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La philosophie bouleverse t-elle notre rapport au savoir ?

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Page 1: La philosophie bouleverse t-elle notre rapport au savoir ?

La philosophie bouleverse-t-elle notre rapport au savoir ?

Dans le mot même de philosophie nous avons cette question qui est sous-jacente.

En effet, philia veut dire en grec « amour » et sophia signifie, entre autre, « savoir ». Donc la philosophie c’est l’amour du savoir, mais de quel savoir s’agit-il ?

Une manière d’aborder la philosophie, le questionnement philosophique, c’est que la philosophie se déprend des préjugés, elle les combat.

Or Socrate, à l’âge de 71 ans, se voit être accusé par plusieurs membres de la classe dirigeante athénienne de pervertir les valeurs morales traditionnelles et de mettre en péril l’ordre social.

Tout est dit, ici. Un des actes de naissances de la philosophie, c’est la critique : critique des préjugés, critique des valeurs morales qui sont mal comprises, critique du savoir.

En quoi la pensée de Socrate peut bouleverser le rapport au savoir ?

Tout le monde a entendu la célèbre phrase de Socrate : « Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien, tandis que les autres croient savoir ce qu'ils ne savent pas ».

A la question qu’un ami de Socrate posa à l’Oracle de Delphes : « Existe-t-il quelqu’un de plus savant que Socrate, l’Oracle lui répondit que nul n'éta it plus savant que Socrate.

Apprenant cela, Socrate veut comprendre ce que le dieu avait voulu dire par l’intermédiaire de l’Oracle.

Il commence donc à aller voir un des hommes réputés être des plus savants, un homme d’État. En discutant avec lui, il vit que cet homme paraissait savant aux yeux des autres hommes et à lui-même, mais Socrate se rend compte que cet homme n’était pas savant et il veut lui démontrer qu'en se croyant savant il ne l'était pas.

Comme on pouvait s’y attendre, son interlocuteur se fâche, ainsi que les membres de son assistance.

Socrate se fait la réflexion suivante : « À tout prendre, je suis plus savant que lui. En effet, il se peut que ni l'un ni l'autre de nous ne sache rien de bon ; seulement, lui croit qu'il sait, bien qu'il ne sache pas ; tandis que moi, si je ne sais rien, je sais que je ne sais rien.

Donc Socrate pense être plus savant que cet homme d’État qui se disait savant, car il sait au moins une chose, c’est qu’il ne sait rien.

Après cela, Socrate va voir un autre homme qui passe pour être plus savant encore que le premier. L’impression de Socrate reste la même, et il s’attire la colère de cet homme et d’autres encore.

Voyant bien qu’il se faisait de plus en plus d’ennemis, Socrate ne peut pas laisser tomber sa recherche car il veut savoir ce que l’Oracle voulait dire.

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Il va voir d’autres hommes réputés être les plus savants : des poètes, des auteurs de tragédies. Il leur demande de lui expliquer leur propre vers, et Socrate se rend compte en les écoutant parler que n’importe qui dans la salle aurait parlé mieux que ces poètes.

Déclamer des vers, aussi beaux soient-ils, est une chose, les expliquer en est une autre. Ils dit que les poètes ont un don, comme les prophètes et les devins, mais ils ne savent pas ce qu’ils disent qu’ils savent.

Pour terminer, Socrate va voir les artisans, car il pense qu’ils vont lui apprendre beaucoup de choses vu qu’il ne sait pas grand-chose dans ce domaine.

Il se rend compte que les artisans lui apprennent beaucoup de choses qu’il ne savait pas, et en cela, ils sont plus savants que lui.

Ces artisans me paraissent avoir le même défaut que les poètes. Parce qu'ils pratiquent excellemment leur métier, chacun d'eux croyait tout connaître, jusqu'aux choses les plus difficiles. Or ce n’était pas le cas.

Socrate se fait la réflexion suivante : ne vaut-il pas mieux être comme je suis, c’est-à-dire n’ayant ni leur savoir, ni leur ignorance, que plutôt être comme eux, qui ont le savoir dans leur métier et en même temps l’ignorance, car connaissant leur métier, ils croient tout savoir.

Socrate préfère sa situation, et c’est là qu’il commence à comprendre la phrase de l’Oracle. A chaque qu’il arrive à convaincre quelqu’un de son ignorance, l’assistance pense que Socrate sait tout ce que son interlocuteur ignore.

A la fin de son parcours, Socrate pense que le dieu a voulut dire que la science des hommes n’est pas grand-chose, voir peut-être rien.

On peut donc voir avec Socrate que la philosophie, qui consiste à savoir que l’on ne sait pas, bouleverse notre rapport au savoir.

Car d’un côté elle relativise le savoir, montrant qu’il n’est pas grand-chose, et tout ceux qui se vantent de savoir, et même qui ont font leur métier, ou alors qui ont une réputation qui les placent au-dessus des autres hommes, pas loin des dieux, ne sont, en définitive, pas grand-chose.

Mais d’un autre côté, les hommes ne sont fait que de savoirs et de connaissances. Et pour ne pas hiérarchiser les savoirs, en disant qu’il y a des bons savoirs et des mauvais, des nobles et des moins nobles, Socrate défend la position que tout un chacun possède des connaissances qu’il faut peut-être réactivées, donner les moyens de les exprimer, de les organiser et de les échanger.

Nous avons dit au tout début que sophia en grec voulait dire « savoir », mais il veut dire aussi « sagesse ». Socrate nous a montré, à sa manière, que l’ignorance constitue une sagesse, une manière d’être dans la vie.

La philosophie ne serait-elle donc pas l’art d’entretenir l’ignorance qui serait la condition de possibilité de toutes formes savoir. Avoir l’esprit critique, n’est-ce pas faire preuve d’ignorance là où les autres pensent savoir ?