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MÉMOIRE DE RECHERCHE APPLIQUÉE
SUP DE PUB - PARIS
PROMOTION 2014
SP4 – MARKETING DIGITAL & MÉDIAS SOCIAUX
LE MARKETING ÉPHÉMÈRE
Les raisons du recours à l’éphémère dans la stratégie des marques ?
Mémoire proposé par M. Guillaume AUBERT
Sous la direction de Mme Charlotte GILLY
SUP DE PUB PARIS
31 quai de Seine
75009 PARIS
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REMERCIEMENTS
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En premier lieu, je souhaite remercier Charlotte Gilly, ma tutrice de mémoire, qui m’a suivi
tout au long de ces mois de travail et a su m’orienter et me motiver dès le départ pour me
lancer dans ce grand exercice.
J’aimerais aussi remercier toutes les personnes que j’ai interviewé et questionné pour ce
mémoire : Benjamin Richard, Thibault Thouzery, Pierre-Jean Choquelle, Lily Ponthieux, Neil
Tamzali, Nicolas Journiac, Alexandre Meyer et David Chiche.
Merci à mes collègues de travail de l’Agence FullSIX – Grand Union pour leur soutien et leur
aide tout au long de mon travail.
Enfin, je remercie mon Macintosh de ne jamais avoir planté pendant la rédaction de ce
mémoire.
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PLAN DU MÉMOIRE
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- Remerciements
- Plan du mémoire
- Introduction
- Première partie :
o A1 : Définition de l’éphémère
o A2 : L’ascension de l’éphémère
o A3 : Les avantages et les inconvénients de l’éphémère
o A4 : Les utilisations de l’éphémère dans la stratégie des marques
o A5 : Le rôle des nouveaux usages des consommateurs
o A6 : Le rôle des fondamentaux marketing
o A7 : L’éphémère est-il une tendance qui va perdurer ?
- Deuxième partie :
o B1 : Hypothèse d’étude
o B2 : Interview de Thibaut Thouzery
o B3 : Interview de Benjamin Richard
o B4 : Interview de Pierre-Jean Choquelle
o B5 : Interview de Lily Ponthieux
o B6 : Interview de Neil Tamzali
o B7 : Interview de Nicolas Journiac
o B8 : Analyse des interviews
- Conclusion
- Bibliographie
- Annexes
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« Au coeur de la publicité travaillent les principes mêmes de la mode : l’originalité à tout
prix, le changement permanent, l’éphémère. »
Gilles Lipovetsky, Sociologue, L’empire de l’éphémère
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INTRODUCTION
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Les marques et les annonceurs publicitaires ont recours à l’éphémère depuis toujours par leurs
contenus, que ce soit dans leurs enjeux de dispositifs marketing ou dans leurs opérations
publicitaires. En revanche, pour poser ce phénomène dans le temps nous allons le référer à la
stratégie marketing du fondateur de la marque de montre Swatch, Nicolas Hayek, qui dans les
années 1980 l’a utilisé pour sa marque en l’illustrant ainsi « On vient faire du bruit, puis on
dégage ». Quand une marque décide de communiquer en créant par exemple une campagne
de publicité pour toucher une cible en particulier, son contenu est toujours de nature éphémère
par sa durée de diffusion et par sa durée de vie, mais elle s’inscrit dans une stratégie globale
qui elle est pensée sur la durée. On peut donc qualifier l’éphémère de tendance marketing,
mais qui contrairement aux autres, ne cesse de perdurer. Elle permet aux marques de séduire
et de toucher au mieux son public de deux façons. Soit par le biais des boutiques éphémères
ou « pop up stores », soit par l’utilisation de messages et contenus éphémères.
L’éphémère est donc aujourd’hui omniprésent et peut s’apparenter à trois modes différents
que sont la consommation, la communication et le divertissement.
Un mode de consommation, car il est devenu une grande tendance en créant des motivations
sur l’acte d’achat par l’expérience. C’est une réponse spontanée à la valeur d’un produit ou
d’une marque, synonyme de rareté et d’exclusivité pour le consommateur.
Un mode de communication, car il a permis d’ouvrir toutes les frontières de l’intimité entre
les marques et les consommateurs et entre les consommateurs eux-mêmes. Le message se doit
donc d’être éphémère pour y susciter de l’intérêt et de la convoitise, c’est un moyen de
différenciation et de personnalisation qui intervient dans un phénomène de consommation de
masse.
Un mode de divertissement, car il s’apparente parfaitement au phénomène du buzz, qui régit
notre société de consommation actuelle. Dorénavant, ce sont les consommateurs qui ont le
pouvoir de choisir et de créer leur personnage en fonction de leurs désirs, sans doute pour
niveler les standards sociaux afin de se sentir rassuré sur ses capacités à agir.
Répondre et s’adapter à une tendance, voilà l’enjeu de tous les annonceurs publicitaires. Mais
pour se faire, il faut bien évidemment comprendre les enjeux comportementaux sous-jacents
comme la quête moderne du plaisir et du bonheur qui concerne aujourd’hui la grande majorité
des consommateurs.
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Les raisons du recours à l’éphémère dans la stratégie des
marques.
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PARTIE 1 : REVUE LITTÉRAIRE
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A1 : Définition de l’éphémère :
D’après le Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales, l’éphémère se caractérise
par ce qui dure peu. Il y a donc un concept de temporalité subjective non définie caractérisée
autour de cette qualification. Étymologiquement, l’éphémère vient du grec ancien ephemerios
qui signifie « qui ne dure qu’un jour », par extension aujourd’hui nous qualifions d’éphémère
tout ce qui a une très courte durée, voué à disparaitre ou se terminer en très peu de temps.
Le cliché photographique représente au mieux l’instantané. D’après Patrice Laubignat et
Sebastien Tortu, il en est le symbole. En effet, il permet de capter des moments qui ne durent
pas tout en restant inscrit dans un concept de durabilité.
Pour l’anecdote, l’éphémère est aussi le nom d’un petit insecte qui mesure à peine deux
centimètres de long, qui habite dans la vase des ruisseaux. Il est nommé éphémère pour la
brièveté de sa durée de vie qui est de seulement une journée.
Dans le cadre philosophique, on peut associer ce qui est éphémère à la pulsion, au désir, au
pouvoir et à la liberté. Nous allons vers un gouvernement qui promulgue des lois pour le
pouvoir et non pour l’intérêt général de la masse. Le fantasme de l’individu autosuffisant en
est un exemple très concret.
Au regard du marketing, l’éphémère est donc bien un moyen et une philosophie, qui
vraisemblablement reprend le fait, d’après Sonia Frangeul « d’attiser la curiosité des gens en
peu de temps pour marquer leur esprit à long terme ». On peut donc dire qu’il n’existe pas de
marketing de l’éphémère en temps que tel, mais plutôt un devoir pour les marques de
répondre à la soif d’immédiat des consommateurs par un contenu qui répondra à leur
recherche de plaisir. L’éphémère est donc inscrit dans la relation entre les marques et les
consommateurs.
En essayant d’aller plus loin et de voir les points de différence sur notre société actuelle.
Élisabeth de Bourqueney qualifie d’éphémère « les moments de grâces, limités dans l’espace
et le temps ». L’éphémère n’est donc pas totalement en concurrence avec ce qu’on peut
appeler un engagement durable. Il a donc pour contraire, non le durable, mais l’immobilisme
– se satisfaire de l’état présent - .
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A2 : L’ascension de l’éphémère :
« Pendant des dizaines de millénaires, la vie collective s’est déroulée sans culte des fantaisies
et des nouveautés, sans l’instabilité et la temporalité éphémère de la mode, ce qui, assurément,
ne veut pas dire sans changement ni curiosité ou goût pour les réalités du dehors.». D’après
Gilles Lipovetsky, sociologue, nous sommes depuis entrés dans l’ère de l’information à la
chaine, de la massification – adaptation à la masse - au profit d’un individualisme exacerbé.
Cette construction sociétale a abouti à une situation actuelle unique. Provoquée par un
changement social et institutionnel profond elle a bouleversé nos modes de vie et de
consommation.
L’éphémère pour soutenir l’innovation
Elle est si particulière que le consommateur peine à se trouver une place. Les marques ont
donc décidé d’agir en faveur ces nouveaux modes de consommation. Impulsivité, plaisir,
compétitivité sont des challenges donnés aux marques par les consommateurs. Pour se faire,
elles s’investissent dans une politique d’innovation, centrée sur les attentes des
consommateurs vis-à-vis d’un changement cyclique.
L’innovation est omniprésente que ce soit dans l’information, les médias, les produits ou
même les marques. Cette quête de la nouveauté s’élance vers des alternatives de
consommation éphémère. Tout devient-il éphémère ? D’après un rapport d’étude Trend
Observer, publié sur Ipsos Public Affairs, les années 2000 ont été le cœur de la montée en
puissance de la tendance des pratiques éphémères.
Les marques de la mode répondent-elles aussi aux enjeux de l’innovation ? Gilles Lipovetsky
nous rappelle que « comme dans le vêtement ou dans la publicité, la nouveauté est la loi à la
condition de ne pas heurter de front le public, de ne pas déranger les habitudes et les attentes,
d’être immédiatement lisible et compréhensible par le plus grand nombre. » Des années 1980 aux années 1990 jusqu’aux changements de saisons actuelles, la mode ne
cesse d’innover. Elle varie quotidiennement en fonction des temps, des usages et des besoins
des consommateurs. Par le renouvellement des collections et les partenariats de courte durée
avec les créateurs de renom ou les artistes comme Karl Lagarfeld, les marques utilisent
l’éphémère comme une stratégie marketing tout en subissant ses enjeux business.
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Zara et H&M, tous deux magasins de prêt-à-porter reçoivent des nouveaux produits et des
nouvelles collections tous les quinze jours pour répondre à leurs besoins d’innovation. En
revanche, pour ces marques, l’éphémère répond davantage à des problématiques retail liées
au trafic en magasin que la stratégie même de la marque.
Par conséquent, l’innovation représente un levier incontournable pour se sortir du sentiment
de morosité ambiante. En revanche, elle est condamnée à être désuète dès demain, car chaque
jour, les événements sont absorbés par ceux du lendemain.
L’éphémère pour contourner la morosité actuelle
Les successions de crises économiques et financières ont bouleversé l’attitude des individus et
obligé les entreprises à proposer de nouvelles alternatives. Ces crises économiques ont
accentué l’utilisation des ressources comme produit de consommation. Si avant, nous
considérions l’eau comme une réponse au besoin primaire de l’Homme, elle est aujourd’hui
devenue une ressource transformée pour répondre non plus au besoin de l’Homme, mais celui
des consommateurs (eau à la fraise, eau gazeuse au citron, etc.).
