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1 Réflexions sur la crise doctrinale dans l’Eglise ● 1. Caractéristiques générales de la crise doctrinale…………………………………………..1 ● 2.Crise doctrinale et doctrine sur l’infaillibilité….3 ● 3. Trois grandes erreurs sous-jacentes : libéralisme catholique, modernisme, personnalisme……………………………………16 ● 4. Autres dérives doctrinales………………… 25 ● 5. Vatican II et la crise doctrinale……………… 30 ● 6. Méthodes utilisées pour introduire les doctrines nouvelles…………………………… 34 ● 7. L’attitude des laïcs face à la crise…………..37

Crise Doctrinale

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Réflexions sur la crise doctrinale dans l’Eglise

● 1. Caractéristiques générales de la crise doctrinale…………………………………………..1

● 2.Crise doctrinale et doctrine sur l’infaillibilité….3● 3. Trois grandes erreurs sous-jacentes :

libéralisme catholique, modernisme, personnalisme……………………………………16

● 4. Autres dérives doctrinales………………… 25● 5. Vatican II et la crise doctrinale………………30● 6. Méthodes utilisées pour introduire les

doctrines nouvelles…………………………… 34● 7. L’attitude des laïcs face à la crise…………..37

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.

• Lorsqu’il s’agit d’expliquer les principes de la morale chrétienne et les dogmes essentiels de l’Eglise, tout ce qui ne paraît point dans la tradition de tous les siècles et principalement dans l’antiquité, est dès là non seulement suspect, mais mauvais et condamnable; et c’est le principal fondement sur lequel tous les saints Pères – et les papes plus que les autres – ont condamné les fausses doctrines, n’y ayant jamais eu rien de plus odieux à l’Eglise romaine que les nouveautés.

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• Quant aux doctrines nouvelles dont on ne s’est jamais avisé et qui par conséquent n’ont pas été combattues par les Anciens, il n’y a rien de plus nécessaire que de les rejeter, précisément comme nouvelles et inouïes, la Vérité ne pouvant jamais l’être dans l’Eglise.

(Bossuet)

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Sens du mot « infaillibilité »

Deux sens à distinguer :

● infaillibilité subjective : prérogative d’une personne qui, certaines conditions étant remplies, ne peut pas se tromper.

● infaillibilité objective : caractéristique d’une doctrine, d’un enseignement certainement vrai (Inerrance)

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Sens du mot « magistère »

Trois sens à distinguer :

● Sens principal : fonction d’enseigner

● Premier sens dérivé : le résultat de l’exercice de la fonction, l’enseignement

● Second sens dérivé : le titulaire de la fonction

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Le sujet de l’infaillibilité

● C’est le pape et seulement le pape :

- Soit qu’il agisse seul;

- Soit qu’il associe à son acte d’autorité les membres du corps épiscopal

● Cela résulte du fait que le privilège de l’infaillibilité découle de la primauté absolue du pontife romain

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L’infaillibilité subjective(celle d’une personne)

• Seul le pape bénéficie du privilège de l’infaillibilité, à l’exclusion de toute autre autorité, personnelle ou collective.

• Le pape est infaillible seulement aux conditions « ex cathedra ».

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Les conditions auxquelles le pape est infaillible

• Le Pape est infaillible seulement lorsque :- en sa qualité de Pasteur et de Docteur de tous les chrétiens, en vertu de sa suprême autorité apostolique,- il définit,- pour être tenue par toute l’Eglise,- une doctrine concernant la foi et les mœurs.

Catéchisme de Saint Pie X

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L’infaillibilité objective (celle d’une doctrine)

• On la trouve :

- dans ce qu’enseigne le pape quand il use de sa prérogative d’infaillibilité

- dans le magistère constant de l’Eglise (ce qui a été enseigné toujours, partout et par tous).

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● « Curandum est ut id teneamus quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est. Hoc est enim vere proprieque catholicum ».

