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Politiques sociales et de santé : enjeux et perspectives en France Politiques en direction des personnes en situation de vulnérabilité psychique 1 Aymery Constant Maitre de conférence en psychologie EHESP

Politiques sante mentale france

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Politiques sociales et de santé : enjeux

et perspectives en France

Politiques en direction des personnes en situation

de vulnérabilité psychique

1

Aymery Constant

Maitre de conférence en psychologie

EHESP

2

Situation en France

Une étude de 2005 estime que plus d’un tiers de la population française a souffert d’un trouble mental au cours de sa vie (troubles anxieux 12 à 13%, troubles de l’humeur 8 à 11%)

Une personne sur cinq souffre d’un trouble mental dans l’année en cours

Le rapport de la cour des comptes de 2011, estime la population relevant de soins psychiatriques à 1 million de personnes.

Pathologies les plus courantes

Le diagnostic d’état dépressif sévère a touché 2 à 3%

de la population durant les douze derniers mois.

Les troubles d’allure psychotiques touche 3% de la

population.

Le diagnostic de schizophrénie touche 1% de la

population

Le recours aux soins en ville

5

Cheminement de la demande de soin en

santé mentale

• Reconnaitre que les symptomes sont psychologiques

• Reconnaitre qu’ils sont exagérés ou anormaux et ne

vont pas disparaitre avec le temps

• Croire qu’on peut les soigner ou les améliorer

• Croire que la personne qui peut les améliorer est un

professionel de santé versus soi meme ou ses amis

• Choisir ce professionnel entre médecins et non

médecins 6

Enquête de population générale

V.Kovess, I.Gasquet, M.C.Hardy-Baylé

Sujets tirés au sort liste téléphonique (Essonne, Yvelines)

Taux de participation de 67%

900 adultes (suivis sur 18 mois non présenté)

– population générale : 441 (416 n’ont pas de pb)

– dans un 2e temps : suréchantillonage de dépressifs (DSM-IV) 341 ; 3 niveaux de sévérité

– après instrument diagnostic : en avoir parlé à un médecin ou un professionel non médecin

– dans une autre section : avoir reçu de l’aide d’une des personnes proposées sur une liste

7

Vers qui se tourne le patient

en cas de problèmes psychologiques

8

N=416

1- A qui vous

adresseriez-

vous

en premier?

2- Par qui

voudriez-vous

être suivi?

3- Si vous vouliez suivre

une Psychothérapie,

à qui vous adresseriez-

vous?

Médecin Généraliste 57.5 46.2 22.1

Psychiatre 14.4 16.8 22.4

Psychologue 14.9 19.5 23.1

CMP 0 - -

Hôpital Général,

urgences

0.2 - -

Autre Spécialiste Méd. - 2.6 2.2

Autre Prof. Santé - 1.0 0.7

Un “Psy" 0.5 2.6 4.1

Autre professionel 2.2 - -

Entourage 7.7 - -

Autre 1.0 4.8 10.6

Ne sait pas 1.7 6.5 14.9

Total 100.0 100.0 100.0 1 Free sectored public service

Rôle du MG chez les patients souffrant de

problèmes psychologiques

N=416

4- Si votre

généraliste

vous

proposait de

voir un “psy”

suivriez-vous

son conseil?

5- Si votre

Généraliste

vous

proposait de

prendre un

traitement

Medicamente

ux le

prendriez-

vous?

6- Iriez-vous

voir une

personne que

votre

généraliste

vous

suggérerait

pour vos pb

Psy?

7- Est-ce-que

votre

généraliste

travail avec les

professionels

de la SM

8- Est-ce que

votre

généraliste

peux gérer les

difficultés

psycholo

giques seul?

9- Est-ce que la

psychothérapie

est nécessaire

en cas de

difficultés

psychologique

s

Oui 78.8 55.6 83.1 19.8 27.8 81.0

Non 16.1 36.7 12.6 19.6 50.2 10.1

Pas

d’opinion 5.1 7.7 4.3 60.6 22.0

8.9

Total 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

9

Peu de transfert entre le généraliste et

le système spécialisé en psychiatrie

10

p<0.000

p<0.000

p<0.020

p<0.000

Un médecin vous a t il référé à un intervenant en santé

mentale?

