Prospective régionale et sectorielle de l'emploi. Quelles méthodes, quels horizons et quelle sources ?

Rapport du Rseau Emplois Comptences

Juillet 2017

Prospective rgionale et sectorielle de lemploiQuelles mthodes, quels horizons et quelles sources ?

JUILLET 2017

PROSPECTIVE RGIONALE ET SECTORIELLE DE LEMPLOI

QUELLES MTHODES, QUELS HORIZONS

ET QUELLES SOURCES ?

Rapport du Rseau Emplois Comptences

Rapporteurs

Sandrine Aboubadra-Pauly, Marime Diagne et Nicolas Le Ru

FRANCE STRATGIE 3 JUILLET 2017 www.strategie.gouv.fr

SOMMAIRE

INTRODUCTION ......................................................................................................... 5

CHAPITRE 1 LA PROSPECTIVE NE PRDIT PAS LAVENIR, ELLE AIDE LE CONSTRUIRE .......................................................................... 7

1. La prospective des emplois et des comptences ne doit pas tre confondue avec les outils de prvision ................................................................................... 9

2. Un instrument daide la dcision, qui ne peut lui seul dterminer loffre de formation ........................................................................................................ 13

CHAPITRE 2 DES DIFFICULTS MTHODOLOGIQUES GNRALES ET PERSISTANTES ........................................................................ 17

1. Difficults mthodologiques concernant la demande de travail .......................... 17 1.1. Quel systme dobservation de lemploi, notamment au niveau local .............. 17

1.2. Quelle chelle gographique ? ........................................................................ 18

1.3. Comment sassurer quune prospective territoriale par activit conomique ou par mtier est cohrente avec lexercice national ? .................................... 24

1.4. Comment introduire des scnarios de rupture ? Et comment les quantifier ?.. 32

2. Difficults mthodologiques concernant loffre de travail .................................... 35 2.1. Comment anticiper les besoins en comptences ? ......................................... 35

2.2. Comment mettre en relation une prospective quantitative des emplois et les informations sur les sortants de formation initiale ou continue ? ............ 38

CONCLUSION COMMENT AMLIORER LUTILIT DES EXERCICES DE PROSPECTIVE POUR LES DCIDEURS ? .......................... 43

1. tre clair sur les objectifs initiaux assigns une dmarche prospective .......... 43 2. Travailler avec dautres et assumer collectivement la responsabilit ................. 44 3. Privilgier dautres dmarches que la prospective pour dterminer laction

court terme ...................................................................................................... 44

Prospective rgionale et sectorielle de lemploi


ANNEXES

ANNEXE 1 COMPOSITION DU GROUPE DE TRAVAIL ...................................... 49

ANNEXE 2 ORGANISATION DU GROUPE DE TRAVAIL ................................... 51

ANNEXE 3 LES SOURCES STATISTIQUES PUBLIQUES PERMETTANT LTUDE DE LEMPLOI DANS UNE BRANCHE PROFESSIONNELLE ......................................................................... 53


INTRODUCTION

Pour mieux anticiper lvolution des emplois et des besoins en comptences des entreprises, il est indispensable de renforcer notre capacit collective dobservation et de prospective . Ces propos, extraits de la feuille de route de la grande confrence sociale de juin 2013, expriment une volont damplifier les efforts en matire de travaux prospectifs, dans une priode o les incertitudes sont nombreuses, lies aux volutions technologiques, sociologiques, gopolitiques, macroconomiques, etc.

Le Rseau Emplois Comptences, cr la suite de cette grande confrence sociale, a mis en place un groupe de travail dans lobjectif de progresser collectivement dans la ralisation de travaux de prospective chiffrs consistant pour lessentiel estimer lvolution de postes pourvoir sur un territoire pour diffrents mtiers ou activits conomiques1. Ce type dexercice existe en France lchelle nationale depuis le dbut des annes 19902 et au niveau rgional depuis le milieu des annes 20003.

Le groupe de travail a volontairement cart lide de rdiger un guide mthodologique4 : mener une prospective quantitative sur de petits primtres dtude (un territoire ou une activit) ncessite de tirer parti du maximum dinformations possibles. tant donn que la disponibilit de ces informations varie significativement selon le niveau gographique tudi (commune, dpartement ou rgion) et le mode dorganisation donc la capacit de collecte dinformations des observatoires de branche, il est actuellement illusoire de chercher uniformiser les pratiques. Il apparat nanmoins possible de dvelopper une vision commune de ce

1 Les travaux de prospective qui nont pas pour objectif principal lvolution de lemploi ou des comptences (par exemple des exercices de prospective stratgique, technologique, damnagement du territoire ou de dveloppement durable) ne sont pas tudis dans ce document. 2 Commissariat gnral du Plan (1991), Pour une prospective des mtiers et des qualifications, Rapport du groupe de travail prsid par Jacques Freyssinet, La Documentation Franaise. 3 Lain F. et Niny B. (2017), Les besoins de recrutement en le-de-France lhorizon 2015 , OREF le-de-France, Focale, n 5, mai. 4 Pour des lments mthodologiques voir notamment Prospective des mtiers et des qualifications. Quelle dmarche suivre lchelon rgional ? , France Stratgie-Creq, 2014.

https://www.defi-metiers.fr/sites/default/files/docs/publications/focale_5.pdfhttp://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/prospreg_total-ok1.pdfhttp://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/prospreg_total-ok1.pdf



que permet, ou non, une dmarche prospective dans le domaine de lemploi et des comptences.

Le groupe de travail a donc souhait identifier, au-del des enjeux mthodologiques, les difficults communment rencontres par les acteurs en charge de raliser des travaux de prospective afin de dgager des principes pouvant tre partags par le plus grand nombre. Le document sintresse de ce fait aux objectifs que lon peut assigner un tel exercice de prospective chiffr, aux sources de donnes permettant le suivi de lemploi, au niveau local et au niveau des branches, ainsi quaux mthodologies les plus couramment utilises.

Ce document, destination des commanditaires de travaux prospectifs et des quipes en charge de les raliser, synthtise les conclusions du groupe de travail.


CHAPITRE 1 LA PROSPECTIVE NE PRDIT PAS LAVENIR,

ELLE AIDE LE CONSTRUIRE1

Un document mthodologique co-rdig en 2014 par France Stratgie et la Dares2 dfinissait la prospective comme un ensemble de recherches concernant les futurs possibles ainsi que les rflexions qui en dcoulent pour agir . Et les auteurs de prciser : La dmarche prospective cherche identifier des tendances, quelles soient lourdes ou encore peu sensibles, des risques, des opportunits et des ruptures pour modeler des visions stratgiques destines matriser le futur 3. Une dmarche prospective se compose donc de plusieurs actions, lune dentre elles consistant gnralement raliser des projections quantitatives demploi, cest--dire faire voluer la structure des emplois, comportements individuels (des mnages et des entreprises) quasi inchangs selon diffrents scnarios macroconomiques.

Si les exercices de prospective que peuvent raliser France Stratgie et la Dares, les observatoires rgionaux (Carif-Oref) ou de branches, tentent danticiper les transformations de lemploi et des comptences lies aux mutations conomiques, cest principalement dans lobjectif dadapter loffre de formation initiale et continue aux besoins de lconomie et de scuriser les parcours des salaris professionnels.

1 Ce titre fait cho la citation de Hugues de Jouvenel : Ni prophtie ni prvision, la prospective na pas pour objet de prdire lavenir de nous le dvoiler comme sil sagissait dune chose dj faite mais de nous aider le construire. . Voir Invitation la prospective/An Invitation to Foresight (2004), Paris, dition Futuribles, coll. Perspectives. 2 Lain F. et Valette-Wursthen A. (2014), Prospective des mtiers et des qualifications. Quelle dmarche suivre lchelon rgional ?, Commissariat gnral la stratgie et la prospective et Centre dtudes et de recherches sur les qualifications, avril. 3 Pour une dfinition des termes de la prospective, voir notamment le Lexique de systmique et de prospective ralis en 2006 par J.-C. Lugan, professeur luniversit des sciences sociales de Toulouse pour le Conseil conomique et social rgional de Midi-Pyrnes. Par ailleurs, le Conseil national de lemploi, de la formation et de lorientation professionnelles (Cnefop) travaille actuellement llaboration dun dictionnaire sur ces thmes.

https://www.futuribles.com/fr/qui-sommes-nous/comprendre-la-prospective/la-demarche-prospective/http://www.strategie.gouv.fr/publications/document-methodologique-prospective-metiers-qualifications#sthash.ibyAG61H.dpbshttp://www.strategie.gouv.fr/publications/document-methodologique-prospective-metiers-qualifications#sthash.ibyAG61H.dpbshttp://www.intelliterwal.net/Glossaire/LUGAN_Jean-Claude_Lexique-Prospective_CESR-Midi-Pyrenees-2006.pdfhttp://www.intelliterwal.net/Glossaire/LUGAN_Jean-Claude_Lexique-Prospective_CESR-Midi-Pyrenees-2006.pdf



En cela, ils contribuent tout autant minimiser le risque quune entreprise ne trouve pas sur le march du travail de personnes disponibles avec les comptences qui lui seraient ncessaires pour maintenir ou dvelopper son activit, qu minimiser le risque quune personne soriente dans une formation initiale ou continue sans indication sur les perspectives demploi moyen terme dans les mtiers quelle est susceptible de souhaiter exercer.

Encadr 1 Qui sont les commanditaires des dmarches prospectives ?

Les demandes de dmarche prospective sur lemploi et les comptences manent de nombreux acteurs institutionnels.

Au niveau national, lexercice de Prospective des mtiers et des qualifications ralis par France Stratgie et la Dares est conduit la demande du Premier ministre. En rgion, cette demande mane des Conseils rgionaux, des Directions rgionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de lemploi (Direccte), des partenaires sociaux, et plus largement des membres du Comit rgional de lemploi, de la formation et de lorientation professionnelle (CREFOP). Au sein des branches professionnelles, elle provient des partenaires sociaux membres des instances dcisionnaires des Observatoires prospectifs des mtiers et des qualifications (OPMQ)1 et des Organismes paritaires collecteurs agrs.

