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L’ OPAC prend la gestion de notre “14” La négociation entre notre propriétaire (AREMCAR), la Ville de Paris et l’OPAC a enfin abouti !!! Notre dialogue pour assurer le maintien de l’UJRE et des Amis de la CCE au “14”, ainsi que pour y créer un Espace de mémoire dédié aux résistants juifs de la M.O.I. va enfin pouvoir reprendre ... Soyons vigilants : à suivre... 25 ans déjà que la PNM, succédant à la PNH, défend une orientation progressiste du monde juif ! L’ UJRE, et RPJ qui interrompt la publication de sa Lettre d’information vous invitent ensemble à leur Assemblée des lecteurs qui se tiendra au “14”* le samedi 3 fevrier à 15h. afin de débattre du contenu d’une PNM répondant toujours mieux à vos attentes d’une presse progressiste juive Nous y soufflerons ensemble les 25 bougies de la Presse Nouvelle Magazine * 14 rue de Paradis - Escalier C - 1 er étage (M° Gare de l’Est) LA PRESSE NOUVELLE Magazine Progressiste Juif N° 242 - JANVIER 2007 - 25 e ANNÉE MENSUEL EDITE PAR L’U.J.R.E. Le N° 5,50 Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide PNM aborde de manière critique les problèmes politiques et culturels, nationaux et internationaux. Elle se refuse à toute diabolisation et combat résolument toutes les manifestations d'antisémitisme et de racisme, ouvertes ou sournoises. PNM se prononce pour une paix juste au Moyen-Orient, sur la base du droit de l'Etat d'Israël à la sécurité, et sur la reconnaissance du droit à un Etat du peuple palestinien. Roland Wlos Elections : Vous avez dit libre choix ? Editorial D onner à chacune et chacun les éléments de réflexion pour être pleinement citoyen afin d'exercer son choix en pleine connaissance de cause. Telle est l'ambition qui devrait animer les medias et les moyens d'information privés, et a fortio- ri du service public. Or tout se passe comme si leur puissance ne focalisait le débat que sur les personnes de leur choix, plutôt que sur le contenu des politiques. Par la grâce des sondages, ce serait comme le dit un politologue “la démocratie d'opinion qui fait la loi”. Pour sa part, Dominique Wolton, sociologue des medias, directeur de recherche au CNRS, démontre que “les medias au vu des sondages effectués dans un contexte qui est très loin de la réalité ont décidé qu'il n'y aurait que deux candidats, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal”. Ils ont choisi de zoomer sur eux en sous-dimensionnant l'information sur les autres. Comme s'il n'y avait que légitime le centre droit et le centre gauche. [le Parisien le Parisien le 10 janvier] Arlette Chabot directrice de l'information de France 2, en réponse aux griefs du CSA (dans le journal daté du même jour) explique qu'après le 20 mars, date où la liste des candidats sera officielle et le temps de paro- le identique pour chacun, ce sera la règle de l'égalité - d'ici-là, ce serait la règle de l'équité. Mais que veut dire équité, quand l' UMP qui n'a pas recueilli 19% des voix - se retrouve avec 63% de députés (paramètre comptable pour le calcul du temps de parole), ou quand les candidats qui se sont pronon- cés pour le Oui au referendum disposent d'un temps (tous moyens audiovisuels confondus) de près de 80% alors que le Non était majoritaire … ? Quand Claire Chazal déclare à propos de la bipolari- sation de la campagne : “TF1 n'a aucune ligne poli- tique. Les faits s'imposent : c'est quand même Ségolène Royal qui est allée en Chine ! C'est quand même Nicolas Sarkozy qui va être sacré candidat de l'UMP dimanche”. Pour elle, Marie-Georges Buffet ne comp- te pas, quand elle est à Sandouville avec les Renault, c'est un non-événement. Ce ne sont pas des faits. Circulez, y a rien à voir ! Ce que le CSA appelle bipolarisation excessive n'est en fait qu'un véritable rouleau compresseur étouffant les propositions des autres candidats et par conséquent le pluralisme, donnée consubstantielle de la démocra- tie. Pendant ce temps, Le Pen qui n'a pas à se plaindre du traitement médiatique qu'on lui réserve attend, en embuscade, son heure en s'efforçant de rendre son dis- cours présentable, en en gommant les aspects provo- cateurs sans rien en changer sur le fond. La représentation excessive de seulement deux candi- dats, outre qu'elle conduise à une starisation du systè- me, antinomique d’une réflexion sereine, vise à faire évoluer la politique française vers le modèle améri- cain (dont se réclame le petit Bush français - Sarkozy). Cette évolution vers le bipartisme est inquiétante car elle ne peut qu'affaiblir la démocratie. L'expérience montre en effet que dans les pays soumis à ses règles, aucune véritable alternative ne permet de s'affranchir des tendances lourdes du libéralisme. Le seul choix laissé aux électeurs, c'est éventuellement de corriger quelques lignes à la marge. Cependant, rien ne dit que les français se laisseront dicter leur choix le 22 avril. Les élections précédentes tendent même à prouver le contraire. En 1988, en 1995, en 2002, tous les pronostics ont été déjoués par les électeurs. De même par la suite aux régionales, puis au Referendum. D'autant que bien des inconnues risquent de peser : Comment vont se comporter celles et ceux qui s'é- taient mobilisés contre le CPE, et tous les nouveaux électeurs des banlieues, pour la plupart jeunes qui se sont inscrits en masse sur les listes électorales ? Vont-ils se satisfaire des joutes oratoires, des paillet- tes, des petites phrases assassines, ou bien exiger que soient prises en considération leurs attentes et leur soif de changement ? Proche-Orient La mort de Saddam ne règle rien J.Dimet p.3 Isrraël - Palestine : Les perspectives absentes J.Dimet p.4 Sionisme ? Dieu, les Etats-Unis et Israël M. Muller p.6 Europe Toujours la Constitution R. Joseph p.7 Mémoire Hommage de la Nation aux Justes de France L. Steinberg p.5 Libération du camp d’Auschwitz p.5 Un colloque utile et bienvenu M. Weinstein p.8 Idées La judéîté au péril de l’enfermement P. Saly p.4 à propos de votes communautaires H. Levart p.5 Culture p.7 PNM 242bon 25/01/07 18:20 Page 1

La Presse Nouvelle Magazine 242 janvier 2007

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L’OPAC prend la gestion de notre “14” La négociation entre notre propriétaire (AREMCAR), la Ville de Paris et l’OPAC a enfin abouti !!! Notre dialogue pour assurer le maintien de l’UJRE et des Amis de la CCE au “14”, ainsi que pour y créer un Espace de mémoire dédié aux résistants juifs de la M.O.I. va enfin pouvoir reprendre ... Soyons vigilants : à suivre... 25 ans déjà que la PNM, succédant à la PNH, défend une orientation progressiste du monde juif ! 27 JANVIER 1945 Libération du camp d’Auschwitz

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Page 1: La Presse Nouvelle Magazine 242 janvier 2007

L’OPAC prend la gestion de notre “14”

La négociation entre notre propriétaire (AREMCAR), la Ville deParis et l’OPAC a enfin abouti !!!

Notre dialogue pour assurer le maintien de l’UJRE et desAmis de la CCE au “14”, ainsi que pour y créer un Espace demémoire dédié aux résistants juifs de la M.O.I. va enfinpouvoir reprendre ...

Soyons vigilants : à suivre...

25 ans déjà que la PNM,succédant à la PNH,

défend une orientation progressiste du monde juif !

L’UJRE, et RPJ qui interrompt la publication de sa Lettre d’information

vous invitent ensemble à leur

Assemblée des lecteurs

qui se tiendra au “14”* le samedi 3 fevrier à 15h.

afin de débattre du contenu d’une PNM répondant toujours mieux à

vos attentes d’une presse progressiste juive

Nous y soufflerons ensemble les 25 bougies de la Presse Nouvelle Magazine

* 14 rue de Paradis - Escalier C - 1er étage (M° Gare de l’Est)

LA PRESSE NOUVELLE MagazineProgressiste

Juif

N° 242 - JANVIER 2007 - 25e ANNÉE MENSUEL EDITE PAR L’U.J.R.E. Le N° 5,50 €Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide

PNM aborde de manière critique les problèmes politiques et culturels, nationaux et internationaux. Elle se refuse à toute diabolisation et combat résolument toutes les manifestations d'antisémitisme et deracisme, ouvertes ou sournoises. PNM se prononce pour une paix juste au Moyen-Orient, sur la base du droit de l'Etat d'Israël à la sécurité, et sur la reconnaissance du droit à un Etat du peuple palestinien.