Face à cette offre démesurée, les consommateurs peinent à choisir parmi tous ces produits,
celui qui sera nécessaire à leur survie. Cette accumulation oblige les marques à innover et à se
rapprocher des attentes des consommateurs. L’utilisation de l’éphémère est un levier
répondant à ces contraintes tangibles pour contourner la morosité actuelle du marché.
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La théorie de l’obsolescence programmée :
Ces crises économiques ont renforcé et démocratisé la théorie et la pratique de l’obsolescence
programmée. Réduire la durabilité des produits et des services pour accentuer le
renouvellement de l’acte d’achat est aujourd’hui une pratique courante. Brooks Stevens,
designer industriel américain nous décrit cette théorie par le fait “d’inculquer à l’acheteur le
désir de posséder quelque chose d’un peu plus récent, un peu meilleur et un peu plus tôt que
ce qui est nécessaire”.
L’obsolescence programmée répond à un nouveau mode de consommation qui est davantage
orienté vers des produits et des services à faible durée de vie, mais à fort pouvoir émotionnel.
Cette théorie a, dans la pratique, entrainé une certaine surconsommation. Elle peut se traduire
par des achats compulsifs qui s’avèrent parfois être à la limite de l’utile.
Prenons le cas de l’iPhone, ce Smartphone a révolutionné l’usage de la téléphonie mobile en
créant de nouveaux services (GPS, Visioconférence, M-commerce). Apple a orienté son
produit pour qu’il soit réinventé (racheté) tous les ans. Le consommateur, séduit par la
“nouveauté”, ne peut résister à l’achat du dernier modèle.
Dans une perspective plus sociale et collaborative, nous pouvons prendre l’exemple des
ressourceries - recycleries qui luttent contre l'obsolescence programmée. Leurs engagements
sont à la fois solidaires (lutte contre la pauvreté) et environnementaux (faire réparer plutôt que
d’acheter).
La peur de l’engagement durable :
Depuis plusieurs années, les générations de jeunes adultes, éprouvent des difficultés à se
projeter dans le futur. Quand on sait qu’en décembre 2009 d’après Trend Observer, « 75% des
Français âgés de moins de 30 ans se disaient inquiets par rapport au futur en général ». Cette
peur pousse cette génération à écarter tout rapport avec la durabilité. Ils privilégient des
solutions à caractère éphémère dans leur quotidien et dans leurs investissements.
Détachées de leur futur, les jeunes générations ont été confrontées et le sont encore
aujourd’hui à des catastrophes sanitaires et écologiques (séismes, tsunamis, famines,
pollutions, etc.). Les menaces terroristes et totalitaires (11 septembre 2001, montées des partis
politiques d’extrême droite) aggravent leur incapacité à imaginer une vision paisible de
l’avenir. En y ajoutant le facteur technologique de l’innovation, les générations Y et Z sont
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confrontées à un monde changeant qui pousse à la démocratisation plus rapide de l’éphémère
par le surinvestissement du présent.
Digital natives, nées avec les emails – courrier électronique, les téléphones portables et MSN,
elles ont été les premières à avoir été habituées à réagir immédiatement aux flux incessants de
l’information. Aujourd’hui, elles n’hésitent plus à s’exprimer en temps réel, que ce soit pour
commenter les séries TV sur Twitter, ou laisser des avis sur des réseaux sociaux comme
Foursquare ou Yelp.
Les préoccupations de long terme se substituent donc à un quotidien de l’instant, du moment,
du profit. « Si tu n’es pas disponible, tu disparais » d’après un interrogé de l’étude réalisée par
TrendObserver de Ipsos. Exister, c’est faire acte de présence, mais pas seulement, exister
c’est aussi être réactif à l’actualité. Cette actualité qui bat à un rythme effréné d’informations
qui se périment aussi vite que les outils de mise à jour. Le real time marketing est né.
Prenons l’exemple d’un post Facebook. En 2012, Chad Wittman d’EgdeRank Checker
annonçait que la durée de vie moyenne d’une publication de Page était de 3 heures et 7
minutes. Un an plus tard, en 2013, Benjamin Rey de Wisemtrics a publié à son tour, une étude
sur le sujet qui démontre qu’un post atteint 75% de sa portée maximale durant les 2 heures et
30 minutes qui suive sa publication.
L’éphémère a été renforcé par les évolutions de la société. Qu’elles soient de nature
technologique, par les innovations, ou qu’elles soient de nature comportementale par des
nouvelles attentes et de nouveaux usages. La montée en puissance de l’éphémère sous-entend
que nos modes de consommation renforcent l'obsolescence programmée et donc accentuent la
perte de durabilité. La tendance « plus c’est court, mieux c’est » de l’éphémère semble donc
d’après Sonia Frangeul être une recette gagnante pour les marques qui souhaitent se
démarquer et exprimer de façon différente leur créativité.
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A3 : Les avantages & les inconvénients de l’éphémère :
Adopter de l’éphémère dans sa stratégie de marque possède des avantages et des
inconvénients. L’utiliser relève d’un choix complémentaire dans une stratégie marketing
globale.
Les avantages :
L’éphémère permet de toucher de nouveaux publics :
Dans une action de communication, l’éphémère permet de toucher de nouveaux publics. En
effet, comme nous l’avons vu dans le contexte, les consommateurs ont été éduqués par les
marques à aimer et à vivre par le changement dans leur quotidien. Ils se retrouvent donc
captivés par les marques qui proposent, par des moyens digitaux ou physiques, une émotion et
une expérience différentes de leurs habitudes. L’attrait pour l’inconnu d’une nouvelle
expérience agit sur le comportement et permet de recruter de nouveaux clients.
Prenons l’exemple des concepts-stores, ils créent des espaces inédits où le contenu répond
parfaitement aux attentes des consommateurs. Il s’agit de faire, par l’expérience d’un univers
différencié des habitudes de consommation classiques, la promotion d’un produit. Par
exemple pendant les Jeux Olympiques de Pékin, Nike avait ouvert une boutique dans Paris
pour faire découvrir à son public l’histoire de la marque à travers quelques produits phares
comme la Nike Air pour promouvoir, par l’émotion, l’ensemble de ses valeurs de marque.
L’éphémère renforce la relation avec le consommateur :
La relation entre les marques et les consommateurs est particulière. Elle prend plusieurs
formes selon le mode de fidélisation choisi. Dans le cas de l’éphémère, ce n’est non pas une
fidélisation à long terme qui est recherchée, mais une véritable proximité immédiate entre la
marque, le produit et le consommateur. Il s’agit en premier lieu de satisfaire les attentes à un
moment donné.
Nous sommes ici dans une logique de marketing relationnel.
Certaines marques, qu’elles soient pure-players – activité uniquement sur le web ou sans
boutiques dédiées à la vente de leurs produits utilisent l’éphémère pour créer une rencontre
avec le consommateur. La marque de glace Magnum ne possède aucune boutique propre et
ses produits sont distribués en grandes et moyennes surfaces. Par ce mode de distribution, la
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marque a très peu de moyens pour rencontrer directement ses clients ; mise à part de façon
virtuelle via les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. C’est en ouvrant un pop-up
store dans plusieurs villes du monde que les clients Magnum ont pu découvrir ou redécouvrir
les différents produits de la marque et son univers associé.
Selon une étude réalisée par Improveeze, 13% des marques pure-players – activité
uniquement sur le web comme Ventesprivées ou Adopteunmec souhaitaient ouvrir une
extension physique éphémère courant 2013. Une stratégie cohérente quand on se réfère au
cycle de vie changeant du client (rencontrer, tester, animer, préférer, partager). La rencontre
est le premier enjeu. Adopteunmec l’a fait en 2013. La marque a créé une boutique éphémère
où les visiteuses « shoppeuses » pouvaient trouver des hommes dans des boites. Le lieu
reprenait parfaitement le principe et l’expérience du site Internet où les hommes sont qualifiés
d’objets qui payent pour être mis à disposition des femmes.
Le fait de mettre la curiosité des clients au centre de sa stratégie permet aux marques
d’installer une relation intimiste due au sentiment d’exclusivité qui s’y cache. Le
consommateur se sent alors « privilégié d’être là au bon moment » d’après Sonia Frangeul.
Par la suite, il sera donc plus facile de développer cette prise de contact avec le client, par
exemple par le biais d’un programme CRM - Programme de gestion de la relation client ou
d’une opération de promotion.
L’éphémère permet de viraliser à la masse :
L’éphémère permet de viraliser à la masse, tout en ciblant un public précis. Il s’inscrit dans
une logique de buzz marketing, par la promotion inédite d’un produit ou d’un service. Il fait
naitre un certain désir chez les consommateurs qui se sentent concernés directement par le
message. Relayé par des médias choisis par les marques, le message se développe par le biais
des consommateurs qui deviennent acteurs de la communication de la marque.
L’éphémère permet d’élargir la capacité des marques à innover :
Par son utilisation, l’éphémère peut permettre, dans une stratégie de marque, de se démarquer
par rapport à la concurrence. Son usage, encore faut-il qu’il soit fait de la bonne manière, peut
devenir une force pour une marque qui souhaite exprimer de façon différentielle sa créativité.
Oreo en est historiquement le plus grand exemple, car la marque a réussi à réagir avec
beaucoup de créativité à l’actualité de manière totalement éphémère ce qui lui a valu une
différenciation importante par rapport à ses concurrents.
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Prenons l’exemple français de la marque Oasis. En créant un univers totalement décalé,
caricatural de son produit : les fruits - segment sur lequel la boisson n’est pas la meilleure, car
l’Oasis n’est pas comparable à un jus de fruit frais pressé. En revanche, la créativité de cet
univers a permis à Oasis de se démarquer, d’innover de manière totalement éphémère en
rebondissant sur l’actualité ou en créant du contenu autour. L’éphémère améliore la créativité :
L’éphémère fait naître une certaine forme de créativité débordante et nécessaire pour la survie
et l’innovation des marques. Coller à une tendance comme l’éphémère c’est mettre toutes les
chances de son côté pour se démarquer, espérer avoir un impact sur son public, voire modifier
ses usages et ses habitudes. Par cette créativité soudaine, les marques peuvent surprendre
leurs consommateurs habitués et en séduire de nouveaux, avant qu’une marque concurrente
ne les surprenne mieux ou plus rapidement.
Des questions se soulèvent, à quel moment le consommateur va-t-il être dégoûté de ce
concept qui ne cesse d’évoluer sur des actions éphémères ? Est-ce la bonne formule pour une
marque de créer un univers et de s’appuyer dessus par des pics d’actions éphémères ?
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Les inconvénients :
L’éphémère doit être juste :
Comme nous venons de l’évoquer, l’éphémère doit être juste et maîtrisé par les marques dans
son utilisation. Afin d’assurer sa réussite et les répercussions positives sur le consommateur,
comme l’augmentation de la préférence de marque, il est important de prendre en compte tous
les facteurs sous-jacents (contexte, cible, positionnement, objectifs, etc.). Il est également
essentiel de l’utiliser de façon à toujours tenir en haleine les consommateurs. Dans le cas
contraire, outre l’échec de l’opération, il peut dégrader l’image d’une marque. Cette pression
constante est inhérente à une stratégie de communication éphémère.
