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La transparence - Festival de la Communication Santé 2013

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La transparence faisait débat à Deauvile - Article paru dans la revue Pharmaceutiques - Nov 2013 #FCS13

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Page 1: La transparence - Festival de la Communication Santé 2013

Industrie Focus

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pharmaceutIques - décembre 2013

Depuis octobre, les liens d’inté-rêts des professionnels de santé sont rendus publics sur le Web. Le 24e “Festival de la commu-

nication santé”, présidé par Dominique Noël, a notamment été l’occasion de débattre de la notion de transparence, au-delà du seul monde de la santé. « Il y a beaucoup de confusions », explique Florence Bernard, directrice du comité industrie du médicament et santé de l’Union des annonceurs (UDA), qui animait une table ronde sur le sujet. « Le conflit d’intérêts apparaît quand une or-ganisation ou un individu est impliqué dans de multiples intérêts et que l’un d’eux peut corrompre la motivation à agir sur les autres. » En droit français, ni le lien ni le conflit d’intérêts ne sont des délits. En revanche, la prise illégale d’in-térêts qui pourrait en découler est délic-tuelle. Mais la transparence ne concerne pas uniquement la santé. « On est aujourd’hui dans une véritable période d’interrogation qui touche le monde médical et les laboratoires, relève le politologue Jean-Daniel Levy, directeur du département opinion&corporate de Harris Interactive. Dans le contexte actuel, les responsables politiques, les experts, les sondeurs, quand ils prennent la parole, ont besoin de faire la preuve de leur sincérité, de leur expression en faveur non pas d’un intérêt propre mais d’un intérêt beaucoup plus général. »

Une notion aculturelleSelon le politologue, cette dernière notion est « aculturelle dans la société française en comparaison aux pays

anglo-saxons ». Pour preuves, le peu d’échos rencontré en France par l’af-faire Wikileaks ou celle des écoutes de la NSA. L’économiste Marc Guillaume souhaite, pour sa part, mettre en garde contre la fausse transparence. « La trans-parence peut devenir un mensonge au second degré et parfois détourner des vrais objectifs », observe ce professeur de Paris Dauphine, citant Wittgenstein. La mouche prise dans une bouteille trans-parente n’essayera pas d’en sortir. En revanche, si on emballe la bouteille d’un papier opaque, la mouche empruntera d’elle-même le chemin du goulot vers la sortie. « Dans le secteur de la santé, on est obligé d’être transparent, ajoute-t-il. C’est en même temps absolument né-cessaire et complètement secondaire. » Urologue, président du Cercle santé et société ainsi que de l’Ecole européenne de chirurgie, le Pr Guy Vallancien est connu pour son franc-parler. « Le lien d’intérêts est sain en soi, considère-t-il. Je les ai tous publié sur mon site Web. Le conflit d’intérêts revêt un caractère différent. J’ai démissionné deux fois de commissions qui voulaient présenter des conclusions avec lesquelles je n’étais pas d’accord. Ce n’est pas plus compliqué que cela. »

Pharma-bashingComment explique-t-il le “pharma-bashing” ? « En France, on ne sup-porte pas que des entreprises de santé gagnent de l’argent, regrette Guy Val-lancien. Autre problème majeur : on parle toujours des risques et jamais des bénéfices. On l’a encore vu récem-

ment avec le vaccin contre le cancer du col de l’utérus. » Pour les industriels du médicament, le recensement et la publication des liens d’intérêts impo-sés par la loi Bertrand se sont traduits par une charge de travail considérable. « Nous sommes évidemment pour la transparence, parce que nous sommes l’un des secteurs les plus réglementés et que nous nous sentons investis de l’intérêt général. Une question sub-siste néanmoins : est-ce réellement utile de publier 800 000 lignes de liens d’intérêts ? Je pense que cela inté-resse autant le citoyen que le Combi Volkswagen du Premier ministre », souligne Vincent Varlet, directeur exé-cutif du marketing et de la commu-nication du groupe Novartis. « Dans la presse médicale, la problématique de la publication des liens d’intérêts est ancienne, rappelle Alain Trébucq, président du SPEPS 1. Il faut se méfier de la transparence comme d’un para-vent de pudibonderie derrière lequel il suffirait de se cacher sans que cela ne change rien pour ceux qui auraient des comportements délictueux alors que la majorité a des comportements respectueux à tous égards ». L’affaire Cahuzac est dans toutes les têtes ! n

Véronique Hunsinger

(1) Syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé – SPEPS.

Communication santé

La transparence en débat à DeauvilleLe “Festival de la communication santé” a tenu sa 24e édition à Deauville fin novembre, en présence de nombreux représentants de l’industrie, de la communication et des patients. D

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Vincent Varlet, directeur exécutif du marketing et de la communication du groupe Novartis : « Est-ce réellement utile de publier 800 000 lignes de liens d’intérêts ? »