation qui soient innovateurs et efficaces

rapidement.

Les universités et les milieux de pratiques au secondaire sont appelés à plus de

collaboration et de partenariat afin de construire des contenus de formations

plus adaptées aux réalités de ces derniers. En plus des éléments rapportés au

paragraphe précédent, il est également suggérer d’offrir d’une part des cours

portant sur certaines difficultés rencontrées de plus en plus chez les jeunes

(difficultés d’apprentissage, réalités personnelles et sociales des immigrants,

troubles de santé mentale), que sur des connaissances théoriques de base se

rapportant aux autres expertises de leur milieu (enseignement, psychoéducation,

travail social).

La formation doit être plus pratique de manière à rendre plus adaptable

l’information scolaire et professionnelle, ainsi que les autres fonctions

quotidiennes du conseiller d’orientation : conseil en information personnalisé,

classement d’élèves, analyse de dossiers et résolutions de problèmes scolaires

techniques (ex. : organisation d’une séquence de cours versus objectif de l’élève).

Également, les participants relèvent l’importance d’accroître la présence de stages

en milieu scolaire. De leur avis, il faut permettre aux élèves de faire rapidement

des stages d’observation, ainsi que de poursuivre des stages pratiques moins

longs en durée, mais plus fréquents (ex. : une journée fois aux deux semaines).

Enfin, les universités sont appelées à solliciter davantage les conseillers

d’orientation du milieu scolaire afin de les tenir informés, ainsi que leurs

étudiants, des nouveaux changements et de nouvelles informations pertinentes à

leur enseignement ou apprentissage.

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Le cas l’orientation à l’université

Les informations rapportées dans cette section proviennent de sept conseillers

d’orientation et d’une psychologue.

Le travail et ses défis

La clientèle universitaire est, de l’avis des participants, de plus en plus diversifié.

La majorité d’entre elle se compose de jeunes adultes vivant de sérieuses remises

en question relativement à leurs capacités, leur motivation et leur déception suite

à la réalisation d’études universitaires non concluantes au plan des intérêts ou en

situation d’indécision face à l’idée de poursuivre des études supérieures. Il existe

également chez ces jeunes adultes une forte confusion au plan de la distinction

des concepts d’intérêts et d’aptitudes lorsque vient le temps de se positionner

face à des options de choix d’études et de carrière. Au-delà de la stricte

dimension de choix scolaire et professionnel, les personnes rencontrées

mentionnent que l’aide à l’adaptation aux études universitaires et le maintien de

ces derniers dans leurs programmes par la suite constituent des enjeux

importants au niveau de la pratique du counseling de carrière dans ce milieu. La

mise en place de stratégies d’adaptation scolaire et professionnelle joue ainsi un

rôle important, notamment en ce qui a trait à l’aide à la gestion de déception et

de deuil, ainsi que de difficultés psychologiques concomitantes. En fait, il semble

ici être beaucoup plus question de « ré » orientation que d’orientation. Étant

donné que ces professionnels travaillent avec des gens qui ont déjà fait un choix

(même s’il n’était pas toujours éclairé au départ), il est courant de réaliser d’abord

un bilan de compétences auprès des clients, de procéder à un désamorçage des

émotions associées à la décision d’abandonner ses études ou à celles associées à

l’effort pénible de les poursuivre. Un travail de reprise de contact avec la réalité

est alors mis en place. Enfin, l’orientation en milieu universitaire auprès de

sortants des études collégiales consiste également à aider ces personnes à

devenir adulte, donc à mieux se connaître, à mieux saisir le monde dans lequel ils

évoluent, ainsi que de développer des stratégies d’adaptation en conséquence.

En plus de desservir une clientèle étudiante composée de jeunes adultes ayant

réalisé la majeure partie de leurs études au Québec, les services d’orientation en

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milieu universitaire rencontrent également les étudiants d'autres provinces et

surtout d'autres pays et continents. Ce que l’on nomme la clientèle internationale

présente ses propres enjeux spécifiques d’orientation scolaire et professionnelle.

Tout d’abord, une proportion importante de cette clientèle se compose

d’individus qui exerçaient à titre de professionnels avant de venir étudier au

Québec. De plus, en raison de l’imbroglio qui existe en matière d’immigration de

la terre d’origine à la terre d’accueil, plusieurs de ces étudiants arrivent souvent

en conseil d’orientation avec des rêves d’avenir professionnel non réalistes,

portés la plupart du temps par l’attribution d’un rôle ou d’une mission,

hautement anxiogène, de réussite familiale, pouvant rejaillir sur toute la famille

d’origine proche et étendue. Enfin, au-delà de la clientèle des jeunes adultes et

des étudiants étrangers, les services d’orientation en milieu universitaire sont

également offerts à des étudiants plus âgés, réalisant un retour aux études à

temps plein ou faisant des études universitaires à temps partiel. Ces étudiants ont

des attentes et des espoirs personnels qu’ils doivent combiner avec leurs

responsabilités conjugales, parentales et financières. Il y a aussi la clientèle

externe qui fréquente les services d’orientation, soit celle d’individus qui sont

prêts à payer le « plein prix » de consultation, dont les motifs de consultation

sont aussi variés que ceux que l’on retrouve en cabinet de pratique privée.