11

Des taux de psychiatres différents suivant

les régions

12

Le role des psy non médecin*

13

p<0.000

p<0.000

p<0.000

p<0.000

p<0.000

p<0.000

* Parmi ceux qui ont consulté sur toute la vie

Des niveaux de remboursement différents

suivant les pays

14

Dezetter A., Briffault X., Alonso

15

Un système de medecine de ville peu

satisfaisant

• S’appuyant sur des généralistes qui ne sont pas

en contact avec les spécialistes et n’ont pas

vraiment les moyens de gérer adéquatement les

pb de santé mentale

• Des spécialistes de psychiatrie mal répartis sur le

territoire

• Excluant les psychologues du circuit de soin

• Le tout correpondant à des niveaux élevés de

consommation de psychotropes

16

Les structures

17

Prise en charge

La psychiatrie en quelques chiffres (2013) :

– 20 millions d’actes en ambulatoire pour 1,9 million de

patients,

– 407 000 patients ont eu recours à des soins de

psychiatrie à temps complet,

– 25 millions de journées

– 80% de ces journées sont réalisées par les

établissements Daf ( dotation annuelle de

financement) ,

– 23 000 patients ont eu au moins une journée en

isolement thérapeutique,

– 4% des patients sont des enfants.

l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (Atih)

Prise en charge

70 % des personnes suivies ne sont jamais

hospitalisées.

En psychiatrie 80 % des personnes hospitalisées

l’étaient avec leur consentement.

Les hospitalisations à la demande d’un tiers (HDT)

représentaient 79,74% des HSC et les hospitalisations

d’office (HO) 20,26%.

La durée moyenne de séjour en HDT était de 38 jours

et de 63 jours en HO.

l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (Atih)

L’offre de soins hospitalière

600 établissements autorisés en psy dont 46% de statut public.

90 font exclusivement de la psy (environ 1 par département)

19 millions de journées d’hospitalisation complète en 2010 pour 57 408 lits

18 millions d’actes ambulatoires

857 secteurs de psychiatrie générale et 375 de pédopsychiatrie

21

22

23

24

Les structures de soins psychiatriques

• Les structures de soin en psychiatrie adulte – Les unités temps plein

– Les hôpitaux de jour

– Les CATTP

– Les appartements thérapeutiques

– Les communautés thérapeutiques

• Les structures médico-sociales – avec hébergement

– dépourvues d’hébergement

• Les structures de soins en psychiatrie infanto-juvénile

25

Les unités temps plein

• On distingue cinq types d’unités : – secteur de psychiatrie générale = G

– Secteur de psychiatrie en milieu pénitentiaire = P

– intersecteurs de toxicomanie = T

– intersecteurs d’alcoologie = A

– secteurs de psychiatrie infanto-juvénile = I

• En plus on doit ajouter les UMD au nombre de quatre qui sont indépendantes de la sectorisation

• Il existe moins de 10 % d’hospitalisation sous contrainte.

• La moitié des hospitalisation sont des réadmissions. Seulement 5 % concerne la pédo-psychiatrie

26

Les hôpitaux de jour

• Ils fonctionnent sur un statut de droit public ou de droit privé et sont dans la plupart des cas indépendant de l’hospitalisation temps plein. Certains sont intersectoriels.

• L’activité minimale doit être de 730 séances quel que soit le nombre de malades pris en charge.

• La capacité s’exprime en place. On parle au niveau administratif de journée d’hospitalisation si le repas est pris sur place, de séance pour la demi journée et d’actes en cas d’intervention thérapeutique isolée.

27

Les Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps

Partiel (CATTP)

• Ils ont été officiellement mis en place par le décret du 14/03/86

• Structure intermédiaires entre les hôpitaux de jour et les CMP

• Les centres assurent essentiellement des actions

– de prévention primaire pour les patients se présentant spontanément

– de prévention secondaire après un séjour hospitalier pour éviter une nouvelle hospitalisation

– de prévention tertiaire axée sur la réinsertion

28

Les appartements thérapeutiques

• Premiers appartements dans les années 70

• Ils ont été légalisés par la loi du 25/07/85

• Un montage type comporte pour un secteur

– Une équipe disposant de deux ou trois

appartement permettant de placer une dizaine de

malades

– L’adhésion du patient

– La visite régulière d’infirmiers de secteur, de

travailleur sociaux, de médecins, de psychologie

29

Les communautés thérapeutiques

• est à entendre au sens de structure intermédiaire

spécialisée dans l’aide aux malades mentaux

• Souvent gérée par des non professionnels de la

santé mentale

• Modèle associatif

30

Les structures médico-sociales avec

hébergement

• Placement familial spécialisé – Le fonctionnement général sous la responsabilité du

directeur, la responsabilité technique : psychiatre coordinateur de l’équipe soignante

– Le rôle du médecin : participer à la sélection et à l’agrément des familles d’accueil et de poser l’indication d’assurer le suivi médical

– L’unité d’accueil peut être constituée

• soit par une famille au sens traditionnel du terme

• soit par une famille dite thérapeutique qui doit alors comporter deux adultes homme et femme