Les commanditaires ne sont toutefois pas ncessairement les publics cibles des dmarches prospectives. Les besoins auxquels les dmarches prospectives sont censes rpondre tant de plusieurs ordres (recensement et valuation des besoins en formation, demandes lies des politiques de rgulation du march du travail, comme le rapprochement offre-demande ou lidentification des mtiers qui recrutent , analyse des mutations conomiques dun territoire, demandes lies aux politiques dorientation des publics et de formation tout au long de la vie ou lies des questions de parcours professionnels2), les publics cibles sont galement trs divers. Sil sagit en premier lieu des ministres de lducation nationale et de lEnseignement suprieur, de la Recherche et de

1 La loi n 2004-391 du 4 mai 2004 relative la formation professionnelle tout au long de la vie et au dialogue social a rendu obligatoire la cration dun observatoire prospectif des mtiers et des qualifications au sein de chaque branche. Pour une prsentation des actions de ces observatoires, voir notamment dAgostino A. et Delano A. (2012), Les observatoires prospectifs des mtiers et des qualifications : des outils pour agir , Creq Bref, 25 juin, ou le rapport ralis par le Creq linitiative du Comit observatoires et certifications du CPNFP, tat des lieux des Observatoires prospectifs des mtiers et des qualifications. 2 Lain F. et Valette-Wursthen A. (2014), op. cit.

http://www.cereq.fr/publications/Cereq-Bref/Les-observatoires-prospectifs-des-metiers-et-des-qualifications-des-outils-pour-agirhttp://www.cereq.fr/publications/Cereq-Bref/Les-observatoires-prospectifs-des-metiers-et-des-qualifications-des-outils-pour-agirhttps://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0ahUKEwivld3Vje_UAhVM6xoKHZsPCxUQFggiMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.fpspp.org%2Fportail%2Fportal%2Faction%2FSimpleDownloadActionEvent%2Foid%2F00q-00001s-07b&usg=AFQjCNEd5pZh4O5DeVEEuCjsR3DSsyWECg&cad=rjahttps://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0ahUKEwivld3Vje_UAhVM6xoKHZsPCxUQFggiMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.fpspp.org%2Fportail%2Fportal%2Faction%2FSimpleDownloadActionEvent%2Foid%2F00q-00001s-07b&usg=AFQjCNEd5pZh4O5DeVEEuCjsR3DSsyWECg&cad=rja

Chapitre 1 La prospective ne prdit pas lavenir, elle aide le construire


lInnovation, les rectorats sont galement concerns, de mme que lensemble des intermdiaires de lemploi : Ple emploi, lAssociation pour lemploi des cadres (APEC), les missions locales ou encore les centres dinformation lorientation dans la mesure o ils sont en charge de lorientation des individus ou de lachat de formations. Les entreprises et leurs salaris sont galement des cibles tout comme les organismes de formation (centres de formation dapprentis).

1. La prospective des emplois et des comptences ne doit pas tre confondue avec les outils de prvision

Les besoins en comptences des entreprises voluent, tout comme le niveau de qualification et les spcialits de formation des jeunes qui entrent sur le march du travail. Les exercices de prospective des emplois visent anticiper les volutions structurelles, quelles sinscrivent dans le prolongement des tendances passes ou quelles soient en rupture avec ces tendances.

Les exercices de prospective des emplois nont pas vocation prvoir les besoins conjoncturels demplois, au niveau national ou sur un territoire. Pour cela, il est prfrable de sintresser aux enqutes de recrutement produites par les secteurs professionnels ou aux projets de recrutement court terme tels quvalus notamment par les enqutes sur les besoins de main-duvre (BMO) de Ple emploi la difficult prs que les entreprises ne savent pas toujours identifier leurs besoins en comptences (voir encadr 2) et aux informations relatives aux tensions entre les offres demploi collectes et les demandes demploi enregistres par Ple emploi pour qualifier la situation dun territoire par rapport sa tendance de long terme (voir graphique 1 et tableau 1)1.

1 Dares (2017), Les tensions sur le march du travail au 1er trimestre 2017 , Dares Indicateurs, no 35, mai.

http://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/etudes-et-syntheses/dares-analyses-dares-indicateurs-dares-resultats/article/les-tensions-sur-le-marche-du-travail-au-1er-trimestre-2017



Graphique 1 Offres demploi collectes par Ple emploi rapportes aux entres Ple emploi

Champ : France mtropolitaine.

Source : Dares-Ple emploi, statistique du march du travail (STMT) ; traitement Dares

Contrairement aux informations de lenqute BMO qui sont disponibles au niveau des bassins demploi, celles relatives aux tensions sur le march du travail ne sont publiquement disponibles que pour la France entire et pas un chelon infrargional, ni un niveau de branche sectorielle assez fin. Certaines Direccte, comme celle dle-de-France1, disposent nanmoins de ces donnes et les publient trimestriellement pour quelques mtiers.

1 Direccte le-de-France (2016), Le march du travail en le-de-France au 1er trimestre 2016 , Synthse conjoncture, n 74, septembre.

http://idf.direccte.gouv.fr/sites/idf.direccte.gouv.fr/IMG/pdf/direccte_-_synthese_conjoncture_74_web.pdf



Tableau 1 Indicateurs de tension sur le march du travail en le-de-France : zoom sur quelques mtiers, 1er trimestre 2015 et 2016 :

Nomenclature des familles professionnelles (FAP 87)

Ratio Offres/demandes demploi Ple emploi

1er trimestre 2015

Ratio Offres/demandes demploi Ple emploi

1er trimestre 2016 Ouvriers qualifis du gros uvre du btiment 0,16 0,19

Ouvriers qualifis du second uvre du btiment 0,18 0,21

TAM du btiment et des travaux publics 0,90 1,09 Ouvriers qualifis de llectricit et de llectronique 0,81 1,24

TAM de la maintenance 1,34 1,69 Caissiers, employs de libre-service 0,35 0,38 Vendeurs 0,36 0,40 Bouchers, charcutiers/traiteurs, boulangers/ptissiers 0,51 0,58

Cuisiniers 0,44 0,48 Ingnieurs de linformatique 0,45 0,59 Aides-soignants 0,46 0,49 Infirmiers, sages-femmes 0,80 0,64 Ensemble des familles professionnelles 0,43 0,47

Lecture : On rapporte le flux doffres demploi enregistres Ple emploi durant trois mois au flux des demandeurs demploi qui se sont inscrits Ple emploi durant la mme priode. Pour apprcier lvolution de cet indicateur, on rappelle sa valeur sur la priode correspondante de lanne antrieure. Du fait de la forte saisonnalit de ce ratio, les volutions ne sont en effet significatives que si elles sont estimes sur les mmes priodes de lanne. Exemple de lecture : il y a 0,47 offre demploi enregistre pour 1 demande au premier trimestre 2016, contre 0,43 au premier trimestre 2015.

Source : extraits de la collection Dares Indicateurs, les tensions sur le march du travail, Dares/Ple emploi

Encadr 2 Lenqute BMO de Ple emploi : prsentation et limites

Lenqute Besoins en main-duvre (BMO) est une enqute ralise annuel-lement par Ple emploi auprs de lintgralit des tablissements employeurs pour connatre leurs besoins en recrutement.

Pour ce faire, un questionnaire est adress aux tablissements employeurs en dcembre de chaque anne afin quils informent sur leurs perspectives de recrutement pour lanne suivante. Cette enqute permet ainsi de collecter des informations sur le nombre de recrutements venir par mtier, par secteur dactivit et par bassin demploi, sur le caractre saisonnier ou non de ces emplois, ainsi que sur les difficults anticipes pour recruter. Un questionnaire



complmentaire envoy un chantillon dtablissements employeurs permet de connatre les types de contrats proposs et les canaux de recrutements envisags.

Les mtiers rassemblant le plus grand nombre de projets de recrutement en France en 2017

Lecture : en rouge, proportion de cas difficiles suprieure la moyenne ; en vert, proportion de projets saisonniers suprieure la moyenne. Source : enqute BMO 2017

lment essentiel de connaissance du march du travail, lenqute BMO traduit cependant la trs faible visibilit des entreprises sur leurs besoins de recrute-ments. Ainsi, lenqute BMO pour 2015 anticipait 1,7 million de recrutements, alors que lon en a observ cette mme anne, hors intrim, 25 millions. Mme si les employeurs renseignent vraisemblablement lenqute BMO le nombre de personnes quelles envisagent de recruter et non le nombre de contrats de travail quelles concluent, cet cart conduit estimer que les entreprises qui rpondent cette enqute nont pas de visibilit sur leurs besoins de recrutements au-del du 1er trimestre de lanne suivante.

Source : daprs M.-A. Estrade, Analyser conjointement les dynamiques de recrutements et les besoins de formations. Quelques lments de mthode , Mission valuation, Prospective, Statistiques du Fonds paritaire de scurisation des parcours professionnels



La dmarche prospective sintresse au temps long, au minimum cinq ans. Dans les faits, les principaux exercices nationaux ou territoriaux ralisent des projections dix ans1. Raisonner sur un temps long constitue la fois une opportunit et un risque : lopportunit dintgrer des scnarios de rupture et des raisonnements qualitatifs ; le risque de ne pas pouvoir y consacrer suffisamment de temps2, donc de ne pouvoir raliser quun travail quantitatif de prolongement des tendances passes, alors mme que les sources dincertitude augmentent avec lhorizon de la prospective. Raisonner sur un temps long est galement ncessaire pour adapter loffre de formation initiale certains mtiers3.