Roland Wlos Elections : Vous avez dit libre choix ? Editorial

Donner à chacune et chacun les éléments deréflexion pour être pleinement citoyen afind'exercer son choix en pleine connaissance de

cause. Telle est l'ambition qui devrait animer lesmedias et les moyens d'information privés, et a fortio-ri du service public. Or tout se passe comme si leurpuissance ne focalisait le débat que sur les personnesde leur choix, plutôt que sur le contenu des politiques. Par la grâce des sondages, ce serait comme le dit unpolitologue “la démocratie d'opinion qui fait la loi”.Pour sa part, Dominique Wolton, sociologue desmedias, directeur de recherche au CNRS, démontreque “les medias au vu des sondages effectués dans uncontexte qui est très loin de la réalité ont décidé qu'iln'y aurait que deux candidats, Nicolas Sarkozy etSégolène Royal”. Ils ont choisi de zoomer sur eux ensous-dimensionnant l'information sur les autres.Comme s'il n'y avait que légitime le centre droit et lecentre gauche. [le Parisienle Parisien le 10 janvier]Arlette Chabot directrice de l'information de France2, en réponse aux griefs du CSA (dans le journal datédu même jour) explique qu'après le 20 mars, date oùla liste des candidats sera officielle et le temps de paro-le identique pour chacun, ce sera la règle de l'égalité -d'ici-là, ce serait la règle de l'équité.Mais que veut dire équité, quand l'UMP qui n'a pas

recueilli 19% des voix - se retrouve avec 63% dedéputés (paramètre comptable pour le calcul du tempsde parole), ou quand les candidats qui se sont pronon-cés pour le Oui au referendum disposent d'un temps(tous moyens audiovisuels confondus) de près de 80%alors que le Non était majoritaire … ?Quand Claire Chazal déclare à propos de la bipolari-sation de la campagne : “TF1 n'a aucune ligne poli-tique. Les faits s'imposent : c'est quand même SégolèneRoyal qui est allée en Chine ! C'est quand mêmeNicolas Sarkozy qui va être sacré candidat de l'UMPdimanche”. Pour elle, Marie-Georges Buffet ne comp-te pas, quand elle est à Sandouville avec les Renault,c'est un non-événement. Ce ne sont pas des faits.Circulez, y a rien à voir !Ce que le CSA appelle bipolarisation excessive n'esten fait qu'un véritable rouleau compresseur étouffantles propositions des autres candidats et par conséquentle pluralisme, donnée consubstantielle de la démocra-tie.Pendant ce temps, Le Pen qui n'a pas à se plaindre dutraitement médiatique qu'on lui réserve attend, enembuscade, son heure en s'efforçant de rendre son dis-cours présentable, en en gommant les aspects provo-cateurs sans rien en changer sur le fond.La représentation excessive de seulement deux candi-

dats, outre qu'elle conduise à une starisation du systè-me, antinomique d’une réflexion sereine, vise à faireévoluer la politique française vers le modèle améri-cain (dont se réclame le petit Bush français - Sarkozy).Cette évolution vers le bipartisme est inquiétante carelle ne peut qu'affaiblir la démocratie. L'expériencemontre en effet que dans les pays soumis à ses règles,aucune véritable alternative ne permet de s'affranchirdes tendances lourdes du libéralisme. Le seul choixlaissé aux électeurs, c'est éventuellement de corrigerquelques lignes à la marge.Cependant, rien ne dit que les français se laisserontdicter leur choix le 22 avril. Les élections précédentestendent même à prouver le contraire. En 1988, en1995, en 2002, tous les pronostics ont été déjoués parles électeurs. De même par la suite aux régionales,puis au Referendum. D'autant que bien des inconnuesrisquent de peser : Comment vont se comporter celles et ceux qui s'é-taient mobilisés contre le CPE, et tous les nouveauxélecteurs des banlieues, pour la plupart jeunes qui sesont inscrits en masse sur les listes électorales ?Vont-ils se satisfaire des joutes oratoires, des paillet-tes, des petites phrases assassines, ou bien exiger quesoient prises en considération leurs attentes et leur soifde changement ? ■

Proche-OrientLa mort de Saddam ne règle rien J.Dimet p.3Isrraël - Palestine : Les perspectives absentes J.Dimet p.4

Sionisme ?Dieu, les Etats-Unis et Israël M. Muller p.6

EuropeToujours la Constitution R. Joseph p.7

MémoireHommage de la Nation aux Justes de France L. Steinberg p.5Libération du camp d’Auschwitz p.5 Un colloque utile et bienvenu M. Weinstein p.8

IdéesLa judéîté au péril de l’enfermement P. Saly p.4à propos de votes communautaires H. Levart p.5

Culture p.7

PNM 242bon 25/01/07 18:20 Page 1

Page 2: La Presse Nouvelle Magazine 242 janvier 2007

2 P.N.M. JANVIER 2007

LA PRESSE NOUVELLE

Magazine Progressiste Juifédité par l’U.J.R.E.

Comité de rédaction : Lucien Steinberg, Jacques Dimet,

Bernard Frédérick,Nicole Mokobodzki,

Tauba-Raymonde StaroswieckiRoland Wlos

N° paritaire 64825(en cours de renouvellement)

C.C.P. Paris 5 701 33 RDirecteur de la Publication :

Lucien STEINBERG

Rédaction - Administration :14, rue de Paradis

75010 PARISTel. : 01 47 70 62 16Fax: 01 45 23 00 96

Mèl : [email protected] : http://ujre.monsite.wanadoo.fr

(bulletin d’abonnement téléchargeable)

Tarif d’abonnement :France et Union européenne:

6 mois 28 euros1 an 55 euros

Etranger, hors U.E : 70 euros

IMPRIMERIE DE CHABROLPARIS

BULLETIN D'ABONNEMENTJe souhaite m'abonner à votre journal

"pas comme les autres", magazine progressiste juif.

Je vous adresse ci-joint mes nom, adresse

postale, date de naissance, mèl et téléphone

SOUSCRIPTION n°36arrêtée au 15 janvier 2007

N O M M o n t a n t

(*) sauf mention explicite (adhésion, abon-nement ou don), les règlements reçus sontimputés en priorité en renouvellement d’a-bonnement, puis en don.NB : L’Etat vous rembourse 66% de vosadhésions et dons sous forme de créditd’impôt.

C o u r r i e r d e s l e c t e u r sGilbert Gibard: Pas toujours d'accordavec vos positions “angéliques”, notam-ment sur l'immigration, nous tenons àsignaler les remarquables analyses de R.Joseph sur la situation en Serbie qui nousintéressent beaucoup. Tâchez cependantd'évoluer et de ne plus rester dogma-tiques, 68 est loin !La PNM tient à rester un journal ouvertqui appele à la réflexion, au débat et à laconfrontation d’idées. Et c’est bien pour-

GABRIEL que j'ai connu au patronage dela CCE passage Charles Dallery, quandnous étions en culottes courtes, étaitprofondément attaché à l'UJRE et à sonjournal.Récemment encore, il participait à unedélégation pour le maintien de l’UJREdans ses locaux 14 rue de Paradis.Gabriel, fils d’un père déporté àAuschwitz, qui n’en est pas revenu, etd’une mère militante de l’UJRE, dontelle partageait le combat humaniste etsolidaire, fit sien dès son plus jeune âgel’idéal communiste d’émancipationhumaine.Travailleur acharné, parallèlement à sesétudes et ses travaux qui l’ont conduit autrès haut niveau de son art, il était de tousles combats pour la justice, la liberté, etcontre tous les avilissements et les attein-tes à la dignité humaine.A cet égard, j’ai en mémoire l’action qu’ildéploya contre les berusfverboten, inter-dictions faites en Allemagne Fédérale auxantifascistes et aux communistes d’exer-cer certaines professions, en particulierdans l’enseignement.

Il prit également une part active à la

campagne pour Massera pour lareconstruction de l’Université deMontevideo.Gabriel, trop tôt enlevé à l’affectiondes siens, nous laisse le souvenir d’unhomme de conviction, généreux etfidèle dans l’action, jusqu’à son der-nier souffle, à l’idéal et l’engagementde sa jeunesse, pour la Justice, laLiberté.Je voudrais exprimer en mon nom per-sonnel, et en celui de l’UJRE, mescondoléances attristées à Nicole, etassurer sa famille et tous ses proches,dont nous partageons la peine, detoute notre sympathie.

Roland Wlos

Nos lecteurs n'auront pas manqué de rec-tifier d'eux-mêmes une erreur survenuedans l'article du précédent n° de PNMsur l'exposition coloniale de 1931*. Cene sont pas les socialistes mais les sur-réalistes qui ont organisé la contre-expo-sition. Cela en partenariat avec le particommuniste français sur un terrainappartenant à la CGT unitaire, ancienneplace du Combat devenue place duColonel Fabien.Suite à cette parution, un ami nous aadressé la photocopie d'un Almanach del'époque informant de la vente ou de lacession gratuite de terrains en Algérie.Les acquéreurs devant être obligatoire-ment de nationalité française ou euro-péenne. Voici un bel exemple des aspectspositifs de la colonisation. HL

* PNM 241 décembre 2006 p. 5: Néo - colonialisme ? L'as-tu vue la cas-quette du père Bugeaud ?

E r r a t u m

Au nom du bureau de l'UJREet de l’équipe de rédaction de laPNM, je tiens à exprimer nos sin-cères condoléances à la famille deGGABRIELABRIEL MMOKOBODZKIOKOBODZKI avec unepensée particulièrement émue pournotre amie NNICOLEICOLE, , membre del’équipe de rédaction de la PNM.

Lucien SteinbergPrésident de l'UJRE

YIDDISH

(Ré-)Apprendre le yiddish, l'é-crire, le parler, apprendre etcomprendre des chansons durépertoire, les chanter...L’un de nos amis serait prêt à nousdonner, le vendredi en fin de journéeou le samedi, des cours de yiddishdans nos locaux du 14 rue de Paradis,mais voilà, combien de personnesseraient intéressées ? et quel jour ?Vous êtes candidat ? Contactez lejournal en précisant vos préférences :

Mèl : [email protected] Tel : 01 47 70 62 16Fax : 01 45 23 00 96

Informations publicitaires etde soutien à la PNM

Contact journal mèl : [email protected]él 01 47 70 62 16 Fax 01 45 23 00 96

quoi son équipe, tout en demeurant fidèleà sa ligne éditoriale rappelée sous le titrede la Une, organise une assemblée delecteurs le 3 février 2007 pour débattredu contenu d’une PNM répondant tou-jours mieux à vos attentes ! En espérantvous y rencontrer ! PNM

A vos agendas !