• soit par une communauté d’accueil thérapeutique

• le nombre de personnes reçues ne peut dépasser deux

31

• Autres alternatives : HAD, soins infirmiers à domiciles, le placement familial en famille d’accueil etc.…

• Structures sociales régies par la loi du 30/06/75. Elles comportent essentiellement des unités pour les personnes âgées

– maisons de retraite

– foyer-logement

– résidence pour personnes âgées

– maisons d’accueil pour personnes âgées dépendantes

32

Les structures dépourvues d’hébergement

• Se sont des structures orientés vers un objectif

particulier

– les Centre d'Hygiène Alimentaire et Alcoologie

– les ateliers protégés

– les Centre d’Aide par le Travail

33

• Les foyers à double tarification

– pour des adultes gravement handicapés dont

l’état ne nécessite plus un traitement « actif »

• Maison d’Accueil Spécialisée prévue par

l’article 46 de la loi d’orientation en faveur des

personnes handicapée (financement

assurance maladie)

• Foyer de vie ou occupationnels créés en

application de l’article 168 du code de la

famille et de l’aide sociale (financement aide

sociale départementale)

34

Les structures de soins en psychiatrie

infanto-juvénile

Elles sont très nombreuses

• Les services de soins proprement dit sont définis par la circulaire du 11/12/92 précisant les modalités d’application de la loi du 31/12/85..

• Les structures médico-sociales sont elles aussi extrêmement nombreuses. Ces structures, publiques, semi-privées ou privées sont regroupées selon la terminologie de la loi n° 75-535 du 30 juin 1997 « relatives aux institutions sociales et médico-sociales »

La psychiatrie dans les CHU

• Stratégies Innovantes

• Psychiatrie de liaison dans les services MCO

• Coordination de soins

• Missions transsectorielles

• Maladies Rares

• Soins de recours (sismothérapie, …)

• La psychoéducation (éducation

thérapeutique)

• Centres experts

Les partenariats privilégiés

• les Neurosciences

• L’imagerie fonctionnelle

• la Médecine Légale (hospitalisations sans

consentement et expertises)

• la Santé Publique

• La Génétique

• Les sciences humaines et sociales

les Centres Experts

leur mission : Prévenir et dépister

La création de la fondation FondaMental a été un acte militant

en faveur de la recherche et des soins en psychiatrie

Des passerelles pour faciliter l’accès des patients (jeunes

adultes) à une offre de soins spécialisée : psychiatres libéraux,

psychiatres hospitaliers, secteurs…

Création de centres de dépistage et de consultations

diagnostiques

• Psychiatrique

• Somatique

• Cognitif

• Social

• Professionnel

Les Centres Experts Structures régionales, non sectorisées, ambulatoires,

pluridisciplinaires et spécialisées

Dans un premier temps sur trois pathologies : troubles

bipolaires, schizophrénie et l’autisme de haut niveau

inscrits dans un travail partenarial participant aux

réseaux de soins pour améliorer l’efficacité des prises

en charge

en lien direct avec les associations de patients

Un même lieu pour articuler les soins et la recherche

et créer des plateformes de recherche cliniques

« Les Centres Experts »

9 Centres Experts Troubles Bipolaires

Créteil, Paris, Versailles, Bordeaux, Nancy,

Montpellier, Grenoble, Marseille, Monaco

10 Centres Experts Schizophrénie

Strasbourg, Clermont-Ferrand, Versailles,

Colombes, Créteil, Montpellier, Marseille,

Bron, Bordeaux, St Egrève

4 Centres Experts Asperger

Bordeaux, Paris, Créteil, Saint-Egrève

11 Centres Experts Dépression

résistante

en cours d’adhésion/labellisation:

Créteil, Paris-Pitié-Salpêtrière, Paris-

Lariboisière, Grenoble, Clermont-

Ferrand, Montpellier, Marseille, Bron,

Besançon, Lille, Tours

40

Le rôle des usagers en santé

mentale

Éléments de contexte

De nouveaux malades en lien avec l’accroissement des maladies chroniques Connaissance du système et formulation d’attentes

De nouveaux comportements plus actifs dans la gestion de leur maladie et la recherche d’information Connaissance sur la maladie parfois supérieure aux

soignants

De nouveaux besoins : l’enjeu n’est plus la guérison mais la qualité de vie Une place du médecin ou du soignant relativisée par rapport

aux autres professionnels

Éléments de contexte Historique des associations

Les années 60-80

Associations fondées très souvent par des professionnels de la santé qui décident de la politique de l’association.

Rôle des associations : accompagner les malades et soutenir les recherches entreprises par les professionnels.

La décennie 80

Création d’associations par les malades eux-mêmes.