● « Il faut veiller à tenir ce qui a été cru par-tout, toujours et par tous. C’est cela qui est catholique au sens propre et véritable »

• Saint Vincent de Lérins

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L’infaillibilité dans l’Eglise

• Deux aspects :

- L’infaillibilité d’une personne: celle du pape s’exprimant

« ex cathedra »

- L’infaillibilité d’une doctrine :- l’enseignement « ex cathedra » du pape

- le magistère constant (ce qui a été cru toujours, partout et par tous)

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• Les cas où le Magistère (l’enseignement) du pape est infaillible se réduisent à deux: a. Lorsqu’il définit solenelle-ment ex cathedra une vérité de foi ou de morale b. Lorsqu’il énonce une vérité qui a «toujours été crue et admise dans l’Eglise ou… attestée par l’accord unanime et constant des théologiens». Courrier de Rome, Janvier 2007 

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Compendium §185

• Quand s’exerce l’infaillibilité du Magistère?

• L’infaillibilité s’exerce quand le Souverain Pontife, en vertu de son autorité de suprême Pasteur de l’Eglise, ou le Collège des évêques en communion avec le Pape, surtout lorsqu’ils sont rassemblés en concile œcuménique, déclarent par un acte définitif une doctrine relative à la foi ou à la morale,

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ou encore quand le Pape et les evêques, dans leur Magistère ordinaire, sont unanimes à déclarer une doctrine comme définitive. A cet enseignement, tout fidèle doit adhérer dans l’obéissance de la foi.

(Compendium, § 185)

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• A l’infaillibilité définie au concile Vatican I (conditions « ex cathedra») est ajoutée une nouvelle infaillibillité: celle du pape et des évêques, dans leur magistère ordinaire, « quand ils sont unanimes à déclarer une doctrine comme définitive »

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Le libéralisme catholique

● Un tour d’esprit :- tendance à exalter la liberté comme valeur première,- esprit de conciliation abusive voulant marier l’Eglise et les principes de 1789

● Un principe : La liberté étant au sommet de l’échelle des valeurs, il ne faut pas utiliser la force pour restreindre la liberté de l’erreur et protéger la vérité.

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.● Des corollaires :

- La liberté de l’erreur

- L’Eglise réduite au droit commun

- La séparation de l’Eglise et de l’Etat

- Le pluralisme religieux

● Une conséquence (entre autres) : «quelle plus funeste mort pour les âmes que la liberté de l’erreur » (Saint Augustin)

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Doctrine conciliaire sur la liberté religieuse

● La liberté de poser des actes religieux publics individuellement ou collectivement serait un droit pour toutes les religions;● L’Etat devrait respecter et faire respecter cette liberté pour toutes les religions et en limiter éventuellement l’exercice en fonction des exigences soit de l’ « ordre public juste » (Déclaration conciliaire) soit du bien commun (Catéchisme de l’Eglise catholique)● L’Etat devrait s’abstenir de toute discrimination pour motif religieux.

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Deux caractéristiques du modernisme philosophique

• - L’agnosticisme : « la raison humaine, enfermée rigoureu-sement dans le cercle des phénomènes, c’est-à-dire des choses qui apparaissent et telles précisément qu’elles apparaissent (…) n’est pas capable de s’élever jusqu’à Dieu, non pas même pour en connaître, par le moyen des créatures, l’existence »

(Pascendi)

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• - l’immanence vitale : « Le fond du modernisme est en effet ceci : que l’âme religieuse ne tire d’aucune autre source que d’elle-même l’objet et le motif de sa propre foi »

(Cardinal Mercier)

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Le Personnalisme

● Principe : la personne est considérés comme une valeur suprême, une sorte d’absolu.

● Corollaires : - exaltation de la liberté de la personne,- la personne, dans l’ordre temporel, est considérée comme au-dessus de la société civile (alors qu’elle ne transcende celle-ci que par sa vie surnaturelle)- D’où la thèse : la personne subordonne le bien commun de la société à son bien personnel.

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Le principe de totalité

• Le principe de totalité lui-même n’affirme rien que ceci :

Là où se vérifie la relation tout à partie, dans la mesure exacte où elle se vérifie, la partie est subordonnée au tout; celui-ci peut, dans son intérêt propre, disposer de la partie.

(Pie XII, 14 septembre 1952)

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Conséquences du personnalisme

● Le principe de totalité violé● Quand les personnes se considèrent comme au-dessus de l’ordre politique et peuvent à ce titre refuser à l’Etat juridiction sur leurs actions, l’ordre politique n’a plus de sens.● « Enseigner que le bien commun serait au service des personnes procure à la personne humaine la formulation philosophique moderne de son « non serviam ». (Jean Madiran)

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• L’alliance matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants, a été élevée entre baptisés par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement.