Au 14*, la poésie Yiddish seraà l’honneur pour ce

9ème printemps des poètes

Samedi 10 mars 2007

1ère partie Poésie Interlude Klezmer

2ème partie Théâtre * 14 rue de Paradis - Escalier C - 1er étage

(M° Gare de l’Est)

CARNET

GABRIEL, Tu viens de nous quitter; qui dira la tri-stesse de ceux qui ont été tes amis ? Jesuis sans voix aujourd'hui et parce quel'UJRE était chère à ton coeur pour milleraisons, je vais essayer de dire quelquesmots pour ceux et celles qui n'ont pas eula chance de t'avoir comme ami de lon-gue date; je n'étais qu'un gamin quand tuas fait irruption dans mon univers; quipouvait ne pas être frappé par ce frontlumineux, ce regard qui brûlait, et ce riresourd et sarcastique avec lequel tu pre-nais les vicissitudes de l'existence et parquoi tu moquais l'adversité, les imbéci-les, tout ce qui dans la société de l'é-poque apparaissait comme réactionnaireet dépassé.Tu étais un grand mathématicien déjà;rien dans ton attitude n'a jamais eu leregard hautain et méprisant qu'on ren-contre parfois même hélas chez de trèsgrands; tu étais la modestie même. Ma grand-mère, juive d'origine polonai-se que la Guerre avait épargnée par unesorte de miracle, était follement amou-reuse de toi (c'est la seule expression quiconvienne et tu ne peux qu'en sourire);c'est par elle que mes parents et moi-même t'avons connu; vous aviez faitconnaissance dans cette maison delégende qu'était la maison PARENTdans les Pyrénées Orientales, près deMont-Louis et Font-Romeu. Qu'étaitdonc la maison PARENT sinon le lieuoù se croisaient tous ceux et celles quis'activaient pour changer le monde ? c'é-

tait un endroit extraordinaire: Parent, lepère, était un anarchiste catalan; par lui,ont transité des centaines de militants,républicains espagnols et militants desBrigades Internationales, par lui onttrouvé le moyen d'échapper à une morthideuse et certaine des centaines de Juifsde toute origine . C'était là pour toi une sorte de refuge , tafaçon de "prendre l'air". La grande affaire de ta vie, c'était larecherche mathématique; qui dira la fineécriture à la pointe d'un crayon sur unbout de papier qui remplissait l'espacevierge à vue d'oeil ?Et malgré cette activité de chaqueinstant, tu as continué de participer àtous les combats émancipateurs. Tu as été l'un des premiers signataires dumanifeste “Une autre voix Juive”; mili-tant détaché depuis longtemps de touteforme d'attachement religieux, jamais ilne te serait venu à l'idée de taire tes raci-nes; mais c'était à la condition exclusiveque ce soit utile à l'humanité. De façon furtive, une fois, à Strasbourg,tu as évoqué tes années d'enfance; cequ'avait signifié le fascisme hitlérien pourles tiens; trop furtif et trop bref; il eût fallurecueillir ces souvenirs; qui pouvait pen-ser que tu serais fauché ainsi ?Gabriel, tu le sais, je n'ai pas davantaged'attache religieuse que toi, mais per-mets moi d'utiliser cette expression : tuas été un Juste. Salut, Moko ! Olivier GEBUHRER

Plongé depuis quelques jours dans un sommeil où il avait trouvé le repos, MICHEL

nous a quittés ce matin Lundi 22 Janvier 2007 dans sa 60ème annéeIl s'est éteint doucement, paisiblement, dans la chaleur de sa maison. Il avait pour-tant tant de choses encore à partager avec ses fils, Fabien et Florent. Michel a toute sa vie pensé ses actions en fonction de ses amis ou de ses collègues.Dans cet esprit, les fleurs lors de la cérémonie d’adieu seront remplacées par desdons en faveur de l'ONG Triangle Génération Humanitaire - 1, rue Montribloud -69009 Lyon - 04 72 20 50 10 - [email protected] - www.trianglegh.org... Je vais certainement commettre involontairement des omissions ... Il connaissaittellement de personnes... Merci de diffuser ce faire-part autour de vous.

Annie Speter

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Exécutions et attentats semultiplient en Irak. Les sol-dats américains comptent

plus de 3.000 morts.

Les jours se suivent et continuentde se ressembler en Irak. Lundi 15janvier à l'aube, dans le plus grandsecret, deux anciens responsablesirakiens Barzan al-Tikriti et Awadal-Bandar ont été pendus haut etcourt. Cette fois, les autorités deBagdad avaient pris leurs précau-tions : assistance des plus réduites(les avocats des suppliciés n'a-vaient pas été prévenus et n'avaientdonc pas de représentant surplace), et les membres présents desforces de l'ordre avaient dû signerun texte les engageant à resterdignes…

Ces deux mises à mort ont étécondamnées par l'Union européen-ne. Elles suivent de quinze joursl'exécution de l'ancien dictateurdans des conditions beaucoup plustroubles.

La pendaison de Saddam Hussein,au matin de l'Aïd el kebir, une desplus importantes fêtes musulma-nes, n'aura pas, en tout cas, contri-bué à un quelconque apaisementde la situation sur le territoire del'ancienne Mésopotamie. De cin-quante à cent Irakiens meurentchaque jour dans des attentats oudes assassinats ciblés. Les soldatsaméricains payent aussi de leur vieleur présence dans ce pays. Débutjanvier, le nombre de militaires UStués au combat dépassait les 3000,soit un chiffre supérieur à celui desvictimes des Twin Towers, le 11septembre 2001. La fable desarmes de destruction massive estdésormais passée de mode et lesliens entre l'ancien régime baasisteet les terroristes d'al-Qaida restentencore à prouver.

Par contre, l'exécution de l'ancienprésident irakien, et les conditionsde cette exécution, renforcent lecommunautarisme et encouragentà la future partition du pays. Leshaines entre communautés risquentde devenir insurmontables. Le pre-mier ministre Nouri al-Maliki, quiest l'un des responsables du partiDa'wa (chiite) ne fait pas dans ladentelle*. C'est déjà lui qui avaitaffirmé que Saddam Hussein seraitexécuté avant la fin de l'année2006 alors que son procès en appeln'avait pas encore eu lieu. C'est lui

aussi qui s'en est pris de façongrossière à ceux qui, à l'extérieurde l'Irak, avaient osé critiquer,même modestement, le recours à lapeine capitale. Le premier ministrese permet de donner des leçonsd’indépendance… lorsque plus de150.000 soldats américains font laguerre sur son propre territoire etn'ont visiblement aucun complexeà ne pas demander l'avis de ce gou-vernement qu'ils ont contribué àmettre en place.

L'exécution de Saddam en ditlong sur la réalité de ce pouvoirirakien et de ses conceptions desdroits de l'homme et de la démo-cratie. Soyons clair : SaddamHussein, comme le rappelaitrécemment le président de la Liguedes droits de l'homme, Jean-PierreDubois, était un criminel. Un dic-tateur et un despote de la pire espè-ce qui a envoyé à la mort et fait tor-turer des dizaines de milliers d'op-posants, qui a enfoncé son peupledans la misère en déclenchant laguerre contre l'Iran en 1979 alorsqu'il venait de prendre tout le pou-voir à Bagdad**.

Dans cette guerre, qui a duré huitans et qui a fait des millions demorts des deux côtés de la frontiè-re, le dictateur avait reçu sans bar-guigner le soutien des pays occi-dentaux : Etats-Unis et France entête, et aussi d'ailleurs, de l'Unionsoviétique. Pour Washington, ledanger principal c'était Téhéran etles risques d'exportation de larévolution. La mainmise sur lepétrole de la région était naturelle-ment sous-jacent à ce soutien,comme d'ailleurs l'aide à la nucléa-risation de l'Irak par les Etats-Uniset Paris. L'exécution de Saddamreferme d'ailleurs le dossier de cescomplicités là.

On ne pleurera évidement pasSaddam Hussein, mais force est deconstater que durant son procèstout comme face à la potence, il futd'une dignité absolue a contrariodes slogans qui furent lancés parses bourreaux et des insultes qu'ildut subir en allant à la mort.L'exécution du raïs ne fut pas unacte de justice, elle fut une ven-geance, et en ce sens, elle altère l’i-dée même de tribunal pour jugerles crimes des dictateurs de touspoils.

Le président Bush qui, pour sa

part, s'était vivement félicité del'exécution du raïs, a décidé d'en-voyer de nouveaux renforts en Irakpour “sécuriser” Bagdad. Cet éniè-me plan fait l'unanimité contre lui,y compris chez les officiers géné-raux américains. Les plans précé-dents ont montré leur inefficacité.Ce qui compte avant tout, c'estd’ouvrir le dialogue entre Irakiens,et avec les pays frontaliers de l'Irak(Arabie Saoudite, Iran, Syrie,Jordanie, Turquie). Sauf que lestrois ans de domination américainese sont soldés par des dizaines demilliers de morts, des combatsacharnés entre communautés etune quasi-partition du pays.

Le risque reste élevé d'un élar-gissement du conflit à d'autrespays de la zone. Des milliersd'Arabes sunnites fuyant les esca-drons de la mort chiites se réfu-gient au Kurdistan irakien (lesKurdes sont majoritairement sun-nites), risquant ainsi de déstabiliserla région la plus stable d'Irak. Del'autre côté de la frontière, lesTurcs ont menacé à plusieurs repri-ses d'intervenir au Kurdistan cont-re les camps du PKK (la guérillakurde de Turquie) et voient d'unmauvais œil la volonté des Kurdesd'Irak de faire de Kirkuk la capita-le d'un Kurdistan intégré à un Irakfédéral. Or Kirkuk, avec les dépla-cements de populations imposéspar Saddam Hussein, est désormaismajoritairement peuplée d'Arabessunnites et de Turcomans. Uneétincelle peut mettre le feu à larégion. Et quand la région est unchamp de pétrole… ■

* Le parti Da'wa est le plus ancienparti chiite d'Irak, fondé dans lesannées cinquante. Nouri al-Malikiest le président adjoint du parti.Condamné à mort sous Saddam dansles années 80 il se réfugie en Iranpuis en Syrie où il dirige le groupeaction du parti (c'est-à-dire la luttearmée menée en Irak par son organi-sation). Le parti Da'wa est alorsconsidéré comme une organisationterroriste par les Etats-Unis.

