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AVERTISSEMENT : La mission de la Fondation Jean-Jaurès est de faire vivre le débat public et de concourir ainsi à la rénovation de la pensée socialiste. Elle publie donc les analyses et les propositions dont l’intérêt du thème, l’originalité de la problématique ou la qualité de l’argumentation contribuent à atteindre cet objectif, sans pour autant nécessairement reprendre à son compte chacune d’entre elles. 50 nuances de droite Typologie des radicalités politiques en Europe L es élections des députés au Parlement européen sont l’occasion pour de nombreuses formations cataloguées d’une manière souvent hâtive comme appartenant à « l’extrême droite » de se présenter au suffrage des électeurs. Plusieurs facteurs liés au mode de scrutin et à la nature de celui-ci expliquent ce fait. D’abord l’utilisation de la proportionnelle, avec un seuil de représentation qui, quand il existe, ne peut jamais dépasser 5 %, de sorte que de petites formations peuvent espérer obtenir un siège. Ainsi en Allemagne, sur requête de mouvements dont les Freie Wahler et le NPD, la Cour constitutionnelle a invalidé le système précédemment en vigueur qui établissait un seuil de représentation de 3 %. Avec le système dit de Saint Laguë qui sera utilisé le 25 mai prochain, ces deux partis, comme les souverainistes d’Alternative für Deutschland, peuvent espérer obtenir un élu. L’enjeu même du vote – à savoir, au-delà de la composition du Parlement européen, l’avenir de l’Europe communautaire – est propice à l’expression de tous les mécontentements liés au contenu et au fonctionnement du projet et des institutions européens. Très rares sont donc les formations, même marginales, qui étant ouvertement hostiles à l’Union européenne ne seront pas en lice le 25 mai : seule la Liste Stronach en Autriche a fait l’impasse sur ce scrutin, signe que malgré sa percée aux législatives de 2013 elle est déjà sur le déclin. *Chercheur spécialiste de l’extrême droite, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès Jean-Yves Camus* www.jean-jaures.org Note n°8 - Fondation Jean-Jaurès / Observatoire des radicalités politiques - 23 mai 2014 - page 1

Typologies des radicalités en Europe

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Typologies des radicalités en Europe

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AVERTISSEMENT : La mission de la Fondation Jean-Jaurès est de faire vivre le débat public et de concourir ainsi à la rénovation de la pensée socialiste. Elle publie donc les analyses et les propositions dont l’intérêt du thème, l’originalité de la problématique ou la qualité de l’argumentation contribuent à atteindre cet objectif, sans pour autant nécessairement reprendre à son compte chacune d’entre elles.

50 nuances de droiteTypologie des radicalités

politiques en Europe

Les élections des députés au Parlement européen sont l’occasion pour de nombreuses

formations cataloguées d’une manière souvent hâtive comme appartenant à « l’extrême

droite » de se présenter au suffrage des électeurs. Plusieurs facteurs liés au mode de

scrutin et à la nature de celui-ci expliquent ce fait. D’abord l’utilisation de la proportionnelle,

avec un seuil de représentation qui, quand il existe, ne peut jamais dépasser 5 %, de sorte que

de petites formations peuvent espérer obtenir un siège. Ainsi en Allemagne, sur requête de

mouvements dont les Freie Wahler et le NPD, la Cour constitutionnelle a invalidé le système

précédemment en vigueur qui établissait un seuil de représentation de 3 %. Avec le système dit

de Saint Laguë qui sera utilisé le 25 mai prochain, ces deux partis, comme les souverainistes

d’Alternative für Deutschland, peuvent espérer obtenir un élu. L’enjeu même du vote – à savoir,

au-delà de la composition du Parlement européen, l’avenir de l’Europe communautaire – est

propice à l’expression de tous les mécontentements liés au contenu et au fonctionnement du

projet et des institutions européens.

Très rares sont donc les formations, même marginales, qui étant ouvertement hostiles à l’Union

européenne ne seront pas en lice le 25 mai : seule la Liste Stronach en Autriche a fait l’impasse

sur ce scrutin, signe que malgré sa percée aux législatives de 2013 elle est déjà sur le déclin.

*Chercheur spécialiste de l’extrême

droite, directeur de l’Observatoire des

radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès

Jean-Yves Camus*

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Dépasser les étiquettes

Les étiquettes de « populistes », « souverainistes », « eurosceptiques », d’« extrême droite »

ou encore la catégorie des droites radicales sont à tort utilisées comme synonymes dans les

commentaires qui s’accordent pour prévoir qui une victoire, qui un « raz-de-marée » d’une famille

politique dont les contours ne sont jamais précisément définis. C’est cette lacune que nous allons

tenter de combler. D’abord, une remarque s’impose. L’accent mis sur les perspectives électorales

des souverainistes et des eurosceptiques de droite ainsi que de « l’extrême droite » conduit à

considérer comme secondaires les scores que remporteront les eurosceptiques de gauche et

les formations, de gauche elles aussi, qui proposent non pas la sortie pure et simple de l’Union

européenne mais la réorientation complète des choix de l’actuelle majorité conservatrice/libérale.