Depuis trois ou quatre ans, un phénomène surprenant et préoccupant prend de

plus en plus de place, soit celui du rôle des parents par rapport à l’orientation de

leurs jeunes. Chaque année, les professionnels sont couramment confrontés à

tenir compte de la présence de parents qui vont, entre autres, s’occuper d’initier

la prise de rendez-vous et le suivi de ceux-ci, mais qui de plus en plus vont

demander à être informés de l’évolution du processus de leur enfant ou encore

pouvoir être présents lors des rencontres. Les professionnels doivent donc être

au clair au plan déontologique et éthique en regard de ces demandes, tout en

demeurant à l’écoute de ces parents qui, en soit, joue un rôle au sein du

processus d’orientation et de la vie des jeunes. Aussi, il importe ici de tenir

compte que le rôle du parent dans la prise de décision pour les enfants varie

d’une culture à une autre.

À l’instar des autres milieux de pratique, les professionnels de l’orientation en

milieu universitaire notent, depuis quelques années, l’émergence de clientèles de

plus en plus aux prises avec des problèmes de déficit d’attention et

d’hyperactivité, ainsi que de troubles de personnalité associés plus

particulièrement à un haut fonctionnement au plan scolaire. Il devient alors

impératif pour ces professionnels de devoir non seulement s’informer, mais

également se former pour mieux s’adapter aux enjeux propres à ces clientèles.

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Les compétences recherchées

Pour le groupe de personnes rencontrées, les finissants d’études supérieures en

counseling de carrière et les nouveaux conseillers d’orientation qui souhaitent

œuvrer en milieu universitaire doivent faire preuve de maturité professionnelle.

Cette maturité relève tout d’abord d’une connaissance de soi pouvant s’appuyer

sur la reconnaissance de ses propres limites en contexte de relation d’aide, la

présence d’un esprit autocritique permettant à la personne pouvoir réellement se

questionner sur elle-même, ainsi qu’une maturité plus spécifiquement affective

en termes de pouvoir accueillir et gérer ses propres émotions lorsqu’elles

émergent en situation d’intervention. Pour les personnes rencontrées, la maturité

professionnelle doit initialement reposer sur une intégration clinique implique

une certaine période de résidence en milieu de pratique. Le milieu de pratique

universitaire dont il est question ici propose à tous ces nouveaux c.o. de pratiquer

de façon continue pendant un an à raison de trois jours par semaine de manière

à se confronter à une hétérogénéité de problématiques rencontrées et au travail

sur soi qui s’accompagne à cela sur une base quotidienne. Cette période de

résidence permet également aux professionnels de l’orientation de bénéficier de

l’encadrement d’un superviseur clinique chargé d’offrir une aide personnalisée et

ponctuelle en situation d’action, de même que de pouvoir participer à des

réunions cliniques avec l’ensemble des professionnels rattachés aux services

d’orientation. L’intérêt pour un tel engagement figure parmi les principales

qualités recherchées.

Sur le plan des compétences relationnelles, il importe selon les personnes

rencontrées que les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation soient

capables d’entrer en relation avec différents types d’individus et être capable

d’empathie auprès de ces derniers. Ils doivent également comprendre

l’intentionnalité guidant leurs interventions et être capables d’une ouverture

authentique de soi auprès de l’autre. Compte tenu de la variété des clientèles et

des différents niveaux de problématiques, le finissant et le conseiller d’orientation

doivent posséder suffisamment de connaissances en psychopathologie pour bien

évaluer et reconnaître leurs limites en contexte d’intervention. En fait, le conseiller

d’orientation recherché doit pouvoir raisonner comme un professionnel et non

comme un technicien. À cet égard, il doit avoir non seulement une notion claire

de la manière de conduire un processus d’orientation, mais également pouvoir

poser une évaluation personnalisée et adaptée à chaque client de manière à ne

pas travailler à la manière d’un automate. Enfin, compte tenu du niveau de

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scolarité et de la diversité des réalités psychologiques, mais aussi

informationnelles avec lesquelles il doit composer, le conseiller d’orientation doit

faire preuve d’une grande curiosité intellectuelle et d’une culture générale

étendue.

Les forces et les faiblesses des nouveaux

Les forces et les faiblesses des finissants d’études supérieures en orientation et de

nouveaux conseillers d’orientation sont passablement décrites en filigrane au-

travers des défis, des préoccupations et des compétences recherchées

mentionnées jusqu’à présent. Au niveau des forces, les personnes rencontrées

jugent que ces étudiants et jeunes professionnels possèdent généralement une

bonne capacité à faire usage de compétences relationnelles en contexte de

counseling. Au niveau des aspects à développer davantage, il est question de

maturité professionnelle, de connaissance de soi en situation d’intervention, de

reconnaissance de ses propres limites, de maturité affective, de curiosité et de

culture générale. À cela s’ajoute le manque d’expérience au plan clinique à la

sortie des études universitaires, ainsi qu’une conception claire d’un processus

d’orientation et de la capacité de porter un jugement professionnel relatif à sa

propre évaluation d’une situation.