2. Un instrument daide la dcision, qui ne peut lui seul dterminer loffre de formation

Les commanditaires ont de fortes attentes lgard des dmarches prospectives. Cest notamment le cas des personnes charges dlaborer les contrats de plans rgionaux de dveloppement de la formation et de lorientation professionnelles (CPRDFOP) ou des cartes de formation. Bien quindispensables pour anticiper au mieux les effets sur lemploi, les mtiers et les comptences des changements technologiques, de modes de consommation et de modes de vie, les rsultats dun exercice de prospective ne peuvent eux seuls dterminer une action publique, telle que la cration, la suppression ou lvolution de loffre de formation. La dmarche prospective nest quun des indices qui conduisent prendre de telles dcisions4.

La dmarche prospective, en raisonnant gnralement sur un temps de dix ans, est empreinte dincertitudes. Se pose alors la question de lambition raisonnable que lon peut assigner une dmarche prospective quantitative. Cette dernire peut-elle estimer le nombre deffectifs maintenir, crer ou supprimer un horizon de dix ans dans les diffrentes filires de formation ? Non, car le lien entre la spcialit de

1 Cest le cas notamment en France des exercices raliss successivement par le Commissariat au Plan, le Centre danalyse stratgique et France Stratgie conjointement avec la Dares, par lObservatoire de la mtallurgie ou encore de ceux raliss par certains Carif-Oref. 2 Bien que chaque dmarche prospective soit diffrente, on estime gnralement le temps ncessaire pour ralise ce type dexercice entre 6 18 mois. 3 Pour autant, cette vision de moyen terme nest pas toujours approprie. Par exemple, pour les mtiers du domaine du numrique, en raison des rapides volutions technologiques, il ne semble pas pertinent de raliser une prospective de long terme. Ainsi, la Vision prospective partage des emplois et des comptences de la filire numrique, ralise par France Stratgie et le Creq, sest limite une une vision des mtiers en dveloppement 2/3 ans . 4 Lain F. et Lebreton . (2011), Construire une carte rgionale des formations : outils, mthodes et enjeux pour la formation initiale, Document dappui mthodologique, Centre danalyse stratgique, fvrier.

http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-rapport-rec-vppec-numerique-8juin-final.pdfhttp://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-rapport-rec-vppec-numerique-8juin-final.pdfhttp://archives.strategie.gouv.fr/cas/system/files/guide-mardi-12-07-2011final_3.pdfhttp://archives.strategie.gouv.fr/cas/system/files/guide-mardi-12-07-2011final_3.pdf



formation et lemploi occup est complexe. De nombreux travaux, notamment ceux du Creq raliss partir de lenqute Gnration, ont ainsi montr que paradoxalement, obtenir un premier emploi correspondant strictement sa formation initiale nest souvent pas la norme, en dehors de quelques professions ou formations bien rglementes. Cette adquation se dtriore mme, le plus souvent, au fil de la carrire dans des secteurs peu attractifs. Si le niveau de diplme assure en gnral un risque de chmage moindre et un salaire plus lev, limpact de la spcialit de formation est plus complexe 1. Les auteurs de cette tude estiment que 46 % des jeunes ayant quitt le systme ducatif en 1998 occupaient en 2001 un premier emploi correspondant leur formation initiale. Cette proportion varie du simple au double selon le niveau de formation : elle nest que de 30 % parmi les diplms dun baccalaurat gnral ou les non-diplms dun CAP-BEP, contre 60 % parmi les diplms dun bac+2 professionnel2. Des tudes plus rcentes confirment ce constat, ainsi : une formation ne donne pas systmatiquement accs aux mtiers ou aux emplois auxquels elle est cense prparer. [] Pour un emploi sur trois environ, la profession est troitement lie la spcialit de formation. [] loppos, environ un tiers des emplois demandent des comptences relevant peu de la formation 3.

Si les dmarches de prospective quantitative ne peuvent rpondre lensemble des interrogations des commanditaires, cela ne provient pas uniquement des difficults mthodologiques ou du manque de donnes, mais galement de la complexit du march du travail, notamment au niveau local, et en particulier du lien entre la formation et lemploi. Un tat des lieux quantitatif et qualitatif apparat ainsi indispensable tout exercice de prospective. Il est en particulier aussi complexe et indispensable que lidentification de scnarios. Cette difficult renvoie notamment au fait que la spcialit de formation nest troitement lie au mtier exerc que pour un faible nombre de professions (voir graphique 2 page suivante) et que pour beaucoup demplois, dautres critres sont galement mobiliss par les employeurs4. Les Carif-Oref sattachent localement prciser ce lien formation-emploi en tudiant les flux observs sur leur territoire et en adaptant les nomenclatures existantes. En effet,

1 Couppi T., Giret J.-F. et Lopez A. (2009), Obtenir un emploi dans son domaine de formation : un enjeu trs relatif dans linsertion des jeunes , Insee, Formations et emploi dition 2009. 2 Idem. 3 Chardon O. (2005), La spcialit de formation joue un rle secondaire pour accder la plupart des mtiers , conomie et statistique, no 388-389. 4 Selon O. Chardon (2005), op. cit,, la complexit du lien entre la formation et lemploi tient la fois des dysfonctionnements du march du travail et la diversit des modes dacquisition des comptences, de la formation diplmante la formation sur le terrain .

https://www.insee.fr/fr/statistiques/1373280?sommaire=1373286https://www.insee.fr/fr/statistiques/1373280?sommaire=1373286https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/1376700/es388-389c.pdfhttps://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/1376700/es388-389c.pdf



ladaptation de certaines formations, les caractristiques spcifiques du tissu des entreprises locales, les mobilits naturelles ont un impact majeur sur le lien formation-emploi. Localement, un diplme peut ainsi conduire exercer un mtier loign des professions initialement prvues dans le cadre des rfrentiels. Cette approche locale permet de qualifier la dmarche prospective effectue sur un territoire rgional ou infrargional et en partie de compenser le manque de donnes auquel les acteurs sont parfois confronts.

Graphique 2 Illustration de la diversit du lien entre formation et emploi

Source : daprs M.-A. Estrade (2016), Analyser conjointement les dynamiques de recrutements et les besoins de formations. Quelques lments de mthode , Mission valuation, Prospective, Statistiques du Fonds paritaire de scurisation des parcours professionnels

Paralllement cette question de lambition raisonnable se pose celle du partage de responsabilit entre les commanditaires et les acteurs qui ont la charge de mener la prospective. Lexercice conduit par le cabinet Futuribles pour la branche des commerces et services de laudiovisuel, de llectronique et de lquipement mnager en propose une modalit, en identifiant sparment les tendances lourdes et les incertitudes majeures pouvant affecter cette activit lhorizon de cinq dix ans. France Stratgie et la Dares ont galement mis en avant, lors de leur exercice de prospective Les mtiers en 2022, les risques qui peuvent affecter les potentiels de crations demplois et qui ont des effets diffrencis par secteur et, par consquent, sur les mtiers qui sexercent dans ces activits (voir graphique 3).



Graphique 3 Les types de risques pouvant affecter les secteurs dans lexercice de prospective Les mtiers en 2022

Source : France Stratgie-Dares

Pour pallier ces incertitudes, la dmarche prospective sappuie en gnral sur llaboration de scnarios. Ces scnarios sont des histoires que lon peut choisir de traduire en donnes macroconomiques ou uniquement en tendances qualitatives. Cest la premire option quont retenue France Stratgie et la Dares lors de leur dernier exercice de prospective, chiffrant des projections demploi pour trois scnarios (crise, central et cible)1. Les Carif-Oref retiennent gnralement la seconde option (voir encadr 11).

Il reste que le prospectiviste ne sait gnralement pas estimer la probabilit de survenue de tel ou tel scnario. Le risque li aux incertitudes entourant lexercice de prospective doit donc tre partag et assum par les prospectivistes et accept par les commanditaires2. Une manire de limiter limpact de ces incertitudes est de ractualiser frquemment les exercices de prospective. En raison du temps ncessaire pour les raliser, estim entre 6 18 mois, cela ncessite dy consacrer des moyens humains et financiers importants.

1 France Stratgie-Dares (2015), Les mtiers en 2022, rapport du groupe Prospective des mtiers et qualifications, avril. 2 titre dexemple, lors de la phase de diagnostic, lObservatoire des industries agroalimentaires et le Carif-Oref du Centre ont associ la Direccte, la Draaf, le Rectorat, Ple emploi, les Mission locales, les Maisons de lemploi, lAFPA, le Conseil rgional, lAgence rgionale de dveloppement conomique, les partenaires sociaux, les chambres consulaires, les OPCA et les branches.

http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/cgsp_dares_les_metiers_en_2022_01072014.pdf


CHAPITRE 2 DES DIFFICULTS MTHODOLOGIQUES

GNRALES ET PERSISTANTES

1. Difficults mthodologiques concernant la demande de travail

Quel systme dobservation de lemploi, notamment au niveau 1.1.local ?

Une dmarche prospective, quelle soit quantitative ou qualitative, doit sappuyer sur des observations : dessiner les volutions possibles suppose de retracer les volutions passes afin den identifier les facteurs sous-jacents. Or bien souvent, lanalyse de lemploi sur un territoire fin pour une activit ou un mtier donn nest pas ralisable. Il est alors illusoire desprer raliser un exercice de prospective quantitatif, faute de systme dinformation suffisamment dvelopp. Peu de sources statistiques publiques permettent de disposer dinformation la fois sur les caractristiques des emplois comme le niveau de qualification requis et sur leur localisation. On peut citer le recensement de la population, les dclarations annuelles de donnes sociales (DADS) remplaces prochainement par la dclaration sociale nominative (DSN) ou encore le systme dinformation sur les agents des services publics (SIASP)1. Toutefois, nombre de ces bases de donnes ne sont pas librement accessibles pour des raisons de confidentialit. Leur accs ncessite actuellement soit une dmarche auprs du centre daccs scuris aux donnes (CASD)2, un quipement conu pour permettre laccs des donnes individuelles trs dtailles,

1 On peut galement citer les estimations demploi localises (Estel), celles-ci ne fournissent quun niveau demploi agrg, ou au mieux distinguant cinq secteurs dactivit pour les emplois salaris (agriculture, industrie, construction, services marchands et services non marchands) et les emplois non salaris. Par ailleurs, la base Sirene, rpertoire des entreprises et des tablissements gr par lInsee, est dsormais disponible en libre accs. 2 https://casd.eu/fr.

https://www.sirene.fr/sirene/public/accueilhttps://casd.eu/fr



uniquement pour des projets de recherche, soit un partenariat avec lInsee ou les services statistiques des Direccte. De plus, comme il nest pas toujours ais de dlimiter le contour dune branche professionnelle partir des outils statistiques publics1, il est souhaitable de complter les sources de donnes publiques par des sources professionnelles2.

