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Web, grands nombres et archive : « la mémoire et l’amer » L’imaginaire numéraire du numérique 1 25 Novembre 2011

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INA. Ateliers dépôt légal du web.

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Web, grands nombres et archive :

« la mémoire et l’amer »

L’imaginaire numéraire du numérique

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25 Novembre 2011

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CHAPITRE PREMIER

L'imaginaire numéraire du numérique.

Web et grands nombres

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Le web I.G.N. : d’Innombrables Grands Nombres

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Le web I.G.N. : côté chiffres

• 2 milliards d’internautes• 500 millions de sites web (source : http://news.netcraft.com/)• 1000 milliards d’URL indexés par Google (Juillet 2008. Source :

http://blog.veronis.fr/2008/07/google-mille-milliards.html) • 1 site web (Facebook) : 700 millions d’utilisateurs

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Le web I.G.N. : côté données

Une caméra frontale enregistrant notre vie pendant 70 ans = 27,5 TB = 450 Ipods de 60 GB

Loi de Moore : dans 70 ans, il sera possible de stocker l’enregistrement continu d’une vie sur un grain de sable (projet M4L).

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Le web I.G.N. : côté usages

Incalculable ?

Incommensurable ? 6

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Ce qui pose …

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Comment (et pourquoi) Faire mémoire ?

Trouver sa place ? Retrouver et contrôler ses traces ?

Cloud computing

Vagues algorithmiques

Traces & fragments mémoriels

PROBLÈME N°18

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PROBLÈME N°2Hauts risques des grands nombres

• RENONCEMENT (« seuls Goog ou FB peuvent traiter une telle masse », • CAPITULATION « nous ne rattraperons jamais le retard », • DÉLÉGATION « autant confier ces données à ceux qui peuvent les gérer »• EFFET D’ENTRAÎNEMENT « FOMO » : il est impossible de ne pas en être, il faut

donc être sur Google ou Facebook 9

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Carte de l’archive à l’échelle du territoire de la mémoire ?

"Il n’y a rien que l’homme soit capable de vraiment dominer (…)une chose et une seule se domine du regard : c’est une feuille de papier étalée sur une table ou punaisée sur un mur. L’histoire des sciences et des techniques est pour une large part celle des ruses permettant d’amener le monde sur cette surface de papier. Alors, oui, l’esprit le domine et le voit. Rien ne peut se cacher, s’obscurcir, se dissimuler." Bruno Latour, Culture technique, 14, 1985 (cit par Christian Jacob dans L’Empire des cartes, Albin Michel, 1992).

Réponse de l’archiviste : NON. Choix. Sélection. Réponse de l’algorithme : OUI (si je dispose de suffisamment de ressources mémoire)

PROBLÈME N°3

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CHAPITRE SECOND

Des arts de la mémoire aux technologies du souvenir

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Le web : média

de mémoire

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L’histoire commence en 1945

• http://mediateur.free.fr/web/hist_aswemaythink_fr.htm• « Imaginons un appareil de l'avenir à usage individuel, une sorte de

classeur et de bibliothèque personnels et mécaniques. (…) Un memex, c'est un appareil dans lequel une personne stocke tous ses livres, ses archives et sa correspondance, et qui est mécanisé de façon à permettre la consultation à une vitesse énorme et avec une grande souplesse. Il s'agit d'un supplément agrandi et intime de sa mémoire. » Vannevar Bush

• Internet est une architecture, une infrastructure, un réseau dans lequel 2 milliards d’individus sont incités à stocker tous leurs livres, leurs archives, leur correspondance, leurs conversations, leurs bavardages, et qui est organisé de façon à permettre la consultation à une vitesse énorme et avec une grande souplesse. Il s'agit d'un supplément agrandi et intime (sic) de notre mémoire. »

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Et se poursuit autour de 3 grandes périodes

• 1ère période (1980-1997) : les technologies de l'intelligence

• Avènement du web, des réseaux comme nouvelle infrastructure industrielle.• La valeur, c'est le lien hypertexte. • Construction de la possibilité d’une mémoire partagée.

• 2ème période (1998-2003) : les technologies de l'accès.