Reconnaissance par le monde médical d’une certaine « expertise du malade sur sa maladie ».

Expression de revendications sur la prise en charge, les thérapies et l’organisation sanitaire.

Éléments de contexte Historique des associations

Fin des années 80-début des années 90

Apparition et développement d’associations de victimes.

Remise en cause des processus de décisions

Développement des activités santé d’associations qui ne sont pas des associations de malades (familles, consommateurs…)

Années mi–90 jusqu’à aujourd’hui

Apparition d’un modèle de codécision

Participation des représentants des usagers dans

différents organismes sanitaires

Structuration du mouvement associatif : création du CISS

et déclinaison régionale en cours

Le contenu de la loi du 4 mars 2002

titre II : démocratie sanitaire

Une affirmation des droits individuels (chapitre I et II)

Une réaffirmation des droits de la personne

Égalité d’accès aux soins et à la prévention

Respect de la dignité

Extension du secret professionnel

Le droit à l’information

Le consentement libre et éclairé / participation à la

décision

La personne de confiance

L’accès au dossier médical

La mise en place de la commission des relations avec

les usagers et la qualité de la prise en charge

Le paysage associatif dans le

champs de la santé mentale

Les associations de familles Unafam

Les associations de patients / les associations d’usagers Fnap-psy, Argos 2000, schizo… oui ! Advocacy

Les associations de bénévoles

Les Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM) Objectif : désenclaver une population souffrant plus particulièrement

d'isolement et d'exclusion sociale en instaurant à la fois des liens sociaux réguliers entre pairs et avec le reste de la cité

Entité juridique indépendante organisée en association loi 1901 composée d'adultes connaissant des troubles psychiques reconnus ou non-reconnus handicapés

Parrainage par une autre association dotée d'une compétence gestionnaire mise à la disposition de la parrainée : association d'usagers, de familles, ou œuvrant dans le champ de la santé mentale ou un établissement de santé mentale.

Des modalités d’intervention

diverses

Lutte contre les discriminations,

Information,

Écoute, soutien,

Entraide , auto-support,

Représentation des usagers

auprès des pouvoirs publics,

auprès d’un hôpital

Intérêt pour les professionnels

La relation soignant-soignés Complémentarité des rôles

Une écoute différente

Une autre manière de faire passer des messages

Facteur de continuité de la prise en charge, meilleure articulation ville hôpital

Prise en compte de l’expérience

Plus grande efficacité des soins fondée sur l’empowerment des malades

Prise en compte des facteurs environnementaux et sociaux

La prise en compte des proches

L’amélioration des pratiques et du système Observation, analyse, aide à l’amélioration, recueil et

interprétation du point de vue des usagers

48

Les lobbies

(écoles de pensée, chapelles, corporations etc…)

49

Rapport de l’Inserm sur l’évaluation

de l’efficacité des psychothérapies

Commandé par la Direction Générale de la Santé et

sollicité par les deux grandes associations des

représentants des usagers en santé mentale en France:

• La FNAP PSY (Fédération Nationale des Associations

d(ex) Patients en PSYchiatrie)

• l’UNAFAM (Union Nationale des Associations de

Familles de Malades psychiques) .

Il s’appuie sur les données scientifiques disponibles en

date du dernier semestre 2003. Environ 1 000 articles et

documents ont constitué la base documentaire de cette

expertise.

50

Rapport de l’Inserm sur l’évaluation

de l’efficacité des psychothérapies

Le Directeur Général de la Santé, William Dab a

donné publiquement, en février 2004, un satisfecit à

ce rapport en soulignant sa valeur scientifique lors de

sa présentation à la presse.

Au cours d’une allocution lors d’un forum qui s’est

tenu à la Mutualité de Paris le samedi 5 février 2005,

et organisé par l’Ecole de la Cause Freudienne, le

ministre de la santé se déclare contre son utilisation et

le retire du site du ministère

51

Rapport INSERM sur les troubles des

comportements chez les enfants

2005: S’appuyant sur les conclusions de plus d’un millier de recherches scientifiques internationales, les experts de l'INSERM préconisent dans un document de 364 pages (disponible en ligne) de mieux informer parents et éducateurs sur les troubles du comportements chez les enfants et de le dépister le plus précocement possible, dès l’âge de trois ans, afin d’en assurer la prévention.

Recommandations du rapport

Améliorer l’information sur le trouble des conduites en France, notamment

au moyen d’études épidémiologiques auprès d’enfants et adolescents dans

la population générale, tout comme dans des populations à haut risque

(milieu carcéral, éducation spécialisée, zones urbaines sensibles…).

• Repérer les facteurs de risque familiaux, pré- et périnataux, génétiques.