Quelle chelle gographique ? 1.2.Prospective nationale, rgionale, dpartementale ou par zone demploi ? La tentation est grande dopter pour le niveau gographique le plus fin, en esprant ainsi identifier les actions spcifiques les mieux mme de rpondre aux difficults dun territoire, juges de plus en plus singulires, notamment dans lopposition entre mtropoles et territoires priphriques3. La zone demploi, dfinie comme un espace gographique lintrieur duquel la plupart des actifs rsident et travaillent, et dans lequel les tablissements peuvent trouver lessentiel de la main-duvre ncessaire pour occuper les emplois offerts 4, peut paratre ce titre lchelon adquat5.

Toutefois, deux lments sopposent ce que lchelle gographique la plus fine soit retenue pour la dmarche prospective. En premier lieu, plus les emplois se concentrent dans des mtiers, des activits conomiques, voire des entreprises spcifiques, plus lconomie de ces territoires est sensible la conjoncture et aux stratgies des entreprises implantes sur cette zone6. Une dmarche prospective

1 Lannexe 3 prsente les principales sources statistiques et les mthodes pour raliser le suivi statistique des branches professionnelles. 2 Avec la circulaire du 25 juillet 2011 de la Dlgation gnrale lemploi et la formation professionnelle (DGEFP), les Carif-Oref se sont vus positionns comme assembleurs de donnes rgionales pour mettre en synergie les acteurs rgionaux qui produisent de linformation sur les thmatiques de lemploi et de la formation. Ils bnficient de ce fait localement dun accs aux donnes territorialises : ils peuvent ainsi dvelopper des systmes dinformations localiss dappui aux dmarches prospectives, la fois en liant entre elles les donnes disponibles aux chelles les plus fines et en adaptant ces donnes aux ralits territoriales. 3 Lain F. (2017), Dynamique de lemploi et des mtiers : quelle fracture territoriale ? , La Note danalyse, n 53, France Stratgie, fvrier. 4 Voir les Dfinitions de lInsee. 5 Dans le document La prospective territorialise du Rseau des Carif-Oref, il est prcis que le Carif-Oref Midi-Pyrnes ralise des estimations demploi localises par dpartement et zone demploi. 6 notre connaissance, il nexiste pas dinformation en libre accs sur limportance des principaux employeurs sur un territoire donn (rgion, dpartement, zone demploi). Seul un accs au fichier DADS exhaustif permettrait de mesurer la part des principaux employeurs sur un territoire. Il est en revanche possible de mesurer la concentration des emplois par activit conomique partir des

http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/na53-fractures-territoriales-ok.pdfhttps://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1361http://www.intercariforef.org/reseau/content/la-prospective-territorialis%C3%A9e

Chapitre 2 Des difficults mthodologiques gnrales et persistantes


sur un tel territoire est donc risque en raison de la forte sensibilit de lactivit conomique un faible nombre dacteurs (voir tableau 2 et encadr 3). Un suivi stratgique et financier des principaux employeurs apporterait des informations plus robustes sur lavenir dun territoire, donc sur les besoins en main-duvre venir1.

Tableau 2 Nombre dtablissements de 250 salaris ou plus par secteur dactivit et poids dans lemploi du secteur

Nombre dtablissements Poids dans

lemploi salari du secteur (en %)

Industries agroalimentaires 63 42,9

Industries des biens de consommation 14 27,4

Industries de lautomobile et des biens dquipement 18 45,6

Industries des biens intermdiaires 24 30,6

nergie 1 5,2

Construction 5 2,4

Commerce 22 5,4

Transports 13 21,9

Activits financires 12 18,9

Services aux entreprises 30 11,4

Services aux particuliers 2 1,1

Sant 50 64,8

Total 254 19,0

Source : Insee, DMMO, URSSAF, ASSEDIC, Estimations demploi 20032

donnes du recensement de la population, au niveau de la commune pour 17 activits conomiques et au niveau de la rgion pour 88 activits conomiques et pour 468 professions. 1 Cette analyse peut se faire laide dune veille documentaire et de donnes financires des entreprises, dont certaines sont disponibles gratuitement sur les sites societe.com ou verif.com. Par ailleurs, la Maison de lemploi de Snart a engag un partenariat avec le Centre dtudes de lemploi et du travail du CNAM en 2014 pour publier annuellement des informations sur les volutions de lemploi sur son territoire court terme (volution de lemploi pour les tablissements installs, projets de dmnagements, futures implantations, etc.). 2 Insee Bretagne (2005), Les grands tablissements employeurs bretons , Octant, n 100 janvier.

https://www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/11795/1/oc100_etabl.pdf



Encadr 3 Exemple danalyse de la sensibilit de lconomie dun territoire un faible nombre dacteurs

LObservatoire paritaire, prospectif et analytique des mtiers et des qualifications de la Mtallurgie a publi en novembre 2016 un tat des lieux et une analyse prospective emploi-formation dans la rgion Hauts-de-France : la branche mtallurgie sy caractrise par une surreprsentation des activits de lindustrie automobile, de la mtallurgie et transformation de produits mtalliques, de lindustrie ferroviaire et de lindustrie aronautique et elle alimente un rseau de sous-traitants important.

Pour son analyse, lObservatoire sintresse la taille des tablissements de la branche mtallurgie dans les Hauts-de-France. Les principaux lments de cette analyse sur le tissu industriel de la rgion sont :

une grande majorit de TPE de moins de 20 salaris (73 % des tablisse-ments) : des petits tablissements concentrs essentiellement dans les activits dinstallation et rparation ;

71 tablissements de plus de 250 salaris concentrs dans trois secteurs : industrie automobile, industrie ferroviaire et industrie aronautique et spatiale. Cela illustre la prsence de donneurs dordre influents dont dpend lactivit de nombreuses entreprises plus petites.

Source : Observatoire de la Mtallurgie, tat des lieux et analyse prospective emploi-formation, Rgion Hauts-de-France, novembre 2016

http://www.observatoire-metallurgie.fr/etudes/etat-des-lieux-et-analyse-prospective-emploi-formation-region-hauts-de-francehttp://www.observatoire-metallurgie.fr/etudes/etat-des-lieux-et-analyse-prospective-emploi-formation-region-hauts-de-france



En second lieu, comprendre lconomie dun territoire ne peut se faire sans intgrer son interdpendance avec les autres territoires1, dautant plus importante que le territoire est de faible taille. Cest pourquoi une dmarche prospective, y compris lchelle dune rgion, devrait inclure une rflexion sur la mobilit rsidentielle des individus et sur les localisations et restructurations des entreprises. Difficiles anticiper au niveau rgional, ces phnomnes le sont encore plus lchelle dun dpartement ou dune zone demploi. Au mieux, certains Carif-Oref, comme ceux dle-de-France et de Provence-Alpes-Cte dAzur, intgrent ces phnomnes, non pas en modlisant explicitement les liens qui unissent leur territoire avec ceux qui les entourent, mais en fondant leurs projections demploi par secteur dactivit ou par mtier sur une projection du niveau national et partir dune hypothse sur lvolution du poids de la rgion dans ces secteurs ou ces mtiers (voir encadrs 4 et 5).

Encadr 4 Prsentation par le Carif-Oref dle-de-France de la mthodologie retenue pour son exercice de prospective lhorizon 2030

Concernant tout dabord les projections macroconomiques, qui supposent didentifier les dterminants de la croissance future, il nexiste pas de modle au niveau rgional. Un certain nombre de donnes statistiques ncessaires pour ce type de projection ne sont pas disponibles un chelon territorial fin. De plus, certaines analyses ne sont pertinentes quau niveau national. Par exemple, limpact du taux de change sur le commerce extrieur.

Cest pourquoi notre mthodologie sappuie sur les scnarios macrocono-miques raliss par le Centre danalyse stratgique (CAS) au niveau national. Ceux-ci sont au nombre de trois []. De ces scnarios ont t dduites des projections demploi lhorizon 2030 pour la France partir du modle macroconomique sectoriel NEMESIS. Ce dernier vise apprhender au mieux le fonctionnement de lconomie en mesurant les effets dentranement de chaque secteur dactivit, tout en assurant un bouclage et une cohrence entre les diffrentes hypothses.

La mthode labore par Dfi mtiers retient les rsultats nationaux obtenus et cherche estimer comment va voluer la part de lle-de-France lhorizon 2030, dans chacun des 36 secteurs dactivit. Les projections rgionales tendancielles demploi auxquelles nous aboutissons sont, ainsi, cohrentes avec les prvisions nationales et sarticulent entirement avec le modle national NEMESIS, dvelopp par le CAS.

1 Voir notamment le rapport de lObservatoire des territoires de 2016, chapitre Les marchs locaux du travail : vers une interdpendance croissante des espaces , p. 94-137.

http://www.observatoire-des-territoires.gouv.fr/observatoire-des-territoires/fr/lobservatoire-des-territoires-publie-son-5-me-rapport-disponible-en-t-l-chargement



Elles supposent toutefois quil ny aura pas de ruptures de tendance spcifiques la rgion qui entraneraient une modification brutale de la part de lle-de-France dans la valeur ajoute et dans lemploi de tel ou tel secteur dactivit. Aussi, pour nous assurer de la robustesse des rsultats ainsi trouvs, nous les avons confronts dautres types de travaux et dexpertise :

les tudes sur les perspectives dactivits ralises par les branches professionnelles ;

les statistiques sur les qualifications dans les diffrents secteurs permettent dapprcier jusqu quel point la rgion se distingue de la moyenne nationale dans la structure de ses emplois. De ce fait, elle est susceptible de connatre des volutions trs diffrentes des tendances prvues au niveau national.