• Mémoire informatique externalisée. Externalisation de nos mémoires documentaires. • Activable. Taux de « rappel ». • Accessible. La valeur est celle de la pertinence, de la « popularité »

• 3ème période (2003-200?) : les technologies de la capillarité.

• 2002 : Amazon « invente » le Cloud Computing. Nos mémoires ne sont plus « sur le réseau » mais « sur les serveurs d’Amazon, de Google, etc. »

• 2003 : naissance de Facebook. Industrialisation de l’intime.• Soit le passage d'une externalisation de nos mémoires documentaires à une externalisation de nos

intimités mémorielles documentées.

• Essor des « Walled gardens » (Apple, Amazon, Google, etc)14

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Le web devient un média « de masse »

« le Web s’impose aux médias et les transforme en industries de la mémoire, par leur accès transversal et leur archivage permanent. » Jean-Michel Salaün

Source de l’image : http://www.flickr.com/photos/adamcrowe/3810700931/sizes/o/in/photostream/

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Les mass-média n’ont pas de mémoire

Les livres ont besoin du dépôt légal.La radio et la télé ont besoin de l’INA.

Le web a besoin d’une archive.

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• Google, Apple et Amazon STOCKENT les livres que j’ai lus.• Archive.org CONSERVE mon vieux skyblog d’il y a dix ans• Facebook DISPOSE de la trace des mes conversations d’il

y a 8 ans.• La bibliothèque du Congrès ARCHIVE Twitter.

Question de sémantique ?

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Question de point de vue

• Poser la question de LA mémoire DU web a un sens. PATRIMONIAL. • Poser la question de LA mémoire DE Facegoog en a un autre. Privauté des

espaces semi-publics. CULTURE NUMÉRIQUE. • Poser la question de NOS mémoires SUR Facegoog. Celui du droit à l’oubli.

Existe depuis le projet Safari années 70. LÉGISLATIF. • Poser la question de NOS mémoires sur LE web. La légitimité du droit de

ne pas se souvenir. La question de la transparence. POLITIQUE.

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Reste que la démocratie est toujours liée à un processus de publication – c’est à dire de rendu public – qui rend possible un espace public : alphabet, imprimerie, audiovisuel, numérique. »

Bernard Stiegler.

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En attendant …

• Les acteurs du web ont inventé leurs métriques, leurs technologies relationnelles (like, +1), en accord avec leur modèle économique.

• Ils ont compris depuis longtemps que le contrôle de l'engrammation, de ce qui "fait mémoire", constituera pour eux la prochaine clé de leur suprématie, et donc de leur survie.

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Les arts de la mémoire ont cédé la place aux technologies du souvenir

• Le problème de la mémoire numérique, des cycles mémoriels numérique est simple : procède d’une engrammation contrainte et/ou nécessaire.

• Opt-out mémoriel• Renverse la charge de la trace

comme on renverse la charge de la preuve : Nous nous souvenons de tout, à vous de n’avoir rien à vous reprocher.

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CHAPITRE TROISIÈME

Nouvelles dynasties. Nouveaux empires.

Des technologies du souvenir … (taux de précision)

aux industries de la mémoire …(recall / rappel)

en passant les dynasties de l’archive (recollection).

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Dynastie de la mémoire

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De TOUTES les mémoires

• Mémoire des textes : Google Books• Mémoire des conversations : Facebook, Twitter• Mémoire de la presse : Google News• Mémoire photographique : Flickr / Flickr Commons• Mémoire topographique : Google Maps• Mémoire computationnelle (mémoire vive ?) : data centers• Etc … 24

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• Territoires de socialisation : mémoires affectives « personnelles, sociales » (mes amis, mes amours, mes emmerdes)

• Territoire du marketing : mémoires « actionnables », intentionnelles (achat, déplacement, sorties, restaurant)

• Territoire de la qualification : mémoires documentaires (textes, statuts, articles, photos, vidéos, tags ...)

Sur tous les territoires documentaires.