** Saddam était devenu l'homme fortdu régime baasiste peu de tempsaprès la révolution de 1968. Il avaitaccédé au rôle de numéro un en 1979,peu après la rupture de l'alliance entreles communistes et les baasistes etl'amplification de la répression contreles communistes et les Kurdes.

La mort de Saddam ne règle rienJ.Dimet

Tali Fahima, unejeune israélien-

ne, condamnée à troisans d'emprisonne-ment suite à une pro-vocation policièrevient d’être remise enliberté par les services péniten-tiaires après avoir passé plusieursmois en prison.On lui reprochait d'avoir fournides renseignements à un agentennemi, M. Zakaria Zubeidi,ainsi que d'avoir manqué derespect aux matons.Tali Fahima affirme de son côtés'être livrée à des actions huma-nitaires - et assure qu'elle conti-nuera à le faire et qu'elle neregrette rien. "Je continuerai àcombattre contre l'occupation etpour la paix".L'accusation affirmait qu'elleavait envisagé des actes terroris-tes contre des cibles israéliennes,accusation susceptible de débou-cher sur la peine capitale.Accusation abandonnée durantl'instruction.De nombreuses protestations ontsûrement abouti au changementde position du Pouvoir.

LSlu dans Jerusalem Post

www.jpost.com3 janvier

e n I s r a ë lL ' a f f a i r e

T a l i F a h i m a

F e m m e se n I r a k

NASRINE

AL-BARWARI

A noter que l’Irak,

état multi-ethnique et

multi-confessionnel,

après avoir été le pre-

mier pays arabe

laïque, est aussi le

premier à compter

une femme ministre d'Etat, la

Kurde Nesrine Al-Barwari, char-

gée des Travaux publics du gou-

vernement provisoire irakien.

Nasrine Al-Barwari© AP

Irak

P.N.M. JANVIER 2007 3

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sident de l'autorité palestinienne,Mahmoud Abbas, a affirmé que, s'iln'y avait pas d'accord, il faudraitrevenir devant les urnes pour undouble scrutin présidentiel et légis-latif*.Le mouvement de la résistanceislamique (Hamas, selon son acro-nyme arabe) est organisé en deuxbranches : une branche de l'inté-rieur, réputée plus pragmatique,dont le premier ministre IsmaïlHaniyeh est un des représentants,et une branche plus idéologique (lavéritable direction du parti), lebureau politique basé à Damas. Leprésident du bureau politique (et defait le principal dirigeant duHamas) est Khaled Mechaal quivient de faire une déclaration inté-ressante concernant l'Etat hébreu.Réaffirmant que son organisationne reconnaissait pas l'Etat d'Israël,il a cependant précisé : “Il va resterun Etat qui s'appelle Israël, c'est unfait. Le problème, ce n'est pasl'existence d'une entité qui s'appel-le Israël. Le problème, c'est quel'Etat palestinien n'existe pas.” Cetype de formulation peut enclen-cher un processus de règlementpolitique.Du côté israélien, si le ministre dela Défense a donné l'autorisation decréer une nouvelle colonie enCisjordanie, son vice ministre, legénéral (CR) Ephraïm Sneh**,ancien commandant militaire duLiban sud, puis chef de l'adminis-tration de Cisjordanie, a indiquéqu'il fallait libérer MarwanBarghouti. L'emblématique prison-nier palestinien, responsable duFatah en Cisjordanie, député pales-tinien, qui fut l'un des jeunes diri-geants de la première Intifada, plu-sieurs fois condamné à la prison àvie et incarcéré en Israël, est extrê-mement populaire. C'est lui qui està l'origine du fameux plan de paixdes prisonniers qui est considérécomme l'étape obligée de la sortiede crise en Palestine.

Parallèlement le gouvernementaméricain, embourbé dans lesaffaires irakiennes, a organisé unevisite de Condoleeza Rice auProche Orient. La secrétaire d'Etatavoue elle-même qu'elle n'a pas deplan et qu'elle vient “écouter”.

Il est plus que temps d'avancer versune solution politique. ■

* Voir PNM 241 (décembre 2006)

** Ephraïm Sneh (travailliste) est, parailleurs, le fils de Moshé Sneh, anciencommandant de la Haganah et l'un desfondateurs du parti communiste israélien(Maki).

I s ra ë l -Pa l e s t i n eLe s per spec t i v e s ab s en t e s

J. Dimet

Israël ne se remet toujours pas del'intervention au Liban de l'étédernier. Le gouvernement

Olmert-Peres-Peretz, qui aaccueilli un ministre d'extrême-droite en la personne de AvigorLiberman est au plus bas dans lessondages, principalement d'ailleursle premier ministre et son ministrede la défense. L'échec de la guerreau Liban est patent. Elle n'a en rienassuré la sécurité des populationsvivant au nord d'Israël, et leHezbollah est toujours un des pionsessentiels de la politique libanaise.L'intervention a aussi montré lesfaiblesses de l'armée de défensed'Israël (Tsahal), son impréparationet surtout les erreurs stratégiquesde ses dirigeants (l'utilisation mas-sive de l'aviation et de l'artillerie aété critiquée d'un point de vue mili-taire tactique). A cette crise post-invasion s'ajoute la mise en causede plusieurs membres du gouver-nement, dont Olmert lui-même,dans des affaires de justice.Dans les territoires palestiniens oùles affrontements entre le Hamas etle Fatah ont pris une tournure dra-matique, la situation économique etsociale continue de se dégrader.Les deux principales organisationspalestiniennes tentent de se mettred'accord pour trouver une issue àcette crise, d'autant plus que le pré-

Sous le titre “Le mondemoderne et la ques-tion juive”*, Edgar

Morin vient de publier untrès suggestif essai qu'ilqualifie lui-même “non[de] livre d'histoire mais{de] réflexion historisée”. Le titrepeut surprendre : en quoi l'existencejuive est-elle plus un problème quen'importe quelle autre existencecollective ? Mais la réponse à ladite“question” est des plus claires et,disons-le, tout à fait fondamentale :l'apport juif à la construction dumonde moderne (intellectuelle,conceptuelle, morale, politique)passe par la profondeur et la variétédes contributions de ceux que l'au-teur appelle les “judéo-gentils”.Avant que Rome ne finisse de lesdisperser, les juifs constituaientdans l'Orient méditerranéenantique, à la fois les fidèles d'unereligion et un “peuple” (certainsmême emploient le mot “nation”,plutôt anachronique au regard dusens moderne du terme), organiséautour d'une entité étatique. La destruction de la Judée politiqueet culturelle a dispersé les juifs aumilieu des peuples divers, poly-théistes, en attendant de se rallier àtel ou tel des grands monothéismes,en particulier le christianisme etl'islam. Les juifs comme peupleétaient devenus les juifs commegroupe religieux, minoritaire aumilieu des “gentils” (d'où le termeclef de l'ouvrage), c'est-à-dire aumilieu des peuples non juifs. Duchoc des croyances est né un “anti-judaïsme” religieux, matrice desfuturs antisémitismes, mais diffé-rent d'eux. Cette cohabitation a sus-cité de fructueuses concurrences etconvergences intellectuelles, parti-culièrement brillantes dans le cadreextraordinairement pluraliste ettolérant de l'Espagne arabe etmusulmane au moyen-âge.Commencée dès le XIe siècle, lapersécution des juifs connut sonmoment convulsif avec les grandesexpulsions et conversions forcéesdes juifs d'Espagne au XVe siècle. Marranes et conversos (faux etvrais convertis) ont été d'éminentspasseurs de culture. Ainsi est née,dans sa forme moderne, la catégoriedes judéo-gentils nourris à la fois deculture juive et de pensée structuréepar les interrogations nées au seindu christianisme et de la penséeantique et autour d'eux. Puisant àdes sources chrétiennes comme jui-ves, de grandes visions du monde etde l'homme sont nées (Marx,Freud, etc.), marquées du sceau

d'un universalisme en ruptu-re, à la fois avec l'enferme-ment religieux juif et la cap-tation de l'universalisme parle christianisme, et inscritesdans les avancées d'un ratio-nalisme en opposition fronta-

le avec le courant principal de lapensée religieuse chrétienne oujuive.Passant du terrain des idées à celuide la politique concrète, bien desjudéo-gentils se sont engagés, pourle meilleur et parfois le pire, dansles combats socialiste et communis-te dont l'auteur souligne la dimen-sion messianique, transférée ettransformée à partir du messianis-me religieux juif, parfois prochedans ses formes extérieures, maisradicalement terrestre, et construitsur l'analyse de la société présente,et non sur une espérance trans-his-torique. Cet engagement ne fut pas de demi-mesure : les judéo-gentils ont étéprésents et souvent déterminantsdans toutes les aventures théoriqueset pratiques de ce “nouveau messia-nisme” : réformistes, anarchistes,révolutionnaires, mencheviks oubolcheviks avant 1914, dirigeantssoviétiques, parfois même exécu-tants des pires répressions stalinien-nes, mais aussi opposants de la pre-mière heure et victimes désignéesdu goulag, dirigeants communistesou socialistes dans des pays commela France, innombrables militantsde base et constructeurs de forcespolitiques structurantes des gaucheseuropéenne et mondiale, résistantshéroïques, participants majeurs à laconstruction de la modernité poli-tique, non pas en dehors des peu-ples au sein desquels ils vivaient,mais en parfaite adéquation avecles batailles progressistes menéesdans chaque pays. On regrette unpeu que l'auteur n'ait pas donné plusde place aux contributions pratiquesdes judéo-gentils à cette construc-tion.Il décrit ensuite l'émergence d'unepensée “nationale” juive, le sionis-me, nationalisme tournant le dos àl'universalisme judéo-gentil, carac-térisé comme une “conséquencedirecte” de l'antisémitisme. Les derniers passages de son essaimettent en question “l'inflation dumot antisémitisme” et l'instrumen-talisation de la notion, au seul profitde la légitimation de la politiqueannexionniste et colonialisted'Israël. Dénonçant une “éthique judéo-centrique qui veut maintenir laséparation avec les gentils”, il