L’éphémère n’est pas ancré dans une réalité :
Il est de plus en plus difficile de maîtriser, que ce soit pour les marques ou pour les
consommateurs, le temps de vie d’un contenu. A l’heure où la donnée enregistrée sur le web
est destinée à être l’or de demain du marketing relationnel, les marques n’ont pas encore la
maîtrise totale sur ce sujet. En effet, il est difficile pour une marque de gérer son contenu et
ses messages publicitaires sur le web, car tout y est sauvegardé. Un consommateur lambda
pourrait trouver un message publicitaire totalement dépassé de la stratégie actuelle d’une
marque à la suite d’une requête effectuée sur un moteur de recherche. La suppression d’un
contenu n’existe pas.
L’éphémère sous-entend le one-shot :
Par son antinomie au durable, l’éphémère n’est pas inscrit dans une logique globale de
stratégie. Aujourd’hui, pour perdurer, les marques se doivent de penser leur stratégie de
manière intégrée sur l’ensemble des canaux de communication. Or l’éphémère s’apparente à
du one-shot, du mono-canal qui va à l’encontre du développement stratégique à long terme
des entreprises actuelles. Il est nécessaire qu’il soit accompagné d’une stratégie globale et
d’un plan média dit classique pour qu’il devienne une force publicitaire.
L’éphémère n’est pas mesurable :
Par son utilisation qui s’identifie au one-shot, malgré son possible impact sur l’augmentation
des ventes d’un produit sur un moment donné, l’éphémère pose des problèmes en terme de
mesurabilité. Que ce soit en terme de ROI - Retour Sur Investissement ou en terme de
présence à l’esprit, les marques ne peuvent s’appuyer sur des constats tangibles qui les
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pousseraient à utiliser plus souvent l’éphémère dans les opérations de communication. Outre
le fait qu’il ne se suffit pas à lui même, l’éphémère n’est pas mesurable par les
comportements ponctuels qu’il entraîne et par les retours d’investissement irréguliers.
De l’acquisition de nouveaux publics à une relation renforcée avec le consommateur,
tout en nécessitant une justesse et un accompagnement stratégique global, l’éphémère
est d’autant plus complexe dans son utilisation par les marques.
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A4 : Les utilisations de l’éphémère par les marques :
Beaucoup de marques, de grandes enseignes et d’événements comme Adidas, Prada, Uniqlo,
ont déjà tenté l’expérience du recours à l’éphémère dans leur stratégie. C’est quelques années
après l’an 2000 que les boutiques à expérience courte qu’on renommera « pop up store » ont
fait leurs premières apparitions. Par la suite, on a vu fleurir d’autres utilisations comme le
marketing relationnel et le web éphémère.
L’événementiel
L’événementiel est l’un des secteurs marketing à l’origine de cette dimension éphémère. Il
reprend le concept de créer un moment dédié à la promotion d’une marque, d’un produit ou
d’une organisation. Inscrit dans une démarche de l’instant, un événement est défini pour ne
durer qu’un temps.
À l’origine, les pop-up stores ou boutiques éphémères ont été inventées pour répondre à une
situation de crise et occuper des locaux qui ne trouvaient pas preneur. Les marques dites
saisonnières ont saisi l’opportunité en ouvrant des boutiques pour répondre à une
augmentation de l’offre et de la demande lors d’un moment précis.
Par l’intérêt qu’ils suscitent auprès du public, les magasins éphémères ont connu un succès
important. Que ce soit pour la démonstration d’un produit, le lancement d’un nouveau produit
ou simplement la diversification des moyens de distribution traditionnels, ces magasins
éphémères permettent une visibilité importante tout en créant plus rapidement de la
préférence de marque. Pourquoi ? Implanter une boutique éphémère reste quelque chose de
rare, d’inédit qui attire les médias et génère une augmentation de la connaissance de la
marque auprès du grand public.
Divers exemples vont alimenter l’utilisation de l’éphémère dans une stratégie événementielle.
Prenons un premier exemple, celui du pop up store Pokémon Center. Nintendo, l’entreprise
en charge de la marque Pokémon, a décidé d’ouvrir ce magasin éphémère, où les fans seront
invités à admirer une exposition représentant toute la vie de la série télévisée et du jeu vidéo.
Mais la marque ne s’arrête pas là. Ce magasin permettra au public de trouver tous les produits
dérivés de la saga et de participer à des activités comme l’apprentissage du dessin de
Pikachu.
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Un second exemple très récent est celui de l’atelier Blendologie de la marque Grants. Quand
on connaît la frustration des marques d’alcool de ne pas pouvoir se payer un spot télévisé de
30 secondes à 20h sur TF1, non à cause de leurs manques de moyen, mais bien par la loi Évin
; accéder à une nouvelle pratique publicitaire semble être la solution. La marque de whisky
Grants a donc trouvé une alternative, par le biais de son pop-up store, pour séduire et
optimiser sa préférence de marque. L’atelier de Blendologie de Grants permet aux amateurs
de whisky de mieux connaître les secrets de l’assemblage de leur breuvage préféré et de se
transformer en véritable maitre de chai. Outre la forme, c’est bien par l’expérience unique,
inédite et éphémère que Grants soigne sa proximité avec ses consommateurs.
Le Festival International du film de Cannes est un dernier exemple intéressant, car il est
devenu une grande vitrine pour de nombreuses marques. Pendant cette quinzaine, les médias
passent en revue les moindres détails des people, stars, souvent ambassadeurs eux-mêmes de
marque.
Renault, Chopard, Dessange, San Pellegrino, ou encore L’Oréal l’ont bien compris en
devenant partenaire officiel, elles profitent d’un endroit rêvé pour déployer leur stratégie
événementielle et soigner leur visibilité. D’autres choisissent de s’installer aux abords du
Festival en créant des opérations spéciales pour acquérir de la notoriété. Cette année 2014 a
été particulièrement riche avec plusieurs marques comme Magnum, Schweppes, Belvedere et
Grey Goose. Elles utilisent le côté festif, véritable porte-parole de l’éphémère pour médiatiser
à moindre coût la préférence de marque. Et puis disons-le, s’afficher à Cannes ça fait des
envieux.
Le côté festif s’illustre par des soirées organisées par les marques. En 2014, celle de Grey
Goose, se nomme la Boulangerie Bleue. C’est un concept de bar/boulangerie où il était
possible d’y déguster de bons pains accompagnés de délicieux cocktails imaginés par Claude
Bedini, ambassadeur de la marque. La Boulangerie Bleue est devenue l’un des lieux les plus
prisés de la Croisette et la marque Grey Goose est entrée dans le quotidien des festivaliers. La
marque Schweppes a été encore plus ambitieuse dans le concept festif. Par sa Villa
Schweppes, elle a proposé une expérience inédite sur le plus grand voilier du monde. Une
stratégie événementielle mise en place dans un cadre idyllique dans le but d’en mettre plein la
vue aux médias et aux consommateurs.
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Le Web éphémère :
La démocratisation des usages digitaux et la progression du web 2.0 – ouverture du web aux
non-techniciens, ont permis à l’éphémère de trouver sa place et d’être considéré aujourd’hui
comme une tendance. Depuis plusieurs années, les jeunes générations de natifs numériques
ont fait évoluer notre monde vers l’hyper-connectivité. Mais, lorsque les très jeunes
générations ont éprouvé peu d’intérêt face à cette hyper-connectivité, ils ont tout de suite eu
l’envie de s’en émanciper pour retrouver une certaine intimité, perdue par la digitalisation. Le
mobile a su répondre à ces nouvelles attentes des consommateurs en créant un grand nombre
d’applications.
Des applications nouvelles répondant à une quête d’intimité par leurs contenus
éphémères :
Wickr est une application qui permet d’envoyer et de recevoir des messages qui
s’autodétruisent. Cofondée par Nico Sell, défenseur de la vie privée, l’application est conçue
par des cryptographes professionnels et pour des cryptographes professionnels. Elle reste
cependant accessible aux utilisateurs de Smartphone qui désirent tenter l’expérience de
l’envoi de message éphémère.
Shout est une application qui permet de géolocaliser et partager en temps réel les événements
autour de vous. Que ce soit un « happy hour », un concert de rue, l’ouverture d’un pop store.
Un concept qui permet de se « shouter » afin de répondre à un besoin immédiat et éphémère,
car les informations restent uniquement 4 heures en ligne puis disparaissent. On pourrait
associer cette application à une forme de crieurs publics 2.0.
Tinder est une application de service de rencontre en ligne créée en 2013. Le service est pensé
au travers de deux concepts qui sont la géolocalisation et le zapping anonyme. C’est pour
cette raison que l’application séduit tant de consommateurs aujourd’hui, car avec Tinder les «
vents » sont indolores pour les usagers. Un système de zapping de profils met en avant une
consommation de l’instant de la rencontre déterminée par votre position.
Une application phare dans ce domaine : Snapchat :
Snapchat, célèbre application créée en septembre 2011 par deux étudiants de l’université de
Stanford repose sur le business model de l’éphémère. L’application permet de partager des
photos et vidéos, qui ne peuvent être consultées uniquement pendant une durée de 10
secondes maximum. Le contenu envoyé est automatiquement détruit après sa consultation.
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Très vite adoptée par la génération Z, elle a réussi à démocratiser son usage à travers les
autres générations. Une aubaine pour les marques qui désirent toucher la cible des 13-25 ans,
principaux utilisateurs de l’application, tout en jouant la carte de la proximité en comprenant
les besoins des consommateurs liés à cette dimension de « privacy » et d’intimité. Snapchat
n’est plus seulement disposé à son premier rôle qui est de permettre des conversations privées
entre les utilisateurs, l’application offre aujourd’hui diverses possibilités pour les entreprises
telles qu’offrir des bons de réductions, organiser des concours, envoyer du contenu exclusif
aux fans les plus fidèles d’une marque ou encore encourager l’échange de photos durant des
événements promotionnels. Par la créativité des agences de communication et des annonceurs
publicitaires, les marques arrivent à se servir de cette application en créant soit de
l’exclusivité sur la consultation unique, soit de la personnalisation par ce canal one-to-one,
soit le sentiment d’urgence par la durée de consultation très faible.
- L’utilisation de Snapchat par MTV : le but était de promouvoir la sixième saison de son
reality show « Geordie Show ». MTV a donc conçu une campagne via Snapchat en
complément des médias classiques, elle envoyait aux fans chaque jour des photos et des
vidéos exclusives, en attendant le soir de la première diffusion. L’exclusivité au service de la
curiosité pour faire évoluer la préférence, telle est la mécanique de cette opération à caractère
éphémère.