Soit rien moins que l’ensemble des composantes du Parti socialiste européen et des partis de la

gauche alternative ou radicale, qu’elle se réclame du socialisme, du communisme ou de l’écologie

politique.

Or, au soir des résultats, c’est d’abord le rapport de forces entre les deux grandes familles

idéologiques européennes qui déterminera ce qui sera voté au Parlement ainsi que – on peut

l’espérer pour sa légitimité – le choix du prochain président de la Commission. Une projection

de la répartition des sièges au sein du prochain Parlement1 prévoit que 70 % des sièges seraient

occupés par les quatre grands groupes parlementaires actuellement existants : PPE, PSE, Libéraux

et Gauche verte/alternative. Les autres groupes en place (Conservateurs et réformistes ; Europe

de la liberté et de la démocratie) incluant des partis qui n’ont rien d’extrémiste (ODS tchèque ;

conservateurs britanniques ; Forza Italia), on peut en déduire que moins de 30 % des élus seront

rattachables aux droites eurosceptiques, nationalistes, radicales ou extrêmes. Cela constituera

une progression, mais sans doute pas un tsunami politique.

Le véritable enjeu de ces élections est interne à la grande famille des droites européennes et

concerne le rapport de forces qui sortira des urnes entre les sensibilités conservatrice, libérale et

démocrate-chrétienne d’un côté et la sensibilité nationaliste, populiste et identitaire de l’autre,

dans la diversité de ses variantes. Chacun de ces termes doit être explicité. Par « nationalistes »,

nous entendons ceux qui considèrent l’Etat-Nation comme le seul échelon de la décision politique

1. Réalisée par www.electio2014.eu

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possédant une légitimité démocratique et représentant le peuple, alors que les droites du consensus

admettent le principe d’une souveraineté supranationale. Par « identitaires », nous désignons ces

mouvements qui réfutent, totalement ou en partie, la notion contractuelle de la citoyenneté ainsi

que le caractère positif du multiculturalisme. Considérant le peuple comme une entité organique

à laquelle l’individu se rattache par l’hérédité, la culture, l’enracinement et exceptionnellement

par l’assimilation totale, les droites identitaires ont sur l’avenir des institutions européennes des

opinions divergentes mais partagent cette spécificité (que l’on retrouve dans la Lega Nord, le

Vlaams Belang et le FPÖ) d’être favorables à une Europe des régions ou des ethnies. Enfin un

« populiste » croit en la capacité naturelle du peuple à déterminer ce qui est de son intérêt. Il en

résulte d’une part que ce peuple naturellement clairvoyant, est opposé aux élites – par nature et

intérêt dévoyées – et que la démocratie directe est préférée, comme système de gouvernement, à

la démocratie représentative. Si ces diverses caractéristiques ne sont pas établies, on peut parler

de « style populiste » mais certainement pas d’idéologie populiste.

Des conservateurs eurosceptiques aux néo-fascistes : une Dispersion Des forces croissante

Ceci posé, tentons d’établir une typologie (non exhaustive) des droites qui se présentent à cette

élection et sont trop rapidement présentées comme faisant partie du grand magma eurosceptique,

populiste ou extrémiste de droite. Il en ressort que la définition de sous-familles de l’extrême

droite, comme d’ailleurs de la droite tout court, est devenue un exercice nettement plus compliqué

que lors des deux décennies écoulées.

L’éclatement des catégories classiques (libéraux, démocrates-chrétiens, conservateurs, extrême

droite nationaliste) ainsi que la mobilité des électeurs et la fin de la pilarisation des systèmes

politiques où celle-ci structurait le vote (Autriche, Pays-Bas, dans une certaine mesure Belgique)

ont produit une infinie palette de nuances que la question européenne complique encore.