La j udé i t é au pér i l d e l ’ en f ermemen t

P. Saly

condamne à la fois “l'israélismeclos”, “le judaïsme clos”, et lesactes de guerre, de conquête, d'op-pression qui sont le quotidien de lapolitique des dirigeants actuelsd'Israël. Tournant ainsi le dos au nécessaireuniversalisme de la pensée, à larichesse des apports de la judéo-gentilité, dont l'auteur se réclame,aux valeurs de justice ancrées dansl'expérience juive plurimillénaire,la politique israélienne risque d'être“une nouvelle étape vers l'abîme”,un abîme pour le peuple israélienlui-même, pour la judaïté dans sonensemble, voire pour l'humanité,car “la question juive n'est pas quejuive”.Quelques textes enfin précisent lapensée de l'auteur sur le conflitisraélo-palestinien. Il y manque(renvoyé à une publication ulté-rieure) l'article qui lui valut unehonteuse poursuite pour antisémi-tisme, et une incroyable condamna-tion dont il a été totalement lavépar une décision de la Cour deCassation, pour la plus grandeconfusion des plaignants. ■

* Le Monde moderne et la question juive,Edgard Morin, Ed. Seuil, 2006, 12 €

Proche-OrientIdées

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Elle : m’sieur, je dois te dire... il y aun tatouage horriblement ennuyeuxsur ton bras. C’est juste un groupede nombres

Lui : euh, je devais avoir ton âgequand je l’ai eu, et je l’ai gardé ensouvenir

Elle : oh... un souvenir de jours plusheureux ?

Lui : non... d’un temps où le mondeétait devenu fou

“Imagine-toi dans un pays où tescompatriotes avaient suivi la voixd’extrémistes politiques qui n'ai-maient pas ta religion.

Imagine que l’on t’ait tout pris, queta famille entière ait été envoyéedans un camp de concentration oùils devaient travailler comme desesclaves, puis y être systématique-ment assassinés. Là, ils te prenaientmême ton nom pour le remplacerpar un nombre tatoué sur ton bras.

On appela cela L'HOLOCAUSTE, cardes millions de personnes y ontpéri, juste en raison de leur foi...”

Elle : ainsi tu l'as gardé pour te sou-venir des dangers de l'extrémismepolitique ?

Lui : non, ma chérie, pour que tut’en souviennes.

©2006 Wiley

Libération du camp d’AuschwitzUne bande dessinée circule sur Internet, son objectif : toucher sixmillions d’internautes, nombre des victimes juives de la barbarie nazie ... PNM s’en fait le relais, tout en précisant que ce nazisme alla bien au-

delà d’un “extrémisme politique qui n'aimait pas la religion juive”. Le nombre des déportés de France dans les camps de concentration ou d'extermi-nation nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale est estimé à plus de 150.000personnes, victimes de mesures de répression (80.000 politiques, résistants...) et depersécution (75.000 français coupables d’être nés tsiganes, ou juifs, croyants ou noncroyants ...). Au total, disparurent plus de 100.000 déportés partis de France. Les trois quarts des juifs résidant en France ont survécu à ce génocide nazi, la plu-

part grâce à l’humanité des Justes de France, qu’ils soient inscrits auMémorial Yad Vashem, ou “simples” anonymes, si justement honorés auPanthéon par le Président de la République en ce 18 janvier [voir p.6],date mémoire de l’évacuation du camp d’Auschwitz par les nazis crai-

gnant l’avance de l’Armée Rouge. Celle-ci libérera effectivement le camp le 27 jan-vier. Ces Justes sont venus en aide à ceux qui n'étaient pour eux “rien d'autre que deshommes, des femmes et des enfants en danger”.

Quelques remarques à propos de votescommunautaires

H. Levart

Haro sur la pensée unique ! Harosur la mondialisation ! Harosur le communautarisme !

Les partisans etaccompagnateursdu libéralisme nerechignent pas àpourfendre lesmaux dont souffrela société française.Et dans ce torrentde démagogie, levote communau-taire refait surfaceen cette périodeélectorale. Il yaurait donc unvote noir, un votejuif, un votemusulman, unvote protestant oucatholique ?Certes, il seraitstupide de niercertaines spécifi-cités. En ce sens,il est normal queles formationspolitiques pren-nent des disposi-tions en consé-quence. Maiscataloguer noscompatriotes enestompant lesquestions sociéta-les, c'est contri-buer à fragiliserles bases mêmesde notre nation.Jean Ziegler cadrele problème auplus clair dansl ' H u m a n i t é -Dimanche de fin2006 : “Le capita-lisme de la jungledétruit l'Etatnational et sacapacité normati-ve. Il fragilise lestatut social, l'i-dentité collectivedes personnes.L'angoisse légiti-me face à la pré-carité du travail, celle de la perte dupouvoir de négociation fragilisentpsychologiquement et socialement lestravailleuses ainsi que les tra-vailleurs. Ceux qui n'ont pas unecapacité analytique et une consciencepolitique solide tombent alors victi-mes des mirages populistes et des poi-sons xénophobes. Le plus préoccu-pant, c'est que ces personnes ne serendent pas compte que les dérivespopulistes, en paralysant les luttespopulaires, ne servent que les oligar-chies capitalistes”.C'est le bon sens même.

Il convient alors d'émettre un aviscritique sur certaines initiatives etpropos émanant d'institutions “com-

munautaires” pro-pres à amplifierles dérives com-munautaristes. Par exemple : laconstitution enRégion parisiennelors de récentesélections de listes“Euro-Palestine“,la déclaration duPrésident duConseil représen-tatif des associa-tions noires n'ex-cluant pas une can-didature noire dansla course àl'Elysée. Est-il rai-sonnable d'instru-mentaliser de lasorte les discrimi-nations ? L'est-iltout autant de lapart de dignitairesjuifs dont le thèmede la victimisationest entretenu defaçon permanente ?

Que peuvent res-sentir nos conci-toyens de l'OPAsur les juifs denotre pays de lapart des dirigeantsd'Israël ? du sou-hait d'un grandrabbin français devoir l'armée israé-lienne vaincre sesennemis ? d'unemission de solida-rité à Israëlincluant la visited'une unité blindéede retour du front,et un “passage” àla frontière avec leLiban ?

Jean-FrançoisKahn a bien raisondans sa “Lettre

aux juifs communautaires” d'évoquerun auto-enfermement, un carcan decertitudes bétonnées. JFK émet levœu que les juifs de France redevien-nent l'aile marchante du combatdémocratique. Qu'ils y participent,serait déjà une bonne chose.

Enfin, une nouvelle réconfortante :une présence juive parmi les septintervenants religieux à un colloquemarseillais définissant les religionscomme un lien d'intégration sociale; àcondition qu'elles ne se confondentpas avec des ethnies. ■

Je ressens comme français l'injure quim'est faite comme juif.

Lucien Vidal-NaquetC'est cet appel passionné à la justicehumaine, c'est ce sérieux de la cons-cience hébraïque, mêlé à la grâce, à laforce, à la raison de la pensée grecque,qui s'est fondu dans le génie de laFrance.

Victor HugoTout ce qui altère ou désagrège l'indé-pendance et l'unité d'une grande nationmenace la forme de civilisation quecette nation a su exprimer et dont elles'est faite la porteuse.

Jean-Richard BlochIl y a d'autres façons d'être juif ; je lescomprends et je les respecte : adhérer àla religion israélite et la pratiquer, fairepartie d'une des communautés consti-tuées par une origine, une culture, unedestinée historiques communes. Elles neforment pas une communauté unique nine sont porteuses d'une culture unique.Mon attitude envers Israël est politiqueet ne relève pas d'une soi-disant " cons-cience collective des juifs " souventinvoquée…

Francis CohenJ'affirme donc, s'il le faut, face à lamort, que je suis né juif ; que je n'aijamais songé à m'en défendre ni trouvéaucun motif d'être tenté de le faire…Etranger à tout formalisme confession-nel comme à toute solidarité prétendu-ment raciale, je me suis senti, durant mavie entière, avant tout et très simplementfrançais... nourri de son héritage spiri-tuel ... Je n'ai jamais éprouvé que maqualité de juif mît à ses sentiments lemoindre obstacle… Puis-je en toute sin-cérité me rendre ce témoignage : jemeurs comme j'ai vécu, en bonFrançais.

Marc BlochJ'aurais aimé, bien sûr, concilier mongroupe d'origine, la nation et l'humani-té. Je m'y essaye toujours.

Albert Memmi

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Mont-Valérien

La flamme de la Résistance ne s’éteint jamais !

Salomon Calmanovic,employé de commercené à Paris 12° le 19mai 1915, résidait àPavillons sous Bois. Ils’engagea dans la

Résistance et y obtint le grade delieutenant FFI. Arrêté, il fut fusillé auMont-Valérien le 22 janvier 1942.

