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Frédéric Labbe Chapuis La sécurité routière analysée par Frédéric Labbe Chapuis Frédéric Labbe Chapuis se préoccupe des mauvaises conditions de circulation automobile au Gabon, un pays où la longueur totale du réseau routier est inférieure à la moyenne africaine, l’Afrique étant le continent où la densité du réseau routier est la plus faible au monde. Dans quel état sont les routes et les automobiles, quel est le comportement des conducteurs gabonais et comment réagissent les Autorités face à un taux record d’accidents de la route ? Un réseau routier vétuste Frédéric Labbe Chapuis fait ce constat : sur les 9170 km de route, 1055 km sont bitumés mais seulement 20% du réseau bitumé serait en bon état. Le parc automobile relativement limité est d’environ 90 000 véhicules mais le plus préoccupant est sa vétusté. La majorité de ces voitures étant d’occasion, certaines ayant plus de 15 ans, elles proviennent d’Europe où elles n’étaient plus en état de circuler. À quoi bon le contrôle technique ? Comment se fait-il que des véhicules condamnés en Europe circulent en Afrique ? C’est la question que pose John Doe en ce qui concerne le Gabon. Le contrôle technique obligatoire au Gabon est pourtant calqué sur la réglementation française. Il est obligatoire 4 ans après la première mise en circulation puis tous les 2 ans. Mais les petits arrangements aidant, les contrôles techniques peuvent se transformer en visites de complaisance, si bien que les propriétaires de voitures totalement défaillantes collent sur leur pare-brise la vignette réglementaire qui les met à l’abri des contrôles routiers mais certainement pas des accidents. Et même si ces véhicules d’occasion sont passés sur le banc technique, Frédéric Labbe Chapuis doute de la conformité systématique du contrôle technique au Gabon. Quand on sait que qu’un société (dont nous tairons le nom) de contrôle technique et de circulation, installée en plein air dans un cimetière, a pu délivrer en toute impunité des visites techniques de poids lourds sans disposer des moyens matériels, il est légitime de s’interroger sur réalité de la sécurité routière.

Frédéric labbe chapuis

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Frédéric Labbe Chapuis

La sécurité routière analysée par Frédéric Labbe Chapuis

Frédéric Labbe Chapuis se préoccupe des mauvaises conditions de circulation

automobile au Gabon, un pays où la longueur totale du réseau routier est inférieure à la moyenne africaine, l’Afrique étant le continent où la densité

du réseau routier est la plus faible au monde. Dans quel état sont les routes

et les automobiles, quel est le comportement des conducteurs gabonais et comment réagissent les Autorités face à un taux record d’accidents de la

route ?

Un réseau routier vétuste

Frédéric Labbe Chapuis fait ce constat : sur les 9170 km de route, 1055 km sont bitumés mais

seulement 20% du réseau bitumé serait en bon état. Le parc automobile relativement limité est

d’environ 90 000 véhicules mais le plus préoccupant est sa vétusté. La majorité de ces voitures

étant d’occasion, certaines ayant plus de 15 ans, elles proviennent d’Europe où elles n’étaient

plus en état de circuler.

À quoi bon le contrôle technique ?

Comment se fait-il que des véhicules condamnés en Europe circulent en Afrique ? C’est la

question que pose John Doe en ce qui concerne le Gabon. Le contrôle technique obligatoire au

Gabon est pourtant calqué sur la réglementation française. Il est obligatoire 4 ans après la

première mise en circulation puis tous les 2 ans. Mais les petits arrangements aidant, les

contrôles techniques peuvent se transformer en visites de complaisance, si bien que les

propriétaires de voitures totalement défaillantes collent sur leur pare-brise la vignette

réglementaire qui les met à l’abri des contrôles routiers mais certainement pas des accidents. Et

même si ces véhicules d’occasion sont passés sur le banc technique, Frédéric Labbe

Chapuis doute de la conformité systématique du contrôle technique au Gabon. Quand on sait que

qu’un société (dont nous tairons le nom) de contrôle technique et de circulation, installée en plein

air dans un cimetière, a pu délivrer en toute impunité des visites techniques de poids lourds sans

disposer des moyens matériels, il est légitime de s’interroger sur réalité de la sécurité routière.

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Restriction des voitures importées

Par rapport à cet état de fait, le Président de la République du Gabon a décidé en septembre 2013

d’interdire l’importation de véhicules d’occasion de plus de 3 ans. Les Gabonais n’ayant

généralement pas les moyens de s’acheter une voiture neuve, le contrôle de l’importation des

voitures d’occasion à la source est la seule alternative pour rajeunir le parc automobile gabonais.

Mais dans quel état vont se retrouver ces voitures après avoir circulé quelque temps sur les routes

impraticables du Gabon ? Le gouvernement ne devrait-il pas investir dans des travaux routiers

pour d’une part, rendre les conditions de circulation moins dangereuses et d’autre part, éviter que

les automobiles soient endommagées par le simple fait de circuler sur des routes cabossées ?

Installation de radars

Il est dans les projets du Président Ali Bongo de construire dans le pays 3000 km de route d’ici

2016. Le gouvernement a également l’intention d’installer des radars pour sanctionner les

automobilistes coupables d’abus. Les conducteurs gabonais ayant fort mauvaise réputation, on

s’interroge sur les causes de ce phénomène national. La conduite en état d’ivresse est un fléau

dans le pays qui, combiné aux excès de vitesse sur des routes dangereuses, est à l’origine de

nombreux accidents. Sans compter que les conducteurs ne savent pas toujours conduire, faute de

permis de conduire. Un tel laxisme est des plus alarmants, mais dans un pays où la corruption est

coutumière, même le permis de conduire peut s’acheter. Il est donc normal de douter de la

capacité des conducteurs en général à respecter le code de la route au Gabon. D’aucuns doutent

également de l’efficacité des mesures de répression envers les excès de vitesse et les infractions

au code par l’installation de radars. Le flashage des véhicules risque d’être infructueux dans la

mesure où il sera difficile de retrouver les chauffards et autres amateurs de vitesse, la plupart des

habitants n’ayant pas d’adresse déterminée.

La Direction Générale de la Sécurité Routière est confrontée à un véritable casse-tête étant donné

la gravité des conditions de la circulation automobile au Gabon. Des campagnes de

sensibilisation à la prudence sur la route par voie d’affichage ou spots publicitaires à la télévision

sont systématiquement organisées. Mais la fréquence des accidents de la route n’en diminue pas

pour autant. Force est de constater que les causes d’accidents sont essentiellement dues au

comportement irresponsable des conducteurs, à commencer par l’alcoolisme au volant. À cela

s’ajoute le mauvais état des véhicules, les refus de priorité, les camions surchargés et les autocars

bondés, et la manie de parler au portable en conduisant.