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UKIP, Debout la République, Vox… Les conservateurs eurosceptiques

Ainsi la volonté de certains partis de voir leur pays quitter l’Union européenne n’est pas en

elle-même suffisante pour établir une quelconque « preuve » d’extrémisme. Les britanniques

de UKIP et les allemands d’Alternative pour l’Allemagne (AfD) sont issus respectivement du

parti conservateur et de la CDU-CSU, tout comme Debout la République (DLR) de la tradition

gaulliste. Les thèmes de la démocratie directe et de la critique des élites, de la maîtrise de

l’immigration, du renforcement de l’identité nationale, voire de la critique du multiculturalisme,

ont pu trouver un écho au sein de ces mouvements. Toutefois leur différence de nature avec la

droite extrême tient à leur histoire et à leurs propositions : réduire l’immigration de 50 % (hors

étudiants) comme le propose DLR n’équivaut pas, comme le veut le Front national, à la stopper

et à établir la priorité nationale dans notre droit, de même qu’abandonner l’euro (programme

de DLR et AfD) n’est pas synonyme de quitter l’Union européenne. Dans cette famille des

conservateurs eurosceptiques, on peut classer aussi les Luxembourgeois du Parti réformiste

d’alternative démocratique (ADR avec son slogan « Moins d’Europe, plus de Luxembourg ») ;

le nouveau parti espagnol Vox, dirigé par l’ancien élu du Partido Popular Alex Vidal-Quadras,

et le Partido da Nova Democracia, issu du PP portugais, tandis que les Grecs indépendants du

député Pannos Kamennos, exclu de Nouvelle Démocratie, constituent un cas limite entre le

national-conservatisme eurosceptique et la droite radicale.

NPD, British National Party, Aube dorée… Les partis néo-fascistes, néo-nazis et racialistes

Commençons par le plus simple et le plus clair : les partis néo-fascistes, néo-nazis et racialistes.

Les 22 et 23 mars 2014 à Kirchheim en Allemagne, certains se sont retrouvés lors d’une conférence

intitulée « Vision Europa ». Outre l’organisateur, le NPD, y ont participé le British National Party

(BNP ; un eurodéputé), Aube dorée (Grèce), le Parti tchèque des travailleurs pour la justice sociale

(DSSS) et des groupuscules ne se présentant pas aux européennes (Svenskarnas parti de Suède ;

PNOS suisse ; les néo-fascistes italiens de Casa Pound ; quant aux Ukrainiens du parti Svoboda et

du groupe paramilitaire Pravyi Sektor, ils se sont vus refuser leur visa). On peut rattacher à cette

famille les Bulgares de Ataka, les chypriotes de ELAM (Front national du peuple, liste menée

par Mario Vassiliou) qui sont une déclinaison locale et panhellénique de Aube dorée et aussi le

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Parti du peuple-Notre Slovaquie, dont le dirigeant Marian Kotleba est depuis 2013 gouverneur

de la région de Banka Bystrica.

À l’exception de la Grèce et dans une mesure bien moindre de la Bulgarie, les extrêmes droites

radicales constituent un phénomène en voie de marginalisation. Voire présentent des candidatures

de témoignage dont le résultat sera inférieur à 1 % des voix : au Portugal avec le Parti national

rénovateur et en Espagne avec les différents groupes phalangistes nationaux-syndicalistes

(Phalange de la JONS ; la Falange-España en marcha), post-franquistes (Democracia Nacional),

carliste-traditionaliste catholique (Impulso social) ou nationaliste-révolutionnaire (Mouvement

social républicain). Pour ces groupes marginaux, les élections européennes sont une manière de

se compter et de gagner en visibilité.

Front national, FPÖ, Vlaams Belang… Les partis de l’Alliance européenne pour la liberté

C’est précisément du passéisme, des références incapacitantes à l’extrême droite historique, du

racisme biologique et de l’antisémitisme que veulent se démarquer, dans un souci de normalisation,

les formations rassemblées au sein de l’Alliance européenne pour la liberté (AEL) dont le Front

national français fait partie. Les membres de l’AEL – FN français, FPÖ autrichien, Vlaams

Belang flamand, Démocrates suédois et PVV de Geert Wilders – forment l’ossature du futur

groupe parlementaire qui sera constitué au sein du nouveau Parlement. Surmédiatisé et sur-

interprété, l’enjeu de la création d’un groupe doit être ramené à sa proportion réelle : celle d’un

moyen d’obtenir les avantages matériels et financiers qui poussent, à chaque législature, les

partis nationaux-populistes à s’unir d’abord, quitte à se séparer ensuite. Et ce pour une raison

simple : la faible cohésion idéologique des partis nationalistes, évidemment moins homogène

que les libéraux, les chrétiens-démocrates, les sociaux-démocrates et la gauche alternative, qui

ont l’internationalisme ou du moins le supranationalisme inscrits dans leur ADN même. Le

futur groupe devra en outre, pour exister, répondre au critère de présence d’élus provenant de

sept pays membres. Ceci implique d’une part la présence en son sein de la Ligue du Nord et/

ou de Fratelli d’Italia, qui ont une position totalement différente sur le projet européen, ethniste

pour les premiers, nationaliste italien et unitariste pour les autres. Pour achever de compliquer

le scénario, le FN devra y accrocher au moins un élu d’un autre pays, probablement l’ancien

président lituanien Rolandas Paksas. Or si le parti Ordre et Justice qu’il représente aujourd’hui

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est incontestablement national-conservateur, Paksas est avant tout un caméléon politique, tour

à tour affilié au parti ex-communiste, puis à une formation chrétienne conservatrice et enfin à

un parti libéral.