Dieu, les Etats-Unis et IsraëlMichel Muller

Sionisme ?

Il peut paraître délicatd'évoquer les groupesde pressions états-uni-

ens, favorables à la poli-tique du gouvernementisraélien relative auxPalestiniens et aux territoi-res occupés lors de la guer-re de juin 1967, tant appa-remment, une analyse cri-tique est souvent et facilement frap-pée de l'anathème d'antisémitisme. En réalité, aux Etats-Unis, par delàla solidarité traditionnelle (commeon peut la trouver dans nombred'autres pays) de communautés jui-ves avec l'Etat d'Israël, il existe devéritables formes d'identificationidéologique dans la populationétats-unienne en tant que telle.Celle-ci prend racine dans l’identitéde certains mythes fondateurs desdeux Etats et donne une force parti-culière à des convergences idéolo-giques entre des groupes chrétiens -les chrétiens sionistes, comme ilss'appellent eux mêmes - et certainesorganisations juives états-uniennes.C'est donc essentiellement ces deuxdomaines que nous tentons d'éclai-rer un tant soit peu dans cet article.

Les 18 et 19 juillet 2006, alors queles bombes israéliennes déferlaientsur le Liban, se tenait à Washingtonle premier congrès annuel d'unenouvelle organisation, “Chrétiensunis pour Israël” (Christians UnitedFor Israel). Lors d'un dîner auquelparticipait l'ambassadeur d'Israël, ledirigeant de cette organisation, lerévérend John Hagee, après avoir ludes messages de félicitation deGeorge W. Bush et du premierministre israélien, Ehud Olmert,affirmait que le soutien à Israël était“la politique extérieure de Dieu” etque l'agression en cours contre leLiban était “une bataille entre lebien et le mal”. Dans le New York Times daté du 13novembre dernier, David D.Kirkpatrick explique : “Nombre deconservateurs chrétiens disentqu'ils croient que le soutien du pré-sident (des Etats-Unis) répond àune injonction biblique de protégerl'Etat juif, dont certains pensentqu'il jouera un rôle central lors dela seconde avenue du messie”. Une analyse reprise par WalterRussel Mead (adjoint de HenryKissinger au sein du Conseil desrelations étrangères) qui évoque une“vision apocalyptique de la fin dumonde et du dernier jugement”selon laquelle “tout effort de l'hu-manité pour l'édification d'unmonde de paix échouera” puisquececi ne pourra advenir qu'avec la“paix de mille ans” après le retour

du Christ*. Dans un reportage diffusé le7 mai 2002, la BBC expli-quait que depuis le 11 sep-tembre, le soutien à Israëldans l'opinion états-uniennes'était “massivement” déve-loppé notamment avec l'appa-rition d'un puissant “nouveau

phénomène”, le sionisme chrétien,une doctrine florissant parmi lesquelque 40 millions d'adeptes desEglises de chrétiens conservateurs. Les “Christian Zionists” affirmentque leur soutien à la politiqueexpansionniste israélienne est fon-dée sur le chapitre 13 de la Genèseproclamant notamment : “Et l'Éter-nel dit à Abraham, après que Lot sefut séparé de lui : Lève tes yeux, etregarde, du lieu où tu es, vers leNord, et vers le Midi, et versl'Orient, et vers l'Occident car toutle pays que tu vois, je te le donnerai,et à ta descendance, pour tou-jours”. Mais le terreau spécifiquementnord-américain sur lequel fleuritcette conception messianiqued'Israël, et la corrélation entre ledestin des deux peuples, se trouvedans les mythes fondateurs desEtats-Unis. Dans un articlerécent**, Lawrance Davidson, pro-fesseur à la West Chester Universityde Pennsylvanie explique qu'il exis-te un parallèle entre ce qu'on appel-le le “destin manifeste” des Etats-Unis et celui d'Israël dans sa visionbiblique, concrète aussi bien quemétaphysique. Dans le mêmetemps, le rôle messianique et prosé-lytique des Etats-Unis (pour “lebien”, la “démocratie” et la “libertéde commerce”) est lui aussi de droit- et, disent certains, de devoir -divin. C'est ainsi que lors des récentesfunérailles de Ronald Reagan, on nemanqua pas de citer ses références àla “Cité rayonnante sur la colline”,un concept développé par l'un despremiers colons de la NouvelleAngleterre, John Winthrop. Cetéquivalent de la “NouvelleJérusalem” - la terre d'Amérique -aurait été accordé par Dieu auxpuritains anglais fuyant l'oppres-sion de ce roi mécréant que futCharles Ier. Présidant au destin de lasociété d'investissement colonial,“Massachusetts Bay Company”, ce“père pèlerin” accompagné dequelques mille disciples, transformala compagnie coloniale, dès sonarrivée en Amérique en 1630, en“Commonwealth” (Etat) dirigé parles actionnaires devenus des “free-men” c'est-à-dire des électeurs***.A la différence des conquêtes colo-

niales européennes, la “marche versl'Ouest” n'est pas, par voie deconséquence, une acquisition duterritoire d'autrui par la guerre ou lemarchandage, mais tout simplementle droit biblique de prendre posses-sion de la “Nouvelle Jérusalem”,celle de la fin des temps - on peutmême trouver sur Internet des sitesexpliquant qu'elle se trouveraitquelque part dans le Middle West -à l'instar du “droit au retour desJuifs sur la Terre sainte”, EretzIsrael, la Terre d'Israël. “Quand lesAméricains partaient vers l'Ouest,ils ne colonisaient pas, ils s'instal-laient tout simplement chez eux”,écrit Russel Banks****. Il en va demême, pour nombre d'Etats-uniens,quant à l'implantation de coloniesjuives dans les territoires palesti-niens occupés. En poursuivant sur cette voie, onpeut aussi tracer une forme d'équi-valence avec la conception souventenseignée au cours des “écoles dudimanche” évangélistes, selonlaquelle la Palestine biblique a été“volée” aux chrétiens et, donc, auxjuifs, par les “musulmans” et celleselon laquelle, comme le rappelle laDéclaration d'Indépendance, lesEtats-uniens ont dû affronter les“impitoyables Sauvages Indiens,dont la bien connue règle de guerreest la destruction sans discrimina-tion de (personnes) de tous âges,sexes et condition”.Et ce n'est donc pas par hasard queGeorge W Bush a utilisé le terme de“croisade” pour qualifier sa volontébelliciste destinée à “venger” lesvictimes des attentats du 11 septem-bre 2001.Prendre la plus exacte possiblemesure de ces tendances effrayantesde certains secteurs de l'opinionpublique des Etats-Unis nousconduit, dans le même temps, àconstater que la majorité de la popu-lation aspire à une conception diffé-rente du monde - comme l'ont mon-tré les récentes élections - à l'instardes autres peuples qui rêvent avanttout de paix, de justice et de solida-rité. Un encouragement à une soli-darité pacifiste. ■

* God's Country ? dans Foreing Affairs -Septembre-Octobre 2006.

** Le sionisme chrétien, une représenta-tion du Destin manifeste américain dansCritical Middle Eastern Studies, été2005.

*** The National Experience - A Historyof the United States - Fifth Edition -page 25 et suivantes.

**** Amérique, Notre Histoire - Actes Sud/ Arte Editions, octobre 2006 - 16 €

Le révérend John Hageele 7 février 2006 au mee-ting de préfiguration du

CUFIChristians United for Israel

Mémoire

Hommage de la Nation aux

Justes de France

Dans le cadre d'une cérémonie gran-diose au Panthéon, Monsieur Jacques

Chirac, Président de la République, arendu l'hommage de la Nation aux Justes,ces hommes et femmes qui ont sauvé desJuifs traqués en France pendant la secon-de guerre mondiale.A ce jour, 1725 ont été recensés par YadVashem, autorité israélienne qui décernecette distinction. C'est pourtant un fait,que le Président de la République a sou-ligné, que le nombre des sauveteurs étaitbien plus élevé. Beaucoup sont décédés,d'autres n'ont pu être recensés, d'autresencore, beaucoup d'autres, ne se sontjamais faits connaitre, estimant qu'ils n'a-vaient fait qu'obéir à leur conscience,qu'ils n'avaient fait que leur devoir.Une plaque commémorative a été placéedans la crypte du Panthéon. Son texte :

Sous la chape de haine et de nuit tombéesur la France dans les années de l’occu-pation, des lumières, par milliers, refusè-rent de s’éteindre. Nommés “Justesparmi les nations” ou restés anonymes,des femmes et des hommes de toutes ori-gines et de toutes conditions ont sauvédes juifs des persécutions antisémites etdes camps d’extermination. Bravant lesrisques encourus, ils ont incarné l’hon-neur de la France, ses valeurs de justice,de tolérance et d’humanité.

Dans l'assistance, on remarquaitquelques-uns de ces Justes. Certainspleuraient. Dans le public qui emplissaitle Panthéon, l'émotion était intense. Elleétait à son comble, lorsque MonsieurJacques Chirac, précédé de MadameSimone Veil, présidente de la Fondationpour la mémoire de la Shoah, sont des-cendus dans la crypte pour s'inclinerdevant la plaque commémorative.Une création artistique d'Agnès Varda,suivie d’une œuvre musicale de FrancisPoulenc interprétée par l'ensemble vocalAccentus, ont marqué la cérémonie.PNM tient à rendre hommage aux trèsnombreux media - presse écrite, radios,télévisions - qui se sont fait l'écho decette manifestation, en publiant de nom-breux témoignages - de Justes comme decertains de ceux qui leur doivent la vie.