- L’utilisation de Snapchat par Taco Bell : le but était d’annoncer le retour d’un burrito
spécial, le « Beefy Crunch Burrito ». Taco Bell a invité ses fans des réseaux sociaux à suivre
le compte Snapchat de la marque pour profiter en exclusivité de cette annonce spéciale. Une
motivation supplémentaire à l’achat.
- L’utilisation de Snapchat par 16 Handles : le but était de proposer des bons de réductions
éphémères. La chaine de yaourt glacé new-yorkaise a donc proposé ces bons de réductions
autodétruits au bout de 10 secondes via l’application. Afin de bénéficier de la promotion, les
consommateurs étaient invités à envoyer un selfie de leur groupe d’amis dégustant un yaourt
glacé pour recevoir en échange un coupon de réduction pour une prochaine commande. Au
client, ensuite de faire en sorte que le vendeur arrive à scanner le bon de réduction sous forme
de flash code en 10 secondes.
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Les autres formes :
L’inédit et l’exclusif sont des leviers qui peuvent être associés à l’éphémère dans une stratégie
de marque.
Les séries limitées et le street marketing, éphémères dans leur durée de vie, créent un attrait
particulier chez les consommateurs, une forme de curiosité débordante qui pousse ces derniers
vers l’acte d’achat. Le plaisir de posséder ou de vivre l’unique est sollicité par son besoin
d’estime aux yeux du public. Prenons l’exemple de Magnum qui a développé une gamme
Kiss en édition limitée avec la signature « Parce qu’aucun baiser ne ressemble à un autre,
chaque Kiss offre des sensations uniques ». Nous voyons bien que ce produit, création de la
marque Magnum, traduit la volonté de jouer sur l’exclusivité et la sensualité tout en étant
pervers par son action limitée.
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A5 : Le rôle des nouveaux usages des consommateurs :
Depuis plusieurs siècles, les changements perpétuels de la société ont entrainé de nouveaux
comportements sociaux et de nouveaux usages. Des sociétés du don et du contre-don,
collectivistes et plutôt traditionnelles, énoncées par Marcel Mauss et Émile Durkheim, à notre
société individualiste moderne actuelle, analysée par Max Weber, des changements profonds
dans les comportements des individus s’opèrent. Même si cette segmentation est plus ou
moins réductionniste de la complexité de la société, elle révèle des usages sociaux évolutifs.
Dans une perspective individualiste, les comportements des individus s’adaptent ainsi à cette
évolution sociale, tournée aujourd’hui vers la consommation. Notre société actuelle est basée
sur cette logique et est ancrée dans une recherche perpétuelle de satisfaction individuelle au
travers de la consommation de masse.
Le recours à l’éphémère s’inscrit directement dans cette logique. En effet, il s’agit de
satisfaire un besoin immédiat de consommation pour répondre aux exigences de
reconnaissance sociale.
L’hédonisation :
La satisfaction d’un besoin soudain, d’une envie, la quête incessante du plaisir fait partie
intégrante de notre société individualiste et consumériste. Cet hédonisme ambiant démontre
que la vie sociale est de plus en plus rythmée par des choix de plaisir et des engagements de
courte durée. L’éphémère touche ainsi notre rapport au temps, nos relations sociales et notre
façon de consommer. Aujourd’hui, les consommateurs sont en constante mobilité notamment
par leur « zapping » d’une société, d’un monde ou d’une culture à une autre. En effet, le
consommateur du XXIe siècle a évolué, il fait du sport, voyage à travers le monde, change sa
garde-robe d’une folle envie de shopping, consomme des produits qui lui font plaisir, jette ses
biens lorsqu’il éprouve un sentiment de ras le bol et zappe ses envies comme des chaines de
télévision. Les marques ont donc tout intérêt à comprendre ces nouveaux usages et ces
besoins ponctuels des consommateurs en y intégrant une stratégie éphémère.
Quand on prend l’exemple du parfum, les femmes ont longtemps étaient fidèles à leur marque
et leur modèle, comme le Chanel n°5. Mais aujourd’hui, atteintes d’une « fièvre hédoniste »,
d’après Gilles Lipovetsky, elles n’hésitent pas à changer pour se faire plaisir.
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Outre cette quête incessante du plaisir, le consommateur du XXIe siècle est aussi à la
recherche de sensations et d’expériences nouvelles qui participent à son épanouissement
personnel.
La consommation devient de plus en plus distante entre le haut de gamme et le low-cost, ces
extrêmes se renforcent pour assouvir le plaisir du luxe ou l’accessibilité aux besoins
primaires.
La routinisation :
Aujourd’hui, le consommateur est mobile. Il évolue au même rythme que les changements
structurels de la société. Ses usages s’accordent à ses besoins individuels même si eux-mêmes
sont rattachés à la consommation d’une reconnaissance sociale. Sans le savoir, ou du moins
sans en avoir conscience, le consommateur achète les mêmes produits que ses voisins et
partage les mêmes préoccupations.
Cette routinisation de la consommation entraine un engouement immédiat pour des affections
similaires. Prenons l’exemple du tube de l’été, un succès de masse visible dans les hit-parades
qui satisfait une grande majorité de la population à un moment donné. D’après Gilles
Lipovetsky “L’originalité du tube est précisément qu’il soulève une folie ne dérangeant, le
plus souvent, aucune institution, aucune valeur, aucun style. Le tube n’exprime pas le plaisir
de perturber, il manifeste de façon pure la passion tranquille des petites différences sans
désordre, sans risque : l’extase du «changement dans la continuité». Émotion instantanée liée
à la nouveauté reconnaissable, non forme de subversion.”
Ces usages routiniers répondent à l’évolution de la société orientée vers la consommation de
masse sans négliger les plaisirs individuels de l’immédiat.
L’intime :
Les notions de vie privée, de confidentialité et d’intimité sont actuelles, mais leurs limites
restent difficiles à définir. En effet, par le développement des technologies de l’information et
de la communication, les données privées semblent être devenues publiques. Cette idée se
démontre encore plus sur le digital, car la naissance d’Internet constitue un seul et même
espace faisant coexister sphère intime et sphère publique.
La divulgation de ses informations et de ses données personnelles relève d’un véritable mode
de vie qui répond à des usages partagés. Cette démocratisation de la vie privée, par des outils
technologiques tel que le web social rend nos attentes, nos envies, nos besoins accessibles et
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visibles de tous. Si, cette ouverture de la sphère privée dans la sphère publique peut être
bénéfique pour maintenir un lien social 2.0 ; elle est aussi un danger pour chacun d’entre
nous.
D’où la naissance d’outils pour réguler cette perte de contrôle sur notre vie privée : Le droit à
l’oubli révélé par Google. Décrit comme un formulaire, le droit à l’oubli permet aux
consommateurs de demander la suppression des pages web qu’ils considèrent comme
inappropriées.
Les nouveaux usages des consommateurs sont orientés vers la quête incessante du plaisir
où chacun croit que ses préférences individuelles sont uniques alors qu’elles répondent à
une logique routinière développée par l’insertion de la sphère publique dans l’espace
privé. Les marques s’investissent de ces nouveaux usages dans leur stratégie en
proposant des campagnes éphémères basées sur le plaisir et le bonheur partagé.
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A6 : Le rôle des fondamentaux marketing
D’après le cycle du marketing et de la communication interprété dans l’ouvrage Publicitor de
Jacques Lendrevie et Bernard Brochand, « l’éphémère est apparu en même temps que la
publicité », c’est à dire à la naissance du marketing de masse. Cette tendance a su traverser et
perdurer au-delà des deux autres cycles qui l’ont suivi : le marketing de la différenciation et le
marketing relationnel.
L’éphémère dans la publicité :
Tout message publicitaire est un moyen éphémère, par sa durée de diffusion et sa durée de
vie, qui permet de toucher les consommateurs et d’agir sur la notoriété d’une marque.
Le taux de notoriété, qui correspond d’après Publicitor au « pourcentage de personnes dans un
public donné qui connaît l’existence de la marque et sait, en plus, la catégorie de produits ou
le secteur économique auquel elle appartient » permet de mesurer l’impact d’un message
publicitaire. D’après les auteurs, « la notoriété est un peu plus que le simple souvenir d’une
marque ». Il est donc nécessaire que ces messages soient diffusés avec une certaine récurrence
afin d’en mesurer l’impact.
Pour résumer, la publicité est par essence éphémère, car les produits mis en avant sont voués à
être relayés par d’autres ; mais la construction et la notoriété d’une marque se jouent à la
récurrence de sa publicité. Une marque qui fait le choix de ne diffuser qu’un seul spot dans
son plan média aura visiblement des difficultés à accroître sa notoriété. Prenons l’exemple du
spot de « L’Odyssée de Cartier » qui jouit encore aujourd’hui d’une notoriété incomparable.
Diffusé qu’une seule fois, un dimanche soir sur TF1, il a réussi de manière durable, à
impacter le comportement des consommateurs au bénéfice de la marque.
Les différentes approches du consommateur :
Dans le marketing, les marques se servent de différentes théories pour séduire le
consommateur.
La première est celle de Maslow, où le consommateur est ciblé en fonction des besoins
humains. Les besoins physiologiques, de sécurité individuelle, d’appartenance sociale,
d’estime de soi et d’accomplissement personnel servent ainsi au marketing pour combler les
besoins des consommateurs.
La deuxième théorie marketing pour séduire le consommateur est plus complexe. Elle
recherche les motivations déclenchées par le consommateur dans son processus d’achat. Ces
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motivations sont soit de caractère hédoniste (le plaisir qu’un individu attend de la
consommation, de la possession ou de l’achat d’un produit - ex: confiseries), soit des
motivations rationnelles (penser qu’un produit est utile - ex : carburant) ou soit des
motivations éthiques (un sentiment de devoir - ex : consommation de produits locaux pour
soutenir l’activité locale).
La troisième théorie consiste à approcher le consommateur en fonction de ses attitudes.
Cerner ses croyances, ses sentiments ou les tendances d’actions habituelles permettent au
marketing de proposer une publicité en accord avec ces éléments cognitifs, affectifs ou
conatifs.
La communication hors-média et le marketing relationnel :
La communication hors-média est un canal de communication différent des sept grands
médias que sont : la télévision, la presse, la radio, l’internet, l’affichage, le cinéma et le
mailing.
Les objectifs qui s’y attachent sont, d’après Mercator - théories et nouvelles pratiques du
marketing, de Lendrevie, Levy et Lindon, « de cibler précisément avec la possibilité de
messages personnalisés ; stimuler les ventes par des offres spéciales temporaires ; créer et
entretenir des relations de proximité et de sympathie ; soutenir et compléter le message
publicitaire ; se substituer à la publicité média lorsqu’elle est interdite ou très réglementée (cf.
loi Évin) ; communiquer aux bonnes personnes, au bon moment, au bon endroit, dans un
contexte favorable ».