(Code de droit canon, canon 1055; le canon 1660 est à peu près identique)

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L’Œcuménisme avec les religions orthodoxes et protestantes

Il cherche à tirer parti de la « part de vérité » que contiennent ces religions et néglige cette remarque de bon sens selon laquelle « dans une doctrine fausse dans l’ensemble, la vérité n’est pas l’âme de la doctrine mais la servante de l’erreur ». Sous couvert de « part de vérité », il en vient à présenter, presque sur un plan d’égalité, la vraie religion et les fausses que sont le protestantisme et l’orthodoxie; par là même, la doctrine « Hors de l’Eglise, pas de salut » est oubliée.

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L’Œcuménisme étendu à des religions non-chrétiennes

● Œcuménisme conçu comme une fraternité entre les hommes de différentes religions et idéologies, comprise dans un sens naturaliste (sur la base d’une simple appartenance à la même nature humaine et d’un vague déisme), qui conduit à les dispenser de l’obligation de conversion à l’Eglise catholique.

● C’est un mirage, car comment concevoir une véritable unité religieuse en dehors de l’ordre surnaturel?

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• L’Ancien Testament est une partie inamissible de l’Ecriture Sainte. Ses livres sont divinement inspirés et conservent une valeur permanente car l’Ancienne Alliance n’a jamais été révoquée.

(Catéchisme de l’Eglise catholique, § 121)

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• Lorsqu’il s’agit d’expliquer les principes de la morale chrétienne et les dogmes essentiels de l’Eglise, tout ce qui ne paraît point dans la tradition de tous les siècles et principalement dans l’antiquité, est dès là non seulement suspect, mais mauvais et condamnable; et c’est le principal fondement sur lequel tous les saints Pères – et les papes plus que les autres – ont condamné les fausses doctrines, n’y ayant jamais eu rien de plus odieux à l’Eglise romaine que les nouveautés.

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• Quant aux doctrines nouvelles dont on ne s’est jamais avisé et qui par conséquent n’ont pas été combattues par les Anciens, il n’y a rien de plus nécessaire que de les rejeter, précisément comme nouvelles et inouïes, la Vérité ne pouvant jamais l’être dans l’Eglise.

(Bossuet)

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Réflexions sur la crise doctrinale dans l’Eglise

● 1. Caractéristiques générales de la crise doctrinale

● 2. Crise doctrinale et doctrine sur l’infaillibilité● 3. Trois grandes erreurs sous-jacentes :

libéralisme catholique, modernisme, personnalisme

● 4. Autres dérives doctrinales● 5. Vatican II et la crise doctrinale● 6. Méthodes utilisées pour introduire les

doctrines nouvelles● 7. L’attitude des laïcs face à la crise.

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Résumé des pages 426-427 du livre « Les principes de la théologie catholique »

● Le contre-Syllabus formé par les textes conciliaires Gaudium et spes, Dignitatis humanae et Nostra aetate constitue une détermination fondamentale nouvelle des rapports entre l’Eglise et « le monde tel qu’il était devenu depuis 1789 » : l’objectif étant la réconciliation officielle de l’Eglise avec ce monde, avec l’esprit des temps modernes.

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● Le tryptique de 1789 :

Liberté – Egalité – Fraternité

● Le tryptique conciliaire :

Liberté religieuse – Collégialité – Œcuménisme

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Un concile où Paul VI n’engage pas son infaillibilité

• Certains se demandent quelle est l’autorité, la qualification théologique qu’a voulu donner à son enseignement un concile qui a évité de promulguer des définitions dogmatiques solennelles engageant l’infaillibilité du magistère ecclésiastique.La réponse (…) : étant donné le caractère pastoral du concile, il a évité de prononcer d’une manière extraordinaire des dogmes comportant la note d’infaillibilité, mais il a muni ses enseignements de l’autorité du magistère ordinaire suprême.