Les suggestions qu’ils nous adressent …

Fil conducteur de l’ensemble des propos amenés par les personnes rencontrées,

l’intégration d’une plus grande maturité professionnelle constitue la première

suggestion formulée pour le développement de futurs programmes de maîtrise

en orientation. Le moyen privilégié pour développer cette maturité

professionnelle consiste en l’intégration d’une phase de résidence au sein du

curriculum de formation. Entre autre, il est proposé l’intégration d’une période de

résidence implique une pratique continue et à temps plein, à raison de trois jours

par semaine durant un an. Celle-ci devrait prévoir la confrontation des étudiants

à une pluralité de clientèles et de problématiques, ainsi qu’à des occasions

nombreuses de supervisions et de réunions cliniques.

En termes de cours théorique, il est proposé d’intégrer un cours d’épistémologie

ou d’introduction spécifique à l’orientation professionnelle impliquant une

exposition rapide aux réalités du travail de relation d’aide propres à ce domaine.

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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La formation devrait également permettre l’élaboration d’un portfolio de ses

apprentissages sous la forme de bilan personnel, de découvertes à la réalisation

de processus d’orientation appliqué à autrui, mais également à soi-même. Ce

type de démarche pourrait, de l’avis des personnes rencontrées, se réaliser à plus

d’un moment tout au long des études, par l’attribution d’un crédit universitaire

de formation à la fois, de manière à assurer un suivi de progression et de

réflexion continues. Lors des stages d’étudiants à l’extérieur de l’université, il

pourrait être intéressant de prévoir un séminaire pour les stagiaires intégrant des

études de cas et de soi-même en situation de pratique, ainsi que l’intégration

d’éléments personnalisés d’intégration professionnelle. À propos de ces stages, il

importe que ceux-ci impliquent un développement professionnel réalisé auprès

du plus grand nombre de milieux de pratique, mais également une accréditation

plus formelle et conforme des superviseurs en milieu de stages de manière à

s’assure de la qualité de l’encadrement offert à cet égard. Enfin, il est suggéré que

les cours de psychométrie offrent plus d’applications cliniques. Plus

concrètement, il est fait mention d’un souci d’enseignement au niveau de la

manière de s’approprier un test autrement que par sa construction mécanique,

de pouvoir vérifier des hypothèses dans l’action, ainsi que d’approfondir les

questions de rédaction de rapports d’évaluation et de communication de

résultats auprès de personnes en démarche d’orientation.

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Points de convergence

Cette dernière section expose les principaux points de convergence relevée au

sein des propos de participants de tous les secteurs de pratique. Cela peut ainsi

permettre au lecteur d’avoir une perspective globale et possiblement nouvelle du

rôle contemporain des conseillers d’orientation.

Ce qu’ils nous ont dit sur le travail et ses défis …

Un profil de clientèle plus diversifié

Bien qu’un milieu puisse apparaître assez spécifique quant à la clientèle à qui il

offre des services d’orientation, la réalité est toute autre. Les problématiques

d’orientation varient au sein même de ces groupes de par l’âge, le statut

socioéconomique et les problèmes personnels et sociaux rattachés aux clientèles.

C’est entre autre le cas de la clientèle immigrante de plus en plus importante

dans tous les secteurs de pratique traités dans ce rapport.

Un besoin de qualification en santé mentale et troubles d’apprentissage

Des participants de tous les milieux ont mentionné voir, année après année, une

proportion croissante de clients aux prises avec des problèmes de santé mentale.

Les raisons de cet accroissement ne sont pas abordées explicitement par les

participants. Ce qui est toutefois clair de leur part, c’est importance de pouvoir

posséder plus de connaissances cliniques à cet effet de manière à mieux

intervenir ou recommander des personnes aux prises avec des problèmes de

dépression, d’anxiété généralisée, de troubles bipolaires, de personnalités limites,

etc. Plus particulièrement dans le milieu scolaire, mais également en

employabilité et en réadaptation professionnelle, il s’ajoute l’importance

d’aborder ces mêmes préoccupations et ces mêmes besoins par rapport aux

personnes aux prises avec des problèmes de déficit d’attention, d’hyperactivité et

de troubles d’apprentissage.

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

28

La recherche de modèles d’intervention plus globaux

Les interventions des conseillers d’orientation sont ainsi de plus en plus

diversifiées et complexes sur la seule prise en compte de l’émergence de

clientèles nouvelles et plus difficiles à aider selon les approches classiques de

l’orientation. À cela s’ajoutent également des conditions de travail en pleine

transformation. Le conseiller d’orientation ne travaille plus seul. Il doit savoir

jouer un rôle-conseil au sein de son milieu, auprès de partenaires de la

collectivité locale et institutionnelle, tout en pouvant gérer les cadres et les

réglementations imposés par des institutions et des organismes publics. C’est

pourquoi des participants de tous les milieux ont souligné avoir dû concevoir et

appliquer de nouveaux modèles d’intervention « maison » de manière à survivre

professionnellement dans un environnement de plus en plus exigeant au niveau

du temps dévolu, du cadre et des règles qui englobent l’intervention.

