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Le Parisien Dimanche 23 août 2015 Août oblige, les salariés d’Ever- contact — que nous avons joints par téléphone — ont majoritairement déserté les lieux. Seuls Eric Bézy, Ga- briela Giacoman et deux stagiaires sont présents. Ce n’est pas grave : même en vacances, les salariés s’ar- rangent pour consulter leurs cour- riels et répondre aux urgences. Il en va de même lorsqu’ils choisissent de rester chez eux pour télétravailler, comme leur contrat les y autorise, une fois par semaine. Ils restent connectés, pas par contrainte ou dé- sir de se sentir indispensable, mais, disent-ils, « par envie ». ÉLISE LAPERDRIX annoté Eric LEGER Pour que cela fonctionne, le maî- tre mot est « autoresponsabilisa- tion ». Chacun est libre de s’organiser tant que les missions sont menées à bien. Une relation donnant-donnant dont les salariés n’ont jamais abusé en six ans d’activité. « Ils prennent des congés d’une durée raisonnable, entre cinq et dix semaines par an, car ils savent qu’ils appartiennent à un groupe avec un projet commun au- quel ils croient. Personne ne nous a jamais dit : Je pars demain pour trois semaines. Ils préviennent à l’avance et font en sorte que le servi- ce continue pendant leur absence », souligne Philippe Laval. mes collaborateurs. Quand Netflix a évoqué dans son manuel ce système de congés, j’ai sauté le pas. » Directrice du marketing, Gabriela Giacoman donne l’exemple : « Je ne culpabilise pas de prendre des jours. Avant d’être em- bauchée, j’ai préve- nu que je risquais d’être absente ré- gulièrement les vendredis et lundis puisque je joue souvent à l’étranger avec mon grou- pe de musique. Dès ma première se- maine, j’ai donné un concert et tout le bureau est venu me voir ! » VISIBLE DEPUIS le périphérique, le 7 e étage de la tour en verre, un incubateur à entreprises dans le XII e arrondissement de Paris, est im- manquable pour les automobilistes. Les employés d’Evercontact ont fiè- rement inscrit sur les vitres le nom de leur entreprise avec des Post-it. Cette start-up, son cofondateur Phi- lippe Laval la voulait « californienne dans l’esprit ». Dans les locaux, pas de poufs colorés façon Google, mais un open space basique. L’ambiance est décontractée, le tutoiement de ri- gueur et, toutes les deux semaines, les « boss » offrent un repas à leurs salariés, souvent des sushis. Mais, surtout, cette « Silicon Valley touch » se retrouve dans l’organisa- tion du travail. Depuis 2009, cette société, qui sonde vos boîtes mails pour mettre à jour vos carnets d’adresses électroniques, expérimen- te une politique atypique de congés. Les treize employés sont libres de dé- cider du moment et — mieux — de la durée de leurs vacances. « Tous les matins, nous faisons un stand up, c’est-à-dire une réunion où chacun reste debout et expose ce qu’il a fait, ce qu’il va faire et ses problèmes éventuels. Les employés peuvent dire à ce moment s’ils dési- rent partir en vacances », précise Eric Bézy, cofondateur de la société. C’est en lisant la méthode de ma- nagement publiée par Netflix, la pla- te-forme américai- ne de films et de séries télé, que l’idée des congés à volonté a germé dans l’esprit de Philippe Laval, alors patron d’une autre entreprise. « En tant que directeur, je pouvais partir quand je voulais, mais je voyais bien que ce n’était pas aussi facile pour Paris (XII e ), le 12 août. Comme les autres salariés, Carole gère ses vacances comme elle le souhaite. « Ils préviennent à l’avance et font en sorte que le service continue pendant leur absence », explique le cofondateur d’Evercontact. (LP/Olivier Corsan.) Chez Evercontact, les congés sont sans limite MANAGEMENT. Comme plusieurs start-up de la Silicon Valley, cette petite société parisienne laisse les salariés organiser leur travail… et fixer la durée de leurs vacances. Même en congés, les salariés consultent leurs courriels et gèrent les urgences