• Développer des programmes de prévention spécifiques,

former le personnel des structures éducatives,

intervenir auprès des familles à risques, dépister les signes

précurseurs le plus tôt possible, c’est-à-dire à 3 ans, et les reporter

sur le carnet de santé.

• Effectuer des évaluations régulières, approfondies et pluridisciplinaires

pour les sujets présentant des symptômes. Évaluer les effets des diverses

psychothérapies. Poursuivre les recherches pharmacologiques.

Rapport INSERM sur les troubles des

comportements chez les enfants

Le lendemain même, le Syndicat national des médecins de protection maternelle et infantile (SNMPMI), s’insurge. Ses dirigeants seront à l’origine de Pasde0deconduite, qui ralliera plusieurs dizaines d’associations de psychologues, médecins, éducateurs… et dont la pétition (disponible en ligne) sera contresignée par près de 200 000 internautes. Parmi les premiers signataires, on retrouve des pédopsychiatres, psychologues cliniciens, médecins, maitre de conférence, professionnels de la petite enfance, …. …Dont beaucoup appartiennent à un courant de pensée philosophique qui avait déjà fait censurer un rapport de l’INSERM par le ministre de la santé en 2004

Pétition

« les enfants dépistés seraient soumis à une batterie de tests élaborés sur la base des théories de neuropsychologie comportementaliste » « Selon les critères des études Anglo-Saxonnes » crèches et écoles transformées en « lieux de traque », « dressage ou rabotage des comportements », toxicomanie médicamenteuse pour abrutir le délinquant potentiel trop petit pour se défendre « Le moindre geste, les premières bêtises d’enfant risquent d’être interprétés comme l’expression d’une personnalité pathologique » à la merci d’une « pensée soignante robotisée »

http://www.pasde0deconduite.org/appel/

Décryptage

Contenu du rapport Contenu de la pétition

Etudes internationales Etudes Anglo-saxonnes

Dépistage Traque

Repérer les facteurs de risque

et prévenir les troubles

approche déterministe et

suivant un implacable principe

de linéarité

Prévention précoce Traque précoce

Pharmacologie en seconde

intention

Toxicomanie

Prise en charge

psychothérapique

Formatage, dressage ou

rabotage des comportements

intervenir auprès des familles à

risques

stigmatisation

• Les professionnels de santé sont peu ou pas formés à

ce trouble et ont souvent des difficultés pour répondre

aux questions des familles, apporter un soutien à

l’enfant et l’orienter vers une prise en charge adaptée.

• Cette méconnaissance peut entraîner un retard

diagnostique et/ou une absence de prise en charge,

conduisant au fil du temps à une aggravation des

conséquences psychologiques, scolaires et sociales

chez l’enfant avec le risque à long terme de

répercussions délétères sur la vie entière (difficultés

dans les champs de l’emploi et du travail, désinsertion

sociale, conduites addictives, etc.).

Haute Autorité de Santé

(Décembre 2014)

Les instances

58

59

Trois instances de premier plan

• Le comité départemental de santé mentale – 38 membres dont 18 soignants

– organisme consultatif chargé de prononcer des avis techniques et qui doivent être consultés systématiquement en matière de planification et de carte sanitaire en psychiatrie avant saisine du comité régional et du comité national de l’organisation sanitaire et social

– aussi sollicité pour les créations les reconversions et l’extension des établissements. Elle peut aussi donner des recommandations

60

• La commission des Maladies mentales – 53 membres

– comprend 10 groupes de travail

– organisme de réflexion sur la santé mentale, chargé de donner son avis ou de formuler des propositions quant aux actions de préventions de traitement et de réinsertion des malades mentaux

– contribue à définir la politique de santé mentale

• Le Haut comité de santé publique. – instance généraliste

– structure conseillère du ministre de la santé

La sectorisation

61

La sectorisation psychiatrique

• Premières élaborations : années 1960/1970

• Mise en application: – Mis en place par la circulaire du 15 mars 1960.

– Progressivement sur tout le territoire

• Définition administrative : – Découpage géodémographique de 70 000 habitants.

– Structures hospitalières

– Importance des structures extra-hospitalières : Hopitaux de jours, CATTP, CMP , ateliers thérapeutiques , …

• Objectif triple: traiter à un stade précoce, séparer le moins possible le malade de sa famille, assurer les soins de post-cures pour éviter la réhospitalisation.

Le secteur correspond à une aire géographique dont la

taille est définie par la population qui y réside. (Environ 70000 habitants pour un secteur adulte, un secteur infanto juvénile pour trois secteurs

adultes)

• Il existe 4 critères :

• Géographique.

• Nosographique.