L’orientation comme stratégie d’adaptation aux enjeux de vie personnelle,

professionnelle et sociale

Dans plusieurs milieux, il a été question que les besoins des clientèles en

orientation professionnelle ne soient plus autant ceux de faire des choix scolaires

et professionnels ou d’élaborer des projets d’avenir, mais bien de « faire face » à

des situations de parcours de vie. À maintes reprises, il a été question de services

de « ré » orientation, d’adaptation et de réadaptation professionnelle. Ainsi, les

services de conseillers d’orientation ne semblent plus autant viser la préparation

d’une trajectoire vers un avenir porteur d’espoirs, mais plutôt le développement

de compétences personnelles par l’identification et la mise en œuvre de

stratégies permettant de cheminer au sein d’un parcours de vie quotidienne,

composé de réalités et de contraintes souvent nombreuses. C’est notamment ce

que nomment de nombreux participants lorsqu’ils soulignent que leur travail

implique le développement d’une perspective de soi et du monde plus réaliste

chez les clients, la gestion de deuils, l’accompagnement en situation de

transitions de vie scolaire et professionnelle, la prise en compte de dommages

collatéraux au plan psychologique et relationnel.

Enfin, bien qu’il ne puisse s’agir de points de convergence pour tous les secteurs

de pratique, il a été question à quelques reprises de la présence grandissante des

parents lors de la réalisation de services d’orientation auprès d’adolescents et de

jeunes adultes. À cet égard, il faut faire mention de la combinaison entre rôle de

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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parent et statut d’immigrant où ce phénomène d’implication dans la démarche

de son enfant est accentué selon des normes et des valeurs culturelles différentes

où le rôle parental peut s’avérer différent.

Ce qu’ils nous ont dit sur les compétences recherchées …

La maturité personnelle et professionnelle

Le type de compétence le plus recherché parmi les participants rencontrés porte

sur la maturité personnelle et professionnelle. Souvent rapporté en termes de

« posséder une bonne connaissance de soi », l’explicitation des propos démontre

bien qu’il s’agit non pas ici de connaître ses traits de personnalité que de savoir

composé avec soi-même et en interaction avec autrui. Pour les participants, le

conseiller d’orientation doit pouvoir d’abord se connaître et se gérer lui-même au

plan psychologique. Il doit autant pouvoir être capable d’identifier des

problématiques et d’engager des interventions adaptées chez autrui, qu’il doit

être suffisamment apte, honnête et autocritique pour le faire sur lui-même. Au

plan interpersonnel, il doit pouvoir reconnaître les émotions qui l’habitent en

situation d’intervention de manière ajustée et pertinente.

L’affirmation professionnelle

Les milieux de travail où nous avons rencontrés les participants de l’enquête

mentionnent clairement rechercher des finissants et des nouveaux conseillers

d’orientation qui puissent se positionner professionnellement en regard de ce

qu’ils posent comme intervention, tout comme il est attendu qu’ils peuvent

expliquer et défendre leurs choix auprès de clients, de collègues, de supérieurs et

de mandataires. À nouveau, cette compétence se situe à la frontière du personnel

et du professionnel puisqu’elle s’associe à la confiance en soi, à la conviction dans

ses principes et ses valeurs, dans la capacité de s’engager, de s’impliquer, de se

confronter aux autres et de se confronter soi-même.

La capacité de communiquer à différents niveaux

À plusieurs moments, mais sur des thèmes et des enjeux de pratique différents,

les participants nomment l’importance à ce que les finissants et les nouveaux

conseillers d’orientation puissent communiquer aisément avec les personnes avec

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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qui ils doivent interagir, développer des liens et convaincre de leurs idées. Au-

delà de savoir communiquer auprès de son client en contexte de relation d’aide,

il est également mentionné l’importance de pouvoir intervenir en groupe. Il

s’avère également important de pouvoir utiliser ses compétences relationnelles

pour établir des liens avec des collègues, des partenaires et tout autre acteur

avec qui il importe d’interagir pour s’affirmer et s’afficher au sein de son milieu de

travail. Cela vaut autant pour l’aspect relation d’aide du travail de professionnel

de l’orientation, que pour la capacité d’organiser des événements et de participer

à des activités d’information et de promotion de services. Tous ces contextes

peuvent bénéficier de la capacité des finissants et des jeunes conseillers

d’orientation à faire preuve de présence et d’écoute, de respect et d’empathie.