Une fois la part de la rgion valide, nous lavons applique aux rsultats nationaux issus de NEMESIS, afin destimer un nombre de crations ou de suppressions demploi par secteur dactivit. Cette opration a t rpte pour les trois scnarios produits par le CAS.

La mthode tendancielle que nous avons retenue prsente toutefois plusieurs limites qui ncessitent de poursuivre nos travaux au-del des premiers rsultats obtenus. Ainsi, on peut penser que le scnario cible dfini par le CAS se prte assez mal une dclinaison rgionale par prolongation des tendances passes. En effet, ce scnario se caractrise par une rupture dans les modes de consommation et de production []. Surtout, la mthode tendancielle ne prend pas en compte les effets propres aux politiques de dveloppement mises en uvre par la Rgion et par les services de ltat. []

Il savre toutefois possible dintgrer dans nos simulations quelques-uns des effets les plus immdiats et les plus massifs du projet Grand Paris. Ce projet doit, en effet, se traduire par une trs nette acclration de la construction de logements et par le lancement de grands travaux pour la ralisation de lextension du rseau des transports en commun ; ce qui aura un impact considrable sur lactivit et lemploi du secteur du BTP.

Source : Ben Mezian M. (2012), Les crations demploi en le-de-France lhorizon 2030, rapport dtude, Carif-Oref dle-de-France, dcembre

https://www.defi-metiers.fr/sites/default/files/docs/rapports-etudes/re_prospective_emploi_horizon_2030_web-3.pdf



Encadr 5 Extrait de la mthodologie utilise par la Direccte PACA, lInsee PACA et lObservatoire rgional des mtiers pour leur exercice

de prospective lhorizon 2030

La Direccte PACA, lInsee PACA et lObservatoire rgional des mtiers ont dvelopp un outil de prospective rgionale, consistant adapter aux spcificits de la rgion les travaux nationaux du Centre danalyse stratgique (devenu France Stratgie) et de la Dares.

Lecture : dici 2030, 58 000 emplois du secteur Activits scientifiques, techniques seraient crs en Paca, soit + 25,9 %. Sources : Insee, recensements de la population, projections de population active 2007-2030, Centre danalyse stratgique (traitements Insee)

Lexercice prospectif conduisant estimer lemploi potentiel rgional lhorizon 2030 peut tre dcompos en deux principales tapes :

la premire tape vise construire une projection de la population active rgionale. [] partir de la projection de population (issue du modle Omphale 2010 de lInsee), nous construisons une projection de population active. Pour la plupart des tranches dge, le scnario retenu prolonge les taux dactivit paralllement une tendance nationale de long terme. Pour les tranches dge 55-59 ans et 60-64 ans, il introduit une inflexion la hausse, pour prendre en compte leffet des rformes des retraites jusquen 2010 ;



la deuxime tape vise estimer lemploi potentiel rgional lhorizon 2030 et le ventiler par secteur. Pour ce faire, nous nous appuyons sur la projection de population active prcdente et sur les scnarios prospectifs du Centre danalyse stratgique lhorizon 2030 publis en janvier 2012. [] Notre mthode consiste retenir le scnario central dit contraint du CAS et ladapter aux spcificits de la rgion Paca pour tenir compte : de la dynamique propre de la population active rgionale ; de la structure productive rgionale par secteur ; du fait que le taux de chmage est structurellement plus lev en Paca quen moyenne mtropolitaine.

Prcisment, le niveau demploi potentiel rgional en 2030 rsulte de la projection de population active rgionale et dune hypothse de taux de chmage rgional en 2030. Cette dernire est obtenue en augmentant le taux de chmage national 2030 envisag par le scnario contraint du CAS de lcart structurel observ entre le taux de chmage de Paca et la moyenne mtropolitaine. Cet cart est en effet demeur stable sur la priode 2004-2012. Il sagit enfin de ventiler lemploi potentiel par secteur, un niveau agrg de la nomenclature. Nous calculons dabord une cl de rpartition sectorielle de lemploi total rgional en 2010 en 18 postes de nomenclature agrge, laide des estimations demploi localises de lInsee (ESTEL) et de donnes du recensement de la population. Nous nous appuyons ensuite sur les recompositions sectorielles dcrites par le scnario contraint du CAS pour faire voluer cette cl de rpartition sectorielle rgionale jusqu lhorizon 2030. Applique au niveau demploi potentiel rgional en 2030, la cl de rpartition ainsi obtenue permet daboutir des niveaux demploi potentiel par secteur.

Source : Direccte PACA, Insee PACA, Observatoire rgional des mtiers (2013), Exercice de prospective rgionale. Dici 2030, une croissance de lemploi toujours porte par les services , Insee PACA Analyse, n 38, dcembre

Comment sassurer quune prospective territoriale par activit 1.3.conomique ou par mtier est cohrente avec lexercice national ?

Au niveau national, la plupart des travaux de prospective ralisent des projections demploi la fois par activit conomique et par mtier. Cela sexplique par le fait que les projections demploi par mtier au niveau national sont gnralement dduites des projections demploi par activit conomique (voir encadr 6), mthodologie quil est difficile de rpliquer lchelle dun territoire plus fin, notamment en raison de labsence de donnes de comptabilit nationale rgionalises et du manque de sries de donnes territorialises demploi par secteur et par qualification avec un historique suffisamment long, d changement de mode de collecte de donnes ou de nomenclature.

https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/1291854/ana38.pdfhttps://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/1291854/ana38.pdf



Encadr 6 Prsentation de la mthodologie gnralement utilise au niveau national pour raliser des projections demploi :

illustration avec lexercice PMQ 2022

Les projections demploi par mtier sont gnralement obtenues par une succession de trois tapes :

la dtermination des hypothses de croissance macroconomique ;

la modlisation sectorielle ;

la dformation de la structure par mtier de lemploi sectoriel.

cela sajoute gnralement une quatrime tape pour estimer le nombre de postes pourvoir : les prvisions de dparts la retraites, accompagnes ventuellement des estimations de mobilits professionnelles.

Ainsi, les projections demploi par mtiers de lexercice PMQ 2022 sappuient sur un scnario macroconomique, sur des projections sectorielles lhorizon 2030 ralises partir du modle macro-sectoriel europen NEMESIS et sur des hypo-thses de dformation de la structure des mtiers au sein de secteurs agrgs.

Trois scnarios macroconomiques ont t envisags, un scnario central et deux scnarios alternatifs dits de crise et cible , en variante par rapport au compte central.

PIB, productivit, emploi et chmage selon les trois scnarios Taux de croissance annuel moyen : 2012-2022

Les scnarios macroconomiques modliss par le modle macro-sectoriel NEMESIS dcoulent galement des projections par secteurs dactivit (la productivit, la valeur ajoute et lemploi agrgs dpendent des performances diffrencies des secteurs). Ces projections prennent en compte les compor-



tements de consommation des agents conomiques, ainsi que les interactions entre secteurs, notamment par le biais de la demande de consommation intermdiaire et dinvestissement. Ces projections sectorielles intgrent gale-ment certaines politiques structurelles programmes telles que les retombes de lajustement budgtaire sur lemploi public, les politiques environnementales ou encore les politiques de soutien la recherche-dveloppement.

Les projections demploi par mtiers sappuient sur les projections demploi sectorielles lhorizon 2022 issues des diffrents scnarios. La dformation de la structure des mtiers au sein de chaque secteur est observe sur le pass partir de lenqute Emploi de lInsee puis projete sur une base tendancielle, en faisant galement appel des lments plus qualitatifs et des dires dexperts (branches professionnelles, ministres).

Source : France Stratgie et Dares (2015), Les mtiers en 2022, rapport du groupe Prospective des mtiers et qualifications, avril

dfaut, les Carif-Oref ont recours deux approches complmentaires pour raliser de la prospective chiffre. Certains observatoires (voir encadrs 4 et 5) ajustent les projections demploi nationales par secteur publies par France Stratgie et la Dares laide dhypothses sur lvolution du poids relatif de la rgion pour chaque activit conomique.

Dautres observatoires (voir encadr 7) ralisent des projections rgionales de postes pourvoir par mtier en sappuyant directement sur les projections nationales

http://www.strategie.gouv.fr/publications/metiers-2022-prospective-metiers-qualifications



demploi par mtier et en estimant les dparts la retraite par mtier dans la rgion partir des donnes locales du recensement de la population.

Encadr 7 Extrait de la mthodologie utilise par lOref Alsace pour son exercice de prospective lhorizon 2022 (publi en fvrier 2016)

Cette tude a pour objectif danalyser les perspectives dvolution moyen terme de lemploi par famille professionnelle lchelle territoriale de lAlsace Champagne-Ardenne Lorraine. Elle sappuie sur les projections de lemploi selon le scnario central de lexercice de prospective nationale des mtiers et des qualifications 2012-2022, ralis conjointement par France Stratgie et la Dares [].

La dclinaison territoriale des projections nationales de lemploi repose sur lhypothse que la part de lAlsace Champagne-Ardenne Lorraine dans les crations ou pertes nettes demplois sur la priode 2012-2022 en France mtropolitaine sera proportionnelle au poids de lemploi rgional dans lemploi national en 2012 par famille professionnelle.

Ensuite, les dparts en fin de carrire sur la priode 2012-2022 en Alsace Champagne-Ardenne Lorraine sont estims en faisant lhypothse que leur nombre sera gal celui des actifs en emploi gs dau moins 50 ans en 2012 par famille professionnelle.

Ainsi, les besoins de renouvellement nets sur la priode 2012-2022 en Alsace Champagne-Ardenne Lorraine sont la somme des crations ou pertes nettes demplois projetes et du nombre de seniors en activit en 2012 par famille professionnelle.