On mesure ainsi la fragilité du futur regroupement dont Marine Le Pen souhaite être la figure

de proue. La présidente du FN est en plus dans une situation de double contrainte : d’une part

elle refuse toute alliance avec les formations radicales, d’autre part certains partis eurosceptiques

et/ou conservateurs nationalistes, jugeant que le passé frontiste « marque » irrémédiablement

cette formation, excluent de collaborer avec elle.

Dansk Folkeparti, Vrais Finnois, La Destra… Les partis proches des Conservateurs et réformistes et de l’Europe de la liberté et de la démocratie

Dans ce vaste espace entre l’Alliance européenne pour la liberté et la droite conservatrice, on

trouve de tout : les nationalistes anti-européens du Dansk Folkeparti (Danemark) ; les Vrais

Finnois (Finlande), plus critiques envers l’Eurozone qu’envers l’Union européenne proprement

dite et partisans d’une plus grande présence de l’État dans les domaines économiques et sociaux ;

les Italiens de La Destra, qui réussissent à concilier hommage au fasciste Giorgio Almirante et

appel à une « politique européenne économique, fiscale, étrangère et de défense commune » ; les

Belges francophones du Parti Populaire et ceux, ultralibéraux et anti-immigration, de La Droite ;

les nationalistes russophobes lettons de Tēvzemei un Brīvībai/LNNK et les ultra-nationalistes

croates du HSP-Ante Starcevic (Rusa Tomasic), les catholiques intégraux polonais de Solidarna

Polska et du Congrès de la Nouvelle Droite (KNP)... et bien d’autres listes encore. Toutes ces

formations ont fait le choix de s’arrimer soit au groupe des Conservateurs et réformistes européens

(celui des conservateurs britanniques) soit au groupe eurosceptique Europe de la liberté et de la

démocratie, où siège Philippe de Villiers. Ce qui est une preuve supplémentaire de la dispersion

croissante des forces de droite au détriment du PPE.

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La défense des valeurs de la société chrétienne : Force Vie, Christen Unie…

On oublie d’ailleurs pratiquement toujours d’évoquer la participation à ce scrutin des petites

formations vouées prioritairement à la défense des valeurs traditionnelles de la société chrétienne,

en particulier la famille, la différence des genres et la vie allant de la conception à la mort naturelle.

Elles seront particulièrement nombreuses à concourir le 25 mai prochain. Force Vie, menée par

Christine Boutin, vient immédiatement à l’esprit. Il faut également mentionner la liste commune

des deux partis calvinistes néerlandais, Christen Unie et Staatkundig Gereformeerde Partij (SGP),

disposant déjà de deux sièges ; les Portugais de Pro Vida ; les Catholic Democrats irlandais menés

par Nora Bennis, les Allemands du Partei Bibeltreuer Christen. Il est d’ailleurs particulièrement

nouveau et méconnu que se soit constitué, avec certaines des formations susmentionnées, un

European Christian Political Movement (ECPM), qui a le statut de parti européen et peut espérer

compter sur quelques élus dans la nouvelle législature.

ovnis politiques et Droites raDicales postmoDernes

De ce panorama on retiendra trois enseignements. Le premier est que les vocables d’extrême

droite et d’eurosceptique deviennent des catégories trompeuses qui doivent être déconstruites

et remplacées par une cartographie plus fine, sauf à mal cibler les réponses que la gauche doit

apporter aux programmes des partis ici mentionnés et à s’arrêter à une condamnation morale de

moins en moins efficace en plus d’être intellectuellement biaisée. Le second est que le schéma

antérieur d’une droite européenne « mainstream » hégémonique électoralement et divisée entre

libéraux, d’une part, conservateurs et démocrates-chrétiens, d’autre part, est obsolète : la droite,

davantage encore que la gauche, a éclaté sur les questions de la souveraineté et de l’identité,

laissant un champ à des ovnis politiques trans-idéologiques (le mouvement Cinque Stelle de

Beppe Grillo) et aux droites radicales postmodernes qui combinent nationalisme, contestation

du mondialisme davantage encore que de la mondialisation, apologie de la démocratie directe et

anti-multiculturalisme. Enfin l’extrême droite traditionnelle devient un épiphénomène, y compris

en Europe orientale : ni le Parti national slovaque ni a fortiori Romania Mare ne sont assurés

de siéger dans le nouveau Parlement, la Ligue des familles polonaises étant morte depuis déjà

quelques années.

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