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Voici un texte de Platon qui pose le problème du danger des sophistes. Il s'agit d'une étude ordonnée afin de dégager l'intérêt philosophique du philosophe.
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DANGER DES SOPHISTES
Formateur : Yves LIOGIER
Collection Philosophique
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à
l’auteur. Dépôt légal : Juillet 2014
DANGER DES SOPHISTES
Un texte de Platon
Dégageons l’intérêt philosophique du texte qui va suivre, en procédant à son étude
ordonnée par une lecture attentive.
Collection Philosophique 1
DANGER DES SOPHISTES
Le texte de Platon :
Socrate : « Un sophiste, Hippocrate, ne serait-il pas un négociant ou un boutiquier qui débite les
denrées dont l’âme se nourrit ? Pour moi, du moins, c’est ainsi qu’il m’apparaît. »
Hippocrate : « Mais cette nourriture de l’âme, Socrate, quelle est-elle ? »
Socrate : « Les diverses sciences, évidemment, repris-je. Et ne nous laissons pas plus éblouir par
les éloges qu’il fait de sa marchandise que par les belles paroles des commerçants, grands et petits,
qui nous vendent la nourriture du corps. »... Collection Philosophique 2
Le texte
DANGER DES SOPHISTES
La suite du texte de Platon :
… Socrate : Ceux-ci nous apportent leurs denrées sans savoir eux-mêmes si elles sont bonnes ou mauvaises pour la santé, mais ils
les font valoir toutes indifféremment, et l’acheteur n’en sait pas davantage, s’il n’est
maître de gymnastique ou médecin. De même, ceux qui colportent leur savoir de ville
en ville, pour le vendre en gros ou en détail, vantent aux clients tout ce qu’ils leur
proposent, sans peut-être savoir toujours eux-mêmes ce qui est bon ou mauvais pour
l’âme ; »… Collection Philosophique 3
Le texte
DANGER DES SOPHISTES
La suite du texte de Platon :
… Socrate : et le client ne s’y connaît pas mieux qu’eux, à moins d’avoir étudié la médecine de l’âme. Si donc tu es assez
connaisseur en ces matières pour distinguer le bon du mauvais, tu peux sans danger acheter le savoir à Protagoras ou à tout autre ; sinon, prends garde, mon très
cher, de jouer aux dés le sort de ton bien le plus précieux. Le risque est même
beaucoup plus grand quand on achète de la science que des aliments. »… Collection
Philosophique 4
Le texte
DANGER DES SOPHISTES
Suite et fin du texte de Platon :
… Socrate : « Ce qui se mange et ce qui se boit, en effet, quand on l’achète au
boutiquier ou au négociant, peut s’emporter dans un vase distinct, de sorte que l’achat entraîne peu de risques. Mais
pour la science, ce n’est pas dans un vase qu’on l’emporte ; il faut absolument, le prix
une fois payé, la recevoir en soi-même, la mettre dans son âme, et, quand on s’en
va, le bien ou le mal est déjà fait.» Collection
Philosophique 5
Le texte
DANGER DES SOPHISTES
Platon critique les sophistes en procédant à une comparaison.
1. Les sophistes sont semblables à des commerçants
(rappelons que les sophistes étaient des philosophes – selon Platon de faux
philosophes – qui faisaient payer leur enseignement.)
Collection Philosophique 6
Le texteArticulation des
idées
DANGER DES SOPHISTES
- Les commerçants vendent de la nourriture pour le corps, mais ils ignorent (comme la
plupart de leurs clients) si celle-ci est bonne ou mauvaise parce qu’ils ne possèdent pas
la science de la santé du corps : la médecine.
- Les sophistes vendent de la « nourriture » pour l’âme (la science), mais ils ignorent (comme tous leurs clients) si celle-ci est
bonne ou mauvaise parce qu’ils ne possèdent pas la vraie science de l’âme (la
philosophie). Collection
Philosophique 7
Le texteArticulation des
idées
DANGER DES SOPHISTES
2. Une différence :
le commerce des sophistes est plus dangereux que celui des commerçants, car
la nourriture de l’âme ne peut qu’être immédiatement consommée, tandis que la
nourriture du corps peut être différée.