Source : Oref Alsace (2016), Une approche prospective des mtiers lhorizon 2022. Perspectives dvolution moyen terme de lemploi par famille professionnelle en Alsace Champagne-Ardenne Lorraine , fvrier

Aucune des deux approches prsentes ci-dessus nest a priori meilleure que lautre. Cela dpend notamment des caractristiques du territoire. Il serait toutefois utile de pouvoir justifier lutilisation dune mthode plutt que lautre. Cela pourrait tre ralis par exemple en vrifiant si lvolution de lemploi dun territoire est davantage corrle avec celle de lemploi national lorsquelle est analyse par secteur dactivit

http://www.oref-alsace.org/document/une-approche-prospective-des-metiers-lhorizon-2022-acalhttp://www.oref-alsace.org/document/une-approche-prospective-des-metiers-lhorizon-2022-acalhttp://www.oref-alsace.org/document/une-approche-prospective-des-metiers-lhorizon-2022-acal



ou par mtier. Les nombreuses ruptures de sries dans les nomenclatures rendent cette tche difficile. Cependant, lInsee publie sur son site Internet des donnes harmonises des recensements depuis 19681 qui permettent de raliser ces oprations par grand secteur dactivit (agriculture, industrie, btiment et travaux publics, tertiaire) et par catgorie socioprofessionnelle (agriculteurs, artisans, commerants, chefs dentreprise, cadres et professions intellectuelles suprieures, professions intermdiaires, employs et ouvriers).

Par ailleurs, il peut tre utile didentifier la prsence de filires conomiques territoriales qui peuvent se matrialiser par des volutions conjointes de lemploi de certains secteurs dactivit. cet gard, il est possible de mesurer les corrlations des volutions demploi entre secteurs dactivit. LInsee publie des sries longues (1989-2013) demploi salari au 31 dcembre pour 38 secteurs dactivit pour les dpartements de France mtropolitaine2 et lAcoss publie des informations similaires par communes sur le champ salari priv3. De tels calculs permettent de mieux tenir compte des caractristiques des territoires lorsque lon souhaite ajuster au niveau rgional des volutions demploi projetes nationalement.

Ces deux mthodes permettent dassurer une cohrence partielle avec lexercice national de prospective ralis par France Stratgie et la Dares. Dans la mesure o lexercice national ne dcline pas ses rsultats un niveau rgional, la seule contrainte est a minima de sassurer que les projections territoriales demplois et de postes pourvoir nexcdent pas celles au niveau national ou, le cas chant, de prciser les hypothses concernant les autres territoires justifiant des volutions particulirement marques.

Les observatoires de branche scartent quant eux volontairement des hypothses retenues pour lexercice national ralis par France Stratgie et la Dares, notamment parce quils sintressent davantage lensemble des futurs possibles. Leur objectif est, en plus danticiper les volutions du contenu des mtiers, de tenir davantage compte des spcificits de leur activit que ne le permet un exercice macro-sectoriel national. L aussi, deux approches sont gnralement mobilises pour raliser des projections demploi pour une activit conomique :

sappuyer sur un modle conomtrique (voir encadr 8) ;

1 Les donnes pour la France mtropolitaine sont relatives aux annes 1968, 1975, 1982, 1990, 1999, 2008 et 2013 ; www.insee.fr/fr/statistiques/2414084?sommaire=2414232. 2 www.insee.fr/fr/statistiques/1409895?sommaire. 3 www.acoss.fr/home/observatoire-economique/donnees-statistiques/bases-de-donnees/les-denombrements-annuels.html.

http://www.insee.fr/fr/statistiques/2414084?sommaire=2414232http://www.insee.fr/fr/statistiques/1409895?sommairehttp://www.acoss.fr/home/observatoire-economique/donnees-statistiques/bases-de-donnees/les-denombrements-annuels.htmlhttp://www.acoss.fr/home/observatoire-economique/donnees-statistiques/bases-de-donnees/les-denombrements-annuels.html



ou sappuyer sur des taux de croissance de lemploi observs pour diffrentes priodes (volution de longue priode, pass rcent, priode de croissance ou de dcroissance maximum, etc.) (voir encadr 9).

Encadr 8 Extrait de la mthodologie utilise par Observatoire de la Mtallurgie, pour son exercice de prospective

dans la rgion Hauts-de-France lhorizon 2025

LObservatoire paritaire, prospectif et analytique des mtiers et des qualifications de la Mtallurgie a publi en novembre 2016 un tat des lieux et analyse prospective emploi-formation Rgion Hauts-de-France. La branche mtallurgie en Hauts-de-France se caractrise par une sur-reprsentation des activits de lindustrie automobile, de la mtallurgie et transformation de produits mtalliques, de lindustrie ferroviaire et de lindustrie aronautique et elle alimente un rseau de sous-traitants important.

Lestimation des besoins en emplois lhorizon 2025 a t ralise partir de la mthode prsente ci-dessous :

prise en compte des hypothses nationales issues des travaux du BIPE, secteur par secteur, le scnario intgrant limpact sur la branche du Pacte de responsabilit et de solidarit et du Crdit dimpt pour la comptitivit et lemploi (CICE) ;

rvision des hypothses nationales en fonction des spcificits rgionales issues des entretiens conduits par secteur ;

estimation des emplois 2025 : lvolution 2020-2025 en Hauts-de-France est estime similaire secteur par secteur lvolution nationale, les acteurs interrogs nayant pas de visibilit de leur volution si long terme.



Les principaux rsultats relatifs aux emplois dans la rgion Hauts-de-France sont les suivants :

poursuite de la baisse des effectifs entre 2014 et 2020 de plus de 11 000 emplois, 1,5 % par an, soit une diminution sur un rythme plus lent que durant la priode 2008-2014 ( 3 % par an) ;

niveau de baisse homogne celui observ lchelle nationale ;

des volutions contrastes entre secteurs : une baisse des activits de la mtallurgie, automobile, ferroviaire, fabrication de produits informatiques, lectroniques, optiques, fabrication de machines et quipements ; une stagnation du secteur installation, rparations et autres industries ; une hausse du secteur aronautique, avec cependant un impact faible en termes demploi ;

stagnation, voire une lgre hausse des effectifs entre 2020 et 2025.

Source : Observatoire de la Mtallurgie, tat des lieux et analyse prospective emploi-formation Rgion Hauts-de-France, novembre 2016

Encadr 9 Extrait de la mthodologie utilise par lObservatoire de lAssociation nationale pour la formation automobile (ANFA)

pour son exercice de prospective dans le commerce et la rparation automobile lhorizon 2022

Sur la base de travaux prospectifs raliss en 2008, lObservatoire de lANFA a reconstitu un systme statistique complexe organis autour de lvolution de lemploi salari, de lvolution de la structure des catgories sociales, des dparts en fin de carrire, de la mobilit intersectorielle et des promotions profession-nelles. Ce systme permet dlaborer une prospective, selon quatre scnarios dvolution, des besoins en recrutement que la branche des services de lautomobile doit former et qualifier annuellement. []

Le groupe dexperts rassembl par lobservatoire de lANFA a identifi 19 facteurs qui font varier lemploi salari, la structure des catgories sociales et des dparts en fin de carrire dans le commerce et la rparation automobile. Parmi ceux-ci, trois sont rapidement apparus comme fondamentaux : la typologie des consommateurs automobile, la croissance conomique et la croissance des prix de limmobilier en France. []

Lensemble des hypothses dvolution de chacune des variables identifies par le groupe dexperts ont t assembles par le groupe de travail afin de crer quatre scnarios prospectifs dvolution du secteur et de lemploi lhorizon 2022. []

http://www.observatoire-metallurgie.fr/etudes/etat-des-lieux-et-analyse-prospective-emploi-formation-region-hauts-de-francehttp://www.observatoire-metallurgie.fr/etudes/etat-des-lieux-et-analyse-prospective-emploi-formation-region-hauts-de-france



Le scnario Iso correspond la poursuite de la tendance des dix dernires annes.

Le scnario Moderato o lconomie est contrainte par une croissance nulle ou ngative durable et o labsence de volontarisme politique ne permet pas dimaginer de solutions transitoires.

Le scnario Fortissimo agglomre un ensemble dhypothses dvolution de variables positives au secteur. Dans ce scnario, la croissance conomique revient un niveau moyen de 2 % par an.

Le scnario Actio : dans le cadre dune conjoncture conomique qui continue se dgrader (croissance faible, cot de lnergie lev, cot de limmobilier constant), ltat et les collectivits organisent une panoplie de mesures cologiques dont lobjectif est dorganiser la poursuite de la mobilit des individus, tout en rpondant aux engagements de rejet de CO2 pris par la France dans le cadre des traits internationaux.

Une fois les scnarios dfinis, il sagit didentifier leurs effets sur lemploi, les qualifications ou encore les dparts en fin de carrire. Le groupe dexperts mobilis sur prospectives 2022 a donc travaill relier des scnarios qualitatifs des volutions quantitatives. En premier lieu, le scnario Iso correspond la courbe de tendance des dix dernires annes. [] Le scnario Moderato correspond, dans la majorit des cas, une poursuite de tendance des deux annes les plus mauvaises pour chaque code NAF (2011 et 2012). Le scnario Actio a des effets variables selon les secteurs dactivit. La rponse de ltat et des collectivits aux enjeux de mobilit et aux impratifs cologiques est fonction du type de vhicules. Actio a globalement un impact positif sur lvolution de lemploi.

Source : Observatoire de lANFA (2016), Prospective des besoins en recrutement de jeunes dans le commerce et la rparation automobile lhorizon 2022 , Autofocus, no 63, octobre

http://observatoire.anfa-auto.fr/content/download/2547/15992/file/Autofocus%2063.pdfhttp://observatoire.anfa-auto.fr/content/download/2547/15992/file/Autofocus%2063.pdf



Comment introduire des scnarios de rupture ? Et comment 1.4.les quantifier ?