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La mémoire de la « Base de donnée des intentions » (John Battelle)

« We don’t need taxonomy of knowledge. We need taxonomy

of desire, a marketplace of intent » Prabhakar Raghavan. Head of Research and Strategy

chez Yahoo! Sept. 2008

De la mémoire au désir. Du désir de faire mémoire.

C-O-N-C-R-È-T-E-M-E-N-T 26

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CHAPITRE 4

Utilité de l'archive publique

L’algorithme et l’archiviste

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l’itération et la collection.

LOGIQUE ALGORITHMIQUE : ITÉRATION : laisser les choix se faire à partir d’une

formule (un choix) de départ.

LOGIQUE ARCHIVISTIQUE : COLLECTION :Disposer d’un cadre à l’intérieur

duquel on fait des choix.

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A chacun son METIERsa manière de « faire mémoire »

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ARCHIVISTE.Watching explicite (vue sur le monde) conditionne le Matching (capacité des documents à être retrouvés)

ALGORITHME.Matching impose un Watching implicite, dissimulé (ex : Google Bombing, Google Suggest, etc …)

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CONCLUSION(S) …

• Stratégiquement– Laissons au Web le rôle de sédimenter, d’agglutiner

« l’archive » Foucaldienne

• Politiquement– Confions aux archives publiques le rôle de DOCUMENTER

cette mémoire, ces traces, cette archive.

• Collectivement– Veillons à ce que le web reste une mémoire « supplétive » et

ne puisse pas devenir une mémoire « privative »

• Individuellement– Ayons conscience, en entrant sur le web, « d’entrer en

documentation de soi »– Ne pas oublier l'importance de se souvenir même lorsqu’il

est devenu possible de tout se remémorer.

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Wikipédia & le griot

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"J'ai rencontré un jour un griot, un homme âgé, circulant de village en village, racontant depuis toujours des histoires interminables, notamment sur les épopées des familles nobles de son pays, des histoires fourmillant de détails. Et je lui demandai comment il faisait pour se souvenir de cet ensemble de détails, pour n'en oublier aucun. Il me dit alors qu'il y avait toujours dans l'assistance, quelqu'un qui lui-même avait été bercé avec ces mêmes histoires, les avait entendues depuis son enfance, et le corrigeait dès qu'il faisait une erreur ou oubliait quelque chose."

À propos du « faire mémoire »

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Le scribe, le poète et l’ingénieur

• Vaut-il mieux que la mémoire permette de poser les bonnes questions ou d’apporter les bonnes réponses ?

• Léopold Sedar Senghor écrivait : « L'encre du scribe est sans mémoire ». • L'informaticien Apostolos Gerasoulis (le papa du moteur de recherche Ask Jeeves)

s'interrogeait en regardant défiler les 10 millions de requêtes quotidiennes d'Ask Jeeves : « Je me dis parfois que je peux sentir les sentiments du monde, ce qui peut aussi être un fardeau. Qu'arrivera-t-il si nous répondons mal à des requêtes comme "amour" ou "ouragan" ? »

• Question annexe : a-t-on besoin de grands nombres pour bien répondre à ces questions ?

• L’algorithme répond OUI, l’archiviste répond NON.

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Citations & sources

• Ertzscheid Olivier, « Total Recall, Silico transit memoria mundi. » Septembre 2011. En ligne : http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2011/09/total-recall.html

• Ertzscheid Olivier, « industries des données et écritures industrielles »,Juillet 2009. En ligne : http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2009/07/industrie-donnees-et-ecritures-industrielles.html

• Kieron O'Hara, Richard Morris, Nigel Shadbolt, Graham J Hitch, Wendy Hall and Neil Beagrie, "Memories for life: a review of the science and technology"J. R. Soc. Interface 2006 3, 351-365 En ligne : http://rsif.royalsocietypublishing.org/content/3/8/351.short

• Lesk Michael, « How much information is there in the world ? » 1997. En lignehttp://www.lesk.com/mlesk/ksg97/ksg.html

• Salaun Jean-Michel, « Vu, lu, su, résumé et couverture », Novembre 2011. En ligne : http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/post/2011/11/22/Vu%2C-lu%2C-su%2C-couverture-et-r%C3%A9sum%C3%A9

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