Qu’elle prenne la forme de parrainage d’événements sportifs, de campagnes de relations
presses ou publiques, la communication hors-média repose sur le principe de l’éphémère, car
les messages qu’elle diffuse sont temporaires.
D’après Mercator « Le marketing relationnel est un levier orienté vers l’acquisition des clients
et la réalisation de transactions » avec deux caractéristiques propres qui sont « l’utilisation des
moyens d’actions individualisés et interactifs à la différence des moyens de communication
de masse ou impersonnels » et « le désir de changement ou de renforcement durable des
attitudes des clients ».
Par l’utilisation de ce nouveau levier, les marques sont passées d’un ciblage de masse vers
davantage de relation directe personnalisée. Renforcée par une communication qui s’oriente
davantage vers du one-to-one, cette relation a permis de consolider la proximité entre la
marque et le consommateur.
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Les marques ont donc la possibilité de diffuser de l’éphémère, en étant réactives à l’actualité
tout proposant des contenus personnalisés. Elles entretiennent une relation privilégiée avec
leurs consommateurs. En revanche, le positionnement et la stratégie d’une marque clarifient
l’offre proposée aux clients à long terme. Même si les plans d’opérations marketing peuvent
être repensés tous les ans, un positionnement d’après Mercator « est un gage de continuité qui
assure, dans le temps, la cohérence d’une politique ».
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A7 : L éphémère est-il une tendance qui va perdurer ?
L’éphémère est une tendance très présente et en parfaite adéquation avec le système actuel.
Mais comme toute tendance, ne va-t-elle pas s’essouffler pour laisser la place à une autre ?
L’éphémère est antinomique au durable, il parait donc peu probable que l’éphémère soit fait
pour perdurer.
Les professionnels du marketing et les publicitaires ont une influence sur notre
consommation, mais il existe d’autres emprises sur le besoin de nouveauté et l’obsolescence
psychologique des consommateurs. Ces emprises peuvent être individuelles (en fonction des
goûts de chacun), collectives (par rapport à une mode), culturelles (en fonction des
croyances), etc. Les usages des consommateurs font partie intégrante des comportements de
consommation. Les comportements sociaux ne doivent pas être négligés, car ils ont une
influence directe sur la poursuite ou l'arrêt d’une tendance, notamment celle de l’éphémère.
Décrit comme “le symbole de l’hyper-mobilité », d’après Patrice Laubignat et Sébastien
Tortu, l’éphémère permet aux marques de s’adapter à la mobilité des consommateurs. Il est
impossible aujourd’hui pour une marque, de déterminer un point de rencontre fixe avec son
consommateur dans le cadre de sa relation. C’est là toute la difficulté pour les marques, car
les consommateurs se situent partout et en même temps nulle part. Les points d’attaches se
font de plus en plus rares.
Pour ce qui est de l’éphémère et de l’engagement durable, ce sont deux tendances actuelles
qui soulèvent les divisions de notre société. Pendant que certains s’engagent de façon durable,
d’autres surfent sur des événements ponctuels, rapidement obsolètes. Cette distinction sert-
elle une tendance plus qu’une autre ? Peuvent-elles être complémentaires ? Un créneau
annexe à ces deux tendances se développe aujourd’hui : l’ascension des services additionnels
proposés par les marques. On ne vend plus un produit en tant que tel, mais un package, une
expérience.
Une solution pour la poursuite de cette tendance de l’éphémère est mise en avant par le web :
donner le pouvoir au consommateur. Les initiatives de crowdfunding comme Kickstarter ou le
site internet spot.us permettent de financer des reportages sur des sujets que les
consommateurs souhaitent approfondir dans les médias. Les consommateurs sont prêts à
s’unir de manière totalement éphémérique et à s’investir ponctuellement sur un sujet qui les
intéresse à un instant T. On peut aussi prendre « l’exemple des achats groupés, qui mettent en
valeurs des communautés de smart shopper » d’après Serge-Henri Saint-Michel. Il y a donc
une notion de pouvoir donnée aux consommateurs par cette tendance de l’éphémère, mais les
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marques n’ont pas dit leurs derniers mots. Elles profitent tout aussi bien de la carte de
l’éphémère pour continuer à les séduire.
Cette tendance des années 2000 semble donc s’installer dans la durée. Elle va bien au-delà du
phénomène Snapchat. En transformant la planète en « village global », l’Internet a remis au
goût du jour ce regard de l’autre, omniprésent et pesant pour certains. Il est donc logique que
cette tendance crée son propre antidote, comme le succès soudain du site de recherche
anonyme DuckDuckGo en témoigne : « Il ne s’agit pas seulement là d’une nouvelle façon de
socialiser en ligne, mais d’une nouvelle manière de penser tout. » d’après Sarah Perez de
TechCrunch. Notre capacité d’émerveillement reste en somme une ressource essentielle pour
l’économie.
Même si la tendance de l’éphémère s’introduit dans notre vie privée, elle se réinvente aussi
dans la stratégie des marques. D’après Gilles Lipovetsky, la montée en puissance de
l’utilisation de l’éphémère dans la stratégie des marques date d’avant la crise économique.
Elle ne peut donc être définie comme une conséquence visible à celle-ci. En revanche, on peut
penser que la crise a développé l’engouement et la démocratisation de cette tendance dans les
secteurs du marketing et de la communication des grandes marques et dans les agences de
publicité. L’agence Buzzman, fondée en 2006 par Georges-Mohammed Chérif en est le plus
bel exemple. Parmi l’ensemble des acteurs du marché français de la publicité virale, cette
agence où le métier principal reste la publicité est celle qui fait le plus parler d’elle. En 2009,
l’agence pouvait déjà relever que 30% de son chiffre d’affaires était obtenu par la création de
campagnes orientées sur le marketing viral. Il parait cependant difficile de croire que
l’éphémère soit un remède à la crise. Gilles Lipovetsky pense même le contraire : «
L’éphémère a été davantage une des raisons de la crise que sa solution.”
Cette tendance de l’éphémère est pour l’instant bien présente et encore dans l’air du temps, en
revanche reste à savoir si les rencontres dites éphémériques entre les marques et les individus
se transformeront sur du moyen long terme en relation durable. En sachant que toutes les
nouvelles marques cherchent à devenir le Coca-Cola ou l’Apple de demain.
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PARTIE 2 : ÉTUDE TERRAIN
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B1 : Hypothèses d’études :
L’éphémère est inscrit dans le fondement même de notre société :
L’éphémère est un mouvement de fond, un principe structurel qui répond parfaitement aux
évolutions d’usages et de comportements de l’Homme. « L’organisation du monde fait que
l’éphémère est inscrit dans le fonctionnement même de nos sociétés » d’après Gilles
Lipovetsky, car l’éphémère influence et infiltre l’ensemble des aspects de notre quotidien.
Tout objet possède une durée de vie limitée dans le temps. L’éphémère est donc omniprésent
dans nos biens et nos services de consommation. Cette omniprésence offre ainsi un faible
choix au consommateur qui se voit proposer uniquement des produits voués à disparaître.
Notre société est donc profondément ancrée dans une démarche “du tout jetable”, que ce soit
nos relations sociales, nos vies privées, nos manières de consommer, et même nos rapports
aux changements structurels de la société, l’éphémère est partout.
L’hédonisation du consommateur :
La quête du plaisir individuel répond aux préoccupations actuelles des consommateurs. Leur
besoin de renouvellement quotidien est en constante progression, ils cherchent à satisfaire
leurs envies soudaines et à s’octroyer des moments privilégiés afin de combler leur recherche
de plaisir.
Ces comportements orientés uniquement vers le bien-être individuel se déploient dans les
moyens de communication participatifs. Les individus prennent plus aisément la parole en
public pour exprimer leurs avis, qu’ils soient positifs ou négatifs.
Les marques s’adaptent aux attentes individualistes en proposant des campagnes de séduction
réactives à tendance éphémère.
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L’hyper-concurrence du marché :
Après les révolutions industrielles, notre société a vu fleurir un nombre démentiel de marques
qui ont modifié nos manières de vivre et de consommer. Le consommateur s’est retrouvé
confronté à un choix multiple de produits pour répondre à un même besoin.
La proximité des biens de consommation entraine un amalgame publicitaire dans lequel les
consommateurs se retrouvent désorientés. Les marques ont dû trouver des nouveaux moyens
de communication pour acquérir et fidéliser leurs clients. L’éphémère est un moyen de lutter
contre cette hyper-concurrence des marques.
Les enjeux du marketing relationnel :
L’évolution des comportements a agît sur les marques en les poussant à prendre soin de la
relation qu’elles entretiennent avec les consommateurs. Elles se doivent d’être à l’écoute de
manière quotidienne et permanente pour comprendre et satisfaire leurs besoins. La
personnalisation a permis aux marques d’entretenir cette relation privilégiée.
Le point de différence dans l’acte d’achat d’un produit ne se fait plus uniquement sur la valeur
même, mais par la dimension de service et d’accompagnement qui l’entoure. En maintenant
ce rapport, les marques arrivent à garder une certaine proximité avec le consommateur. Elles
ont donc tout intérêt à se montrer réactives à l’information afin de séduire directement le
consommateur dans son environnement personnel.
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B2 : Interview de Thibaut Thouzery – Head of creativity (Havas SE)
1 : Quand je vous parle d’éphémère et de stratégie de marque, quelle marque vous vient
tout de suite à l’esprit ?
« Il n’existe pas de marketing de l’éphémère, mais plutôt une vision, qui se fait elle, de plus
en plus à court terme. C’est avant tout, les contenus qu’on peut qualifier de plus en plus
d’éphémères.
Mais ces contenus sont utilisés dans une stratégie de marque qui reste elle bien ancrée dans
une notion de récurrence et de durée, à minima tous les ans.
Le meilleur exemple historique est Oreo, qui a été une des marques pionnières sur le fait de
rebondir sur l’actualité. Plus récemment, et en France, la marque Oasis a elle aussi réussi à
mettre en place ce même processus. »
2 : Avez-vous déjà travaillé sur des briefs avec des problématiques clients qui relèvent
de l’éphémère ?
« Oui, quand j’étais chez Wunderman, je travaillais sur les budgets Nokia et Ford. Ces deux
clients avaient une stratégie de marque annuelle, mais avec un désir de rebondir sur du
contenu de manière hebdomadaire. »
3 : Pourquoi utiliser l’éphémère dans une stratégie de marque ?
« L’utilisation de l’éphémère dans une stratégie de marque relève avant tout de la montée en
puissance du marketing relationnel. Nous sommes passés dans une ère où la relation entre les
marques et les consommateurs est un enjeu fondamental en terme de communication.