Une Autoresponsabilisation All Inclusive

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Le Parisien

Dimanche 23 août 2015

Août oblige, les salariés d’Ever-contact — que nous avons joints partéléphone — ont majoritairementdéserté les lieux. Seuls Eric Bézy, Ga-briela Giacoman et deux stagiairessont présents. Ce n’est pas grave :même en vacances, les salariés s’ar-rangent pour consulter leurs cour-riels et répondre aux urgences. Il enva de même lorsqu’ils choisissent derester chez eux pour télétravailler,comme leur contrat les y autorise,une fois par semaine. Ils restentconnectés, pas par contrainte ou dé-sir de se sentir indispensable, mais,disent-ils, « par envie ».ÉLISE LAPERDRIX annoté Eric LEGER

Pour que cela fonctionne, le maî-tre mot est « autoresponsabilisa-tion ». Chacun est libre de s’organisertant que les missions sont menées àbien. Une relation donnant-donnantdont les salariés n’ont jamais abuséen six ans d’activité. « Ils prennentdes congés d’une durée raisonnable,entre cinq et dix semaines par an, carils savent qu’ils appartiennent à ungroupe avec un projet commun au-quel ils croient. Personne ne nous ajamais dit : Je pars demain pourtrois semaines. Ils préviennent àl’avance et font en sorte que le servi-ce continue pendant leur absence »,souligne Philippe Laval.

mes collaborateurs. Quand Netflix aévoqué dans son manuel ce systèmede congés, j’ai sauté le pas. »Directrice du marketing, Gabriela

Giacoman donne l’exemple : « Je neculpabilise pas deprendre des jours.Avant d’être em-bauchée, j’ai préve-nu que je risquaisd’être absente ré-gulièrement les

vendredis et lundis puisque je jouesouvent à l’étranger avec mon grou-pe de musique. Dès ma première se-maine, j’ai donné un concert et toutle bureau est venume voir ! »

VISIBLE DEPUIS le périphérique,le 7e étage de la tour en verre, unincubateur à entreprises dans leXIIe arrondissement de Paris, est im-manquable pour les automobilistes.Les employés d’Evercontact ont fiè-rement inscrit sur les vitres le nomde leur entreprise avec des Post-it.Cette start-up, son cofondateur Phi-lippe Laval la voulait « californiennedans l’esprit ». Dans les locaux, pasde poufs colorés façon Google, maisun open space basique. L’ambianceest décontractée, le tutoiement de ri-gueur et, toutes les deux semaines,les « boss » offrent un repas à leurssalariés, souvent des sushis.Mais, surtout, cette « SiliconValley

touch » se retrouve dans l’organisa-tion du travail. Depuis 2009, cettesociété, qui sonde vos boîtes mailspour mettre à jour vos carnetsd’adresses électroniques, expérimen-te une politique atypique de congés.Les treize employés sont libres de dé-cider dumoment et—mieux—de ladurée de leurs vacances.« Tous les matins, nous faisons un

stand up, c’est-à-dire une réunionoùchacun reste debout et expose cequ’il a fait, ce qu’il va faire et sesproblèmes éventuels. Les employéspeuvent dire à ce moment s’ils dési-rent partir en vacances », précise EricBézy, cofondateur de la société.C’est en lisant la méthode de ma-

nagement publiéepar Netflix, la pla-te-forme américai-ne de films et deséries télé, quel’idée des congés àvolonté a germédans l’esprit de Philippe Laval, alorspatron d’une autre entreprise. « Entant que directeur, je pouvais partirquand je voulais, mais je voyais bienque ce n’était pas aussi facile pour

Paris (XIIe), le 12 août. Comme les autres salariés, Carole gère ses vacances comme elle le souhaite. « Ils préviennent à l’avanceet font en sorte que le service continue pendant leur absence », explique le cofondateur d’Evercontact. (LP/Olivier Corsan.)

Chez Evercontact,les congés sont sans limiteMANAGEMENT.Commeplusieurs start-up de la Silicon Valley, cette petite sociétéparisienne laisse les salariés organiser leur travail… et fixer la durée de leurs vacances.

Même en congés,les salariés consultentleurs courriels et gèrent

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