La rédaction professionnelle

Les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation sont informés plus haut de

l’importance de pouvoir communiquer oralement à plus d’un niveau. Selon les

propos recueillis, il semble en être de même au niveau de la communication

écrite. De l’avis de nombreux participants, les conseillers d’orientation doivent

pouvoir affirmer leur professionnalisme par un écrit précis au plan du vocabulaire,

claire au niveau de la synthèse, fluide au plan de l’argumentation des idées, ainsi

que consciencieux et rigoureux au niveau des informations transmises. En

contexte d’orientation, il importe d’être en mesure de produire des rapports

conformes à des normes, tout en étant claire pour les personnes appelées à en

faire la lecture.

Des connaissances pratiques en santé mentale

Les participants de tous les milieux de pratique ont fait part de préoccupations à

l’égard d’un accroissement de la clientèle aux prises avec des problèmes de santé

mentale plus ou moins accentués. Dans tous les cas, il a été par la suite question

de l’importance à ce que les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation

puissent être mieux outillée à ce niveau afin de pouvoir offrir des services

d’orientation adaptés en conséquence. Jusqu’à présent, il est à constater que les

professionnels de l’orientation confrontés à de telles problématiques doivent

souvent aller chercher, par eux-mêmes ou par la formation continue en milieu de

travail, les connaissances nécessaires afin de bien comprendre leurs clients et de

pouvoir intervenir adéquatement auprès d’eux.

Page 31: Enquête auprès des employeurs en développement de carrière - rapport final

Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

31

La curiosité et la culture générale

À plusieurs reprises, dans la plupart des milieux, les participants ont relevé

l’importance à ce que les professionnels de l’orientation maintiennent une solide

culture générale afin de bien comprendre les enjeux à la fois psychologiques,

mais également sociaux, politiques, culturels et environnementaux liés à leur

travail et à leurs clients. Il importe également qu’ils possèdent une grande

curiosité afin de mieux s’outiller de connaissances variées et diversifiées de façon

à affirmer leur ouverture sur les autres et sur le monde, aux différences, aux

changements et aux situations nouvelles.

Ce qu’ils nous ont dit sur les forces et les faiblesses des finissants et

nouveaux conseillers d’orientation …

Les forces

Une bonne formation théorique de base

Les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation semblent être reconnus

pour leur intérêt et leur motivation à apprendre de nouvelles connaissances et à

expérimenter de nouveaux apprentissages. Au départ, ils apparaissent arriver

avec une bonne formation de base au plan théorique, ainsi qu’en matière

d’information scolaire et professionnelle, ainsi que de psychométrie. Ils accordent

aussi beaucoup d’importance au respect et à l’application de règles

déontologiques et éthiques.

La maîtrise de certaines compétences relationnelles

Les participants reconnaissent aux finissants et aux nouveaux conseillers

d’orientation la capacité d’intervenir à l’aide de compétences relationnelles de

base (ex. : empathie, authenticité, etc.) et spécifiques (ex. : reflets, questions

ouvertes, résumés), sans toutefois leur reconnaître la maîtrise de compétences

plus avancées (ex. : confrontation, interprétation, etc.).

Page 32: Enquête auprès des employeurs en développement de carrière - rapport final

Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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Les limites (points à développer)

Difficultés à faire progresser la dynamique d’un processus et du client

Il est certes reconnu chez les finissants et les nouveaux conseillers d’orientation

qu’ils peuvent engager une relation d’aide et aider un client à réfléchir sur son

parcours, ainsi que sur certains thèmes significatifs. Toutefois, plusieurs

participants notent un certain point de limites en termes de compétences lorsque

vient le temps de mobiliser leur client ou lorsque vient le moment de gérer des

situations d’impasses décisionnelles et relationnelles avec leurs clients.

L’inconscience et l’évitement de ses angles morts

Se voir intervenir, se voir réagir, se voir ressentir, voilà globalement le type de

commentaires formulés à titre de limite ou de manque chez les finissants et les

nouveaux conseillers d’orientation. De plus, il est mentionné dans certaines

occasions des situations où le conseiller d’orientation évite de se confronter en

renonçant à s’engager et à s’ouvrir auprès de certains clients ou certaines

problématiques. À ce propos, il y a là place au développement d’une plus grande

compréhension empathique de soi par la remise en question de vérités

universelles et par l’autocritique en matière d’évaluation de ses interventions.

Le manque d’expérience pratique

En effet, il est naturellement possible de s’attendre à ce que les finissants et les

nouveaux conseillers d’orientation puissent manquer de pratique. C’est là le lot

de la plupart des étudiants ou personnes récemment sorti des études.

Néanmoins, les propos amenés portent sur des éléments spécifiques tels que le

nombre d’heures passées en milieu de pratique, la capacité de concevoir une

intervention en orientation et celle de porter un jugement professionnel. Dans

l’un des milieux, les participants relevaient la possibilité que le manque de

confiance de plusieurs serait pourrait justement s’associer au manque d’heures

de pratiques et à la diversité des problématiques rencontrées.

