2
Ce que je crois - Une vision africaine endogène ou l’impératif d’une gouvernance démocratique, entrepreneuriale et systémique Extraits de l’ouvrage Dans les bois de la gouvernance, je me suis promené Gouvernance Management Public Prospective, #1 by Abdou Karim GUEYE « Laissez-nous penser ! » La gouvernance qui produit des impacts et des résultats durables, capables de transformer le réel, sera entrepreneuriale ou ne sera pas. A la lumière de l’expérience, un grand problème, c’est l’égotisme, la capacité d’humilité, à s’oublier, à partager, à gommer le « moi », le « Je », à se focaliser non sur les personnes, mais sur des projets, une vision, des résultats et des impacts. C’est aussi, pour l’Afrique, ce qu’est une vraie stratégie d’excellence, comment la formaliser, la diffuser pour une appropriation à l’échelle la plus vaste possible. Alors prévaut le paradigme que la gouvernance démocratique n’a de sens que si elle tisse un lien avec une vision pertinente et orientée le leadership, les résultats et l’impact. A cet égard, les leçons de l’histoire, de la société contemporaine et de l’Etat moderne attestent qu’on est passé progressivement, sous maints aspects, d’une gouvernance hiérarchique à une gouvernance de catalyse et entrepreneuriale qui oriente, impulse et motive, en développant le partenariat, et sur cette lancée, en déconcentrant voire en décentralisant. Dans cette perspective, la gouvernance au sommet stratégique doit se focaliser sur le leadership, le contrôle stratégique et l’atteinte de performance. Evidemment, dans les situations de crise, d’indiscipline manifeste ou généralisée, en somme de management de crise, il est possible d’envisager que seul un leadership autoritaire bienveillant et équitable puisse conduire vers des objectifs de performance et d’excellence. En fait le management des organisations intègre depuis longtemps cette question, par exemple l’Ecole de la contingence 1 . En somme, plus une société devient éduquée et instruite, responsable et disciplinée, professionnelle et ouverte aux apports positifs de l’extérieur, plus peut-être le leadership peut être consultatif ou participatif et miser dès le départ sur l’excellence, la qualité, les performances. Or, il existe plusieurs manières d’y arriver, le management par l’exemple, la gestion de l’excellence et de la méritocratie, le pilotage de centres de responsabilités et de performance, etc. Dans tous les cas, un problème central, c’est comment accroître la marge de manœuvre des citoyens, améliorer les modes de dévolution des pouvoirs dans les pays à faible culture démocratique ? Comment déclencher les facteurs de création de valeur ajoutée et de richesse ? Un enjeu, c’est aussi comment instaurer des Etats, des entreprises, des organisations internationales économiques et financières qui optent pour des systèmes et des stratégies à visage humain, qui savent écouter et se remettre en cause. Mais, encore, faudrait-il encore que le leadership existant garantisse l’effectivité d’un environnement adapté et fasse preuve d’un engagement sans faille, qu’il amène les citoyens à se focaliser sur des objectifs et une vision, les hommes d’affaires à être parties prenantes de l’aventure du développement et de la croissance. En effet, une vision analytique de type cartésienne, « Hard Thinking », conduit à confiner la démocratie aux aspects purement institutionnels, législatifs ou réglementaires, voire au phénomène de la conquête du pouvoir par les partis politiques. Certes, c’est peut-être un minimum admissible, mais cette approche conduit à occulter les modalités et les perspectives de mutations politiques dont il n’est pas toujours sûr qu’elles se déroulent de la même manière séquentielle qu’ en Occident. Historiquement, le Parlement y a conquis sa marge de manœuvre et accru ses pouvoirs vis-à- vis de l’exécutif, suivi en cela par la société civile. Rien ne permet d’établir qu’en Afrique le processus démocratique suivra de façon linéaire une telle séquence. A priori, le rôle prépondérant de l’Exécutif, la 1 L’école du management contingent défend une idée d’un management formalisé à partir des contingences, spécificités et réalités d’une organisation. En somme, il n’y a pas de modèle figé, tout dépend du contexte.

Extraits de l’ouvrage Dans les bois de la gouvernance, je me suis promené

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Extraits de l’ouvrage Dans les bois de la gouvernance, je me suis promené

Ce que je crois - Une vision africaine endogène ou l’impératif d’une

gouvernance démocratique, entrepreneuriale et systémique

Extraits de l’ouvrage Dans les bois de la gouvernance, je me suis promené

Gouvernance Management Public Prospective, #1

by Abdou Karim GUEYE

« Laissez-nous penser ! »

La gouvernance qui produit des impacts et des résultats durables, capables de transformer le réel, sera

entrepreneuriale ou ne sera pas. A la lumière de l’expérience, un grand problème, c’est l’égotisme, la

capacité d’humilité, à s’oublier, à partager, à gommer le « moi », le « Je », à se focaliser non sur les

personnes, mais sur des projets, une vision, des résultats et des impacts. C’est aussi, pour l’Afrique, ce

qu’est une vraie stratégie d’excellence, comment la formaliser, la diffuser pour une appropriation à

l’échelle la plus vaste possible. Alors prévaut le paradigme que la gouvernance démocratique n’a

de sens que si elle tisse un lien avec une vision pertinente et orientée le leadership, les résultats et

l’impact. A cet égard, les leçons de l’histoire, de la société contemporaine et de l’Etat moderne attestent

qu’on est passé progressivement, sous maints aspects, d’une gouvernance hiérarchique à une

gouvernance de catalyse et entrepreneuriale qui oriente, impulse et motive, en développant le partenariat,

et sur cette lancée, en déconcentrant voire en décentralisant. Dans cette perspective, la gouvernance au

sommet stratégique doit se focaliser sur le leadership, le contrôle stratégique et l’atteinte de performance.