Lucien Steinberg

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Lundi 5 février 2007 à 20 h

Lili Brik / Elsa Triolet

Lecture par Dominique Reymondet Maria de Medeiros,

talentueuses comédiennes, de la cor-respondance entre Elsa Triolet et sasoeur, Lili Brik, (nées Kagan), qui incar-neront ces deux soeurs d’exception.Cette conversation intime d’un demi-siè-cle entre deux femmes à la destinéebrillante et dramatique, aimées et célé-brées chacune par un grand poète est enmême temps une conversation passion-née entre la France et la Russie, et unechronique au jour le jour de la vie cultu-relle de ces deux pays, de l'œuvre deMaïakovski et de celle d’Aragon.

L'UJRE, association loi1901, éditrice du mensueld'information La Presse

Nouvelle Magazine, a l’honneur et leplaisir d’annoncer l’édition prochai-ne, sous la mention :

ED. DE L'UJRE - PRESSE NOUVELLE

de la seconde édition du manuscritsauvegardé :

“ECRIS, PAPA, ÉCRIS”d’Elie Rozencwajg

traduit du yiddish par Batia Baum

Cette édition revue et complétée,ouvrira, nous le souhaitons, la porte àune collection de témoignages del'histoire de nos proches, traduits duyiddish.

L’équipe de la PNMLe Bureau de l’UJRE

Prévente assurée par

SOUSCRIPTION

Plus de détailsdans la PNM de

Février 2007

LES JUSTES

Ce documentaire de 55 mn. co-écritpar Frédéric Martin etNicolas Ribowski, réali-sateur, lui-même rescapéde la déportation, retraceà travers de nombreuxtémoignages l'histoire de

ces Françaises et Français qui ontsauvé la vie de juifs durant laSeconde Guerre mondiale.

Paris Cap le télédiffusera le jeudi 18janvier 2007 à 22h00 ainsi que toutela semaine du 15 au 19 janvier etpendant les 5 mois qui suivent.

A noter qu’à Paris, la mairie du Vème

arrondissement ven-dra les souvenirs édi-tés spécialement parl’APFI (Associationphilatélique France-Israël) à l’occasion dela sortie du timbre Les Justes deFrance. Une partie de la recette serareversée au Comité Français pourYad Vashem.

C U L T U R EToujours la ConstitutionRobert Joseph

Avec la présidence de l'Unioneuropéenne depuis le 1er jan-vier, l'Allemagne a décidé de

relancer le projet de constitution mort-né. La tâche n'est pas aisée. LaCommission, elle, poursuit le déman-tèlement des services publics. Et cha-cune d'elles fournit des sujets d' actua-lité qui devraient figurer dans lesdébats électoraux, puisque qu’ilsconditionnent notre vie nationale.La chancelière allemande bénéficie del'appui des seize pays qui ont dit“oui”, seize sur vingt-sept après l'ad-mission de la Bulgarie et de laRoumanie. Par contre, Danemark,Grande-Bretagne, Irlande, Pologne,Portugal, République tchèque, Suèden'ont manifesté aucun empressement.Il y a discussion. Angela Merkel tientfermement au projet “en bloc”, reje-tant par exemple l'idée de NicolasSarkozy de pratiquer un petit bricola-ge que pourrait voter le Parlement. Les ayatollahs de l'ultralibéralismeparlent de crise institutionnelle, d'im-passe, mais ne savent que faire.Pendant cette présidence qui s'achèveen juillet, il y aura des élections enFrance, aux Pays-Bas et la Grande-Bretagne aura peut-être un nouveaupremier ministre. Il convient doncd'attendre l'installation des nouvellesautorités. La Commission deBruxelles entend, elle, pousser lesnégociations en décrétant qu'il ne peutêtre question d' admettre de nouveauxEtats en l'absence de réformes. Maisla Croatie n'est pas attendue avant2009, et la Turquie ... ensuite. Les jusqu'auboutistes de l'intégrationreconnaissent aussi une méfiance despopulations de plus en plus ample àl'égard de leurs objectifs, des réticen-ces plus prononcées au niveau desEtats. Un climat plus facilementexploitable par l'ultra-conservatismeet l'extrémisme de droite que par lesforces de progrès, comme le soulignel'analyse de Jean-Yves Camus (PNM239 d’octobre 2006). Tout un symbo-le : l'extrémisme de droite a pu consti-tuer son groupe au Parlement euro-péen avec l'arrivée de députés bulga-res et roumains, un groupe que prési-de Bruno Gollnisch, le lieutenant deLe Pen. Imperturbables, les eurocrates deBruxelles multiplient les sacrifices àleur divinité, la “concurrence libre etnon faussée”. Parmi leurs nombreuxobjectifs français, relevons notam-ment, en vrac, le texte gouvernemen-tal tentant de protéger de l'étranger lesentreprises à caractère stratégique, laretraite de la Poste, le P.M.U., laFrançaise des Jeux. Mais le grandsujet d'actualité demeure le démantè-lement des services publics en généralet de l'énergie en particulier

La préoccupation des Etats, après laquerelle Russie-Biélorussie, tient àl'approvisionnement énergétique del'Europe, toujours dépendante de

Moscou pour une grande part. Enmarge, la Commission annonce qu'el-le va recommander l'éclatement dusecteur de l'électricité qui a fait lapreuve de son efficacité, en en sépa-rant la production du transport.Il devrait y avoir là une nouvelle gran-de vague de protestation. Depuislongtemps, les forces vives du payss'opposent à la privatisation et audémantèlement des grands servicespublics, qu’il s'agisse de l'énergie oudu transport. Les développementsautour de l'opération Gaz de France-Suez en soulignent la capacité. Legouvernement qui privatise ardem-ment dit qu'il s'opposera au démantè-lement d'E.D.F. - affaire à suivre -alors que des voix allemandesappuient Bruxelles.En cette année du cinquantième anni-versaire du Traité de Rome, la déjà sipeu démocratique Union européenneoù les non élus, commissaires àBruxelles, financiers à Francfort,imposent leurs décisions aux élus desnations, les intégristes de la concur-rence voudraient en finir avec le vieuxprincipe institué à l'époque “Un pays,Une voix”. Ils aimeraient, comme ledisait Nicolas Sarkozy en septembredernier, “faire sauter le verrou de l'u-nanimité”, élargir le plus possible lechamp de la dite “majorité qualifiée”afin de museler les récalcitrants. Maisencore faudra-t-il en faire admettre leprincipe.La Commission a été échaudée avecla “directive Bolkestein” sur les servi-ces. Elaborée en catimini en janvier2004, elle a explosé au printemps2005 soulevant une vigoureuse pro-testation, notamment en France. Ledébat public a été ouvert. LeParlement européen en a adopté uneversion légèrement édulcorée enfévrier 2006 et finalement, en octobre,le Conseil européen et la Commissionréintroduisaient des dispositions écar-tées par le Parlement. Deux questions : sous le régime de la“majorité qualifiée”, dans les négo-ciations entre les “25”, combien auraitpesé la voix de la France, tout demême assez isolée sur le sujet ?Pourquoi au nom de la concurrencebafouer les élus des peuples ?

L'expérience ne peut être oubliée. Etles candidats à la présidence de laRépublique doivent s'exprimer claire-ment - seule Marie-Georges Buffet l'afait, et défend ces objectifs - sur cesaspects déterminants à inscrire dansles prochaines réformes : la préserva-tion des services publics hors de lasphère de la concurrence, et la démo-cratisation du fonctionnement del'Union européeenne, en donnant auxélus des nations du Parlement euro-péen et non à un groupe de technocra-tes, l'initiative législative et le pouvoirde décision qu'ils n'ont pas. ■

15/01/2007

Europe DONA DONAvoyage musical

en françaisdans l'imaginaire

yiddishDonné à Paris* les 3 et 4 février, cespectacle est d'ores et déjà programméégalement au Festival d'Avignon Offen juillet 2007, au Théâtre desLucioles. Longue vie à lui donc, sachant quevous êtes les meilleurs ambassadeursdu spectacle ! Venez nombreux, reve-nez, parlez-en à vos voisins du dessus,du dessous, en bref passez le message“sans modération” à vos amis etconnaissances !!!Il n'y a pas de réservation auprès de lasalle. Venez donc un peu à l'avance,vous choisirez ainsi la place que vouspréférez.

A très bientôt, amicalement, Claude Liberman

Dans ce spectacle inédit, le public françaispeut enfin découvrir une part de l'extraor-dinaire patrimoine culturel yiddish Qu’onse le dise !

* Espace Jean Dame - Places à 15€ et 12€ 17 rue Léopold Bellan - Paris 2eme - M° Sentier - Tél : 01 47 97 80 22 - les :

Samedi 3 février à 20h30et Dimanche 4 février à 16h

Du 27 janvier au 10 avril

Exposition créée par la Maison dela culture yiddish et dédiée à l'his-toire de la communauté juive deVarsovie, qui fut l'une des plusvigoureuses, et productives dePologne et d'Europe.

Entrée libre aux horaires de la Maison01 47 00 14 00

MAISON DE LA CULTURE YIDDISH : Quand la Vistule parlait yiddish

Samedi 27 janvier à 15 hLA COMMUNAUTÉ JUIVE DE

VARSOVIE JUSQU'EN 1939Introduction d’Alexandre Messer

LES JUIFS ET L’INDÉPENDANCE

DE LA POLOGNE EN 1918 NAISSANCE DE L’ANTISÉMITISME

MODERNE DE LA 2° RÉPUBLIQUEConférence de Jean-Yves Potel

Projection du documentaire réalisé par Yitzhak et Saul Goskind

A DAY IN WARSAW

(Pologne / 1938 / 10 min / NB / yiddish sous-titré anglais)P. A. F. : 5 €. Membres : 3 €.