• De politique sanitaire (prévention, soins, postcure).

• Equipe pluridisciplinaire.

• Chaque secteur est placé sous l’autorité d’un médecin

psychiatre à la tête d’une équipe pluridisciplinaire.

• Le secteur assure le dépistage précoce, la prophylaxie, la

cure et la postcure des maladies mentales, de l’alcoolisme

et de la toxicomanie.

Moyens en psychiatrie publique

Etat des lieux (source DREES)

857 secteurs de psy générale (59000 habitants

de + 16 ans en moyenne); 375 secteurs de psy infanto-juvénile (46000 habitants de - 20 ans) en 2010

1500 patients par secteur en moyenne

Principes

– Accessible à TOUS les malades d’une aire géographique

– Traitement le plus précoce possible

– Assurer une post-cure pour éviter les rechutes et

rehospitalisations: suivi

– Traitement le plus proche possible du lieu de résidence

pour séparer le moins possible le patient de son milieu

– Prise en charge en équipe multidisciplinaire pour une

continuité des soins et de la prise en charge

– Travail de lien avec la famille , les autres intervenants

médicaux ou paramédicaux

– Prise en charge globale du patient

La doctrine du secteur procède d’un double

mouvement de réflexion.

• Le constat critique de la situation des institutions au regard des impératifs de soins.

• La nécessaire continuité des soins aux malades hospitalisés ou non et l’organisation de soins primaires.

• La réforme des hôpitaux impliquait de mettre sur pied d’autres formules soignantes institutionnelles extra hospitalières et non institutionnelles.

• On passait d’une pratique d’assistance à une pratique de soins.

• Les problèmes gestionnaires et la logique hospitalocentrique ont ralenti ou modifié des projets de soins.

La circulaire du 15 mars 1960 relative au programme d'organisation et d'équipement

des départements en matière de lutte contre les

maladies mentales est le texte originel relatif à la

sectorisation.

Il s'agissait de créer un dispositif adapté et efficace.

Les objectifs :

- traiter à un stade précoce,

- séparer le moins possible le malade de sa famille et de

son milieu,

- assurer une postcure évitant les hospitalisations multiples.

Créer une filière de soins : le malade suivi par la même équipe

tout au long de son traitement et quel que soit le lieu de

prise en charge

Ce n’est qu’à partir des années 1980 que la sectorisation se met en place avec des succès plus ou moins importants selon les établissements et les départements.

• En 1985 nouvelle loi et circulaire sur le secteur (légalisation du secteur et organisation des soins confiée aux établissements hospitaliers), donc unicité de gestion intra/extrahospitalier par la direction de l’hôpital ( les DASS géraient auparavant l’extra hospitalier favorisant ici et là les projets innovants.)

Mais « hospitalocentrisme »++, et souvent diminution pour les secteurs les plus engagés des moyens de « l’extrahospitalier ».

• L’arrêté du 14 Mars 1986 concerne les équipements et services de lutte contre les maladies mentales avec ou non possibilité d’hospitalisation.

• L’Arrêté du 14 Octobre 1986 définit les ‘Unités pour Malades Difficiles’ (U.M.D.).

• La Circulaire du 14 Mars 1990 (Evin) réaffirme les principes de la sectorisation et la coordination des soins avec le personnel soignant ne travaillant pas dans un milieu psychiatrique.

Elle détaille les organisations, c’est le document le plus détaillé et abouti sur l’organisation des soins ambulatoires et des structures innovantes de soins et de concertation avec les acteurs du médico social..

• La loi de 1990 qui réforme la loi de 1838 régissant les modalités d’hospitalisation (voulue pour le bicentenaire de la révolution de 1789)

Une organisation historiquement datée

Le contexte de la circulaire du 15 mars 1960 c’est :

• Une France de 45 millions d’habitants,

• Une norme OMS de 3 lits pour 1 000 habitants,

• Des établissements psychiatriques de 600 lits

temps plein en moyenne,

• Une population d’enfants et d’adolescents

d’environ 32 % de la population générale.

Beaucoup de choses ont changé :

• La démographie générale quantitative et

qualitative

• La démographie professionnelle

• Les besoins en hospitalisation temps plein

• Le paradigme (de la psychiatrie à la santé

mentale)

• Le poids des usagers est plus en plus important

• La demande a explosé

• De nouveaux acteurs impliqués et performants

sont apparus : municipalités, acteurs du médico

social, bailleurs sociaux…

Les « Plans psychiatrie »

Les indicateurs de santé sont défavorables

• l’offre de soins en termes de capacité d’hospitalisation et de nombre de psychiatres place la France parmi les pays le mieux doté. Cette offre de soins psychiatriques est cependant mal répartie et encore trop cloisonnée.