Evidemment, dans les situations de crise, d’indiscipline manifeste ou généralisée, en somme de

management de crise, il est possible d’envisager que seul un leadership autoritaire bienveillant et

équitable puisse conduire vers des objectifs de performance et d’excellence. En fait le management des

organisations intègre depuis longtemps cette question, par exemple l’Ecole de la contingence1. En

somme, plus une société devient éduquée et instruite, responsable et disciplinée, professionnelle et

ouverte aux apports positifs de l’extérieur, plus peut-être le leadership peut être consultatif ou participatif

et miser dès le départ sur l’excellence, la qualité, les performances. Or, il existe plusieurs manières d’y

arriver, le management par l’exemple, la gestion de l’excellence et de la méritocratie, le pilotage de

centres de responsabilités et de performance, etc.

Dans tous les cas, un problème central, c’est comment accroître la marge de manœuvre des citoyens,

améliorer les modes de dévolution des pouvoirs dans les pays à faible culture démocratique ? Comment

déclencher les facteurs de création de valeur ajoutée et de richesse ? Un enjeu, c’est aussi comment

instaurer des Etats, des entreprises, des organisations internationales économiques et financières qui

optent pour des systèmes et des stratégies à visage humain, qui savent écouter et se remettre en cause.

Mais, encore, faudrait-il encore que le leadership existant garantisse l’effectivité d’un environnement

adapté et fasse preuve d’un engagement sans faille, qu’il amène les citoyens à se focaliser sur des

objectifs et une vision, les hommes d’affaires à être parties prenantes de l’aventure du développement

et de la croissance. En effet, une vision analytique de type cartésienne, « Hard Thinking », conduit à

confiner la démocratie aux aspects purement institutionnels, législatifs ou réglementaires, voire au

phénomène de la conquête du pouvoir par les partis politiques. Certes, c’est peut-être un minimum

admissible, mais cette approche conduit à occulter les modalités et les perspectives de mutations

politiques dont il n’est pas toujours sûr qu’elles se déroulent de la même manière séquentielle qu’en

Occident. Historiquement, le Parlement y a conquis sa marge de manœuvre et accru ses pouvoirs vis-à-

vis de l’exécutif, suivi en cela par la société civile. Rien ne permet d’établir qu’en Afrique le processus

démocratique suivra de façon linéaire une telle séquence. A priori, le rôle prépondérant de l’Exécutif, la

1 L’école du management contingent défend une idée d’un management formalisé à partir des contingences, spécificités et réalités d’une

organisation. En somme, il n’y a pas de modèle figé, tout dépend du contexte.

Page 2: Extraits de l’ouvrage Dans les bois de la gouvernance, je me suis promené

solidarité quasi-automatique entre l’exécutif, le parti au pouvoir et le parlement et le poids du

phénomène partisan font, dans maints pays, obstacle à une évolution de cette nature. Globalement, une

hypothèse n’est pas à exclure : la probabilité qu’une évolution démocratique affirmée ait lieu dans un

environnement où la société civile est déterminée, mieux éduquée et où les convictions et les initiatives

d’un leader éclairé, chef de l’exécutif, induisent des mutations positives en ce sens.

Un grand problème est comment passer d’une gouvernance hiérarchique qui cède des pouvoirs à la

gouvernance entrepreneuriale, qui privilégie l’allocation de ressources et de pouvoirs appropriés, se

limite à la macro-planification, au contrôle stratégique, à la formulation d’une vision. Cette gouvernance

entrepreneuriale doit être formalisée, écrite, consignée, être connue de tous, partagée, intériorisée.

Arriver à un tel niveau de gouvernance et de management suppose une réflexion et des évaluations

stratégiques, prospectives et évaluatives. Car la viabilité future d’une gouvernance pertinente passe par

la promotion d’idéaux de partenariat et la construction d’alliances stratégiques pour les résultats,

l’impact et l’excellence entre les acteurs, par exemple les pouvoirs publics, les partenaires financiers,

les entrepreneurs, la société civile, les collectivités locales, etc. Ce partenariat pour l’excellence suppose

des modes de gestion consultative et participative, un leadership visionnaire, une gouvernance de

proximité, censée satisfaire les besoins fondamentaux des populations, en somme une gouvernance qui

amène les bénéficiaires à être les véritables acteurs de leur propre développement. Par cette voie, le

leadership sera plus apte à s'occuper d'autres tâches, par exemple de planification stratégique, de

coordination, de contrôle et d’évaluation.

Abdou Karim GUEYE, Spécialiste en Management public, Gouvernance, Réformes

administratives et de l’Etat

Voire quelques citations sur Goodreads http://www.goodreads.com/quotes/tag/dans-les-bois-de-la-

gouvernancel

Pour télécharger l’œuvre complète sur votre téléphone, IPads et autres appareils androïdes cliquer sur

ce lien : https://itunes.apple.com/us/book/dans-les-bois-la-gouvernance/id951351820?mt=11