M.A.H.JHôtel de Saint-Aignan 71, rue du Temple

75003 Paris Tél : 01 53 01 86 60

ElsaTriolet

Lili Brick

PNM 242bon 25/01/07 18:20 Page 7

Page 8: La Presse Nouvelle Magazine 242 janvier 2007

8 P.N.M. JANVIER 2007

Le 15 décembre dernier, un col-loque s'est tenu toute la jour-née, de 9 heures à 18 heures,

dans l'auditorium de l'Hôtel de Villede Paris, grâce à l'hospitalité offertepar la ville de Paris, son maire, mon-sieur Bertrand Delanoë et madameOdette Christienne, adjointe chargéede la Mémoire et des AnciensCombattants.Les juifs ont résisté en France 1940-1945 - c'est le titre donné à cette ren-contre par l'AACCE, (Association desAmis de la Commission Centrale del'Enfance). Elle était placée sous laprésidence d'honneur d'Adam Rayski,avec la participation de l'U.J.R.E.(Union des Juifs pour la Résistance etl'Entraide), du Groupe de Travail desAnciens Résistants de l'U.J.J., (Unionde la Jeunesse Juive et ses Groupes deCombat), de la toute nouvelle asso-ciation M.R.J.-M.O.I. (Mémoire desRésistants juifs de la M.O.I.) et dumusée de la Résistance Nationale deChampigny, représenté par saPrésidente, madame Lucienne Nayet.Elle a débuté par une allocution debienvenue du président de l'AACEE,Joseph Kastersztein, avant que soitdonnée la parole à monsieur DavidDouvette, historien, qui dressa, par unexposé particulièrement documentéle panorama de la Résistance et del'implication des juifs durant la guer-re. Il souligna particulièrement lesengagements volontaires de massedans l'armée française au début de laguerre, marquant l'attachement de lapopulation juive d'immigrationrécente, pour sa patrie d'adoptionqu'était la France.

Il importe pour les lecteurs de PNMde rappeler, sous des formes parfoispersonnelles des itinéraires de résis-tants juifs. Certains de mouvancecommunautaire voire religieuse ousioniste, comme beaucoupd'Eclaireurs Israélites de France, degauche comme Hachomer Hatzair,militaire comme l'Armée Juive,l'Organisation Juive de Combat,voire de sensibilité MOI à diversdegrés: UJRE, UJJ, Union desFemmes Juives, MNCR.C'était l'ambition des responsables dela rencontre - les Amis de la CCE

Ce fut une réussite. Comment tradui-re l'émotion qui s'empara de l'assis-tance lors de certains moments forts ?Pendant l'intervention de ClaudieBassi-Lederman par exemple(publiée dans la PNM de décembre)lorsqu'elle évoqua la grande figure de

Charles Lederman, son père, grandrésistant, animateur de l'O.S.E.(Œuvre de Secours à l'Enfance) prési-dent durant de nombreuses années del'U.J.R.E., sénateur communiste. Cefut également le cas avec l'exposéclair, simple et plein d'humanité dePaulette Sarcey qui retraça son itiné-raire de résistante, déportée àAuschwitz d'où elle revint diminuée.Aussi ce que Roger Trugnan, luiaussi résistant de la première heure,également déporté, vint dire enconclusion des témoignages de lajournée, avec un récit poignant.Cette journée restera dans les annalespour ce qui est de l'arrivée au grandjour de ce que fut la résistance desorganisations juives de l'immigrationrécente à l'époque. Il était temps, plusde soixante ans après la fin de la guer-re, alors que certains s'évertuent àl'occulter, à faire silence sur ce qu'ellefut, laissant accroire que les juifs s'é-taient tous laissés conduire à l'abat-toir.Les interventions qui se sont succé-dées au long de cette journée, qu'ellesémanent d'historiens, d'invités ou detémoins, s'inscrivent à contre-courantde ce silence assourdissant autour dece que fut leur engagement.Les organisateurs avaient décidé dedonner la parole aux témoins, lors detrois tables rondes, après que les his-toriens ou spécialistes se soient expri-més. Ce fut une bonne chose car ellepermit l'expression libre, sans contra-diction, de ce qu'avaient préparé ceuxqui allaient faire part de leur itinérai-re personnel.Dans un premier temps, LucienSteinberg, président de l'U.J.R.E.,parla non sans émailler son proposd'une pointe d'humour, des groupesautres que ceux de la M.O.I. quiavaient participé à la Résistance, aveccomme intervenant-témoin maîtreThéo Klein, Président du Musée d'Artet d'Histoire du Judaïsme, qui entre-tint l'assistance de l'action desEclaireurs Israélites de France (E.I.F.)et de la Sixième. Cela ne manqua pasde retenir l'attention de l'assistance.C'est à Adam Rayski, historien,ancien responsable national de la sec-tion juive de la M.O.I., retenu pourdes raisons de santé, que revenait, parla voix de son fils Benoit, de traiter dela question de la branche juive de laM.O.I. en en présentant la stratégie etl'organisation générale.Joseph Minc, également retenu pourraisons de santé, avait fait parvenir untexte traitant de l'action de l'U.J.R.E.

concernant le sauvetage des enfantsainsi que la création par cette organi-sation de la Commission Centrale del'Enfance après guerre, dont il fut l'i-nitiateur et le fondateur. Son texte futlu par Christiane Galili, de la direc-tion de l'AACCE.En conclusion de cette première par-tie, Daniel Darès, directeur du théât-re Antoine, fit une lecture pleine d'é-motion du texte d'Aragon: “GroupeManouchian” ou l'Affiche Rouge.

Après la pause, la première tableronde se mit en place sous la prési-dence de madame Nayet, présidentede l'Association des amis du musée dela Résistance Nationale deChampigny. Le thème en était :“L'engagement des femmes et desjeunes : les actions pour le sauvetagedes enfants.” Y prirent part ClaudeCollin, sociologue, Katy Hazan, his-torienne et David Douvette. En tantque témoins, on entendit ClaudieBassi évoquer son père CharlesLederman, Madeleine Dimet aliasJosée, ancienne résistante de l'U.J.J.zone sud, Tolek Skrobek, ami de lon-gue date de Sophie Schwartz, Yvonnedans la clandestinité, dont il parlaavec une grande humanité etSalomon Korolitski, alias Yvan,ancien résistant de l'U.J.J. zone sudqui fit part de son parcours de l'é-poque.

La PNM se propose de publier dansles numéros à venir les interventionsdes témoins, tranches de vie de cesjeunes juifs engagés dans la résistan-ce au sein de leurs organisations :l'U.J.J. zone sud et l'U.J.J. à Paris.Les Amis de la CCE ont décidé d'édi-ter les “minutes intégrales” du col-loque. La PNM ne manquera pas d'eninformer ses lecteurs.Ce fut alors la pause repas.

La séance reprit à 14 heures avec laseconde table ronde placée sous laprésidence de Sacha Kleinberg,membre de la direction de l'AACCE.Le thème en était : “Le travail de pro-pagande et les actions directes desrésistants de la M.O.I.”Après les interventions de ClaudeCollin et de Denis Peschanski, direc-teur de recherche au CNRS, quatretémoins furent entendus : RobertEndewelt qui parla avec beaucoup desensibilité de l'action de l'U.J.J. dansla région parisienne où il agit duranttoute la guerre, Pierre Gluckstein(alias Marc), ancien résistant del'U.J.J. zone sud qui fut à partir dudébut de 1944 responsable des grou-

pes de jeunes de la M.O.I. de toutesnationalités qui s'étaient créés, évo-qua en termes simples son itinérairede jeune juif parisien.

Il y eut ensuite Maurice Lubczanski(alias Gérard Moréno) Il anima uneimprimerie clandestine à Bron dans labanlieue lyonnaise et retraça avecverve et humour son parcours dejeune résistant de la première heure àParis dès l'automne de 1940, et sadescente vers Lyon où il devint un desresponsables de l'U.J.J. PauletteSarcey intervint ensuite avec beau-coup de sensibilité el de pudeur; elleretraça son passé résistant à Parisavant d'être arrêtée, emprisonnée etdéportée.

A la fin de cette table ronde, la parolefut donnée à Bernard Frédérick,Président de la toute nouvelle asso-ciation : M.R.J.-M.O.I. Il présenta leprojet à partir duquel a été initiéecette nouvelle organisation dont lebut est de promouvoir publique-ment le rôle des résistants juifs dela M.O.I., dans un espace demémoire situé au 14 de la rue deParadis. Cet espace serait destiné àrecevoir, en collaboration avec lemusée de la Résistance Nationale deChampigny, un certain nombre d’élé-ments mis à la disposition du grandpublic, des enfants des écoles etlycées, etc. afin de porter à la connais-sance du plus grand nombre ce quefut la contribution des juifs de laM.O.I. dans les combats et luttes pourla libération de la France.

Il y eut deux conclusions à cettejournée mémorable :L'intervention tellement humaine etdouloureuse de Roger Trugnan évo-quant le calvaire des déportés, lui quifut un résistant de la première heure àParis avec Paulette Sarcey, MauriceLubczanski et d'autres, avant d'êtrearrêté et envoyé en camp de concen-tration nazi.

La présentation et projection du filmde Jorge Amat et Denis Peschanski :“La traque de l'Affiche Rouge”. Unfilm qui fera date par les recherchesqui ont présidé à sa réalisation, saqualité et l'apport qu'il représentepour la connaissance de ces évène-ments tragiques et glorieux tout à lafois.

Ce fut autour du verre de l'amitiéoffert par la municipalité de Paris enprésence de madame OdetteChristienne que se termina cette jour-née exemplaire. ■

Un co l loque u t i l e e t b i envenuMax We in s t e in

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