Pour pallier les incertitudes inhrentes ce type dexercice et viter le biais pour le prsent , les dmarches prospectives quantitatives sappuient de plus en plus sur llaboration de diffrents scnarios, qui combinent faits invariants, tendances marques par des forces dinertie et ruptures. Ces dernires ont des origines diverses : elles peuvent soprer du ct de loffre ou de la demande, la suite dune innovation technologique, dune modification rglementaire, dun changement dorganisation du travail ou, pour un territoire, la cration ou la fermeture dun tablissement de taille importante (un site de production, par exemple).

Dans la pratique, les prospectivistes peuvent au mieux quantifier un scnario tendanciel qui consiste prolonger ou inflchir les tendances passes, sous des hypothses de croissance macroconomiques compatibles avec ces tendances. Cest notamment ce qua fait le groupe Prospective des mtiers et qualifications dans son rapport Les mtiers en 2022 (voir encadr 6). Lorsquils arrivent tablir des scnarios disruptifs , cest essentiellement de manire qualitative suivant la mthodologie de cabinets tels que Futuribles ou le BIPE (voir encadr 10). Cest par exemple ce quont ralis lObservatoire des mtiers des industries alimentaires (Observia) et le Carif-Oref du Centre-Val de Loire, en identifiant quatre scnarios prospectifs rgionaux fonds sur des scnarios nationaux prexistants (voir encadr 11).

Encadr 10 tapes dune mthode didentification des scnarios

Bien quayant chacune leur spcificit, les dmarches didentification des scnarios utilises par les cabinets de conseil (Futuribles ou BIPE par exemple) ou les Carif-Oref comprennent gnralement les tapes suivantes :

revue bibliographique ;

dfinition du cadre de rflexion, dont le choix de lhorizon prospectif ;

identification des variables dintrt ;

recueil de donnes sur ces diffrentes variables dintrt ;

analyse rtrospective de ces variables dintrt et hypothses prospectives ;

construction des scnarios futurs possibles et analyse de leurs consquences ;

dcision stratgique de retenir ou dexclure certains scnarios de futur possible.



Illustration : planning de la dmarche prospective des mtiers dans le secteur agroalimentaire, ralis par le cabinet Futuribles et Observia

Source : Futuribles

Encadr 11 Scnarios prospectifs rgionaux retenus par Observia et le Carif-Oref du Centre-Val de Loire

LObservatoire des mtiers des industries agroalimentaires (Observia) a pour ses propres besoins dfini quatre scnarios prospectifs au niveau national : une spcialisation des industries agroalimentaires, une relocalisation de produits (avec une variante fonde sur les industries alimentaires proactives*), une promotion de la qualit et du service et enfin une rvolution biotechnologique.

Le Carif-Oref Centre-Val de Loire et Observia nont pas repris tels quels ces scnarios nationaux pour raliser leur prospective rgionale mais les ont adapts la spcificit du territoire. De ce fait, les quatre scnarios prospectifs rgionaux retenus pour lexercice de prospective sur la rgion Centre-Val de Loire ont t dfinis par une recombinaison des trois premiers scnarios nationaux. En revanche a t cart le scnario national de rvolution technologique, jug peu probable lchelon rgional.



* Intensification de la demande pour des produits sur-mesure adapts aux consommateurs et cration de gammes de produits que la grande distribution ne pourrait pas distribuer. Des micro-usines se dveloppent pour fabriquer ces produits au plus prs des clients. Convergence de services sur les tlphones portables et dveloppement du commerce direct. Utilisation des microorganismes naturels (champignons, microalgues) comme adjuvants fonctionnels dans les processus de transformation alimentaire. Dveloppement du travail en rseaux pour permettre aux entreprises de proposer des gammes de produits compltes. Renforcement des comptences dans les domaines des TIC, de la robotique, de la gestion de la diversit, et pour lencadrement intermdiaire des micro-usines de production.

Source : intervention de lObservatoire des mtiers de lalimentaire (Opcalim) et Carif-Oref du Centre-Val de Loire

Se pose alors gnralement la question de traduire ces scnarios en hypothses chiffres intgrables dans la dmarche de prospective quantitative. Il nexiste pas de mthode standard permettant de raliser une telle traduction, car cela dpend de la complexit des scnarios de rupture. Deux possibilits semblent envisageables : se contraindre nintgrer dans les scnarios que les ruptures quil est possible de quantifier raisonnablement 1 ou, au contraire, intgrer dans les scnarios

1 Lexigence de qualit pour chiffrer les scnarios de rupture ne doit pas faire penser quil sagit de raliser une prvision, une dmarche de prospective ntant pas un exercice de prvision.



lensemble des ruptures juges pertinentes tout en sachant quil ne sera pas possible de les chiffrer. Force est de constater quau cours des vingt dernires annes, aucune dmarche prospective na pu intgrer de manire satisfaisante des ruptures dans son analyse quantitative. Tout au mieux, il sagit de dformer a posteriori les projections demploi par activit ou par mtier obtenues dans un scnario tendanciel1. Cest ce qua notamment ralis le Carif-Oref le-de-France, en modlisant sparment limpact du Grand Paris sur les crations demploi en le-de-France et en additionnant cet effet une prospective tendancielle (voir encadr 4).

Au final, il revient aux commanditaires et aux quipes en charge de la prospective darbitrer au dbut de la dmarche en faveur de lune de ces deux possibilits (tendance ou disruption) afin de lever toute ambigut sur le contenu de lexercice. Dans le premier cas, les scnarios de rupture y sont partie intgrante tandis que dans le second, ils viennent en approfondissement de cette dmarche. Se rvle ici en dfinitive la difficult de savoir ce que lon considre comme faisant partie dune dmarche prospective quantitative stricto sensu. Bien quil nexiste pas de solution uniformment prfrable une autre, il peut apparatre judicieux de distinguer nettement la dmarche prospective qui relve dune analyse quantitative tendancielle de celle compose danalyses complmentaires principalement qualitatives.

2. Difficults mthodologiques concernant loffre de travail

Comment anticiper les besoins en comptences ? 2.1.Si les dmarches de prospectives quantitatives fournissent gnralement des projections par activit conomique ou par mtier, de plus en plus danalyses ont mis en vidence lintrt de raisonner par comptence pour comprendre le fonction-nement du march du travail2.

Lorsquelles recrutent, les entreprises expriment en effet un besoin en comptences, que ce soit en savoirs et savoir-faire de base ou professionnels. Le besoin exprim est en partie commun toutes les offres demploi relatives un mme mtier et en partie spcifique lentreprise qui recrute. Par ailleurs, les individus acquirent des comptences au cours de leur formation initiale, de leurs expriences profession-

1 Les crations demploi en le-de-France lhorizon 2030 , Carif-Oref dle-de-France, 2012. 2 Voir par exemple Dares (2015), Comptences individuelles et comptences utilises en situation de travail. Quels constats ? Quelle valorisation salariale ? , Dares, Document dtudes, n 193, ou encore Cedefop (2014), Inadquation des comptences : les dessous du problme , note dinformation, mars.

http://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/etudes-et-syntheses/documents-d-etudes/article/competences-individuelles-et-competences-utilisees-en-situation-de-travailhttp://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/etudes-et-syntheses/documents-d-etudes/article/competences-individuelles-et-competences-utilisees-en-situation-de-travailhttps://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwjtj4D35OLUAhXGvRoKHSvZDekQFggjMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.cedefop.europa.eu%2Ffiles%2F9087_fr.pdf&usg=AFQjCNHGT2yKetXYpFjRg0c8o7pTrRKB2w



nelles ou de formations continues. Les manires dacqurir des comptences tant multiples, elles sont en partie communes tous les individus ayant obtenu le mme type de diplme et en partie spcifiques au parcours de chacun. Ainsi, pour un mme mtier, les comptences recherches par les entreprises, tout comme celles dtenues par les salaris qui exercent ce mtier, sont la fois communes et singulires.

Il est illusoire dimaginer pouvoir anticiper partir dune dmarche prospective les besoins singuliers en comptences, cest--dire les besoins propres chaque situation demploi. Il est toutefois envisageable de mener une prospective sur les besoins communs en comptences, ce de deux manires.

Premirement, il est possible de dduire des projections quantitatives demploi par mtier ou par secteur dactivit des tendances sur les besoins en comptences. En effet, les rfrentiels de comptences raliss par les branches professionnelles, ou encore le rpertoire oprationnel des mtiers et des emplois (ROME) de Ple emploi, comportent les comptences demandes pour lensemble des mtiers. Il est donc a priori possible de traduire la dformation projete de la structure des emplois en une dformation des besoins en comptences. Cela pourrait consister par exemple lister partir du ROME, pour les principaux mtiers crateurs demploi ou lorigine des postes pourvoir les plus nombreux, les principales comptences (savoirs et savoir-faire en comptences de base et en comptences spcifiques) demandes pour exercer ces mtiers. Ce travail pourrait galement tre ralis a contrario pour les principaux mtiers dont leffectif est attendu en baisse. Apparatraient ainsi, de manire qualitative, les principales transformations en matire de comptences recherches.

Deuximement, il est possible de mener une prospective sur les besoins communs en comptences sur quelques mtiers ou activits conomiques en rdigeant des fiches mtiers sur la base dinformations recueillies au cours dentretiens avec des experts du domaine. Cest ce que font les branches professionnelles ou des Carif-Oref comme celui des Pays de la Loire sur les mtiers de la filire du numrique partir dentretiens raliss auprs dentreprises, dorganismes de formation et dautres acteurs du domaine (voir encadr 12)1.