• D’où la nécessité d’un plan d’ensemble afin d’assurer des prises en charge globales prenant en compte les besoins multiples, sanitaires et sociétaux des personnes.

• mettre en synergie et en cohérence, y compris en terme de financement, les différents acteurs concernés : sanitaire, social et médico-social

Pourquoi un plan psychiatrie et santé mentale?

Le plan psychiatrie et santé mentale

2005 -2008

> Prévention-réorganisation-décloisonnement des prises en charge sanitaires et sociales

> Un accompagnement financier à la fois sur le fonctionnement et sur les investissements

> Dégager des orientations stratégiques communes, au service d’une politique de santé publique ainsi que d’un objectif de soutien à l’autonomie sociale, répondant aux besoins de santé mentale appréhendés dans leur globalité et sur la base d’une approche coordonnée des politiques dans les champs de la prévention, des soins, de la réinsertion et de l’accompagnement

> Impulser une méthode de mise en œuvre inscrite à la fois dans une logique de meilleure articulation des décideurs nationaux, régionaux et locaux et dans une dynamique d’objectifs mieux définis en amont et de résultats mieux suivis en aval

> Permettre une lisibilité sur l’ensemble des moyens dans le cadre du plan en s’appuyant sur des calendriers budgétaires mieux synchronisés

> Le principe de prise en charge privilégié doit reposer sur l’action conjointe et coordonnée et non plus sur la coexistence ou le caractère strictement alternatif du dispositif

> La collaboration entre les professionnels de la psychiatrie et les installations médico-sociales doit rechercher une complémentarité des deux secteurs, à partir des compétences et des savoir-faire réciproques, des mises en commun de moyens humains et/ou financiers

Améliorer les réponses aux besoins en santé

mentale dans leur globalité

Financement mesures du plan psychiatrie et santé mentale

Axe 1 : Assurer une prise en charge coordonnée 207,27 Millions € sur 4 ans (2005-2008)

Campagne INPES grand public 7 Millions € 2006

Actions de promotion de la santé mentale 1,5 Millions € 2006

Créations d’alternatives à l’hospitalisation et renforcement

du CMP en psychiatrie 53,4 Millions € 2005-2008

Adaptation et revalorisation de l’hospitalisation complète

en psychiatrie 52,8 Millions € 2005-2008

Développement des réseaux en santé mentale 5 Millions € 2005-2008

Création de 1900 places de services d’accompagnement 28,5 Millions € 2005-2007

Création de 1000 places d’hébergement en établissement 38 Millions € 2005-2007

Création de 300 clubs d’entraide mutuelle 20 Millions € 2005

Renforcement du soutien aux associations 0,6 Millions € 2006

Instauration d’un tutorat/ compagnonnage pour les

nouveaux infirmiers en psychiatrie financée sur le

FMESPP

25 Millions € 2005-2008

Aides aux établissements de santé visant un effort de

1,5 Milliards € d’investissements supplémentaires à partir :

- Aides en fonctionnement au remboursement de l’emprunt

- Aides en capital par subvention du FMESPP

70 Millions €

10 Millions € /an

2006-2010

2006-2010

Financement mesures du plan psychiatrie et santé mentale Axe 2 : Des patients, des familles et des professionnels, 71 Millions € de moyens de fonctionnement et 35 Millions € au titre du FMESPP sur 6 ans (2005-2010)

Création d’un groupement d’intérêt scientifique 45 000 € 2005

Déploiement de la valorisation de l’activité en

Psychiatrie (VAP) par un soutien à l’investissement

pour les systèmes d’information au titre du FMESPP

12 Millions €/an 2005-2008

Financement mesures du plan psychiatrie et santé mentale Axe 3 : Développement de la qualité et de la recherche 45 000 € de moyens

de fonctionnement et 12 Millions € au titre du FMESPP (2005-2008)

Programme de prévention du suicide 6 Millions € 2005

Création d’équipes mobiles psychiatrie/précarité

interrégionaux 10,75 Millions € 2005-2008

Création de 5 centres de ressources sur les

auteurs d’infractions sexuelles et actions de

formation et de recherche

6 Millions € 2005-2008

Financement mesures du plan psychiatrie et santé mentale Axe 4 : Programme spécifique 36,4 Millions € de moyens de fonctionnement

sur 4 ans (2005-2008)

Bilan du plan 2005-2008

Le rapport du Haut Conseil en Santé Publique

Des progrès : investissements pour l’amélioration des

conditions d’accueil et d’hébergement, un

renforcement des prises en charge ambulatoire…

… mais une offre de soins qui reste à adapter aux

besoins : cloisonnement, impact limité sur le rôle des

médecins généralistes, développement insuffisant des

alternatives à l’hospitalisation complète

Des difficultés qui demeurent : logement, information

du public, droits des patients, recherche…

Bilan du plan 2005-2008

Le rapport de la Cour des comptes

Des résultats médiocres en raison de l’insuffisance

des moyens financiers, de la défaillance du pilotage

et du défaut d’un portage suffisamment fort.