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Le manque de curiosité et de culture générale

Les participants de trois milieux sur les quatre rencontrés ont évoqué un certain

manque en termes de curiosité et de culture générale chez les finissants et les

nouveaux conseillers d’orientation. Dans chacun des milieux, certains types de

connaissances, qu’elles soient d’ordre technique ou conceptuel, sont importantes

pour exercer ses fonctions de travail. Le manque rapporté concerne le fait qu’il

serait davantage attendu que les étudiants inscrits à des programmes d’études

supérieures en orientation soient d’une part mieux formés à ces connaissances

spécifiques aux principaux secteurs de pratique en orientation, mais également

que les futurs professionnels puissent avoir par eux-mêmes développer une plus

grande curiosité.

Ce qu’ils nous suggèrent …

Valoriser les apprentissages pratiques

Les participants souhaitent voir les finissants réaliser différents types de

processus d’orientation, de durée variable et s’appuyant sur différentes

approches et différents modèles, de manière à ce qu’ils puissent s’adapter à

différents contextes. À ce propos, il est suggéré également de mettre en place

un programme de maîtrise avec tronc commun et option de choix de

spécialisation de manière à permettre à chaque étudiant de choisir un type

d’intervention ou de clientèle cible respectant ses intérêts (clientèle jeune ou

femme non traditionnelle ou 40 ans et +, etc.) Enfin, il est question d’accroître le

nombre d’heures de stages en milieu de pratique, que ce soit d’abord par des

stages d’observation ou des stages plus courts, afin qu’ensuite la présence soit

plus assidue au point même de considérer une période de résidence en fin

d’études de maîtrise.

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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Transmettre des connaissances centrées sur les enjeux et les

problématiques courantes en orientation professionnelle

Dans les différents milieux de pratique où a été menée l’enquête, il est maintes

fois question d’intégrer des contenus d’apprentissages théoriques qui soient plus

en lien avec des phénomènes, des problématiques ou bien de procédés de travail

spécifiques à certains secteurs de pratiques : transition, indécision, anxiété et

stress, décrochage, précarité, chômage, dépendance étatique, système éducatif et

réforme en éducation, troubles de santé mentale). Pour les participants, il importe

également de considérer que le travail des conseillers d’orientation s’opère aussi

en counseling de groupe, sinon en contexte d’animation et de présentation

devant un public. À ce propos, il importe de considérer que les différentes

compétences théoriques et pratiques des conseillers d’orientation puissent

également être ainsi exprimées de manière efficace et novatrice. Enfin, il est

question d’inclure un cours d’épistémologie ou d’introduction spécifique à

l’orientation professionnelle impliquant une exposition rapide aux réalités du

travail de relation d’aide propres à ce domaine.

Favoriser le développement personnel de l’étudiant

Dans l’idée que le principal outil de travail des conseillers d’orientation est leur

propre personne, il est proposé de choisir des stratégies pédagogiques qui

puissent élever leur sens critique et le pouvoir d’affirmation personnelle des

étudiants par des occasions de confrontation de soi-même en contexte de

relation interpersonnelle. Il est également considéré l’idée de mettre en place des

moyens concrets afin de confronter les étudiants à des situations souvent

difficiles en orientation professionnelle telles que celles d’impasses relationnelles.

De plus, un journal ou un port folio de ses apprentissages et de ses expériences

pratiques devrait être suggéré aux étudiants de manière à les amener à faire le

point sur eux-mêmes tout au long de leur parcours de formation.

Diversifier les modalités d’encadrement des étudiants

Tout d’abord, à l’université il est suggéré de mettre en place des mesures de

soutien et d’encadrement des étudiants au-travers de leur parcours, que ce soit

sous forme de tutorat par un professeur, de mentorat par un professionnel ou de

coaching individuel. Durant les périodes de stage à l’extérieur, l’université

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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pourrait également être le lieu de séminaires de pratique où il serait alors

possible d’échanger et d’intégrer ses apprentissages en situations réelles. En

stage, il demeure toutefois important que les universités puissent s’assurer que

leurs étudiants peuvent être confrontés à une pluralité de clientèles et de

problématiques, ainsi qu’à des occasions nombreuses de supervisions et de

réunions cliniques dans le milieu. En ce qui concerne les superviseurs, il est à ce

propos suggéré de viser des normes d’accréditation de manière à assurer la

conformité et la qualité de l’encadrement à l’externe.

Participer et s’impliquer plus activement dans la formation des étudiants

Il est jugé souhaitable que les professeurs et les chargés de cours puissent eux

aussi participer aux situations pratiques qu’ils proposent de manière à fournir une

occasion de modelage pour les étudiants. Également, il est souhaité que ces

derniers soient plus impliqués dans leur programme d’études, dans leur

profession, de même qu’ils abordent davantage des connaissances en lien avec

leurs propres travaux de recherche. Cette attitude peut même, de l’avis de

certains participants, procurer un dynamisme contagieux à la fois aux étudiants

du programme, ainsi qu’au sein du programme lui-même.