Collection Philosophique 8
Le texteArticulation des
idées
DANGER DES SOPHISTES
Il est, à travers la critique spécifique des sophistes, de mettre en garde contre le
danger des faux-savoirs alliés à la rhétorique. En effet, art de bien parler et de persuader,
qui s’adresse au sentiment plus qu’à la raison, la rhétorique ignore la science, le
savoir vrai, la connaissance : elle ne vise qu’à susciter des opinions dans l’auditoire. En
conséquence, le sophiste, l’orateur qui sait la rhétorique, n’a besoin d’aucune autre
connaissance que son propre art. Il ne lui est pas nécessaire de savoir de quoi il parle, il lui
suffit de savoir ce qu’il veut faire croire.Collection Philosophique 9
Le texteArticulation des
idées Intérêt
philosophique du texte de
Platon
DANGER DES SOPHISTES
La persuasion est donc l’unique fin de ceux qui manient la rhétorique, comme les
sophistes. Persuader, c’est amener à croire à quelque chose et donc, éventuellement,
amener à agir en fonction de cette croyance. Celui qui croit tient pour vraie
une idée même lorsqu’elle n’est pas réellement fondée en raison. Ainsi Platon
fait-il observer dans le Gorgias qu’un malade peut paradoxalement être plus
facilement persuadé de se soigner par un orateur habille que par son médecin.Collection
Philosophique 10
Le texteArticulation des
idées Intérêt
philosophique du texte de
Platon
DANGER DES SOPHISTES
Le médecin sait, parce qu’il est l’homme de l’art, ce qui est bon pour son patient ; il le sait en tout cas mieux qu’un orateur qui n’est pas
médecin. Mais même si son discours est fondé en vérité, il n’est pas pour autant persuasif. La
persuasion entraîne l’adhésion de tout l’être, l’argumentation rationnelle ne touche guère
que l’intelligence. Voilà pourquoi la rhétorique peut se révéler dangereuse. Car comme la
rhétorique ne s’adresse pas à l’intelligence, puisque celui qu’elle persuade ne réfléchit
pas, et qu’elle agit d’autant plus efficacement qu’elle s’adresse à l’ignorance, elle peut viser n’importe quelle fin, bonne ou mauvaise pour
ceux qu’elle persuade.Collection Philosophique 11
Le texteArticulation des
idées Intérêt
philosophique du texte de
Platon
DANGER DES SOPHISTES
L’analyse platonicienne de la rhétorique des sophistes peut ainsi être étendue au
commerce du discours en général. Car comme l’écrit Henri Lefebvre :
« Le discours se vend. Il sert à vendre. Il se manipule et permet de manipuler. Les gens
se divisent alors en manipulateurs et en manipulés ; les rôles peuvent changer, et
le manipulateur se laisser manipuler. Le discours parachève ainsi l’aliénation par
l’argent et le monde de la marchandise. »…Collection
Philosophique 12
Le texteArticulation des
idées Intérêt
philosophique du texte de
Platon
DANGER DES SOPHISTES
… « En allant au fond des choses, ce n’est d’ailleurs pas lui qui manipule et aliène : c’est la forme qui a capturé cette autre
forme, le langage, à savoir la marchandise, et qui la change en discours, en moyen de
persuader, c’est-à-dire de vendre »
(Henri Lefebvre : Le langage et la société,
p. 371).Collection
Philosophique 13
Le texteArticulation des
idées Intérêt
philosophique du texte de
Platon
DANGER DES SOPHISTES
Formateur : Yves LIOGIER
Retrouvez la totalité du cours sur le lien ci-dessous :
Collection Philosophique
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à
l’auteur. Dépôt légal : Juillet 2014
C’était un cours de philosophie
Merci pour votre participation active
http://yvesvianney.over-blog.com/2014/07/la-philosophie.html