Les marques se doivent d’être à une double écoute quotidienne. Premièrement, elles doivent
écouter leurs clients, qu’ils soient acquis ou non et deuxièmement elles doivent être très
proche de l’actualité et avoir les capacités d’y rebondir.
En effet, elles ne peuvent plus se contenter de faire des campagnes de types « push », elles
doivent désormais tisser des liens de manière quotidienne. »
4 : Est-ce que pour vous, les nouveaux usages des consommateurs, tel le caractère
hédoniste de ces derniers, ont des conséquences à l’utilisation de l’éphémère ?
« Auparavant, les marques et les annonceurs publicitaires maitrisaient les canaux. Ils avaient
la main mise sur le canal de diffusion des messages. Aujourd’hui les marques et les contenus
qu’elles proposent sont entrés en concurrence avec le dernier buzz d’un quelconque
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consommateur sur Youtube.
Les individus ne subissent plus la publicité, ils ont le pouvoir de la choisir. La communauté a
pris une certaine forme de puissance.
Nous sommes dans une génération de notoriété, le GRP n’existe plus en tant que tel. Nous
sommes passés dans une logique publicitaire à celle de l’Entertainment. Dorénavant, les
marques doivent avant tout produire de l’émotion pour séduire le consommateur, lui proposer
un show, comme le spot publicitaire de la Panthère de la marque Cartier. »
5 : Même si les stratégies éphémères sont souvent associées à du oneshot, peuvent-elles
perdurer à travers le temps ?
« Les stratégies restent avant tout concrètes, choisies et valables sur une durée déterminée.
C’est le contenu qui ressort de ces stratégies qui a un caractère éphémère.
En revanche, avec les nouveaux usages du web, le contenu n’est plus du tout éphémère. Un
consommateur pourra très bien retrouver un contenu d’une marque diffusée 10 années
auparavant. Cela pose un réel problème pour les marques qui n’ont plus la main mise sur leur
stratégie publicitaire. »
6 : Quels sont les avantages et les inconvénients pour les marques d’utiliser l’éphémère
dans leur stratégie ?
« L’avantage de produire des contenus éphémères est bien évidemment qu’ils attirent le
consommateur et donc créent une réelle relation avec les individus. Cela produit du earn
media.
Mais, l’inconvénient, c’est qu’aujourd’hui, ces contenus de type éphémère remettent en cause
les schémas organisationnels des entreprises. En effet, toute stratégie doit être pensée dans un
processus marketing, que ce soit le CRM, la communication, la marque. Les marques sont
obligées de réfléchir de manière globale. De manière intégrée. »
7 : Est-ce que l’éphémère ne pose t’il pas de problèmes de ROI pour les marques ?
« Non, car il n’y a pas de marketing de l’éphémère. »
8 : Qu’est-ce qui motive les marques à choisir des stratégies de marques éphémères ?
Existe-t-il un secteur plus légitime à les choisir ? Conseillerez-vous à une marque
d’utiliser une stratégie à tendance éphémère ?
« Les marques les plus légitimes aujourd’hui sont les marques de luxe parce qu’elles
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disposent et créent beaucoup de contenus. De plus, leur impact publicitaire est revu à la baisse
dû à une harmonisation des publicités entre les marques. Il faut donc qu’elles trouvent un
moyen de se différencier.
Le contenu permet aux marques d’innover et de faire entrer ses consommateurs dans ses
propres coulisses. La collaboration de Kanye West et de Louis Vuitton en est un bel exemple
pour la marque, car cette complicité a permis à la marque de toucher une nouvelle cible, plus
jeune. »
9 : Quelles sont pour vous les plus grandes raisons du recours à l’éphémère dans la
stratégie des marques ?
« La première raison du recours à du contenu éphémère est cette explosion du marketing
relationnel, qui nécessite à une écoute permanente des besoins du consommateur pour que les
marques essayent de se montrer à la hauteur de ses attentes.
La seconde raison est que nous sommes entrés dans une logique de earn media, ces contenus
dits éphémères permettent aux marques de générer des relations presses, du bruit médiatique,
et du brand content. »
10 (Bonus) : Comment définiriez-vous l’éphémère dans notre secteur ?
« L’éphémère n’existe pas dans la communication. Les marques ne peuvent se permettre de
capitaliser sur un contenu qui aujourd’hui est sauvegardé partout sur le web. L’éphémère est
donc plus une logique de réaction et d’immédiat pour répondre aux attentes actuelles des
consommateurs. »
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B3 : Interview de Benjamin Richard – Planneur stratégique (Moxie – Publicis)
1 : Quand je vous parle d’éphémère et de stratégie de marque, quelle marque vous vient
tout de suite à l’esprit ?
« Spontanément aucune, et heureusement !
Après avoir jeté un œil dans le dictionnaire sur la définition de l’éphémère, les marques qui
utilisent ce mot dans leur stratégie sont en contradiction avec la vision de long terme des
entreprises. On peut donc difficilement parler d’éphémère et de stratégie de marque, mis à
part dans l’événementiel. »
2 : Avez-vous déjà travaillé sur des briefs avec des problématiques clients qui relèvent
de l’éphémère ?
« Dans les briefs, nous ne parlons pas d’éphémère, mais plutôt de coups médiatiques à réaliser
sur une opération, sur un fait d’actualité ou sur événement. »
3 : Pourquoi utiliser l’éphémère dans une stratégie de marque ?
« Le consommateur d’aujourd’hui est submergé de messages publicitaires parasitaires. Les
marques se doivent, faute de mieux, d’essayer d’exister un temps dans son esprit jusqu’à la
prochaine occurrence publicitaire qui lui aura fait oublier la précédente. »
4 : Est-ce que pour vous, les nouveaux usages des consommateurs, tel le caractère
hédoniste de ces derniers, ont des conséquences à l’utilisation de l’éphémère ?
« Tous les consommateurs ne sont pas hédonistes ! Je pense que ces nouveaux usages ont
tendance à brouiller le système actuel. »
5 : Même si les stratégies éphémères sont souvent associées à du oneshot, peuvent-elles
perdurer à travers le temps ?
« Certaines marques sortent un peu du lot dans leurs stratégies de real time marketing, Oreo et
Coca –Cola par exemple. En revanche, je ne pense pas que ce soient des stratégies éphémères,
mais plutôt l’utilisation de moyens qu’on s’accorde éphémère, qui sont eux-mêmes inscrits
dans une stratégie globale.
Si aujourd’hui, une agence propose à un directeur marketing de faire une stratégie éphémère,
la seule réponse du directeur marketing serait donc : C’est notre relation qui va être
éphémère.»
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6 : Quels sont les avantages et les inconvénients pour les marques d’utiliser l’éphémère
dans leur stratégie ?
« L’éphémère n’a pas d’avantages visibles à part le fait qu’il soit un buzzword.
L’inconvénient majeur est qu’il sous-entend une opération de one shot, c’est-à-dire qu’il ne se
positionne pas forcément sur le long terme. Il dépend de facteurs aléatoires pour perdurer et
ne s’ancre pas dans le quotidien des consommateurs.
Il relève d’une vision à court terme. »
7 : Est-ce que l’éphémère ne pose t’il pas de problèmes de ROI pour les marques ?
« Pas forcément, il faudrait voir les métriques business étudiées. Les marques peuvent très
bien avoir des effets positifs immédiats sur les ventes d’une opération éphémère par exemple.
En revanche, il serait intéressant de voir l’effet porté sur un temps plus long, car je doute de la
capacité de ce type d’opération à construire quelque chose basé sur le long terme. »
8: Qu’est-ce qui motive les marques à choisir des stratégies de marques éphémères ?
Existe-t-il un secteur plus légitime à les choisir ? Conseillerez-vous à une marque
d’utiliser une stratégie à tendance éphémère ?
« Aujourd’hui, les marques se sentent obligées d’avoir recours au court terme vis-à-vis de la
situation actuelle. Le marché leur demande sans cesse d’innover et de se réinventer sans se
renier. Il paraît donc logique qu’à ce prix là le court terme arrive.
Je ne pense pas qu’il y est un secteur plus légitime qu’un autre.
Je ne conseillerais pas à une marque de s’investir sur une tendance éphémère, si c’est pour
devoir changer selon le cours du vent. »
9 : Quelles sont pour vous les plus grandes raisons du recours à l’éphémère dans la
stratégie des marques ?
« C’est avant tout ce besoin de devoir exister à tout prix dans un univers concurrentiel très
rude qu’il est la plus grande raison du recours à l’éphémère. »
10 : (Bonus) : Comment définiriez-vous l’éphémère dans notre secteur ?
« L’éphémère est un buzzword, qui nous fait oublier les bases du marketing et la vision long
terme qui reste la base de notre métier. »
49
B4 : Interview de Pierre-Jean Choquelle – Planneur stratégique (Agence NoSite)
1 : Quand je vous parle d’éphémère et de stratégie de marque, quelle marque vous vient
tout de suite à l’esprit ?
« Mis à part Snapchat dont c'est le business model et les autres applications qui s'en sont
inspirés, je crois qu'il n'y a pas encore de marque qu'on puisse définitivement associer avec la
notion d'éphémère.
On peut considérer que les éditions limitées de vêtements, objets, services ou même les pop
up stores sont une forme d'exploitation de l'éphémère, mais j'aurais tendance à les exclure
comme leur temporalité est en général assez longue (au moins quelques jours). »
2 : Avez-vous déjà travaillé sur des briefs avec des problématiques clients qui relèvent
de l’éphémère ?
« Oui, lors de compétitions. C'est un levier qui revient systématiquement dans les stratégies
lorsqu'on cherche à toucher la cible jeune, bien avant l'avènement de Snapchat. »
3 : Pourquoi utiliser l’éphémère dans une stratégie de marque ?
« L'éphémère a une grande valeur quand il est utilisé comme levier relationnel puisqu'il crée
l'urgence. Au-delà du gimmick appliqué à l'envoi de messages, il pourrait permettre de créer
des niveaux de privilège dans l'accès à un bon plan par exemple (premier arrivé, premier
servi).
Il est aussi intéressant d'explorer ce que pourrait donner une stratégie de brand content
éphémère qui ne capitaliserait pas sur le nombre de vues au final, mais sur l'impact à très
court terme sur une communauté. Bien sûr cela pose des problèmes d'efficacité et de mesure
du résultat. »
4 : Est-ce que pour vous, les nouveaux usages des consommateurs, tel le caractère
hédoniste de ces derniers, ont des conséquences à l’utilisation de l’éphémère ?
« Je ne crois même pas qu'on puisse parler de tendance de fond pour le moment. L'éphémère
est une caractéristique de communication de la cible jeune. C'est un mécanisme de mise en
danger et de jeu comme il en existe beaucoup à cet âge. Mais aussi un énième moyen de
nourrir son ego digital puisque partout où il y a possibilité d'envoyer un message éphémère,
on retrouve celle de capturer ce moment en notifiant celui qui l'a envoyé qui se sent forcément
valorisé. »
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5 : Même si les stratégies éphémères sont souvent associées à du oneshot, peuvent-elles
perdurer à travers le temps ?