Établir des occasions de dialogue et de travail entre l’université et la

pratique

Il est suggéré d’inviter davantage les praticiens à venir parler de leur travail et de

leur secteur de pratique aux étudiants de deuxième cycle, de même que d’inviter

les professeurs à venir faire de même auprès d’eux. À un niveau plus avancé, il est

proposé d’envisager des occasions régulières d’échange, le développement de

projets communs de formation et de recherche.

Intégrer la pratique de la psychométrie aux pratiques du counseling

En fonction des problématiques et des types de clientèles qu’ils rencontrent, les

conseillers d’orientation doivent choisir les outils psychométriques les mieux

adaptés. Pour se faire, il importe que les finissants puissent non seulement

connaître et savoir utiliser les instruments psychométriques les plus souvent

utilisés en orientation et dans ses principaux secteurs de pratique (GROP, Strong,

WAIS, NEO, EG, Hooper, Raven, JVIS), mais également connaître les dernières

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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nouveautés disponibles. D’une part, il est reconnu l’importance d’être formé au

choix éclairé d’instruments psychométriques en regard d’une situation

d’intervention donnée (valeur, efficacité, limites, analyse critique). D’autre part, il

est tout de même considéré que la majeure partie du temps de formation en

psychométrie devrait miser sur des mises en situation d’interprétation des tests

de manière à amener l’étudiant à assumer sa position, à développer ses habiletés

à utiliser les bons mots et ultimement à produire des rapports d’orientation

adaptés aux pratiques.

Proposer plus de recherche pratique

Pour les praticiens rencontrés, les compétences en recherche transmises à la

maîtrise devraient servir l’avancement de sa pratique professionnelle. Par

conséquent, il est proposé d’offrir aux étudiants des occasions de travaux de

recherche leur permettant d’approfondir certains thèmes ou sujets propres à

leurs intérêts dans les milieux de pratique. Également, parmi les différents types

de recherches, il est suggéré de mettre davantage d’efforts pour amener les

étudiants à faire des recherches-actions ou autres qui permettent l’intégration de

connaissances au travers de la pratique. Enfin, il a été proposé de considérer

d’intégrer le projet de recherche au sein même du stage de fin d’études, de

manière à enclencher dès ce moment le questionnement sur des voies possibles

de développement de connaissance en milieu de travail.

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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Conclusion

Ce rapport présente les résultats d’une enquête menée auprès de 35

professionnels rattachés à des services d’orientation dans les quatre secteurs

suivants, soit l’employabilité, la réadaptation professionnelle, l’ordre

d’enseignement secondaire et l’ordre d’enseignement universitaire. Au travers

des quatre premières sections du rapport, il est possible de prendre

connaissances des opinions des participants pour chaque secteur et milieu de

pratique, dont notamment : les défis et les préoccupations du milieu ; les

compétences recherchées ; les forces et les faiblesses des finissants et des

nouveaux conseillers d’orientation ; les suggestions formulées pour le

développement d’un programme de maîtrise en carriérologie le plus adapté aux

réalités et aux besoins de la pratique. La dernière et cinquième section du rapport

présente les points de convergences entre les opinions des participants des

quatre milieux de pratique et ainsi de soulever des pistes de développement,

sinon de réflexion dans le cadre des travaux visant l’élaboration d’un programme

de maîtrise spécialisé en carriérologie.

Dans chacune des sections, les résultats de l’enquête témoignent de l’importance

conférée au développement personnel de l’étudiant lors de l’entrée sur le marché

du travail. L’équilibre personnel, la maturité professionnelle ou encore une

connaissance de soi confrontée à des situations interpersonnelles d’intervention

sont quelques-uns des propos rapportés par les participants. Il est également

question pour chaque type de pratique de la diversification des clientèles

desservies, ainsi que le recours à des compétences qui de plus en plus débordent

les cadres de la formation initiale. Parmi les enjeux les plus souvent rapportés à

cet effet, il est possible de retenir l’intervention auprès de personnes aux prises

avec des problèmes de santé mentale ou de troubles d’apprentissage, celle

auprès des clientèles immigrantes, ainsi qu’une pratique de plus en plus centrée

sur la réorientation, l’adaptation et la réadaptation professionnelle que sur des

enjeux de choix ou de projets professionnels. Enfin, les professionnels ayant

participé à l’enquête sont nombreux à souhaiter une part accrue de pratique

professionnelle avant la sortie des études de manière à amener les étudiants à

pouvoir davantage se confronter aux différentes problématiques et clientèles, à

profiter d’une plus grande variété d’occasions d’encadrement de supervision, tout

en devenant plus mature au plan professionnel.

Pour convenir de la valeur et de la portée des résultats exposés, ainsi qu’aux

éléments de convergence présentés entre les quatre milieux de pratique de

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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l’orientation présentés ici, il importe de reconnaître les limites de la démarche.