1 Pour lvolution des mtiers de la filire du numrique, voir galement le rapport du Rseau Emplois Comptences (REC) (2017), Vision prospective partage des emplois et des comptences - la filire numrique, France Stratgie-Creq, juin.

http://www.strategie.gouv.fr/rapport/vision-prospective-partagee-emplois-competences-filiere-numeriquehttp://www.strategie.gouv.fr/rapport/vision-prospective-partagee-emplois-competences-filiere-numerique



Encadr 12 Extrait des fiches mtiers-comptences des mtiers du numrique ralises par le Carif-Oref des Pays de la Loire

Afin daider la comprhension des mtiers et des comptences des mtiers du numrique et faciliter ladaptation de loffre de formation, le Carif-Oref a construit, dans le cadre dun groupe de travail avec des professionnels, des fiches mtiers-comptences reprsentatives du secteur du numrique. Ces fiches ont t cres partir de diffrentes sources dont Ple emploi et OPIIEC. Elles englobent toutes les comptences des mtiers du secteur, que ce soit des comptences techniques pour les dveloppeurs, des comptences plus cratives pour les mtiers du web ou encore des comptences trs spcifiques avec, par exemple, les data scientists ou les responsables scurit.

Sept fiches mtiers rparties en deux grands domaines ont t cres.

Par exemple, pour la fiche mtier-comptences de concepteur-dveloppeur sont notamment disponibles les informations suivantes :



Source : Carif-Oref Pays de la Loire, Les mtiers du numrique recrutent et recruteront ! , janvier 2016

Comment mettre en relation une prospective quantitative des 2.2.emplois et les informations sur les sortants de formation initiale ou continue ?

La complexit du lien entre la spcialit de formation des individus et lemploi quils occupent rend illusoire toute ambition de dfinir la seule lumire dune dmarche

http://www.orientation-paysdelaloire.fr/Acces-pro/Etudes-et-donnees/Onglet/Etudes-et-enquetes/Les-metiers-du-numerique-recrutent-et-recruteront



prospective lvolution des dispositifs de formation. Lalimentation des mtiers et les modes de professionnalisation sont extrmement diversifis. De plus, il faut garder lesprit que les projections quantitatives demplois, y compris au niveau national, sont fondes sur une modlisation trs sommaire du march du travail. Par exemple, le modle macrosectoriel utilis par France Stratgie et la Dares distingue uniquement deux niveaux de qualification pour le travail1 : qualifi et non qualifi. De ce fait, les rsultats prospectifs quantitatifs par niveau de qualification ont t fonds non pas sur ces deux niveaux de qualification, mais partir de lagrgation des rsultats par mtiers selon leur niveau de qualification dominant. En aucun cas, la modlisation nintgre de confrontation fine entre les effectifs qui sortent dune spcificit de formation et les besoins demplois par mtier.

Cette confrontation est donc un approfondissement raliser lextrieur de la prospective quantitative tendancielle. Elle consiste dterminer le nombre de sortants de formation devant tre embauchs au sein de chaque activit conomique ou chaque mtier pour que tous les postes pourvoir puissent tre occups, une fois pris en compte les postes pourvoir occups par mobilits professionnelles (personnes changeant de mtier ou dactivit conomique) et promotions internes. Puis on compare ce nombre de sortants de formation devant tre embauchs aux effectifs actuels de sortants de formation. Raliser cette confrontation suppose de pouvoir quantifier, en plus de lvolution des emplois, lvolution de la structure de niveau de qualification de ces emplois, les dparts en fin de carrire, les mobilits professionnelles et les promotions internes (voir encadr 13)2. En outre, ce nest a priori possible que pour les activits conomiques ou mtiers pour lesquels on peut souponner lexistence dune certaine adquation entre spcialit de diplme et nature du premier emploi exerc. Or les formations ne conduisent gnralement pas qu un seul mtier ou travailler dans un seul type dentreprise3.

1 Le modle Msange dvelopp par lInsee et la DG Trsor dcompose dsormais en deux niveaux de qualification. Le modle macroconomtrique msange : restimation et nouveauts , Document de travail de la DG Trsor, mai 2017. 2 Voir galement Flamand J. (2016), Dix ans de transitions professionnelles : un clairage sur le march du travail franais , Document de travail, France Stratgie, mars. 3 Voir notamment les tudes qui se fondent sur le kit dvelopp par lInsee pour lanalyse du lien entre spcialits de formation et mtiers : Omont L., Gonnard S. et Ben Mezian M. (2016), En le-de-France, un lien plus faible entre la formation suivie et lemploi exerc pour les jeunes dans les mtiers peu qualifis , Insee le-de-France et Dfi mtiers, dcembre ; Leroy C., Nouchet C., Gestin B. et Molina V. (2014), Les dbuts de carrire en Bretagne : des emplois moins qualifis pour des jeunes plus diplms , Insee Bretagne et Gref Bretagne, dcembre ; ou encore Beaubouchez C.,

http://www.tresor.economie.gouv.fr/File/436147http://www.strategie.gouv.fr/publications/dix-ans-de-transitions-professionnelles-un-eclairage-marche-travail-francaishttp://www.strategie.gouv.fr/publications/dix-ans-de-transitions-professionnelles-un-eclairage-marche-travail-francaishttps://www.defi-metiers.fr/breves/en-ile-de-france-un-lien-formation-emploi-plus-faible-pour-les-jeunes-peu-qualifieshttps://www.defi-metiers.fr/breves/en-ile-de-france-un-lien-formation-emploi-plus-faible-pour-les-jeunes-peu-qualifieshttps://www.defi-metiers.fr/breves/en-ile-de-france-un-lien-formation-emploi-plus-faible-pour-les-jeunes-peu-qualifieshttps://www.insee.fr/fr/statistiques/1285580https://www.insee.fr/fr/statistiques/1285580



Encadr 13 Extrait de la mthodologie utilise par lObservatoire de lANFA pour son exercice de prospective dans le commerce

et la rparation automobile lhorizon 2022

Prospective des dparts en fin de carrire

Lobservatoire de lAssociation nationale pour la formation automobile (ANFA) a fait le choix de sappuyer sur les prospectives de dparts en fin de carrire dveloppes par France Stratgie et le Conseil dorientation des retraites : un modle appel Profilge. Cette analyse a t croise avec les travaux de projection de la caisse de retraite IRP auto. Toutefois, pour valuer les besoins en renouvellement de main-duvre, il faut comptabiliser le nombre de personnes quittant le march du travail en fin de carrire, y compris les personnes qui ne retrouveront pas de travail avant de partir en retraite (ce que les caisses de retraite ne peuvent pas valuer).

Prospective en volution des catgories sociales

La dfinition de lvolution des catgories sociales est la premire tape qui permet daboutir une prospective par mtier. Entre 2005 et 2015, quelle que soit la source utilise (Insee DADS ou Insee enqute Emploi), les catgories sociales ont volu dans le commerce et la rparation automobile de faon notable et inattendue. Alors quil existe une tendance nationale la croissance des professions intermdiaires / agents de matrise, celles-ci ont vu leur part diminuer dans le commerce et la rparation automobile. La principale interrogation porte sur la prennit de cette tendance. Si tel tait le cas, les professions intermdiaires (vendeurs, agents de matrise technique...) diminueraient encore. Mais comme il est vraisemblable que cette baisse est lie aux dparts en fin de carrire, elle pourrait ntre que transitoire.

Franois B., Privas C. et Lavergne H. (2013), En dbut de carrire, la formation initiale ne dtermine pas toujours le mtier exerc , Insee Rhne-Alpes et Prao, mars.

https://www.insee.fr/fr/statistiques/1291325https://www.insee.fr/fr/statistiques/1291325



Prospective des mobilits intersectorielles

Chaque anne, des personnes changent de secteur dactivit. Si on cherche connatre le nombre de personnes qualifier pour un secteur dactivit, il ne faut pas se contenter des besoins de renouvellement de postes induits par les dparts en fin de carrire mais aussi identifier le nombre de personnes quittant le secteur annuellement et le nombre de personnes entrant dans le secteur. Le solde de cette mobilit intersectorielle gnre ou rduit les besoins de main-duvre.

Source : Observatoire de lANFA (2016), Prospective des besoins en recrutement de jeunes dans le commerce et la rparation automobile lhorizon 2022 , Autofocus, no 63, octobre.

http://observatoire.anfa-auto.fr/content/download/2547/15992/file/Autofocus%2063.pdfhttp://observatoire.anfa-auto.fr/content/download/2547/15992/file/Autofocus%2063.pdf


CONCLUSION COMMENT AMLIORER LUTILIT

DES EXERCICES DE PROSPECTIVE POUR LES DCIDEURS ?

1. tre clair sur les objectifs initiaux assigns une dmarche prospective

Les attentes associes une dmarche prospective sont nombreuses et manent de commanditaires trs divers : commission emploi et mutation conomique du CREFOP, organismes paritaires collecteurs agrs, commande quadripartite, branches professionnelles, partenaires sociaux, tat, contrats dtudes prospectives passs entre ltat et les organisations professionnelles et syndicales reprsentatives dans les commissions professionnelles consultatives.

Les commanditaires souhaitent pouvoir disposer dune information prospective quantifie un horizon compatible avec la temporalit de leurs mandats et de leurs actions (laboration de carte de formation ou achat de formations continues court terme, par exemple pour ajuster loffre de formation des demandeurs demploi). Alors que la majorit des exercices est ralise un horizon de dix ans, les projections cinq ans sont donc souvent les plus utiles sur le terrain, sauf pour ladaptation des appareils de formation, qui ncessite une coordination importante des acteurs et qui donne lieu une contractualisation pluriannuelle (Contrat de plan rgional de dveloppement des formations et de lorientation professionnelles, Contrat de plan tat-rgion, Orientations conjointes tat-rgion, etc.).

Cette diversit des acteurs et des temps daction peut conduire une ambigut des objectifs assigns une dmarche prospective. Pour pallier cette difficult, il est ncessaire de dfinir clairement ces objectifs, quil sagisse de lhorizon souhait de la prospective, de lutilisation qui en sera faite (cadrage macroconomique pour des



ngociations, actions court terme, etc.), du besoin de quantification des rsultats ou du niveau de dtail attendu (gographique ou par mtier).

2. Travailler collectivement et assumer collectivement la responsabilit

Une dmarche pro

Government & Nonprofit

Prospective régionale et sectorielle de l'emploi. Quelles méthodes, quels horizons et quelle sources ?