« Si elles sont intégrées dans une logique relationnelle, oui. »
6 : Quels sont les avantages et les inconvénients pour les marques d’utiliser l’éphémère
dans leur stratégie ?
« L'avantage, au-delà de la création de l'urgence, c'est l'attrait immédiat puisque c'est encore
relativement nouveau. C'est aussi une façon de « ludifier » sa communication.
L'inconvénient c'est le faible ROI et la difficulté à mesurer l'impact et tout simplement à
laisser une trace durable à l'esprit (sachant qu'on est toujours aujourd'hui dans une logique de
martelage, même online). »
7 : Est-ce que l’éphémère ne pose t’il pas de problèmes de ROI pour les marques ?
« Absolument : comment être certain de ne pas investir en pure perte ou simplement pour
toucher une très faible proportion de consommateurs ? Je n'ai pas la réponse. »
8 : Qu’est-ce qui motive les marques à choisir des stratégies de marques éphémères ?
Existe-t-il un secteur plus légitime à les choisir ? Conseillerez-vous à une marque
d’utiliser une stratégie à tendance éphémère ?
« Pour simplifier, l'éphémère peut être un levier de viralisation s'il est associé à une carotte ou
une expérience hors du commun. Par nature, les marques qui s'adressent aux jeunes semblent
plus légitimes. »
9 : Quelles sont pour vous les plus grandes raisons du recours à l’éphémère dans la
stratégie des marques ?
« La principale, comme souvent, c'est de s'appuyer sur un comportement émergent pour se
donner une image plus pointue ou tout simplement une liberté d'expérimentation. »
Question 10 (Bonus) : Comment définiriez-vous l’éphémère dans notre secteur ?
« La mise à disposition d'un message, offre, service ou produit pour une durée extrêmement
limitée en discriminant volontairement les consommateurs selon leur décrété d'information et
leur capacité d'y accéder. »
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B5 : Interview de Lily Ponthieux – Directrice & Fondatrice (Agence RP
Disruptive)
1 : Quand je vous parle d’éphémère et de stratégie de marque, quelle marque vous vient
tout de suite à l’esprit ?
« Aucune, les marques n’appliquent pas de contenu éphémère.
La stratégie d’une marque repose sur un ensemble d’actions, qui pour certaines relève du
court terme, d’où la notion d’éphémère, mais elles n’en sont pas pour autant des marques
éphémères. »
2 : Avez-vous déjà travaillé sur des briefs avec des problématiques clients qui relèvent
de l’éphémère ?
« Partant du principe qu’aucune marque n’a de stratégie éphémère : non »
3 : Pourquoi utiliser l’éphémère dans une stratégie de marque ?
« L’éphémère est une stratégie événementielle, pas une stratégie de marque. »
4 : Est-ce que pour vous, les nouveaux usages des consommateurs, tel le caractère
hédoniste de ces derniers, ont des conséquences à l’utilisation de l’éphémère ?
« L’utilisation du real time marketing et de la créaréactivité sont en effet des impacts d’une
société qui va toujours plus vite. »
5 : Même si les stratégies éphémères sont souvent associées à du oneshot, peuvent-elles
perdurer à travers le temps ?
« Le principe même de l’éphémère est de ne pas durer dans le temps. Des marqueurs
temporels peuvent être utilisés par la marque pour répondre à des besoins immédiats quant à
la stratégie de la marque.
Il n’en est pas pour autant possible de dire que l’éphémère perdure. Qui plus est, la notion
même de stratégie est totalement antinomique avec le mot éphémère. »
6 : Quels sont les avantages et les inconvénients pour les marques d’utiliser l’éphémère
dans leur stratégie ?
« L’utiliser serait une grosse erreur. A l’heure où de nombreuses marques communiquent par
tous les moyens possibles, il serait préjudiciable pour une marque d’utiliser un moyen de
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communication éphémère, or l’événementiel avec un fort impact RP qui peut sembler
pertinent. »
7 : Est-ce que l’éphémère ne pose t’il pas de problèmes de ROI pour les marques ?
« Si une opération de courte durée, de real time marketing est correctement orchestrée, elle
peut alors avoir un réel impact sur le ROI. Encore reste-t-il à définir aujourd’hui le ROI de ces
marques, qui n’ont pas toutes la même manière de le mesurer et de s’en satisfaire. Il est
propre à chaque marque. Donc à priori pas problématique. »
8 : Qu’est-ce qui motive les marques à choisir des stratégies de marques éphémères ?
Existe-t-il un secteur plus légitime à les choisir ? Conseillerez-vous à une marque
d’utiliser une stratégie à tendance éphémère ?
« Encore une fois, il me semble totalement hors de propos de conseiller de l’éphémère dans
une stratégie de communication. »
9: Quelles sont pour vous les plus grandes raisons du recours à l’éphémère dans la
stratégie des marques ?
« Si éventuellement certaines marques y ont recours, cela repose sur des questions de budgets
et non pas de stratégie. »
10 : (Bonus) : Comment définiriez-vous l’éphémère dans notre secteur ?
« L’éphémère n’existe pas en publicité. L’éphémère est un moyen de communication tel que
l’événementiel ou le hors-média. Il est impossible de proposer à une marque une stratégie
éphémère, encore une fois pour cette question d’antinomie. »
53
B6 : Interview de Neil Tamzali – Brand & Content Manager (Bunkr)
1 : Quand je vous parle d’éphémère et de stratégie de marque, quelle marque vous vient
tout de suite à l’esprit ?
« Oréo »
2 : Avez-vous déjà travaillé sur des briefs avec des problématiques clients qui relèvent
de l’éphémère ?
« Non »
3 : Pourquoi utiliser l’éphémère dans une stratégie de marque ?
« Faire appel à la dimension émotionnelle des consos par rapport à un événement et essayer
de créer de l'affect, du lien, en faisant réagir la marque comme un être humain (ce qu'elle n'est
pas). »
4 : Est-ce que pour vous, les nouveaux usages des consommateurs, tel le caractère
hédoniste de ces derniers, ont des conséquences à l’utilisation de l’éphémère ?
« Je n'ai pas compris. »
5 : Même si les stratégies éphémères sont souvent associées à du oneshot, peuvent-elles
perdurer à travers le temps ?
« Une stratégie s'inscrit par essence dans le long terme. A moins que la création de contenus
sociaux relatifs à l'actu (sur un territoire précis) s'accorde aux valeurs et à la plateforme de la
marque, non. Car toutes les marques ne peuvent pas parler de tout et n'importe quoi. Et
surtout, quels objectifs de performance derrière ? »
6 : Quels sont les avantages et les inconvénients pour les marques d’utiliser l’éphémère
dans leur stratégie ?
« Avantages : séduire une cible + jeune qui cherche du LOL ? Inscrire son engagement par
rapport à des événements/partenaires, etc (Exemple : avec des sponsors de la Coupe du
monde).
Inconvénients : Coûts de production supplémentaires pour un résultat incertain. A qui
déléguer de la création de contenu non-publicitaire alors que souvent ces tactiques sont
décidées par des agences de publicité ? Qui pilote ? Comment faire en sorte que le client
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puisse tout valider ? »
7 : Est-ce que l’éphémère ne pose t’il pas de problèmes de ROI pour les marques ?
« Pas plus que tout ce qui se fait sur les réseaux sociaux, et pourtant ça fait 4 ans qu'on
cherche. »
8 : Qu’est-ce qui motive les marques à choisir des stratégies de marques éphémères ?
Existe-t-il un secteur plus légitime à les choisir ? Conseillerez-vous à une marque
d’utiliser une stratégie à tendance éphémère ?
« Je pense qu'elles veulent faire le buzz. Souvent c'est conseillé par les agences. Sauf que pour
beaucoup de marques, leurs consos ne sont pas sur Twitter.
Ce n'est pas une stratégie en soi. C'est juste un volet de ton activation, à relativiser avec
l'ensemble de tes activités social media et de tes objectifs de com. Je dirais que les marques
liées à l'événementiel y ont tout à fait intérêt (sport, musique...) »
9 : Quelles sont pour vous les plus grandes raisons du recours à l’éphémère dans la
stratégie des marques ?
« Parce que c'est à la mode ? Je pense que beaucoup s'y sont mises pour cette raison. »
10 (Bonus) : Comment définiriez-vous l’éphémère dans notre secteur ?
Aucune réponse.
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B7 : Interview de Nicolas Journiac – Directeur de création (Fullsix – Grand
Union)
1 : Quand je vous parle d’éphémère et de stratégie de marque, quelle marque vous vient
tout de suite à l’esprit ?
« L’utilisation de Snapchat par McDonald’s »
2 : Avez-vous déjà travaillé sur des briefs avec des problématiques clients qui relèvent
de l’éphémère ?
« Les temps forts de communication saisonniers sont par définition éphémère : Noël,
printemps, soldes, etc. »
3 : Pourquoi utiliser l’éphémère dans une stratégie de marque ?
« Pour être constamment réactifs vis à vis des attentes des consommateurs et des changements
constants du marché. On vit et consomme dans une société de « l’instant ». Du jetable. Du
zapping.
La notion de « possession à vie » change. (autolib, velib…). La fidélité auprès des marques
est de plus en plus difficile à maintenir. Les consommateurs veulent avoir le droit de changer.
Les marques doivent assouvir ce besoin de changement. Revoir fréquemment leur offre,
adapter leur communication. »
4 : Est-ce que pour vous, les nouveaux usages des consommateurs, tel le caractère
hédoniste de ces derniers, ont des conséquences à l’utilisation de l’éphémère ?
« Complètement. Voir réponse précédente. »
5 : Même si les stratégies éphémères sont souvent associées à du oneshot, peuvent-elles
perdurer à travers le temps ?
« De mon point de vue, les actions de communication peuvent être éphémères et fréquentes.
Leur stratégie de fond pas nécessairement. Au contraire. Des actions différentes peuvent
rentrer dans une cohérence de marque long terme. »
6 : Quels sont les avantages et les inconvénients pour les marques d’utiliser l’éphémère
dans leur stratégie ?
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« Ça leur permet de se réinventer constamment. D’être toujours active et moderne auprès de
leur consommateur. En revanche cela nécessite une agilité et réactivité qui ne sont pas
forcément dans l’ADN des méthodes de communication de la plupart des annonceurs. Il faut
accepter une certaine prise de risque, lissée dans le temps par l’accumulation des actions.
(Plutôt que viser le risque Zéro mais communiquer trop tard). »
7 : Est-ce que l’éphémère ne pose t’il pas de problèmes de ROI pour les marques ?