Des disparités persistantes : le poids excessif de

l’hospitalisation complète, une prise en charge

médico-sociale insuffisante…

Une confusion dommageable dans l’organisation

territoriale liée à « la mise en déshérence discrète

et progressive de la sectorisation ».

Les 4 recommandations stratégiques de la Cour des

Comptes

Définir et mettre en œuvre une mission de

service public visant l’ensemble de la psychiatrie :

préserver les acquis de la sectorisation et faciliter

la mise en œuvre de la réorganisation de l’offre de

soins

Réduire les disparités géographiques

Mettre en œuvre la réforme du financement des

soins psychiatriques

Renforcer la recherche et l’épidémiologie

Rapport Couty (janvier 2009):

Missions et organisation de la santé mentale et de la

psychiatrie

26 recommandations

Place de la psychiatrie dans la loi HPST

renforcer le rôle des usagers et familles

mettre fin à la politique de sectorisation: rôle accru de

l’extrahospitalier, création des groupements locaux de

coordination pour la santé mentale (ARS)

Nouvelle répartition des tâches, des champs de compétence et

des responsabilités (psychiatres/infirmers/psychologues)

renforcer le passage de la psychiatrie vers la santé mentale

(formation et implications des MG et autres)

Développer la recherche en santé mentale (shs, neurosciences…)

Lutte contre les discriminations et la stigmatisation

Pédopsychiatrie: évaluation des pratiques, unités mobiles,

prévention en milieu scolaire

Le plan psychiatrie et santé mentale 2001-2015

4 thématiques :

­ Prévenir et réduire les ruptures au cours de la vie de la

personne

­ Prévenir et réduire les ruptures selon les publics et les

territoires

­ Prévenir et réduire les ruptures entre la psychiatrie et

son environnement social

­ Prévenir et réduire les ruptures entre les savoirs

Un calendrier contraint : octobre 2011 / février 2012

20 propositions

1. Une organisation territoriale pertinente, sur la base

des réponses apportées par le secteur, à partir d’un

état des lieux concerté.

2. Favoriser l’installation des professionnels dans les

zones sous-équipées : accessibilité

3. Structurer la formation des professionnels :

spécialisation IDE, tutorat, formation des MG,

formation croisée avec le secteur médico-social

4. Garantir une réponse aux situations non

programmées

5. Valoriser la continuité des prises en charge

20 propositions

6) Garantir l’accès des usagers à des soins somatiques

appropriés

7) Identifier des modalités de réponse spécifique et

repérable à l’intention des proches

8) Améliorer les conditions d’accueil et de prise en charge

dans des locaux adaptés et rénovés

9) Diversifier les modalités d’hospitalisation pour

certaines populations nécessitant des séjours

prolongés

10) Développer et coordonner l’organisation d’une

psychiatrie spécifique du sujet âgé

20 propositions

11. Renforcer les actions de prévention en pédopsychiatrie

12. Adaptation des dispositifs aux particularités des

populations en situation de grande précarité

13. Développer le partenariat psychiatrie-médecin

généraliste

14. Prévenir et traiter les problèmes de violence, de

dangerosité et de sécurité en partenariat avec la justice

et la sécurité intérieure

15. Evaluer, simplifier et amender le dispositif instauré par

la loi du 5 juillet 2011

20 propositions

16. Evaluer au niveau national et régional l’enveloppe

dédiée à la psychiatrie

17. Développer des modalités d’allocation de ressources

adaptées à la psychiatrie

18. Promouvoir et développer les Groupements

d’Entraide Mutuelle

19. Développer une offre de logement diversifiée

20. Adapter la notion de personne de confiance aux

spécificités de la psychiatrie

Pour conclure

• Beaucoup de bonnes intentions dans les divers plans

et politiques envers la santé mentale en France, mais

– Pas de direction claire: Les politiques et les

textes se sont « empilés » depuis 1945, avec

pour conséquence de fragmenter l’offre de soins

et de multiplier les acteurs sans coordination ni

concertation, ni même de consensus

– Beaucoup d’enjeux de pouvoir locaux (lobbies,

secteurs, associations…) et un système illisible

pour le public: difficulté d’unifier les pratiques, les

acteurs, les réseaux..

– Pas de réelle volonté politique (buts, moyens)

89

90

Pour conclure….