(Paul VI, 12 janvier 1966)

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Méthodes utilisées pour introduire des doctrines nouvelles

-L’ambigüité

-Des affirmations contradictoires

-Compliquer des choses simples

-Un optimisme systématique (d’où la perte du sens de l’ennemi)

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Caractéristiques des textes conciliaires

• On sait depuis longtemps que ce sont des textes de compromis. On sait encore qu’une fraction modernisante voulait imposer une doctrine hé-rétique. Empêchée d’aboutir, elle est quand mê-me parvenue à faire adopter des textes non for-mels; ces textes présentent le double avantage pour le modernisme de ne pouvoir être taxés de propositions carrément hérétiques, mais cepen-dant de pouvoir être tirés dans un sens opposé à la foi. (Père Calmel)

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• Les textes conciliaires ont été complétés (dans le cas de la Nota praevia) ou même rédigés d’une manière suffisamment traditionnelle pour pouvoir être votés par une quasi-unanimité, et cependant d’une manière suffisamment astucieuse pour permettre, comme la suite l’a montré, des développements ultérieurs qu’à l’époque les pères conciliaires auraient refusés.

(Jean Madiran)

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1. Ne jamais abandonner la vraie doctrine

• « Si le scandale naît de la vérité, il faut plutôt supporter le scandale qu’abandonner la vérité.» Saint Thomas

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2. Ne pas faire silence sur les erreurs

«  Quiconque aime la vérité déteste l’erreur.

Cette détestation de l’erreur est la pierre de touche à laquelle se reconnaît l’amour de la vérité.»

Ernest Hello

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3. Discernement à l’égard des actes du Saint Siège

• « De nos jours, et c’est là l’un des signes les plus manifestes du caractère extraordinaire-ment anormal de la situation actuelle de l’Eglise, c’est très fréquemment que des actes venant du Saint Siège exigent de nous prudence et discernement ». Père Joseph de Sainte Marie

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4. Référence au Magistère constant

• Cf. ce texte de Jean-Paul II sur la « doctrine intégrale » du concile: «doctrine intégrale, c’est à dire doctrine comprise à la lumière de la sainte Tradition et réfé-rée au magistère constant de l’Eglise elle-même.»

5.11.1979

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5. Respecter le personnes consacrées

• « Les fautes de mes ministres ne diminuent en rien le respect qu’on doit leur rendre.» (Dialogue de sainte Catherine de Sienne)

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6.Refuser l’inacceptable

« Concile pastoral, ni infaillible, ni irréformable, Vatican II attend son sort définitif. Seule l’Eglise pourra le déterminer. Elle commencera sans doute par essayer de le purger de son intention mauvaise. Elle pourra aussi le rectifier, le réformer ou l’abolir; ou bien l’oublier. Ce n’est pas à nous d’en décider. Notre rôle de catholiques du rang, de simples militants de l’Eglise enseignée, était de refuser l’inacceptable : nous l’avons fait. Nous ne cesserons pas.»

Jean Madiran, Le Concile en question

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Comment réagir?

● Connaître les vérités à défendre

● Connaître les grandes erreurs-types

● Disposer d’une documentation bien adaptée

● Eviter la confusion mentale

● Rester à notre place de laïcs

● Tirer parti des occasions qui se présentent

● Mettre à la défense de la vérité, à la lutte contre l’erreur, la patience, l’énergie, la discrétion, le ton qui conviennent.

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● Mieux vaut pour moi mourir que de laisser, pour peu que ce soit, corrompre en moi et dans les autres la chaste virginité de la vérité (Saint Hilaire)

● La vérité est opprimée quand elle est défendue mollement (Veritas, cum minime defensa-tur, opprimitur)

(Pape Innocent III)

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Un livre-clef

●Iota Unum, de R. Amerio –

659 p. – 32€

Somme, exhaustive et très accessible, des sujets qui se rapportent à la crise de l’Eglise.

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Etude parue dans le Courrier de Rome,

Janvier à décembre 2007

• 1962- Révolution dans l’Eglise Brève chronique de l’occupa-tion néo-moderniste de l’Eglise catholique

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Brochures AFS sur la crise doctrinale dans l’Eglise

-Vatican II, rupture ou continuité?• Connaissance élémentaire du libéralisme

catholique• La liberté religieuse, trente ans après Vatican

II• Un siècle de modernisme, 1907-2007• Doctrine sociale de l’Eglise et personnalisme• Le catholicisme revu et corrigé par la

Synagogue