D’abord, les résultats ne sont pas représentatifs de la réalité des quelque 2400

conseillers d’orientation répartis à l’ensemble du Québec. L’échantillon de

participant n’est d’une part que de 35 personnes, il ne couvre que 4 secteurs de

pratique et les organisations rencontrées sont toutes situées dans la grande

région de Montréal. De plus, le nombre de participants par secteur de formation

n’est pas proportionnel à l’ensemble des conseillers d’orientation québécois. Un

nombre plus élevé de participants, une meilleure représentation des différents

champs de pratique de l’orientation, ainsi d’une répartition plus proportionnelle

selon les secteurs de pratique et la région auraient certainement pu amener des

résultats possiblement très différents, du moins nettement plus spécifiques. De

plus, le questionnaire utilisé est non standardisé, la cueillette des données ne

respecte pas un protocole clair quant aux types d’information à relever et le

chercheur-animateur de discussion est lui-même conseiller d’orientation, ce qui

peut avoir un impact sur les participants au niveau de la désirabilité sociale

positive.

L’enquête demeure néanmoins passablement conforme au niveau de la

démarche entreprise, de l’administration du questionnaire au-travers de

discussions de groupes semi-dirigées, de la saisie de données qualitatives, ainsi

que de la démarche d’analyse des résultats. De plus, cette enquête n’avait

aucunement pour prétention d’être scientifique.

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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Annexe 1 – La lettre d’invitation

9 octobre 2009

Organisation

A/S Membres de la direction

A/S Conseillères et conseillers d’orientation

Adresse

Madame, Monsieur,

Au cours de la prochaine année, les professeurs de la section carriérologie de

l’Université du Québec à Montréal vont travailler au développement d’un

nouveau programme de maîtrise spécialisée en carriérologie. Dans le but de

mieux arrimer le futur contenu de ce programme avec les besoins et les

préoccupations des milieux de pratique, nous souhaiterions l’avis de gens de

terrain comme VOUS ! La démarche proposée est simple :

Un groupe de discussion composé de 6 à 10 conseillers d’orientation et/ou

membres de direction rattachés à des services d’orientation;

Réalisé dans votre milieu de travail (aucun déplacement) avec la présence d’un

professeur de la section carriérologie de l’UQAM, également conseiller

d’orientation ;

Une discussion en trois temps : 1) vos besoins et vos préoccupations en tant

qu’organisation relativement aux enjeux et problématiques actuelles qui

influence les services de conseillers d’orientation; 2) les forces et les points à

améliorer que vous relevez chez les stagiaires de 2ième cycle et les jeunes c.o. que

vous embauchez à la sortie des études de maîtrise; 3) vos suggestions quant aux

avenues à prendre ou quant aux types de contenu pédagogique à insérer dans

une formation de conseiller d’orientation arrimé aux besoins des milieux de la

pratique.

Les retombées possibles pour vous sont les suivantes : a) établir un dialogue avec

le milieu universitaire pour faire entendre vos besoins et vos préoccupations

quant à la qualification de conseillers d’orientation; b) développer un contact

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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privilégié pour la venue de futurs stagiaires ou de diplômés, pour le

développement de projet commun ou pour l’échange d’information sur nos

milieux respectifs.

Au cours des prochains jours, je communiquerai avec vous pour connaître votre

intérêt à participer à cette initiative. D’ici là, je vous offre mes salutations

respectueuses.

Louis Cournoyer, Ph.D., c.o.

Professeur, en carriérologie, UQAM

(514) 987-3000, poste 3994

[email protected]

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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Annexe 2. Le questionnaire d’enquête.

Questionnaire

Ce questionnaire vise à connaître votre opinion professionnelle à l’égard de la

qualification d’étudiants et de diplômés de 2e cycle universitaire en carriérologie

ou orientation professionnelle. Le questionnaire est anonyme et les données

recueillies n’ont pas pour objet d’être publiées.

1. Formation et emploi

Quel emploi exercez-vous actuellement ?

Quelle formation complétée (si non complété,

l’indiquer) vous a permis d’obtenir l’emploi que vous

occupez actuellement?

À quelle institution avez-vous fait vos études de

baccalauréat?

À quelle institution avez-vous fait vos études de

maîtrise (s’il y a lieu) ?

2. Dans vos mots, quels sont les réalités et les besoins qui caractérisent le

plus votre milieu de pratique (clientèle, conditions de services aux

clientèles, problématiques, etc.) ?

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Louis Cournoyer, Ph.D., c.o., professeur (counseling), Département d’éducation et de pédagogie, UQAM

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3. D’après votre expérience, quelles sont selon vous les trois à cinq

principales compétences qu’un conseiller d’orientation devrait posséder

pour bien s’insérer dans de telles fonctions au sein de votre milieu de

travail?

4. D’après votre expérience, quelles sont les principales forces et les

principales lacunes observées chez les personnes formées dans un

programme universitaire de deuxième cycle spécialisé en carriérologie ou

en orientation ?

Forces

Faiblesses

Stagiaires

étudiants

2e cycle

Diplômés

Nouveaux

employés

2e cycle

5. Comment les responsables des programmes de développement de

carrière et de carriérologie de l’Université du Québec à Montréal

pourraient-ils mieux arrimer leurs formations aux réalités et aux besoins

des milieux de pratique?

MERCI DE VOTRE PARTICIPATION