« Pas nécessairement. Il peut être maitrisé et rentrer dans une stratégie de fond assumée.
Chaque action spécifique peut adresser des cibles spécifiques avec un budget adapté. VS un
plus gros budget pour une cible plus mainstream, dont une bonne partie ne sera peut être pas
sensible au message trop générique. »
8 : Qu’est-ce qui motive les marques à choisir des stratégies de marques éphémères ?
Existe-t-il un secteur plus légitime à les choisir ? Conseillerez-vous à une marque
d’utiliser une stratégie à tendance éphémère ?
« Les acteurs qui sont sur des marchés extrêmement changeants sont les plus a même à
envisager des actions de très courte durée très ciblées. »
9 : Quelles sont pour vous les plus grandes raisons du recours à l’éphémère dans la
stratégie des marques ?
« Déjà répondu. »
10 (Bonus) : Comment définiriez-vous l’éphémère dans notre secteur ?
« Comme une adaptation au comportement des consommateurs »
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B8 : Analyse des interviews
Comment définiriez-vous l’éphémère dans notre secteur ?
Les stratégies sont pensées pour s’inscrire dans le durable. Si certains pensent que l’éphémère
est antinomique à une stratégie de marque et à et une stratégie de communication. D’autres
considèrent qu’il s’agit plutôt d’une offre, d’un message, d’un service, ou d’un produit à
durée de vie extrêmement limitée qui s’apparente davantage à la réactivité et l’immédiat.
Cette tendance controversée permet aux marques de s’adapter aux comportements des
consommateurs.
Quand je vous parle d’éphémère et de stratégie de marque, quelle marque vous vient
tout de suite à l’esprit ?
En règle générale, l’événementiel et ses pop-up store sont des moyens de communication
référents dans le cas d’une vision stratégique qui se fait de plus en plus à court terme. Pour ce
qui est des marques venant à l’esprit des personnes interrogées, Snapchat et ses utilisations est
l’exemple le plus concret. Dans le cas ou l’on regroupe la créaréactivité avec l’éphémère,
Oreo et Oasis reviennent plus en avant.
Avez-vous déjà travaillé sur des briefs avec des problématiques clients qui relèvent de
l’éphémère ?
En agence de communication, les acteurs parlent davantage de coups médiatiques qui
reprennent le désir des marques de rebondir sur du contenu de manière hebdomadaire que
d’éphémère. Bien qu’aujourd’hui, il soit considéré comme un levier qui permet de toucher les
jeunes générations par le réseau social Snapchat, il était là bien avant ne serait-ce que par les
temps forts de la communication saisonnière.
Pourquoi utiliser l’éphémère dans une stratégie de marque ?
Quatre raisons ont été soulevées pour répondre à l’utilisation de l’éphémère dans une stratégie
de marque. Il est gage de notoriété en permettant à la marque d’exister, il utilise l’actualité de
manière réactive pour créer une situation d’urgence, il s’adapte aux changements des
consommateurs et permet de créer de l’affect et du lien pour instaurer une relation et
maintenir la fidélité. L’éphémère s’apparente davantage à une stratégie de recrutement
événementielle.
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Est-ce que pour vous, les nouveaux usages des consommateurs, tel le caractère hédoniste
de ces derniers, ont des conséquences à l’utilisation de l’éphémère ?
Oui, car les consommateurs ont pris un certain pouvoir individuel face aux marques. Ils ne
subissent plus la publicité mais peuvent la choisir. Les marques sont donc obligées de
produire “un show” pour toucher le consommateur afin qu’il se sente personnellement
valorisé.
Même si les stratégies éphémères sont souvent associées à du one-shot, peuvent-elles
perdurer à travers le temps ?
Une stratégie reste avant tout un principe concret, choisi sur une durée déterminé qui s’inscrit
par essence dans le long terme. Il apparaît donc difficile que les stratégies éphémères
perdurent.
Le principe même de l’éphémère est de ne pas durer dans le temps, en revanche l’utilisation
de moyens et/ou d’actions de communication qui en découlent peuvent être de caractère
éphémère tout en étant fréquentes. Les actions de communication éphémères peuvent être
durables si elles sont intégrées dans une logique relationnelle. En revanche, avec les nouveaux
usages du web, le contenu n’est plus du tout éphémère. Un consommateur pourra très bien
retrouver un contenu d’une marque diffusée dix années auparavant. Cela pose un réel
problème pour les marques qui n’ont plus la main mise sur leur stratégie publicitaire.
Quels sont les avantages et les inconvénients pour les marques d’utiliser l’éphémère
dans leur stratégie ?
Les avantages sont de deux types : la notoriété et le relationnel. L’utilisation de l’éphémère
permet aux marques de leur garantir une image moderne et active sur leur marché. En
réagissant à l’actualité elles se réinventent quotidiennement dans une logique de earn-media.
Son utilisation permet aussi d’attirer le consommateur (recrutement) par le sentiment
d’urgence. Tout en ludifiant la communication, une réelle relation personnalisée se crée avec
les individus (fidélisation).
Les inconvénients sont aussi de deux types : le durable et le mesurable. L’utilisation de
l’éphémère dans la stratégie des marques remet en cause les schémas organisationnels des
entreprises qui aujourd’hui doivent penser dans une logique de communication intégrée en
terme de stratégie. Sous-entendu d’opération one-shot, il parait donc difficile pour les
marques d’utiliser cette tendance qui nécessite agilité et réactivité sur du long terme. De plus,
son utilisation dépend de facteurs aléatoires pour s’ancrer dans le quotidien des
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consommateurs qui dicte une prise de risque non mesurable en terme de ROI - retour sur
investissement.
Est-ce que l’éphémère ne pose t’il pas de problèmes de ROI - retour sur investissement
pour les marques ?
Une marque qui choisit d’utiliser de l’éphémère doit l’assumer et l’ancrer dans une stratégie
de fond. Si, son utilisation est bien maîtrisée la diffusion du message peut avoir un réel impact
sur le ROI - retour sur investissement. En revanche, comme son contenu s’approprie
facilement aux réseaux sociaux, il est difficile de mesurer l’effet porté sur un temps plus long.
Qu’est-ce qui motive les marques à choisir des stratégies de marques éphémères ?
Existe-t-il un secteur plus légitime à les choisir ? Conseillerez-vous à une marque
d’utiliser une stratégie à tendance éphémère ?
D’après les personnes interrogées, les principales motivations pour les marques d’intégrer de
l’éphémère dans leur stratégie de marque est avant tout le levier de viralisation qui lui est
associé. Outre la notoriété, faire le buzz est devenu un nouvel objectif de communication pour
les marques qui cherchent à toucher une cible plus jeune. Pour exister et préserver leur
marché, les marques doivent sans cesse innover et se réinventer pour séduire et ne pas perdre
ses clients.
Deux secteurs légitimes ressortent des interviews : les marques s’adressant aux jeunes et le
luxe. Les premières se doivent d’être réactives aux changements, et les marques de luxe
doivent disposer de beaucoup de contenus. La baisse de leur impact publicitaire dû à une
harmonisation des publicités les oblige à trouver un moyen de se différencier.
Quelles sont pour vous les plus grandes raisons du recours à l’éphémère dans la
stratégie des marques ?
Phénomène de mode démocratisé par l’explosion du marketing relationnel, l’éphémère
permet aux marques de s’appuyer sur un comportement émergent pour répondre aux besoins
actuels et immédiats du consommateur.
L’éphémère permet aux marques d’exister dans un univers concurrentiel très rude par sa
logique de earn-media qui génère parallèlement des relations presses, du bruit médiatique, et
du brand content.
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CONCLUSION
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L’éphémère est omniprésent par la durée de vie limitée des produits et des services de
consommation qui nous entourent. Il reste cependant une tendance, et comme toute tendance
il est difficile de parier sur sa pérennité.
Les avantages qu’il apporte aux marques ne sont tout de même pas négligeables. En effet,
nous avons pu voir que les campagnes de communication et de publicité éphémères sont un
atout pour développer les nouveaux modes de consommation. Plus individualisés, plus ancrés
dans la réalité présente, plus en lien avec les relations intimes que nous avons, ces nouveaux
modes de communication répondent aux enjeux de la société actuelle. L’éphémère permet
ainsi aux nouveaux usages d’avoir un terrain de jeu attractif et immédiat.
Les marques tirent parti de ce marketing basé sur la valorisation de la relation pour proposer
des stratégies en accord avec les besoins et les attentes des consommateurs. Il est cependant
difficile de parler de stratégie de marque éphémère, car une stratégie de marque est par
essence ancrée dans la durée. Les événements proposés sont donc partie intégrante d’une
stratégie plus globale.
Le web a permis aux marques d’innover et de se réinventer par l’utilisation de nouvelles
technologies orientées vers la masse. Mais depuis quelques années, Internet est devenu plus
intimiste, davantage dirigé vers des consommateurs ayant des besoins précis et demandant
une confidentialité accrue.
Faire le buzz, accroître sa notoriété, développer des relations et se montrer moderne et réactif
sont les raisons pour lesquelles les marques ont recours à l’éphémère dans leur stratégie.
L’ascension et la durabilité de la tendance de l’éphémère, c’est avant tout une réponse à la
massification et à l’ultra commercialisation de notre quotidien. Il présente certaines limites
sociétales, mais se trouve très lucratif pour les marques qui l’utilisent à bon escient. Mais
peut-on penser que tôt ou tard, avec la montée en puissance des produits durables et plus
respectueux, l’éphémère ne va-t-il pas s’essouffler pour laisser la place à une consommation
de vrai ?
64
BIBLIOGRAPHIE
65
Livres :
Gilles Lipovetsky : L’empire de l’éphémère : La mode et son destin dans les sociétés
modernes – Editions Gallimard, 1987
Gilles Lipovetsky, Jean Serroy : L’esthétisation du monde : Vivre à l’âge du capitalisme
artiste – Editions Gallimard, 2013
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l’homme, 1979
Danis Darpy, Pierre Vole : Comportements du consommateur : Concepts et outils – Dunod,
Paris, 2003
Jacques Lendrevie, Bernard Brochand : Publicitor – Dunod, 2001
Jacques Lendrevie, Bernard Brochand, Denis Lindo : Mercator – Dunod, 2009
Blogs & autres médias :
My pop up store Blog :
http://www.mypopupstore.fr/blog/2009/11/03/newzy-fr-lephemere-effet-de-mode-ou-
mouvement-de-fond-a-lheure-de-la-crise-decryptage-dun-phenomene-depoque-avec-gilles-
lipovetsky-philosophe-et-sociologue-auteur-du-livre-lempire-d/
Jfaisdlaveille :
http://jfaisdlaveille.wordpress.com/2013/07/22/snapchat-nouvelle-opportunite-pour-les-
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http://www.marketing-professionnel.fr/chiffre/pratiques-sociales-ephemeres.html
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66
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